mercredi 9 septembre 2009

Patriotisme économique

Cette rentrée sociale restera inconestablement marquée, au plan économique, par la controverse qu’a alimenté la loi de finances complémentaire 2009 et ses dispositions relatives à la protection de l’économie nationale envahie par des importations de toutes natures et pas toujours, ni utiles ni nécessaires. Mais au-delà de cette question qui, somme toute, reste conjoncturelle. Cette loi de finances a remis sur le tapis la grande question de l'ouverture commerciale des économies en développement et ce qu’elles auraient à espérer ou, au contraire, à craindre d’une politique libre-échangiste.

En d’autres termes, et pour parler de notre pays, le gouvernement a-t-il eu raison de chercher à «serrer les boulons » du commerce extérieur ? Tout de suite, la réponse est oui. Mais l’a-t-il fait judicieusement et a-t-il emprunté la meilleure voie pour atteindre son objectif ? Les opérateurs économiques nationaux ainsi que les analystes sont plutôt nombreux à répondre : non. Mais là n’est pas notre propos, aujourd’hui. Ce qui nous occupe aujourd’hui, c’est cette tendance de la pensée dominante au plan mondial à préconiser, avec insistance, l’ouverture commerciale et le libre-échange aux pays en développement car ce serait là que résiderait leur bonheur. Pourtant, c’est bien dans les pays capitalistes développés qu’a été remis à l’honneur, ces dernières années, le concept de «patriotisme économique» considéré jusque-là comme un... gros mot et que sont agitées de plus en plus ouvertement les politiques protectionnistes, chaque pays voulant sauvegarder ses emplois, ses unités de production, ses équilibres financiers extérieurs.

Ce sont bien ceux-là mêmes qui ont défendu les bienfaits d’une économie mondialisée, sans frontière, libre-échangiste qui aujourd'hui revendiquent une régulation mondiale, une gouvernance mondiale de ce processus de globalisation. Et la crise économique mondiale actuelle les a encore plus confortés dans leur retour au «patriotisme économique» et la défense des intérêts nationaux chaque fois que le libéralisme les remet en cause. Le président de la République française rappelait encore récemment que «la France ne peut pas accepter n’importe quelle concurrence» et que «l’Etat a des responsabilités dans la défense des intérêts économiques de la France, et il entend bien les assumer pleinement ».

Mais il n’y a pas que le président français qui clame le bien-fondé du patriotisme économique. Rappelonsnous l’Administration Bush qui a réinstitué au début des années 2000, le système des quotas pour protéger l’acier américain peu compétitif sur le marché intérieur. Ou encore, le Congrès américain qui, pour stopper une tentative d’achat d’une compagnie américaine de pétrole par des investisseurs chinois, a classé cette compagnie «entreprise stratégique », comprenez non cessible. Rappelons-nous aussi la vague protectionniste qui a fait face à la compétitivité du textile chinois sur les marchés américain et européen à la suite de la fin du système des quotas prévue et prononcée par l’OMC.

Au sein même de l’Union européenne, et à la suite de son élargissement notamment aux pays d’Europe centrale et orientale (PECO), rappelons- nous la levée de boucliers véhémente avec laquelle a été reçue la libéralisation du marché des services (la fameuse circulaire Bolkenstein) dans des pays comme la France et l’affaire du «plombier polonais» (les travailleurs polonais coûtant beaucoup moins cher que les travailleurs français, allemands ou anglais, allaient envahir les marchés européens, concurrencer les travailleurs de ces pays et y accentuer le fléau du chômage).

Enfin, et pour ne citer que ces quelques exemples, après l’affaire Danone, entreprise dont le gouvernement français a refusé la délocalisation, il y a eu l’affaire Arcelor, entreprise sidérurgique qui a fait l’objet d’une offre publique d’achat (OPA) inamicale de la part de la société indienne Mittal Steel et qui a suscité le courroux du gouvernement français ainsi que de la plupart des économistes de ce pays, offusqués par l’initiative indienne, reniant ainsi les «vertus» du libéralisme financier et acceptant d’entraver «le libre fonctionnement des marchés», comportement qu’ils se pressent pourtant à dénoncer dès que des pays du Sud cherchent à défendre leurs intérêts économiques et leurs marchés intérieurs.

Ainsi, et pour revenir à notre économie, les termes du débat doivent être clairs : il n’est pas question de discuter le bien-fondé des mesures du gouvernement algérien visant à protéger l’économie nationale, le marché national et les entreprises nationales. L’économie de marché peut très bien fonctionner dans un contexte régulé, une ouverture commerciale maîtrisée, une gestion des équilibres financiers extérieurs. Encore une fois, ce sont les méthodes utilisées pour assurer cette régulation et ces contrôles qui demandent à être revues dans le sens d’une plus grande concertation avec les acteurs économiques et sociaux nationaux. C’est cela aussi le patriotisme économique.

Par Abdelmadjid Bouzidi

Un mois de prison pour avoir mis un pantalon

Ne jamais dire jamais !



Par Hakim Laâlam
Email : laalamh@yahoo.fr
Sarkozy au Brésil. Le président français invente un nouveau concept. Après la visite éclair, la visite…

… Rafales !

Al Hamdoulillah ! La journaliste soudanaise Loubna Ahmed Al Hussein ne subira pas le supplice du fouet. A la place, la justice soudanaise, dans sa grande et islamiste mansuétude, a «adouci» sa peine en la commuant en emprisonnement. Je rappelle le crime immonde, atroce, innommable, ignominieux commis par cette consœur : elle a osé porter un pantalon en public. Depuis l’incarcération de cette dangereuse délinquante à plume, je regarde plus intensément mes concitoyennes dans la rue. Surtout celles qui portent le pantalon. Combien de temps encore ? Et qu’on ne vienne surtout pas me dire que ça n’arrivera jamais chez nous, que ce genre de vilenie ne peut se dérouler dans un pays comme le nôtre. Je rappelle à ceux qui l’auraient oublié et à ceux, plus jeunes, qui l’ignoreraient que les femmes kaboulis portaient la mini-jupe avant l’arrivée dudit «modéré» Massoud et des beaucoup moins modérés talibans. Donc combien de temps encore avant les brigades antipantalons dans les rues d’Algérie ? Pour l’heure, et avant qu’elles ne se voient délivrer d’ordre de mission spécifique à la traque des femmes en pantalon, ces brigades des mœurs chassent déjà, en plein air, en plein jour, sans se cacher et sans vergogne les non-jeûneurs. De plus en plus de témoignages me parviennent par mails. Des messages, véritables SOS dans lesquels des couples surpris marchant ensemble dans les allées d’un jardin ou tout simplement discutant sont sévèrement interrogés par des «agents de l’ordre», souvent sermonnés en public, parfois embarqués, toujours traumatisés. Même chose pour les personnes prises «en flagrant délit» de boustifaille, avec là, un encadrement encore plus musclé que pour les couples. Alors oui ! Libre aux doux rêveurs, à ceux qui ont pris l’habitude depuis 1988 de ne se réveiller qu’au cours du dernier quart d’heure de penser que l’interdiction du port du pantalon faite aux femmes soudanaises ne peut pas transhumer jusqu’à chez nous. Le croire, c’est négliger un fait essentiel, fondamental chez les islamistes : il n’y a pas de chez nous qui tienne. Il n’y a que la terre d’Islam à couvrir du même voile. De Khartoum à Kaboul. Et de Peshawar à Alger. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L.

Réalité de terrain et réalité sur papier

D’après notre agence de presse officielle, l’audition du ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme a permis, entre autres, “de prendre connaissance des grandes lignes du programme quinquennal 2010-2014 dans ce domaine”. Pourtant, le programme quinquennal est supposé être connu de son auteur comme du public, plutôt dans les détails que dans ses “grandes lignes”. C’est d’ailleurs parce que nous avons pris connaissance de ce programme que nous sommes supposés avoir voté un troisième mandat pour celui qui doit le réaliser. Il ne devrait pas y avoir de nouveau au royaume de l’habitat et de l’urbanisme qui ne soit survenu depuis avril dernier.

L’audition précédente du ministre de l’Agriculture n’a pas non plus fait ressortir quelques faits nouveaux. Pourtant, la chronique de la dissipation de l’argent du FNDRA fait les choux gras de la presse depuis quelque temps. Mais malgré la gravité des faits évoqués, la précision des chiffres et l’identification des responsables concernés, l’opinion n’a droit qu’au silence en guise de réaction. Pas même une mise au point médiatique.

Ni les responsables incriminés ni les institutions auxquelles il revient de se pencher sur ce genre de questions, au moins quand l’insistance en devient troublante, ne se sont manifestés. Ni enquête déclenchée ni même une simple question parlementaire envisagée.C’est vrai que le ministre en charge de l’Agriculture à l’époque des malversations dénoncées a, depuis, changé de secteur. Ce qui lui permettra de parler d’autre chose que de l’agriculture et des questions que pose la gestion actuelle ou passée du secteur.

Ce qui permet, dans ce cas comme dans les autres, aussi de faire un bilan désincarné sans rapport avec ce qui se passe réellement sur le terrain. Une espèce d’exercice scolaire où il s’agit d’apprécier le contenu d’un document élaboré sur le mode “bilan et perspectives”, de style quantitatif, alignant quantités et pourcentages toujours en progression dans le sens du poil. Il ne reste plus qu’à améliorer une gestion et une projection bien menées par des orientations qui visent à en parfaire les résultats.

Est-il, par exemple, mentionné dans le document de l’éducation nationale que l’Algérie vient d’être classée 104e sur 104 pays participant aux Olympiades de mathématiques 2009 ? Deux de nos représentants ont eu la note 0 sur 42 et deux autres la note 1 sur 42 (total : 2 sur 164) ! L’un d’eux a été envoyé, par la suite, au Congrès hellénique de la jeunesse… pour l’encourager. À quoi ? Être le dernier de la classe dans ces joutes de l’intelligence appliquée au calcul pourrait être plus instructif — sans jeu de mots — que des pourcentages sur la réussite de nos élèves aux diplômes maison. Ou bien fallait-il faire comme pour le football : sélectionner les petits Algériens des lycées étrangers et les payer pour nous représenter dans cette confrontation des jeunes esprits ?

Ce n’est tout de même pas la médaille Field qu’on revendique, mais de ne pas être les cancres des maths, alors que nous fumes classés 21e, à notre première participation, en 1977. L’écart entre la réalité du terrain et les procès-verbaux diffusés par les canaux médiatiques officiels et para-officiels a quelque chose de traumatisant tant le monde décrit et le monde vécu sont éloignés.

Par :Mustapha Hammouche

Kadhafi, 40 ans au Pouvoir

Et la régulation ?

Les prix sont libres dans une économie de marché, mais en même temps l’État garde un œil vigilant sur tout dépassement qui risque de compromettre l’équilibre des prix et porter atteinte à la paix sociale qui, elle aussi, a un coût.

L’Algérie redeviendra-t-elle à nouveau le “grenier de l’Europe” ? Comment a-t-on fait pour casser l’un des piliers de l’économie algérienne pour faire du pays aujourd’hui l’un des plus grands importateurs de blé dans le monde ? À coup de mesures idéologiques, populistes et anti-économiques, l’Algérie est passée d’un pays de production à un pays de consommation. Les tentatives de réformes engagées pour sauver l’agriculture n’ont pas pu relancer le secteur malgré l’injection de plusieurs milliards de dinars.

Au-delà des scandales qui ont éclaboussé les organismes mis en place pour le développement de l’agriculture, le diktat de l’informel a réduit presque à néant les efforts consentis par les pouvoirs publics en vue de réduire la facture alimentaire. Le poids des intermédiaires demeure un handicap de taille qui empêche toute émergence du secteur et porte un coup sévère à la politique de régulation de l’État qui se retrouve piégée par sa propre logique.

Les prix sont libres dans une économie de marché, mais en même temps l’État garde un œil vigilant sur tout dépassement qui risque de compromettre l’équilibre des prix et porter atteinte à la paix sociale qui, elle aussi, a un coût. Sur cet aspect de la question, les pouvoirs publics n’ont pas pesé réellement sur le cours des évènements et le recours à l’importation des produits, objet de la spéculation n’arrange pas les choses, et ce, pour une seule raison : l’absence des supports de distribution de l’État. Ainsi, les quantités importées et qui sont censées mettre fin à la flambée des prix tombent entre les mains des intermédiaires qui n’hésitent pas à tirer profit de tout.

On l’a vu dans la vraie fausse crise de la pomme de terre où malgré les importations, les prix n’ont pas connu de fléchissements notables sans oublier la polémique créée par les islamistes sur la qualité du produit. L’absence du rôle régulateur de l’État laisse pour ainsi dire le champ libre aux divers spéculateurs et suceurs de sang pour faire régner leurs lois, la nature ayant toujours horreur du vide.

Par : Salim Tamani

Un artiste, c’est tout

Il y a des jours où vous pouvez vous esquinter les phalanges en zappant désespérément et vainement à la recherche d’une émission capable de vous accrocher un instant et de vous sortir de la monotonie des soirées sans relief: rien à faire! le ciel est vide!

Par contre, il y a des jours qu’on qualifierait de fastes où le hasard vous jette à la face une émission que vous n’attendiez point à voir au détour: alors vous bénissez les responsables de la chaîne en question, les programmateurs et le hasard qui fait si bien les choses...quand il le veut bien! C’est ce qui est arrivé ces jours-ci quand je suis tombé sur une émission en noir et blanc diffusée par une chaîne satellitaire spécialisée dans les programmes qui louchent un peu vers le sud de la Méditerranée tout en ayant bien les deux pieds fixés sur la terre de France. En voyant une silhouette bien familière écouter un garçon des rues chanter le fameux Epervier d’Hughes Aufray, une foule de souvenirs m’a assailli aussitôt.

D’abord des airs célèbres des années 50 et 60, des films des années 30 et 40, l’émigration algérienne en France et ensuite la mort presque anonyme de l’artiste. C’était en 1994, à l’occasion du décès de Marcel Mouloudji, les chaînes françaises ont peu fait cas du personnage alors que d’habitude, elles faisaient un hommage appuyé à tout artiste disparu: seul Pascal Sevran dans son émission La chance aux chansons avait rendu un vibrant hommage à ce beur méconnu. Marcel Mouloudji (il s’agit de lui) avait traversé calmement les plateaux français: sa silhouette de gavroche et sa voix de velours ont longtemps captivé le public français mais il a connu une certaine éclipse à partir des années 70 au point que Michel Field, qui animait une émission culturelle, avait avoué ne pas connaître ce comédien, ce chanteur, cet écrivain, ce peintre. J’en étais révolté.

Notre public n’a retenu de lui que l’anecdote de Tunis, où à l’occasion de son tour de chant, Mouloudji aurait été contacté par des responsables du FLN qui lui auraient demandé de prendre position dans le combat de libération. Le chanteur aurait refusé en arguant qu’il ne «faisait» pas de politique. Il fallait comprendre que tous les émigrés algériens ne gardaient pas la «terre au talon de leurs souliers».

Beaucoup d’Algériens sont partis sans jamais jeter un coup d’oeil en arrière vers la mère patrie où ils n’avaient connu que la sordide misère. Fils d’un maçon d’origine kabyle et d’une femme de ménage française, Marcel Mouloudji n’a pas connu l’Algérie, et le climat qui devait régner dans le foyer paternel ne devait pas l’inciter à s’interroger sur ses racines. Il eut la chance d’être tombé sur l’immense poète populaire, Jacques Prévert, qui avait remarqué un enfant qui passait souvent ses nuits sur un banc public près du canal Saint-Martin. C’est le poète qui lui mit le pied à l’étrier: l’enfant qui chapardait dans les grands magasins commença par faire du théâtre avec Jean-Louis Barrault et dans les troupes prises en charge par les organisations ouvrières: dans les années 30, les syndicats étaient combatifs et attiraient nombre d’artistes.

Dans l’euphorie de la révolution d’Octobre, ils s’occupaient de l’éducation des masses laborieuses, les réformes de 36 seront l’aboutissement de ces luttes.

Pour sa part, le jeune «beur» jouera dans de nombreux films écrits par Jacques Prévert et réalisés par Marcel Carné: mais c’est dans la chanson qu’il s’affirmera le plus: les textes de son maître, les chansons «engagées» comme Le Déserteur de Boris Vian, les chansons du terroir français le rendront célèbre. Il écrira des chansons, des textes, des nouvelles.

C’est avec une certaine émotion que Jacques Prévert lira un des textes de son élève: «C’est merveilleux» dira-t-il. Et de la bouche d’un poète, cela veut dire ce que cela veut dire.

Selim M’SILI

Le pétrole descend, l’agriculture monte

Notre économie est en pleine mutation. Les recettes pétrolières baissent tandis que la production nationale augmente. Cette année nos récoltes de céréales ont été 3 fois plus importantes que celles de 2008. Au lieu des 17 millions de quintaux de l’année dernière, nos agriculteurs en ont produit cette saison, 60 millions. Ils ont obtenu, toujours cette année, deux fois plus d’olives que l’an dernier, soit 5 millions de quintaux au lieu des 2,5 millions. Même chose pour les fourrages qui ont doublé cette année passant de 19,5 millions à 40 millions de quintaux.


Arrêtons là les chiffres, pour ne pas vous assommer, et résumons: l’agriculture va bien, merci! Il est plus juste de dire qu’elle va mieux car elle se réveille d’un long coma dans lequel l’avaient plongée diverses pathologies. Elle se réveille parce que la pluviométrie a été bonne, nous dit-on. Pas suffisant, sommes-nous tentés de répliquer.


On en a eu des bonnes pluviométries sans bonnes récoltes. Elle se réveille grâce aux mesures d’accompagnement, d’incitation et de facilitation qui ont été prises, comme l’effacement de la dette des agriculteurs. Comme le crédit bonifié Rfig. Elle se réveille au rythme d’une croissance annuelle de 6% depuis l’année 2000 où fut lancé le Plan national de développement agricole et rural (Pnda-Pndra) qui a permis de gagner plus de 500.000 ha de superficie agricole utile du pays.


Elle se réveille par les projets de proximité de développement rural intégré (Ppdri) dans lesquels sont introduits les contrats de performance. Elle se réveille par les toutes dernières mesures de la loi de finances complémentaire 2009 comme l’exemption de la TVA jusqu’en 2018 sur les locations de matériels utilisés dans la réalisation des silos, chambres froides et laiteries. Pas de TVA non plus sur les moissonneuses-batteuses produites en Algérie. TVA réduite pour les produits phytosanitaires et film plastique.


Ce record de production n’a pas empêché l’Oaic de rester dans le créneau de l’importation pour plusieurs raisons dont la plus évidente est la baisse sur le marché international des prix des céréales. Alors, autant en profiter et constituer des stocks pour les mauvais jours. Les conditions de stockage existent et se trouvent sur les lieux où étaient les Eriad.


Il est clair qu’il ne faudra pas s’arrêter là. Le développement doit être durable. Nous savons par exemple que des mégaprojets agricoles d’opérateurs algériens attendent que soit résolu le problème du foncier agricole. Ce qui semble être le cas puisque le chef de l’Etat a, au cours de la réunion de lundi dernier, instruit le gouvernement d’avoir à finaliser la loi sur la concession agricole, notamment pour l’exploitation des terres du domaine privé de l’Etat.


Si notre agriculture devait rester dans un tel développement durable et nous assurer une sécurité alimentaire réelle tant pour les céréales que pour les viandes et le lait, nous n’aurons plus besoin de rester les yeux rivés sur le cours des hydrocarbures avec ce qu’il charrie comme incertitude, migraine et stress. Parti comme c’est parti, il n’y a aucune raison pour que le défi ne soit pas relevé. Il l’est déjà!

Zouhir MEBARKI

Voir Cap Town et y mourir

Un énième jeune Algérien vient d'être assassiné en Afrique du Sud. On n'en entend pas parler mais la mort de nos ressortissants dans ce pays commence à devenir un peu trop fréquente pour être classée dans la rubrique des faits divers et expliquée par la fatalité du destin.

Quand un petit village de Kabylie en arrive à compter son troisième mort en moins de deux ans dans un pays où on n'a aucune raison de soupçonner quelque hostilité particulière, il faudrait peut-être poser d'autres questions. D'abord celle-ci : qu'est-ce qui peut bien attirer dans ce pays en convalescence politique qui se remet doucement de l'un des plus horribles cauchemars de l'humanité ?

Bien sûr l'Afrique du Sud a le mérite d'en finir avec l'apartheid et de tourner une page sombre de son histoire. Bien sûr qu'elle a une assise économique et un savoir-faire technologique qui la place logiquement à la première place du développement en Afrique. Pour autant, elle n'est pas vraiment un exemple de prospérité qui puisse faire rêver des jeunes Algériens en mal de perspective.

On y va donc pour d'autres raisons, dont la plus évidente est la relative facilité d'entrée dans ce pays. Selon l'un de ces jeunes installé là-bas depuis une dizaine d'années, il y a trois façons de se rendre en Afrique du Sud : la première, bien évidemment, consiste à demander normalement un visa. C'est hypothétique mais ça peut marcher. La deuxième est d'«acheter» un visa.

«Jamais trafic n'a été aussi facile et efficace», il suffit d'y mettre le prix. A partir de trois cent mille dinars. La troisième enfin est un long et périlleux périple dont le point de départ est la capitale égyptienne Le Caire. Une fois en Afrique du Sud les papiers de résidence sont faciles à obtenir à partir du moment où l’on a trouvé du travail.

Ce serait le réseau de passeurs égyptien qui est derrière le malheur et parfois le drame de nombre de jeunes Algériens parce que son activité ne s'arrête pas à l'acheminement.

C'est un véritable gang qui prend en otage ses «clients», les exploite dans leurs commerces ou les place ailleurs en les rackettant. Tous les jeunes Algériens morts en Afrique du Sud, et ils commencent à devenir décidément trop nombreux, seraient assassinés parce qu'ils se sont révoltés et ont tenté de reprendre leur liberté.

Et à chaque drame, la petite communauté algérienne de Johannesburg, de Cap Town ou de Pretoria, saisit les autorités du pays, souvent dans un langage sibyllin qui cache une profonde inquiétude. Déjà que l'Afrique du Sud ne fait pas vraiment rêver, alors y aller pour se faire racketter ou mourir…

Slimane Laouari

La démocratie en Afrique

Le calme est revenu progressivement au Gabon où l’élection présidentielle, qui a vu la victoire du fils du défunt président gabonais Omar Bongo, a suscité bien plus que de la simple contestation puisqu’il y a eu mort d’homme. Et d’aucuns se demandent en cet instant si ceux qui avaient dénoncé l’étouffement de la contestation du scrutin de même nature en Iran allaient réagir de la même manière. Mais là est une autre question, car celle qui revient avec insistance a trait à l’instauration de la démocratie sur le continent. Là, les données de corsent, avec cette tendance à vouloir conserver le pouvoir à tout prix ou encore son mode de transmission qui n’est pas univoque.

Il se trouve que le discours relatif à la démocratie est souvent porté par ceux qui n’y croient pas pour en avoir donné la preuve de différentes manières et la plus évidente d’entre elles est l’absence de contre-pouvoir et même de partis. Ce discours, malheureusement, est favorisé de l’extérieur. On a vu effectivement de grandes puissances citer ces pays comme exemples.

Oui, rien que cela. De la même manière qu’ils s’en prennent à d’autres, même si ceux-là ne sont pas éloignés de ce qui tient lieu de standards internationaux, et là on comprend aisément que de tels raisonnements sont commandés par l’intérêt seul. Sans le moindre état d’âme. Pourtant, l’Afrique s’efforce de prendre sur elle la promotion de la bonne gouvernance et de la démocratie, décidant pour cela, depuis le sommet d’Alger de 1999, d’exclure de ses rangs les régimes issus de coups d’État.

Pour tout dire, la tentation du pouvoir et les problèmes locaux étaient plus forts que cet appel parvenant à l’étouffer. Depuis cette date, soit depuis dix ans, on ne compte d’ailleurs plus les coups de force et les coups d’Etat, jusque et y compris là où, se dit-on, il n’y a pas d’enjeu, matériel bien entendu, contrairement aux zones de guerre qui recoupent bien souvent les centres de richesses du continent.

Même là, l’Afrique a prouvé qu’elle fait ce qu’elle peut pour y remédier, mais sans résultat probant faute de moyens que ne possèdent que les grandes puissances, et encore pas toutes. Un plan d’action a bien été adopté à la fin du mois dernier « pour trouver des solutions urgentes aux crises et conflits » en Afrique, sans toutefois réaliser d’avancées concrètes par rapport au sommet ordinaire de juillet à Syrte, en Libye.

Rien n’est laissé au hasard, mais l’Afrique rappelle à qui de droit qu’elle n’a pas besoin de bons mots – de circonstance – mais de soutien concret. L’on se rendra compte que les interférences et les intérêts étrangers ont favorisé et même protégé des régimes dictatoriaux. Tout se négocie, sans le moindre respect pour les millions de personnes qui ne demandent qu’à vivre, avec ce que cela suppose comme droits et libertés.

Par T. Hocine

Lâchers mortels !

Le guide nord-coréen ne sait plus où se mettre, les excuses de son pays se comptent par dizaines. C'est le fait d'avoir atteint le dernier stade d'enrichissement de l'uranium qui l'a mis dans cet état ? Ou en raison du dernier tir de missile nucléaire qui lui a coûté deux mois plus tard de nouvelles sanctions ?

Accusé de brouiller les pistes jusqu'au jour où il annoncerait être devenu une puissance nucléaire - l'Iran et le Venezuela le méritent, selon les vœux de Chavez à la Mostra de Venise -, le régime de Pyongyang a présenté ses excuses à la Corée du Sud pour tout autre chose.

Un lâcher d'eau surprise qui a fait trois morts et trois disparus de l'autre côté de la frontière. Après tout, il y a eu mort d'hommes et il n'est pas convenable de se mettre au bord de la rivière et attendre de voir passer le cadavre de son ennemi. On en connaît d'autres qui doivent se confondre en excuses mais qui sont restés imperturbables face à un autre genre de lâchers, pourtant beaucoup plus pulvérisant que la furie de la rivière d'Imjin.

Devant les députés au Bundestag, la chancelière allemande a déclaré que la mort d'une personne innocente en Afghanistan était une de trop. Mais Mme Merkel ne s'est pas laissé envahir par ses émotions, elle a estimé intolérable de porter un jugement prématuré sur la bavure commise par les forces allemandes de l'Otan.

La patronne de la CDU s'attend-elle à ce que l'enquête que réclament à présent Paris et Londres révèle une piste autre que celle de la bavure ? A moins qu'il soit prouvé que les civils ont servi de bouclier humain au moment de la frappe, cette sale bavure s'est quand même invitée de force aux législatives allemandes.

Ce qui est loin d'être un oiseau de bon augure pour Angela Merkel, 61% de l'opinion publique allemande est pour le retour des soldats à la maison. Elle n'est pas la seule à être confrontée à cette désapprobation populaire, le Britannique Gordon Brown perd le nord à Kandahar.

Que dire de Nicolas Sarkozy qui doit assister aux obsèques des deux sous-officiers tués à Kaboul. Les «trois mousquetaires» résisteront-ils à la pression de l'opinion publique européenne et à la pression des médias pour sauver le «roi Obama», la démocratie occidentale et toutes ses libertés avec ?

Ils viennent de proposer à Ban Ki-moon une conférence internationale sur l'Afghanistan d'ici la fin de l'année, histoire de baisser le niveau de la crue de… sang.

Mais cela ne devrait pas les épargner d'une cascade de critiques, les actes de fraude retenus contre Hamid Karzaï, le Président qui refuse d'être la marionnette de l'Occident, ne se comptent plus sur doigts d’une main. Le recomptage des voix concerne 600 bureaux de vote ! Mille excuses, l'éternel apprentissage démocratique est aussi fait de grandes impostures.

Par Anis Djaad

Acceptable ?

Les Algériens ont fêté partout à travers le territoire national et jusqu’au petit matin la dernière victoire du onze national face à l’équipe de Zambie. Des défilés de joie légitimes et qui, au fil du temps, sont devenus systématiques lorsqu’on gagne. Les Algériens sortent par familles pour manifester leur fierté et saluer la victoire, même si le tapage nocturne ne devait pas convenir à tous.

Des liesses qui ont tendance à se transformer en véritables coupe-gorge. Des meutes de voyous armés de couteaux y sévissent. Dans la seule Blida, la presse signale que plus de 50 personnes ont reçu des blessures à l’arme blanche, et dont certaines seraient graves.

Pour la capitale, il n’y a pas de chiffres disponibles, mais des témoignages concordants parlent de bandes de jeunes qui agressaient à l’arme blanche les gens pour les détrousser. Comme étaient signalés les chapardages lors des encombrements provoqués intentionnellement, ce qui permet d’arracher aux passagers des véhicules qui son portable, qui son appareil photo, qui sa caméra...

La folle conduite des casse-cou a fait beaucoup d’accidents et causé des morts. Des comportements fous, incontrôlables, que personne ne pensait d’ailleurs à contrôler. La voie publique était quasiment sans autorité et prête à appartenir à celui qui oserait la prendre. L’Etat ? Il devait être aux anges lui aussi ; cette victoire est une bénédiction du ciel.

Les morts, les agressions, les accidents, les dégâts ? Bah, ça fait partie de la vie. N’y en a-t-il pas tous les jours ? Un communiqué de la DGSN indiquait que plus de 1 300 affaires liées à la petite et moyenne criminalité ont été enregistrées pour la seule première semaine de ramadan dans la wilaya d’Alger.

Parmi elles, on signale 55 affaires d’agressions et de port d’arme blanche prohibée. Un nombre plutôt maigrichon, mais qui fait assez l’équilibre avec celui concernant les affaires liées à la vente illicite sur la voie publique et qui s’élève, lui, à 120. Un chiffre qu’on pourrait limiter aux ventes sur la voie publique d’un pan de quartier du côté de Sidi Yahia. Car du côté de la place des Martyrs ou de l’impraticable rue Bouzrina, la densité serait plutôt de 120 aux 100 M2. Des super tiers-mondistes, non !?

Par Mohamed Zaâf

L’Algérie qui gagne

La préparation des rencontres des Verts est d’une minutie indiscutable, non seulement sur le plan technique mais aussi sur des aspects qui peuvent paraître accessoires. Rien n’est laissé au hasard, le moindre détail est traité avec le plus grand sérieux comme le prouvent les appels aux spectateurs pour éviter tout dépassement préjudiciable à l’Algérie.

C’est un fait évident, les supporters sont considérés comme un facteur de premier plan dans la construction de la victoire. L’option pour une ossature «européenne», constituée de joueurs émigrés, a porté ses fruits. Le tournant a été la victoire sur l’Egypte, saluée par les supporters algériens comme une sorte de qualification avant l’heure.

Pour faire avancer leur équipe sur la voie qui mène au Mondial et réaliser un rêve vieux de plus de vingt ans, ils se sont mobilisés encore plus dans le soutien sans faille aux Verts. Chaque match est important, avait dit Rabah Saâdane qui s’était fixé comme objectif minima de gagner ceux joués à domicile.

L’équipe nationale a fait mieux : à l’extérieur elle a évité de perdre et a même gagné une fois, ce qui en fait la seule formation invaincue dans son groupe. En plus, elle s’est forgé une stabilité qui se consolide au fil des rencontres.

Il reste deux matches: le 10 octobre contre le Rwanda, à Blida, et en novembre contre l’Egypte, en déplacement. L’espoir est permis, parce que le staff qui pilote a décidé de gérer chaque match avec la même détermination de vaincre. Ce qui était du domaine du rêve au début de la compétition, personne ne pensait à une qualification au Mondial, devient possible. Par quel miracle ?

L. A.

Menaces ou ballons sondes

A écouter les syndicats autonomes de l’Education, le Cnapest emboîtant le pas au CLA, on envelopperait la rentrée scolaire dans une nuée d’angoisse et d’inquiétude. Grèves, boycotts, menaces brandies y compris par les adjoints de l’Education, il n’y a assurément pas de quoi placer cette rentrée scolaire sous les augures les plus optimistes.

Déjà que le niveau des potaches, tous paliers confondus, n’est pas des plus reluisants, une économie de ce genre de perturbations ne lui ferait pas trop de mal. Avec tout le respect dû à la gent enseignante et à ses revendications, globalement légitimes, ce genre de menaces n’est pas pour redorer le blason de cette corporation.

L’accusation d’être responsable du niveau catastrophique des élèves n’est pas une injustice, hormis les exceptions d’instituteurs et de professeurs dévoués à leur noble vocation de dispense du savoir. Les actions menées pour satisfaire leurs revendications, sous forme de grèves qui tirent en longueur, ne sont pas pour tempérer cette accusation.

Par contre, tous les concernés par le secteur de l’Education, c’est-à-dire les parents d’élèves, donc la société entière, comprendrait et même soutiendrait fermement ce type d’actions si elles étaient l’aboutissement de démarches (non satisfaites) et de tentatives de dialogue (sans écho) avec la tutelle, ce qui est apparemment loin d’être le cas. La formule «d’élèves pris en otages» n’est pas une invention vide de sens et l’on risque fort de s’y retrouver en cette orée de saison scolaire.

N. S.