mercredi 21 octobre 2009

Agir sur l’imaginaire

Il y a les raisons qui poussent aux émeutes. En l’occurrence, la persistance du problème de logements malgré tous les efforts qui lui ont été consacrés. Statistiques à l’appui, on compte maintenant les réalisations par millions et non plus par milliers. Près d’un million a été livré durant les quatre dernières années, plus d’un million est attendu pour les quatre prochaines. La priorité du gouvernement dans ce domaine ne souffre d’aucune équivoque, mais le retard à rattraper est immense.

Certes, il y a des lacunes, des dysfonctionnements, mais il faut aussi de la patience. Dans ce contexte, l’émeute est d’abord le signe d’une impatience. La communication dans le domaine est faible, elle est souvent laissée aux soins d’un ministre lorsque c’est tout le gouvernement qui doit sans cesse expliquer sa politique et, surtout, ses insuffisances. C’est lorsqu’on comprend qu’il y a des chances qu’on se calme.

Cela dit, à côté des raisons qui poussent aux émeutes, il y a la nécessité de l’ordre. Les services de police remplissent cette nécessité sans laquelle personne ne peut plus discuter avec personne. Les lois existent que ces services ne font qu’appliquer. Inutile de s’en prendre à eux. La faille est forcément encore une fois chez le politique. Pourquoi la colère est-elle montée, pourquoi a-t-elle pris de cette brutale façon ?

Quels sont les canaux de dialogue qui existent ou qui n’existent pas et qu’il va falloir mettre en œuvre impérieusement et partout ? Ce n’est certainement pas dans le feu qu’on discute et c’est encore compliquer davantage le problème que de s’en prendre aux serviteurs de la loi que sont les policiers. Régulièrement, aussi bien dans les médias qu’à travers les «analyses» développées ça et là, on laisse épanouir une culture dans l’axiome est que «tout va mal» et que les «droits élémentaires des citoyens» sont bafoués etc.

Cette culture ambiante, qui décourage beaucoup de nos politiques en exercice et leur font adopter une telle passivité, vient de loin. Là aussi, inutile de lui chercher des raisons profondes. Sa genèse ne fera que décourager les meilleures volontés. A défaut d’œuvrer pour une contre-culture, faite de combats militants au service de ce qui se fait et contre ce qui ne se fait pas, il faut au moins tenir compte du malaise.

Savoir que beaucoup d’Algériens sont à fleur de peau qu’on leur construise des millions ou des milliards de logements. Il ne s’agit plus ici de simple politique mais de quelque chose qui va plus loin. Une réconciliation avec soi-même qui ne peut qu’être l’œuvre de toutes les forces vives, à commencer par celles qui activent dans les sphères de la communication et de la culture, que ces sphères soient officielles ou non.

Ce n’est ni en contrôlant ni en abandonnant à lui-même l’Algérien qui œuvre dans cette sphère qu’on réussira à relever le défi d’une société qui se sent malheureuse. Mais en lui expliquant la route dans laquelle nous sommes tous engagés, ses difficultés, ses imprévus et ses horizons. Lorsque le politique tente d’agir sur le réel, le culturel fait mieux : il agit sur l’imaginaire. Et c’est bien là que le bât blesse.

A. K.

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