lundi 2 novembre 2009

Ah! si on avait des télévisions privées pour répondre à Dream And Co

«Si la haine répond à la haine, comment la haine finira-t-elle?»
Bouddha

Invité de l’émission «Tahaoulète» sur la Chaîne I de la Radio nationale à l’occasion de la célébration du 47e anniversaire du recouvrement de la souveraineté sur la Radio et la Télévision, le secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre chargé de la Communication, Azzedine Mihoubi, a annoncé l’ouverture prochaine de cinq nouvelles chaînes TNT, en plus des cinq actuelles et la réflexion autour de la création d’une grande entreprise de distribution de journaux. La première chaîne lancée serait dédiée au sport, a-t-il affirmé. Il n’a cependant pas précisé la date du lancement de ces médias.

Cette nouvelle annonce d’un responsable du secteur de la communication augure un avenir certain pour l’audiovisuel public, mais aucune déclaration sur l’ouverture de l’audiovisuel au privé. Cette absence de télévision privée, et surtout l’absence d’une télévision dédiée au sport, se fait sentir face aux nombreuses attaques des chaînes de télévisions privées égyptiennes Niltv, Dream ou encore El Hayat. Le quotidien Echourouk qui s’est illustré en invitant l’ancien gardien Shoubeïr, a réussi à faire placer son événement sur une télévision arabe satellitaire. Si l’audiovisuel privé était autorisé en Algérie, la guerre médiatique entre l’Egypte et l’Algérie aurait été plus équilibrée.

On assiste à une guerre entre des journaux privés arabophones algériens et un trio de télévisions privées égyptiennes sans assise ni programme. Car la presse écrite égyptienne n’est pas en mesure de faire face aux attaques pertinentes des plumes algériennes. Au moment où Shoubeïr est accueilli en frère en Algérie, il est insulté sur la chaîne Dream au cours d’un programme où était invité le plus grand ennemi de l’Algérie, Brahim Hassen, qui revient sur son aventure à Béjaïa, qualifiant le public algérien de sauvage et hostile.

Ces attaques contre les Algériens sont agrémentées par des chansons en louanges à l’équipe des Pharaons avec en insert des images de mauvaise qualité du but marqué contre l’Algérie en 1989. Alors qu’à côté, l’Entv évite de diffuser les images du but historique de Achiou contre l’Egypte et évite, par la même occasion toute insulte ou menace contre l’Egypte. La télévision algérienne ne diffuse ni la colère ni la réponse des Algériens aux insultes égyptiennes et cela sur instruction de M.Azzedine Mihoubi.

Faut-il suivre les instructions et faire l’autruche, devant tant de déversement de haine et vindicte contre les Algériens? Plus les jours avancent, plus on se rend compte de la complexité du voyage des Algériens au Caire. Tous les Egyptiens sont montés à bloc par leurs télévisions respectives pour accueillir à froid la délégation algérienne et surtout tout faire pour perturber sa concentration et son repos.

Alors à ce moment-là, il n’y aura aucune télévision algérienne privée ou même étatique qui montrera les images du mauvais traitement des Algériens en Egypte et on se contentera, une nouvelle fois, de quelques images volées par des portables diffusé sur You Tube.

Amira SOLTANE

Les nettoyeurs

Ils ne sont pas connus, n’ont ni visage ni nom mais possèdent une caisse noire, une redoutable efficacité et une conscience aiguë de leur travail. Bien que puissants, ils n’ont ni chars, ni couffins, ni armes, ni bagages mais des balais durs et de grands sacs plastique noirs dont on dit qu’ils les utilisent pour voler dans les airs pour passer de lieu en lieu sans se faire voir par la population. Les nettoyeurs dorment sous vide, n’ont pas d’âme mais une fonction, n’ont pas de cœur mais une raison.

Le soir des émeutes de Diar Echems, on a pu les voir arriver en petits groupes, discrètement, sans bruit, ni sirènes, sans appels de phare, escortes ou gyrophares. En quelques minutes, ils ont tout nettoyé et effacé les traces de cette nouvelle infamie. En quelques minutes, on aurait pu croire qu’il ne s’était rien passé et d’après tous ceux qui sont passés après, il ne s’est effectivement rien passé.

Les nettoyeurs sont partout, ils relisent l’histoire qu’ils nettoient des taches, des fautes et des incorrections, corrigent les déviations, rayent les femmes, effacent les hommes, les associations et les syndicats non conformes. Gomment les erreurs des puissants et les dérapages des gouvernants, passent à l’eau de Javel les cris des démunis et les scandales, lavent les mains sales et barrent toutes les mentions inutiles.

A l’aube, pendant que l’Algérie dort sur ses rêves de propreté déchue, ils passent anonymement dans les maisons, les institutions et les événements. Au Salon du livre pour nettoyer les rayons des livres impurs, mettre dans des poubelles hermétiques les auteurs impropres et effacer les traces de sang et de torture sur les exemplaires en vente.

Dans les administrations pour nettoyer les cadres qui ne se tiennent pas droit, dans les journaux pour lisser les éditoriaux. La nuit, quand il n’y a rien à nettoyer, les nettoyeurs se nettoient eux-mêmes.

Par Chawki Amari

Rouget, le chef commando invaincu

Quand Rouget sera éliminé et qu’on n’aura plus de désertions, alors, là, votre secteur sera vraiment pacifié. Je suis venu ici pour vous aider à réaliser ce plan. C’est notre affaire, car il ne s’agit plus d’opérations de troupes de secteur mais de guerre psychologique ». Celui qui parlait ainsi était le capitaine Léger, spécialiste de l’action psychologique, s’adressant, en 1960, à l’officier français en poste à Azazga.

Capitaine Léger, du bureau d’études et de liaison (BEL), connu pour avoir mené la diabolique opération Bleuïte qui empoisonna le maquis, a été dépêché par le commandement militaire colonial d’Alger pour pacifier la région d’Azazga. Face à cette éminence grise de la guerre psychologique, se trouvait Rouget, avec son commando d’une vingtaine d’éléments, mettant sur la défensive depuis des années les positions militaires de l’armée française. « Plus vite ce problème sera réglé, plus vite je repartirai pour Alger. Qu’avez-vous comme renseignements sur ce Rouget ? », lançait le redoutable capitaine, devant le colonel qui n’avouait pas son impuissance devant le commando rebelle d’Azazga. Les péripéties de cette traque vouée à l’échec ont été rapportées par Yves Courrière dans son livre « Les feux du désespoir ». Des collaborateurs locaux avaient été mis à contribution pour neutraliser Rouget, dont un fonctionnaire à la sous-préfecture d’Azazga.

« Menaces à l’appui, un émissaire de Rouget avait chargé le fonctionnaire de trois missions : informer, d’après les tuyaux qu’il pouvait recueillir à la sous-préfecture, voler et transmettre des documents, et enfin des munitions ». Informé, Léger dira : « On va donner satisfaction à ce Rouget. Il aura des renseignements, des documents et des munitions ». L’officier français pensait mener cette opération avec la même facilité avec laquelle il avait répandu le poison de la Bleuïte. Rouget survivra à tous les stratagèmes et traquenards. Il reconnaîtra les munitions piégées, en se rendant compte de la lourdeur inhabituelle des cartouches. Il ne les jettera pas. Il les recycle en recalibrant la charge, avant de les utiliser. Il ne châtiera pas le fonctionnaire de la sous-préfecture. Au contraire, Rouget redemandera de nouvelles munitions. Léger regagnera Alger sans avoir mis la main sur ce chef rebelle de 25 ans qui ignorait superbement le lourd dispositif militaire et psychologique mis en place par les Français.

Un an après le déclenchement de la guerre, Benkaci Mohand Saïd avait une vingtaine d’années. Il était berger et coupait du bois tranquillement dans la région d’Azazga. Une activité au grand jour qui ne durera pas longtemps. Rouget n’échappera pas à son destin révolutionnaire. Il aura très vite maille à partir avec les gardes-champêtres qui n’arrivaient pas à intimider ce jeune homme au tempérament de feu. Signalé à la caserne militaire, le jeune berger entrera dans une colère noire. Cette dénonciation aux autorités militaires sera fatale au garde-champêtre, qui fera du berger d’Azazga un volcan de colère et de révolte. Rouget prend le maquis et entrera dans une guerre personnelle contre l’occupant. Il croisera un jour la route d’une section de l’armée de libration nationale. N’ayant pas accepté qu’il intègre leurs rangs, les maquisards seront vertement pris à partie par le jeune homme. Ils rendront compte au chef lorsqu’ils regagneront leur base. « Un jeune homme voulait intégrer notre groupe. On a refusé et il nous a mal répondu », diront-ils au responsable, qui répondra : « S’il n’a pas peur de vous, il n’aura pas peur des Français.

Repartez tout de suite pour le ramener. Il sera des nôtres ». Ainsi commence l’action de Rouget dans les rangs de l’ALN. Son tempérament de révolté intraitable fit que son commando restera autonome et mènera une guerre sans relâche contre les bases miliaires coloniales. Salah Mékacher, ancien secrétaire du PC de la wilaya III, écrira dans son livre témoignage : « Azazga était structurée en secteur autonome, coiffé et animé par un commando qui développa une activité sous les ordres de Benkaci, dit Rouget. Ce commando donna du fil à retordre à l’ennemi et a excellé dans les harcèlements ». Le groupe de Rouget s’interdisait toute cache ou casemate. Seule stratégie : feu sur la première cible militaire. Dans des circonstances paroxystiques, comme l’interpellation de son père à un point de contrôle militaire, Rouget prenait congé de son propre groupe pour mener des actions de représailles en solitaire. La légende raconte que l’officier français de la localité finira dans un asile psychiatrique. Rouget survivra au feu de la guerre d’indépendance, et mènera d’autres, à l’étranger, auxquelles participera l’Algérie indépendante. Il sortira des rangs de l’ANP en 1981 avec le grade de capitaine. Mis à part quelques livres et des témoignages d’anciens combattants, le parcours de Rouget et d’autres héros de la guerre d’indépendance reste encore méconnu.

Par Djaffar Tamani

Citoyenneté, cadre de vie et évasion

C’est un citoyen d’Alger qui nous raconte sa tentative d’escapade touristique en ce 1er novembre ensoleillé. Déjà que, réveillé par les détonations de minuit, il ne comprenait toujours pas pourquoi, en cette époque de crise et d’économie de devises, le feu d’artifice se prolongeait si longtemps après les traditionnels coups de canon.

Il s’est donc promis, lui qui n’était l’invité d’aucune cérémonie, de se rattraper par un repos champêtre bien loin du tumulte de la ville. Mal lui en prit. Son itinéraire l’obligeait à traverser la fameuse rue Didouche-Mourad qui abritait, apprend-il sur-le-champ, un marathon. Cette artère, à l’abandon urbanistique, continue en effet à concentrer toutes les initiatives officielles. Engouffré dans la rue Debussy, il se retrouva pris au piège : une barrière à chaque perpendiculaire maintenait tous les automobilistes qui ont eu la mauvaise idée d’emprunter une rue adjacente à la rue Didouche tant convoitée. Notre citoyen, en guise de déjeuner champêtre, passe une bonne partie de sa matinée, ainsi pris comme un rat dans son véhicule, à essayer de deviner combien peut durer un marathon.

Il fallait à “l’organisateur” de ce marathon une dose de mépris pour ses concitoyens pour prévoir, à la place des déviations qui s’imposent en pareille circonstance, le long de rues entières, de véritables cul-de-sac où les véhicules ne pouvaient ni avancer ni reculer… jusqu’à la fin de la manifestation ! Ou alors, il lui fallait vouloir les punir d’avoir eu envie de se déplacer par un jour où il n’y a d’activité qu’officielle.

Quand après près d’une heure et demie d’immobilisation forcée, le projet de promenade abandonné et tout fantasme bucolique ravalé, il fut “libéré”, il se retrouva dans un circuit balisé qui lui fit remonter le boulevard Mohamed V, reprendre une seconde fois Didouche, mettre le cap sur la place du 1er-Mai. Mal lui en prit, une seconde fois. Le marathon s’était… déplacé. Le calvaire aussi. Il continua et fit son possible pour éviter les alentours du palais du Peuple et rentrer chez lui. Sa demi-journée fut ainsi régie par “l’organisation”.

Ainsi va l’organisation des activités officielles : un petit espace fonctionnel au prix d’une pagaille générale tout autour. Si les chefs constatent que les espaces où ils doivent évoluer sont bien balisés, sécurisés et dégagés, qu’importe la gêne du citoyen ! Par endroits, on ne prend même pas la peine de le refouler ; on le retient, là, bloqué dans son véhicule sans le moindre souci de ce que cela peut coûter en désagréments, à lui ou à ses enfants.
Il y a comme un paradoxe significatif dans le fait d’imposer un cadre aussi invivable dans la capitale, le jour même de la célébration de la quête de liberté. Cela dénote l’état d’esprit de celui qui a le pouvoir de régir le déplacement dans la ville : dans sa conception, le citoyen n’est pas une variable déterminante ; il n’est là que pour subir.

Au matin du 1er novembre 2009, au large d’Oran, sur le pont d’un bateau de fortune, au milieu d’une vingtaine de jeunes concitoyens, un homme de cinquante-huit ans, né donc avant novembre 1954, était appréhendé alors qu’il tentait de fuir clandestinement le pays ! Bien sûr, “l’organisateur” ne comprendra pas le lien entre l’escapade ratée de l’Algérois et la fugue interrompue de l’Oranais.

Par : Mustapha Hammouche

RETOUR DU FROID, VACCIN INEXISTANT ET DÉPARTS VERS LA MECQUE

La trêve pédagogique prend fin demain et les écoliers devront, malgré eux, rejoindre l’école. 
Psychose: 14 nouveaux cas de grippe porcine ont été confirmés samedi par les services du laboratoire de référence de la grippe de l’Institut Pasteur d’Algérie. Ce qui porte à 92 le nombre de personnes infectées par le virus de la grippe A. Ainsi, le pays s’approche rapidement et dangereusement de la barre des 100 cas. L’arrivée de l’automne et la saison du Hadj ne sont pas pour rassurer la population. Bien au contraire.

La psychose s’installe. Le rythme de cas enregistrés dans le pays s’accélère rapidement. Désormais ce sont des dizaines de cas relevés presque chaque jour. Des cas, pas toujours importés de l’étranger, puisque certains n’ont jamais voyagé ni eu de contact avec des sujets déjà confirmés.

La saison du Hadj est également une source d’inquiétude à propos de la propagation de la maladie. En effet, les premiers départs de pèlerins sont programmés pour aujourd’hui au moment même où l’Arabie Saoudite a annoncé qu’une «deuxième vague de grippe A avait débuté début octobre, avec l’arrivée de l’automne et de températures plus fraîches».

Officiellement et avant les arrivées importantes des pèlerins, le nombre de décès dus à la grippe A en Arabie Saoudite était d’une soixantaine de personnes. L’OMS a estimé que le nombre de cas recensés était de 4000 cas en septembre. Cette «seconde vague» qui a commencé avec le mois d’octobre est directement liée, selon le ministère saoudien de la Santé, à l’arrivée de «l’automne et de températures plus fraîches».

Ce qui était prévisible, puisque le rafraîchissement des températures favorise l’expansion de la grippe. Certes, avec la trêve pédagogique, il n’est pas nécessaire de fermer les établissements scolaires. Elle est même la bienvenue pour rassurer les parents qui commencent sérieusement à s’inquiéter à la suite des confirmations de cas dans divers écoles et la rumeur d’autres cas suspects à travers le pays. En outre, devant le manque de moyens mis à la disposition des élèves pour au moins se laver les mains, la psychose ne fait qu’enfler.

En effet, combien d’écoles sont dotées d’eau? A-t-on vu des camions citernes stationnés devant les écoles dépourvues de ce précieux liquide? Sur un autre registre, l’incidence des conditions météo sur la grippe A suscite de plus en plus d’inquiétude étant donné que l’évolution du virus ne serait pas liée directement à la météo, mais plutôt indirectement.

C’est le comportement des individus durant l’hiver qui est en cause. Selon certains spécialistes, les gens ont tendance à s’enfermer chez eux, à trop se couvrir, durant l’hiver. Avec le chauffage et les fenêtres fermées qui créent l’humidité, l’air circule moins.

Ce qui constitue un environnement extrêmement favorable au développement du virus. Certes, l’Arabie Saoudite soutient actuellement avoir maîtrisé la situation sanitaire en fermant certaines écoles mais l’inquiétude demeure avec l’arrivée massive des pèlerins. Certes, l’OMS affirme qu’une seule dose de vaccin contre la grippe AH1N1 serait efficace.
Mais les pèlerins algériens sont-ils vaccinés d’autant que la réception des lots de vaccin accuse un retard dans les délais?

Yasmine ZOUAGHI

Sous le chapiteau

Dans une récente discussion avec Sid Ahmed Agoumi, il nous disait avec son punch et sa sincérité habituels à quel point il était froissé à chaque fois qu'il entendait associer «la foire» et «le livre», tellement dans sa tête un peu trop à cheval sur le sens des mots, les deux termes n'avaient rien à faire ensemble.

Pour ce monstre des planches et de l'écran, le propos tend plus à sacraliser le livre qu'à exprimer un quelconque mépris à l'endroit des vieilles et gaies manifestations foraines ou de leur version moderne qui en fait des carrefours économiques certainement utiles.

Mais la foire peut signifier «fourre-tout» et désinvolture dont le livre, premier véhicule du savoir, ne peut s'accommoder.

Le mot «salon» est à peine un peu plus enthousiasmant pour notre artiste, mais le propos est ailleurs. A quoi sert donc un salon du livre, puisque c'est de cela qu'il s'agit ? Les réponses sont tellement éloignées, y compris dans ce qu'elles ont de plus simple, en l'occurrence dans ce qui peut le plus naturellement les rapprocher.

Les appréciations peuvent donc aller du plus désespérant scepticisme à la plus euphorique des extases. Apprécions le résultat de ce micro baladeur de la radio Chaîne III.

Une dame essoufflée par sa randonnée et visiblement aussi par son bonheur de quelqu'un qui tombe sur un trésor providentiel va directement à l'essentiel : «C'est vraiment formidable. Autant de livres avec des prix si accessibles ! Un rêve.»

Et puis cet étudiant : «C'est beau à voir, toutes ces publications, ces gens intéressants à rencontrer et ces conférences. Malheureusement, je n'ai rien pu acheter, parce que les prix sont inabordables !»

Si ça ne servait donc qu'à pouvoir ou ne pas pouvoir acheter des livres, le salon nous donnerait des appréciations si différentes qu'on renoncerait, par découragement, à le considérer sous cet angle. Mais il y a le reste, même s'il ne rapproche pas davantage les points de vue.

Ceux qui considèrent qu'autant d'argent dépensé dans une manifestation sans réel impact sur la politique du livre, des auteurs qui se sentent exclus d'un espace de promotion et d'expression privilégié, les pour, les contre, ceux qui ne sont ni pour «ni contre mais bien au contraire», les aigris et les introduits.

Ca ne fait pas vraiment foire et pas tout à fait salon. Mais il y a des livres et des conférences, des dédicaces et des hommages. Au fait, les Algériens lisent-ils finalement, ou non ? ça dépend du lieu où on recueille la réponse. Dans la rue ou sous le chapiteau.

Slimane Laouari

De l’Histoire officielle

Au milieu des années 1980, un établissement de l’enseignement secondaire avait organisé un sondage pour savoir qui est le héros de la Révolution le plus connu des élèves. La réponse a été sans appel : Sid Ali Kouiret ! Il est vrai que ce talentueux comédien avait beaucoup joué dans les films dont les scénarios parlaient de la révolution, mais cela ne signifie en rien qu’il faille confondre fiction et réalité.

Au-delà du caractère anecdotique de cette histoire -qui peut ne pas être vraie- cela confirme une chose : les Algériens ne connaissent pas suffisamment leur Histoire. Et la frange juvénile est la plus touchée par cet état de fait. Les conséquences de cette dérive sont connues de tous ; les Algériens sont en manque de repères. Mais cela signifie-t-il que ces jeunes lycéens, et tant d’autres concitoyens sont fautifs ? Sont-ils coupables de na pas connaître l’Histoire, toute l’Histoire de leur pays ? Non.Parce que avant de demander aux petits Algériens ou tout simplement aux citoyens de demain de connaître leur passé, il faut que ceux qui ont la charge de les former soient capables de leur dire la vérité. Toute la vérité. Et il se trouve que pendant des décennies, l’Histoire de ce pays a été occultée. Elle est parfois même falsifiée au profit de considérations occultes.

Exemple : les martyrs de la cause nationale morts avant 1954 (Belouizdad et Chaal Bouzid en sont l’illustration parfaite) n’ont absolument aucun statut. Pire, certains d’entre les grands militants du mouvement national assassinés dans des conditions non encore élucidées, n’ont jamais été réhabilités. Que dire de l’ostracisme qui a frappé, pendant des décennies, le nom de celui qui a signé l’indépendance de l’Algérie, Krim Belkacem, ou de celui qui a organisé, avec Ben M’hidi, le Congrès de la Soummam, Abane Ramdane en l’occurrence.

Il est vrai que ces derniers ont été réhabilités, au même titre que Messali Hadj, par le président Bouteflika en 2000. Mais cela reste largement insuffisant. Il est, par exemple, abominable de savoir que l’Algérie indépendante a osé le sacrilège d’ôter le nom d’Henri Maillot du fronton de l’hôpital de Bab El Oued, quand bien même ce dernier est remplacé par le nom d’un autre personnage illustre de la révolution, Mohamed-Lamine Debaghine. La liste est malheureusement longue.

A cela il faut ajouter une autre offense : pendant des décennies -et ce n’est pas encore fini- on a tenté d’occulter des périodes de l’Histoire de ce pays. Celle d’avant l’arrivée de l’Islam, bien entendu, mais également celles qui l’ont suivies, puisque au lieu d’une histoire savante, on a enseigné aux enfants une Histoire officielle, politique et parfois sectaire. Preuve en est que la période turque est souvent survolée dans les manuels scolaires et la régence ottomane reste une énigme pour beaucoup de compatriotes.

Mais en réalité, cette occultation, ou plutôt le mauvais enseignement de l’Histoire est le résultat de l’appropriation de la mémoire du peuple par le pouvoir politique. Parce qu’il est facile de demander des comptes à l’ancien colonisateur -qui doit en donner d’ailleurs- que de faire une autocritique et de dire aux Algériens ce qui s’est vraiment passé à un moment ou à un autre de leur Histoire. Au meilleur des cas, il faut laisser les historiens travailler. Car, eux seuls peuvent dire ce qui s’était vraiment passé. A ce moment-là, l’Algérien se sera déjà réconcilié avec son Histoire.

Par Ali Boukhlef

Quelque chose d’inachevé

Ce 55e anniversaire du déclenchement de la Révolution armée intervient dans une conjoncture marquée par deux faits en liaison avec ce repère historique : il y a d’abord cet éternel quiproquo avec la France qui n’a pas encore trouvé d’issue, puisque Paris s’entête toujours à ignorer les doléances d’Alger sur l’impératif de la reconnaissance des crimes commis par l’armée française en Algérie durant la période coloniale.

Impératif qui est posé par l’Algérie comme la condition sine qua non pour relancer ses relations dans la perspective d’un traité d’amitié et de coopération que les Français s’impatientent de voir signé.

Ce retour de l’histoire dans notre pays est certainement mal vécu de l’autre côté de la Méditerranée, où des militants et des intellectuels continuent à lutter pour faire aboutir ce «devoir de mémoire» entamé il y a une dizaine d’années.

Ces pressions ont quand même abouti à l’abrogation de l’infâme loi du 23 février faisant l’apologie de la colonisation, bien que tout cela n’ait pas eu encore raison du dogmatisme si tenace des politiques, avec une pensée politique régressive – touchant même certains ministres - qui tire de plus en plus vers la xénophobie et les idées de l’extrême.

Du côté algérien, les polémiques récurrentes liée à l’écriture de l’histoire (faux moudjahidine, harkis, etc.), montrent qu’une bonne partie du débat politique reste liée à cette période de notre histoire. On sait que la légitimité révolutionnaire demeure partagée par l’ensemble de la classe politique, mais dans cette quête éperdue, l’on sent qu’il y a quelque chose d’inachevé dans cette Révolution. Quelque chose qui échappe aux historiens…

M. A.

Angolagate

Tous les hommes politiques le disent. Tous les gouvernements prétendent le souhaiter. Tous les régimes en font leur slogan: la lutte contre la corruption. Cette maladie infantile de toutes les dictatures, des systèmes à parti unique et même dans les démocraties où c’est en général l’argent qui est roi et qui défie toutes les velléités d’honnêteté. Il n’est pas rare que des scandales de détournements, de blanchiment d’argent, de marchés frauduleux, de fraudes fiscales éclatent ici et là, éclaboussant au passage des personnalités au-dessus de tout soupçon...jusque-là. Ces affaires n’éclatent pas au hasard et ne touchent pas tout le monde. Si, dans les pays du tiers-monde, ce sont en général des personnages de moindre importance qui sont cités, dans les pays développés par contre, ce sont des personnalités de premier plan qui doivent rendre compte à la justice.

La liste des scandales où des personnes clés ont été épargnées alors que d’autres ont été condamnées ou «démissionnées», est longue.

La plus célèbre de l’histoire contemporaine est celle de «Suez» liée à la corruption de ministres, de parlementaires et de journalistes par la société du Canal. Plus près de nous, c’est le président des Etats-Unis, Richard Nixon, qui est poussé à la démission par l’affaire du Watergate (qui n’est pas une affaire financière) ou celle de Bill Clinton réduit à faire des excuses publiques à son peuple dans l’affaire Monica Lewinski. L’affaire de l’Irangate, bien qu’inspirée par le sommet de l’Etat, ne touchera que quelques subalternes. Si toutes ces affaires ont provoqué quelques remous dans le monde politique, elles n’ont pas laissé des traces durables dans les esprits, celle qui agite actuellement le monde politique français risque de faire des vagues à cause des enjeux financiers induits et des fractures politiques qu’elle risque de produire au sein de la famille politique de la majorité parlementaire.

Cette affaire se distingue aussi bien par sa durée, puisque ses premières manifestations judiciaires remontent à 1990 et que sa conclusion n’est pas pour demain.

Elle se caractérise aussi par le nombre et la gamme des personnalités impliquées: préfet, ministre, fils de président de la République, conseiller de président, hommes d’affaires, romancier (eh oui, même un romancier à succès), avocat, secrétaire, diplomates. Il y a bien sûr surtout des citoyens français, mais à côté, on peut relever des personnes qui ont deux ou trois nationalités et l’une d’elles en dispose d’un peu plus au point qu’on ne retient que la dernière puisqu’elle s’est réfugiée en Israël pour échapper à toute extradition.

Les condamnations prononcées en première instance ont fait sortir certains protagonistes de leur retenue habituelle pour désigner du doigt le président de la République, les Premiers ministres de l’époque. Tout le monde s’interroge si la «Raison d’Etat» ou le «Secret-défense» liés aux affaires de haut vol où sont impliqués les premiers responsables, seront levés.

La perspective d’étalage du «linge sale» ou de la cuisine partisane met en relief les fissures qui sont apparues dans l’UMP au moment où une campagne électorale féroce allait opposer d’anciens gaullistes. On ne peut comprendre parfaitement tout ce remue-ménage si l’on oublie que l’actuel locataire de l’Elysée est l’ancien adversaire de Jacques Chirac qui est cité dans plusieurs affaires. La vengeance (politique) est un plat qui se mange froid, et quelquefois même congelé.

Selim M’SILI

De victime à inculpé

Parce que les locataires du ministère public se sont gourés d’inculpé, le juge du siège est acculé à annuler les procédures sur demande expresse de l’...avocat.

C’est le triste sort d’un employé exerçant et résidant à Blida qui est convoqué un beau matin chez son chef de service qui lui apprend qu’il doit quitter la ville des Roses pour celle de tous les raisins, Médéa. L’employé est abasourdi. Il cherche à comprendre.

Le ton monte entre les deux hommes en présence de deux autres employés qui vont témoigner lors de leurs dépositions devant le procureur de la République. Et c’est parti en voyant Abbas I., victime et Saddek K., inculpé. Hélas, le jour du procès en correctionnelle au tribunal de Blida, Maître El Hadi Labidi est constitué en faveur de la...victime, mais il va vite déchanter. Son client est inculpé d’insultes et d’injures à l’encontre du chef de service qui est devenu, par la baguette magique du parquet...victime. Cela arrive souvent, mais...l’avocat s’avance et demande à introduire des questions préjudicielles où il est question d’une erreur du parquet. Il explique le topo et demande l’annulation des procédures.
Le jeune représentant du ministère public, fraîchement parachuté de l’Ecole de la magistrature, s’oppose à la demande de l’avocat. Le procureur s’oppose fermement, ce qui va pousser Maître El Hadi Labidi, révolté et déçu de cette situation à voir la salle d’audience tanguer.

Il retrousse les manches de sa robe noire et entre dans un carrousel qui fait plaisir, tant le défenseur venait de soulever le lièvre qu’est la bévue du parquet qui avait inversé les rôles. Le talentueux Rabah Ouriachi, le président de la section pénale va bien écouter l’intervention du conseil qui se dit amer car son client qui a reçu une gifle de son chef de service venait de recevoir une autre dans le «cervelet» émanant du parquet refuse d’être enterré «vivant», ici, dans cette salle d’audience. «Je suis désolé M. le président, mais c’est comme cela que je plaide», Ouriachi sourit. «En homme du droit, usant du seul droit, nous nous trouvons dans l’obligation de sauvegarder l’esprit de notre justice prononcée au nom du peuple», s’est écrié l’avocat qui s’était retourné vers l’assistance en la désignant du doigt comme étant le peuple. «Oui, c’est le peuple.»

Le procureur requiert une peine de prison ferme de deux mois pour injures et insultes, et ce, malgré le témoignage de Mahmoud et Ali, les deux employés qui ont affirmé que la victime n’était nullement coupable de quoi que ce soit. C’est alors que l’avocat, en guise de dernier mot, dira sa détermination à aller le plus loin possible dans ce dossier «carié» et «gâté» devant tant d’évidence en l’occurrence, qu’une erreur du ministère public ne peut être redressée que par le juge du siège qui a entendu et pris acte de deux témoignages précis, sans balbutiements et incontestables. C’est pourquoi, à l’issue de l’audience, Maître Labidi nous avait déclaré avoir eu la ferme conviction d’avoir réussi à faire admettre au juge du siège, Rabah Ouriachi, ce discret mais efficace magistrat, que le parquet s’est réellement embourbé dans l’opportunité des poursuites...

Abdellatif TOUALBIA

Le phénomène n'épargne aucune région du pays : En deux mois, 26 cas de suicide et 183 tentatives…

ImageBien que ses motivations soient cernées au plan sociologique et médical,le phénomène du suicide n'en demeure pas moins problématique car, malgré toutes les connaissances humaines, l'acte reste difficile à prévenir du fait de son caractère imprévisible.

On sait des individus suicidaires mais on ne connait pas avec précision le moment où ils peuvent mettre fin à leur existence ou tenter à le faire, et c'est ce qui complique en fait la tâche des préventeurs.

Demeuré sujet tabou depuis des années, et donc tu pour des raisons sociologiques profondes liées tant aux croyances qu'à la foi religieuse, le suicide est devenu sujet d'inquiétudes ces dernières années qui ont vu la survenue de nombreux actes suicidaires à travers l'ensemble du pays.

Le phénomène n'est plus confiné aux seules régions du centre, la Kabylie notamment qui a détenu pendant plusieurs années de suite de triste records en la matière ; il touche pratiquement toutes les wilayas. Pour les deux derniers mois écoulés, les statistiques de la sûreté nationale sont très édifiantes. Ainsi, durant le mois de septembre, 13 cas de suicide sont survenus dont 2 à Tiaret, 1 à Adrar, 1 à Oran, 1 à Biskra, 1 à Guelma, 1 à Aïn Defla et 1 à Tlemcen.

Il s'agit de 10 hommes et de trois femmes dont on ne connait pas l'âge, les statistiques ne l'ayant pas mentionné. Pour la même période, les services de police font état de 92 tentatives de suicide impliquant 68 femmes et 24 hommes.

Une lecture rapide des tableaux statistiques montre une forte prévalence dans les wilayas d'Alger (12 cas), Tiaret (10 cas), Tlemcen (9 cas) et Oran (7 cas). Suivent de près les wilayas de Blida, M'sila, Boumerdes et Tipasa qui totalisent chacune 5 cas. Chlef, Jijel, Mascara, Bouira, Tizi Ouzou, Djelfa ont connu chacune 4 tentatives.

Curieusement, durant le mois d'octobre, le nombre de suicides et de tentatives de suicide est pratiquement identique à celui du mois qui l'a précédé. Sur les 13 suicides enregistrés, Chlef, Mostaganem et Alger se partagent le haut du tableau avec 2 cas chacune. Les 7 autres wilayas ayant enregistré chacune 1 cas de suicide sont Constantine, El Oued, Bordj Bou Arreridj, M'sila, Skikda, Tizi Ouzou et Batna. Par répartition de sexe, ce sont 8 hommes et 5 femmes qui ont mis ainsi fin à leurs jours.

Pour ce qui est des tentatives de suicide, il a été également enregistré 91 cas durant le mois d'octobre, soit un cas de moins qu'en septembre, impliquant 24 hommes et 67 femmes. Les statistiques ne donnent pas de précision sur l'âge des concernés, mais la palme, si l'on peut s'exprimer ainsi, est revenue aux wilayas de Tlemcen et Tipasa qui ont connu chacune 11 tentatives de suicide. Alger et Chlef en ont enregistré 7 tandis que Mascara, Oran et Tiaret en ont vu 6 chacune.

Des conclusions à tirer ? En l'absence d'autres éléments d'appréciation, notamment l'âge, la condition sociale et économique ainsi que le milieu dans lequel évoluent les victimes, il est impossible de saisir les motivations profondes ayant poussé à ces actes.
Toutefois, il faut constater le fait est que le phénomène touche de façon indistincte les grandes villes, les moyennes agglomérations et le milieu rural.

Et cela est suffisant pour prendre au sérieux une question qui, sans pour autant constituer un problème de santé publique, n'en reste pas moins préoccupante à bien des égards pour les conséquences tragiques qu'elle ne manque pas d'entraîner dans tous les cas de figure.

Par A. Laïb

Rétractions en chaîne

Barack Obama qui nomme le sénateur US à la retraite, Chuck Hagel, pour co-présider President's Intelligence Advirsory Board, une instance critique envers la politique israélienne, aurait pu être une révolution en soi. 

L'homme osait déjà évoquer l'intimidation exercée par le lobby juif. Il semble révolu ce temps où le militantisme anticolonialiste s'offrait de rares tribunes.

A présent, Chuck Hagel n'incarnerait plus que sa propre ombre, toute atteinte (ne serait-ce que verbale) à l'adresse du gouvernement de Tel-Aviv est considérée comme de l'antisémitisme politique. Rien que d'y penser,
Mme Clinton peut piquer une colère rouge, beaucoup plus violente que celle enregistrée lors de son séjour à Islamabad.

Il ne lui a manqué qu'à débarquer à l'aéroport Ben Gourion, portant la pancarte «Touche pas à mon Netanyahou». Mais c'est tout comme, à la lecture de ses propos, aux côtés de «Bibi». A la regarder tresser des couronnes à Benjamin Netanyahou, Mahmoud Abbas et ses conseillers ont cru rêver à Abu Dhabi.

D'après la patronne du Département d'Etat, les propositions du chef du Likoud sur une limitation des implantations étaient «sans précédent».

Qu'est-ce qui a changé dans sa vision depuis le dernier voyage de George Mitchell pour que Mme Clinton insiste sur cette prétendue nouveauté ? Absolument rien.

L'expansionnisme juif se poursuit dans les blocs de colonies existants. Demain, Hillary Clinton sera-t-elle là pour les exclure de n'importe quelle négociation de paix ?

«Historiquement exact» que Benjamin Netanyahou dise que le gel de la colonisation n'a jamais été une précondition à la reprise des pourparlers de paix, a-t-elle encore soutenu.

La fin de non-recevoir du gouvernement de Ramallah serait ainsi que pure «hypocrisie», dont l'OLP s'en servirait uniquement pour tenter de se refaire une légitimité parmi l'opinion publique palestinienne et, dans la foulée, discréditer le pouvoir du Hamas à Ghaza où personne ne semble concerné par les législatives de janvier prochain.

Conduits par Abou Mazen, les réformistes palestiniens, issus du Fatah, se sentent ainsi lâchés par l'actuel gouvernement des Etats-Unis.

Celui-ci se serait tellement rétracté que Mahmoud Abbas envisage à présent de jeter l'éponge. Finira-t-il par déposer sa démission au profit de ses «frères ennemis» du Hamas qui, eux, n'ont pas lâché prise malgré le blocus et grâce aux dons tenus anonymes ?

Il n'y aurait plus que la reprise du processus de paix pour sauver le «soldat Abbas» d'une mort politique certaine. A son tour, devra-t-il se soumettre à l'impitoyable loi de la rétraction ?

C'est déjà fait. Dans une interview à la chaîne Al Arabiya, le menaçant démissionnaire a jugé suffisant que les Israéliens gèlent «ne serait-ce que provisoirement» la colonisation, à Al Qods notamment, pour pouvoir se remettre au travail.

De retour chez elle, Mme Clinton aura-t-elle ce profond sentiment d'avoir perdu son temps à trop vouloir concilier ce qui paraît inconciliable ?

Ce qui est clair comme l'eau de roche, elle n’est pas venue au Proche-Orient faire pression sur l'allié de l'Amérique d'Obama. Mais bien sur le gouvernement Abbas, au risque de booster l'endurant Hamas. A se demander combien de temps encore les réformistes palestiniens peuvent-ils tenir sans union nationale bilatérale ?

Par Anis Djaad

Gréviste professionnel?

Les enseignants sont dans leur droit absolu et légitime de revendiquer en permanence pour améliorer leur situation socioprofessionnelle et de mener les actions qu’ils estiment les plus efficaces afin d’arracher leurs droits. Souvent, les syndicats se plaignent que leurs doléances demeurent sans écho et fustigent en conséquence la «sourde oreille» de la tutelle.

A ceci près que maintenant, ce n’est absolument pas le cas et ce serait faire montre de cécité mentale que de mettre sous embargo l’engagement du ministre en personne de maintenir le dialogue.

Cette déclaration a été d’ailleurs faite devant le Sénat et un round de discussions a été quasi simultanément tenu avec un des syndicats, le Cnapest en l’occurrence. Mais rien n’y fit ; la grève annoncée pour le 8 novembre est bel et bien maintenue. Le CLA (Conseil des lycées d’Algérie) quant à lui, précise qu’il ne s’associe pas à la même démarche, mais qu’il fera quand même grève, illimitée qui plus est, à partir du… lendemain.

Vraiment, ça commence à bien faire cette enfilade d’arrêts de travail, qui pénalise au plus haut point ceux dont on ne parle presque jamais dans les plateformes de revendications, les élèves. Ce sont eux les véritables victimes et nul n’a le droit de jouer avec l’avenir d’une génération entière.

On dit bien génération, parce que le phénomène des grèves se reproduit chaque année et au bout du compte, l’on se retrouve avec des diplômés incultes et dépourvus de savoir, et ce n’est pas absolument leur faute. En tout cas, ce n’est pas la faute à la volonté de dialogue pour mettre fin à toute cette agitation.

N.S.

«Le chemin vers la démocratie est encore long»

Le président Bouteflika a prononcé un discours à l’occasion du 20e anniversaire du Conseil constitutionnel. Revenant sur les raisons de la mise en place de cette institution, le président Bouteflika a indiqué que les différents changements qu’a connus la société ont incité à créer le Conseil constitutionnel ayant pour mission principale de veiller au respect strict de la Constitution, notamment en ce qui concerne les droits et libertés individuelles et collectives parallèlement au développement du mouvement de la magistrature
constitutionnelle dans le monde qui s’est donné une nouvelle avancée assez remarquable.

C’est dans cet esprit que l’Algérie s’est dotée de ce garant de la loi pour renforcer son édifice institutionnel et de se réadapter à la dynamisation internationale qu’a connue la magistrature constitutionnelle. En cette occasion, le premier magistrat du pays a lancé un appel pour une ouverture des activités du Conseil constitutionnel aux autres institutions nationales, entre autres, les universités et les centres de recherche pour les faire bénéficier de son capital d’expérience en matière de jurisprudence et de véhiculer les valeurs citoyennes, ainsi que la culture constitutionnelle.

C’est en sorte une démarche alliant ouverture et modernisation accrue que lance le président Bouteflika à l’effet de franchir une nouvelle étape dans l’optimisation de l’utilisation de ce mécanisme pour renforcer la culture juridique au sein de la société. C’est dans ce cadre qu’il préconise une approche à mesure d’ouvrir la voie aux chercheurs, aux hommes de droit et aux étudiants pour prendre connaissance de l’expertise de cette institution. Comme il a appelé à l’élargissement et au renforcement pour s’assurer toujours une mise à niveau inhérente au développement du contrôle de constitutionnalité au niveau mondial. Comparant le contrôle de la constitutionnalité à une expérience démocratique, le président de la République a affirmé que ce dernier ne peut se mettre en place en un temps record dans la mesure où il doit passer par une expérience et une pratique qui ne peuvent s'inscrire que dans la durée afin qu’il devienne un élément incontournable dans la gestion et la culture politique.

En d’autres termes, pour bâtir un Etat de droit, le long chemin à emprunter pour y parvenir est jonché d’obstacles et seules la patience et la persévérance sont garantes de la réussite de cet objectif.

C’est cette vision que dégage le président Bouteflika du Conseil constitutionnel, eu égard à la nouvelle étape que l’Algérie vient de franchir consistant en une croissance soutenue dans différents secteurs. «La dynamique de la magistrature constitutionnelle et son évolution s'inscrivent dans le cadre du processus de développement général de la société. C'est dans cette perspective qu'il convient d'accorder un intérêt accru au contrôle de constitutionnalité», a-t-il argué. Faisant de la démocratie et de la constitutionnalité un binôme indissociable, le président a soutenu que la démocratie ne peut s’ériger par un décret et ne peut être imposée par la force. Dans ce sens, seule une avancée soutenue et adaptée à ce qui se fait au plan international dans le domaine juridique est en mesure d’asseoir une culture démocratique qui assurera les droits et les libertés individuelles.

Comme il s’agit d’«une culture et d’une pratique couronnant l'expérience d'une société donnée, dans sa composante civilisationnelle et sa progression historique, étroitement liée à ses spécificités, ses priorités et ses moyens, l'Algérie œuvre à être au diapason des nouveautés au plan international et à s'intégrer positivement dans le processus d'une mondialisation que nous souhaitons porteuse de paix et de prospérité pour toutes les nations», a-t-il dit.

En somme, après son discours prononcé lors de l’ouverture de l’année judiciaire 2009-2010 dans lequel il avait exhorté les responsables du secteur de la justice à revoir certains mécanismes pour faciliter et garantir l’équité dans le traitement des dossiers des justiciables, le président Bouteflika a, cette fois-ci, enclenché un nouveau processus quant au renforcement des mécanismes pouvant assurer la concrétisation et la protection de l’Etat de droit.

02-11-2009
Mohamed-Cherif Drifi

Le fait et le fouet du prince

Comme le monde entier le sait, la société saoudienne est une société très fermée qui veut offrir au monde l'image d'un sanctuaire de la vertu, fermé à toutes les tentations. Faux : les Saoudiens ne consomment pas d'alcool entre la dernière prière du soir et la première prière du jour.

Vrai : les Saoudiens ont construit un pont reliant le royaume à Bahreïn pour renforcer l'unité arabe. Faux : les Saoudiens ne vont pas à Bahreïn en processions pour boire et voir les filles blondes venues d'ailleurs. Ils ne regardent pas aussi, en petits comités, des films «X», et ce n'est pas seulement à cause de la ressemblance du «X» avec la croix. Vrai : la société punit sévèrement ceux qui brisent la loi du silence ou soulèvent un pan du voile qui cache les débordements libertins et licencieux. Malheur à celui ou à celle par qui le scandale arrive ! Pour avoir cru à l'ouverture supposée du royaume, Rosanna Alyami, journaliste et animatrice de la télévision libanaise LBC, s'est retrouvée au banc de l'infamie.

Elle a été condamnée la semaine dernière à recevoir soixante coups de fouet pour atteinte aux bonnes mœurs saoudiennes. Rosanna n'a pas été surprise en flagrant délit de mixité illégale, c'est-à-dire en compagnie d'un homme qui n'est ni son frère ni son mari. Elle n'a pas retiré sa tenue de camouflage pour dévoiler au monde des appâts exclusivement réservés à l'époux. Elle a fait pire aux yeux de la société saoudienne et de sa justice, et ce, en filmant, pour la première fois, un Saoudien qui parle de sa vie sexuelle. Le 15 juillet 2009, la LBC, réseau satellite, avait présenté dans son talk-show, intitulé «Ligne rouge», un sujet réalisé par Rosanna Elyami sur la vie sexuelle d'un jeune homme saoudien.

Mazen Abdeldjawad, avait reçu l'équipe de tournage sur le lieu de ses exploits amoureux, en l'occurrence un spacieux appartement de Djeddah. Dans ses confessions intimes qui ont choqué les téléspectateurs saoudiens, Mazen révèle qu'il a été déniaisé à l'âge de 14 ans par une voisine et qu'il mène depuis une activité soutenue dans ce domaine. Ainsi, il a choisi comme lieu de tournage la pièce qu'il utilise le plus dans son appartement, la chambre à coucher. C'est dans ce cadre qu'il reçoit des amis de passage à qui il expose les techniques qu'il utilise pour ses «conquêtes», en particulier le Bluetooth du téléphone portable. Ces «révélations» ont donc fait l'effet d'une bombe en Arabie saoudite où le ministre de l'Intérieur a décidé de fermer immédiatement les bureaux de la LBC.

La chaîne, dont le prince Saoudien Walid Ibn-Talal détient la majorité des actions, a présenté des excuses, mais a rediffusé le talk-show sur son réseau terrestre. C'est d'ailleurs sur ce réseau terrestre que «Ligne rouge» a été rediffusée après une suspension de plusieurs semaines, le temps que la température refroidisse. Quant à Rosanna Alyami, elle a affirmé au cours de son procès qu'elle n'avait pas mesuré les conséquences de sa contribution à la LBC. Elle a donc été condamnée à la flagellation publique par un juge, pourtant surnommé Al- Naswandji (l'homme à femmes), s'empresse de préciser le journal électronique d'opposition El Watan.

Mais comme derrière le bras du bourreau se profile toujours la main du seigneur, Rosanna a été graciée par le roi Abdallah et elle échappe ainsi au fouet. Ce qui semble être devenu une méthode de gouvernance et une façon de rendre la justice : on rend des sentences en application de la loi, mais on ne les exécute pas par le fait du prince. Ce qui donne tout loisir au condamné de remercier son bienfaiteur après avoir maudit le juge qui a rendu son verdict au nom du même bienfaiteur.

Quant au héros malheureux du feuilleton, à savoir Mazen Abdeldjawad, il a été condamné au début du mois dernier à cinq ans de prison et à mille coups de fouet pour adultère et «apologie publique du vice». Son cas a donné lieu à de graves et longs débats entre théologiens sur les chaînes satellitaires et sur le Net. Il s'agissait de savoir si un acte d'adultère devait être établi sur la foi de quatre témoignages concordants ou simplement sur la base d'une confession publique.

Comme les théologiens ont toujours réponse à tout, il y a eu ce hadith que Mazen Abdeldjawad a eu sans doute tort de ne pas connaître : le cas d'un contemporain du Prophète condamné à la lapidation après avoir confessé lui même son «crime». Or, le pauvre Mazen ne s'est pas contenté d'un simple aveu, mais il a donné des détails «techniques», en montrant notamment les aphrodisiaques qu'il utilisait. Mazen Abdeldjawad aura encore le loisir d'apprendre, si ce n'est déjà fait, que les mille coups de fouet, également répartis et sous surveillance médicale pour ne pas choquer nos amis américains, ne sont pas mortels. Toutefois, il devra penser à trouver un nouveau terrain pour ses exploits, s'il en a encore l'envie après cinq ans de prison, car la vie dans le royaume ne sera pas facile.

Les vidéos de ses confessions largement disponibles sur le Net sont souvent accompagnées de commentaires peu encourageants. Ainsi, on se réfère au «fils de l'Egyptienne» pour désigner Mazen et bien montrer qu'il a de qui tenir. Puis, on extrapole en affirmant qu'on serait bien plus heureux entre Bédouins «s'il n'y avait tous ces migrants, ces restes de pèlerins, et parmi eux les Egyptiens, naturellement dépravés». D'où la certitude que le «fils de l'Egyptienne», Mazen Abdeldjawad, qui a osé briser le cercle de la fausse pudeur, n'est pas promis à un avenir radieux. A moins que d'ici cinq ans, à la sortie de prison de Mazen, l'exhibitionniste de mœurs sexuelles débridées, le royaume wahhabite ne soit devenu autre, comme le prophétisent certains.

Outre les grâces royales annulant des décisions de justice archaïques, on relève des signes annonciateurs, comme la destitution récente de l'un des théologiens les plus réputés du royaume, Saâd Bennacer Al Chathri. Ce dernier était membre permanent du Conseil des grands ulémas, la plus haute institution religieuse de l'Etat saoudien. Le décret le démettant de ses fonctions au sein de ce haut conseil a été publié, dans la discrétion, au début du mois dernier.

Le Cheikh Al-Chathri a simplement commis la maladresse de se prononcer quelque temps auparavant contre la mixité dans la nouvelle université du roi Abdallah. Or, le souverain avait tranché définitivement ce débat en optant pour une université ouverte aux représentants des deux sexes. Depuis ce coup de semonce royal, de nombreux théologiens saoudiens s'ingénient à trouver des charmes à la mixité : le dernier en date affirme même que la mixité «ikhtilate» n'existe pas dans la terminologie de la charia.

Par conséquent, tout ce qui n'est pas formellement interdit est permis. Il suffit parfois d'un exemple, mais ce n'est pas toujours vrai. En mars dernier, l'un des docteurs d'Al- Azhar avait publié, dans l'hebdomadaire Rose-al-Youssef, un texte retentissant dans lequel il affirmait que le hidjab n'existait pas dans les textes fondamentaux de l'Islam. Il avait essuyé une volée de bois vert de la part de ceux qui ont imposé le voile comme 6e canon de l'islam. Désespérant de se voir entendu et compris par ses coreligionnaires, le Cheikh Mustapha Mohamed Rashed est allé voir ailleurs. Cet été, il a quitté l'islam pour le christianisme, imposant ainsi une nouvelle et cruelle déconvenue à Al-Azhar.

Par Ahmed HALLI

L’indépendance de ne pas en parler !



Par Hakim Laâlam  
Email : laalamh@yahoo.fr

FLN : «Nous soutenons l’appel du Président à lutter contre la corruption et, à notre tour, nous allons mener une bataille sans merci contre ce fléau.» 

Lequel des 2 fléaux ?

Le 2 novembre, que retenir du 1er Novembre ? Un fait qui, à mes yeux, définit, à lui tout seul, l’indépendance confisquée. Les journalistes d’ Al Khabar ont reçu une visite plutôt inattendue ces derniers jours. Des citoyens se sont déplacés au siège de ce grand quotidien arabophone pour annoncer qu’au bout de moult démarches pour tenir le coup, au bout de mille et un sacrifices pour garder le cap, au bout de quantité de tentatives pour ne pas sombrer, au bout du désespoir, le leur et celui de leurs familles, ils se sont résolus à… vendre leurs reins pour survivre, pour se nourrir. Voilà ! Face à ça, je refuse d’entamer ne serait-ce qu’un soupçon de débat sur «qui dirigeait véritablement la base de l’Est ?», sur «la primauté de l’intérieur sur l’extérieur », sur «qui a vendu le commando Ali Lapointe ?», sur «était-il judicieux pour le FLN d’appeler à une grève générale en 1956 ?» sur «les purges dans les rangs messalistes et dans ceux du PC», sur «la véritable tête pensante de la Révolution» ou encore sur «comment écrire l’histoire, l’épopée de la guerre de Libération ?». Je refuse cela tout net pour des raisons… néphrétiques ! Pour une histoire de reins ! Le fait même que 55 ans après le déclenchement de la guerre de Libération il puisse y avoir des Algériennes et des Algériens réduits à vendre leurs organes pour que leurs enfants boivent un peu de lait m’interdit de prononcer, même du bout des lèvres, le mot «indépendance ». Chaque médaille décernée, chaque discours grandiloquent sur les batailles gagnées valeureusement, chaque diplôme frappé en son angle des couleurs nationales et du ruban de la République, chaque distinction doit être, à mes yeux, encoché, entaillé, balafré de et par ce fait indélébile, incensurable, impossible à cacher et sur lequel aucun décret officiel ne peut jeter de voile castrateur : en novembre 2009, des citoyens algériens vendent leurs reins pour ne pas mourir de faim. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L. 

Geste d’apaisement

Et en étant sensible aux arguments du ministre de l’Enseignement supérieur et de Sidi-Saïd, Ahmed Ouyahia permet au syndicat des universitaires proche de l’UGTA de reprendre la main sur ce dossier.

Le mois de juillet, le Premier ministre avait signé une directive instituant le gel des désistements concernant les logements des enseignants universitaires. La mesure, qui a certainement ses motivations, n’a pas été cependant du goût du Cnes qui n’a pas tardé à exprimer sa mauvaise humeur. D’autant plus que pas moins de 3 000 enseignants attendaient ces désistements pour devenir propriétaire de leur logement.

D’ailleurs, ce dossier fait partie des revendications du syndicat qui a eu à en discuter avec le ministre de l’Enseignement supérieur.

M. Harraoubia et le patron de l’UGTA ont pu finalement trouver les bons arguments pour convaincre Ahmed Ouyahia de revoir sa copie. Du coup, l’effet rétroactif de l’instruction signée le 9 juillet est annulé et seuls les logements octroyés après cette date ne seront pas éligibles au désistement. Tant pis pour les futurs bénéficiaires.

Et en étant sensible aux arguments du ministre de l’Enseignement supérieur et de Sidi-Saïd, Ahmed Ouyahia permet au syndicat des universitaires proche de l’UGTA de reprendre la main sur ce dossier. Mais par-delà cette guéguerre syndico-syndicale, il y a surtout lieu de se féliciter de l’heureuse issue qu’il vient de connaître.

C’est un geste d’apaisement qui ne manquera certainement pas d’impacter positivement le climat dans les campus qui sont actuellement sous la menace d’une grève générale à partir du 15 novembre à l’appel du Cnes.

Ce syndicat fera-t-il marche arrière maintenant que la rétroactivité de l’instruction est annulée ? Ce n’est pas si sûr car son premier responsable, tout en attendant “de voir” au sujet de cette instruction, explique que l’appel à la grève est lié à d’autres revendications, notamment le régime indemnitaire.

Par : Omar Ouali

Marge étroite : entre avantage compétitif et transfert de rente

L’Algérie et l’Union européenne (UE) sont finalement parvenues, l’été dernier, après deux ans de difficiles négociations, à un accord sur le dossier relatif au différentiel entre les prix internationaux du gaz nature (GN) et ceux pratiqués sur nos marchés domestiques. Cependant, l’annonce n’en a été faite par le ministre algérien du commerce que le lundi 26 octobre 2009 sous réserve d’une confirmation écrite de la part de la Commission de l’UE. Rappelons les raisons de la discorde.

Dès la fin de la décennie 1990, l’UE imposait déjà une taxation sur les engrais liquides exportés par la société algérienne privée Fertalge à partir de son usine d’Arzew. En 2007, l’UE reproche de nouveau à l’Algérie de subventionner le GN utilisé dans l’industrie pétrochimique et instaure de façon unilatérale une taxe de 13% sur les engrais exportés cette fois-ci par l’entreprise nationale Fertial. Il fallait donc attendre dix ans pour que les arguments algériens portant sur le fait que les prix du GN pratiqués n’étaient pas subventionnés, donc ne constituent pas une distorsion aux règles de l’UE sur la concurrence, finissent par être acceptés.

En effet, il a été démontré que ces prix couvrent bien les frais de l'exploration, l'extraction et le transport du GN et dégagent même une marge bénéficiaire suffisante pour les réinvestissements. Notons au passage l’effet collatéral positif que devrait produire cet accord avec l’UE sur la poursuite des négociations avec l’OMC qui butent toujours sur ce “double prix”. Cela étant réglé, il subsiste une autre vraie question algéro-algérienne, celle-là relative aux industries à haute intensité énergétique.

C’est celle des niveaux des prix du gaz fixés par décret, car il faut veiller aussi à ce que ces prix incitatifs de gaz naturel concédés pour stimuler les industries algériennes de la pétrochimie et celles des engrais soient certes attractifs, mais équilibrés de sorte qu’ils ne participent pas non plus à un transfert massif de rente et n’exercent pas une trop forte pression sur la gestion à long terme des réserves de GN.

Je vous invite à lire à ce propos le rapport 2009 de la Commission de régulation de l’électricité et du gaz (Creg) portant “programme indicatif d’approvisionnement du marché national en gaz 2009-2018” pour vous rendre compte de l’explosion de la demande domestique gazière qu’il faudra couvrir à cet horizon. Ainsi, selon le scénario moyen établi par la Creg, la demande nationale de gaz en Algérie va plus que doubler en une décennie, passant de 26,6 milliards de m3 en 2008 à 54,22 milliards en 2018. Toute la difficulté réside dans l’appréciation de la frontière entre le prix raisonnable et celui actuellement concédé aux opérateurs industriels, notamment étrangers et, faut-il le dire, au soutien de la facture énergétique des ménages.

Je formulerai plus directement la question : y a-t-il risque, ce faisant, de gaspillage et/ou de transfert d’une partie de la rente des hydrocarbures par cette utilisation intensive du fait de faibles prix au détriment des prochaines générations ? À la pression sur les prix s’ajoute donc une pression sur les quantités. Un débat transparent sur la gestion de cette double contrainte devra être initié. Sans attendre le réseau des algériens diplômés des grandes écoles et universités françaises Reage s’est invité, à juste titre, à ce débat en consacrant une table ronde énergie le samedi 7 novembre à Paris lors de son 1er Forum économique euro-algérien.

J’ai déjà, pour ce qui me concerne et pour alimenter la réflexion, deux observations à formuler sur les problématiques de cette table ronde. La première porte sur la question posée par les organisateurs sur “quel mix pour la production d’électricité en Algérie ?” Alors que la vraie question préjudicielle, en tout cas pour la prochaine décade, est celle du profil d’exploitation optimale de la rente gazière en agissant sur les quantités et les prix. Ma deuxième observation est de même nature : au lieu de la question “quelle place pour l’Algérie dans l’écosystème énergétique de l’espace euromaghrébin ?” qui est prospective, on aurait dû poser d’abord celle des systèmes datés et actuels d’approvisionnement gazier de l’Europe à partir de l’Algérie, notamment, et au passage, les difficultés rencontrées par exemple en Espagne.

Cela étant, nous ne sommes pas les seuls à considérer que la disponibilité du gaz naturel est un facteur compétitif pour développer certains segments industriels. Les Émirats arabes unis (UAE) s’inscrivent également dans cette démarche. Dans la page analyse du quotidien anglais Financial Times du 23 octobre 2009, Khaldoon al-Mubarak, directeur général du fonds souverain Mubadala, déclare que l’UAE se tourne vers les “industries à haute intensité capitalistique et à haute intensité énergétique” qui sont “les deux avantages compétitifs que nous avons”. Cela explique l’intérêt manifesté par Mubadala pour les projets pétrochimiques et électro-métallurgiques de la Sonatrach. Un partenariat gagnant-gagnant est toujours possible sous réserve, cependant, des limites indiquées plus haut.

Par : Mustapha Mekideche

Melrose Place vire deux acteurs et change de ton

Temps de crise pour l’un des remakes les plus attendus du monde de la série : Melrose Place. Même si la série a reçu une marque de confiance de la chaîne américaine CW la semaine dernière (5 épisodes supplémentaires ont été commandés), les audiences restent très mauvaises aux Etats-Unis et les producteurs semblent se dire que le seul retour d'Heather Locklear (Amanda) ne suffira peut-être pas. Du coup, la série va subir le départ de deux acteurs et l'atmosphère va évoluer dans la deuxième moitié de la saison, comme l'ont annoncé les producteurs exécutifs Todd Slavkin et Darren Swimme.

Les (quelques) fidèles de la série devront ainsi faire leurs adieux à Violet, incarnée par Ashlee Simpson-Wentz, et Augie, campé par Colin Egglesfield. Ils apparaîtront pour la dernière fois au mois de janvier 2010, et les producteurs révèlent que la mort de Sydney sera résolue en décembre. Mais du côté des producteurs, on annonce que tout cela était prévu dès l'origine. “On a toujours su que le mystère autour du meurtre s'arrêterait à l'épisode 12. Et on savait que les personnages de Violet et Augie seraient instrumentaux en tant que suspects. Et une fois le mystère résolu, ils partiraient. C'était ce qui était prévu dès le développement de la série”, assure Todd Slavkin.

Et ce n'est pas tout : ces deux départs vont annoncer un changement de ton dans la série. “Nous avions envie, une fois le meurtre résolu, que le ton de la série change et qu'on puisse proposer une série plus fun, plus romantique et énergique”. Le départ de Violet était logique, et celui d'Augie nécessaire, “son personnage d'alcoolique ne collait pas avec la nouvelle atmosphère que nous voulions créer”, explique Todd Slavkin, qui ajoute que “maintenant que les personnages ne sont plus suspects, ils peuvent s'amuser, se concentrer sur leur carrière sans ce nuage noir qui pèse sur l'immeuble. Mais c'est toujours Melrose Place. Il y aura toujours de l'intrigue dans la série”. Plusieurs nouveaux personnages feront donc leur arrivée, en plus d'Amanda Woodward, incarnée par Heather Locklear. “Il y aura un nouveau médecin à l'hôpital, drôle et irrévérencieux, qui va s'installer dans l'immeuble, et un compagnon potentiel pour le personnage d'Amanda, qui sera joué par Billy Campbell (Les 4400).

Il a un rôle dans trois épisodes”, précise Darren Swimmer… Affaire à suivre…

Par : Rédaction de Liberte

56 décès de la grippe porcine en Arabie Saoudite

Dangereuse conjonction

Depuis l’apparition du premier cas de grippe porcine dans notre pays, en juin dernier, jamais l’Algérie n’a été aussi proche d’une épidémie comme cette fois-ci. Ce risque est accentué par une conjonction d’au moins trois facteurs tous favorables à une contamination rapide. Le premier facteur tient au climat. Les services de la météorologie annoncent un retour du mauvais temps à partir de cette après-midi et c’est dans ces conditions climatiques que le virus de la grippe A/H1N1 se développe rapidement. Le deuxième facteur est lié au départ, aujourd’hui, de la première vague des hadjis aux Lieux Saints.

On sait très bien que le risque de contamination par le virus de la grippe A est accentué en Arabie saoudite où des cas mortels ont été enregistrés. Enfin, le troisième facteur est dû au fait qu’aucun Algérien n’a été vacciné, du moins officiellement. En juillet dernier, le ministre de la Santé, Saïd Barkat, avait annoncé que l’Algérie avait commandé 65 millions de doses de vaccin contre la grippe porcine.

A ce jour, on n’a rien vu de ce qui allait constituer, selon le ministre, le stock stratégique pour les deux prochaines années dans le cas où la pandémie perdurait. Maintenant que le risque est réel, maintenant que le virus de la grippe est dans les écoles, les ministères de la Santé et de l’Education nationale vont-ils continuer à travailler avec les mêmes méthodes adoptées jusque-là, avec les mêmes reflexes? Au moment de la rédaction de cet éditorial, le 3030, un numéro vert «mis en service» par le ministère de la Santé pour répondre aux préoccupations des citoyens, ne fonctionne pas.

Certes, l’Algérie est loin de la trêve pédagogique comme c’est le cas de l’Ukraine qui a procédé à la fermeture de toutes ses écoles en raison de la pandémie de grippe A (H1N1). On n’est pas dans le cas de la France qui est désormais passée au niveau 5 du plan national d’alerte ni dans celui de la Californie où son gouverneur a proclamé l’état d’urgence. L’Algérie est plutôt dans la logique de «cela n’arrive qu’aux autres». Alors qu’il est recommandé comme mesure préventive de se laver fréquemment les mains, l’eau manque dans certaines de nos écoles.

On n’a pas vu de camions-citernes défiler dans les établissements scolaires où les robinets ne coulent plus. Pour le savon liquide et les mouchoirs en papier on en est encore loin. Pourquoi alors attendre que le virus se propage pour réagir? Si jusque-là la grippe porcine n’a fait que contaminer les esprits par un matraquage médiatique orchestré avec la bénédiction des patrons de l’industrie pharmaceutique, aujourd’hui, cette maladie n’est plus une farce de mauvais goût. Lorsque les responsables de la santé publique sont avertis par l’OMS de l’imminence d’une paudémie qui a déjà causé la mort de milliers de personnes, ils n’ont plus aucune excuse.

Brahim TAKHEROUBT

Algérie : La grippe A se propage à un rythme effréné

La menace de la grippe A/H1N1 devient sérieuse et le gouvernement semble plus que jamais inquiet, notamment après la découverte de nouveaux cas au nombre de 14.

Au moment où le “fléau” commence à se propager à grande vitesse à travers le monde, avec des décès dans plusieurs pays, la panique prend le relais, notamment en Algérie qui décide d’intensifier son plan de protection contre le virus. L’alerte est donnée et le plan de sensibilisation initié par le ministère de la santé est plus que jamais mobilisé. Des spots publicitaires ainsi qu’un numéro vert : 30 30, sont à la disposition des citoyens.

De ce fait, le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a annoncé, dans un communiqué, quatorze nouveaux cas de grippe A/H1N1 confirmés samedi. Il s’agit en premier de deux ressortissants étrangers, à Oran, âgés respectivement de 41 et 28 ans.

Ces deux cas précise le communiqué “sont liés probablement à un foyer local de transmission du virus A/H1N1”. Un autre cas est signalé à Tizi Ouzou. Il s’agit d’un homme âgé de 57 ans récemment rentré de France. Cinq personnes à Médéa, une femme de 20 ans, un adolescent de 14 ans, un enfant de 12 ans, un autre enfant de trois ans et un bébé de 5 mois sont confirmés et habitent le même bloc d'habitation, ajoute le communiqué. Ce dernier fait état également de trois cas d'enfants à Beni-Saf wilaya de Aïn Témouchent. Âgés de 9 ans à 12 ans, ils sont “sans liens avérés avec les cas précédents”.

Trois autres cas ont été confirmés à Alger et il s’agit d’un adulte de 42 ans, rentré du Canada, d'un enfant de 9 ans, arrivé de France et d'une adolescente de 14 ans, “cette dernière étant un sujet contact d’un cas déjà confirmé”, précise encore le communiqué. “Dans l'ensemble de ces cas, les mesures médicosanitaires, prévues dans le plan national de lutte contre la pandémie de grippe A/H1N1, ont été initiées et les investigations épidémiologiques se poursuivent”, assure le ministère.

“Toutes ces personnes sont actuellement hospitalisées dans des services de référence et sont sous étroite surveillance médicale”, indique le communiqué qui dresse un bilan de 92 cas confirmés en Algérie au 31 octobre. “La répartition par semaine montre que le nombre relativement important de cas diagnostiqués la dernière semaine d'octobre est le précurseur d'une phase de circulation locale du virus A/H1N1”, note le ministère qui appelle “toute personne ressentant une forte fièvre, toux, courbatures, une grande fatigue (à) appeler le numéro vert (appel gratuit) 3030 ou consulter la structure de santé la plus proche”.

Enfin, le ministère de la Santé rappelle également que le respect de certaines règles d'hygiène permet de réduire les risques de transmission du virus de la grippe. D’autres informations supplémentaires en rapport avec cette maladie sont disponibles sur le site web du ministère: www.sante.dz.

Chérif Memmoud

Un jour banalisé de novembre

Que reste-t-il du 1er Novembre 1954 ? Rien ou presque, au plan de la forme chaque date anniversaire est un jour comme les autres, rien ne la distingue des 364 autres. En dehors de quelques manifestations dans la capitale, feux d’artifice la veille, et à travers le pays le traditionnel recueillement, le jour même, à la mémoire des martyrs de la guerre de Libération nationale, rien de plus pour échapper à la banalisation d’une date historique censée peser de son poids sur la conscience nationale.

Un état de fait qu’on ne peut que malheureusement déplorer, accentué par un désintéressement général vis-à-vis de l’histoire immédiate de l’Algérie. Quant à la « ferveur nationale », on la retrouvera dans le foot, plus exactement dans l’équipe des Verts et dans son parcours pour sa qualification à la Coupe du monde et pas dans la commémoration de la lutte armée du peuple algérien pour son indépendance.

« A qui la faute » ? D’abord au pouvoir politique depuis l’indépendance qui a vu dans l’acte primordial d’écriture de cette période de l’histoire, le moyen de sa légitimation au point d’en faire un instrument idéologique de domination d’un clan (ou de clans), à la tête de l’Etat algérien et de ses institutions. Depuis, rien n’a été officiellement fait pour prouver le contraire, ce processus ne fait que s’accentuer et le fossé s’élargir entre le peuple et ses dirigeants à travers cette « appropriation » exclusive de l’histoire.

Cette négation ou la manipulation des faits historiques et parfois leur occultation, n’ont fait qu’accroître ce désintéressement à l’égard du 1er Novembre 1954, toutes générations confondues ou presque. Comment s’étonner alors et crier au scandale quand des lycéens ont commis un acte jugé « blasphématoire » à l’égard de l’emblème national qui figurait dans un cadre accroché au mur de leur classe qu’ils ont outrageusement dénaturé et qu’ils n’ont sans doute voulu que que comme une simple blague de « potaches ».

Cela suffisait-il, en dépit des demandes de pardon de leurs parents, de leurs amis, à les faire condamner à un an de prison ferme, eux qui étaient mineurs et inconscients de la portée de leur acte ? C’est un peu comme s’il fallait aujourd’hui récriminer un jeune pour qui Didouche Mourad, n’est uniquement qu’une grande rue de la capitale avec des magasins chics !

La faute c’est d’abord à ceux qui n’ont pas appris aux jeunes et aux moins jeunes à aimer ce pays, son histoire, ses symboles, ses héros, comme sont adulés les Verts, les Ziani, Saïfi et autres que beaucoup attendent de voir accomplir l’exploit, le 14 novembre prochain.

Par Reda Bekkat