mardi 16 février 2010

Polémique et Saint-Valentin sur Ness Nessma

«Une société de liberté est une société où vous êtes libre d’être impopulaire sans pour autant que votre vie soit en danger.»
Adlaï Stevenson

La petite chaîne du Grand Maghreb, Nessma TV, continue de faire polémique sur ses choix éditoriaux. Ce n’est pas L’Expression qui le dit, mais la presse et la rue tunisienne, qui commencent à en avoir marre des sujets proposés par cette télévision sans programme défini. Ainsi, sur le site Tunisie-Scope, ils affirment que Nessma TV est seulement la 9e télévision la plus regardée des Tunisiens. Tout en reconnaissant que Ness Nessma est l’émission la plus regardée sur la chaîne du Grand Maghreb, le site tunisien affirme que par rapport à ce que les frères Karoui envisageaient depuis le mois de septembre, Nessma semble loin de ses objectifs en terme d’audience avant d’ajouter qu’elle est très loin de son slogan «Enass el kol eyahtarou bi Nessma».

Mais Nessma TV fait surtout débat et polémique dans la rue et surtout dans les forums sociaux comme facebook, qui dénonce le nouveau thème du questionnaire de l’émission de Ness Nessma: «Pour ou contre le sexe avant le mariage.»

Sur facebook, le groupe Tunisie, dénonce, preuve à l’appui, la vidéo, l’attitude de la chaîne. Il accuse, notamment la télévision des Karouis d’avoir changé la question du thème: En effet, la première question était soft et avait pour thème: «Etes-vous pour ou contre les relations amoureuses avant le mariage?». Après avoir réalisé des interviews avec la jeunesse tunisoise, le réalisateur du sujet a changé la question pour devenir: «Etes-vous pour ou contre le sexe avant le mariage?». Un des intervenants s’est senti piégé et a publié une vidéo sur facebook où il montre la supercherie. Ce dernier demande à tous les interviewés de réagir pour rétablir la véritable question.

La chaîne Nessma TV a, depuis quelques temps, adopté une rubrique et fait réagir les invités sur ce sujet. La rubrique consiste à poser une question sur la société maghrébine et lancer un questionnaire. Le résultat du sondage est donné en fin d’émission. Un sondage qui nous rappelle le fameux sondage que Al Jazeera avait lancé et qui lui attiré plusieurs problèmes avec certains pays dont l’Algérie. L’une des questions qui a fait polémique même au sommet des Etats maghrébins c’est: «Etes-vous pour ou contre le service national?» La question a suscité certaines réactions hostiles surtout que les informations annoncées dans le sujet étaient erronées.

Par ailleurs, on remarque que Nessma TV qui aspire à adopter les 90 millions de téléspectateurs maghrébins se trompe de société et se montre plus destinée à une élite ou une jeunesse branchée qu’à une société maghrébine multiculturelle et conservatrice. Pour preuve, la chaîne Nessma TV a été la seule télévision arabe et musulmane à adopter et à célébrer la Saint-Valentin, la fête des amoureux. Enfin, une satisfaction pour les Karoui, Nessma TV est, selon un site tunisien, la télévision la plus regardée sur Internet par les Tunisiens. Ça promet.

Amira SOLTANE

Un chemin de fer à trois rails

On connaissait le train classique qui roule sur deux rails en faisant tchouf tchouf, avec l’homme à la casquette qui siffle les départs et son fils qui vend des sandwichs immangeables pendant les arrêts. On connaissait aussi le monorail japonais qui glisse à grande vitesse sur un seul rail central, mais personne ne connaissait le chemin de fer à trois rails. Cette étrange construction est probablement l’image qui résume le mieux la situation d’aujourd’hui. Car après les scandales Sonatrach, Travaux publics, Algérie Télécom et autres entreprises des amis associés, le prochain à venir est, selon les experts en rapinologie, celui lié aux trains et voies ferrées, idées généreuses projetées à coups de milliards de dollars et impliquant de grosses compagnies étrangères.

Ainsi, selon l’image, il aurait été prévu trois rails : deux pour faire passer les trains et un troisième pour faire passer les commissions occultes. Le train à trois rails est une véritable invention nationale en ce sens que lorsque dans le monde les commissions – en dessous de la table – tournent autour de 10%, en Algérie, elles se situent autour de 30%. Soit un tiers, soit un rail sur trois, d’où la nécessité de construire des voies ferrées à trois rails pour en garder un pour soi.

Reste la difficulté de l’opinion publique : comment expliquer aux usagers et aux citoyens qu’il y a un rail sur lequel aucun train ne passe et dont l’utilité est a priori nulle ? Les décideurs ont réfléchi trois minutes et pensé qu’il fallait faire comme d’habitude, invoquant une vague raison d’Etat. Il y a bien des plages et des zones interdites aux citoyens, des bandes d’arrêt d’autoroute uniquement réservées aux députés et sénateurs, des ruelles publiques fermées parce qu’un ministre y habite et des quartiers interdits aux chiens et aux gens normaux. Pourquoi n’y aurait-il pas un rail interdit aux trains ?

Par Chawki Amari

Renoncement

«La première chose qui m’avait découragé dans ma vie, ce n’était pas la condition très modeste de ma famille, mais les conséquences qu’elle entraînerait par la suite. Je me suis vite aperçu, d’abord en écoutant Léo Ferré et ensuite en vérifiant ses dires dans l’expérience de tous les jours, qu’il ne suffit pas d’être intelligent ou de beaucoup travailler pour réussir. J’ai très vite compris qu’il fallait faire partie d’une famille, d’un clan, d’une meute, d’un parti.»

D’ailleurs, cite-moi un élève brillant qui ait fait une carrière percutante! Aucun. Tous ceux qui promettaient sont devenus d’obscurs fonctionnaires alors que des élèves moyens ont eu des carrières enviables. Tout cela parce qu’ils étaient d’une famille qui avait un de ses membres bien placé dans les rouages de l’administration. Je ne te citerai pas de noms, mais tu les reconnaîtras. J’ai connu quatre membres d’une même famille qui n’ont accédé à des postes de responsabilité que grâce au nom qu’ils portaient.

C’est comme l’histoire des navires qui suivent un brise-glace dans le Grand Nord. Le premier qui s’est installé à ouvert la voie aux autres qui n’ont eu qu’à suivre. En kabyle, je ne te l’apprendrai pas, on appelle cela, tailler «asalu», asalu étant un chemin nouvellement créé. Et je ne te parle pas des autres manoeuvres qu’il faut exécuter pour se tailler un chemin dans cette terrible jungle: les courbettes, la flatterie, l’obéissance aveugle et servile: cela m’aurait empêché de dormir.

C’est la raison pour laquelle j’ai préféré devenir enseignant: c’est mal payé, mais au moins cela n’attire pas la convoitise des autres parce que, justement, ce n’est pas un métier rémunérateur. Et j’ai refusé de devenir directeur d’un établissement parce que cela comportait des servitudes envers l’administration et les parents d’élèves. Je vendais tous les jours mon maigre savoir sans me casser la tête, rentrant à heures fixes à la maison et m’acquittant au mieux de mes obligations familiales, d’abord en tant que fils, ensuite comme mari et père de famille. J’estime que j’ai accompli le cycle normal de la vie comme la nature et la société m’y ont astreint.

J’ai rempli mon devoir biologique en procréant et mon rôle social en exerçant une profession utile et indispensable bien que mal rémunérée. La deuxième chose qui m’a fait sursauter, c’est le divorce qui existe entre le discours ambiant et la pratique quotidienne. Tu te souviens de l’enthousiasme qu’avaient soulevé les nationalisations de tous les secteurs économiques vitaux, les mines, les hydrocarbures, les banques, les assurances.

On avait supporté avec le stoïcisme des gens qui avaient du «nif» toutes les privations, les pénuries, les restrictions. Puis, un beau matin, sans crier gare, vous recevez sur la tête une nouvelle qui vous fait chanceler et qui pulvérise toutes vos illusions: au pays des autorisations de sortie et des restrictions de devises, un haut fonctionnaire s’est fait épingler par le Mossad à l’aéroport de Tel-Aviv. Selon radio-trottoir qui avait vite fait de répandre la nouvelle à une vitesse supraluministe, ledit bonhomme revenait d’un voyage privé effectué à Osaka, au Japon.

Le ciel m’était tombé sur la tête. J’ai même eu une collègue (que Dieu ait son âme) qui a pris son billet pour Paris. Elle n’est jamais revenue et elle est morte et enterrée là-bas. Voilà les quelques raisons qui m’ont poussé à suivre toujours le côté ensoleillé de la rue.

Selim M’SILI

«UE Airlines» ne fait pas de crédit !

Que les eurodéputés ne le prennent pas mal. Si le président de la commission européenne, José Manuel Barroso, a dépensé tant d'argent sur le dos du contribuable européen en 2009 c'est parce qu'il n'est pas chef d'Etat. En conséquent, il doit payer ses billets d'avion au prix fort. 

Avec soixante six voyages, dont une dizaine à l'étranger, faites vos comptes. Pas moins de 730 230 euros de frais de missions et de primes de représentation ont ainsi servi aux déplacements et aux séjours de M. Barroso. Avec ce tas de factures bien salées, les eurodéputés regrettent-ils déjà d'avoir plébiscité le Portugais pour un second mandat à la tête de la commission européenne ?

Il n'y a pas de doute, ces chiffres vont faire grincer des dents. Davantage en Grèce où le sauvetage financier que les pays dits «grands» de l'UE ne se fera pas en un claquement de doigts.

Clause stipulée par la chancelière allemande dont une majorité de concitoyens se sont prononcés pour une expulsion pure et dure de la Grèce de la zone euro. Mais mieux vaut ne pas aller vite en besogne et clouer les autorités d'Athènes au pilori, sur le vieux continent la récession n'est pas propre à ce pays. Ce, malgré son colossal budget de la défense qui engloutit à lui seul 4,3% du PIB.

Réélu à la tête de la commission européenne, grâce à la «coalition des hypocrites», comme aime à la nommer le député vert Dany Cohn-Bendit, Barroso consacra-t-il son premier voyage en Grèce pour ne serait-ce faire semblant de s'intéresser de plus près au conflit chypriote alors que le gouvernement d'Ankara s'est récemment inquiété du traitement réservé par l'Union européenne au dossier de la candidature turque à l'UE ?

Bien sûr que nul ne trouvera à redire sur combien lui coûtera ce déplacement, il y va de l'éternelle construction politique de l'Europe.

Car l'Europe sociale, tant promise à travers les discours enchanteurs par Barroso and co, est en train de sombrer quelque part dans un grand bazar du libéralisme.

S'il ne se rendra pas au chevet de la Grèce, où est-ce que le président de la commission européenne pourrait bien aller en ce début 2010 ? Des voyages à l'étranger, les plus longs courriers possibles, justifieraient mieux ses dépenses passées, non ? Chez les mollahs d'Iran qu'à présent Hillary Clinton assimile à des dictateurs sans foi et sans loi ?

En Irak où les partis laïcs sont exclus d'office des prochaines législatives, la démocratie à l'occidentale peine à trouver ses marques ?

En Afghanistan où les alliés de la coalition ne savent pas comment faire passer la pilule de la fraude massive à la dernière présidentielle qu'à travers de vastes offensives militaires ?

En Chine populaire qui envisage d'investir sept milliards d'euros en Corée du Nord pour obliger cet allié confirmé de reprendre le chemin de la négociation ? Quelle que soit la destination que Barroso choisira, les eurodéputés ne pourront que lui souhaiter un bon vol en first class.

Par Anis Djaad

Le parfum ou la rose

Ils y trouvaient sûrement leur compte, mais ça ne diminue en rien leur mérite. «Ils», ce sont de jeunes et moins jeunes qui ont redoublé d'effort pour mettre un peu plus d'éclat en ce jour béni de la Saint Valentin, trop émoussée par la discrétion et la difficulté.

L'occasion faisant toujours le larron, elle a aussi, une fois n'est pas coutume, fait de gais lurons dans les rues d'Alger et sûrement des autres grandes villes du pays. On les a vus, ces jeunes et moins jeunes, le panier de roses nonchalamment accroché au bras, allant vers les couples, le rire vrai et le verbe facile, les «inciter» à l'amour dont les fleurs proposées étaient bien évidemment le plus bel intermédiaire.

D'autres, plus entreprenants, avaient multiplié les offres. Des parfums, de menus bijoux et d'autres objets qui pouvaient bien faire l'affaire pour le cadeau de l'amour.

L'on ne saura sans doute jamais si vraiment ces boutiquiers de la rue avaient offert quelque chose à leurs femmes ou copines, mais on sait qu'ils ont déployé des trésors d'arguments pour que d'autres le fassent. Mais c'est déjà ça de pris chez cette humanité vivant de bric et de broc, dont on sait qu'elle cache en son ventre le meilleur et le pire.

Qu'on leur prenne une rose cellophanée ou un chaînon de toc, volontiers ou à l'usure, ils auront mérité leur journée et sûrement plus que ça. Pour vous avoir convaincu de mettre la main à la poche, dégrisé un instant fugace de votre vie ou simplement arraché un sourire de sympathie pour tant de persévérance. Ils ont du toupet, ces jeunes et moins jeunes au panier de la Saint Valentin, puisqu'ils vont jusqu'à vous faire la leçon.

Et ils savent s'y prendre, puisqu'ils vous demandent rarement d'acheter, mais simplement d'aimer, ou à la limite, offrir. Le parfum ou la rose, à moins que ne soit les deux.

Quand le soir venu, ils iront «bouffer l'argent des tulipes», comme le disait merveilleusement Nazim Hikmet dans l'un de ses poèmes, ils auront en plus le bonheur qu'en ce jour béni de la Saint Valentin, ils ont sorti le meilleur d'eux-mêmes.

Les autres, ceux qui ont mis la main à la poche, volontiers ou travaillés au corps, se souviendront de ce jeune exubérant qui leur a collé un petit quelque chose à offrir. La vie est faite aussi de ces petites choses-là. Le jour des amoureux et les autres jours.

Slimane Lahouari

Colonisation : Les Algériens exigent toujours des excuses de Sarkozy

Après le pétrole, le néant

À Oran, le ministre de l’Énergie a réinventé l’artifice de Boumediene, celui des institutions qui survivent aux hommes et aux évènements : “Les cadres partent mais les institutions restent, d’autres hommes et d’autres cadres sont là pour prendre la relève et continuent à travailler !”

Le scandale de Sonatrach, dont nous ignorons, pour l’heure, l’ampleur réelle, ne devrait susciter aucune inquiétude. Mais, surtout, aucun blâme à l’endroit des responsables du secteur énergétique.

“L’État perçoit des redevances et des rentrées financières importantes grâce à nous.” Sans plus de précision sur ce “nous” nourricier, Khelil insinue-t-il que le pays lui doit, à ce “nous”, sa relative santé financière ? Et que ce qui compte, c’est que “nous” est toujours là pour que l’Algérie puisse “percevoir des redevances et des rentrées financières importantes”. Les institutions – pérennes –, c’est donc “nous” !

Presque au même moment, un expert nous expliquait que l’Algérie était plongée dans une surconsommation frénétique de ses ressources en hydrocarbures. “Sonatrach épuise rapidement les réserves pétrolières du pays”, constate Mourad Prieure, directeur de son propre cabinet de Strategy Consulting.

On s’en doutait un peu, rien qu’à observer la communication de Sonatrach : il n’y en a que pour les périmètres “concédés pour la recherche et l’exploitation” et les découvertes de “nouveaux gisements”. Cette frénésie de l’exploration, de la perforation et du siphonage systématique du sous-sol national semble tourner au vampirisme minier sans que cela ne se traduise dans quelque mouvement de développement économique ou social de l’Algérie.

La recherche et le bradage du moindre filon minier sont devenus une raison d’État, ne laissant “nulle place où la main ne passe et repasse”. Le Hoggar s’est révélé prometteur en métaux précieux et son labourage a commencé ; il y a deux ou trois ans, le littoral était balayé par les spectromètres d’un bateau-laboratoire à la recherche d’éventuels gisements off shore… Comme pour rassurer sur la pérennité de la manne, le ministre confiait, dernièrement, que le nord du pays recelait ses gisements. Bientôt, on sondera le Jardin d’Essais.

À peine un projet de métro qui, depuis un quart de siècle, avance à une vitesse de limace, un autre d’autoroute qui se réalise en ligne discontinue et d’autres chantiers alibis avec presque chacun son lot de malversations par lesquelles s’échappe la rente pétrolière.

Les scandales financiers accompagnent le pompage soutenu des ressources souterraines, un peu comme si la prévarication constituait le premier effet de cette frénétique exploitation du sous-sol national.

Il y a donc de fortes chances qu’après le départ des hommes, les institutions restent, mais pas les ressources ! Il n’y aura alors pas beaucoup d’hommes pour remplacer les hommes, dans une Algérie sans pétrole, sans rente, sans “fonds spécial” pour “motiver” les cadres, et surtout sans développement.

Quand on aura vendu tout le pétrole et bu toute l’eau de la nappe phréatique, on aura réussi à créer un désert sous le désert ! Et avec un peu de malchance sous la mer et sous la plaine. La rente, c’est le contre-développement. Et le pays de l’après-pétrole que nous prépare le système rentier ressemblera à l’univers de Mad Max. Un désert pollué et parsemé de puits et de derricks désaffectés.

Par : Mustapha Hammouche

Même pas un mot de remerciement !

Selon Le Soir d’Algérie, 560 tonnes de thon relâchées en Méditerranée.

Et pas qu’en Méditerranée, les frangines !

Je trouve qu’Obama est un ingrat ! Un ingrat doublé d’un mufle. Et pas que lui, au demeurant. Sont aussi ingrats et mufles que lui les sénateurs du Maryland, de Virginie, du New Jersey, de Washington et d’un tas d’autres localités américaines. Comment ça se fait, ya aâdjaba ? Pas une lettre, pas une seule lettre de remerciements à l’Algérie ? Après tout ce qu’ont fait pour eux certains de nos compatriotes ? C’est une honte !

Alors que tous les Etats-Unis sombraient dans la crise financière la plus violente depuis le crash boursier de 1929, alors que des millions de foyers ricains se retrouvaient à la rue et des maisons somptueuses mises en vente mais ne trouvant aucun repreneur faute de liquidités, des Algériens courageux, téméraires et entreprenants, ont acheté, à tour de bras, quantité de maisons américaines de très haut standing.

C’est un peu, c’est même beaucoup grâce à ces Algériens-là, venus au secours de l’immobilier américain au bord du gouffre, que l’économie américaine a pu remonter la pente aussi vite. Pourtant, ces compatriotes qui se sont portés acquéreurs de bien immobiliers aux Etats-Unis n’avaient pas que ça à faire.

Pour nombre d’entre eux, ils ont des charges officielles lourdes ici même, en Algérie. Ils sont censés cravacher dur comme fer à booster l’économie algérienne en priorité. Malgré cela, malgré leur agenda harassant et leurs plannings démentiels, nos frères, nos honorables frères, ont pris sur leur temps hyperprécieux, ont pris sur eux pour investir dans le sauvetage de pans entiers de l’immobilier américain.

Et quoi ? Rien en retour ! Pas une petite bafouille de remerciements. Même pas un petit discours de reconnaissance contrite d’Obama au Congrès pour l’aide inespérée apportée par des Algériens à l’Amérique. Je suis déçu. Mais sûrement moins déçu que mes frères propriétaires au Maryland, en Virginie, dans le New Jersey et à Washington.

Eux doivent être sûrement traumatisés d’avoir placé autant d’argent dans une contrée peuplée d’autant d’ingrats. Oui ! Sûrement ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

Par Hakim Laâlam

L’économie et le juge

Le droit réserve bien des surprises aux politiques dans les Etats où la séparation des pouvoirs est une réalité tangible de la construction institutionnelle. Le gouvernement noir-jaune, de centre-droit (CDU-Parti libéral) d’Angela Merkel vient d’en faire l’amère expérience avec une récente décision de la Cour constitutionnelle basée à Karlsruhe (ouest) : dans un jugement rendu ce mardi, elle juge insuffisant, inhumain et, surtout, anticonstitutionnel, le régime d'allocations sociales dont bénéficient les citoyens allemands les plus démunis.

Les juges de Karlsruhe — la gardienne de la loi fondamentale allemande, qui fait office de Constitution — étaient saisis de trois cas de familles qui contestaient le barème des aides allouées pour leurs enfants, mais la Cour a souhaité élargir sa décision en statuant sur l'ensemble du système Hartz IV, l’équivalent allemand du RMI français Politiquement, la chancelière donne l’impression de s’en laver les mains : après tout, les gardiens de la loi fondamentale ont farouchement réagi à une réforme libérale de l'ancien chancelier social-démocrate, Gerhardt Schröder, auteur du système, généralement connu sous le nom de Hartz VI, et évincé du pouvoir en septembre dernier après quatorze ans de règne Cinq ans plus tard, les juges de la Cour constitutionnelle rejoignent ainsi, par un biais inattendu, les mouvements de grève contre ce système d’allocations, moins favorable, qui fusionne l’aide sociale et les allocations aux chômeurs de longue durée en un forfait mensuel de 359 euros.

Jusqu'à la réforme rouge-vert, les victimes du chômage bénéficiaient de trois dispositifs : primo, l'assurance chômage d'une durée maximale de douze mois (et de trente-deux mois pour les plus de 57 ans), financée par cotisations et calculée sur la base des derniers salaires ; secundo, l'assistance chômage (l'Arbeitslosenhilfe), une allocation de solidarité pour les chômeurs de longue durée, versée sans limite temporelle et financée par l'impôt ; tertio, l'aide sociale financée par les communes et calculée sur la base des besoins estimés (logement, chauffage, etc.). La principale disposition de la loi Hartz IV avait conduit à supprimer l'assistance chômage en la fusionnant avec l'aide sociale pour donner naissance à «l'allocation chômage II», plus couramment appelée Hartz IV.

C’est ce système que vient de mettre à terre la Cour constitutionnelle en considérant qu’il «est incompatible avec l'article 1, paragraphe 1, de la loi fondamentale», qui garantit «le droit à une existence digne», selon les termes de son président Hans-Jürgen Papier. Celui-ci ajoute : «Les règles en vigueur ne suffisent pas au regard de la Constitution. Ces règles sont inconstitutionnelles.» La Cour a jugé qu'il incombe à l'Etat de garantir à chacun «un minimum de participation à la vie sociale et culturelle» du pays.

Or, le barème actuel ne prévoit aucune activité socio-éducative pour les enfants Les juges ont estimé que le montant des allocations a été fixé «de façon arbitraire», sans «fondement méthodique». Ils ont cité en exemple l'absence d'un forfait pour l'achat de livres scolaires, de cahiers, ou encore d'une calculatrice. Les juges dénoncent le fait que le barème pour les enfants ne soit qu'un pourcentage du barème adulte (60 à 80 % selon l'âge, soit entre 215 et 287 euros) qui ne tient pas compte «des besoins spécifiques» comme des couches pour nourrissons ou des vêtements à renouveler pour cause de croissance Mon collègue et ami, Gero Neugebauer, professeur à l’Université libre de Berlin, dont j’ai sollicité l’avis à la lecture du jugement, me rappelle que «la Cour constitutionnelle a statué sur une mesure qui date de la coalition rouge-vert de 2004.

Le point particulier est l'allocation que perçoit de l’Etat une famille dont le père et/ou la mère est au chômage et qui compte en son sein des enfants qui vont à l'école. Habituellement, les sans-emploi reçoivent 359 euros, plus le loyer de l’appartement et 70 % de ce montant pour chaque enfant à charge. Le chiffre avait été fixé par le gouvernement. Ils ont passé en revue les statistiques et pris pour base l’allocation qu’un démuni perçoit en un mois diminuée de 20 %. De cette façon, l'enfant reçoit moins d'argent, mais sa situation particulière n’a pas été prise en compte, en tant que personne qui grandit, qui a besoin de biens spécifiques (livres, etc.) pour son éducation et d'autres choses, et dont une personne adulte peut se passer. La Cour a décidé que les enfants âgés de 6 à 16 ans devraient recevoir une attention spéciale ».

Mais au-delà des barèmes pour enfants, la Cour constitutionnelle a choisi de statuer sur tout le système Hartz IV, qui fut l'une des réformes majeures du gouvernement du social-démocrate Gerhard Schröder (1998- 2005) et probablement la plus controversée : l’année dernière, les tribunaux ont enregistré 194 000 plaintes. La Cour a donné jusqu'au 31 décembre 2010 au gouvernement pour qu'il repense son mode de calcul des allocations de façon «transparente et appropriée», et non plus «à l'aveugle».

Selon le jugement de la Cour constitutionnelle, le législateur doit, pour garantir un revenu minimum «humainement digne» (menschenwürdig), conformément à l'article 1 de la loi fondamentale, fixer des montants dont le calcul doit être fait sur la base de procédures «transparentes et appropriées» concourant à la prise en compte des besoins réels. Gero Neugebauer : «La Cour a blâmé la coalition rouge-vert parce qu'elle a perdu de vue des valeurs fondamentales de la social-démocratie — la justice sociale et la sécurité sociale — et parce qu’elle a eu recours à une méthode contestée de “tondeuse à gazon” : toutes les choses doivent être égales.

La conséquence la plus importante est, cependant, que le gouvernement est maintenant obligé de fixer, conformément à un critère, qui a été oublié dans la politique : la dignité humaine. » La méthode actuelle, qui repose sur des évaluations forfaitaires des besoins, n'est, aux yeux de la Cour, pas illégitime : elle consiste, à partir d'un panel de 60 000 ménages, à énumérer et à évaluer les principaux postes de consommation des 20 % des ménages les plus pauvres et à fixer des taux de prise en charge. Elle conduit à verser une allocation (hors suppléments pour le loyer et le chauffage) de 359 euros (2009) au chef de ménage et de 323 euros pour le/la conjoint(e).

Les conséquences financières de cette révision sont lourdes : 6,7 millions d'Allemands bénéficient des allocations Hartz IV pour lesquelles l’Etat a déboursé, en 2009, un peu plus de 45 milliards d'euros, une charge déjà lourde dans les comptes de la première économie européenne qui connaît son plus grave déficit de l'après-guerre. La ministre du Travail et des Affaires sociales, Ursula von der Leyen, acquiesce : «Ce jugement est incontestable et la société va devoir payer, c'est clair.» Selon les projections, si l'actuelle allocation de 359 euros par mois pour un adulte est relevée par exemple à 420 euros, il en coûtera 10 milliards d'euros de plus par an à l'Etat.

Sur le plan politique, la décision jouera comme un effet de recentrage : elle aiguisera les contradictions entre conservateurs et libéraux au sein d'un gouvernement déjà très divisé sur la question chérie de toutes les droites : les réductions d'impôts. Ainsi, le chef du Parti libéral et membre du gouvernement, Guido Westerwelle, a déjà mis en garde contre les «risques de décadence» liés à une «société d'assistance». Par contre, les organisations sociales ont applaudi la décision de Karlsruhe, comme la confédération syndicale DGB qui réclame «un programme contre la pauvreté. »

Pour sa part, le porte-parole du ministère des Finances, Michael Offer, est plus serein : il estime que le jugement de Karlsruhe n'impliquerait «pas nécessairement» une augmentation des aides : le jugement ne dit rien de la hauteur des barèmes (futurs), il exige seulement un calcul transparent et «on ne peut pas prédire les conséquences financières ». L'arrêt de la Cour soulève, en effet, une question récurrente, pas nécessairement propre à l’Allemagne, liée au mode de fixation du seuil de pauvreté et, conséquemment, des barèmes requis pour la contenir.

C’est ce que les statisticiens connaissent sous le nom des échelles d'équivalence de revenu, avec pour paramètres fondamentaux la composition des ménages et le poids respectif des membres de la famille. La première idée de base est que des personnes réunies sous le même toit réalisent des économies d'échelle dans la consommation (elles ont besoin d’une seule cuisinière, d’un seul chauffage, par exemple), qui permet à la personne supplémentaire de subvenir à ses besoins à moindre frais que si elle vivait seule. L’autre idée, soulignée par l’arrêt, est que les besoins varient avec l'âge.

Par Ammar Belhimer

Le mépris des médiocres

Deux corps très sensibles du pays, l’éducation nationale et la santé, sont très malades. Ils souffrent tous les deux de grèves récurrentes qui ont un impact négatif sur la société. Dans les deux cas, ce sont des revendications salariales qui sont à l’origine du malaise. Nos enseignants vivent dans des conditions exécrables avec des retraites misérables, ce qui se répercute très négativement sur la qualité de l’enseignement et, par voie de conséquence, sur le niveau des élèves. Depuis des années, ils ne vivent que de promesses, ce qui fait qu’ils ne font plus confiance au Pouvoir, lequel est fermé au dialogue et, surtout, n’aime pas agir sous la contrainte.

Malheureusement, si le problème n’est pas réglé rapidement, l’année blanche sera inévitable. D’ores et déjà, les élèves sont perturbés par ces mouvements de grève et par un système d’enseignement qui a fait d’eux des cobayes. Le cas des praticiens de la santé est encore plus dramatique. Ils sont plus que méprisés par les dirigeants de ce pays. Ils sont les plus mal payés de tout le Maghreb, au point qu’on trouve des spécialistes de qualité qui n’ont même pas de logement. A cause de la politique gouvernementale, la médecine algérienne, qui était performante et respectée dans les milieux médicaux internationaux, est désormais à la traîne à cause des conditions de travail offertes.

Un ministre de la Santé des années 1990 a même reconnu que nos hôpitaux sont devenus des mouroirs. Humiliés, nos médecins trouvent du respect hors des frontières et ils font le bonheur des hôpitaux de France et d’ailleurs ; ceux qui sont restés, mus par l’amour de leur patrie, demandent au moins le minimum vital et un peu de considération. Malheureusement, la réponse est celle d’un pouvoir intolérant, qui n’admet pas la contestation sociale parce qu’elle risque de prendre des tournures politiques avec des risques pour la survie du système.

Ne connaissant que la violence comme moyen de négociation, les gouvernants sont allés jusqu’à bastonner ce qui nous reste comme symboles de science et de savoir. Il est vrai que ce système n’aime pas les hommes compétents et intègres et préfère baigner dans la médiocrité. Pourtant, l’Etat a les moyens de répondre à des revendications légitimes, surtout que nos hôpitaux subissent depuis deux mois des contrecoups dramatiques. Il est vrai que ce Pouvoir préfère le clientélisme. Il aime entretenir des structures budgétivores qui ne servent guère l’intérêt national et ce, pour se donner une façade démocratique. L’intérêt supérieur de l’Algérie, son avenir, ne font pas partie de ses soucis.

Par Tayeb Belghiche

Défilé de personnalités officielles et de parlementaires américains en Algérie

Mamelle sacrée

Le pétrole et le gaz, richesses non renouvelables qui constituent la mamelle nourricière sacrée des Algériens, sont malheureusement en train d’être bradés.

Les affaires de corruption qui viennent d’éclabousser le géant Sonatrach ont, quelque part, quelque chose de bénéfique. Ce scandale, car c’en est un, en plus des interrogations que le citoyen se pose et du degré des implications au sein des décideurs, renvoie à la politique énergétique menée par l’actuel ministre du secteur. Ce dernier maintient mordicus que sa stratégie est la bonne. Pour preuve, les réserves de change en surliquidités.

Ce raisonnement trop facile ne va pas jusqu’au bout de la problématique. Pour un baril vendu, quelle est la part qui revient aux majors compagnies ? Et si le marché n’était pas aussi juteux jusqu’à en arriver aux empoignades, l’investissement étranger dans ce domaine connaîtrait le même sort que celui réservé aux autres secteurs. C’est à dire : rien si ce ne sont des promesses.

Le pétrole et le gaz, richesses non renouvelables qui constituent la mamelle nourricière sacrée des Algériens, sont malheureusement en train d’être bradés, même si c’est au prix fort, à des pays émergents qui les utilisent à la vraie création de richesses (recherche, technologie, know how, emplois) qu’ils nous revendent clés en main. Nous avons, à vrai dire, une politique énergétique dont le seul à s’en vanter reste le ministre de tutelle après qu’il eut échoué dans la privatisation de ce patrimoine de tous les Algériens même si le nombre inconsidéré des concessions cédées le réconforte quelque peu auprès des multinationales. C’est presque une privatisation qui ne dit pas son nom.

Nombre d’observateurs ont essayé de tirer la sonnette d’alarme à commencer par l’ancien Premier ministre, Ahmed Benbitour, qui se désolait de l’existence d’un peuple pauvre dans un pays riche. Effectivement, la rente pétrolière, expression entrée dans l’usage, ne profite pas à la création de richesses. On ne voit pas venir, par exemple, un tissu de PME/PMI autour de ces deux produits.

L’aval a pris le devant sur l’activité amont et la vente du brut de façon déraisonnée amenuise rapidement les réserves et nous rend tributaires des produits finis que l’Algérie achète grâce aux recettes de ce même brut.

Si cela était compréhensible dans les années 1970/80, il est aberrant que l’on continue aujourd’hui d’alimenter en énergie les usines étrangères qui fabriquent pour nous des produits finis, sans haute technologie, que l’initiative algérienne peut prendre en charge pour peu qu’on lui fasse confiance.

Par : Outoudert Abrous

dimanche 14 février 2010

La fatalité de Métis

Je crois que le mythe de Métis est toujours à méditer. Métis signifie en grec ancien, quelque chose comme «la ruse, le conseil». Cette Océanide, fille de l’océan, est présentée par Hésiode (poète grec du VIIIe siècle avant J.-C., environ vers -700. auteur entre autres de les Travaux et les jours), dans les écrits duquel elle apparaît la première fois, comme celle «qui sait plus de choses que tout dieu ou homme mortel».

Elle personnifie à la fois la sagesse et l’intelligence rusée. Magicienne, elle fut la première femme de Zeus. Les dieux avaient la fâcheuse habitude d’avaler tout bonnement celles et ceux, humains ou dieux, qui les contrariaient. Métis reçut ainsi la mission de son époux, Zeus, de préparer une mixture vomitive destinée à Cronos, le maître du temps, fils d’Ouranos, le ciel, et de Gaïa, la terre, afin qu’il régurgite les enfants qu’il avait avalés. Cela fait, Cronos fut détrôné par eux puis jeté dans les profondeurs du Tartare.

C’est Zeus, son fils, qui le remplaça sur le trône au terme de ce qu’on appellerait un coup d’Etat. Mais tandis que Métis était enceinte d’Athéna, Ouranos et Gaïa, les grands-parents en quelque sorte, prévinrent Zeus que son épouse allait accoucher d’un fils qui le détrônerait comme lui-même avait détrôné Cronos, son père, perpétuant ainsi l’héritage familial du coup d’état. Pour enrayer cette fatalité de devoir perdre son trône du fait de son propre fils exerçant la force brutale, Zeus résolut le problème à la source.

Ni d’une ni de deux, il avala la mère. Comme ça, au moins, il savait où elle se trouvait. Ce fut pour lui tout bénéfice car outre le fait d'empêcher la venue au monde du tyran putschiste, il réalisa un placement. Du fond de ses entrailles où désormais elle aurait ses appartements, Métis allait aider le maître de l’Olympe à discerner entre le bien et le mal. Mais les choses ne se passent jamais comme on les prévoit.

Même les dieux sont contrariés. Métis incarcérée dans ses boyaux, il fallait bien que l’enfant sorte de quelque part. Quelques mois plus tard, alors qu’il se trouvait au bord du lac Triton, Zeus ressentit de violents maux de tête. Il fit quérir le dieu forgeron Héphaïstos ou Prométhée, selon les auteurs. Zeus reçut un coup de hache qui lui ouvrit le crâne d’où jaillit Athéna armée d’une lance et d’un bouclier en poussant un cri de guerre qui, depuis, n’a jamais cessé de retentir chez les humains.

C’est que Métis avait conçu sa fille en même temps que son armure. Et c’est armée de pied en cape que naquit celle qui allait devenir la déesse de la guerre et de la sagesse. Elle rejoignit bien entendu par hérédité l’Olympe où elle occupa une place privilégiée, celle de favorite de son Zeus de père. Tout comme ce dernier, elle eut entre ses mains l’égide et l’usage du bouton atomique d’alors, c'est-à-dire le lancement de la foudre et du tonnerre. Pourquoi Métis et maintenant ?

A vrai dire, je ne sais pas trop. Une sorte d’intuition de la nécessité de revenir aux sources mythologiques pour mieux comprendre cette espèce de farce de l’Histoire qui se répète. On n’aura rien inventé, évidemment. Réfléchir, c’est sans doute interpréter ou, encore mieux, changer le monde qui se construit sur ce qui est déjà en place depuis le début. Métis est un double symbole : celui de la ruse et de la sagesse, de même que sa fille Athéna est celui de la guerre et de la paix et de bien d’autres choses encore.

Cette tradition des pères qui mangent leurs enfants pour n’avoir pas à être destitués par eux est une des permanences de l’histoire politique de l’humanité. Avaler. Ingérer. Bouffer. Manger. Mastiquer. La symbolique de la disparition par l’assimilation, qui est un processus digestif, marque l’histoire du pouvoir. Car c’est bien de ça qu’il s’agit. Ah, le pouvoir. Depuis que les hommes ont compris qu’avoir le pouvoir sur l’autre est une façon de ne pas l’avoir sur soi, la lutte est devenue féroce.

Aucune histoire de pouvoir, de quelque taille que ce soit, quelque communauté qu’elle concerne, n’échappe totalement à la fatalité de Métis. Prévoir et prévenir sont à la fois antagoniques et complémentaires. La ruse et la sagesse sont parfois les deux faces de la même stratégie de pouvoir. Quand on le prend par la force ou par la ruse, on le perdra de la même manière même si l’on enterre la mère du putschiste au fond de soi.

C'est-à-dire là d’où rien ne sortira sans qu’on le sache et le veuille. Qui est Métis et qui est Zeus et qui avale qui dans notre fiction nationale ? Etant mythique, Métis peut ne pas être féminin, bien entendu. La suite, chacun la construira comme il lui convient. C’est l’avantage et l’inconvénient de la fiction. Elle sort de l’imaginaire et s’adresse à lui. Parfois, bien entendu, elle rencontre la réalité et elle l’épouse. Mais c’est rare. Métis doit être encore au fond des boyaux d’un Zeus qui ne souffre pas de maux de tête.

Par Arezki Metref

L’Entv bat Al Jazeera Sport

«Les sondages ne votent pas, ce sont les gens qui votent.»
Hillary Clinton "Extrait de la campagne électorale 2000"

Suite à la publication d’une chronique sur le sondage de Sigma en Tunisie (qu’un petit site électronique éco croit détenir en toute exclusivité), l’agence Sigma nous a envoyé par correction et par un mail, le sondage concernant les audiences de l’Entv pour l’année 2009. Nous nous sommes intéressés aux chiffres des audiences des matchs de la CAN 2010. Or, à la surprise générale et malgré la mauvaise qualité du commentaire de Aït Athmane, l’Entv a battu Al Jazeera Sport dans le taux d’audience des matchs de la Coupe d’Afrique des Nations en Angola. Selon ce sondage envoyé par l’agence de communication Sigma, la Télévision algérienne a réalisé des chiffres importants par rapport au groupe Al Jazeera Sport qui investit des millions de dollars pour acquérir les droits de diffusion.

Ainsi, selon les chiffres de Sigma, le taux d’audience du match Algérie-Malawi était de 80% pour l’Entv avec un taux de pénétration de 64%. Le second match de l’Algérie a été suivi par 96% des Algériens avec un taux de pénétration de 67%. Le sondage de Sigma ne donne les chiffres d’audience d’Al Jazeera Sport qu’à partir du match contre l’Angola où l’Algérie avait réalisé un bon score, puisque 41% des Algériens ont suivi le match sur la chaîne terrestre ou A3 contre 37,7% sur Al Jazeera Sport.

Le match Algérie-Côte d’Ivoire, qui est considéré comme le meilleur match de l’Algérie, a été suivi par 55% sur l’Entv et 41% sur Al Jazeera Sport, soit un taux de suivi de 95% sur les deux chaînes arabes.

Le match capital de l’Algérie contre l’Egypte a été suivi par 55% sur l’Entv contre 41% sur Al Jazeera Sport. Le taux de pénétration était de 51% pour l’Entv contre 38,7% pour Al Jazeera Sport. Même si l’agence Sigma ne donne pas les chiffres d’audience du match Algérie-Nigeria, il n’empêche que 21% des Algériens ont suivi le match sur l’Entv contre 66,3% sur Al Jazeera Sport avec un taux de pénétration de 24% contre 10,3% pour l’Entv.

Ce sondage qui utilise la technique des carnets d’audience pour mesurer l’audience des médias audiovisuels, a interviewé en Algérie un panel de 600 familles habitant dans les régions d’Alger (300), Oran (150) et Constantine (150), avec le suivi de l’audience de 5 membres dans chaque foyer pendant une semaine par mois. Mais ce sondage ne donne pas le nombre de foyers possédant un démo numérique et ne précise pas si le match a été suivi sur la chaîne terrestre ou sur la chaîne A3.

Il faudrait également rajouter à ces chiffres les taux d’audience des Algériens vivant à l’étranger qui ont pour la plupart suivi les matchs de l’Algérie sur Al Jazeera Sport. Mais il était important de donner ces chiffres pour avoir un aperçu sur le taux de suivi des matchs pour avoir une idée de l’audience de l’Entv. La prochaine Coupe du Monde verra à coup sûr, une bataille acharnée entre l’Entv et JSC du groupe Al Jazeera, sur le taux d’audience dans le monde arabe. Affaire à suivre. Merci Sigma!

Amira SOLTANE

Il fait froid mais il y a plus grave

Il fait froid sur les hauteurs et même un peu plus bas. Les basses températures ont leurs faux dévots qui s'accrochent encore à quelques images d'un romantisme ringard mais toujours tenace. Ils ont même le droit d'être ringards, les romantiques. Mais ils ont surtout les moyens.

D'aller exposer des poitrines protégées de laine et de cuir au vent glacial face à la mer. De voir regarder les vagues en furie s'écraser sur des rochers qui leur renvoient des gouttelettes salées sur des pans de visage ignorées par les écharpes soyeuses. Il fait froid dans leurs têtes mais ils ne le savent pas. Ils vont alors défier la montagne, sur le toit de leurs véhicules des skis inutiles et d'autres objets saugrenus.

Il n'y a pas assez de neige pour le grand slalom mais assez pour la grosse frime. Alors, les faux dévots prennent d'assaut les hauteurs à défaut de prendre de la hauteur.

Ils mettent le pays profond et vrai dans leur dos et partent en escalade. Au bout, il n'y aura que les restes de barbecue toujours brûlé faute de savoir-faire et la hâte de rentrer à la maison parce qu'il y a plus de chance d'être vu sur la route ou devant le garage que sur des pistes factices d'une poudreuse rachitique. Il fait froid sur des hauteurs orphelines de gibier de bois sec et de vin chaud.

Les riches ringards savent rentrer à la maison quand plus personne n'accorde un regard à leur exhibition. Retrouver des rideaux aux couleurs de maison clause et leurs cheminées en stuc de pacotille où le chêne n'a jamais brûlé. Ils s'enferment, s'empiffrent de plats sans saveur en regardant sur leurs écrans plasma un cinéma de dernière zone avant de ronfler dans leurs cauchemars chroniques. La tête désertée par le rêve et le ventre inconnu du courage des hommes.

Demain ils recommenceront si le mercure ne remonte pas. Ils iront défricher d'autres champs de ridicule et polluer les travées de la vraie vie.

Il fait encore froid dans leur tête et ils ne le savent toujours pas, occupés qu'ils sont à couvrir leur dos au lieu de libérer le soleil obstrué par leur carcasse. Ils reprennent le chemin de la mer qui ignore leurs défilés d'ignares endimanchés et leurs plastronnades de parvenus chapardeurs.

Et la montagne les regardera de haut comme elle a toujours regardé ceux qui manquent d'égard à ses neiges éternelles. Alors, ils retourneront encore s'enfermer comme s'enferment ceux qui n'ont ni mer ni montagne. Mais ils recommenceront encore. Il fera toujours froid dans leur tête et le mercure n'y est pour rien, qu'il monte ou qu'il descende.

Slimane Lahouari

La rose et la baïonnette

Au royaume wahhabite, le gouvernement de Ryad voit tout en rouge. A tel point qu'une campagne nationale anti-St Valentin a été lancée contre les boutiquiers qui oseront exposer des produits en lien avec la fête des amoureux. Cependant, les Saoudiens pourront toujours se consoler avec ce cadeau qui leur vient d'ailleurs. 

De l'autre côté de la frontière, un cessez-le-feu bilatéral a été décrété par les autorités de Sanaa et les rebelles chiites. Malgré le signalement de sporadiques violations de cette trêve, disons que le Yémen est sur la bonne voie. En attendant la paix qui ne pourra voir le jour qu'avec le désarmement total de l'armée d'El Houthi.

D'ici à ce que la direction politique de ce mouvement armé (reconnu pour être à la solde des mollahs d'Iran) accepte cette «solution finale», il se trouvera bien des capitales qui se précipiteront à saluer ce calme précaire au nord du Yémen.

Tout naturellement, les Saouds qui ne voudraient pas payer le prix de l'élargissement de la suprématie iranienne dans la région par la voie de la déstabilisation frontalière. Viennent ensuite les pays dits «modérés» du Golfe qui craignent un effet contagieux sur leurs minorités chiites respectives.

Les gouvernements concernés peuvent dorénavant dormir sur leurs lauriers, l'Etat hébreu ne s'oppose plus au fait qu'ils puissent s'approvisionner en armes auprès des Etats-Unis. Enfin, parmi les plus heureux au sujet du fragile cessez-le-feu au Yémen, les Américains et les Britanniques.

Il faut dire que Washington et Londres ont mis le paquet pour que soit menée à distance une guerre préventive contre Al Qaïda Yémen.

Serait-elle plus facile à conduire sans les interférences de la rébellion chiite ? Le Royaume-Uni qui ne sait plus comment arrêter la tourmente dans laquelle se trouve le MI5 à propos d'un ancien détenu torturé à Guantanamo et les Etats-Unis qui maintiennent la rencontre Obama-dalaï-lama dans le froid pékinois en seraient convaincus. Les autorités militaires yéménites se concentreraient mieux sur le seul front de lutte anti-djihadistes.

D'autant que toutes les aides financières allouées par la puissante alliance occidentale y seraient entièrement consacrées.

Mais le tandem Obama-Brown est-il au moins courant que leur allié yéménite, nouveau pays pivot dans la lutte antiterroriste, n'a pas que les sbires de Ben Laden à éliminer ? Il est tenu à tout (re)construire et une misère chronique à éradiquer s'il ne veut pas que son territoire soit cartographié parmi ces terreaux favorables au djihadisme international.

Avec la mauvaise stratégie du tout militaire, opérée en Afghanistan, l'Occident a dû se rendre compte depuis que les tanks ne suffisent pas à réinstaurer la stabilité.

Avec Al Qaïda Yémen, dont les chefs ont la farouche ambition de contrôler le détroit stratégique de Bab El Mendab, entre Golfe et mer Rouge, les puissances occidentales ne sont que mieux averties. Bonne fête des amoureux et mieux vaut la rose à la baïonnette !

Par Anis Djaad

La prophétie 14 bis

Retrouvé presque intact aux abords du lac mort de Sidi Bala, dans l’ouest du pays, ce rouleau de papyrus usé et estampillé Tonic Emballage daté de 10 033 ans, selon les premières estimations de Slimane Hachi. Il y est inscrit, à l’encre fine et bleue, dans un ancien berbère aujourd’hui disparu, la prophétie 14 bis qui annonce la dernière heure. D’après la prophétie de Sidi Bala, la fin du monde, en Algérie, surviendra un vendredi en début d’après-midi, au moment précis où les premiers chouay ouvrent. Quelques mois avant, des signes avant-coureurs de la fin des temps le pays aura montré. Parcourront le pays par secousses de petits séismes et des émeutes de gens jeunes.

Fera fondre les ânes une chaleur intense, ainsi que feront fondre les ardents rayons du soleil les vieux, les réserves de change et les stocks de mayonnaise. Corrompu tout le monde sera et les bébés vivants vendront le lait maternel pour quelques dollars. Fanatique la population sera un baril d’or placé à El Mourad, elle adorera. Après la disparition de Petit Le 3, un grand sergent, Djoudj le major, au pouvoir arrivera par le biais d’élections sur Facebook triomphera.

L’Algérie et l’Egypte ne feront qu’une seule terre de sable où, munis de ses enfants, de pelles et de seaux, l’Américain jouera. Le pays dans le chaos, le vol et la rapine sombrera. Ne saura le ministre de l’huile noire, ne parlera le chef du grand clan et ne verra le vizir des justices. Le jour de l’heure, une grande explosion s’entendra et sur le pays tout entier déferlera, le village d’Abizar restera.

Sur le papyrus de Sidi Bala, par contre, il n’a pas été possible de retrouver la date exacte de la fin du monde telle que décrite par la prophétie 14 bis. Le jour de la fin du monde n’est pas daté, mais comme tous les projets sont en retard dans le pays, il est très possible que la fin du monde soit reportée indéfiniment. Comme un vulgaire métro.

Par Chawki Amari

La corruption durable

“Il y a plusieurs types de corruption : détournement, vol, favoritisme, délit d’initié, etc.” C’est Belkhadem, ministre d’État représentant personnel du président de la République qui parle. L’ancien instituteur de Tiaret en est, apparemment, au niveau de la recherche sur le sujet. L’effort méthodologique n’est pas inutile. De sa typologie de la corruption découle une première implication concernant la démarche de traitement du phénomène : “Si c’est un vol, il faut le traiter comme tel ; si c’est du favoritisme, il faut le traiter comme tel, et ainsi de suite.”

Seconde implication de cet effort darwinien de classification : “Le sujet est trop sensible pour être traité aussi précipitamment. Il faudrait au préalable le mûrir et approfondir le débat avant d’adopter un quelconque texte”, dit le ministre. Autrement dit, le projet de décret hâtivement concocté par le Premier ministre ne convient pas à une question aussi subtile. Tant qu’on n’a pas saisi la complexité du sujet, il faut le laisser… aux “spécialistes”, préconise-t-il.

Aux “experts”, pour paraphraser le titre d’une fiction télévisuelle actuellement en vogue. Pour soutenir l’argument “scientifique” et jeter la suspicion sur le projet de décret prêté à Ouyahia, Belkhadem fait le parallèle entre la conjoncture “qui prévaut depuis quelques jours” et “celle de 1998”. À raison, parce que la sortie de l’impasse créée, à l’époque, par une chasse aux sorcières d’inspiration politique avait ultérieurement nécessité une intervention politique. Mais à tort aussi, parce que l’offensive ne concernait que les dirigeants d’entreprise et tenait à un motif différent et juridiquement aberrant : “la mauvaise gestion”.

Ce qui semble le plus préoccuper Belkhadem, ce n’est au demeurant pas les poursuites, même dans la précipitation, contre les corrompus, mais la “suspicion généralisée” – vers le haut, surtout. “(…) À ce stade pénal, la responsabilité est individuelle. On ne peut évoquer la responsabilité morale ou politique qu’après que la justice eut fait son travail”, dit-il, rejoignant ainsi, et sur l’essentiel, Ouyahia qui avait préconisé la même circonspection. Il n’y a que le sens de l’humour de Belkhadem pour l’autoriser à demander aux Algériens d’attendre de la justice “indépendante” qu’elle leur présente les responsables politiques du pillage national.

D’ailleurs, on peut conclure avec Belkhadem, toujours, que “les scandales ont toujours existé et (que) rien ne dit qu’ils n’existeront pas encore”. Non, rien ne dit qu’ils disparaîtront, voire qu’ils diminueront ! Et c’est le ministre encore qui nous en donne la preuve : “Même lors des élections parlementaires aux Assemblées nationales, il y a eu des cas de corruption, de l’argent sale.”

C’est vrai : peut-on croire, en effet, qu’un personnel politique qui fraude et corrompt les électeurs hésitera à falsifier les comptes et à corrompre les partenaires économiques ?
Khelil vient de nous apprendre que le nord du pays recèle aussi des gisements d’hydrocarbures. Oui, les scandales existeront toujours. Même lorsque l’immense Sahara sera asséché. En se renouvelant, nos ressources non renouvelables entretiendront la durabilité de notre corruption. Et de notre système.

Par : Mustapha Hammouche

Ambition

«La mémoire est quelque chose de très utile! Elle sert à rentabiliser les expériences des autres», avait repris Noureddine après une courte pause. Les lectures, comme les discussions à bâtons rompus, étoffent l’individu. Et moi, dès que quelque chose me plaît ou me choque, je l’enregistre automatiquement. Je me suis aperçu que l’intelligence ne suffisait pas pour traverser cette courte période qu’on appelle la vie et qui est échue à chacun de nous. Il n’y a pas longtemps, un de nos anciens camarades avait écrit, dans un hommage rendu à un patriote injustement emprisonné, cette phrase: «Les injustices, à défaut de voyages, forment la jeunesse, puisque ceux qui combattent sont toujours jeunes.»

La formule est adéquate sur les deux volets qu’elle présente: les injustices ouvrent les yeux de ceux qui sont bercés par l’effet du matraquage de la propagande à laquelle on les soumet et ensuite, la lutte ou l’esprit combatif entretient la forme ou ne se laisse pas aller. Je ne sais pas bien qui de Courteline ou de Tristan Bernard, qui dénonçaient les vices de la bureaucratie de la IIIe République, avait fustigé les beni- oui-oui, les arrivistes, qui sont parvenus à des situations enviables grâce à la courbure de leur échine: «Il est arrivé! Mais, dans quel état!» Moi je n’ai jamais eu envie d’arriver.

Le manque d’ambition est un défaut impardonnable chez nous. On ne conçoit pas que les gens aient des caractères différents: il y en a qui traversent la vie en chantant, une fleur à la boutonnière et il y en a d’autres qui filent à toute vitesse, veulent gravir des montagnes, font tout pour accumuler des richesses. Ils ne jettent pas un coup d’oeil sur la beauté des paysages qui les entourent. Ils ont l’oeil rivé sur les chiffres de leur compte en banque et épuisent leurs neurones à inventer des stratagèmes ou des combines pour accélérer le mouvement. Alors, ils perdent tout repère!

Pourquoi se donner tant de mal quand on sait que tôt ou tard, cela finira. Mal ou bien, cela finira de toute façon. Mais comme disait un de mes professeurs en citant un écrivain: «On n’a jamais vu un corbillard suivi d’un coffre-fort.» Un autre, directeur d’école de son état, confronté aux innombrables problèmes que pouvait connaître un établissement de l’enseignement primaire, après avoir connu une longue période de dépression nerveuse-tu sais que la dépression nerveuse est la maladie qui frappe souvent les enseignants- m’avait déclaré au sortir du brouillard où l’avaient précipité les divers ennuis: «Je vais désormais avoir une vision cosmique des choses.»

Cela voulait dire pour lui qu’il allait tout relativiser et ne pas prendre les choses au sérieux. Pour me convaincre des difficultés qu’il avait à résoudre, il m’avait mis sous le nez un dossier aussi volumineux qu’une encyclopédie: «Regarde! Dans un village où l’eau coule à volonté. Dans un village qui est surtout réputé pour ses nombreuses fontaines, l’eau n’arrive pas jusqu’à l’école. J’ai écrit à tout le monde.

Il n’y a que le président de la République auquel je n’ai pas écrit. Rien! Et pourtant, il y a quelques années encore, l’eau coulait à flots ici: il y avait un bassin! On entretenait un verger, on arrosait le jardin. Puis, tout d’un coup, c‘est le désert. Ton cousin qui est maire, a préféré utiliser les maigres ressources de la municipalité pour goudronner le chemin qui passe près de sa villa. Mais pour assurer l’hygiène la plus élémentaire dans une école, il n’a pas les moyens. C’est à devenir dingue. Comment veux-tu que je me casse la tête après tout cela.»

Selim M’SILI

“24 Heures Chrono” : l'adaptation au ciné se précise

On en parle depuis plus d'un an. S'il est fidèle au poste depuis huit ans sur la chaîne américaine Fox, Jack Bauer pourrait faire un détour par le cinéma. Bien que la Fox n'ait pas encore décidé si elle commandait une neuvième saison de 24 Heures Chrono pour l'an prochain, l'idée d'une adaptation de la série sur grand écran est toujours d'actualité. Le scénariste Billy Ray (Jeux de Pouvoir) aurait même été embauché pour en écrire le script. Pour rappel, 24 Heures Chrono met en scène Jack Bauer, un agent de la Cellule antiterroriste, la CAT, de Los Angeles.

À chaque saison de la série, il se retrouve confronté à une mission périlleuse qu'il doit remplir en l'espace de 24 heures. Ainsi, chaque saison correspond à 24 heures dans la vie de Bauer (une saison comportant 24 épisodes et chaque épisode correspondant théoriquement à une heure en temps réel). Pour l'heure, personne ne sait si l'adaptation au cinéma se ferait pendant que la série est encore à l'antenne ou si, justement, elle ne prendrait forme qu'une fois la série terminée. C'est vers la deuxième solution que penchait l'an dernier Howard Gordon, producteur exécutif de la série.

“Je pense que, en ce qui concerne un film au cinéma, nous sommes d'accord avec Fox que cela ne peut arriver qu'une fois la série terminée. Je ne pense pas que 24 fonctionne au cinéma tant que Jack est à la télé”, avait-il déclaré. Mais Kiefer Sutherland, lui, n'est pas forcément de cet avis. Il est même persuadé que le film peut coexister avec la série. “J'ai même tenté de convaincre des gens de cette possibilité. Dans un monde de média qui change à une vitesse incroyable, une série télé peut constituer une superbe bande-annonce pour un film, ou un film peut être une superbe bande-annonce pour une série télé.

Et je pense que la personne qui le fera changera la façon dont la télé interagit avec le cinéma”, a-t-il expliqué. Pour l'heure, les chances que Fox commandent une neuvième saison de 24 Heures Chrono sont plutôt bonnes. Si les audiences sont en chute de 10% sur un an, la série a rassemblé en moyenne 11,9 millions de téléspectateurs au mois de janvier, et reste le troisième plus gros succès de la chaîne, derrière American Idol et Dr House.

Par : Rédaction de Liberte

Algérie : La fête des amoureux

Lettre ouverte d’en haut vers le bas !

Considérant les arguments en sa faveur, la responsabilité partagée, entièrement assumée de son côté, le ministre attend une réponse positive des syndicats de l’éducation qui bénéficient de l’exceptionnel privilège dans les annales algériennes de se voir destinataires d’une lettre ouverte de la part d’un ministre. Vont-ils alors lui renvoyer l’ascenseur et accepter de surseoir à leur mouvement de grève ?

Le dossier du régime indemnitaire des enseignants est en phase de finalisation. Volontairement annoncé, Benbouzid veut par là calmer les syndicats qui menacent d’une autre grève, eux qui ont réussi à faire basculer le rapport de force. Avec ses arguments retraçant le processus entamé depuis 2008 avec la reconnaissance de la légitimité des revendications, Benbouzid se place dans une posture de vis-à-vis sans préjugé avec les syndicats de l’éducation.

Son argument de base : la revalorisation incluant toutes les primes et indemnités avec effet rétroactif à partir de janvier 2008. Engagement pris d’ailleurs par le gouvernement. “Rien ne justifie une grève supplémentaire”, écrit Benbouzid dans sa lettre ouverte à la communauté éducative ; un appel aux enseignants qui prend à témoin l’opinion publique.

Le ministre tente de dissuader les enseignants de recourir encore une fois à cette action et de faire preuve de sagesse, mais aussi de patience, comme il a fait, lui, preuve de magnanimité et de souplesse en revenant sur les décisions coercitives et mesures disciplinaires.

Veut-il ainsi éviter d’autres perturbations et réclamer du “donnant-donnant” qui exige des syndicats leur part de concessions, à la limite la levée du préavis de grève ?

Considérant les arguments en sa faveur, la responsabilité partagée, entièrement assumée de son côté, le ministre attend une réponse positive des syndicats de l’éducation qui bénéficient de l’exceptionnel privilège dans les annales algériennes de se voir destinataires d’une lettre ouverte de la part d’un ministre. Vont-ils alors lui renvoyer l’ascenseur et accepter de surseoir à leur mouvement de grève ?

Il faut reconnaître que le ministre a démontré une certaine flexibilité malgré cette odeur de promesse qui suinte de la lettre, lui qui était souvent beaucoup plus enclin à dialoguer par le détour de la justice pour désamorcer les tensions. Il semble alors avoir réussi à mettre la balle dans le camp des syndicats…

Par : Djilali Benyoub

Vous vouliez qu’il parle ? Il a parlé !

Le congrès du FLN coûtera 7 milliards. 

H’ram !


Quand parlera-t-il ? Pourquoi garde-t-il le silence alors que tout le pays est secoué par des scandales ? Nous nous posions tous la question de savoir quand Abdekka se prononcera sur la corruption, et voilà qu’il vient enfin de le faire. Boutef’ s’est exprimé. Par la voix de… Belkhadem. La voix à tout faire du Palais.

Et qu’a dit Abdelaziz 2 sur la corruption ? En gros, ceci : attention, faut y aller mollo, faut pas généraliser, faut enfiler des gants certifiés conformes aux normes Iso 2030, faut se méfier des amalgames, faut tourner sept fois sa langue dans la bouche du juge avant de lui confier un dossier et une affaire, faut établir un distinguo entre la corruption individuelle, qui existes et la corruption collective du système qui, elle, n’existe pas, Alhamdoulillah El Karim, faut reculer pour mieux sauter en arrière, faut essayer de sauver le plus de meubles avant que l’incendie ne gagne l’ensemble de la bâtisse, faut pas crier au loup alors qu’on cavale dans la meute, et faut surtout pas emboîter le pas à ce fou d’Ouyahia qui vient d’appuyer sur le mauvais bouton de la machine infernale alors qu’on lui a juste demandé de meubler le vide.

En clair, s’il fallait plus de clarté dans ce feu d’artifices hypocrite allumé par l’homme qui parlait aux oreilles de l’ennemi, Belkhadem est chargé par le mécano en chef de tirer le frein à main, de siffler la fin de la récréation anticorruption, de rappeler à l’ordre les gendarmes et pas les voleurs, de signifier que les plaisanteries démocratiques les plus courtes sont les meilleures et de signer officiellement le certificat de reprise d’activité du système véreux sans risque de poursuites sérieuses.

Dans ce rôle-là, Abdelaziz 2 est magnifique, flamboyant de docilité systémique. En une conférence de presse, une seule, il a envoyé quantité de signaux forts à H’mimed. Des signaux dont on ne trouve pas vous et moi la signification exacte dans nos dictionnaires trop conventionnels, trop classiques, mais qui dans leurs manuels et guides à eux veulent dire à peu près ceci : t’es allé trop loin, maintenant faut penser à moins emballer le moteur, à rétrograder et à garer sagement le bolide, car par les temps qui courent, et avec les nouvelles règles de conduite et de circulation adoptées, tout excès de vitesse pourra désormais être sanctionné. Sévèrement. Très sévèrement. Brrr ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

Par Hakim Laâlam

Dangereux statu quo

Que sera le cinquième round des négociations entre le Maroc et le Front Polisario ? D’abord, doit-on se demander s’il se tiendra ? Et comment éviter un échec supplémentaire, l’échec de trop ? Autant de questions qui reviennent à vrai dire depuis 1997, quand l’ONU avait décidé de « remettre sur les rails » le processus de paix au Sahara occidental.

Un plan qu’elle avait adopté à l’unanimité de ses membres en 1990, et auquel étaient parvenues ces mêmes parties. Faire la paix dans le cadre d’un référendum d’autodétermination du peuple du Sahara occidental. Et depuis cette date, que d’efforts et de coups de gueule, comme celui qui en avait la charge, l’Américain James Baker qui avait démissionné de son poste en signe de protestation contre le blocage de ce dossier par le Maroc.

Et aussi, l’incapacité de l’ONU à défendre ce qui est devenu son plan et, pour tout dire, la légalité internationale, puisque la question sahraouie est traitée depuis 1966 sous l’angle de la décolonisation.

C’est ce qui surprend justement, alors que l’ONU se contente de prendre acte des divergences ayant marqué les discussions informelles de jeudi. « A l’issue de la réunion, aucune des deux parties n’a accepté la proposition de l’autre comme base unique pour les négociations à venir », déclare un communiqué de Christopher Ross, émissaire personnel pour le Sahara occidental du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon.

Ce qui semblait inévitable après que le Maroc ait déclaré que le référendum était « inapplicable », et alors même que cette organisation internationale avait fait de ce principe l’objectif même de ces rencontres, appelées à se tenir « sans condition préalable ». Ce que le Maroc n’a jamais respecté, comme du reste sa signature au bas de l’accord de paix conclu avec le Front Polisario, est ce qu’on appelle communément ses avenants, comme les accords de Houston de septembre 1997 conclus sous l’égide de James Baker qui avaient permis de relancer le processus de paix. Il serait alors vain et même injuste de renvoyer les deux parties dos à dos.

Il est donc normal de se demander à quoi servent ces négociations si elles sont condamnées à l’échec par la volonté d’une seule partie. Ou encore que l’ONU n’a pas prévu de mécanismes, afin d’en assurer un respect total et leur pleine application. Et dans ce jeu de questions de savoir comment cette même partie, le Maroc, défie la communauté internationale en donnant son accord pour les négociations en question, pour, en fin de compte, les bloquer.
Il est donc temps que l’ONU prenne elle aussi acte, et de manière sans équivoque, de la position marocaine, et appeler les choses par leur nom. En fait, qu’elle applique ses propres résolutions. Et rien d’autre. C’est de cette manière qu’elle mettra fin au statu quo actuel et à l’occupation du Sahara occidental.

Par Mohammed Larbi

Sclérose...

«Il y a quelque chose de pourri au Royaume de l’Emir!» s’exclamaient des observateurs ébaubis par ce qui se passe aujourd’hui en Algérie: affaires de corruption en cascade, flambée des prix sans fin, grèves récurrentes des enseignants et des praticiens de la santé...Un Etat en déliquescence? D’aucuns n’hésitent pas à le penser, qui font remarquer l’assourdissant silence des pouvoirs publics au moment où la population attendait de leur part des explications sur une situation de moins en moins acceptable.

Des éclaircissements qui ne sont en fait jamais venus. Est-il possible cependant de se dérober plus longtemps face à cette cascade de scandales qui s’étalent sur les «Unes» des journaux? de se taire face à des prix à la consommation qui défient l’entendement - les prix moyens des légumes secs et du sucre ont été multipliés par quatre ou cinq lors des 24 derniers mois? d’ignorer la condition de vie des enseignants et des praticiens de la santé qui - après 32 années de labeur - au soir de leur vie, touchent moins de 50.000 dinars par mois?

Ce qui fait désordre en fait, est le peu de répondant des autorités du pays qui n’ont pas, jusqu’ici, estimé devoir monter au créneau, ne serait-ce que pour tenter de rétablir les faits et dire à la population le pourquoi de ces «remue-ménage» et ce qui est entrepris pour y mettre un terme. Rien. Wallou! Alors qu’au moins une dizaine de dirigeants du géant Sonatrach sont suspectés de malversations par la justice, le premier responsable du secteur de l’Energie, trouve encore le moyen d’affirmer qu’il n’y a pas scandale dans l’entreprise pétrolière qui dépend de son département ministériel.

Cette sortie est-elle normale qui, à tout le moins, ne fait pas sérieux, ni ne peut être prise au sérieux, si quelque part cela ne décrédibilise pas un peu plus l’Etat. Il est indubitable que l’immense majorité des cadres de l’Etat et des sociétés nationales sont des personnes honnêtes, raison pour laquelle il est indispensable que l’Etat prenne des mesures pour, justement, protéger ce qui est, reste encore, sain dans l’administration, même si M.Belkhadem, secrétaire général du FLN, admet que des «élus trempent dans la combine».

Plutôt que de prendre le taureau par les cornes, face à l’avalanche d’affaires qui défraient la chronique publique, les autorités semblent tergiverser ouvrant la voie à toutes les interprétations et spéculations quant au bien-fondé d’une démarche, plutôt l’absence de démarches, qui, quelque part, donne l’impression de cautionner une situation de déliquescence gravement dommageable pour le (la réputation du) pays.

Le manque, ou le refus de communiquer sur les scandales, les grèves ou la flambée des prix, met en porte à faux les pouvoirs publics qui n’ont pas su gérer des problèmes (sociaux, économiques ou criminels) qui les interpellent et interpellent aussi la communauté nationale.
En effet, le silence de la société civile, des partis politiques et des associations de consommateurs est tout aussi surprenant et remet en cause une existence que rien, au final, ne semble justifier. Si partis politiques, société civile et associations des consommateurs ne jouent pas le rôle pour lequel l’Etat les a agréés, de quelle utilité peuvent-ils prétendre être pour l’électeur, auprès des citoyens que des consommateurs, qui se sentent floués?

Il est patent qu’il y a aujourd’hui, urgence de faire l’état des lieux dans la Maison Algérie. Cette situation de paralysie, tous - autorités publiques comme citoyens - nous en partageons la responsabilité pour n’avoir pas su l’assumer en temps et lieu pour mettre le holà à cette déconfiture, en prenant les décisions ad hoc pour les uns, en faisant pression sur les pouvoirs publics pour les autres. Il est évident en revanche, que cette situation d’attente ne saurait durer éternellement.

N. KRIM