lundi 16 novembre 2009

Le foot, oui ! Les profs, non !



Par Hakim Laâlam  
Email : laalamh@yahoo.fr

Le match d’appui contre les Pharaons aura lieu mercredi à Khartoum. C’est pas juste ! Jouer l’Egypte deux fois de suite… 

… chez elle !

Ma fenêtre étant ouverte pour cause de canicule hivernale, j’entends d’ici les klaxons et les cris de joie des supporters algériens qui viennent d’apprendre la nouvelle. L’Etat généreux vient de leur offrir des billets quasiment gratuits pour le Soudan afin qu’ils aillent «afwadjan ! afwadjan !» supporter leur équipe lors du match d’appui contre les méchants et vilains Egyptiens. C’est touchant de les voir déborder soudain de tendresse reconnaissante pour leurs dirigeants subitement bien-aimés. C’est bien. C’est même très bien. Mais tout de même ! Je ne voudrais pas gâcher une si belle ambiance, étant moi-même fou de foot, seulement force est de relever ce fait vachement troublant. Dehors, peut-être même mêlés à la foule, il y a des enseignants en grève, des profs qui gueulent leur rage depuis des lustres pour que leur statut d’éducateur- mendiant soit amélioré. Et à chaque fois qu’ils rouspètent, à chaque fois qu’ils sortent manifester et qu’ils font grève, ils sont tabassés et n’ont droit qu’à une explication qui se veut économiquement censée et politiquement raisonnable : «Vous savez, on ne peut pas d’un coup de baguette magique, comme ça, en un claquement de doigts, sur simple injonction, augmenter vos salaires pour les faire tendre vers un peu de dignité, ni vous donner un statut plus conforme à votre rôle dans la société. La moindre des augmentations doit obéir à des règles très strictes, tenir compte des équilibres micro et macro-économiques. Nous devons éviter de prendre des décisions démagogiques. La gestion d’un pays, c’est autrement plus sérieux, vous savez !» Oui ! Je croyais le savoir. Jusqu’au moment présent où je découvre que les règles micro-macro-machin chose qui sont censées régenter de manière intelligente notre économie volent en éclats sur un simple coup de fil et deux ou trois injonctions. Plus de restrictions, plus de scellés sur les caisses bourrées de l’Etat. On ouvre, on y puise à pleines pelletées et allez ! Quiiiiiiiiiiii veut prendre l’avion pour Khartoum ? T’hassebkoum ! Wallah que c’est de bon cœur ! Allez ! Allez ! Tous à l’aéroport. Il vous faut juste votre passeport et une gorge prête à l’emploi. Grimpez dans l’arche de Noé. Ou plutôt dans celle d’Abdekka. Et tant pis pour les profs et pour l’école ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L. 

La mort s’habille en vert

Après une phase de déprime naturelle et une vague envie de suicide collectif suite à la défaite cairote, les Algériens se sont vite ressaisis le matin, dès l’annonce d’une offre de billets gratuits ou à tarif réduit pour le Soudan. Etant entendu qu’une victoire à Khartoum ouvre la voie à l’Afrique du Sud, toute la journée, des milliers d’Algériens ont défilé dans les rues en brandissant leur passeport vert et c’est la première fois qu’ils les brandissent autrement que pour signifier un départ définitif, la harga sans retour.

C’est la première fois que les Algériens exhibent ouvertement leur titre de voyage avec la ferme intention de revenir dans leur pays, juste après avoir tué quelques Egyptiens à Khartoum. Il faut pourtant arrêter ici toutes les tentatives de récupération patriotique de ce qui est en train de se passer.

Car ce qui est arrivé au Caire, avec la mort d’Algériens sous le regard passif de la police et de l’Etat, renvoie à l’Algérie l’image de l’Egypte, ennemie par le peuple et le football mais amie de circonstance par le régime.

Celui d’un pays autoritaire où les forces de l’ordre jouissent de l’impunité, ce qui leur a permis de laisser tuer et blesser tant d’Algériens. A ce niveau, l’Etat algérien, tout aussi antidémocratique, ne peut que pleurer les pertes humaines sans contester la nature du régime égyptien puisqu’il a le même à domicile.

Et sur son terrain, l’Algérie dépassée, l’Etat algérien n’a rien dit et son contraire, condamnant sans le faire, passant de billets gratuits à la rumeur de billets à 20 000 DA, et pour ne citer qu’Alger, ouvert une agence de 20 m2 pour accueillir une foule de milliers de personnes prêtes à aller jouer la bataille de Khartoum.

Pourquoi aller à Khartoum ? Pour mourir et venger la mort des siens, dans la grande tradition nationale. Pourquoi pas ? Cela fait déjà un mois que ce n’est déjà plus du football.

Par Chawki Amari

De quelle fraternité parle-t-on ?

Les rumeurs les plus folles ont circulé, hier, à travers toute l’Algérie. Tout le monde parle d’un scénario catastrophe. Mais une chose est certaine : il y a eu violence et le sang algérien a coulé au Caire. Et c’est dans la capitale d’un pays, que les autorités du pays continuent à qualifier de «frère», que les Algériens, venus normalement en invités, sont agressés. Les supporters qui ne cherchaient en fait que de la joie ont eu comme seule réponse des jets de pierres et des coups de poing.

Quel désastre !! Quel gâchis ! En fait, cela n’est absolument pas nouveau, même si le propos peut paraître un peu dur ou parfois déplacé. Car, à y regarder de près, cette violence ne peut jamais être le fait de groupuscules isolés, déchaînés. Jamais cela ne peut être un acte spontané. Jamais cela ne serait survenu s’il n’y avait pas la bénédiction des autorités égyptiennes. Et la preuve de cela est simple à vérifier : le président de la Fédération égyptienne de football, Samir Zaher, a franchi le Rubicon jusqu’à affirmer que ce sont les joueurs algériens qui ont orchestré l’attaque éhontée de jeudi soir contre le bus qui les transportait de l’aéroport du Caire à l’hôtel.

Quelle hérésie ! Quelle insolence !! Cela est simplement stupide, et il n’y a qu’à voir la tête bandée de Lemouchia, celle de Rafik Halliche ou la main blessée de Rafik Saïfi pour démentir le délire du dirigeant égyptien. Honteuse est encore cette image de policiers cairotes qui, au lieu de protéger les supporters et les joueurs, ont agressé des journalistes algériens après la fin de la rencontre. La seule conclusion qu’il faut tirer de ces jours de tension extrême est donc que le traquenard de jeudi et l’agression de samedi soir ont été tout simplement prémédités. Pas par les supporters, dont l’émotion peut, certes, conduire à des escarmouches, mais par des responsables d’un pays en mal dans leur peau.

Des dirigeants qui n’ont rien à vendre à leur peuple que la victoire d’un match de football, qui ne doit pas, en principe, dépasser le cadre d’une simple rencontre sportive. Sans plus. Et le sang des Algériens est apparemment la voie la plus facile pour Moubarek pour placer sans fils sur les rails de la présidence égyptienne qui s’approche.Face à cela, les jeunes Algériens ont montré, hier, leur sportivité en scandant des slogans de soutien à leur équipe malgré la défaite de samedi soir. Ces supporters, jeunes dans leur grande majorité, ne sont pas des va-t-en-guerre. Bien au contraire. Même si, il faut l’avouer, ils ont le droit de s’interroger, toujours dans le calme, sur les raisons de la frilosité des autorités de leur pays.

Que diront, en fait, les autorités égyptiennes si leurs concitoyens étaient agressés chez nous ? Ils vont certainement monter au créneau, pour ne pas dire plus. Pendant que des Algériens se font massacrer au Caire, les responsables de l’Etat, dans l’incapacité de se mettre au diapason de cette jeunesse en soif de joie, font preuve d’un mutisme pour le moins étonnant. S’il est vrai que la diplomatie a ses voies et son langage, il n’en demeure pas moins que de tels comportements appellent une position et une réaction fermes.

Une attitude que n’a pas su, malheureusement encore, afficher la Fédération internationale de football qui, malgré l’agression caractérisée à l’encontre du onze national, n’a pris aucune décision, si ce n’est le timide avertissement de jeudi dernier. Mais, en attendant, les Fennecs auront largement le temps de montrer autre chose sur le terrain à Khartoum mercredi prochain. Mais cela est une autre histoire.

Par Ali Boukhlef

Entre minbar et banc de touche

Je m'imagine la déception des millions d'Algériens après la défaite inattendue de l'EN au Caire. Si l'Algérie a perdu, ce n'est pas parce que Dieu a fait la passe décisive à l'équipe égyptienne, championne de la prosternation tous azimuts. Sur le plan de la dévotion, nous faisons désormais jeu égal avec nos adversaires, au point de semer la confusion dans la comptabilité céleste. Seulement, nous ne sommes pas de force à lutter contre les Egyptiens sur ce terrain-là.

Voyez le succès du «flyer» représentant le joueur vedette Zidane, mains tendues et implorantes vers le ciel, avec cette invocation «ya Rab», qui n'a pas nécessairement la même signification chez nous. C'est ainsi que l'on met la providence et les prieurs de son côté. Franchement, les enfants, n'essayez pas de rivaliser avec les «sadjidines» sur le plan de la prosternation. «Forts alikoum bezzef», trop forts pour vous, même si votre piété surpasse, au fond, la leur et qu'elle résiste mieux aux tentations qui les taraudent dans leurs hôtels. Et puis, vous avez cet entraîneur, malencontreusement appelé «Cheikh». Il oublie souvent qu'il a été appelé pour mener nos joueurs à la victoire et non pas pour diriger les prières du haut de son minbar.

Combien Saâdane a-t-il reçu d'avertissements pour s'être hasardé trop près du terrain de jeu ? Je vais vous le dire, aucun. Parce que l'entraîneur national est littéralement rivé à son banc, ne bougeant même pas pour se dégourdir les jambes. Shehata, l'Egyptien, se démenait comme un beau diable, dans les derniers moments du match, pour haranguer ses joueurs. Il a peut-être moins de sens tactique, moins de roublardise que Saâdane, aux dires de nos commentateurs sportifs, mais il a de la présence. Et c'est ce qui a payé ce samedi au stade du Caire, alors que les Egyptiens y croyaient encore et que certains joueurs algériens avaient déjà un pied en dehors du terrain. Il y a des moments comme celui-là où les échafaudages élaborés en laboratoire et à l'entraînement ne suffisent pas.

On s'en aperçoit aisément en revoyant ces temps morts, généreusement accordés par l'arbitre sud-africain, désormais surnommé «Monsieur six minutes». Il fallait, il faut donc tenir compte de ces impondérables et, surtout, comprendre pourquoi nos joueurs si doués et si talentueux s'effondrent souvent en fin de match. Récapitulons une fois : les Egyptiens savent solliciter le ciel mieux que nous, et ils proclament ouvertement que leurs joueurs et leur peuple sont des monuments de piété.

Ce qui n'est pas notre cas, a contrario, même s'ils rappellent in fine que nous sommes «frères par le sang et par le religion». Car dans ce cas, faut-il le rappeler, les Coptes d'Egypte et les trente-cinq protestants d'Assi-Youssef comptent pour du beurre. Sur le terrain, l'entraîneur de l'Egypte, Shehata , communique mieux et a plus de contact avec ses joueurs. Ce que ne fait pas le «Cheikh» Saâdane, à notre connaissance, à moins que ses joueurs soient nantis d'oreillettes ultras discrètes. Il est certain, toutefois, que les Algériens sont individuellement plus forts que leurs adversaires égyptiens, mais si on reconduit le schéma du Caire, ce ne sera pas facile à Khartoum.

On peut se demander, au demeurant, pourquoi la Fifa a choisi Khartoum comme «terrain neutre». Il faudra compter avec l'improbable neutralité du public, géographiquement et historiquement plus proche de l'Egypte que de l'Algérie. Car même si Omar Al-Béchir, président du Soudan, est l'ami de Bouteflika, aux dires des fervents supporters de la tyrannie, il est encore plus l'ami de Hosni Moubarek. Or, ce dernier a beaucoup plus à perdre en cas d'élimination de l'Egypte. Au passage, j'ai particulièrement apprécié samedi soir le trait d'ironie de l'ancien international Chabane Merezkane à propos du Soudan. «Oui, je sais que le Soudan est un pays frère, a-t-il dit, mais à force de jouer dans les pays frères, l'équipe nationale va être décimée».

Dans le climat d'euphorie qui suivrait une éventuelle qualification de son pays au Mondial, Moubarek pourrait faire passer plus facilement son projet de hisser son fils Djamel sur le trône d'Egypte. Ce qui n'est pas le cas de notre président qui ne pense, lui, qu'à bien finir son mandat actuel et à se préparer pour un cinquième si tout va bien. En attendant, une participation algérienne à une phase finale de Coupe du monde, ça vous redore le blason et ça coupe, pour un moment, l'envie de déclencher des émeutes. Car, après les harraga, l'engeance que craignent le plus nos gouvernants, c'est celle des émeutiers. Cette variété qui n'a pas le pied marin se manifeste trop souvent dans les grands centres urbains et sous les projecteurs des télévisions étrangères.

Cela dit, la Fifa a eu tort de faire jouer quand même le match, en dépit des graves incidents de jeudi dernier. Il faut noter aussi que les protestations du gouvernement algérien ont été un peu faiblardes et n'ont pas donné l'impression d'un pays désireux d'aller jusqu'au bout. Ce qu'ils auraient dû faire, au moins pour la forme, à partir du moment où la duplicité des autorités égyptiennes a été démontrée. Quelques rappels : jeudi, en début de soirée, le quotidien Al- Ahramet l'hebdomadaire Alyawm Essabaamettent en doute la réalité de l'agression dans leurs éditions électroniques.

Ils affirment, citant des sources non identifiées, que ce sont les joueurs algériens eux-mêmes qui ont saccagé le bus qui les transportait. L'hebdomadaire met en ligne plusieurs articles dénonçant le "complot" algérien. Dès le lendemain matin, la thèse prend forme et elle est officialisée par les autorités policières. Selon cette thèse, alors que l'autobus se dirigeait tranquillement vers l'hôtel, les joueurs algériens se sont mis à briser les vitres et le pare-brise du bus avec des extincteurs. C'est en tentant de saccager le véhicule que quelques joueurs se sont blessés. Témoin providentiel et héros improvisé, le chauffeur du bus, Egyptien bien sûr, a réagi en bon patriote soucieux de protéger les bus de son pays. Le conducteur a donc lâché son volant pour aller se colleter avec les joueurs algériens et les empêcher de continuer à saccager le bus qui continuait à rouler. Car ce bus est muni, semble-t-il, d'un système de pilotage automatique comme les avions.

C'est du moins la conclusion des journalistes présents à la suite de ce récit rocambolesque. La télévision égyptienne va s'emparer, évidemment, de cette thèse et elle diffusera même un montage vidéo, dans lequel elle reprend sans vergogne des images filmées à l'intérieur du bus par Rafik Saïfi lui-même. Heureusement que cette vidéo, qui prouve la réalité de l'agression, avait été diffusée déjà sur la Toile bien avant son exploitation honteuse par la télévision égyptienne. On peut relever que le Festival international du cinéma du Caire se tenait à quelques encablures de là, ce qui a peut-être inspiré les affabulations égyptiennes. Arrive, enfin, le témoignage incontestable et incontesté du délégué de la Fifa qui met à terre L'invraisemblable scénario élaboré par la police, fignolé par les médias, et accepté par toute l'Egypte comme vérité d'Evangile, pardon du Coran.

En dépit de tout ceci, les aveux implicites des Egyptiens euxm-êmes et le rapport accablant de son délégué, la Fifa a maintenu la rencontre. Sur les sites Internet, pendant ce temps, les supporters égyptiens ont continué à accuser les Algériens d'avoir simulé l'agression. Emporté par son patriotisme, un Egyptien a lancé : «Arrêtez de parler de pays frères, nous sommes l'Egypte des Pharaons et eux, c'est l'Algérie des Amazighs». Si seulement on avait su ça auparavant, on se serait sûrement épargné toutes ces émotions et toutes ces rancœurs, mes bien chers frères.

Par Ahmed HALLI

Système, performance et mérite

L’équipe nationale de football ayant décidé de prolonger le suspense, c’est dans le noir que les enseignants devront continuer leur mouvement de protestation. Avec juste la lueur du discours du président à Sétif promettant une réhabilitation de l’enseignement universitaire et de la recherche. Une réhabilitation strictement salariale, en attendant la réhabilitation politique.

La bonne nouvelle est quelque peu altérée par ceci : le Président trouve que l’Université algérienne va bien et ne mérite pas son mauvais classement international. La preuve en serait que des universités américaines recrutent des étudiants nationaux. L’envol de quelques hirondelles serait une preuve de la qualité de notre production universitaire, pas la production elle-même, mesurable à la contribution de l’université au développement scientifique, économique, technique, culturel et humain de la société.

Le Président s’étant engagé à aligner les salaires des chercheurs sur ceux de leurs homologues étrangers, l’université, ainsi déclarée performante, n’a plus qu’à attendre la récompense sociale qu’elle mérite. Si l’effort et le mérite venaient à s’imposer comme valeurs nationales, ils inaugureraient une véritable révolution philosophique dans le système algérien. Car pourquoi son application s’arrêterait en si bon chemin, là où elle va commencer, à l’université ? On ne pourra plus acheter un siège de sénateur, par exemple ; il faudrait le gagner.

Car, enfin, d’où vient le mal national si ce n’est de la primauté de l’allégeance sur le mérite ?

C’est là que le piège se referme sur la volonté politique, même quand elle serait sincère : un système politique basé sur le pouvoir de cooptation peut-il mettre en pratique une gouvernance qui privilégie l’aptitude et la vertu ?

Non, car cela reviendrait à se faire hara-kiri. Car la promotion de la compétence et de l’engagement implique la mise en place de conditions de libre compétition des aptitudes nationales. Autrement, pourquoi un ministre ou un député qui n’a pas de dispositions particulières à faire valoir se transformerait en défenseur du mérite dans son secteur ou sa circonscription ? On ne connaît pas encore de meilleur mode de sélection que de mettre les protagonistes en compétition, selon des critères objectifs et dans des conditions de transparence.

Or, il n’en est pas encore question. Sauf à vouloir transformer une élite universitaire en une espèce d’équipe nationale de la recherche, bien payée pour représenter le pays dans le système universel d’émulation scientifique ou culturel. Une équipe nationale de chirurgiens, une autre de physiciens, etc. qui animerait les occasions solennelles, comme le feraient de bon chanteurs à l’occasion des festivals institutionnels, et comme le feraient de bons écrivains de salon.

Le mérite, ce serait la fin des monopoles du pouvoir : celui du contrôle des élections qui décident des dirigeants à élire, celui de communication qui décide de qui doit parler, celui de l’allocation des ressources qui décide de celui et de ce qui doit être financé, de celui de la publicité qui décide des journaux qui doivent survivre. Le problème est là : l’autoritarisme est nécessairement promoteur de médiocrité ; au mieux, il peut monter des troupes d’élite gavées pour la représentation. La liberté seule est productrice de performance.

Par : Mustapha Hammouche

Si près du Caire, si loin de son enfer

Le pays entier se relève difficilement d'une gueule de bois dont il aurait aimé d'autres arômes et d'autres couleurs, mais bon. Les Algériens auraient aimé la belle sérénité des lendemains de victoires fêtées dans l'agitation et dans l'excès, mais ils savent aimer ce qu'ils ont quand ils n'ont pas ce qu'ils aiment.

A commencer par cet espoir – tout le monde vous dira qu'il est intact – de se qualifier en Coupe du monde en allant chercher une victoire à Khartoum, la capitale soudanaise. Les Algériens savent aussi qu'il y a autant de leçons à tirer dans la liesse partagée que dans les élans de solidarité éphémère que procure la détresse commune.

Hier, les visages étaient blêmes de désillusion et de manque de sommeil, mais paradoxalement, le teint blafard et les regards absents renvoyaient plus de détermination que de résignation. Non, ce n'est pas l'éternel recommencement. Le rêve est encore là. S'y mêlent encore une multitude de regrets tenaces et quelques remises en cause apaisées, se profilent à l'horizon d'autres façons d'envisager la passion du foot et d'autres regards sur l'adversaire, mais le fait est que toutes les raisons d'encore rêver sont là.

Peut-être encore un peu trop proche du Cairo Stadium mais tout de même à distance respectable de son enfer. Timidement, mais avec beaucoup de promesses, les rues d'Alger ont esquissé l'ultime mi-temps sur les sentiers sud-africains pour un avertissement solennel : le ventre de la passion est encore fertile de générosité dans l'effort.

Et pour l'une des rares fois sans doute, les voix entonnent le refrain de l'essentiel : gagner pour aller en Coupe du monde et, cerise sur le gâteau, laver dans l'apaisement sportif l'affront vécu sur un terrain qui ne l'a pas été. Hier, dans les mines défaites et les regards hagards, il n'y avait pas de haine, seulement l'assurance de femmes et d'hommes convaincus d'avoir été injustement privés d'une victoire par des chemins détournés.

Déçus mais presque heureux d'aller récupérer «ça» au bout d'un parcours qui aurait pu être moins lu et surtout moins violent. L'«essentiel» a commencé hier très tôt. Le voyage pour Khartoum, ses visas, ses billets d'avion et ses tickets de stade. Le reste inchangé.
Les cortèges se font de plus en plus nombreux et de plus en plus bruyants. Plus que deux jours.

C'est trop court et trop long, mais la bande à Saâdane est déjà confortablement installée pour récupérer de sa généreuse débauche d'énergie et de son enfer, si près de la capitale soudanaise. Mercredi, sur la pelouse, à l'abri des pierres et des vociférations haineuses, sera un autre jour.

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Slimane Laouari

Revenons à nos moutons

Notre bonne vieille cité, que je déteste (entre nous soit dit, de bon coeur) pour plusieurs raisons, avait commencé à changer de visage, comme chaque année à l’approche de l’Aïd El Adha: les carrés d’espaces verts imaginés par les urbanistes du dimanche et coûteusement entretenus par une municipalité invisible, étaient envahis par des troupeaux de moutons.

Les bêtes destinées au Sacrifice prochain avaient, en quelques heures, tondu l’herbe rare qui avait eu la mauvaise idée de pousser après les maigres pluies tombées dernièrement. Et c’est sur une terre battue, jonchée de sachets et de bouteilles en plastique, que les moutons se pressaient les uns contre les autres pour échapper aux harcèlements des nombreux gamins qui montraient leur curiosité avec la vivacité propre aux enfants.

De loin, les vieux retraités, le regard éteint, se lamentaient du prix exorbitant, affiché cette année, de la gent encornée et ils déploraient un peu plus l’absence de mesures gouvernementales pour freiner le prix de la viande qui, à la veille de chaque Ramadhan ou au lendemain de chaque Aïd, se propulsait un peu plus aux cimes de la mercuriale, entraînant avec elle tous les légumes qui lui sont associés.

Mais le fatalisme habituel a vite pris le dessus chez les vieux qui savaient que cet Aïd pouvait être le dernier pour certains d’entre eux et que de toute façon, il fallait se plier à l’exigence dictatoriale des petits-enfants qui demandaient à choisir eux-mêmes le jouet vivant pour meubler la monotonie des jours.

Les enfants se pressaient de plus en plus nombreux, formant un carré autour des bêtes. Il faut dire que la grève des enseignants les avait libérés. Ils pouvaient ainsi donner libre cours à leurs penchants.
Les plus hardis d’entre eux s’approchaient des béliers les mieux encornés, leur flattaient le flanc ou le museau ou les excitaient pour les voir s’affronter dans les duels sonores où le choc sourd des cornes était répercuté par des vivats d’encouragement.

Des ménagères hardies étaient même venues avec des enfants en bas âge pour sentir l’odeur de la laine qui est un avant-goût des fumets de l’Aïd. Elles s’enhardissaient, mues par une tradition séculaire, à pousser leurs mioches vers les clôtures affaissées derrière lesquelles le troupeau languissait. Et tout cela sous l’oeil vigilant de la vieille grand-mère qui menait elle aussi, à sa manière, sa petite tribu.

Un enfant avait eu même la brillante idée de poser un drapeau sur le dos du plus imposant bélier, celui qui avait imposé sa loi au reste du troupeau.

Et cela avait provoqué un regain d’enthousiasme chez les jeunes écoliers ravis, pendant leur école buissonnière, forcés à suivre les péripéties des ovins sur les pâturages improvisés de la cité et de répéter à l’envi les échos relatifs à l’Equipe nationale en Italie ou en Egypte.
Seuls les pères de famille, tirés par la manche par leur dernier rejeton, se montraient rétifs à s’approcher: le mouton était devenu trop cher et la tripartite arriverait de toute façon trop tard.

Il vaut mieux attendre la veille de l’Aïd pour se décider à acheter. Peut-être qu’il y aurait un peu plus de rahma chez les maquignons. Qui sait?

Selim M’SILI

Dream TV, Modern Sport et Hayat TV, créent un front contre l’Algérie

«Puisque la haine ne cessera jamais avec la haine, la haine cessera avec l’amour.»
Bouddha "Extrait de Suttapitaka Dighanikaya"

Alors que le monde entier découvrait la barbarie des supporters égyptiens, un front des télévisions égyptiennes s’est constitué, regroupant les extrémistes du monde audiovisuel égyptien: Dream TV, Modern sport et Hayat TV. Toutes les vedettes et animateurs de ces trois télévisions étaient rassemblés sur le même plateau de télévision orné des couleurs noir et rouge. Ainsi, on pouvait retrouver Mustapha Abdou de Dream TV qui n’a pas cessé, durant deux semaines, à insulter l’Algérie et tous ses symboles, Medhat Chalabi de Modern Sport, mais aussi Ahmed Choubaïr, le soi-disant ami des Algériens et présentateur vedette de Hayat TV, nouvelle chaîne égyptienne également.

Ce front des télévisions égyptiennes, nouvellement créé depuis 2003 et visiblement en panne de sensation, ne s’est pas rassemblé pour une campagne contre la violence dans les stades, contre le sida dans les pays arabes, ni contre la faim et la misère en Egypte, mais bien pour insulter encore et toujours l’Algérie. La soirée fut festive, puisque l’Egypte a gagné et avait droit à la fête, mais à travers les nombreuses interventions des joueurs et des artistes, notamment le comédien Ahmed Saka, des insultes fusaient contre la délégation algérienne et ses joueurs.

Alors qu’au même moment sur Nile Sport et la chaîne publique Al Masrya, on se contentait de commenter les faits et saluer sportivement la victoire des Pharaons sans pyramides. Cette attitude belliqueuse de ce trio de télévisions égyptiennes a fait réagir les autorités audiovisuelle arabes par le bais de l’Union des télévisions arabes, qui a demandé l’arrêt de la diffusion de ces trois chaînes égyptiennes qui alimentent la haine et la discrimination entre les Arabes et plus particulièrement contre l’Algérie. Alors que la soirée se poursuivait avec une haine et des moqueries contre la délégation nationale, l’EN est bloquée au stade et les supporters algériens sont attaqués jusque dans leur bus.

Les Egyptiens, qui ont pourtant remporté le match, ne se sont pas contentés de défiler seulement, mais de poursuivre les Algériens dans les rues et sur les plateaux des télévisions. Au même moment, les techniciens algériens et les anciens joueurs, invités sur les plateaux sobres de l’Entv et de Canal Algérie, se sont contentés de commenter les erreurs techniques de Saâdane. Il faut dire que les joueurs qui ont vécu l’enfer du Caire n’étaient pas conviés à cette soirée. Ainsi, Belloumi le symbole de la haine des Egyptiens contre les joueurs algériens n’a pas été invité sur les plateaux de la Télévision algérienne.

Et c’est une petite chaîne maghrébine, Nesma TV, qui l’a accueilli avec faste à Tunis et a annoncé l’émission à coups de placards publicitaires durant plusieurs jours dans la presse algérienne. Mais l’émission qui a été enregistrée mercredi, soit 24h avant les incidents du Caire, était déconnectée du sujet avec sa triste réalité et la tension qui était perceptible avant le match.

Quoi qu’il en soit, cet épisode du Caire a démontré une nouvelle fois le retard de notre pays dans le domaine de l’audiovisuel et de la communication. Même si on ne doit pas allumer la mèche, on devait néanmoins, préparer les explosifs pour répondre image par image aux provocations et insultes des Pharaons sans pyramides

Amira SOLTANE

Redéfinir n'est pas gagner

Il n'y a pas que les filles Obama qui attendent avec impatience le retour de leur père d'Asie. Ses adversaires républicains vont eux aussi se bousculer à sa descente d'avion. S'empresseront-ils de lui reprocher le fait d'avoir élargi une réunion au sommet de l'Apec aux dirigeants birmans, la nouvelle doctrine de l'«engagement pragmatique» US envers la junte militaire ne peut être la bonne approche aux yeux de ses contradicteurs ? 

Ceux-là tâcheront de le lui rappeler. Mais pas avant d’avoir tiré au clair l'affaire afghane, des semaines qu'ils attendent la nouvelle option stratégique des démocrates. Le président Obama peut continuer d'inspirer les artistes et les commerçants chinois chez eux, à Washington, l'heure n'est plus au badigeonnage à l'huile. En clair, il ne suffit pas d'annoncer qu'une décision sur l'Afghanistan est toute proche pour calmer les ardeurs des républicains qui veulent pas moins que de la clarté dans les propos du président.

Et surtout des actions rapides, signifier aux Afghans qui doivent se défendre eux-mêmes est trop vague comme concept sécuritaire pour être pris au sérieux par les éléphants du parti républicain. A se demander s'il existe une seule et bonne qualité chez Barak Obama ?
Il arrive à ses ennemis politiques d'en détecter.

Quand, par exemple, il n'hésite pas une seconde à reconduire les sanctions américaines contre la République islamique d'Iran et à adresser à partir de Singapour un avertissement clair aux mollahs, en compagnie du président russe, Dmitri Medvedev. Sauf qu'une pareille qualité de «franc-parleur», selon la grille de notation des républicains, peut être revue à la baisse quand le locataire du bureau ovale s'amuse à brandir le bâton et la carotte devant le régime de Khartoum. Face au non-respect des droits de l'homme au Darfour et la famine qui revient au Sud-Soudan, il n'y aurait même plus de place pour que le président d'Obama puisse glisser sa main tendue.

C'est cette même attitude radicale que les républicains espèrent voir se renforcer chez lui. Une sorte de chemin initiatique vers une «fauconisation» qu'ils cherchent à imposer au démocrate en chef. Mais aucune des campagnes d'acharnement contre sa personne n'ont eu jusque-là raison de sa constance.

Très attendue, la redéfinition de la stratégie militaire US en Afghanistan se présente ainsi comme la meilleure occasion pour mettre le président Obama en réelle difficulté. D'autant que les pressions exercées sur le gouvernement Karzaï, l'envoi de troupes en renfort et l'acheminement de meilleurs équipements ne permettraient pas à la coalition de remporter une victoire nette sur le mouvement taliban.

Manquera toujours l'adhésion de l'opinion publique afghane qui peine à se défaire de l'idée de l'occupation et à accepter celle de la libération.

Moins encore celle de la démocratisation qui a été malmenée par les fraudes massives lors du premier tour de l'élection présidentielle afghane. Ce qui n'a pas empêché Hamid Karzaï de rester le roi de Kaboul. Et si avec toutes ces prises en compte, la nouvelle stratégie de sortie de crise en Afghanistan venait à échouer ? Se retournera-t-il volontiers vers les républicains pour leur rafraîchir la mémoire : si l'Amérique continue de s'enfoncer dans le bourbier afghan c'est tout de même à cause d'eux ? A défaut de crier victoire, ils crieront au loup qui se dérobe derrière la bergerie.

Par Anis Djaad

Hagrouna !

Devant les soldats marocains qui franchirent belliqueusement en 1963 la frontière algérienne, Ben Bella, le premier président de la République, eut ce cri chargé d’une forte intensité patriotique : hagrouna ! (On nous a agressés). Il n’en fallut pas plus aux Algériens qui venaient à peine de sortir de la nuit coloniale pour se rendre, par milliers, aux frontières défendre, mains nues, leur sol convoité.

Aujourd’hui, une hogra d’un autre type est venue d’un pays présenté comme ami depuis toujours par l’idéologie baâssiste, l’Egypte, où un odieux guet-apens a été tendu à l’équipe algérienne de football. Manigancé en haut lieu, au Caire, le plan machiavélique visait à fragiliser et faire perdre le match aux joueurs algériens, et c’est ce qui arriva. Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, les Egyptiens s’en prirent aux supporters algériens, à la sortie du stade, faisant des blessés graves.

Un véritable massacre au vu et au su des autorités officielles qui renièrent l’engagement pris devant la FIFA d’assurer la sécurité de la compétition – cette même FIFA qui n’a pas assumé toutes ses responsabilités –, ce fut fait avec la complicité des énormes et redoutables médias égyptiens.

Le pouvoir du Caire ne recula pas devant le sang versé pour assouvir un dessein politique : détourner l’attention de sa population des hallucinants problèmes qu’elle rencontre en matière d’emploi, de niveau de vie, de logements, etc.

Hier, le président de la République a bien réagi en mettant à disposition des supporters les moyens d’aller à Khartoum soutenir leur équipe. Mais force est de constater que devant cette douloureuse épreuve, la riposte des autorités algériennes n’a pas été du niveau des attentes.

Au moment de l’agression du bus de l’équipe nationale, le discours sur « la fraternité arabe », dans le pur style langue de bois du parti unique, a été mis en avant par certains responsables. La réelle fraternité ne peut venir que de gens du même drapeau. En parlant « d’acte isolé » à la suite de l’attaque des joueurs, un ministre emboîta le pas à son ex-confrère d’il y a vingt ans qui compara la révolte d’Octobre 1988 à un « chahut de gamins ».

Et puis il y eut ce monumental ratage de l’ENTV qui, une nouvelle fois, a failli à son devoir d’informer en ne diffusant que bien après les images des footballeurs blessés, une fois achevé le discours du chef de l’Etat tenu à l’université de Sétif. Cette épreuve a révélé le vrai visage du pouvoir égyptien qui a tendance à mépriser tous les autres pays arabes, mais qui se fait fort de s’incliner avec la plus vile obséquiosité devant Israël.

Elle a mis à nu en Algérie la frilosité de ses hommes politiques, bloqués par un certain complexe d’infériorité vis-à-vis de l’Egypte et surtout tétanisés par le discours panarabiste en vogue depuis des décennies. Cette épreuve a enfin révélé, une nouvelle fois, tous les dangers que comporte le sous-développement médiatique algérien, notamment au niveau de l’audiovisuel maintenu sous forte dépendance politique.

Il faudra s’en occuper un jour, une fois revenu le calme, car le pouvoir algérien ne peut pas toujours se dérober aux débats fondamentaux. Du sang algérien a coulé et puis n’importe quel autre pays pourrait être tenté de suivre l’exemple égyptien pour humilier ou agresser l’Algérie, mettant à profit les faiblesses du pouvoir politique et le désarroi de la société.

Par Ali Bahmane

Le défaitisme ? Ce n'est pas algérien !

Partis disputer un match de football contre l'équipe d'un pays qualifié de "frère", les Fennecs se sont fait caillasser avant et après la rencontre. Au Caire, on était peut-être parti de l'adage "qui aime bien châtie bien" ? Sauf que dans notre glorieuse Algérie, les gens exècrent la hogra.

Surtout lorsqu'elle provient d'un pays qui perd lamentablement la notion de l'aman et va jusqu'à violenter froidement ses hôtes dans des traquenards traîtreusement préparés alors qu'il se coupe en quatre pour garantir une sécurité totale à Israël, son partenaire tueur d'enfants palestiniens. En réalité, Le Caire se trouve désormais plus proche d'Israël que des masses arabes.

Quatre bus de supporters algériens s'étaient fait attaquer à la fin du match, à hauteur d'un barrage… abandonné, alors que les brigades antiémeutes se trouvaient à peine à quelques dizaines de mètres de là. Des lâchetés qui, loin d'atteindre le moral algérien, le galvanisent plutôt.

Au point que des chaînes humaines interminables se formaient hier devant les agences de voyages, chacun espérant décrocher le billet pour Khartoum. Une mobilisation massive, tout à fait spontanée qui rappelle celle qui eut lieu en 1963 lors de l'ignoble agression marocaine de Tindouf. Une mobilisation qui a tendance à s'éloigner, malheureusement, du cadre strictement sportif.

Comment pourrait-il en être autrement alors qu'il y a eu au moins une vingtaine de blessés - dont trois se trouvaient encore hospitalisés hier après-midi - parmi les Algériens partis au Caire, non pas pour faire la guerre, mais juste pour supporter leur équipe ? Ils s'étaient fait lâchement attaquer sur les grandes artères du Caire où pratiquement rien ne bouge d'habitude sous la loupe des services de sécurité.

Plus grave, une information de source aéronautique non confirmée officiellement faisait hier état du rapatriement de plusieurs cercueils du Caire alors que, pour leur part, les médias publics n'avaient encore fait état ni des blessés, ni de leur nombre, encore moins de morts éventuels. Quoi qu'il en soit, la sauvagerie cairote ne semble pas intimider les Algériens qui iront confiants chez Omar El-Bachir, sachant que les Soudanais savent apprécier chacun à sa… juste valeur.

Par Mohamed Zaâf

Manque de pot, Farouk!

Voilà un dégourdi de commerçant ambulant qui se fait avoir en achetant (sans avoir payé) une marchandise que les "propriétaires" avaient pris soin de laisser à ses côtés...

L’article 387 du Code pénal évoque le recel en tant que délit réprimé, or les magistrats du siège ont pour devise: «Sans les receleurs, les voleurs ne peuvent écouler leurs butins mal acquis.»

Il est vrai aussi qu’une peine de un an au moins et cinq ans au plus, et une amende de cinq cents à vingt mille dinars sont infligées à quiconque, sciemment, recèle, tout ou partie des choses enlevées, détournées ou obtenues à l’aide d’un crime ou d’un délit.
Le même article prévoit que l’amende peut être élevée au-delà des vingt mille dinars, jusqu’à la moitié de la valeur des objets recelés.

Le troisième alinéa prévoit que le coupable, peut, en outre, être frappé «pour un an au moins et cinq ans au plus, de l’interdiction d’un ou de plusieurs des droits mentionnés à l’article 14 du présent Code». Le dernier alinéa de l’article 387 va dans le sens du «tout sans préjudice de plus fortes peines, s’il y échet, en cas de complicité de crime, conformément aux articles 42, 43, et 44».

Devant son avocat Maître M’hamed Chemlel, Farouk trente-sept ans explique difficilement face à Hadj Barik, le juge de Koléa de la cour de Blida, que ses achats, se sont fait, en droite ligne d’un vrai commerçant habitué aux transactions: «J’ai acquis ces objets et petites machines auprès de revendeurs dont j’ai eu l’occasion d’apprécier leur sens du commerce et de leur honnêteté.

Le comble, je n’avais même pas payé cette marchandise car ils m’ont demandé de surveiller leur marchandise le temps qu’ils reviennent.

J’ai alors commencé à me poser des questions. J’étais troublé. Si j’avais deviné le piège, j’aurais tout laissé tomber...», a-t-il dit. La police arrive et au moment où ce Farouk était en plein questionnement, la catastrophe tombe. «Ladite marchandise était volée, moi, le crédule, n’avais pas deviné la...fuite des revendeurs voleurs.»

«Ok, dit le président, vous ne vous êtes pas posé de questions autour des prix proposés?» «Non, pas du tout. Et c’est là où j’ai commis l’erreur. Les prix proposés allaient dans le sens de la qualité de la marchandise. J’avais certes, donné mes prix pour tenter de gagner un peu, mais rien ne laissait prévoir le délit.»

Et comme pour gagner plus de...temps, Hadj Barik invite Samir Hamel le procureur à requérir. Ce que va faire le représentant du ministère public en demandant une peine de prison ferme de six mois et une amende de dix mille dinars.

Prenant à coeur sa tâche, Maître Chemlel entre de front dans le mur de la réalité. «Nous n’allons pas faire un dessin. Si effectivement Farouk avait l’intention de jouer au receleur, il aurait loué un fourgon et aurait quitté le plus vite possible les lieux du délit.

La vérité est que les voleurs avaient senti le vent contraire souffler. Ils ont préféré prendre le large, laissant l’inculpé se débattre comme il l’a fait ce dimanche», a balancé Maître Chemlel qui sera heureux du verdict qui aura été: la relaxe au bénéfice du doute.

Abdellatif TOUALBIA

Chers «frères» arabes d’Égypte

Maintenant que les masques sont tombés, chers «frères» arabes d’Egypte, les oripeaux de l’arabité ne suffisent plus pour couvrir votre haine, votre opprobre. Nous vous disons «Bravo âalikoum» pour l’accueil que vous avez daigné réserver à nos joueurs et à nos supporters chez vous au Caire. Bravo pour la sauvagerie et le lynchage avec lesquels vous vous en êtes pris à vos hôtes.

Merci de nous avoir surtout donné l’opportunité de nous attarder un peu plus sur cette «fraternité» arabe. Sur ce qu’elle nous a apporté, de faire le bilan de cette collaboration avec vous, chers «frères». Il est inutile de vous rappeler que le sang des Algériens s’est mêlé à la terre d’Egypte quand nos jeunes soldats de l’ANP ont défendu, en 1973, avec bravoure, le désert du Sinaï face à Israël, votre ennemi d’hier.

Oui, votre ennemi d’hier, car aujourd’hui, c’est à partir du Caire que l’armée israélienne a eu le feu vert pour massacrer les enfants de Ghaza. Il est inutile de vous rappeler la fameuse 8e BB (Brigade Blindée) algérienne qui a été dépêchée sans condition afin de concrétiser «le devoir de solidarité agissante envers les causes justes et plus particulièrement vis-à-vis de la cause arabe».

3000 militaires se sont rendus, par voie terrestre, en Égypte en plus du matériel militaire. Vous nous l’avez bien rendu chers «frères» arabes. Que des jeunes chauffés à blanc s’attaquent à un bus d’une équipe adverse n’est pas un fait extraordinaire en soi. On peut lui trouver toutes les explications et les excuses possibles puisque les Egyptiens n’ont pas inventé le hooliganisme. En revanche, ce que les journalistes égyptiens ont inventé, c’est la malhonnêteté et la boulimie du mensonge médiatique.

De la malhonnêteté parce que ces mêmes journalistes qui ont été reçus, il y a à peine dix jours, avec un méchoui et des cadeaux à Djenan El Mithaq, n’ont pas respecté un contrat moral passé entre les deux parties. Pourtant, jamais une délégation de journalistes étrangers n’a eu autant d’égards de la part des Algériens.

Ils ont inventé la boulimie du mensonge médiatique car, une fois retournés en Égypte, c’est de la haine qu’ils ont éructé et étalé dans les colonnes de leurs journaux et les plateaux de leurs télévisions. On savait depuis longtemps que les tares et les déboires de la presse sportive égyptienne sont légendaires mais pas avec autant de haine.

Une rencontre de football entre deux nations n’est jamais la dernière, car la noria du sport continuera tant qu’il y aura des compétitions internationales. Nous vous donnons donc rendez-vous même après le match du Soudan. En attendant, vous avez surfé là où il ne fallait pas. Mais, merci d’avoir permis aux Algériens de se réconcilier avec eux-mêmes. Vous avez surfé sur la mauvaise vague. Vous avez ouvert la boîte de Pandore, chers «frères» arabes d’Egypte.

Brahim TAKHEROUBT

Affaire d’État

On a caillassé nos joueurs, tabassé nos supporters et sifflé notre hymne national devant des ministres de la République algérienne impassibles. On ne pouvait rester les bras croisés devant tant d’humiliations.

Soudan : On arrive. Les supporters des Verts vont déferler sur Khartoum comme des criquets avec un esprit de revanche non dissimulé. La faute à la haine égyptienne qui a provoqué des morts. Inadmissible.

L’affaire tourne au vinaigre. Non contents d’avoir gagné un match, les égyptiens ont lynché les supporters algériens présents au stade. On dénombre des morts et des blessés. Pour ceux qui en doutaient, ils ont eu un aperçu de la signification de “l’amitié arabe”. Elle est faite d’assassinats, de trahison, de bastonnade et de cruauté sans égale. Les algériens ont eu droit à un traitement inqualifiable de la part d’égyptiens qui, d’habitude, servent le thé aux touristes israéliens sur les plages de Sharm el-Sheikh. Il y a eu mort d’homme. C’est devenu une affaire d’état.

Cet “accueil” était pourtant prévisible. Combien fallait-il de morts pour que le gouvernement algérien se réveille ? On a caillassé nos joueurs, tabassé nos supporters et sifflé notre hymne national devant des ministres de la République algérienne impassibles. On ne pouvait rester les bras croisés devant tant d’humiliations.

Depuis hier, l’état semble, heureusement, sortir de sa torpeur pour se mettre au diapason de l’indignation nationale. Billets d’avion à prix cassés, accord avec le Soudan pour supprimer le visa et billets de stade gratuits sont parmi les mesures déployées afin de répondre aux attentes citoyennes. Car les algériens viennent, une fois encore, de faire la magistrale démonstration de leur amour du drapeau. De leur pays.

Certes, certains vont dire qu’on s’emballe trop pour un match de football. Mais rien, absolument rien ne commande ce sentiment national d’appartenance à une Algérie qui veut exister. C’est un devoir de solidarité que de soutenir les Verts, qu’on gagne ou pas, car cela paraît maintenant bien dérisoire face au nombre de morts. Ceux qui ont perdu la vie au Caire ou ceux dont le cœur a cessé de battre devant leur écran. Pour les Verts. Pour l’emblème national.

En attendant, cette colère légitime est également alimentée par l’indolence de la Fifa. Où sont passés les engagements écrits demandés aux égyptiens, allègrement violés ? Va-t-on encore parler football, alors qu’on nous a tué des supporters ?

Tout cela en espérant que les joueurs de l’EN sentiront, depuis Khartoum, ce vent de folie souffler sur leur visage. Cette ferveur populaire salutaire.

Par : Mounir Boudjema

Le Caire, après le match

Courage, calmons- nous

Au lieu d’une atmosphère de deuil suite à la douche écossaise du match contre l’Egypte c’est, à l’Algérienne, une réaction de sursaut imprégnée du sentiment qu’on a perdu une bataille et pas la guerre, qui a prévalu. Au lieu de les décourager et de mettre en berne leur ardeur enthousiaste, le résultat a au contraire galvaudé les Algériens, qui ont afflué en masse vers l’ambassade soudanaise et les agences d’Air Algérie.

Le siège de cette compagnie a été littéralement assiégé, mais dans le calme et dans l’esprit festif, par les centaines de supporters qui, se trompant en réalité d’adresse, ne voulaient en aucun cas rater leur billet pour Khartoum. Les bruits les plus inquiétants et les rumeurs les plus folles ont circulé, rivalisant de nombre de morts et de blessés en Egypte, alimentant un sentiment de rancœur et son corollaire, l’appel à la vengeance.

Nous sommes dans le domaine sportif, où il ne faut jamais perdre de vue qu’il faut calmer le jeu. Hier, c’était une atmosphère bizarre, faite de joie, d’inévitables klaxons, de cris, d’acrobaties même, mêlant déception et espoir, impressions clamées par une foule en délire, jouissif certes, mais délire quand même.

Ce climat va baisser en cours de route et le soir du mercredi, en bien ou en mal, cet épisode sera déjà enregistré dans l’histoire. En tout cas, ce sont des moments de vie intense, qu’il faut savoir entretenir dans la sérénité.

N.S.

dimanche 15 novembre 2009

Le foot et le gréviste

Quand tu liras ceci, on connaîtra déjà le résultat du match Algérie-Egypte. Que se sera-t-il passé ? L’oracle ne le dit pas. Pas encore. Mais avant le match, tous ces derniers jours avant le match, c’est la frénésie. Y’en a-t-il parmi nous qui n’aient pas parlé du match Egypte-Algérie du lever au coucher du soleil ? Quelqu’un a-t-il eu l’audace ou l’inconscience de penser à autre chose, de diriger ses focales sur d’autres stades que celui où va se jouer la validité génésique de la nation ? Qui a poussé l’antinationalisme jusqu’à ne pas regarder le match ?

Suivez mon regard… Il y a des vilains petits canards partout. Tu es, mon pauvre, en cette minute même, en train de rater grave une occasion de te taire. Ça coûte quoi de la verrouiller à double tours ? Ce ne serait pas mieux que de dire ce que tout le monde dit car c’est ce que tout le monde veut entendre. On parle foot, et rien d’autre, même si l’hystérie égyptienne d’avant le match nous inclinerait plutôt à adopter la loi du Talion comme lien. Ils veulent nous…

Eh, bien, on les pliera, nous, avant !... Si les Fennecs — quel drôle de nom pour des footeux — donnent la leçon de foot et de fairplay, et rien d’autre, qu’ils méritent aux Egyptiens, on te pardonnera ton indifférence à ce qui exalte la nation toutes affaires cessantes. Les vainqueurs sont toujours théoriquement pusillanimes. Si, par contre, les «nôtres» perdent, t’es deux fois perdu, toi ! Tu t’en tapes du foot, voilà tout, et tu le dis ! Urbi et orbi, pal et secam, couleur et noir-blanc, vice et versa ! Ça va comme ça ? On la refait, en ralenti : tut’en- ta-pes-du-fo-ot ! Si l’Algérie gagne, ce n’est pas déplaisant évidemment ! C’est toujours plus flatteur pour l’ego individuel et collectif de gagner que de perdre.

C’est d’avoir méconnu cette règle qui a perdu La Palice. Mais si l’Algérie est éliminée de la Coupe du monde, eh bien, quoi, Koléa tombera ? Il a suffi d’un match pour que la morosité et même la désespérance dans laquelle étaient plongées nos compatriotes se dissipent. Faussement. L’exaltation autour du foot est un leurre. Un écran de fumée. Voilà un peuple qui apprend à se faire à la gagne en oubliant, l’espace d’un match vécu comme une renaissance de sa dignité, la malvie dans laquelle il croupit.

Kif kif d’ailleurs pour les Egyptiens. Un peuple, eux aussi, qui, comme les Algériens, souffre de l’autoritarisme, de l’absence de démocratie, des inégalités du néo-libéralisme de bazar, et qu’on convoque pour refaire l’unité nationale derrière un ballon. Un tel déchaînement d’hostilités, de noms d’oiseaux, de politesse de maquignon de part et d’autre, doit bien profiter à quelqu’un. Depuis plusieurs semaines, des journalistes égyptiens à cran se lâchent pour casser de l’Algérien et pas seulement du sportif.

On aura entendu les pires choses sur nous dans la bouche de ces commentateurs. Y’en a un qui affirmait même que c’est l’Egypte qui a appris à l’Algérie à être… arabe ! C’est trop de bonté. A l’inverse, chez nous, on sort du champ strictement sportif pour casser de l’Egyptien, du moins verbalement. L’escalade a atteint un point tel que des allumés ont tendu une embuscade aux joueurs algériens qui ont été caillassés sur le sol égyptien.

Un tel degré de violence pose évidemment à la Fifa le problème de la sécurisation des rencontres de football et à nous, Egyptiens et Algériens, celui de la disproportion, voire de la diversion. Disproportion entre d’un côté l’enjeu, sportif, et de l’autre, l’état d’échauffement belliqueux dans lequel le chauvinisme met les esprits. Diversion par rapport à tout ce qui ronge nos sociétés.

On se soude derrière les représentants de ce nationalisme à crampons en oubliant la corruption, les injustices, la déliquescence dans laquelle nos pouvoirs, algérien et égyptien confondus, ont dilapidé leurs pays respectifs. Et d’un côté comme de l’autre, le transfert des frustrations sur le foot et la haine de soi incarnée en l’autre sont si puissants que si les deux pays avaient des frontières communes, l’escalade verbale se serait sans doute continué en guerre pure et simple comme, en juillet 1969, le Salvador et le Honduras, deux républiques centraméricaines, qui en sont venues aux armes pendant cinq jours suite au déchaînement de violence lors d’un match éliminatoire pour la Coupe du monde.

Le foot, ce n’est que du foot. Et pendant qu’on glorifie l’héroïsme guerrier qui va au-delà de la dimension sportive du foot, la vie ne s’arrête pas. Corrompus, corrupteurs, victimes de la corruption, oppresseurs et opprimés, pauvres perpétuels et nouveaux riches, chefs et sous-chefs, enseignants grévistes tabassés et flics tabasseurs à tout-va, tout ce beau monde est censé taire les conflits sociaux, les différences, les intérêts antagoniques, pour supporter l’équipe nationale de foot.

Et ceux qui gardent la conscience vive du leurre, eh bien, ce sont des «vendus», des antinationaux. Quand je vois comme se délite la grève des enseignants dans laquelle se joue un enjeu considérable, celui de l’éducation de nos enfants, je me dis qu’il y a un grave déplacement de l’attention. C’est de ça qu’on devrait parler du lever au coucher de soleil !

Par Arezki Metref

Quatorze onze, le J. zéro

8h du matin. Les yeux embués mais qui voient loin, l’Algérie s’éveille lentement avec un objectif, gagner un match à 4000 km du pays pour participer à une Coupe du monde à 12 000 km de là. Pour être champion du monde de toute la planète. 9h. Les premiers klaxons s’entendent, toute l’Algérie s’est habillée de son drapeau, grosse couverture chaude qui réchauffe les jours de froid, drap frais qui rafraîchit les jours de chaleur.

10h. L’Etat s’éveille doucement, une lueur d’inquiétude panique dans les yeux en ce jour où tout peut se retourner contre lui. Il tente de rassurer et de protester, coincé entre la nécessité d’appeler au calme pour éviter les dérapages et le devoir de défendre son pays agressé pour éviter de se décrédibiliser. 11h. Il va être midi. 12h. Du planton au chef de l’Etat, tout le monde se sent concerné et liquide ses devoirs pour être prêt pour le match.

Le président éteint son portable, les importateurs ajournent leur cargaison du port, les couples se séparent en se donnant rendez-vous pour après-demain, les voleurs suspendent leur vol, les politiques arrêtent de politiser. 13h.

Le ventre noué, les Algériens mangent, pour ceux qui ont à manger. 14h. Les Algériens font une sieste, pour ceux qui ont où dormir. 15h. Les forces de l’ordre prennent place avec un ordre : laisser le désordre en l’ordonnant, la limite étant à l’appréciation du client. 16h. Les derniers opposants rangent leur rage et leurs arguments et se préparent au choc final, battre les frères arabes pour pouvoir affronter les ennemis blancs.

17h. Il est 17h. 18h. Le match va commencer, les Algériens retiennent leur souffle comme les Américains de 1969 quand Neil Armstrong allait poser son pied droit sur la lune. 20h. Le match est terminé, l’Algérie n’a gagné ni perdu. Mais quoi exactement ?

Par Chawki Amari

L’Entv, un media lourd qui a perdu son poids

«La manière dont la Télévision nationale a couvert l’événement, avec une absence de réactivité flagrante, est une preuve que cette télévision appartient à l’âge de la préhistoire des médias.»
Liberté du 14 novembre

La presse nationale fut unanime ce samedi pour dénoncer la mauvaise couverture de l’Entv des derniers événements du Caire. L’Expression n’est pas le seul journal à dénoncer cette défaillance de notre cher média lourd (que nous aimons et que nous défendons contre toute attaque), mais qui a visiblement perdu beaucoup de poids. Et comme on est bien informés de ce qui se passe au 21e boulevard des Martyrs, nous vous livrons un nouveau scoop qui démontre la légèreté et surtout le manque d’audace de notre télévision nationale. Quelques jours avant l’incident du Caire, une délégation de journalistes égyptiens avait fait le tour des rédactions et fut même accueillie avec tapis rouge au ministère de la Communication et au siège de la Télévision.

Il était prévu que ces journalistes apaisent la tension qui persistait entre les télévisions égyptiennes et la presse écrite algérienne. Ils avaient convenu d’organiser, à leur retour du Caire un duplex entre la Télévision algérienne et la chaîne publique El Masrya, avec des invités sportifs et médiatiques des deux côtés. Mais une fois chez eux, ces journalistes ont coupé le contact avec leurs homologues algériens et toutes les tentatives de l’Entv, de joindre les responsables d’El Masrya ou ESC (Egyptian Satellite Channel) sont restées vaines. Les Egyptiens ont définitivement boycotté la Télévision algérienne.

Au lieu de dénoncer cette attitude déloyale et basse, l’Entv s’est contentée de fermer les yeux sur tout. Nous ne sommes pas contre la télévision ni contre les responsables de l’Entv, mais contre ces hauts responsables qui surveillent et qui dictent le contenu du 20h. L’Entv et sa direction reste libre dans le choix de ses émissions, dans le choix de ses invités et encore dans le choix de sa programmation.

Mais aucun responsable ne souhaite prendre de risque. L’épisode des caricatures sur le Prophète et le limogeage de Lotfi Cheriet, alors puissant directeur de Canal Algérie et surtout le limogeage des responsables de l’information de la chaîne A3, il était devenu déconseillé pour les responsables en place de prendre des décisions audacieuses, surtout dans un contexte où ce match de football a dépassé de loin le cadre du sport et de la diplomatie.
En brisant les ailes de la liberté des différents directeurs à l’Entv, les responsables de l’audiovisuel algérien, ont desservi la cause déjà perdue de l’Unique. Il ne faut pas blâmer Yacine Bourouila, le directeur des sports, Nadir Boukabès, le directeur de l’info, ou encore le directeur général de L’Entv, Abdelakader Lalmi, car ils n’ont pas les coudées franches pour offrir aux téléspectateurs algériens, la télévision qu’ils souhaitent regarder.

Aujourd’hui, nous sommes amenés à suivre Al Jazeera pour écouter à chaud notre président de la FAF, Mohamed Raouraoua, à regarder Canal+ pour découvrir les actes de barbarie des Egyptiens et enfin, il faut regarder Nessma TV pour voir notre vedette Beloumi parler de son aventure au Caire. Alors qu’à côté, l’Egypte, avec son armada de chaînes privées de bas de gamme, tente de vendre une image fausse des événements qui se sont déroulés au Caire, en présentant des faux témoins et surtout en déformant des faits qui ont été prouvés par l’image.

Amira SOLTANE

La belle au Soudan

L’esprit sportif a toujours imposé le respect de l’adversaire tant que ce dernier est respectueux. L’esprit sportif impose aussi à l’équipe vaincue de reconnaître la suprématie du vainqueur. Car, en fin de compte, le football n’est pas un jeu de hasard et la place de la chance y est très réduite. Dans ce genre de compétitions, avec l’enjeu que l’on connaît, c’est forcément le meilleur qui gagne.

Maintenant que la confrontation sportive s’est terminée sur une victoire de l’Egypte par un résultat qui ne qualifie aucune équipe, donc par un rendez-vous au Soudan, les eaux vont couler sous les ponts qui ont toujours lié l’Egypte et l’Algérie. Les supporters égyptiens ont soutenu leur équipe jusqu’à l’ultime seconde. C’est à leur honneur et personne ne le leur reproche, tout comme les Algériens doivent continuer à soutenir les Fennecs et ce, malgré une défaite due essentiellement à une la tactique défensive qu’a choisie l’entraîneur.

En fait, si les sentiments d’euphorie se saisissent des masses partout à travers le monde, le plus important est de tirer les leçons de toute cette expérience, aussi bien des vainqueurs que des vaincus, car l’Afrique, la région arabe, l’Afrique du Nord en particulier, restent loin du niveau mondial et des critères de performance qu’exige la Coupe du monde. La CAN débutera dans deux mois et ce sera une répétition grandeur nature et en temps réel de la confrontation sportive tant attendue et qui a fait rêver tant de peuples.

L’Algérie s’y investira pour confirmer et capitaliser son acquis et se préparer à représenter le football maghrébin. Quand au rendez-vous de Johannesburg, les Algériens doivent attendre l’issue du match barrage que les Egyptiens ont brillamment imposé hier au Caire. La déception des Algériens est visible puisque toutes les manifestations de joie et d’euphorie qui ont caractérisé les trois jours précédant la rencontre Algérie-Egypte se sont tues. Cependant, l’espoir reste intact.

Certes, les choix de Saadane y sont pour quelque chose dans la défaite des Fennecs, mais la stratégie égyptienne qui consistait à démoraliser les Fennecs la veille du match semble avoir fonctionné malgré l’effort consenti par les joueurs blessés après l’agression préméditée et programmée contre les Verts. Si le staff technique de l’EN est désormais face à ses responsabilités pour préparer la rencontre qui aura lieu au Soudan le 18 novembre prochain, les supporters des Verts ne doivent pas se décourager et sont appelés à renouveler leur confiance à cette équipe qui a réhabilité l’emblème national et qui a ressuscité l’espoir de tous les Algériens où qu’ils soient.

Ces Fennecs demeurent, malgré ce qui passé au Caire, la meilleure équipe de son groupe et garde intactes ses chances de se qualifier au Mondial 2010 pour peu que son entraîneur soit à la hauteur des performances et du professionnalisme de ses poulains. La fête de la qualification est reportée de quelques jours. Nous espérons seulement que le Soudan soit un terrain neutre même si sa proximité de l’Egypte est favorable au Pharaons. La balle est désormais dans le camp de Saadane.

Par Abdelkrim Ghezali

Si près du Caire, si loin de son enfer

Le pays entier se relève difficilement d'une gueule de bois dont il aurait aimé d'autres arômes et d'autres couleurs, mais bon. Les Algériens auraient aimé la belle sérénité des lendemains de victoires fêtées dans l'agitation et dans l'excès, mais ils savent aimer ce qu'ils ont quand ils n'ont pas ce qu'ils aiment.

A commencer par cet espoir – tout le monde vous dira qu'il est intact – de se qualifier en Coupe du monde en allant chercher une victoire à Khartoum, la capitale soudanaise. Les Algériens savent aussi qu'il y a autant de leçons à tirer dans la liesse partagée que dans les élans de solidarité éphémère que procure la détresse commune.

Hier, les visages étaient blêmes de désillusion et de manque de sommeil, mais paradoxalement, le teint blafard et les regards absents renvoyaient plus de détermination que de résignation. Non, ce n'est pas l'éternel recommencement. Le rêve est encore là. S'y mêlent encore une multitude de regrets tenaces et quelques remises en cause apaisées, se profilent à l'horizon d'autres façons d'envisager la passion du foot et d'autres regards sur l'adversaire, mais le fait est que toutes les raisons d'encore rêver sont là.

Peut-être encore un peu trop proche du Cairo Stadium mais tout de même à distance respectable de son enfer. Timidement, mais avec beaucoup de promesses, les rues d'Alger ont esquissé l'ultime mi-temps sur les sentiers sud-africains pour un avertissement solennel : le ventre de la passion est encore fertile de générosité dans l'effort.

Et pour l'une des rares fois sans doute, les voix entonnent le refrain de l'essentiel : gagner pour aller en Coupe du monde et, cerise sur le gâteau, laver dans l'apaisement sportif l'affront vécu sur un terrain qui ne l'a pas été. Hier, dans les mines défaites et les regards hagards, il n'y avait pas de haine, seulement l'assurance de femmes et d'hommes convaincus d'avoir été injustement privés d'une victoire par des chemins détournés.

Déçus mais presque heureux d'aller récupérer «ça» au bout d'un parcours qui aurait pu être moins lu et surtout moins violent. L'«essentiel» a commencé hier très tôt. Le voyage pour Khartoum, ses visas, ses billets d'avion et ses tickets de stade. Le reste inchangé.
Les cortèges se font de plus en plus nombreux et de plus en plus bruyants. Plus que deux jours.

C'est trop court et trop long, mais la bande à Saâdane est déjà confortablement installée pour récupérer de sa généreuse débauche d'énergie et de son enfer, si près de la capitale soudanaise. Mercredi, sur la pelouse, à l'abri des pierres et des vociférations haineuses, sera un autre jour.

Slimane Laouari

Enseignements de l’embuscade du Caire

Au-delà du résultat sportif – si l’on peut encore ainsi qualifier une confrontation algéro-égyptienne –, cette occasion aura été instructive autant sur les sociétés que sur ce qui leur tient lieu d’États.

Nos “frères arabes” de la vallée du Nil auraient aimé nous couper hachés menu, pour réduire à néant cet illégitime adversaire qui voulait lui barrer la route du tournoi final de la Coupe du monde de football. Nous aurions bien aimé en faire autant. On pourra dire ensuite que les “débordements” auront été le fait d’incorrigibles hooligans locaux.

Nul doute que les autorités égyptiennes ont contribué à la conception et à la mise en œuvre de l’embuscade contre le car de l’équipe d’Algérie. Le comportement du conducteur et les réactions, apparemment préparées, des officiels en attestent. Le recours national aux moyens extra-sportifs pour tenter d’arracher une victoire à l’adversaire constitue le signe d’un déficit “civilisationnel” qui rend paradoxale la participation de telles nations à des compétitions universelles justement dotées de règles de jeu pour en éloigner les résidus de comportement “précivilisationnel”.

Il semble que ce n’est pas parce qu’on a dix mille ans d’histoire qu’on ne peut traîner, en 2009 encore, dans un État pré-moderne. La régression, c’est fait pour cela. L’Égypte constitue un laboratoire de production des modes d’entrave à la citoyenneté, l’enjeu étant de tuteurer le potentiel citoyen en chaque habitant pour en faire un élément de la foule, cohorte manipulable et dirigeable à souhait.

L’autocrate qui cible l’ennemi et pousse “le peuple” électrifié au crime ; quand il est en position de force, c’est l’opposant, intégriste en général, qui désigne l’ennemi de la foi ou de la “oumma” aux troupes de “fidèles” qu’il aura préalablement chargées à bloc. Le tout est que l’ennemi soit toujours ailleurs et le “peuple” face au péril et le dos tourné à celui qui le manipule. Quitte à l’inventer, cet ennemi, quitte à le trouver parmi ses “frères” d’hier soir.

Et cette culture qui a tant contribué à nous acculturer, depuis des décennies qu’elle nous sert de modèle, depuis des décennies qu’on nous injecte, de force, ses instituteurs, ses imams, ses stars, ses “mouselsels”... jusqu’à la singerie du dialecte.

Jusqu’à ce que les Égyptiens découvrent, au détour d’un enjeu de prestige, que nous ne sommes pas “arabes”. À juste titre, au demeurant. Notre arabité ne les intéressait donc que dans la mesure où elle leur permettait de partager une des rares victoires politiques du monde dit arabe à l’époque moderne : la décolonisation de l’Algérie.

Mais le tuteur n’a pas supporté la contestation de sa tutelle. Nos dirigeants l’éprouvèrent quand il fut, récemment, question de l’ordre égyptien en matière de “Ligue arabe”. Ce paternalisme – maternalisme en l’occurrence puisqu’il s’agit d’Oum Dounia – n’est pas contestable y compris sur le terrain sportif.

Il y a une responsabilité politique dans le langage de notre “fraternité”, et il y a une responsabilité politique en ce que notre allégeance arabiste a rendu possible le désir d’autorité de nos “grands frères”.

À voir comment à travers la Fifa, il a réagi à l’inacceptable, en nous “gérant” et non en appliquant la réglementation, on dirait que le monde préfère assumer cette immaturité comportementale au lieu de nous traiter en membre à part entière de la communauté sportive.

Par : Mustapha Hammouche

L’amour de l’Algérie, pas de ceux qui l’ont privatisée !



Par Hakim Laâlam  
Email : laalamh@yahoo.fr

Classement Fifa. L’Egypte meilleure nation africaine et arabe dans le… 

… lancer de pierres !

Les jeunes. Les moins jeunes. Les filles. Les garçons. Et même les chiens ! Tous aiment ce pays. On l’a encore une fois vérifié à l’occasion de ce match contre les «pharaons» d’Egypte, et bien avant durant les qualif. Tous ont porté avec fierté ce drapeau. Sur les épaules. Sur le dos. Sur la tête. Sur le cœur. Dans le cœur. Interrogés à chaud, des Algériennes et des Algériens avaient la bave aux lèvres lorsqu’ils parlaient d’Algérie. Cette bave d’amour rageur pour leur bled. Mais alors, si tout ce beau monde, ce très beau monde-là aime son pays, qu’est-ce qui cloche ? Qu’est-ce qui fait fuir des milliers d’Algériennes et d’Algériens ? Une météo particulièrement dure ? Non. En plein mois de novembre, il faisait 23 degrés hier, à l’heure du match. Une géographie ingrate ? Bon Dieu, je n’ai jamais vu de reliefs aussi contrastés que dans mon Algérie, cette contrée où l’on peut passer d’un littoral à un massif montagneux, à une zone désertique, à une verte campagne, le tout en une journée. Des maladies contagieuses et des pandémies ? A bien y regarder, il n’y en a pas plus que dans d’autres pays émergents. Une surpopulation qui oblige les plus faibles à déguerpir s’ils ne veulent pas mourir étouffés ? Des régions entières du pays sont quasiment vides d’habitants et ne demandent qu’à être occupées. Mais alors, si rien de tout cela ne pousse les gens d’ici à l’exode, qu’est-ce qui les y force ? Qu’est-ce qui fait qu’un jeune de 22 ans peut donner sa vie pour 22 joueurs et un drapeau, peut risquer sa peau juste pour aller voir l’Algérie jouer dans un pays vachement hostile, l’Egypte, puis, aussitôt le match terminé, prendre le large, mettre le plus de distance entre lui et ce pays pour lequel il était prêt à se sacrifier une demi-heure avant ? Je coinçais sur la réponse à cette question. Jusqu’au moment où je me la suis reposée. Différemment. Au lieu de se demander qu’est ce qui fait fuir nos jeunes et moins jeunes, ne serait-il pas plus juste de se demander «qui» les fait fuir ? Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L. 

Banlieue

Je ne sais pas combien de fois j’ai dit que je n’aimais pas la cité où je vis. Je ne rate pas en tout cas une occasion pour le dire. Je la hais même. D’abord parce que j’ai été contraint d’y habiter: contraint par la modestie de ma bourse et par la spéculation immobilière qui m’avait rendu accessible ce coin où la poussière succède à la boue et la boue à la poussière.

Je ne l’aime pas parce que c’est une masse hétérogène d’individualités très diverses d’éducations antinomiques. Je ne l’aime pas parce que la mauvaise foi voisine avec l’hypocrisie et cohabite avec la bigoterie et la forfanterie.

Il y a bien çà et là des oasis de courtoisie, de politesse et de savoir-vivre, mais elles sont noyées dans l’impitoyable loi de la jungle où la raison du plus fort est toujours la meilleure. Mais la cité demeure quand même le thermomètre infaillible de notre cité: quand le pays s’enrhume, la cité tousse affreusement. Et quand des voix modérées s’étonnent de la non-application des lois de la République, la cité en montre un échantillon fort éloquent.

Allié au manque de civisme d’une population qui s’estime délaissée et marginalisée par les pouvoirs et services publics, le défi aux lois s’exprime non seulement par les diverses entorses aux règles urbanistiques, aux greffes et aux transformations imposées aux balcons et devantures des bâtiments, mais aussi par la montée irrésistible du commerce informel qui avait commencé au moment même où la République prise de vertige vacillait.

Malgré les incessants efforts de la maréchaussée qui, d’une manière sporadique, avait tenté à maintes reprises de décourager les téméraires trabendistes qui prenaient pied sur le trottoir de cette grande allée qui balafre la cité, ceux-ci revenaient aussitôt plus hardis qu’auparavant. Et un modus vivendi s’était tacitement établi entre les forces du désordre et la discrétion de l’ordre. Tout avait commencé avec les revendeurs de cigarettes, ces jeunes gens rejetés par l’école puis par la famille.

Installés à chaque coin de rue, ils vendent leur poison sous l’oeil débonnaire des agents de police plus vigilants à l’endroit des taxis clandestins. Puis aux vendeurs de tabac, sont venus s’ajouter les marchands de cacahuètes qui, chaque après-midi, parfument les allées avec leurs grillades.

Ils sont arrivés même à proposer du thé chaud pour accompagner arachides, noix et pistaches exposées sur des étals de plus en plus imposants.
Evidemment, il est inutile de citer ceux qui vendent la pacotille habituelle à des prix qui font enrager les commerçants patentés: peignes, mouchoirs, lames, rasoirs, cosmétiques, savons, équipements électriques...

On trouve tout sur nos trottoirs! Ce spectacle d’une foule nombreuse, qui déambule au milieu d’étals improvisés, n’est pas seulement l’apanage des journées de Ramadhan où tout est permis pour arrondir ses fins de mois: herbes aromatiques, pois chiches trempés voisinent avec un poisson qui n’est pas de toute première fraîcheur et que les multiples arrosages d’eau salée n’arrivent plus à lui donner le lustre souhaité.

Le comble est atteint quand, au crépuscule, après l’Adhan, des barbecues sont dressés sur les trottoirs.

De jeunes gens barbus allument activement les braises, sortent des corbeilles de pain frais et alignent des brochettes sur un large gril, répandant dans l’air déjà saturé par les relents d’essence et de gaz d’échappement, une appétissante odeur de viande grillée. Et tout cela sous un éclairage public déficient. Il faut dire qu’à côté, Bordj El Kiffan anéantie par le chantier du tramway, a fermé ses gargotes.

Selim M’SILI

De la laideur du mensonge

Stupéfaction chez les sujets de Sa Majesté. De prime abord, on aurait parié sur la décision de Gordon Brown d'envoyer 5000 soldats supplémentaires en Afghanistan ou sur son ferme engagement à durcir les mesures contre l'immigration. 

C'est perdre son pari à trop vouloir s'attacher au sérieux de ces questions. Si les Britanniques sont déprimés c'est parce qu'ils ont appris qu'ils faisaient partie des personnes les plus moches de la planète ! Une piètre découverte quand on sait que les Américains, eux, viennent de découvrir d'importantes quantités d'eau sur la Lune.

Les Britishs vont-ils nous sortir une autre, plus noire encore, l'humour étant ce qu'il est outre-Manche ? Tony Blair camperait à l'aise dans le rôle de raconteur de blagues de ce genre.

D'abord parce qu'il aura du temps à s'y consacrer pleinement, l'ancien Premier ministre n'espère même plus seconder le premier président du Conseil européen qui sera désigné le 19 novembre. Ensuite, en raison de sa parfaite maîtrise de l'art de flairer des armes de destruction massive où elles n'existent pas.

L'envoyé spécial du quartette au Proche-Orient, qui n'est pas prêt à battre l'Américain George Mitchell dont le nombre de va-et-vient dans la région échappe désormais au calcul mental, va faire sensation en début d'année prochaine.

Exempté d'une comparution devant une cour de justice civile, comme l'a décidé le président Obama aux Etats-Unis pour les principaux accusés dans l'attentat du 11 septembre, Tony Blair va devoir répondre des décisions et des actions de son gouvernement avant et durant la guerre en Irak devant une commission d'enquête.

En public et non pas à huis clos, comme il l'aurait tant voulu. Bien que chaque détail compte dans pareilles circonstances aggravantes, l'ami intime des Bush va être amené à répondre à une question d'ordre général, posée par Sir John Chilcot, responsable de la procédure :

comment avez-vous pu embarquer tout un Royaume-Uni dans une pareille galère alors que le régime de feu Saddam n'avait même pas assez d'armes conventionnelles pour tenir durant trois semaines ? En compagnie d'anciens généraux de l'armée de Sa Majesté,

Tony n'aura qu'un choix à prendre : se retourner vers les services du renseignement US qui avaient fourni des alibis aussi fallacieux les uns que les autres et que Colin Powell avait présenté en personne comme des preuves accablantes.

Toujours pétrifiés rien qu'à l'idée de se savoir classés «rois de la laideur», les Britanniques découvriront-ils à partir du 24 novembre prochain, date du début des auditions publiques, le délire collectif ?

Au point d'imaginer leur ancien Premier ministre en Pinocchio, au nez qui n'a pas cessé de s'allonger au moment des faits ? Qu'ils en soient préservés.

Car croire en la vassalité dont Tony Blair avait fait preuve au nom du lien indestructible américano-britannique est déjà un cauchemar en soi.

Bon ou mauvais sens de ses détracteurs, la presse anglaise l'avait même traité de «caniche de Bush» pour avoir poussé le bouchon du suivisme jusqu'à Baghdad. Toutefois, les Britanniques peuvent toujours se consoler : Tony n'est plus au 10, Downing Street.

Sinon, il n'aurait pas hésité une seconde à aller voir ce qui se vend le mieux dans les allées du bazar de Téhéran. Une question de mauvais flair.

Par Anis Djaad

La vraie victoire

La vraie victoire ce n’est pas tant le résultat du match, même si le score de la rencontre n’a pas encore déterminé celui qui jouera la Coupe du Monde 2010, la première qui sera organisée sur le continent africain. Sur ce plan, on ne remerciera jamais assez le Onze national même avec cette défaite de deux buts à zéro. On ne remerciera jamais assez cette équipe qui a offèrt pendant des mois une occasion de joie à une population qui donne l’impression d’être étouffée par on ne sait quelle main invisible.

La vraie victoire, c’est que l’Algérie a gagné une équipe nationale de football après un sevrage qui a duré plus de 23 ans. Il va falloir maintenant renforcer, consolider ce groupe très jeune et qui promet. La vraie victoire est que cette équipe a su raviver le patriotisme qui somnolait au fond des coeurs des Algériens. L’Algérie venait à peine de fêter le 55e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale.

Dans la rue, pas le moindre signe d’une fête pour marquer ce repère historique qui ne figure plus dans l’imaginaire des Algériens. Grave cassure entre la rue indifférente au 1er Novembre et les officiels qui se prélassent dans les salons et se gargarisent de compliments sur les plateaux de l’Entv. La vraie victoire est d’avoir réussi là où les politiques de tout acabit ont échoué.

Ceux qui avaient la chance de fêter l’Indépendance nationale témoignent qu’ils retrouvent la même ferveur qui a marqué cette journée du 5 Juillet 1962, si ce n’est plus. De mémoire nationale, jamais on a vu pareille intensité populaire, pareil attachement au drapeau national que durant les jours qui ont précédé cette rencontre de football. Merci aux jeunes de l’Equipe nationale pour cet exploit.

Quant à la vraie défaite, ce ne sont pas les joueurs qui l’ont concédée aux Egyptiens, mais les médias et particulièrement la Télévision nationale. Elle est médiatique. Alors que les téléspectateurs algériens guettaient la moindre image, la moindre information qui les renseignerait sur le sort de leur Equipe nationale, l’Entv rame dans un autre océan et abandonne le terrain aux télévisons satellitaires égyptiennes qui font et défont à leur guise des scénarii les plus invraisemblables. En montrant les Medelci, Djiar et Ould Abbès, on avait l’impression que l’Entv couvrait une activité ministérielle au Caire.

Pas la moindre image, pas le moindre intervenant, pas le moindre commentaire de ses envoyés spéciaux pourtant nombreux à se déplacer au Caire. La vraie défaite, c’est que les Algériens ont, encore une fois, trouvé ce qui les concernait directement sur les plateaux des télévisions étrangères. La vraie défaite, c’est que personne ne demandera des comptes à cette débâcle médiatique qui se poursuivra, tant que...

Brahim TAKHEROUBT

Leçons du Caire

Mon Dieu, qu’est-ce que ce fut injuste ! Ça devait être le sentiment et ressentiment de tous les Algériens hier devant cet incroyable retour de situation qui a vu les Verts stoppés net dans leur envol pour le Mondial sud-africain. Difficile de réprimer sa colère, de ruminer sa rage après ce but assassin intervenu dans les ultimes minutes du temps additionnel.

C’est tellement frustrant, tellement rageant de voir ainsi la qualification à la Coupe du monde nous filer entre les doigts. Nos Fennecs auront vaillamment résisté aux assauts incessants des Pharaons dans le chaudron du Caire.

Nous avons cru que nous tenions enfin cette maudite qualification et démoli moralement les protégés de Hassan Shehata. Nous pensions déjà à l’explosion de joie qui allait accompagner cet événement historique.

Puis vint cette maudite erreur d’inattention pour nous rappeler qu’il ne faut jamais crier victoire avant de l’avoir. Nous sommes certes déçus, très déçus même. Mais ce ne serait qu’une partie remise.

Il était écrit quelque part que nos Verts devront suer pour obtenir leur ticket de qualification au prochain Mondial. Que les Pharaons d’Egypte tout auréolés de leurs exploits continentaux, qui ont tenu la dragée haute au Brésil de Kakà et qui ont terrassé les champions du monde italiens, méritent une seconde chance.

Au regard de cet impressionnant palmarès, on mesure mieux l’exploit de notre équipe nationale. Parce que en évacuant les sentiments et la déception, on pourrait dire que les Verts s’en sont tirés à bon compte quand on sait le guet-apens qui leur a été tendu à leur arrivée au Caire.

Les Egyptiens qui promettaient une raclée aux Fennecs n’ont dû leur salut qu’à une bévue défensive monumentale. Le match d’hier aura prouvé, en effet, que les Pharaons sont largement à la portée des Verts. Et la note aurait même pu être salée si Saïfi était un peu plus adroit devant le but. Pour nous autres supporters des Verts, qui étions prêts à envahir nos villes et villages, nous allons juste reporter la fiesta à mercredi.

Nous ne doutons guère d’une victoire au Soudan de nos courageux représentants. Ne cédons pas à la déception et à la démobilisation, car cette équipe ira en Afrique du Sud. Les plus belles victoires sont celles qui s’arrachent par la force des jarrets. Apprenons donc pour ce mercredi qu’un match n’est jamais fini avant le coup de sifflet final. Alors, toutes et tous derrière les Verts, ils sont désormais mûrs.

Par Hassan Moali

Bravo Sarkozy !

La volonté du roi Mohammed VI, telle qu'exprimée dans son dernier discours, est exécutée sur le terrain à l'esprit comme à la lettre, pour ne pas dire avec zèle. Le Makhzen qui ne cherche même plus à camoufler les lâchetés contre les populations sans défense s'en est pris une nouvelle fois à la militante des droits de l'homme, Aminatou Haider, un symbole qui est pour le peuple sahraoui ce que les Djamila furent pour le nôtre.

Vendredi dernier, alors que le "commandant des croyants" accomplissait sa prière à Rassani, Aminatou Haider se faisait enlever à l'aéroport d'El-Ayoune, capitale du Sahara occidental sous occupation marocaine. Ce n'est pas la première fois que cela lui arrive. Haider est en effet rompue à la sauvagerie et à la bassesse marocaines, elle qui a subi maintes fois dans les geôles marocaines la torture et le viol. Cependant, les choses empirent pour les Sahraouis depuis, que dans son dernier discours, le sultan les a sommés de choisir entre être marocain ou traître.

"Ou le citoyen est marocain ou il ne l'est pas (…) Ou on est patriote ou on est traître", disait-il dans une logique colonialiste que même Israël n'a pas encore osée. Aminatou Haider n'est pas une inconnue sur le plan international. Elle a été primée dans plusieurs capitales, particulièrement occidentales.

Au-delà de l'hommage mérité qui lui est rendu, les prix souvent prestigieux ne lui sont pas octroyés en tant que citoyenne marocaine, comme le voudrait le roi du Maroc. Bien au contraire, ils lui sont délivrés pour sa lutte en tant que Sahraouie jalouse de son identité, agissante pour la cause de son peuple.

Depuis quelque temps, le Maroc arrête à tour de bras dans les milieux sahraouis et vise particulièrement les militants des droits de l'homme. Il le fait avec l'appui de la France, "le pays des libertés et des droits de l'homme".

En effet, en avril dernier, la France de Sarkozy s'opposait à l'ONU à ce qu'on élargisse les prérogatives de la MINURSO de façon qu'elle puisse assurer la protection des Sahraouis et mettre fin à la violation des droits humains dont le stade devenait alarmant au Sahara occidental. Résultat ? Le trône tombe le masque et ne prend plus de gants pour sévir au grand jour, sans même épargner la… femme.

Par Mohamed Zaâf

Tout n’est pas perdu

Tout n’est pas perdu ; il reste le rendez-vous de Khartoum, terrain neutre, loin des insultes et des actes de malveillance, loin des coups bas et des coups fourrés, où partant à égalité de points les Fennecs plus forts en attaque qu’en défense, pourront trouver les filets adverses.

Le ticket pour l’Afrique du Sud n’est pas encore en poche. La victoire des Pharaons, même si elle est peu honorable et sans gloire, relance la course pour une place au Mondial. Le onze national, dont le parcours jusqu’à l’arène du Cairo Stadium a été long et harassant, n’a pas démérité. Il s’est fait piéger lui-même en se cantonnant en défense.

Il était clair que les égyptiens n’avaient rien à perdre. Ils jouaient le tout pour le tout, à la limite d’un anti-jeu, devant un arbitre central un peu trop indulgent et une foule qui a montré son véritable visage de haine envers “son peuple frère”.

La pression qui a prévalu au Caire ces dernières 48 heures sur nos supporters et les envoyés spéciaux des organes de presse a de quoi donner des frissons et de réviser notre jugement à l’endroit des égyptiens. Ce qui ne devait être qu’un match entre peuples frères a pris une autre tournure où les mauvais diables ont refait surface.

Mais tout n’est pas perdu pour nos verts. Ils ont réussi en peu de temps à gagner le cœur de millions d’algériens qui se retrouvent en eux, à leur faire aimer les couleurs nationales, à leur inculquer de manière extraordinaire la fierté de se draper de l’emblème national.

Tout n’est pas perdu ; il reste le rendez-vous de Khartoum, terrain neutre, loin des insultes et des actes de malveillance, loin des coups bas et des coups fourrés, où partant à égalité de points les fennecs plus forts en attaque qu’en défense pourront trouver les filets adverses.
Tout ne sera pas perdu si les responsables officiels arrivent à vibrer avec la même chaleur sincère que celle des millions de supporters anonymes, à offrir les moyens, les facilités et la protection aux centaines d’algériens qui se déplaceront au Soudan pour la vérité, rien que la vérité du terrain.

L’espoir n’est pas perdu même si on a été à deux minutes du bonheur. Celui à venir ne sera que plus mérité.

Par : Outoudert Abrous

L'équipe nationale est rentrée du Caire

Ouvertures

Les étrangers connaissent leurs intérêts et les trouvent en Algérie. Le flux à Alger des responsables politiques en tête de délégations de patrons, les premiers se transformant en VRP au service des seconds, est un signe loin d’être trompeur sur ce regain d’attractivité. 
De toutes parts, d’Asie, d’Amériques et bien sûr d’Europe, il n’est pas un jour sans que soit annoncé l’arrivée ou le départ d’un groupe d’hommes d’affaires, ce chassé-croisé s’inscrivant en faux radical contre toutes les insinuations malveillantes contre les dispositions de la loi de finances complémentaire adoptée durant l’été.

Il n’y a rien d’anormal à ce que des hommes d’affaires étrangers, représentants de leurs Etats ou privés, soient animés par une volonté, d’ailleurs non dissimulée, de tirer profit des sommes astronomiques, comptabilisées en milliards de dollars, injectées dans l’actuel plan de développement.

Attirer les convoitises, c’est fait pour. Tous les partenaires étrangers sont donc accueillis avec déroulement de tapis rouge, pourvu qu’ils s’inscrivent dans le cadre de la loi et des attentes précisées par ladite LFC.

En tout état de cause, il est inscrit quelque part que quelque chose a changé dans ce pays, la croissance du partenariat, en qualité et en quantité, en étant une preuve palpable. La dynamique est irréversible et est lancée sur un train qui n’est pas pourvu de marche arrière. L’Algérie en bénéficie et les étrangers en profitent. C’est l’essence même du partenariat.

N.S.

mercredi 11 novembre 2009

Ce qu’il faudrait faire...avant de lancer cinq chaînes de télévision

«Il ne faut jamais mettre la charrue avant les boeufs.»
Adage francais

Alors qu’on attendait l’ouverture du champ audiovisuel au privé, le secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre chargé de la Communication, Azzedine Mihoubi, a annoncé la création prochaine de cinq chaînes thématiques pour la TNT. Des chaînes lancées en phase «d’enrichissement» et non pas de développement, seront consacrées au sport, à la culture, à l’éducation, à l’information et à la proximité. Il a ajouté que ces chaînes seront lancées une fois le contenu arrivé à maturation.

Ce qui veut dire, quand les boîtes privées alimenteront la production de ces chaînes. Mais avant, il faudrait régler certains dossiers en suspens. D’abord, les infrastructures. Le siège du 21 boulevard des Martyrs, ne peut pas accueillir de nouvelles rédactions et surtout il n’y a pas assez de studios pour de nouvelles chaînes de télévision. La situation de la chaîne amazighe, qui a squatté les locaux de Canal Algérie, est une des conséquences de cette promiscuité récurrente au siège de l’Entv.

Il faut donc construire de nouveaux bâtiments. Le problème se pose également pour les radios, puisque les différentes chaînes souffrent de l’indisponibilité de studios libres pour les enregistrements d’émission. Où sommes nous avec le projet de la Maison de la télévision prévu à Zeralda? Il est devenu indispensable de construire des studios dotés de moyens techniques adéquats pour pouvoir faire des émissions de qualité. Aujourd’hui, cinq producteurs privés ont été amenés par Me Leïla, chargée de la production, à se relier pour fabriquer dans les studios de l’Entv aux Eucalyptus, les émissions de la rentrée.

Une situation qui a conduit à reporter l’ouverture de la nouvelle grille jusqu’à janvier 2010. La création de cinq nouvelles chaînes publiques ne fera, de ce fait, que compliquer les choses, voire les aggraver. En plus du problème des locaux et des studios, il y a également le problème du statut de ces nouvelles chaînes et l’absence d’une indépendance administrative et financière.

Les nouveaux salariés des nouvelles chaînes souffrent déjà des retards de salaire parce que la paie est contrôlée par deux ou trois directions différentes. Le tout sous l’approbation du DAG, qui dépend directement du DG de l’Entv. On se demande dans, ce cas-là, à quoi sert le directeur de la chaîne, s’il n’a pas le pouvoir de fixer les salaires selon les compétences. L’Entv doit se démarquer de ses chaînes auxiliaires, afin de les laisser se développer, chacun de son côté.

Comme le fait si bien France télévisions avec France 3, mais aussi avec France 5, France Ô, France 4 et France 24. Chaque chaîne est indépendante administrativement et financièrement et pourtant elles appartiennent toutes au groupe de France télévisions. Ainsi, l’effet d’annonce du lancement de cinq nouvelles chaînes doit être accompagné de gestes politiques forts, garantissant d’abord un secteur audiovisuel solide et rentable et qui jetteront les bases d’une meilleure ouverture du champ audiovisuel...au privé.

Amira SOLTANE
Le prix du gaz

La baisse du prix du gaz naturel sur le marché spot, après la révision à la hausse des réserves américaines, vient de relancer le débat sur son prix. Abordé il y a plus d’une dizaine d’années lors de la chute du prix du pétrole à moins de 10 dollars le baril en 1998, la question du prix du gaz naturel est reposée une nouvelle fois par l’Algérie dans une déclaration officielle. Il y a une dizaine d’années, les principaux pays exportateurs touchés par la baisse des prix avaient déjà pensé au « délinkage » ou « découplage » des prix du gaz de ceux du pétrole, dont le prix est le directeur.

En appelant les pays membres du Forum des pays exportateurs de gaz à se mettre d’accord sur une stratégie pour obtenir un prix juste du gaz, le ministre de l’Energie et des Mines relance le débat sur un sujet que l’augmentation des prix du pétrole ces dernières années avait relégué au second plan. Du même coup, il recentre le débat sur le rôle du Forum, dont l’objectif serait de « défendre un meilleur prix du gaz qui a décliné », même s’il ne peut pas fonctionner comme l’Opep qui intervient sur le niveau de production de ses membres.

Selon la thèse déjà exposée par le ministre, une thèse qui a dû être déjà discutée lors du Forum, le prix de 1 MBTU de gaz est obtenu en divisant par 10 ou 11 le prix du baril de pétrole, alors qu’il faudrait le diviser par 6 pour obtenir le prix juste du gaz, vu que la baril de pétrole équivaut à 6 MBTU.

Ainsi, il ne s’agit pas d’intervenir sur la production, ce qui est d’ailleurs impossible vu le caractère de long terme des contrats de vente, pour obtenir un meilleur prix. Récemment encore, à la suite de débats tenus à Alger lors d’un Forum sur le marché du gaz naturel organisé par Alnaft, les participants se sont accordé à dire que le marché du gaz naturel se dirige vers une globalisation grâce à la flexibilité qu’offre le GNL.

Concernant le prix du gaz, il ressortait que le prix du pétrole en tant que tarif directeur a encore de beaux jours devant lui et que le « découplage » ou « delinkage » n’est pas pour demain. Justement, à propos de cette même relation entre les prix du pétrole et du gaz, il ressort que le gaz naturel vaut environ deux fois moins pour la même valeur.

Ce schéma, qui a été adopté historiquement pour permettre le développement de l’utilisation du gaz naturel, moins polluant que le pétrole, et encourager les investissements pour le développement des gisements et la construction de gazoducs, suscite encore de grands débats.

Avec près du quart de l’énergie consommée, le gaz naturel est la troisième source d’énergie la plus utilisée dans le monde après le pétrole et le charbon. Et il est prévu que sa consommation va doubler d’ici 2030. Sa valeur sera de plus en plus importante dans les échanges.

Par Liès Sahar

ALI FERGANI À L’EXPRESSION : «Je suis convaincu de notre qualification»

C’est un des acteurs du Mondial 1982 qui apporte son analyse sur le match de samedi prochain. Il s’agit du capitane d’équipe de la génération «82», Ali Fergani, et son regard sur le match Egypte-Algérie. A travers cette interview accordée à L’Expression, le technicien algérien estime que les Verts ont largement les moyens de revenir avec un bon résultat du Caire. Il conseille aux joueurs de maîtriser leurs nerfs, de faire preuve de solidarité, de jouer en bloc, de ne se concentrer que sur ce qui se passe dans le carré vert et de mettre le paquet sur les balles arrêtées.

L’Expression: Comment appréhendez-vous le match choc Egypte-Algérie?
Ali Fergani: C’est un match capital. Je dis capital dans la mesure où c’est une qualification qui est en jeu. C’est un match derby. Nous allons jouer contre une équipe égyptienne que nous connaissons bien et qui nous connaît très bien. Ça sera chaud. Très chaud même, sportivement parlant. Les rencontres Algérie-Egypte dépassent un peu le cadre sportif comme à chaque fois. Ceci dit, nous allons jouer avec un avantage de trois points et de deux buts. Cette marge est très importante, il ne faut pas l’oublier. Donc, nous partons avec un avantage certain. Mais, un match de football reste ouvert à toutes les éventualités. Et comme vous le savez, le football n’est pas une science exacte.

Pensez-vous que les Verts ont les moyens suffisants pour arracher la qualification du Caire?
Je crois que nous avons une équipe qui a de la qualité. C’est une équipe qui a prouvé qu’elle a du tempérament. Les joueurs ont montré une âme et une volonté extraordinaires, notamment durant la seconde mi-temps du match aller face à l’Egypte. Ils ont dominé leurs adversaires. L’équipe a confirmé sa suprématie par la suite en battant la Zambie chez elle et à Blida. Elle a confirmé de bonnes choses aussi face au Rwanda à Blida. Face à cette équipe on aurait pu gagner avec un score plus large s’il y avait un arbitre honnête, malheureusement, ce n’était pas le cas. Outre les qualités physiques et techniques, les joueurs ont démontré une capacité mentale énorme. La preuve, ils ont égalisé dans les arrêts de jeu de la première mi-temps. Ils ont marqué aussi dans le temps additionnel de la rencontre. Cela prouve l’état d’esprit de cette équipe qui ne s’est pas du tout énervée, malgré les nombreuses provocations.

Quels sont, ainsi, les points forts de cette Equipe nationale?
Comme je l’ai dit, le point fort de cette équipe réside dans son état d’esprit. Cette équipe a une âme. Elle a une homogénéité. C’est une équipe qui s’est construite depuis 2004. Elle ne lâche rien. Je crois que nous avons les moyens de déranger cette équipe égyptienne chez elle. J’argumente mon opinion: lors du match aller à Blida, toutes les balles arrêtées sifflées pour l’Algérie ont provoqué le feu dans la défense égyptienne. De plus, l’Egypte a perdu un de ses piliers au niveau de sa défense, Djomâ qui est suspendu. Il ne jouera pas le match de ce samedi. Par contre, nos joueurs ont de la qualité dans l’exécution des coups francs et nos attaquants ont des gabarits impressionnants et ils jouent tous très bien de la tête. Voilà pourquoi, notre équipe a les moyens de déranger l’Egypte, surtout dans les balles arrêtées. Je crois que nos joueurs peuvent marquer au Caire et s’ils arrivent à marquer, ça sera un K.-O. pour l’Egypte.

La malédiction des blessures ne risque-t-elle pas de tout chambouler et fausser les calculs de Saâdane?
Les blessures font partie des aléas du foot. D’abord, j’espère que nos blessés arriveront à se rétablir d’ici samedi. Mais, il faut souligner que nos joueurs sont très bien pris en charge au niveau de leurs clubs respectifs et au niveau de l’Equipe nationale. Je pense qu’ils sont tous rétablis. C’est l’avantage qu’a l’Egypte dans la mesure où ses joueurs évoluent dans le Championnat égyptien et ils ont pu ménager leurs joueurs.

Quels sont les atouts qui pèseront lourd lors de cette rencontre?
Je répète qu’il faut bien savoir gérer ses nerfs dans un match de ce genre. Les Egyptiens vont rentrer avec l’intention de rattraper leur handicap de deux buts. Ils vont, donc, essayer, dès le début de la rencontre, de mettre le feu dans la défense algérienne. Ils vont essayer de marquer le plus tôt possible pour se mettre en confiance. Il faut bien tenir face à cette pression des premières minutes. Attention! lorsque je dis tenir face à cela ne veut pas dire s’arc-bouter en défense. Au contraire, il faut être téméraire et planter des banderilles qui vont «désarçonner» la défense adverse. On doit tenter de marquer et si on y arrive, les Egyptiens vont flancher.

Quelle est la meilleure tactique à adopter pour enregistrer un bon résultat en Egypte?
Je pense que Rabah Saâdane sait ce qu’il fait. Il connaît ses joueurs et il sait ce qu’il y a lieu de faire. On ne connaît pas encore l’équipe qui sera alignée. Elle sera arrêtée en fonction du rétablissement des blessés. Mais je pense qu’il n’y aura pas une équipe super-défensive. L’Algérie ne sait pas jouer comme ça, d’ailleurs. Une tactique super-défensive ne sera pas la bonne à mon avis. C’est vrai qu’il faut avoir une assise défensive très compacte. Il faut resserrer les lignes et jouer en bloc. Les joueurs savent très bien le faire. Il faut être solidaire, ignorer l’environnement et ne s’occuper que du jeu et essayer de créer le jeu et mettre le paquet sur les balles arrêtées.

Pensez-vous que les Pharaons ont les moyens de nous marquer trois buts samedi prochain?
A mon avis, non. Les joueurs égyptiens ont marqué trois buts contre le Rwanda chez eux et très difficilement, avec un penalty bonus de l’arbitre. L’Egypte est une équipe qui a dominé le football continental. C’est une très bonne équipe qui peut faire de très belles choses en un seul match. On l’a vue en Afrique du Sud où ils ont battu l’Italie et ont tenu tête au Brésil, mais ils ont flanché contre les USA. C’est une équipe qui peut faire mal sur un seul match. Il faut se méfier et tenir compte des arguments qu’ils présentent. On doit respecter l’adversaire qui est respectable en sa qualité de champion d’Afrique, mais il ne faut pas le craindre. Je dis franchement, la seule raison d’une éventuelle élimination est que notre équipe s’écroule et ça, je ne le crois pas. La seule raison est que notre équipe sera dans un jour sans. C’est ce que je n’y crois pas du tout.

Les matchs Algérie-Egypte revêtent toujours un caractère spécial. Pensez-vous que la génération actuelle, composée essentiellement de joueurs professionnels, a cette culture du match choc Algérie-Egypte?
Ils découvrent cette particularité. Ils ont déjà joué contre l’Égypte en 2004 en Tunisie et ils ont joué le match aller à Blida. Ils ont découvert l’engouement qu’il y a autour de cette rencontre. On verra plus, après samedi prochain. Ils sont en train d’écrire leur histoire. Ils l’ont écrite en lettres d’argent, c’est à eux maintenant, de l’écrire en lettres d’or. Mais, je pense que les joueurs ont du tempérament et du caractère qui leur permettront d’entrer dans l’histoire du football national. En plus, ils sont habitués à jouer devant le grand public en Italie, en Angleterre, en Allemagne et en France. En outre, le public au Caire aura tout de même le droit de supporter son équipe. Au stade du Caire, il n’y aura pas d’obscénités.

En tant qu’acteur du Mondial 1982 en Espagne, pourriez-vous nous remémorer les moments vécus avant la qualification?
Le match face au Nigeria à Lagos était très difficile. Nous avons joué devant plus de 120.000 spectateurs au stade de Lagos qu’on appelle «l’enfer de Surulere». Pratiquement, aucune équipe n’a réussi à tenir le coup à Lagos. La présence d’un arbitre italien a fait notre bonheur. Cela nous a aidés à jouer normalement. C’était un combat de tous les instants. C’est une véritable bataille menée pour chaque seconde de la partie. Malgré cela, nous avons réussi à marquer deux buts et mérité largement notre victoire.
Nous possédions un groupe extraordinaire. On vivait ensemble bien avant les éliminatoires. Nos joueurs de l’époque rentraient sur le terrain rien que pour jouer. Ils ne connaissaient pas la pression. Ils se contentaient de ce qui se passait sur le carré vert et rien d’autre. A l’époque, il y avait une grande complémentarité et homogénéité entre les joueurs.

Pouvez-vous nous raconter quelques moments vécus en Egypte?
Ce sont des moments assez particuliers. Je me rappelle que les Egyptiens tentaient à chaque fois de nous déstabiliser, ils venaient à l’hôtel pour faire du bruit. Moi-même, j’étais agressé à l’intérieur de l’hôtel. Je me rappelle, aussi, que les supporters continuaient à nous «engueuler», même s’ils avaient remporté le match. Imaginez un instant si nous avions gagné, ils nous auraient tués. (sourire).

Quelle est, selon vous, la différence entre votre génération et celle d’aujourd’hui?
Je ne vois pas de différence. L’ancienne a été formée ici en Algérie et celle d’aujourd’hui a été formée à l’étranger. Je dis que nous avons cette chance d’avoir des joueurs qui évoluent dans les grands clubs. Enfin, les deux générations représentent les couleurs nationales. Nous les connaissons bien. Il faut leur demander s’ils connaissent l’équipe de 1982. Je ne sais pas s’ils nous connaissent ou pas. Je pense que l’équipe d’aujourd’hui a fait un parcours excellent. N’oubliez pas que nous sommes qualifiés à la Coupe d’Afrique. L’appétit vient en mangeant. Ce serait vraiment dommage que cette équipe ne se qualifie pas au Mondial. Même si je suis convaincu qu’elle va se qualifier. Sinon, ce sera un goût d’inachevé.

Quelques conseils aux joueurs?
De toutes les façons, mes conseils ne vont pas leur parvenir (sourire). Les joueurs savent ce qu’ils ont à faire. A bien se préparer. Ne pas jouer le match avant et appliquer les conseils de l’entraîneur. Il faut être solidaire et y croire jusqu’au bout.

Que diriez-vous aux supporters?
Le public algérien a confiance en cette équipe. On l’a vu plusieurs fois lui manifester son engouement. Cette équipe peut nous donner encore de la joie. J’espère qu’elle sera qualifiée et, nous retrouver, tous ensemble, samedi prochain dans les rues pour défiler.

Où allez-vous suivre ce match choc?
Je ne vais pas aller en Egypte. J’ai mes occupations. Une chose est certaine, je vais suivre la rencontre soit d’Algérie ou de France. Incha Allah, notre équipe fera un bon résultat en Egypte et ira en Afrique du Sud.

Interview réalisée par Tahar FATTANI