jeudi 10 septembre 2009

Mont-de-piété

Y a-t-il des pauvres en Algérie? Un ministre de la République nie une telle hypothèse estimant sans doute que 12.000 DA par mois (valeur du Snmg actuellement en vigueur) est suffisante pour permettre à une famille moyenne algérienne (généralement entre quatre et six personnes) de vivre correctement. Mais en fait, la question de la pauvreté se pose-t-elle réellement lorsque chaque année, en ce même mois de piété de Ramadhan, l’Etat mobilise ses services aux fins de venir en aide aux nombreuses familles démunies que compte la République.

De fait, un autre ministre de la République chiffre cette catégorie de la société à près de 1,5 million de familles. Ce qui fait quand même pas loin de 6 à 7 millions de personnes pauvres en Algérie. Mais pourquoi focaliser sur ces pauvres gens, seulement durant le mois sacré, alors qu’ils souffrent le martyre le reste de l’année pour joindre les deux bouts? Pourquoi s’en cacher?

En effet, si effectivement il y a des Algériens repus, auxquels rien ne manque, d’autres citoyens ont toutes les peines du monde à faire bouillir leur marmite. C’est tellement vrai qu’il suffit de voir ces cohortes de femmes qui font les chaînes devant les «Mont-de-piété» pour gager leurs biens les plus précieux, qui leur permettront de subsister un jour, une semaine ou un mois.

C’est celle-là en fait la réalité de l’autre Algérie sur laquelle est jeté un voile et sur laquelle on ne veut pas trop s’appesantir, surtout lorsque l’Etat se glorifie d’un matelas de 150 milliards de dollars, inégalement répartis, dont les retombées ne sont pas trop visibles sur le niveau de vie des Algériens. Des Algériens qui ont recours aux prêteurs sur gage et à des établissements spécialisés pour faire la soudure.

Si la Banque de développement local (BDL) a créé un service de «prêt sur gage» (BDL/PSG) c’est que le besoin se faisait sentir. De fait, la BDL, au regard des circonstances et pour venir en aide aux plus démunis, est revenue au système «ad hoc» du «mont-de-piété» institution fondée en Italie au XVe siècle afin de soulager la misère des plus pauvres. La BDL a en fait hérité des anciens crédits municipaux qui faisaient office de banques des pauvres. Dès lors, il faut vraiment être pauvre pour se voir contraint de recourir à ces expédients, les femmes mettant en gage bijoux et biens précieux contre quelques dinars sans qu’elles soient assurées qu’elles puissent rembourser leur dette et/ou récupérer leurs biens un jour.

C’est indéniable, il y a des citoyens qui sont démunis en Algérie. Il suffit de faire un tour à Alger la nuit pour voir ces centaines de SDF (sans domicile fixe) qui dorment à même les trottoirs. Ce qui est regrettable en revanche est le fait qu’il n’existe pas des statistiques fiables sur ces citoyens démunis et sur la pauvreté en Algérie en particulier. La paupérisation d’une partie, de plus en plus importante, de la population, notamment dans les régions rurales, est un fait évident, même s’il n’est pas admis officiellement. Quand l’Etat distribue les couffins du pauvre, lorsque la banque ouvre des services de prêts sur gage il y a, à tout le moins, urgence à revoir le fonctionnement de la gouvernance et une répartition, plus équitable de la manne pétrolière.

N. KRIM

Excès de vitesse dans le haut débit

L’Eepad n’a pas que la dette envers Algérie Télécom. Elle en a une deuxième, une troisième avec des institutions publiques. Explications...

Bizarre, bien bizarre que cette affaire de l’Eepad. L’affaire est pourtant simple: l’entreprise doit à Algérie Télécom, son fournisseur, la bagatelle de 350 milliards de centimes. Après plusieurs échéances non respectées, Algérie Télécom décide d’arrêter de fournir l’Eepad. Ce qui est d’une logique implacable sachant que la poursuite des prestations ne ferait qu’alourdir la dette et donc de la rendre toujours plus insoluble. Et si cette logique a fait du bruit, c’est uniquement par les dégâts collatéraux qu’elle induit sur les quelque 35.000 citoyens, abonnés de l’Eepad.

Rappelons que l’Eepad est fournisseur privé d’accès à Internet. C’est cet accès concédé par Algérie Télécom que l’Eepad ne peut plus payer alors même qu’elle a perçu de ses abonnés les droits de connexion. Pourquoi? Problème de gestion sûrement.

Certains invoquent l’investissement par l’Eepad pour la production de micros portables qui n’ont plus trouvé de débouchés une fois que le projet Ousratic (un micro par famille) initié par le ministère de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication est tombé à l’eau. D’où les tentatives de l’Eepad d’écouler ses stocks à l’étranger. En vain. L’Eepad n’a pas que cette seule dette. Elle en a une deuxième et même une troisième dont personne ne parle. Il s’agit de l’emprunt obligataire, institutionnel, lancé en 2007 d’un total de 50 milliards de centimes en deux tranches. La première tranche de l’ordre de 30 milliards de centimes est arrivée à échéance le 30 mai dernier.

Aucun souscripteur parmi les banques et autres institutions n’a élevé la voix pour réclamer son dû. Par contre, une institution que l’on n’attendait pas a fait irruption dans le conflit dont le but évident est de prêter main forte à l’Eepad contre son créancier Algérie Télécom. Il s’agit de l’Arpt, un organisme chargé, comme l’a si bien dit M.Moussa Benhamadi, P-DG d’Algérie Télécom, de «régulateur de télécommunications. Mais (poursuit-il), n’est pas concerné par cette histoire. C’est une affaire commerciale entre AT et l’Eepad». En moins diplomatique cela veut dire que l’Arpt se mêle de ce qui ne la regarde pas.

Vous l’avez compris, l’Eepad est en situation de cessation de paiement. Une situation que la loi prévoit. Une loi qu’il suffit d’appliquer sans trop de chahut. Eh, bien, non! Il y a comme une volonté délibérée de vouloir faire pression sur AT et maintenir en vie l’Eepad.

Qui a intérêt à demander que l’argent d’une entreprise publique puisse profiter à une entreprise privée? Sur quelles bases la Cosob a-t-elle autorisé l’emprunt obligataire de 2007? Pourquoi l’Arpt s’est-elle mise en avant? Par quoi se justifient cette douteuse compassion et cette défense des intérêts de l’Eepad par certains médias? Trop de questions qui, a défaut de réponses, nous mettent dans une situation où nous avons peur de comprendre. Peur de découvrir d’autres liens que le flair, entre le projet gouvernemental Ousratic et le lancement de l’unité de production de micros par l’Eepad.

Peur de constater que l’échec de l’un a entraîné celui de l’autre. Nous avons peur de découvrir comment la Cosob a lu les bilans de l’Eepad pour lui accorder son autorisation. Peur de nous rendre compte que les souscripteurs (banques et institutions) ferment les yeux et la bouche sur injonction, pour ne pas réclamer leur dû. Peur aussi de voir l’Arpt comme simple instrument au profit d’on ne sait pas trop qui agir dans un conflit commercial qui n’est pas dans ses attributions. Alors que dans le même temps, les puces anonymes de téléphones portables refont leur apparition sur le marché parallèle et que l’Arpt serait mieux inspirée de s’en occuper urgemment. Et pour couronner le tout, on se demande pourquoi l’affaire n’est pas, 6 mois après, sur le bureau de la justice?

Oui, tout cela est bizarre. Le P-DG de l’Eepad, habituellement très porté sur les conférences au centre de presse d’El-Moudjahid, fuit tous les journalistes à quelques exceptions. Quand un grand spécialiste des Ntic ne communique plus, il faut savoir lire son silence.

Voilà, c’était juste l’envers du décor d’une affaire facile à comprendre, mais que certains s’évertuent à vouloir embrouiller. Il suffit que chacun prenne ses responsabilités. Et les assume aussi.

Zouhir MEBARKI

Ding, deng, pan!

D’une grosse plainte devant la police, le papa met la robe noire pour intercéder...en faveur de son fils, coupable de coups.

L’agresseur du papa s’était approché de la barre face à la juge du mercredi du tribunal de Hussein Dey (Alger) Bahia Tabi. Il s’était approché, mais tenu à l’oeil par Saïd, le policier, faisant office de huissier d’audience, car la victime, en l’occurrence le père, n’était qu’à quelques centimètres du prévenu qui risque très gros car coupable de coups sur ascendant, fait prévu et puni par l’article 267 du Code pénal qui prévoit, dans son alinéa une peine d’emprisonnement à temps de cinq à dix ans pour quiconque volontairement fait des blessures ou porte des coups à ses père ou mère légitimes ou autres ascendants légitimes...

Le représentant du ministère public, Halim Boudra, était prêt à effectuer les demandes devant ce rejeton qui n’était pas à sa première «bêtise», selon le paternel, abattu, confus et malheureux. Le détenu, par contre, n’était pas du tout dans son élément. Mais alors pas du tout. Y a qu’à voir sa tronche!

«Alors, on a encore fait des siennes à la maison?» dit, le front lisse, la présidente qui va être désarçonnée par une intervention de la victime qui, en voyant l’état de l’énergumène de fils, a vite fait d’avaler sa plainte. Du coup l’inculpé est un charmant enfant, coléreux certes, mais au fond, ayant bon coeur. «Je suis sûr qu’il n’avait pas l’intention de me frapper. C’est que, après réflexion, j’ai dû glisser sur un objet jeté dans la cuisine et chuter. Non, je n’ai jamais été tapé par le gamin. Regardez derrière, El Hadja, sa maman, toute effondrée...», lâche en sanglotant le pauvre papa qui ne s’attendait certainement pas à cette descente aux enfers et aux...fers du garnement, coupable d’agression.

Et pourtant, il avait été averti par le procureur: «Si vous déposez plainte là, la machine s’ébranle!»
D’ailleurs, la présidente avait montré, d’un petit tic qui lui est propre, qu’elle était agacée de cette tournure qui a mené la victime à prendre un virage qui n’était tout de même pas salvateur, mais un père reste un père et la juge le savait.

«Cheikh, est-ce vraiment ce que vous aviez déclaré devant la police et le procureur? A vous entendre, votre fils est ici pour rien. Or, s’il est ici pour être jugé, c’est que quelqu’un s’en ai plaint. Et il se trouve que ce quelqu’un c’est vous!», articule lentement Bahia Tabi, la juge, comme pour «réveiller» le pauvre vieillard qui voulait se cacher quelque part dans la salle d’audience, après avoir évalué le désastre né à la suite du dépôt de plainte.

En guise de réponse, ce sont les larmes et une grosse voix brisée par l’émotion et la douleur après les émotions vécues at-home à la suite de l’agression, les émotions nées au matin du procès lorsqu’une avocate questionnée autour du verdict, lui avait confié que le rejeton risquait cinq à dix ans d’emprisonnement car - le comble - les coups n’ont occasionné aucune blessure ni une incapacité de travail totale, une incapacité de l’espèce mentionnée dans l’article 264 (loi n°82-04 du 13 février 1982).

Ce qui avait dû déjà ébranler la victime qui ne connaissait rien à la démarche de l’appareil judiciaire: lourd l’appareil mais ravageur pour les confondus. Entre-temps, la présidente avait lancé un oeil sur le détenu dont les yeux brillaient pas nécessairement de remords, mais sûrement d’un éventuel verdict lourd, assommant et une incarcération pénible car et cela aussi, M.S. a dû le constater: c’est qu’en taule, certains détenus qui purgent de longues peines n’aiment pas les co-détenus qui s’en prennent aux ascendants, aux enfants et aux femmes.
Et rien que pour cela, le détenu va perdre quelques millimètres de sueurs et donc de graisse et donc de poids avant même l’énoncé du verdict: un an d’emprisonnement ferme, la moitié des demandes de Boudra, le procureur qui n’avait pas envie du tout de sourire.

Abdellatif TOUALBIA

Nuisances

Un vent frais avait commencé à souffler sur la cité, au grand soulagement des vieux retraités qui, tous les après-midi, attendent sous le grand acacia, l’heure du f’tour. Le souffle d’Eole avait soulevé des colonnes de poussière et les morceaux de papier qui jonchaient les espaces verts: un symptôme du degré de saleté atteint par la cité. Si Ouali qui s’était lancé dans un voyage dans le passé, évoquant le quartier de la Chapelle et ses anciens compagnons dont beaucoup ont disparu, leva tristement les yeux au ciel, suivant le vol d’un sachet noir qui avait dépassé l’immeuble vert d’en face. «Il n’y a pas à dire! Nous sommes sales!» Quand Si Ouali voulait dire une vérité, il s’exprimait dans un mauvais français accentué par un accent kabyle prononcé.

C’était fort à propos! Les vieux retraités avaient, pendant deux semaines, glosé sur la cherté de la vie, encore que certains d’entre eux étaient plus attentifs au cours de l’euro sur le marché parallèle que sur la mercuriale qui n’est plus affichée depuis la tragique disparition de l’Ofla. Les dissertations quotidiennes sur les spéculateurs, les récriminations à l’encontre d’un Etat impuissant, avaient épuisé tout l’intérêt des conversations.
Mais les ordures qui séjournaient deux ou trois jours dans les décharges et les cartons vides abandonnés le long des trottoirs par les commerçants non patentés avaient fini par soulever l’indignation des vieux émigrés. «C’est normal que nous soyons mal considérés partout!» avait surenchéri Aâmi El Hocine, qui, quand il tenait un bureau de tabac, ne manquait jamais de passer au peigne fin l’environnement de sa boutique: il balayait et arrosait la devanture.

«Je suis sûr que s’ils vivaient en Europe, ils ne se conduiraient pas comme cela». Par «ils» Aâmi El Hocine visait aussi bien les jeunes vendeurs de fruits et légumes juchés sur des sièges de fortune, que les balayeurs municipaux qui étaient d’une nonchalance désespérante. «Le Ramadhan a bon dos. Tout le monde se cache derrière pour ne pas faire son travail. Et tout ce beau monde va à la mosquée...Ah! Ah! Ne me parle pas de la mosquée, intervint Si Rezki! J’habite juste en face et je n’en dors pas». Si Rezki avait la réputation d’être un libre penseur, et les haut-parleurs de la mosquée poussés à fond durant les taraouih, l’incommodaient fortement. «Je ne peux même pas protester! Si je le faisais, je passerais pour un kafer.

Mais c’est insupportable! Côté sons, je suis bien servi, en plus des haut-parleurs assourdissants, il y a le grabuge que font les gosses tout l’après-midi et le soir. Jusqu’à minuit, ils sont dehors! Je ne comprends pas ces parents qui abandonnent leur progéniture: il y a les drogués, les malades. Et je ne parle pas de la soirée du match Algérie-Zambie où tout le quartier a été transformé en stade du 5-Juillet: un des squatters des caves avait sorti un téléviseur et tous les jeunes sont venus voir le match en groupe.

Quelle ambiance! Cris, hourras, sifflets, pétards. Cela a duré jusqu’à une heure du matin. Les gens ne font pas attention à la pollution sonore: ou bien ils sont sourds, ou bien ils viennent des bidonvilles. Cela finit par détruire l’équilibre d’un individu normal. J’ai envie de changer de quartier...

Au prix où est le mètre carré construit, il te sera difficile de changer. Ne te fatigue pas! Tous les quartiers populaires sont logés à la même enseigne: saleté, délinquance, pollutions...Ce n’est pas cela que tu verras à Hydra ou à Sidi Yahia. Que veux-tu? Il y a les Algé...riens et les Algé...rois», avait conclu Aâmi El Hocine en se levant et en pliant son petit siège.

Selim M’SILI

Après le refus d’Alger, Nessma TV vise le Maroc

«Notre objectif est de récolter, à moyen terme, 15% des recettes publicitaires au Maroc.»
Nabil Karoui, P-DG de Nessma TV, lors d’une conférence de presse au Maroc.

Après avoir échoué à s’installer en Algérie, Nessma TV, la télévision privée tunisienne, veut conquérir le Maroc, considéré comme le plus grand marché publicitaire dans le Maghreb après l’Algérie. Les objectifs sont déjà tracés. Selon les chiffres des sondages, Nessma est bien lancée avec un taux de pénétration de 38,7% au Maroc, contre 34% en Tunisie, et seulement 15,4% en Algérie.

C’est dans le pays de l’Atlas que la chaîne tunisienne souhaite investir, concurrençant directement, les deux principales télévisions marocaines: la 2M et Al Aoula qui, à elles seules, partagent 83,5% des recettes totales du marché publicitaire audiovisuel marocain. Pour ce faire, Nessma TV n’hésite pas à faire les yeux doux au public marocain en invitant sur le plateau de son émission phare Ness Nessma, des vedettes marocaines installées en France et au Maroc: ainsi on a vu défiler plusieurs vedettes marocaines, comme Saïd Taghmaoui, Noureddine Lakhmari, Khansa Batma ou encore Hassan El Fed et Momo.

Et comme cela ne suffit pas, il faut présenter marocain et deux vedettes sont fortement présentes sur la chaîne de télévision tunisienne: le mannequin Kawther (Kao) Boudarraja (ancienne participante à la Star Academy Maghreb) et la vedette du cinéma et de la Télévision marocaine Rachid El Ouali, qui présente la version maghrébine du jeu hollandais Qui veut gagner des millions. Et pour sa grille de Ramdhan, Nessma TV n’hésite pas à acheter sa série maghrébine au Maroc, à travers le talent d’un jeune de l’audiovisuel marocain Mohamed Achaour «Zorroh».

Ce dernier est joué par Omar Lotfi, la révélation du cinéma marocain dans Casanegra. Le concept de Mohamed Achaour a très plus à Nessma TV, car il porte un cachet maghrébin, avec l’incorporation de l’Algérienne Beyouna et du Tunisien Lotfi Abdelli. Mais le plus grand pas effectué par Nessma TV est l’achat du blockbuster marocain Casanegra de Noureddine Lakhmari, qui sera diffusé par Nessma TV, juste après le Ramadhan. Nessma TV qui marche sur les traces laïques et d’ouverture de Berlusconi, sera probablement la première chaîne arabe et maghrébine à diffuser un film interdit aux moins de 16 ans.

Car aucune chaîne marocaine et même arabe n’a accepté de diffuser Casanegra, en raison des dialogues vulgaires et des scènes assez osées que comporte le film. Mais l’objectif de Nessma TV c’est justement de oser là ou les autres télévisions arabes et maghrébines n’ont pas encore osé.

Certains films tunisiens et libanais sont sur le point d’être achetés par la chaine, qui souhaite faire de l’ouverture d’esprit et la liberté des moeurs son credo, comme l’avait fait Berlusconi avec la 5 en France. L’autre avantage du Maroc est pour Nessma les facilités bancaires du Royaume.

Contrairement à l’Algérie, où il était très difficile de faire sortir légalement ses recettes en euros, le Maroc dispose d’une législation bancaire qui permet à Karoui and Karoui, de payer ses partenaires à partir du Maroc. Enfin, pour faire plaisir au régime de Rabat, Nessma TV n’hésite pas à assembler le Sahara occidental au territoire marocain.

Amira SOLTANE

Le 11, suite et pas fin…

L’Amérique, qui a vécu cet épisode comme un affront à sa toute puissance, un affront pire que celui subi à Pearl Harbour, allait se lancer résolument dans une guerre mondiale contre le terrorisme. Il y eut alors la campagne d’Afghanistan et celle, plus musclée et moins consensuelle, d’Irak.

Les attentats du 11 septembre 2001, par lesquels l’organisation de Ben Laden avait frappé durement à New York et à Washington, auront été à l’origine de bien des remue-ménage, des repositionnements, des remises en cause dans le monde. Ils auront, entre autres, mis les États-Unis, alors sous la présidence de George W. Bush, en situation de “légitime défense”.

En effet, l’Amérique qui a vécu cet épisode comme un affront à sa toute-puissance, un affront pire que celui subi à Pearl Harbour, allait se lancer résolument dans une guerre mondiale contre le terrorisme. Il y eut alors la campagne d’Afghanistan et celle, plus musclée et moins consensuelle, d’Irak. Deux campagnes qui ont eu des processus politiques encore en cours, non sans dégâts au plan sécuritaire.

L’Irak s’est soustrait depuis à la mainmise du baâth et à l’omnipotence de Saddam et s’est mis sur la voie du fédéralisme, atteignant un stade qui ferait envier les plus vieilles démocraties. On ne sait trop si la mosaïque des ethnies, des dogmes et des religions en présence en Irak finira par s’accommoder d’une telle évolution politique menée au pas de charge, mais déjà l’on voit que le pays de l’Euphrate et du Tigre n’a pas fini de solder sa facture.

Une facture qu’il doit, certes, à la guerre imposée par l’Amérique de Bush mais aussi par l’ex-dictature de Saddam. De son côté, l’Afghanistan a redécouvert les élections à tous les niveaux du pouvoir, même si l’on ne peut jurer de rien quant à leur transparence, mais les talibans continuent de faire preuve de nuisance malgré la présence des forces de l’Otan.

Le 11 septembre n’a pas été, par ailleurs, sans effet sur l’islamisme et le terrorisme. Il a inspiré les attentats de tous les 11, ceux de Madrid en mars, ceux de Londres en juillet et ceux d’Alger en avril et décembre. C’est que depuis, Al-Qaïda a tissé des réseaux planétaires et étendu ses tentacules partout où elle le pouvait. Alger n’y a pas échappé pour deux raisons essentielles.

Primo, l’islamisme et le terrorisme y avaient déjà pignon sur rue et le GSPC, qui avait à gagner à s’affilier à Al-Qaïda, devait donner le change à cette organisation. Secundo : la politique prônée au niveau national n’a pas cherché à bénéficier de la caution politique planétaire enfin accordée à la lutte antiterroriste en Algérie et ailleurs dès les lendemains du 11 septembre.

Par :Saïd Chekri

La grande harba (XV)

Le 23 mars 2009, 35 millions d’Algériens prennent la mer par tous les moyens. Le gouvernement décide de les remplacer par des Chinois disciplinés et travailleurs. Les Algériens s’établissent en Sardaigne qu’ils baptisent Sardélie. Mon journal de Sidi Cagliari, capitale du nouveau pays, m’envoie en Algérie pour enquêter sur un phénomène curieux : le retour des premiers harraga, signalés du côté de Ténès. Après bien des péripéties, je me retrouve en compagnie d’une jeune femme, d’un émir terroriste et d’un pied-noir, dans les forêts de Kabylie…

La nuit est calme. Enfin, comme elle peut l’être sur les hauteurs de Yakouren : il y a juste quelques coups de feu à Tahnachet, l’attaque de la maison forestière de Taba n’Rbia, un attentat contre la caserne des gardes rouges de Tamliht et une embuscade à Amdhik Nat Aïssi.

Entre deux rafales, j’entends les chiens du poste avancé de la gendarmerie aboyer et ça me rappelle Giscard, un berger allemand séduisant et fidèle, mon beau chien que j’ai laissé en Sardélie… Un jour, un chrétien de l’île m’a dit être choqué par ce nom qui est généralement réservé aux êtres humains. Je lui répondis que mon rêve a toujours été de posséder un chien et de l’appeler Giscard. Pourquoi ? Parce que je n’ai jamais gobé que l’ancien président de la République française nomme le sien Jugurtha ! Enfin, me dis-je en regardant le pied-noir qui ronflait comme une marmotte, peut-être que j’en fais trop ! Les présidents ont leur rang et je ne sais même pas si une telle chose (donner le prénom d’un président à son chien) est tolérée par la loi.

Mais je m’en fiche ! Jugurtha n’est pas, non plus, un nom de dogue ! Au point où j’en suis, un délit de plus ne me ferait pas plus mal. Je suis en fuite, recherché d’abord pour «harga», au même titre que les 35 millions d’Algériens, soupçonnés de HSI (Harga en sens inverse) et, plus grave, de connivence avec le terrorisme. Je le regarde justement cet émir serrant très fort une mahchoucha dénichée je ne sais où. Quant à la belle au bois dormant – c’est le cas de le dire , elle est là, étendue à même l’herbe, le visage poli par les rayons de la pleine lune. Je la couvre de ma veste car les nuits sont fraîches à cette altitude.

Je viens de remarquer qu’elle est d’une beauté à couper le souffle. Et, soudain, son visage me semble familier. Cette femme n’a pas les traits d’une Chinoise et il me semble l’avoir déjà vue. Je sais que le peuple algérien compte deux citoyens, hormis les membres du gouvernement, les forces de sécurité et les éléments d’El-Qaïda au Maghreb. Deux personnes plus les quelques Sardèles de retour au pays ayant échoué du côté de Ténès et devant faire l’objet de mon enquête. Cette femme feraitelle partie de cette bande de cinglés que l’amour du pays a fait revenir sur les rives qu’ils ont fuies quelques mois auparavant ?

Est-elle venue avec les Chinois ? Ou alors, est-elle… Meriem El-Agouna, l’héroïne dont le portrait ornait les murs de toutes les villes et de tous les villages ? Se peut-il que cette femme qui dort comme un ange est la candidate unique des dernières élections qui ont vu la participation d’un seul votant : elle, justement ! Le jour de la mort tragique de Moh l’oiseau à Bouchegouf, le peuple perdait sa moitié. Mais heureusement qu’en donnant naissance à un bébé, la brave Meriem rétablissait l’équilibre : le peuple recomptait à nouveau deux personnes ! Elle changea de position et son visage s'éclaira davantage. Ses traits étaient ceux d’une déesse. Une mèche retombait sur son front éblouissant et cela ajoutait à son charme.

Oui, pas de doute, c’est elle ! C’est Meriem El-Agouna ! Bon sang, ils ne vont pas me croire au canard ! J’ai passé plusieurs jours en compagnie de Meriem El- Agouna. Je cours annoncer la nouvelle au buveur de Jack Daniel’s qui n’en crut pas ses oreilles. Son cri réveilla le terroriste qui nous demanda ce que nous manigancions, en nous avertissant que ses frères n’étaient pas loin et que nous devions nous tenir tranquilles. Informé de la situation, il se frotta les mains : «Voilà une prise de taille. La candidate unique et la votante unique entre nos mains. C’est l’effondrement du système.

- Je comprends alors pourquoi les gendarmes sont à nos trousses. C’est elle qu’ils recherchent, dit le pied-noir
- Mais que faisait-elle dans ce tripot mal famé du port de Béjaïa avec ce porc de maître des monts Kunlun ?
s’interrogea l’émir
- Elle nous racontera…» Le terroriste voulut la réveiller tout de suite. Nous intervînmes pour l’en empêcher : «Laisse-la se reposer !» Une aube fraîche et lumineuse descend comme une cascade de félicité sur la forêt réveillée par les chants de milliers d’oiseaux. Meriem s’occupait du petit déjeuner. Elle avait allumé un feu de bois et préparé café et galette. Nous avions pourtant décidé de garder le silence, mais l’émir ne pouvait attendre plus longtemps : «Meriem ! Nous ne t’en voulons pas…
- Mon Dieu ! Vous m’avez découverte ! Je suis perdue…
- Tais-toi, goinfre. Tu as fait peur à cet ange !» Le pied-noir gagnait des points. Sa galanterie finira par l’emporter. Mais il n’est pas question de la laisser à la merci de ces deux-là. Je convoquais mon sourire numéro 14 et, de ma voix la plus douce, lui dis : «Meriouma, je t’ai regardée quand tu dormais. La lune était jalouse de toi. Beauté pure de mon pays, fille des fières tribus de l’Ouarsenis, je t’admire pour ton courage, ton honnêteté et ton sens du devoir. Tu combats l’arriération et l’injustice, tu lèves ton glaive contre l’inégalité et la barbarie. Viens avec moi, je t’offre la dignité chèrement payée par El-Kahina, Fatma n’Soumer et Djamila Bouhired. Tu es née pour être libre. Tu es l’Algérie. Un seul mot de toi fera revenir les 35 millions d’Algériens !» Le piednoir me poussa et s’adressa à la fille en ces termes : «Depuis que nous sommes partis de cette terre, vous souffrez ma fille ! Je le vois ! Si nous étions là, tu aurais eu tous tes droits.
- Le seul droit qu’avaient nos femmes c’était de faire les bonniches chez vous !» Je ne pouvais me taire. L’émir s’avança à son tour vers Meriem et lui susurra à l’oreille : «Ne te laisse pas tenter par les richesses et les promesses d’ici bas. Avec nous, tu vivras le plein épanouissement dans la religion, tu auras tous tes droits, mais pas à la manière des Occidentaux où la femme est un objet. Tu sera couverte de la tête aux pieds et seule ton mari – moi, pardi ! — aura le droit de jouir du spectacle féerique de ton corps.

Tu seras traitée comme mes trois autres femmes et tu auras droit à deux nuits par semaine… Avec nous, tu t’élèveras audessus des choses bassement matérielles pour connaître le paradis. Tu nous donneras la force de chasser les impies et de les combattre même chez eux pour la renaissance de notre grand rêve de reconquête. Tu ne seras pas reine d’un pays, mais l’une des épouses du grand calife qui régnera sur l’Orient et l’Occident ! - Ne l’écoute pas, Meriouma.»

C’était mon tour de séduire la fille au kimono bleu : «Je t’offre ton pays tel qu’il est, pratiquant sa religion dans la piété, la fraternité et le pardon, comme l’ont fait nos ancêtres. Je t’offre l’Algérie authentique, berbère comme toi, sœur des Arabes mais gardant jalousement son identité, sa langue, ses us et coutumes, ouverte aux vents de la Méditerranée qui l’on façonnée au cours des siècles et ancrée au plus profond de l’Afrique où battent nos pulsions et grandissent nos rêves. Je ne suis pas le messie pour te promettre le paradis et je ne veux pas que tu sois l’otage des obscurantistes qui veulent nous faire revenir au Moyen-Age.

Je ne veux pas, non plus, que tu retournes à ton statut d’esclave et les promesses du pied-noir ne sont que prétextes fallacieux pour te capturer une nouvelle fois. Viens, ma belle, allons dire aux Sardèles que nous avons découvert la vérité à Yakouren et, de cette terre bénie, annonçonsleur que Meriem l’Algérienne n’a pas été récupérée par le système. Disons-leur qu’elle ne tombera pas sous le joug des ennemis des femmes et qu’elle ne fera pas le bonheur des nostalgiques… » Meriem avait suivi chaque mot de nos trois interventions sans montrer la moindre émotion. Elle nous regarda et dit de sa voix suave : «C’est bien beau, tout cela. J’ai mon idée sur l’homme que je choisirai mais, pour le moment, nous avons les gendarmes à nos trousses et la forêt est infestée par les terroristes. Sauvons nos peaux d’abord…»

A suivre

Grippe porci ne en Algérie et rentrée scolaire

Autoritarisme, rente et misère de la politique

Le RCN – Rassemblement pour la concorde nationale – vient d’essayer de rendre public un communiqué qui dit, en résumé ceci : “Nous venons d’apprendre par l’hebdomadaire El Khabar Al Ousbou’i l’intention de Mustapha Bouteflika, frère du président de la République de présider notre parti. La direction, les cadres, les militants et les militantes de toutes les wilayas soutiennent cette démarche qui ouvre une ère nouvelle pour les Algériens et qui, peut-être, inaugurera une étape pour la justice, le droit et révolutionnera les conceptions idéologiques, philosophiques, etc.”

Dans le communiqué signé par le président de la formation politique, il est révélé que le parti a écrit, en date du 15 mars 2009, au frère du président pour l’inviter à le présider. Ce qui ferait donc que l’initiative de ce dernier ne serait qu’une réponse à l’OPV (Offre publique d’achat) du RCN.

Ce rassemblement, dont on ignore d’ailleurs s’il est agréé ou non, s’est illustré surtout en 2007 quand il a lancé une pétition pour réunir douze millions de signatures exigeant l’octroi du prix Nobel au président Bouteflika. Bien sûr, dans le contexte abrutissant de notre vie publique, personne n’a osé arrêter cette démonstration écrite de notre ignorance des procédures d’octroi de ces prestigieuses récompenses et notamment la souveraineté du Comité Nobel norvégien. Ce qui permit à Bougerra Soltani de surenchérir en suggérant de demander à l’ONU de remettre ce même prix à notre président.

Il y a un côté cocasse dans le fait qu’un président de parti, au titre de docteur soigneusement rappelé par la griffe, se réjouisse d’ “apprendre”, par simples conjectures de presse, qu’une autre personnalité s’apprête à le déposer pour prendre sa place. On pourrait se limiter à en sourire, si ce n’était plutôt affligeant de savoir que les auteurs d’une démarche aussi fantaisiste soient sérieusement convaincus de leur habile opportunisme : accueillir le frère du président dans leur structure, c’est tout bénéfice.

Par quel phénomène de régression culturelle et par quel étrange renversement de l’échelle des valeurs, l’allégeance intéressée, forme la plus dégradée de l’engagement politique, est aujourd’hui brandie avec un tel aplomb et une telle ostentation ?

Le RCN est né pour “soutenir” et voilà que les forces soutenues intègrent, par la personne du frère du chef de l’État, le parti créé pour seulement soutenir ! Fini la galère des appuis pas toujours récompensés ; c’est désormais lui, le parti du président par alliance qui sera couru.

Par la force et par l’argent, le pouvoir a fait de la politique une marchandise. Soutien contre privilèges, facilités financières, immunité judiciaire, etc. L’immense réserve de personnel politique ainsi formaté pour “soutenir” n’a même pas besoin de s’assurer d’une base militante pour négocier sa place dans le système de la rente. Le jour venu, il y aura le Trésor public et des affairistes pour offrir, contre l’espoir d’un renvoi d’ascenseur, de quoi payer la main-d’œuvre qui remplace le militant, l’électeur et le citoyen éradiqués.

Le ridicule ne tue pas. Sinon, à la place du paysage politique aussi prospère que stérile, c’est un immense cimetière qui s’étendrait sous nos yeux.

Par :Mustapha Hammouche

Ah ! La belle prise !



Par Hakim Laâlam
Email : laalamh@yahoo.fr
Des montgolfières, avec à leur bord des Autrichiens, des Finlandais et des Belges, atterrissent en catastrophe en Algérie.

Harraga ?

C’est la plus belle des victoires ! De celles qui vous font gonfler la poitrine et vous rendent fier d’être algérien. Imaginez un peu : l’Algérie, par la voix inimitable du bon docteur Ould- Abbès, ministre de la Solidarité, annonce devant caméras et micros qu’elle a réussi «à débusquer 91 000 indus bénéficiaires du couffin du Ramadan». Moi, je ne peux résister à l’enthousiasme enthousiasmant que ces chiffres provoquent sur mon enthousiasme. Dès que j’écoute un ministre me révéler que la République, la belle, grande et riche République a réussi à débusquer 91 000 fraudeurs aux couffins de la faim, je n’ai qu’une envie : mettre un CD de l’hymne national à fond, me planter devant le lecteur et verser une larme. Car on ne peut verser que des larmes lorsqu’on entend cela. Un officiel heureux, le sourire victorieux, et qui, tel un chef de guerre, un général des armées, un empereur chevauchant son fier coursier à la tête de ces bataillons annonce avoir capturé 91 000 gueux et les avoir mis hors d’état de nuire au gardemanger de la Dawla. C’est pas beau, ça ? Au pays du pétrole, au pays des 60 millions de quintaux de céréales attendus cette année, au pays de Aâmi Boualem, le Saint Homme qui l’espace d’une nuit effaça des statistiques algériennes tous les pauvres, au pays des immenses réserves de changes vantées et chantées sur tous les toits, au pays des enfants de ministres conduisant des berlines de luxe sur des routes suisses et exhibant sans se faire prier 20 000 euros d’argent de poche, dans ce pays-là, dans ce beau pays-là, un dangereux gang composé de 91 000 affamés vient d’être appréhendé. Comment voulez-vous, après ça, ne pas être fier, hein ? Je propose que ces «truands de la faim» subissent un châtiment exemplaire. Un à un, ils devront rendre tout ce qu’ils ont mangé, l’intégralité du couffin avalé, jusqu’à la dernière bouchée de pain et de pâtes. De gré ou de force. Dussent-ils vomir leur butin si mal acquis ! Bravo la République. 91 000 hourras pour cette Républiquelà ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.

Internet en Algérie en 2009

Les actes d’intolérance se multiplient

Et revoilà l’inquisition drapée des oripeaux du rigorisme et de la bienséance la plus chafouine qui frappe de nouveau ! Le fait : Djamila, une jeune émigrée, et son cousin, ont été arrêtés le 1er septembre dans un parking attenant au parc zoologique de Ben Aknoun alors qu’ils s’apprêtaient à casser la croûte à bord de leur véhicule. Ils sont embarqués manu militari au commissariat de Draria et placés en garde à vue pendant 24 heures, avant de se voir transférés à la prison d’El Harrach. Ils ne doivent leur salut qu’à l’intervention d’un personnage haut placé qui a hâté leur libération. Malheureusement, le calvaire de Djamila et son cousin n’a rien d’une petite fausse note dans un havre de tolérance.

Qu’on se souvienne de l’affaire des six personnes condamnées, le Ramadhan dernier, à 4 ans de prison ferme par le tribunal de première instance de Biskra. Il leur avait été reproché de s’être livrés à des jeux de société, une bouteille d’eau gisant à côté d’eux. Ils finiront par être acquittés grâce à la mobilisation de pans entiers de l’opinion, scandalisés par cette chasse aux sorcières d’un autre âge. Rappelons également le cas de ces trois manœuvres en bâtiment « surpris » sur un chantier, à Alger, en train de griller une cigarette. Le châtiment s’est voulu, également, aussi sévère qu’exemplaire. Le tribunal de Bir Mourad Raïs les avait condamnés, le 30 septembre 2008, à 3 mois de prison ferme avant que la cour d’appel ne revoie la sentence à la baisse en les condamnant à 2 mois d’incarcération avec sursis, sachant qu’ils avaient purgé cette même peine au titre de la détention préventive.

La liberté de conscience aux orties

Il est important de souligner que les magistrats ayant eu à statuer sur ces cas ne s’appuient sur aucun texte clair. De fait, il n’existe pas, dans le code pénal, d’article explicite, signalent les juristes, qui condamne expressément les non-jeûneurs. L’action publique repose, en l’occurrence, sur un article vague introduit dans le corpus juridique à la faveur de l’amendement du code pénal et du code de procédure pénale opéré en 2002. Il s’agit de l’article 144-bis 2 qui dit : « Est puni d’un emprisonnement de trois à cinq ans et d’une amende de 50 000 DA à 100 000 DA, ou de l’une de ces deux peines seulement, quiconque offense le Prophète (paix et salut soient sur lui) et les envoyés de Dieu ou dénigre le dogme ou les préceptes de l’Islam, que ce soit par voie d’écrit, de dessin, de déclaration ou tout autre moyen. » En l’espèce, on ne peut que constater « l’élasticité » du code pénal qui laisse ainsi à l’appréciation du juge l’étendue de la peine à infliger au contrevenant aux règles sacrées du Ramadhan.

Dans ce même ordre d’idées, il faut relever cette autre aberration qui consiste à priver les ressortissants étrangers de toute possibilité de se sustenter le jour, en période de jeûne. Cela a été observé y compris dans des hôtels cotés, qui, pour nombre d’entre eux, poussent l’inhospitalité jusqu’à refuser à leur clientèle non musulmane le petit-déjeuner. Que de fois n’avons-nous entendu autour de nous nos aînés évoquer, non sans une certaine nostalgie mâtinée de rage, une Algérie beaucoup plus tolérante, plus ouverte, où il faisait bon vivre malgré tout et où jeûneurs et non-jeûneurs se fréquentaient dans une parfaite indulgence. A la lumière de ce qui vient de se passer à Ben Aknoun, on mesure l’ampleur de la régression accusée par notre société et l’emprise des pratiques inquisitrices qui ciblent avec acharnement les « minorités » de toute sorte (qu’elles soient cultuelles ou culturelles) qui se cramponnent à leur pays, l’Algérie, contre vents et marées. Les exemples de cette intolérance tous azimuts ne manquent pas.

On se rappelle de l’épisode de Habiba K., cette citoyenne de Tiaret condamnée en première instance à trois ans de prison. Son tort ? Elle était en possession d’exemplaires de la Bible, elle qui s’était convertie au christianisme. Citons aussi le tollé soulevé par les miniatures qui illustrent l’excellent livre de cheikh Khaled Bentounès, Soufisme, l’héritage commun, une levée de boucliers qui a mobilisé, outre les forces fondamentalistes les plus obscures, des cercles proches du pouvoir. Rappelons également la campagne de fermeture des bars et autres night-clubs au pas de charge et le durcissement des licences d’ouverture de débits de boissons, plongeant nos villes dans un climat de « prohibition ».

L’excès de zèle frisant le folklore qui a entouré le Ramadhan des Verts lors de leur stage au cercle militaire de Beni Messous, avant le choc Algérie-Zambie, qui a fait les choux gras de certains médias (ENTV en tête), en a choqué plus d’un avec tous ces reportages gentillets qui s’échinaient à mettre en évidence la piété et l’atmosphère de khouchouâ dans laquelle le groupe évoluait en ce mois sacré. Des titres sont allés jusqu’à comparer le match de dimanche dernier à la bataille de Badr, avec un atavisme consommé où la bigoterie le dispute au populisme en puisant à volonté dans la mythologie fantastique d’un Islam fantasmé.

À quand des « espaces non-jeûneurs » ?

Question naïve : à quand des espaces non-jeûneurs dans les entreprises, dans les trains longs trajets, voire dans certains espaces publics ? Il ne faut pas rêver, surtout à voir les campagnes policières de chasse aux couples, aux harraga et aux non-jeûneurs se doubler d’un effort médiatique sans précédent pour engouffrer définitivement la société algérienne dans le Moyen-Âge. La tolérance, c’est l’affaire d’institutions fortes, nous semble-t-il, dont les médias sont des acteurs de premier plan.

Qu’un quotidien, Ennahar pour ne pas le nommer, joue les procurateurs bondieusards en mettant, dans sa Une d’hier, un jeune sur le point de mordre dans un sandwich, cela n’a qu’un nom : la délation. Le journal titre en grosse manchette : « Des cafés et des restaurants bafouant la sainteté du Ramadhan en plein jour. » Dans le reportage qui pointe du doigt la Kabylie comme bastion de la chrétienté et fief des anti-Ramadhan (un thème cher à une certaine presse à sensation), l’auteur du papier va jusqu’à dénoncer à la police un groupe de récalcitrants pas très emballés par le rite du carême.

Mais les services de police n’ont pas jugé utile de rééditer l’action musclée de leurs collègues de Ben Aknoun, regrette le cafteur. Moralité : il apparaît urgent, dans cette Algérie déboussolée, cette Algérie gangrenée par la haine et l’intolérance, de sonner la révolte des citoyens libres et de susciter la mobilisation de tous afin de récupérer tous ces espaces de liberté cédés.

Par Mustapha Benfodil

MacCarthysme algérien

McCarthy est ce sénateur américain du début des années 1950 qui s’était mis à faire la chasse aux progressistes des Etats-Unis, qu’ils soient dans le monde des arts, de la culture, du journalisme, de la science ou de la politique. Sa « chasse aux sorcières » avait terrorisé toute l’Amérique. Il avait fini par se suicider, mais il a fait des petits à travers le monde. L’Algérie n’a pas été épargnée par le phénomène.

Dès l’indépendance, Ben Bella avait mis en prison ou exilé au Sahara toutes les grandes figures de la révolution. La chasse à l’adversaire politique était ouverte. Depuis, elle ne s’est pas arrêtée. A l’époque de Boumediène, par exemple, les jeunes qui avaient des cheveux longs étaient pourchassés par la police. Ensuite, ce fut « l’opération antidragueur », gare au couple qui se promenait dans les rues d’Alger, s’il n’avait pas un livret de famille avec lui. La culture de l’intolérance s’était installée.

Elle sera exacerbée surtout par les baâthistes et surtout le FIS, lequel comme McCarthy s’était promis de purifier l’Algérie « des communistes, des laïcs, des démocrates, des francophones, des juifs et des chrétiens ». Si le parti de Abassi Madani a été effacé officiellement de la scène politique, son idéologie malheureusement fait des dégâts comme on vient de le constater durant le mois de Ramadhan. En effet, depuis quelques années, la chasse est faite aux non-jeûneurs par des services de sécurité zélés qui les présentent à la justice, laquelle, contre toute logique et en violation de la loi, prononce des condamnations.

Durant cette période, on remarque l’apparition de super-musulmans qui s’érigent en moralisateurs de la société. On trouve même des journalistes délateurs, nourris à la mamelle du BRQ, qui font dans la dénonciation, faisant fi de toute éthique et de toute déontologie, s’ils savent ce que ça veut dire, bien entendu. Ils sont dans la logique des régimes totalitaires, ennemis de toutes les libertés, et qui payent des mercenaires de la plume pour mener des campagnes inquisitoriales.

Des indicateurs, transformés en « enquêteurs » s’acharnent particulièrement sur la Kabylie, parce que le pays de Krim Belkacem refuse de plier le genou devant le régime oppresseur et qui, par conséquent, mérite d’être puni et montré à la vindicte des intolérants. Un comportement criminel que fait consciemment le jeu du wahhabisme et de l’islamisme qui a pourtant mis l’Algérie à feu et à sang.

Un comportement destiné à déstabiliser et à diviser l’Algérie, une opération que même le colonialisme n’a pas réussie malgré ses efforts durant 130 ans. Ceux qui tirent les ficelles ne veulent pas voir l’Algérie en paix et comme l’a souligné le professeur Mohamed Hennad, dans une interview à El Watan en parlant de la LFC, « comme s’ils ne comptaient pas investir leur avenir et celui de leurs enfants dans ce pays ».

Par Tayeb Belghiche

ENTV, de qui se moque t’on ?

On prend les mêmes et on recommence ! C’est apparemment une devise jalousement soignée et pratiquée par l’unique à chaque avènement du mois de carême. Depuis des années l’on a eu droit aux mêmes visages, les feuilletons “dramatiques”, des sitcoms, les séries humoristiques qui ne font jamais rire, les même recettes culinaires qui n’ont rien à voir avec le pouvoir d’achat du citoyen, bref une redistribution de rôle qui fait de l’unique, une télévision boudée, nageant dans un océan de médiocrité.

Que peut-on alors dire du programme spécial Ramadhan préparé, cette année, par la télévision algérienne sinon que le téléspectateur est, pour la énième fois, resté sur sa faim. L’ENTV qui fonctionne grâce au fonds du contribuable n’a pas dérogé à la règle. Pire encore, elle s’est même “professionnalisée” dans la médiocrité régie, à l’occasion, en critère de sélection des produits diffusés. L’illustration parfaite d’un tel désastre n’est autre que la série “Souk El Hadj Lakhdar” présenté comme un grand succès par les adeptes de l’imperfection.

La série qui n’a pas absolument rien de comique présente le citoyen comme une bête féroce qui va à la chasse chaque jour que Dieu fait, loin de chercher les moyens, la finalité est de satisfaire son égo. Pour Lakhdar qui n’a rien de Hadj que le nom, l’algérien est un anarchique qui crie partout et pour n’importe quelle raison, le marché est un grand bazar où s’entre mêlent tous les vices et défauts d’une société de consommation.

Au 17ème jour du mois de carême, il n’y a que Sidna L’hadj Lakhdar qui est “pieux” puisque tous les épisodes présentent les autres “comédiens” qui voleur, l’autre menteur et j’en passe sur les vociférations qui font l’essentiel du “scénario” inexistant laissant ainsi libre à l’improvisation. Après avoir agressé les téléspectateurs par une série “suffocante” l’ENTV sert Akhtini de Mourad Khan et Dahka ou Laâba de Sofiane Dani. L’on y regarde, médusée, surpris difficile de se situer encore moins de rire.

L’on finit même par se demander : mais comment osent-ils faire ça tellement le niveau touche vraiment le sol. Absence d’un vrai scénario, réalisation technique défaillante et des prestations complètement ratées, la suite du programme ramadanésque présenté par l’unique, feuilletons algériens entre autres, finit toujours par convaincre les plus fidèles d’appuyer sur la… Télécommande laissant ainsi l’ENTV et la mauvaise humeur qu’elle imprime, l’on aura juste après l’impression de se libérer d’un lourd fardeau.

Après avoir subi ces ratages successifs, on se rendra même compte qu’au lieu de servir d’outil de divertissement, l’unique est beaucoup une source de stress et d’angoisse. Zapper est d’ailleurs un sursaut salvateur “heureusement la parabole est là, sinon…” commente plus d’un. Fini donc le temps du monopole de l’unique.
Les Algériens se sont adaptés aux règles de la concurrence car le champ audiovisuel est plus que jamais ouvert aux centaines de chaînes satellitaires qui offrent aux téléspectateurs une facette de programme où la qualité est le seul maître mot, il est temps pour notre pays de suivre le pas de cette ouverture en libéralisant le secteur de l’audiovisuel, la décantation interviendra juste après.

Omar Zeghni

Eviter la débandade ?

L’Allemagne, la Grande-Bretagne et la France appellent à la tenue d’une conférence internationale sur l’Afghanistan avant la fin de l’année pour «établir de nouvelles perspectives et de nouveaux objectifs en matière de gouvernance, d’état de droit, de sécurité et de développement économique et social en Afghanistan». Ils parlent comme si auparavant leur agression militaire avait d’autre objectif annoncé à part donner une leçon au mollah Omar parce qu’il ne voulait pas livrer Oussama Benladen, son hôte et ancien chouchou des services américains, à l’ancien président Georges Bush.

Depuis, le mollah Omar et son hôte courent toujours et Bush a été sacré «tête à godasses» après sa découverte d’armes de destruction massive en Irak. Berlin, Londres et Paris parlent de bonne gouvernance alors que le pays essuie une scandaleuse fraude électorale, qu’il ploie de plus belle sous des tonnes d’opium, produit d’une culture qui opère un retour aussi irrésistible que celui des talibans. Une conférence qui ne changera pas grand-chose au cours d’une guerre dont l’issue était en réalité connue d’avance.

Et si, à son commencement, les pays qui y sont engagés refusaient d’envisager l’échec, aujourd’hui les voix responsables ne parlent que de çà ! Jusqu’au commandant des forces américaines en Afghanistan, le général Stanley McChrystal, qui confiait hier au Wall Street journal que les talibans ont pris le dessus dans le pays. Un général britannique affirmait il y a quelques jours que l’OTAN n’allait pas gagner la guerre.

Kai Eide, représentant de l’ONU, n’en pensait pas moins : «Nous savons tous que nous ne pouvons pas gagner militairement», disait-il. Un rapport des services américains publié récemment par le New York Times notait que le pays était plongé dans une spirale négative et qu’il est peu probable que son gouvernement soit en mesure de contrer les talibans.

Hamid Karzaï n’a pu que confirmer : « Nous n’avons pas réussi à apporter la paix (…) et nous n’avons pas vaincu le terrorisme», avouait-il lundi dernier au Figaro. Les talibans ? Conférence ou pas, ils disent qu’ils sont chez eux et qu’ils ne négocieront pas tant que les forces étrangères n’auront pas quitté pas le pays.

Par Mohamed Zaâf

Un million de raisons pour…

Très sérieux dossier que ce défi du million de logements qui revient pour les cinq années à venir. Curieux aussi dans le sens où tout semble virtuel en l’absence d’arguments matériels et autour duquel, du moins, foisonnent toutes les déclarations positives possibles mais aussi dans la foulée d’autres encore plus contradictoires, très souvent formulées par les... mêmes acteurs.

Sans conteste l’Algérie présente, d’est en ouest et du nord au sud, toutes les caractéristiques d’un immense chantier à ciel ouvert. Les besoins en logements exprimés ou non compte tenu de la démographie galopante sont, quant à eux, bien réels. Comme n’ont cessé d’être réelles les difficultés d’abord et la disponibilité des moyens humains et des compétences techniques pour les surmonter.

En avril 2008, le ministre de l’Habitat faisait part de son scepticisme, à juste titre sans doute, des capacités «...des entreprises nationales» envisageant l’appel encore une fois à celles étrangères pour les projets restants, voire les RAR, considérant qu’elles (les entreprises nationales) «sont loin de répondre aux normes universellement admises...non en mesure de répondre à la gamme offerte par nos programmes». Cela même si l’intervention des entreprises étrangères dans le créneau est pratiquement insignifiante.

Noureddine Moussa, à son tour, a eu un tête à tête avec le président de la République et est conscient maintenant que plus que jamais que les engagements pris par le président de la République dans le cadre de la campagne électorale sont appelés à être suivis d’effet.

Il demeure toutefois insuffisant aux yeux d’Abdelaziz Bouteflika de n’aborder la question du million de logements que sous l’aspect arithmétique, ses exigences allant plus, ce qui au demeurant est légitime pour ne pas dire tout simplement du domaine de l’ordre normal des choses, qu’un cadre de vie idoine doit accompagner ces programmes tel tout d’abord que la livraison de logements répondant aux normes mais aussi l’éradication de cette plaie qu’est l’habitat précaire ou encore le phénomène des logements livrés sans qu’ils ne soient inachevés.

L’Etat, comme il n’a eu de cesse depuis une dizaine d’années, à travers une politique soutenue, investit des moyens financiers pharaoniques, autorisant, facilitant et contribuant à la mise en place de tous les mécanismes à même de garantir la concrétisation des objectifs pour peu que les citoyens gardent l’espoir de bénéficier d’un droit que garantit sans exclusive la constitution même si, pour le président de la République, la priorité des priorités va aux catégories sociales défavorisées. Cette omniprésence est néanmoins parfois battue en brèche par des pratiques et autres comportements interlopes périphériques, conséquences en général de la corruption au moment de la distribution des logements dont la destination est dévoyée et de la spéculation en matière de disponibilité des matériaux qui freinent dramatiquement l’avancement dans les livraisons.

En tout état de cause, si le programme du million de logements (2004-2009), en dépit de toutes les contraintes ayant prévalu, a été réalisé et livré il n’y a pas de place pour de quelconques arguments qui justifierait un échec pour le quinquennat 2009/2014. La spéculation ne cessera certainement pas et il appartient toutefois aux acteurs concernés entre pouvoirs publics et promoteurs de trouver les solutions idéales si ce n’est pour l’éradiquer et l’annihiler au minimum.

Par A. Lemili

A 3e mandat, 3e programme

Le président de la République, dès sa première investiture, avait conscience des enjeux de justice et de cohésion sociale que le logement portait, du moins à travers une solution audacieuse. En auditionnant le ministre de l’Habitat, le président de la République n’en attend pas moins que d’être informé sur l’état d’avancement des différents programmes de logements, ceux ayant connu des retards, ceux dont le calendrier de réalisation arrive à échéance et ceux devant démarrer.

Mais ce n’est certainement pas pour exprimer des satisfecit que le Président a rencontré le responsable de ce secteur. A l’ordre du jour, des questions qui posent problème et qui font que ce secteur, connu pour être d’une portée sociale cruciale, a du pain sur la planche et des solutions à trouver à des problèmes demeurés inextricables, notamment celui des centaines de milliers de logements vacants, alors que la crise du logement et la spéculation, qui lui est pendante, ont atteint leur paroxysme, au plus fort de la politique de logement la plus volontariste de l’histoire de notre pays.

D’autres questions sont prévues, notamment celles portant sur le bilan des assiettes de logements, les opérations de construction, de distribution et les nouvelles mesures en vigueur dans le domaine du développement optimum du secteur de l’habitat.

Noureddine Moussa doit fournir un calendrier détaillé sur l’ambitieux programme additif de réalisations de logements pour le quinquennat en cours. Un programme qui pourrait nous tenir en haleine cinq années durant lesquelles le logement sera encore la vedette de tous les programmes de développement.

F. N.

La pire des lâchetés

Comme pour les suicides, et peut-être pour d’autres fléaux, il est difficile d’avoir des statistiques fiables pour les agressions contre les femmes, le problème étant entouré d’un voile de tabou qui empêche l’expression, donc la confection de chiffres afférents à ces violences.

C’est cette chape de silence, cette omerta passive et résignée à laquelle se soumettent les femmes battues, surtout dans l’espace conjugal, qu’il faut s’atteler à briser. Dans des sociétés comme la nôtre, encore imbue de valeurs rétrogrades et archaïques, la virilité, le machisme et l’exaltation de la masculinité, frapper sa femme (ou celle d’un autre, au passage) passe encore comme un symbole de force et de puissance, alors que c’est là l’emblème du comportement lâche, propre aux hommes vils, faibles, pleutres et poltrons, qui ne montrent leur force que devant les êtres vulnérables. De plus, ces agressions bénéficient de la complicité de l’entourage qui, quand il n’assume pas carrément ce genre de violence, le dissimule.

Et quand l’acte d’agression (la notion de viol conjugal n’existe même pas chez nous) est dissimulé, c’est soit par crainte des représailles, soit parce que le sujet est encore tabou, ce qui ne fait que l’inscrire encore plus dans la durée.

De plus en plus, l’islam est éclaboussé par des histoires d’un autre âge mettant en scène des femmes, à chaque fois comme victimes, la dernière en date étant celle de Loubna la Soudanaise, et tout ça commence à bien faire. Une société qui maltraite ses femmes n’est pas digne de se regarder dans une glace, encore moins d’être éligible à la modernité.

N.S.