mercredi 21 octobre 2009

Alger, capitale du futur

La société algérienne est-elle revendicative et consciente des enjeux historiques ou ne fonctionne-t-elle que par interactions émotionnelles ? Une coupure de gaz, un orphelin écrasé par une autoroute administrative ou une histoire d’amour qui a mal tourné peuvent-ils engendrer une émeute apte à renverser le régime et son sens si mafieux de l’Histoire ?

Ce sujet de thèse en cours de validation interpelle tous les sociologues, car jusqu’à présent, personne ne sait encore quelle goutte fait déborder le vase des Algériens, étant entendu que celui-ci est percé par définition, incapable de retenir un liquide, de l’eau, du pétrole ou du sang. Qu’est-ce qui déclenche la colère des Algériens ? Le logement ou le mépris ? L’estomac ou l’électricité ? Le goudron, le travail ou la conscience qu’il faut avancer et se rapprocher des modèles qui fonctionnent ?

1 million de logements construits, une dette remboursée, 200 millions d’emplois créés et une (presque) qualification à la Coupe du monde 2010 plus tard, grâce à la clairvoyance du duo de visionnaires Bouteflika-Ouyahia, pourquoi les Algériens sont-ils à ce point colériques alors que, selon l’ENTV et la radio, Temmar et Toumi, tout est fait pour leur faire plaisir ?
Après 1000 émeutes, la question reste posée, on pourrait parler de « chahut de gamins » pour reprendre un responsable qui a disparu depuis ou parler simplement de « la facilité du recours à l’émeute », pour reprendre les responsables d’aujourd’hui, qui vont disparaître aussi. Mais finalement, qu’est-ce qui pousse l’Algérien à se révolter contre son régime alors qu’il supporte tout mais déborde pour un fait divers ?

Finalement, on ne sait qu’une chose ; quand Alger s’énerve, c’est toute l’Algérie qui fait de l’hypertension. On sait autre chose, que cette race de gouvernants doit avoir très peur la nuit. Bien fait, à leur tour de faire des cauchemars

Par Chawki Amari

Même traitement pour tous !



Par Hakim Laâlam  
Email : laalamh@yahoo.fr

Elle arrête Roman Polanski et laisse filer Aboudjerra Soltani. Non, décidément… 

… la Suisse n’est plus ce qu’elle était !

On voudrait me faire croire que les émeutes d’El- Madania sont les premières du genre ? On voudrait m’expliquer que jamais auparavant, les accès à ce quartier n’ont ainsi été bloqués par des familles en colère ? C’est historiquement faux ! Je dirais même plus, c’est faux ! Les événements de lundi dernier ne constituent pas une première. Et j’en ai la preuve. Bien avant ce 19 octobre, une famille, une seule, avec à sa tête un chef de famille très en colère, a réagi de manière violente dans ce même périmètre de la capitale. Cette famille s’est réfugiée dans une bâtisse située entre le Chemin des Crêtes, le lycée Bouamama et le lieu dit Bois-de-Boulogne. Là, sans vraiment consulter personne, la famille s’est littéralement barricadée en plaçant aux entrées de la bâtisse squattée d’énormes blocs de béton, des herses et des obstacles divers. Du jour au lendemain, il n’était plus possible d’emprunter cette voie naguère carrossable. Et, chose aussi inimaginable qu’inexplicable, rien n’a été fait pour contrecarrer les agissements de cette famille unique et de son chef encore plus unique. Alors que ce lundi, les brigades antiémeutes s’en sont violemment prises aux enfants et aux familles de Diar Echems, plus haut, juste un peu plus haut, c’est l’impunité la plus totale. Les policiers sont bien là, debout, devant les blocs de béton marquant l’accès à la bâtisse squattée, occupée illégalement, mais en plus, ces agents de l’ordre me donnent même l’impression de la protéger, d’en défendre l’intégrité. Ce qui est un comble ! Car un squat est un squat ! Il ne doit pas y avoir de 1er et de 2e collège face à ce genre de délits. Pourquoi ce qui est interdit à El-Madania serait autorisé à El- Mouradia ? D’accord, les Algériens n’ont peut-être plus les mêmes semaines de travail et les mêmes week-ends, ils ne portent pas non plus les mêmes blouses, mais ils restent tout de même citoyens d’un même pays, l’Algérie. Un pays régi par des lois. Et nul ne peut se placer au-dessus des lois. Pas même un chef de famille en colère permanente. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L. 

Comment ART a obtenu les droits du match Egypte-Algérie?

«Il faut flatter la vache avant de la traire.»
Proverbe arabe

Alors qu’Al jazeera Sport tente par tous les moyens de se rapprocher de l’Algérie par le biais notamment de Hafid Derradji, ART s’éloigne encore plus de l’Algérie. Elle vient d’acquérir de la Fédération égyptienne de football, les droits de diffusion du match capital Egypte-Algérie le 14 novembre prochain. C’est la seule télévision au Monde à pouvoir diffuser le match par satellite. Les Algériens vivant en Europe qui suivent avec ferveur le parcours du Onze national seront sanctionnés par l’absence de diffusion du match sur les chaînes satellites algériennes,: Canal Algérie ou A3. Par cette action, ART a notamment barré la route à sa concurrente directe Al Jazeera Sport qui avait misé sur ce match pour acquérir plus d’abonnés en Algérie et en Egypte.

Al Jazzera Sport n’a pas cessé de faire des appels du pied pour tenter de gagner la confiance des Algériens. Son directeur Nacer Khelifi s’est exprimé dans les colonnes de la presse algérienne dans l’espoir de se rapprocher des décideurs algériens et de les convaincre de l’ouverture d’un bureau d’Al Jazeera Sport. En revanche, l’ancien directeur commercial de l’Entv et actuel responsable d’ART Algérie, Madjid Brahimi, se fait tout petit face au soutien flagrant de la chaîne ART à l’Egypte.

ART qui a pourtant comme slogan: soutien des pays arabes qualifiés aux matchs qualificatifs pour le Mondial 2010, a affiché d’ores et déjà son soutien pour les Pharaons et compte le faire le 14 novembre prochain puisque plusieurs plateaux seront organisés pour animer en direct cet événement arabe important. Pour ce faire et garantir qu’elle sera l’unique à transmettre cette finale avant la lettre, la Télévision saoudienne a obtenu du gouvernement égyptien l’exclusivité du match, coiffant au poteau Al Jazeera Sport qui avait fait une tentative avortée lors du match contre le Rwanda. ART est surtout récompensée pour services rendus à l’Egypte durant toute cette compétition.

Les tensions politiques encore palpables entre Alger et la chaîne qatarie ont joué en faveur de la chaîne saoudienne, qui possède au sein même de la Fédération algérienne des soutiens de grande taille. ART a profité également des tensions qui existent actuellement entre la chaîne qatarie et Abou Dhabi Sport, concernant les droits de la Ligue italienne. Abou Dhabi Sport, allié d’ART, est en train de mettre des bâtons dans les roues pour empêcher Al Jazeera Sport d’avoir les droits de diffusion de certaines, ligues européennes.

Il est clair qu’Al Jazeera maison-mère, pose d’énormes problèmes pour ses filiales Sport Documentaire et même Al jazeera Children, qui pourtant n’appartiennent pas au groupe Al Jazeera, mais plutôt à la fondation pour enfants, créée par Cheikha Moza, l’élégante et intelligente femme de l’émir du Qatar. Plus célèbre qu’ART, Dubai Sport ou Abou Dhabi sport dans le monde, Al Jazeera Sport paie les conséquences politiques de la maison mère, et cela malgré qu’ART n’ait rien fait pour soutenir l’Algérie et son football.

Amira SOLTANE

Justice, société et réconciliation nationale

Hier, s’ouvrait à Alger un Salon de la main-d’œuvre carcérale. Louable initiative que d’encourager la mission éducative et sociale de la prison !

“Un jeune qui plante et manipule des fleurs aussi délicatement et produit des articles de haute qualité n’a pas sa place en milieu criminel. Il mérite sa place au sein de la société. Mais encore faudra-t-il changer les mentalités pour accepter ces jeunes qui ont purgé leurs peines au sein de notre société.” C’est le ministre de la Justice qui s’exprime ainsi à propos des bienfaits de cet effort pédagogique en milieu carcéral.

À entendre le ministre expliquer que ce détenu à la main verte n’est pas recyclable dans la société avant qu’il ne purge sa peine, on a de la peine à croire que nous sommes au pays de la “réconciliation nationale”. Ce pays où, en une journée, l’État a lâché dans la nature quelque deux mille six cents individus aux mains rouges.

En un week-end, l’appareil judiciaire fut mobilisé pour retirer des milliers de dossiers d’affaires de terrorisme, contenant souvent des photos de carnages comme pièces à conviction, et décerner à chacun de ces monstres un certificat de virginité dûment paraphé, qui les mettra à l’abri de toute velléité de justice et leur procurera les droits inhérents à leur statut d’intouchables.

Une société qui fait le saut psychologique d’admettre que des massacreurs collectifs, des éventreurs de femmes enceintes, des tueurs d’enfants et des violeurs peuvent, sans même répondre de leurs crimes, prendre place dans le vaisseau social, peut certainement s’accommoder du retour d’un pickpocket, d’un truand, voire même d’un criminel de droit commun. Au demeurant, de quel droit une société qui a enduré l’accueil courtois de tueurs ayant décimé, souvent en innovant dans la barbarie, près de deux cent mille de ses membres, refuserait-elle de souffrir l’élargissement d’un délinquant ordinaire ?

Avoir des scrupules à rejeter un fautif dans une société à qui l’on fait faire le pas du déni de justice et de vérité à propos d’un génocide relève de la simple fine bouche. Il y a comme des thèmes qu’il vaut mieux éviter d’évoquer ; cela reviendrait à “parler de corde dans la maison d’un pendu”. Il en va ainsi des mentalités nationales qui s’effaroucheraient de la libération d’un prisonnier converti à l’horticulture.

Il n’est pas évident qu’une justice revienne aisément du compromis par lequel elle a assumé l’immunité politique de la pire catégorie de criminels. Et ce n’est pas demain que la société algérienne se relèvera d’avoir été contrainte, ou de s’être contrainte, d’assumer, fut-ce par le subterfuge d’un référendum, un cas historique de déni de justice à une catégorie de victimes qui aura enduré le pire.

Si l’on veut sauver ce qui peut encore l’être, ce n’est pas en faisant semblant de s’accrocher à des repères sociaux qu’on a préalablement détruits. Ce n’est pas non plus en plagiant l’État de droit dont on ne veut pas. Il suffit juste de mettre fin à la funeste fuite en avant. Sinon, et selon la formule tirée des “aventures de la famille Fenouillard” et citée par Lacan, “quand la borne est dépassée, il n’y a plus de limites”.

Par : Mustapha Hammouche

Logiques d'apaisement ?

Au moment où la France demande à ses ressortissants de quitter la Guinée, la junte au pouvoir à Conakry s'est dépêchée de signer un accord minier avec la Chine populaire prévoyant des investissements jusqu'à 7,5 milliards de dollars.

Le capitaine Dadis Camara, président autoproclamé, s'offre ainsi une bonne bouffée d'air frais après que la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest lui ait imposé un embargo sur les armes.

Une sanction que l'Onu ne peut que saluer, la commission d'enquête internationale mise sur pied par Ban Ki-moon devant rendre compte des tueries par balles réelles pour lesquelles l'actuel homme fort à Conakry n'a eu qu'un mot à la bouche : «Désolé.»

Proches de la sortie sous le poids des pressions internationales, les Occidentaux vont-ils reprocher à Pékin d'avoir couru au secours du capitaine Camara, piétinant au passage la décision de l'Union africaine de ne plus tolérer en son sein la présence de gouvernements issus de putschs, scientifiques soient-ils ?

Ils éviteront de critiquer publiquement cette nouvelle démarche controversée de la Chine, préférant en dénoncer les tenants et les aboutissants en aparté. Sinon, en communauté restreinte qui dit à voix basse ne plus supporter ce «néocolonialisme» que l'empire du Milieu pratiquerait via ses colossaux investissements aux quatre coins du continent noir.

La fin annoncée de la Francafrique agace-t-il Paris qui vient d'être désigné comme le mauvais élève de l'Europe - sa présidence de l'UE a coûté 151 millions d'euros - et vient d'être enjointe par l'Iran de quitter les négociations sur son nucléaire à Vienne ?

Loin de l'ambigüe position chinoise au sujet du dossier du nucléaire iranien, Washington semble également cultiver de la frustration par rapport au développement incontrôlé de la Chinafrique. Particulièrement au Soudan, où le régime de Khartoum a pu compter sur son aimable allié chinois, notamment lorsque le président Omar El Bachir a dû faire face à ses juges de la CPI.

De longue date, ce rapprochement sino-soudanais rentrera-t-il dans une zone de faibles turbulences, les Etats-Unis viennent de dévoiler leur nouvelle stratégie vis-à-vis du régime de Khartoum ?

La seule certitude, le président Obama a décidé de la modification de la politique US à l'égard du régime d'El Bachir dont les mandats d'arrêt lancés contre sa personne non pas été annulés. Au lieu de continuer à jouer la carte de l'isolement, mieux vaut essayer le rapprochement par le dialogue.

Et ce, même si la White House va renouveler cette semaine les sanctions qui pèsent déjà sur les autorités soudanaises. A celles-ci de trouver une issue à la crise au Darfour et de conclure un accord de paix entre le Nord et le Sud si elles veulent que le positif qu'elles ont descellé dans la nouvelle position US se traduise dans les faits.

Car la main d'Obama ne restera pas éternellement tendue vers le Soudan où les Occidentaux pourraient être tentés par un plus fort «déséquilibre démocratique» au nom des droits de l'homme et de toutes les libertés.

Aussi, celle de la journaliste Loubna Hussein qui a défié le régime islamique de Khartoum en pantalon à la découpe occidentale et non pas en tunique rouge, col Mao.

Par Anis Djaad

Litanies

A ce point de mon récit, le directeur ouvrait de grands yeux. Je ne sais pas s’il était étonné de mon accent sincère ou s’il l’était par l’étendue de mes informations. J’avais martelé mes arguments avec force gestes et postillons qui accentuaient mon malaise. J’avais horreur de me justifier habituellement. J’essayais de faire les choses comme je les sentais et c’était tout. Le directeur modula sa voix sur un ton plus doux, moins incisif et me dit: «Vous savez, il n’y a pas que le problème palestinien dans le rire.

Il y en d’autres... je ne sais pas moi...l’économie, l’école, la justice. -Vous savez bien, et ce n’est pas moi qui vous l’apprendrais: ce sont toujours les mêmes problèmes qui se posent et ce sont toujours les mêmes protagonistes. Il n’y a que le nom des acteurs politiques qui changent. Les Etats-Unis et avec eux leurs pays satellites ne sont pas intéressés par une solution au Moyen-Orient comme au Sahara occidental.

Leurs intérêts économiques y sont trop importants comme d’ailleurs la situation qui prévaut dans le Congo ex-belge: une guerre civile qui est presque aussi vieille que le conflit palestinien. Je doute qu’il y ait là-bas, un jour, un régime indépendant. Enfin tant qu’il y aura des richesses minières! Il n’ y a pas assez de force dans les mots pour dire le cynisme des pays occidentaux: au Congo, tous les groupes financiers qui infestent les places boursières ont mis leur grain de sel pour semer la zizanie entre les différentes ethnies qui n’ont jamais demandé à être réunies sous un même drapeau, c’est le colonialisme qui a formé ces Etats-là, alors qu’en Somalie, un pays qui a sombré dans l’anarchie, personne n’ose s’y aventurer.

La raison est simple: la Somalie ne recèle aucune richesse. Donc ses habitants peuvent mourir en paix, dans l’assourdissant silence des nations. Il en est de même de l’Afghanistan. Voilà une situation paradoxale: les forces de l’Otan mènent depuis huit ans une guerre contre des forces qu’elles avaient elles-mêmes aidées et armées. Ces taliban ne sont qu’une création des cerveaux maléfiques des services américains: les écoles pakistanaises ont travaillé pendant deux décennies pour produire sans relâche ces semeurs de mort et de destruction. Et maintenant, le Pakistan, tout comme les pays de l’Otan, sont en train de récolter les fruits empoisonnés qu’ils avaient lancés contre l’Urss.

Quelle différence entre la guerre que menait l’Urss et celle menée aujourd’hui par l’Otan? Aucune, sinon la même tentative d’imposer à un pays arriéré un régime sous des prétextes divers. Le résultat est pire que la solution proposée: l’Afghanistan a reculé de plusieurs siècles depuis le retrait de l’Urss. Pis! le Pakistan s’aperçoit un peu trop tard de la contamination dont il est victime. Et le Pakistan est une puissance nucléaire: cela donne froid dans le dos si jamais les taliban mettaient la main sur ce jouet infernal. Et pourtant, le Pakistan a entamé ses recherches et effectué ses expériences nucléaires sans jamais avoir été inquiété par les agents de l’Aiea ni menacé par les faucons du Pentagone ou les perroquets de l’Elysée.»

Selim M’SILI

Du crédit automobile à celui de l’immobilier

Parmi tous les points inscrits à l’ordre du jour du dernier Conseil des ministres qui s’est tenu lundi dernier, c’est incontestablement le dernier point qui retient le plus l’attention des Algériens. Ce qui n’enlève rien à l’importance du contenu global du projet portant loi de finances 2010, qui a été approuvé lors de ce même Conseil des ministres.

Il faut admettre qu’entre les mesures prises portant sur les équipements sensibles, la délimitation de la zone touristique d’El Achouet dans la wilaya de Jijel et les mesures d’incitation à l’accès à la construction et à la promotion immobilière par les citoyens, c’est bien ce dernier point qui a le plus d’impact et qui intéresse au premier chef les Algériens. Pour la simple raison qu’il touche directement leur vie quotidienne et tend à concrétiser leur rêve d’acquérir un toit.

Les nouvelles mesures incitatives, qui élargissent la bonification sur le coût du crédit immobilier à 1%, décidé en juillet dernier au profit des fonctionnaires, à l’ensemble des Algériens dont les revenus vont de 1 à 6 fois le Salaire national minimum garanti (Snmg) et à 3% seulement pour ceux dont les revenus vont de 72.000 DA à 144.000 DA, ont de quoi réjouir bon nombre d’Algériens en attente d’un logement. Ceci sans compter les aides publiques frontales respectivement de 700.000 et 400.000 DA.

Sans compter les abattements, entre 80% et 90%, sur les prix des terrains d’assiette au profit des promoteurs et les crédits de financement qui leur seront octroyés au taux d’intérêt bonifié à 4% avec, bien entendu, l’obligation pour eux de répercuter au bénéfice du citoyen tous ces avantages. Néanmoins, et le président de la République l’a bien précisé dans son intervention à l’issue du conseil: «La crise du logement dans le pays a connu un important recul mais nécessite encore la poursuite de grands efforts», a-t-il déclaré.

Les orientations du Président sont claires et n’excluent aucun moyen apte à contribuer à résoudre au plus vite cette crise du logement. Pourquoi dès lors ne pas inclure les autres formules d’accès au logement? Comme la promotion immobilière classique sans aide publique frontale. Jusque-là la complexité administrative et les coûts engendrés par l’hypothèque ont fait que nos banquiers s’en sont détournés.

Pourtant et avec quelques petits efforts supplémentaires, ils peuvent, en incluant seulement l’hypothèque conventionnelle, permettre au plus grand nombre d’Algériens d’accéder au logement. Et si pour parfaire, l’Etat pourait accorder à cette catégorie d’acquéreurs une bonification du taux d’intérêt adaptée, cela permettra d’inclure la formule du logement promotionnel classique parmi celles existantes qui concourent à la résorption du déficit en matière de logement.

Mieux encore, pourquoi pas un guichet unique «promoteur immobilier-banque»? Un peu comme cela fut le cas pour le crédit automobile. Pourquoi ce qui a fait le succès du crédit automobile ne ferait-il pas celui du crédit immobilier? Tout dépendra des textes d’application.

Zouhir MEBARKI

Ben Barka, la fiction au service de l'omerta

Dans la foulée d'un retour presque forcé sur l'affaire Ben Barka en France, un film – une fiction qui se veut la plus proche possible de la réalité – vient d'être diffusé sur une chaîne de France Télévision. Premier problème, évident même s'il n'est pas des moindres, pour qu'une fiction se rapproche de la réalité, il faudrait d'abord que celle-ci soit connue.

Le film était donc construit sur des faits et un ordre de déroulement vraisemblables. Et comme dans toutes les productions inspirées par ce genre d'«affaires» qui se respectent, le cinéma, dans ce qu'il a de moins artistique, pour ne pas dire le moins noble, tire un maximum d'artifices «esthétiques» ou tout vulgairement commerciaux.

Le cas précis n'a donc pas dérogé à la règle : d'un assassinat politique scandaleux et d'un drame humain affreux, on a fait un polar de la dernière catégorie. Toute la panoplie du genre était là.

Le général Oufkir, instigateur matériel de l'enlèvement-exécution est campé par un personnage ambigu. Monstre froid et roublard quand il tire les ficelles loin de sa victime, il devient l'ancien ami capable de tous les états d'âme – y compris celui de panser les blessures de Ben Barka et de verser une larme face à son intransigeance sur les principes – et même parfois embarrasé.

Il était tout aussi bien le patriote inébranlable et de fine rhétorique que l'homme du monde expliquant à une vulgaire barbouse comment décortiquer délicatement une crevette royale. Bien sûr, il y avait aussi le flic intègre, incorruptible, professionnel jusqu'au bout des ongles et jaloux de ses prérogatives légales pour sauver l'honneur de la police française, impliquée jusqu'au cou dans cette «sale affaire».

Et aussi le bouc émissaire consentant pour mettre à l'abri du scandale un général de Gaulle en pleine tourmente politique et pas du tout rassuré sur l'issue proche d'une première élection présidentielle au suffrage universel de son histoire.

Le général Dlimi assurait le rôle d'un soldat pas bête mais discipliné que la tournure des événements a dépassé, puisque le film suggérait aussi en filigrane que si l'enlèvement de Mehdi Ben Barka était planifié, ce n'était pas aussi évident pour son assassinat. Planifié et commandité. Par qui donc ?

Mystère, puisqu'en dehors des discussions latérales entre les «chargés de mission», le nom du roi Hassan II n'a pas été évoqué dans le film.

Il a fallu que Benjamin Stora, interrogé après la projection, intervienne pour dire, catégorique, qu'il était exclu que le tout jeune souverain alaouite de l'époque était bel et bien derrière la liquidation du leader de l'opposition marocaine et il y avait intérêt.

Entre la logique implacable des faits et des motivations, les contorsions de la fiction n'y a rien changé. Même en faisant la part belle au général Oufkir qui a terminé avec des applaudissements, en répondant à la question d'un journaliste qui lui demandait

comment il prend le mandat d'arrêt international lancé contre lui : si un homme politique français se faisait enlever sur le sol marocain, je ne crois pas que je vais lancer un mandat d'arrêt contre le ministre de l'Intérieur de son pays ! Comme dans la réalité, le régime marocain s'en sort finalement à très bon compte dans la «fiction».

Slimane Laouari

A cause d’un fer à cheval…

Le succès de n’importe quel événement socioculturel repose en premier lieu sur la qualité de l’organisation. Une foire commerciale, un gala musical, un carnaval, une kermesse, une compétition sportive ou, tout simplement, une manifestation de rue, peu importe la nature du rendez-vous, exigent beaucoup de tact et de savoir-faire pour en garantir la finalité. La réussite, dans ce cas de figure, se mesure à l’intensité du plaisir procuré aux participants, au degré de satisfaction du public convié ou à la réalisation de l’objectif assigné à l’opération. Il y a évidemment la lancinante question des moyens matériels et logistiques mis à disposition, mais l’essentiel réside dans l’abnégation, la disponibilité et la culture des organisateurs.

Leur implication, tant physique qu’intellectuelle, dans la préparation et la gestion instantanée de l’événement en question compte énormément. L’examen minutieux de toutes les étapes du spectacle ou du défilé, le partage judicieux des tâches, la rigueur dans le travail, l’écoute permanente du public, la prospective et la capacité à improviser en cas de couac, voilà des qualités primordiales pour tout «manager» sérieux qui tient absolument au succès de son entreprise. La maîtrise de ces fondamentaux pose toujours problème en Algérie.

A chaque occasion, on assiste impuissants à une espèce d’anarchie qui trouve son explication dans la médiocrité de l’organisation elle-même. La culture du laisser-aller et la coutume des passe-droits ont la peau dure à tous les niveaux. Un vigile, qui laisse passer une connaissance sans ticket dans un stade de football, sera contraint d’empêcher, quelques minutes plus tard, l’accès à un homme qui s’est convenablement acquitté de ses droits d’entrée. Son acte est immoral. Il mérite pour cela une lourde sanction.

A défaut de réparation, la victime de ce comportement irresponsable se sentira naturellement frustrée. Quand plusieurs autres cas font face à la même injustice, il y a lieu de craindre un violent débordement de protestation. Un journaliste accrédité, empêché de faire son travail, c’est aussi de la mauvaise organisation. Il est inconcevable que des personnes étrangères à la profession soient autorisées, si souvent, à occuper indûment le box réservé à la presse.

Cet exemple rappelle l’attitude démissionnaire des responsables du stade Mustapha Tchaker de Blida, lors du match Algérie-Rwanda, et des remous qui en ont résulté. Il y a aussi un énorme effort à faire en matière de conditions d’accueil et d’écoute : l’amélioration de l’animation, la ponctualité, la transparence, le respect des plannings et la disponibilité des services annexes. En un mot, le professionnalisme n’est pas notre marque de fabrique. Cette tare ne concerne pas uniquement les gestionnaires de nos enceintes sportives et culturelles. Les mêmes lacunes sont également omniprésentes dans la sphère administrative et au sein des institutions publiques.

Le citoyen d’aujourd’hui exige la vérité et la transparence. Il veut être informé et associé à la prise de décision. Une distribution opaque de logements sociaux, une mauvaise prise en charge de l’hygiène ou de la sécurité au niveau d’un quartier donné, une passation douteuse d’un marché public ou une promesse non tenue à propos d’une question soulevée de longue date sont ressenties comme des marques de mépris et d’exclusion. Le sentiment de ne pas être entendu, écouté et respecté pousse les gens à commettre des actes contraires à leurs intentions premières.

Il est temps de méditer sur la paradoxale conjugaison entre le règne proclamé de «l’opinion publique» et l’abandon vécu par la majorité écrasante de cette souveraineté statistique. A regarder de très près, les mécontentements des citoyens de Diar Echems (El Mouradia) comme les débordements du stade de Blida obéissent à la même logique démissionnaire des responsables.

Les violences entre bandes rivales à Bab El Oued et l’adoption de l’émeute comme mode d’expression à travers de nombreuses localités du pays traduisent un déficit de confiance chez les autorités compétentes en raison d’un vide sidérant en matière de communication et de transparence. Dans bien des cas, une oreille attentive et une explication détaillée d’un dossier quelconque suffisent à ramener la foule coléreuse à de meilleurs
sentiments. C’est comme qui dirait que la guerre fut perdue à cause d’un vulgaire fer à cheval.

Par Kamel Amghar

Université de Béjaïa : Un colloque sur l’érudit Yahia Aydli en mai prochain

Une vingtaine de spécialistes se penchera, l’espace de deux jours, pour éplucher l’œuvre de cet éminent érudit soufiste qui a marqué son temps.

Un colloque sur l’éminent savant soufi, Yahia al Aydli, sera organisé, à Béjaïa, les 19 et 20 mai prochain, par l’association du groupe d’études sur l’histoire des mathématiques à Bougie médiéval (Gehimab) de l’université de Béjaïa.

Une vingtaine de spécialistes, nationales et internationales, se penchera, l’espace de deux jours, pour éplucher l’œuvre de cet éminent érudit soufiste qui a marqué son temps. Les préparatifs de ce colloque ont fait, avant-hier, l’objet d’une réunion du comité d’organisation à l’université de Béjaïa.

L’objectif principal assigné par Gehimab à cette rencontre, à la fois culturelle et scientifique, est “d’identifier et de faire connaître l’action et la contribution de Yahia al Aydli, de localiser et de répertorier les manuscrits disponibles de ses œuvres” à travers des thèmes dégagés. Il s’agit, entre autres, de : “Le milieu social, politique et économique à Béjaïa et à Tamokra à l’époque de Yahia al Aydli, sa vie et son œuvre, son rôle éducatif et pédagogique, ses maîtres et ses élèves, ses rapports avec d’autres érudits, son ouvrage principal al wadhifa, sa rihla avec l’Hocine al Wartilani, la zaouïa de Tamokra avec son passé et présent, etc.”

Tel que présenté par l’association Gehimab, c’est au début du XVe siècle que la ville de Béjaïa a eu le privilège d’accueillir ce célèbre savant musulman soufiste qui avait été l’élève de l’un des plus grands faqih de son temps d’al malikiya, en l’occurrence Ahmed B. Ibrahim al Bija’i. Ayant présenté l’invasion espagnole, Yahia al Aydli prépara le “repli” des ulémas béjaouis vers la province. Son œuvre majeur Al Wadhifa, très commentée à juste titre par de nombreux ulémas musulmans, notamment les cheikhs l’Hocine al Wartilani et Al Kharroubi al Trabelsi.

Il était le fondateur de l’une des toutes premières zaouïas à Tamokra (Seddouk), en Kabylie. Son œuvre Al Wadhifa, qui était enseignée jusqu’aux années 1930 à Sidi Soufi de Béjaïa, est toujours un élément de référence à la zaouïa de Tamokra.

En somme, le chanteur Idir Akfadou l’a si bien chanté dans son album Sidi Wedris en disant dans un couplet : “Sidi Yahia al Aydli fellak ad-naadi.”

L. OUBIRA

Matière grise

C’est quoi Silicon Valley ? », s’interroge-t-on souvent, comme pour rappeler que ce qui a été réalisé en Californie, huitième économie mondiale, peut être fait partout à travers le monde. Il fallait tout simplement ramener la matière grise là où elle se trouve. Et pour pouvoir le faire, rien d’autre que de créer les conditions. Elles ne sont pas innombrables. Juste ce qu’il faut pour libérer les initiatives.

Et les Indiens, pour ne citer qu’eux, ont entrepris depuis quelques années de développer leur propre Silicon Valley, et en mieux, assurent-ils. Implantée à Bengalore, celle-ci sera totalement indienne comme pour rappeler que Silicon Valley n’a d’américain que le nom. Et parmi ceux qui rappellent cette situation, se trouvent des Algériens.

C’est inévitable, dira-t-on, tant finit-on par constater, il n’y a plus de frontière pour nos compatriotes. Une fierté certainement, mais des regrets quand même, et beaucoup, parce que leur seule apparition rappelle que l’Algérie en a beaucoup formés, mais énormément travaillent et vivent en dehors de nos frontières.

C’est leur choix, ou encore, ne cessent-ils de dire, ils n’en avaient pas. On ne quitte pas son pays et les siens de gaieté de cœur. Et tous ceux qui sont partis ne ratent pas l’occasion d’afficher leur amour pour la patrie et leur disponibilité à œuvrer à son développement même si, désormais, leur vie est ailleurs.

Mais ils ont montré que l’Algérien est capable de tout. Comme ces jeunes qui se sont improvisés commerçants pour alimenter le marché national quand le pays était en état de cessation de paiement. « Ce serait un gâchis si rien n’était fait pour intéresser ces jeunes qui ne demandent pas le moindre sou à l’Etat », disait alors d’eux un homme politique devenu ministre quelques années plus tard.

Ce responsable en était réellement émerveillé. Mais, effectivement, ces jeunes savaient tout faire. Chercher l’affaire où qu’elle soit. La Chine et l’Asie d’une manière générale c’était eux. Ce sont encore ces jeunes qui nous promettent une Silicon Valley à l’intérieur de nos frontières.

« Nous pouvons vous assurer qu’à travers une petite idée, nous pouvons mettre en place une entreprise technologique et concurrencer de grandes marques dans le domaine », assure l’un d’entre eux, soutenu par un compatriote qui souligne quant à lui qu’« avec les compétences dont dispose l’Algérie, on peut créer notre propre Silicon Valley ».

Le rêve, quoi, pour peu qu’il n’y ait pas de barrière de quelque nature que ce soit. Très souvent, ces jeunes ne demandent rien de bien particulier ; seulement qu’on les laisse travailler et qu’ils soient encouragés comme le font de nombreux pays. Ceux-là ont fait un grand bond technologique en avant et affichent une croissance de plusieurs points comme pour certains pays d’Asie pour ne pas citer les plus connus d’entre eux.

Alors pourquoi pas des technopoles en Algérie et un réel développement hors hydrocarbures, avec des produits à forte valeur ajoutée ? L’Algérie pourra alors capitaliser ce qu’elle a mis des décennies à former, sa matière grise.

Par T. Hocine

Hamid Grine : ''…Quand les intellectuels crèvent la dalle, les beggaras tiennent le haut du pavé''

Hamid Grine, en vieux briscard du métier, aborde dans son nouveau roman Il ne fera pas long feu, édité chez les éditions Alpha, l’univers de la presse. Une panoplie de personnages : Hassoud (personnage central du roman), Mehrez (reporter), Chawki, Zerbit (chef du gouvernement), Lakhdar( Red chef), Linda,….et Si Messaoud, crées de toutes pièces et frisant le monde du réel pour tisser en filigrane l’histoire racontée. 

Hassoud, directeur d’un journal "Espoir", est un être pervers, hideux, vil, qui harcèle les femmes et fait du chantage à ses journalistes (qui lui écrivent des articles et dossiers de complaisance), aux entreprises (qui lui offrent de d’argent de peur d’un scandale médiatique), qui cumule les 4X4 et rêve de fructifier son capital et construire une villa dans des quartiers huppés et chics.

Ce dernier se croyant être une personnalité importante se voit réduit à moins que rien par un chef d’entreprise qui lui tend un piège. En contre partie d’une somme d’argent colossale, il fomente un dossier contre le chef du gouvernement en titrant en première page : "Il ne fera pas long feu", ce qui le fera descendre en flamme, puisqu’il sera menotté comme un vulgaire malfrat et incarcéré. Le roman Il ne fera pas long feu suscite la curiosité, invite à la réflexion… "Il est bien parti pour faire long feu", dira notre collègue. Une œuvre à méditer, après lecture bien sûr.

A propos du personnage Hassoud, corrompu et corrupteur, un véritable "schizophrène" qui a perdu le sens du contact avec la réalité, Hamid Grine dira : "Il est évident que je ne vise personne. C’est une histoire inventée de toutes pièces, ce n’est pas le portrait d’un directeur de journal que je connais et ce n’est pas un écrit ou un essai sur la presse algérienne". Hamid Grine, romancier au talent avéré, incontesté, vu sa prolixité et son exploration du rapport humain, a répondu avec amabilité et sincérité à nos questions dans l’entretien qui suit…


Dépêche de Kabylie : Qu’est ce qui vous a inspiré le personnage central du Roman?

Hamid Grine : tout simplement le milieu de la presse ici et dans certains pays arabes.

Déjà au 19e siècle, Balzac (Illusions perdues et Splendeurs et misères des courtisanes) ainsi que Maupassant avec Bel ami ont ausculté le monde de la presse. Ils ont décrit une faune où tous les coups bas sont permis. Pour "il ne fera pas long feu", je décris donc un milieu que je connais bien pour l'avoir longtemps fréquenté ici et à l'étranger. Même si Hassoud est inventé de toutes pièces, on trouve son spécimen dans la société algérienne. Des beggaras, il y'en a beaucoup. Pour faire court, je dirais que hassoud est un personnage de composition inspiré par notre société.

Les personnages du roman sont à profil duel et contrasté…un choix minutieux et délibéré ?

Oui. Comme des personnages réels. On n'est jamais tout à fait noir ou tout à fait blanc, nous sommes tous gris, paradoxaux, gentils ici et méchants là. Tout dépend des situations auxquelles on est confronté. On peut être 10/10 le matin et dix minutes plus tard à cause d'une agression ou d'un autre élément provocateur retombé à 0/10. Deux hommes différents en dix minutes. Et peut être même 4 ou 5 hommes dans la journée. Je pense qu'il faudrait prendre chaque être humain dans sa vérité du moment. Mes personnages sont ainsi. Comme vous et moi.

La projection du roman dans l’espace temporel, d’une Algérie récente,- le profil du personnage central, Hassoud, (Généreux, froid, apeuré, pervers, brutal, sans moralité aucune, corrompu et corrupteur) issu d’une mère castratrice et d’un père fruste et analphabète- est sujet à commentaires et interrogations, voire réflexions… Etes-vous d’accord ?

Parfaitement. Hassoud est un personnage emblématique d'une certaine minorité pervertie de la société algérienne. A ce titre, il est matière à interrogation. Hassoud n'est pas né du néant. On le croise chaque jour. Il ronge notre société car c’est un anti-modèle qui est devenu pour beaucoup une sorte de modèle. Quand les intellectuels crèvent la dalle, normal que les beggaras tiennent le haut du pavé.

Il ne fera pas long feu, est une véritable dissection d’une société rongée par la corruption, l’appât du gain facile, le contraste et la contradiction. Vous qui n’êtes pas sans savoir les dessous du monde de la plume. Est-ce une manière de pointer du doigt ces fléaux de la société qui la gangrènent et la font trébucher ?

Vous avez tout à fait raison. Ce roman est une dénonciation de l'arrivisme et de l'argent facile c'est aussi un coup de gueule : qu'avons nous fait de nos valeurs?

Qu'avons nous fait du mérite, de la matière grise et du travail?

Nos repères ne sont plus les hommes de culture. Mais les hommes d'argent qui ont comme devise : "L'Algérie est une vache qu'il faut traire sans scrupules."

"Cueillir le jour avant la nuit", un roman à connotation philosophique ; "le café de Gide", bien après les exploits sportifs de Belloumi et de l’équipe nationale, en passant par "chroniques d’une élection pas comme les autres", d’où puisez-vous cette prolixité et cette subtilité à "slalomer" entre des genres aussi variés que profonds ?

L'éclectisme est dans ma nature. J’aime toutes les musiques, toutes les littératures, tous les genres humains. Je suis un homme d'ouverture et non de fermeture. J'aime voir une partie de football. Mais en même temps, j'aime lire Sénèque. Je bois à toutes les sources. Pourvu qu'elles soient claires. Pour répondre à votre question, je pense que l'éclectisme est une question d'éducation. Il est consubstantiel à la tolérance et à l'amour des autres.

La pertinence de la description des personnages, de l’approche sociologique des rapports entre employeurs, employés et le … N’est-il pas le regard du “vieux routier” du secteur de la communication que vous êtes ?

Absolument. J'aime citer cette anecdote : à une jeune fille qui lui demandait : "comment écrire et quoi écrire?", Dostoïevski répond : "Parlez de ce que vous voyez, et entendez, n'inventez rien. Mettez tout en perspective..." Je suis ce précepte. Il est évident que mon roman est le fruit de mon expérience de journaliste et d'observateur de la presse.

Au fait, à quoi vous attendiez-vous avant sa publication ?

Pour être sincère, j'espére qu'il sera apprécié par les journalistes. Les premières marques de sympathie qui me viennent de cette corporation me confortent dans cette idée.

Auteur à succès, vos romans ont connu plusieurs rééditions, n’est-il pas légitime de présager que votre dernière cuvée…fera long feu ?

J'espère que mon roman connaîtra le même sort que mes autres publications. Mais mon souhait est ailleurs : qu'il n'y ait plus de Hassoud, à terme dans la presse algérienne. Et que les Lakhdar (le brillant rédacteur en chef de L'espoir) ne soient plus obligés de vendre leurs âmes à des Hassoud.

Propos recueillis par Ahmed Kessi

Œuvre de Hamid Grine

Il est l'auteur de 7 livres sportifs, notamment Lakhdar Belloumi, un footballeur algérien, Editions ENAL, vendu à 20000 exemplaires en 1986. En 2004, il publie Comme des ombres furtives, Editions Casbah, une série de portraits. Une année plus tard, Hamid Grine publie le premier essai de communication politique : Chronique d'une élection pas comme les autres qui évoque les élections présidentielles de 2004. Ensuite, il publie un autre essai philosophique : Cueille le jour avant la nuit (2005). En 2006, il édite son premier roman La dernière prière, toujours chez le même éditeur : Alpha édition. En 2007, La nuit du henné qui sera adapté à l'écran par Rachid Dechemi et Mourad Bourboune. Enfin, Le café de Gide, un autre roman publié en 2008. La pédophilie de Gide n'est que le prétexte pour poser une question plus universelle : celle de la conservation du patrimoine. Il a reçu plusieurs prix : la plume d'or du journalisme sportif, le prix coup de coeur du quotidien Djazair News en 2004 pour Comme des ombres furtives, une récompense des éditeurs maghrébins pour l'ensemble de son oeuvre à l'occasion du salon international du livre à Alger en 2008.

Bouguerra Soltani cache-t-il quelque chose ?

Contacté, le magistrat, qui se trouve actuellement à l’étranger, confirme qu’il a ordonné à la police fribourgeoise de localiser Bouguerra Soltani une fois celui-ci sur le territoire cantonal. Il voulait l’obliger à comparaître le week-end dernier. « Le politicien algérien devait être écouté à la suite du dépôt d’une plainte à Fribourg, puis confronté à son accusateur, Nouar Abdelmalek, ancien fonctionnaire du ministère algérien de la Défense, réfugié actuellement à Toulouse », précise Jean-Luc Mooser, qui a préféré traiter ce dossier sensible avec prudence. « Pour éviter que l’arrestation de Soltani ne tourne comme l’affaire El Gueddafi, j’ai demandé à la police fribourgeoise d’appliquer la méthode douce. Je me suis aussi informé auprès du département fédéral des Affaires étrangères (DFAE) pour savoir si Bouguerra Soltani bénéficiait d’une immunité diplomatique. La réponse du DFAE est tombée mercredi dernier : c’était non. » Pour la justice fribourgeoise, il n’a jamais été prévu d’arrêter l’ex-ministre islamiste algérien. Mais ce dernier, qui a été vu pour la dernière fois lors de la prière du vendredi 16 octobre à la mosquée de Genève, a fui la Suisse avec femme et bagages.

Le couple était pourtant attendu en fin d’après-midi au Lac Noir, en Singine. Il devait participer à la rencontre annuelle de la Ligue des musulmans de Suisse, où Bouguerra Soltani devait animer des tables rondes sur la famille musulmane. Sans prévenir les organisateurs, il a regagné précipitamment Alger, via Lyon.

Il fallait éviter une affaire El Gueddafi bis

Tout en dénonçant la fuite de Soltani, l’organisation Trial (Track Impunity Always) se déclare satisfaite que « la justice suisse ait pris au sérieux ses engagements internationaux en engageant une procédure contre une personne suspectée d’avoir commis des actes de torture ». Mais le directeur de cette association suisse contre l’impunité, Philip Grant, se demande qui a informé le chef du MSP qu’il allait être inquiété par la justice fribourgeoise. « Nous nous étonnons toutefois que la presse algérienne ait publié dimanche matin déjà des informations en lien avec cette procédure, bien avant que notre ONG ne publie son communiqué de presse. Il y a dû avoir une fuite. Dommage, c’est la lutte contre l’impunité des tortionnaires qui en pâtit », déplore Philip Grant. Quant à Damien Chervaz, l’avocat de Nouar Abdelmalek, il se demande qui a informé les autorités consulaires algériennes.

Qui l’a informé ?

Car ces dernières ont rapidement alerté le politicien algérien. « Je ne peux pas imaginer que le DFAE ait informé Alger pour éviter que la Confédération provoque une nouvelle crispation diplomatique, surtout après les conséquences de la crise libyenne et l’affaire Roman Polanski », relève Damien Chervaz. « Si c’est le cas, je pense que ce serait grave après les discours, il y a quelques jours, de Micheline Calmy-Rey, sur l’impunité. » Jeudi dernier, devant le Conseil des droits de l’homme, la conseillère fédérale a appelé les Etats et la communauté internationale à lutter contre l’impunité pour la reconstruction après un conflit. Georg Farago, porte-parole du DFAE, ne veut pas commenter l’affaire Soltani pour le moment. Il précise que c’est la justice fribourgeoise qui gère le dossier. Pour le juge d’instruction Jean-Luc Mooser, cette plainte pour actes de torture est désormais classée. Quant à la victime Nouar Abdelmalek, sa défense va travailler sur la délivrance d’un mandat d’arrêt international à l’encontre de Soltani. De leur côté, les responsables de l’ONG Trial se demandent si Berne a pactisé avec le diable en permettant à un tortionnaire d’échapper à la justice.

Par Sid Ahmed Hammouche

Comment le Maroc résiste à la crise

L’économie marocaine, bien évidemment, subit, elle aussi, actuellement, les méfaits de la crise économique mondiale. Le Maroc est affecté à travers quatre principaux canaux de transmission (cf. «Le Maroc face à la crise.» Institut royal des études stratégiques - 2009 - doc. Ronéo) :

1/ Le premier concerne les secteurs exportateurs

Ces secteurs subissent la contraction de la demande étrangère adressée au Maroc sous l’effet du tassement de l’activité et de la consommation dans les principales économies partenaires. Les exportations marocaines ont déjà connu, à fin mars 2009, une diminution de - 5 % par rapport à l’année 2008.

2/ Le deuxième canal de transmission est lié à la baisse des recettes touristiques

Entre juillet 2008 et mars 2009, les recettes du tourisme ont baissé de - 14 % sous l’effet de la réduction des dépenses des ménages dans les principaux pays émetteurs de touristes. La concurrence régionale et internationale en matière d’offres touristiques, qui s’est intensifiée a, aussi, eu un impact négatif sur les recettes de voyages du Maroc.

3/ Le troisième canal a trait au ralentissement des transferts des Marocains résidant à l’étranger (les MRE).

Ces transferts ont baissé de - 11 % durant la même période. Cette baisse des transferts des MRE est due au repli de l’activité dans leurs pays de résidence et par le chômage, notamment dans les secteurs du bâtiment et de l’automobile qui emploient beaucoup de main-d’œuvre étrangère. Les marchés marocains des biens de consommation et du logement s’en ressentent fortement durant cette année 2009.

4/Le quatrième canal de transmission de la crise est lié à la contraction des IDE

Les investissements et prêts privés étrangers ont baissé de - 36 % sous l’effet de la montée des incertitudes, des difficultés de financement à l’échelle mondiale et des reports de projets d'investissements.

Impact des canaux de transmission de la crise (mars 2008 - mars 2009)

Exportations - 5%
Recettes MRE - 11%
Tourisme - 14%
IDE - 36%

Ces quatre canaux de transmission de la crise ont entraîné sur la période allant de juillet 2008 à mars 2009 une perte de 28 milliards de dirhams par rapport à la même période, un an auparavant, soit une baisse de - 13 % (cf. Le rapport déjà cité : «Le Maroc face à la crise financière et économique mondiale » op. cit. p. 18 et 19).

Les mesures de riposte à la crise

Il faut signaler en tout premier lieu la présence d’amortisseurs de la crise. Il y a d’abord la bonne campagne agricole 2009 : l’agriculture enregistrerait une croissance de 22 %.
- En second lieu, le rapport susmentionné signale la tendance à la modération des prix des matières premières et de l’énergie, ce qui va atténuer la pression sur les finances publiques.
- Par ailleurs, la demande intérieure devrait continuer à être soutenue par le crédit et compenserait la baisse de la demande extérieure. Mais les réponses du Maroc à la crise, c’est surtout la mise en en place, en février 2009, d’un comité de veille stratégique public-privé qui a pour mission «de mettre en place des mécanismes de concertation et de réactivité en prise directe avec les réalités du terrain et de définir des mesures appropriées, ciblées et pro-actives». Les premières mesures arrêtées par ce comité concernent l’accompagnement des entreprises les plus touchées dans les secteurs du textile, du cuir et des équipements automobiles. De même, l’Etat aide financièrement les entreprises marocaines dans leurs activités de prospection et d’assurances à l’export. L’Etat marocain a aussi arrêté une enveloppe financière de soutien au secteur touristique, secteur stratégique s’il en est pour le Maroc. Toutes ces mesures, qui restent, faut-il le rappeler, des mesures conjoncturelles destinées à soutenir le tissu productif en période de crise, visent à atténuer les effets de la crise économique mondiale sur le Maroc dont l’économie connaîtra tout de même une baisse du taux de croissance qui sera pour l’année 2009 de 3 % contre une moyenne annuelle de 5 % durant la période 2004-2008. De même, la balance des paiements courants sera fragilisée. La crise actuelle a mis en relief, selon les autorités marocaines, «l’érosion de la compétitivité de l’économie nationale». La productivité des entreprises et la qualité du capital humain restent insuffisantes. Le marché intérieur doit se développer par une politique de promotion des classes moyennes et un tissu d’entreprises compétitives. Le rapport des autorités marocains sur l’impact de la crise sur l’économie marocaine souligne que «la crise actuelle a mis en exergue des déficiences structurelles antérieures à la crise qui affectent l’économie nationale. Parmi elles figurent la soutenabilité budgétaire limitée, la faible compétitivité de l’économie, l’aggravation de l’étroitesse du marché intérieur ou, encore, les dysfonctionnements intermittents, mais majeurs, en termes de gestion des dossiers stratégiques et de gouvernance». Belle lucidité qui devrait inspirer les rapports divers sur l’économie algérienne produits par nos institutions !

Par Abdelmadjid Bouzidi

Squelettes dans le placard

la quatrième saison de Bones sévit chaque mercredi sur M6 depuis le 27 août dernier (1 inédit, 2 rediffusions). Il s’agit, en fait, de la suite de la saison 4, les cinq premiers ayant déjà été diffusés en avril dernier (juste avant que Pékin Express ne vienne prendre sa place).
Bones est une série policière à la fois noire et humoristique, inspirée de la vie de l’auteur et anthropologue judiciaire Kathy Reichs.

Le Dr Temperance “Bones” Brennan (Emily Deschanel) est une anthropologue judiciaire, hautement qualifiée, qui travaille à l’institut Jefferson de Washington. Lorsque les corps de personnes décédées ne peuvent être identifiés, le FBI fait appel à Brennan afin qu’elle détermine les causes du décès grâce aux indices dissimulés sur les squelettes des victimes.
La plupart des agents du FBI n’arrivent pas à supporter Brennan, que ce soit son intelligence, sa volonté d’obtenir la vérité ou la manière dont elle fonce tête baissée dans chacune de ses enquêtes.

L’agent spécial Seeley Booth (David Boreanaz) est l’exception qui confirme la règle. Ancien sniper de l’armée, Booth se méfie de la science et des scientifiques, qu’il accuse d’être biaisés. Aussi invétéré qu’il soit, Booth forme un duo de choc avec Brennan et reconnaît que les connaissances scientifiques de la jeune femme mêlées à l’expertise de ses collègues du FBI sont particulièrement efficaces. Deux épisodes inédits de la saison 4 au programme ce soir, suivi de deux épisodes de la première saison en rediffusion.

Dans La femme de Loth (17e épisode de la saison 4 à 20h30), il sera question d’un corps sans vie, celui d’une adolescente retrouvée dans un silo à sel. L’équipe de l’institut Jefferson découvre rapidement l’identité de la victime : Ashley Clark, portée disparue depuis trois semaines.

Elle attendait un enfant, ce qu’ignoraient ses parents. Lorsque Booth rencontre Becca, une amie d’Ashley, il découvre qu’elle aussi est enceinte. C’est le cas de plusieurs autres filles du lycée. Arastoo Vaziri intègre l’équipe de Brennan, mais celle-ci n’est pas sûre que ce musulman pratiquant soit fait pour le poste...

Par : Rédaction de Liberte

Les Algériens déclenchant les émeutes du logement

La violence, seul moyen de communication ?

La contestation reprend ses droits dans nos cités, n’épargnant plus les quartiers de la capitale, alors que les «chahuts de gamins» reprennent et se propagent jusqu’aux proximités de la première institution de la RADP. Les émeutes se reproduisent plus rapidement que les grippes porcine et aviaire réunies.

Généralement, l’émeute vient en réaction à une décision administrative qu’on appréhende mal parce qu’on croit qu’on abuse de notre confiance et de nos droits. Mais d’autres types d’émeutiers apparaissent, ceux qui entendent se faire justice eux-mêmes, convaincus qu’il y a très peu de chance pour que l’Etat vienne le faire à leur place.

Souvent, les émeutiers passent à l’action parce que convaincus que la violence reste l’unique moyen pour attirer l’attention des autorités compétentes sur les «injustices» dont ils feraient les frais. Et là, il n’est pas besoin d’avoir le Q.I. d’Einstein pour en déduire que dans la question des émeutes l’absence chronique de canaux de communication efficients entre l’Etat et ses administrés n’est pas du tout étrangère au phénomène.

A l’ère de l’internet, combien de nos APC peuvent-elles se targuer d’avoir leur site web, cet espace qui permet d’informer en temps réel le citoyen sur les affaires de la cité ? Ce qui attribuerait plus de transparence à la gestion municipale et pourrait donc contribuer à renouer avec la confiance perdue.

Or, on a l’impression que, dans les milieux responsables, la transparence est un produit pas casher. Les partis politiques et toute l’armada de la société civile ne jouent pas non plus leur rôle de relais. Ils ne se rappellent du peuple qu’à l’approche des élections. Aucun débat télévisé pouvant éclairer ou tranquilliser les populations sur les décisions qui touchent directement à leur quotidien n’est organisé.

Quant aux officiels, ils se limitent à pondre des déclarations ou des chiffres que la presse véhicule et que le terrain contredit. Et lorsqu’on décide de «dialoguer» à tout prix, on va alors le faire sur la voie publique. On brûle des pneus, on casse les biens publics et l’on se fait casser la gueule. Tout le monde déplore, mais c’est la violence qui reviendra et non pas le débat ou la transparence.

Par Mohamed Zaâf

Responsabilités

En fermant les yeux pour une raison ou une autre sur l’installation de bidonvilles, les autorités locales ont aggravé au fil des ans la crise du logement.

Les affrontements se sont poursuivis hier pour la seconde journée à Diar Echems, malgré la disponibilité des autorités locales. Les habitants sont encore sortis dans la rue pour crier leur colère. Mais de quelle colère s’agit-il ? Du droit au logement dont se réclament tous les algériens ou du droit de squatter des parcelles qui ne sont pas les leurs pour en faire des zones de non-droit, comme c’est le cas malheureusement un peu partout, non seulement dans la capitale, mais aussi à travers le pays ?

La problématique est simple et complexe à la fois. Pourquoi ? À chaque fois que des programmes de relogement concernant des bidonvilles sont rendus publics, les listes des bénéficiaires se voient rallongées au point où des personnes qui n’ont jamais habité les régions en question se retrouvent au premier plan en revendiquant des espaces que les propriétaires légitimes ou occupants n’ont jamais osé réclamer.

Il est de la responsabilité de l’État d’arrêter de confondre entre solidarité sociale et respect de ses propres lois et règlements. Car en fermant les yeux pour une raison ou une autre sur l’installation de bidonvilles, les autorités locales ont aggravé au fil des ans la crise du logement.

Malgré les efforts colossaux fournis par les pouvoirs publics et les enveloppes engagées dans ce domaine, le problème persiste parce que les autorités locales ont souvent agi en fonction de pressions politiques ou partisanes.

Aujourd’hui, il faut dire que ce qui se passe à Diar Echems n’est que l’arbre qui cache la forêt, même si des cercles malintentionnés, proches des islamistes, poussent au pourrissement. Cette situation met encore une fois en lumière la nécessité d’un véritable plan d’aménagement du territoire et d’urbanisme d’Alger. Mais là la question concernera également d’autres secteurs comme l’emploi, l’éducation, la santé et les infrastructures de base.

L’exode rural qu’a connu la capitale durant les années 1970 s’est aggravé, mais pas pour les mêmes raisons, bien entendu. Maintenant que les protestations deviennent récurrentes, il s’agira de trouver les solutions durables à des dossiers qui ont trop longtemps attendu.

Par : Salim Tamani

Agir sur l’imaginaire

Il y a les raisons qui poussent aux émeutes. En l’occurrence, la persistance du problème de logements malgré tous les efforts qui lui ont été consacrés. Statistiques à l’appui, on compte maintenant les réalisations par millions et non plus par milliers. Près d’un million a été livré durant les quatre dernières années, plus d’un million est attendu pour les quatre prochaines. La priorité du gouvernement dans ce domaine ne souffre d’aucune équivoque, mais le retard à rattraper est immense.

Certes, il y a des lacunes, des dysfonctionnements, mais il faut aussi de la patience. Dans ce contexte, l’émeute est d’abord le signe d’une impatience. La communication dans le domaine est faible, elle est souvent laissée aux soins d’un ministre lorsque c’est tout le gouvernement qui doit sans cesse expliquer sa politique et, surtout, ses insuffisances. C’est lorsqu’on comprend qu’il y a des chances qu’on se calme.

Cela dit, à côté des raisons qui poussent aux émeutes, il y a la nécessité de l’ordre. Les services de police remplissent cette nécessité sans laquelle personne ne peut plus discuter avec personne. Les lois existent que ces services ne font qu’appliquer. Inutile de s’en prendre à eux. La faille est forcément encore une fois chez le politique. Pourquoi la colère est-elle montée, pourquoi a-t-elle pris de cette brutale façon ?

Quels sont les canaux de dialogue qui existent ou qui n’existent pas et qu’il va falloir mettre en œuvre impérieusement et partout ? Ce n’est certainement pas dans le feu qu’on discute et c’est encore compliquer davantage le problème que de s’en prendre aux serviteurs de la loi que sont les policiers. Régulièrement, aussi bien dans les médias qu’à travers les «analyses» développées ça et là, on laisse épanouir une culture dans l’axiome est que «tout va mal» et que les «droits élémentaires des citoyens» sont bafoués etc.

Cette culture ambiante, qui décourage beaucoup de nos politiques en exercice et leur font adopter une telle passivité, vient de loin. Là aussi, inutile de lui chercher des raisons profondes. Sa genèse ne fera que décourager les meilleures volontés. A défaut d’œuvrer pour une contre-culture, faite de combats militants au service de ce qui se fait et contre ce qui ne se fait pas, il faut au moins tenir compte du malaise.

Savoir que beaucoup d’Algériens sont à fleur de peau qu’on leur construise des millions ou des milliards de logements. Il ne s’agit plus ici de simple politique mais de quelque chose qui va plus loin. Une réconciliation avec soi-même qui ne peut qu’être l’œuvre de toutes les forces vives, à commencer par celles qui activent dans les sphères de la communication et de la culture, que ces sphères soient officielles ou non.

Ce n’est ni en contrôlant ni en abandonnant à lui-même l’Algérien qui œuvre dans cette sphère qu’on réussira à relever le défi d’une société qui se sent malheureuse. Mais en lui expliquant la route dans laquelle nous sommes tous engagés, ses difficultés, ses imprévus et ses horizons. Lorsque le politique tente d’agir sur le réel, le culturel fait mieux : il agit sur l’imaginaire. Et c’est bien là que le bât blesse.

A. K.