dimanche 14 février 2010

La fatalité de Métis

Je crois que le mythe de Métis est toujours à méditer. Métis signifie en grec ancien, quelque chose comme «la ruse, le conseil». Cette Océanide, fille de l’océan, est présentée par Hésiode (poète grec du VIIIe siècle avant J.-C., environ vers -700. auteur entre autres de les Travaux et les jours), dans les écrits duquel elle apparaît la première fois, comme celle «qui sait plus de choses que tout dieu ou homme mortel».

Elle personnifie à la fois la sagesse et l’intelligence rusée. Magicienne, elle fut la première femme de Zeus. Les dieux avaient la fâcheuse habitude d’avaler tout bonnement celles et ceux, humains ou dieux, qui les contrariaient. Métis reçut ainsi la mission de son époux, Zeus, de préparer une mixture vomitive destinée à Cronos, le maître du temps, fils d’Ouranos, le ciel, et de Gaïa, la terre, afin qu’il régurgite les enfants qu’il avait avalés. Cela fait, Cronos fut détrôné par eux puis jeté dans les profondeurs du Tartare.

C’est Zeus, son fils, qui le remplaça sur le trône au terme de ce qu’on appellerait un coup d’Etat. Mais tandis que Métis était enceinte d’Athéna, Ouranos et Gaïa, les grands-parents en quelque sorte, prévinrent Zeus que son épouse allait accoucher d’un fils qui le détrônerait comme lui-même avait détrôné Cronos, son père, perpétuant ainsi l’héritage familial du coup d’état. Pour enrayer cette fatalité de devoir perdre son trône du fait de son propre fils exerçant la force brutale, Zeus résolut le problème à la source.

Ni d’une ni de deux, il avala la mère. Comme ça, au moins, il savait où elle se trouvait. Ce fut pour lui tout bénéfice car outre le fait d'empêcher la venue au monde du tyran putschiste, il réalisa un placement. Du fond de ses entrailles où désormais elle aurait ses appartements, Métis allait aider le maître de l’Olympe à discerner entre le bien et le mal. Mais les choses ne se passent jamais comme on les prévoit.

Même les dieux sont contrariés. Métis incarcérée dans ses boyaux, il fallait bien que l’enfant sorte de quelque part. Quelques mois plus tard, alors qu’il se trouvait au bord du lac Triton, Zeus ressentit de violents maux de tête. Il fit quérir le dieu forgeron Héphaïstos ou Prométhée, selon les auteurs. Zeus reçut un coup de hache qui lui ouvrit le crâne d’où jaillit Athéna armée d’une lance et d’un bouclier en poussant un cri de guerre qui, depuis, n’a jamais cessé de retentir chez les humains.

C’est que Métis avait conçu sa fille en même temps que son armure. Et c’est armée de pied en cape que naquit celle qui allait devenir la déesse de la guerre et de la sagesse. Elle rejoignit bien entendu par hérédité l’Olympe où elle occupa une place privilégiée, celle de favorite de son Zeus de père. Tout comme ce dernier, elle eut entre ses mains l’égide et l’usage du bouton atomique d’alors, c'est-à-dire le lancement de la foudre et du tonnerre. Pourquoi Métis et maintenant ?

A vrai dire, je ne sais pas trop. Une sorte d’intuition de la nécessité de revenir aux sources mythologiques pour mieux comprendre cette espèce de farce de l’Histoire qui se répète. On n’aura rien inventé, évidemment. Réfléchir, c’est sans doute interpréter ou, encore mieux, changer le monde qui se construit sur ce qui est déjà en place depuis le début. Métis est un double symbole : celui de la ruse et de la sagesse, de même que sa fille Athéna est celui de la guerre et de la paix et de bien d’autres choses encore.

Cette tradition des pères qui mangent leurs enfants pour n’avoir pas à être destitués par eux est une des permanences de l’histoire politique de l’humanité. Avaler. Ingérer. Bouffer. Manger. Mastiquer. La symbolique de la disparition par l’assimilation, qui est un processus digestif, marque l’histoire du pouvoir. Car c’est bien de ça qu’il s’agit. Ah, le pouvoir. Depuis que les hommes ont compris qu’avoir le pouvoir sur l’autre est une façon de ne pas l’avoir sur soi, la lutte est devenue féroce.

Aucune histoire de pouvoir, de quelque taille que ce soit, quelque communauté qu’elle concerne, n’échappe totalement à la fatalité de Métis. Prévoir et prévenir sont à la fois antagoniques et complémentaires. La ruse et la sagesse sont parfois les deux faces de la même stratégie de pouvoir. Quand on le prend par la force ou par la ruse, on le perdra de la même manière même si l’on enterre la mère du putschiste au fond de soi.

C'est-à-dire là d’où rien ne sortira sans qu’on le sache et le veuille. Qui est Métis et qui est Zeus et qui avale qui dans notre fiction nationale ? Etant mythique, Métis peut ne pas être féminin, bien entendu. La suite, chacun la construira comme il lui convient. C’est l’avantage et l’inconvénient de la fiction. Elle sort de l’imaginaire et s’adresse à lui. Parfois, bien entendu, elle rencontre la réalité et elle l’épouse. Mais c’est rare. Métis doit être encore au fond des boyaux d’un Zeus qui ne souffre pas de maux de tête.

Par Arezki Metref

L’Entv bat Al Jazeera Sport

«Les sondages ne votent pas, ce sont les gens qui votent.»
Hillary Clinton "Extrait de la campagne électorale 2000"

Suite à la publication d’une chronique sur le sondage de Sigma en Tunisie (qu’un petit site électronique éco croit détenir en toute exclusivité), l’agence Sigma nous a envoyé par correction et par un mail, le sondage concernant les audiences de l’Entv pour l’année 2009. Nous nous sommes intéressés aux chiffres des audiences des matchs de la CAN 2010. Or, à la surprise générale et malgré la mauvaise qualité du commentaire de Aït Athmane, l’Entv a battu Al Jazeera Sport dans le taux d’audience des matchs de la Coupe d’Afrique des Nations en Angola. Selon ce sondage envoyé par l’agence de communication Sigma, la Télévision algérienne a réalisé des chiffres importants par rapport au groupe Al Jazeera Sport qui investit des millions de dollars pour acquérir les droits de diffusion.

Ainsi, selon les chiffres de Sigma, le taux d’audience du match Algérie-Malawi était de 80% pour l’Entv avec un taux de pénétration de 64%. Le second match de l’Algérie a été suivi par 96% des Algériens avec un taux de pénétration de 67%. Le sondage de Sigma ne donne les chiffres d’audience d’Al Jazeera Sport qu’à partir du match contre l’Angola où l’Algérie avait réalisé un bon score, puisque 41% des Algériens ont suivi le match sur la chaîne terrestre ou A3 contre 37,7% sur Al Jazeera Sport.

Le match Algérie-Côte d’Ivoire, qui est considéré comme le meilleur match de l’Algérie, a été suivi par 55% sur l’Entv et 41% sur Al Jazeera Sport, soit un taux de suivi de 95% sur les deux chaînes arabes.

Le match capital de l’Algérie contre l’Egypte a été suivi par 55% sur l’Entv contre 41% sur Al Jazeera Sport. Le taux de pénétration était de 51% pour l’Entv contre 38,7% pour Al Jazeera Sport. Même si l’agence Sigma ne donne pas les chiffres d’audience du match Algérie-Nigeria, il n’empêche que 21% des Algériens ont suivi le match sur l’Entv contre 66,3% sur Al Jazeera Sport avec un taux de pénétration de 24% contre 10,3% pour l’Entv.

Ce sondage qui utilise la technique des carnets d’audience pour mesurer l’audience des médias audiovisuels, a interviewé en Algérie un panel de 600 familles habitant dans les régions d’Alger (300), Oran (150) et Constantine (150), avec le suivi de l’audience de 5 membres dans chaque foyer pendant une semaine par mois. Mais ce sondage ne donne pas le nombre de foyers possédant un démo numérique et ne précise pas si le match a été suivi sur la chaîne terrestre ou sur la chaîne A3.

Il faudrait également rajouter à ces chiffres les taux d’audience des Algériens vivant à l’étranger qui ont pour la plupart suivi les matchs de l’Algérie sur Al Jazeera Sport. Mais il était important de donner ces chiffres pour avoir un aperçu sur le taux de suivi des matchs pour avoir une idée de l’audience de l’Entv. La prochaine Coupe du Monde verra à coup sûr, une bataille acharnée entre l’Entv et JSC du groupe Al Jazeera, sur le taux d’audience dans le monde arabe. Affaire à suivre. Merci Sigma!

Amira SOLTANE

Il fait froid mais il y a plus grave

Il fait froid sur les hauteurs et même un peu plus bas. Les basses températures ont leurs faux dévots qui s'accrochent encore à quelques images d'un romantisme ringard mais toujours tenace. Ils ont même le droit d'être ringards, les romantiques. Mais ils ont surtout les moyens.

D'aller exposer des poitrines protégées de laine et de cuir au vent glacial face à la mer. De voir regarder les vagues en furie s'écraser sur des rochers qui leur renvoient des gouttelettes salées sur des pans de visage ignorées par les écharpes soyeuses. Il fait froid dans leurs têtes mais ils ne le savent pas. Ils vont alors défier la montagne, sur le toit de leurs véhicules des skis inutiles et d'autres objets saugrenus.

Il n'y a pas assez de neige pour le grand slalom mais assez pour la grosse frime. Alors, les faux dévots prennent d'assaut les hauteurs à défaut de prendre de la hauteur.

Ils mettent le pays profond et vrai dans leur dos et partent en escalade. Au bout, il n'y aura que les restes de barbecue toujours brûlé faute de savoir-faire et la hâte de rentrer à la maison parce qu'il y a plus de chance d'être vu sur la route ou devant le garage que sur des pistes factices d'une poudreuse rachitique. Il fait froid sur des hauteurs orphelines de gibier de bois sec et de vin chaud.

Les riches ringards savent rentrer à la maison quand plus personne n'accorde un regard à leur exhibition. Retrouver des rideaux aux couleurs de maison clause et leurs cheminées en stuc de pacotille où le chêne n'a jamais brûlé. Ils s'enferment, s'empiffrent de plats sans saveur en regardant sur leurs écrans plasma un cinéma de dernière zone avant de ronfler dans leurs cauchemars chroniques. La tête désertée par le rêve et le ventre inconnu du courage des hommes.

Demain ils recommenceront si le mercure ne remonte pas. Ils iront défricher d'autres champs de ridicule et polluer les travées de la vraie vie.

Il fait encore froid dans leur tête et ils ne le savent toujours pas, occupés qu'ils sont à couvrir leur dos au lieu de libérer le soleil obstrué par leur carcasse. Ils reprennent le chemin de la mer qui ignore leurs défilés d'ignares endimanchés et leurs plastronnades de parvenus chapardeurs.

Et la montagne les regardera de haut comme elle a toujours regardé ceux qui manquent d'égard à ses neiges éternelles. Alors, ils retourneront encore s'enfermer comme s'enferment ceux qui n'ont ni mer ni montagne. Mais ils recommenceront encore. Il fera toujours froid dans leur tête et le mercure n'y est pour rien, qu'il monte ou qu'il descende.

Slimane Lahouari

La rose et la baïonnette

Au royaume wahhabite, le gouvernement de Ryad voit tout en rouge. A tel point qu'une campagne nationale anti-St Valentin a été lancée contre les boutiquiers qui oseront exposer des produits en lien avec la fête des amoureux. Cependant, les Saoudiens pourront toujours se consoler avec ce cadeau qui leur vient d'ailleurs. 

De l'autre côté de la frontière, un cessez-le-feu bilatéral a été décrété par les autorités de Sanaa et les rebelles chiites. Malgré le signalement de sporadiques violations de cette trêve, disons que le Yémen est sur la bonne voie. En attendant la paix qui ne pourra voir le jour qu'avec le désarmement total de l'armée d'El Houthi.

D'ici à ce que la direction politique de ce mouvement armé (reconnu pour être à la solde des mollahs d'Iran) accepte cette «solution finale», il se trouvera bien des capitales qui se précipiteront à saluer ce calme précaire au nord du Yémen.

Tout naturellement, les Saouds qui ne voudraient pas payer le prix de l'élargissement de la suprématie iranienne dans la région par la voie de la déstabilisation frontalière. Viennent ensuite les pays dits «modérés» du Golfe qui craignent un effet contagieux sur leurs minorités chiites respectives.

Les gouvernements concernés peuvent dorénavant dormir sur leurs lauriers, l'Etat hébreu ne s'oppose plus au fait qu'ils puissent s'approvisionner en armes auprès des Etats-Unis. Enfin, parmi les plus heureux au sujet du fragile cessez-le-feu au Yémen, les Américains et les Britanniques.

Il faut dire que Washington et Londres ont mis le paquet pour que soit menée à distance une guerre préventive contre Al Qaïda Yémen.

Serait-elle plus facile à conduire sans les interférences de la rébellion chiite ? Le Royaume-Uni qui ne sait plus comment arrêter la tourmente dans laquelle se trouve le MI5 à propos d'un ancien détenu torturé à Guantanamo et les Etats-Unis qui maintiennent la rencontre Obama-dalaï-lama dans le froid pékinois en seraient convaincus. Les autorités militaires yéménites se concentreraient mieux sur le seul front de lutte anti-djihadistes.

D'autant que toutes les aides financières allouées par la puissante alliance occidentale y seraient entièrement consacrées.

Mais le tandem Obama-Brown est-il au moins courant que leur allié yéménite, nouveau pays pivot dans la lutte antiterroriste, n'a pas que les sbires de Ben Laden à éliminer ? Il est tenu à tout (re)construire et une misère chronique à éradiquer s'il ne veut pas que son territoire soit cartographié parmi ces terreaux favorables au djihadisme international.

Avec la mauvaise stratégie du tout militaire, opérée en Afghanistan, l'Occident a dû se rendre compte depuis que les tanks ne suffisent pas à réinstaurer la stabilité.

Avec Al Qaïda Yémen, dont les chefs ont la farouche ambition de contrôler le détroit stratégique de Bab El Mendab, entre Golfe et mer Rouge, les puissances occidentales ne sont que mieux averties. Bonne fête des amoureux et mieux vaut la rose à la baïonnette !

Par Anis Djaad

La prophétie 14 bis

Retrouvé presque intact aux abords du lac mort de Sidi Bala, dans l’ouest du pays, ce rouleau de papyrus usé et estampillé Tonic Emballage daté de 10 033 ans, selon les premières estimations de Slimane Hachi. Il y est inscrit, à l’encre fine et bleue, dans un ancien berbère aujourd’hui disparu, la prophétie 14 bis qui annonce la dernière heure. D’après la prophétie de Sidi Bala, la fin du monde, en Algérie, surviendra un vendredi en début d’après-midi, au moment précis où les premiers chouay ouvrent. Quelques mois avant, des signes avant-coureurs de la fin des temps le pays aura montré. Parcourront le pays par secousses de petits séismes et des émeutes de gens jeunes.

Fera fondre les ânes une chaleur intense, ainsi que feront fondre les ardents rayons du soleil les vieux, les réserves de change et les stocks de mayonnaise. Corrompu tout le monde sera et les bébés vivants vendront le lait maternel pour quelques dollars. Fanatique la population sera un baril d’or placé à El Mourad, elle adorera. Après la disparition de Petit Le 3, un grand sergent, Djoudj le major, au pouvoir arrivera par le biais d’élections sur Facebook triomphera.

L’Algérie et l’Egypte ne feront qu’une seule terre de sable où, munis de ses enfants, de pelles et de seaux, l’Américain jouera. Le pays dans le chaos, le vol et la rapine sombrera. Ne saura le ministre de l’huile noire, ne parlera le chef du grand clan et ne verra le vizir des justices. Le jour de l’heure, une grande explosion s’entendra et sur le pays tout entier déferlera, le village d’Abizar restera.

Sur le papyrus de Sidi Bala, par contre, il n’a pas été possible de retrouver la date exacte de la fin du monde telle que décrite par la prophétie 14 bis. Le jour de la fin du monde n’est pas daté, mais comme tous les projets sont en retard dans le pays, il est très possible que la fin du monde soit reportée indéfiniment. Comme un vulgaire métro.

Par Chawki Amari

La corruption durable

“Il y a plusieurs types de corruption : détournement, vol, favoritisme, délit d’initié, etc.” C’est Belkhadem, ministre d’État représentant personnel du président de la République qui parle. L’ancien instituteur de Tiaret en est, apparemment, au niveau de la recherche sur le sujet. L’effort méthodologique n’est pas inutile. De sa typologie de la corruption découle une première implication concernant la démarche de traitement du phénomène : “Si c’est un vol, il faut le traiter comme tel ; si c’est du favoritisme, il faut le traiter comme tel, et ainsi de suite.”

Seconde implication de cet effort darwinien de classification : “Le sujet est trop sensible pour être traité aussi précipitamment. Il faudrait au préalable le mûrir et approfondir le débat avant d’adopter un quelconque texte”, dit le ministre. Autrement dit, le projet de décret hâtivement concocté par le Premier ministre ne convient pas à une question aussi subtile. Tant qu’on n’a pas saisi la complexité du sujet, il faut le laisser… aux “spécialistes”, préconise-t-il.

Aux “experts”, pour paraphraser le titre d’une fiction télévisuelle actuellement en vogue. Pour soutenir l’argument “scientifique” et jeter la suspicion sur le projet de décret prêté à Ouyahia, Belkhadem fait le parallèle entre la conjoncture “qui prévaut depuis quelques jours” et “celle de 1998”. À raison, parce que la sortie de l’impasse créée, à l’époque, par une chasse aux sorcières d’inspiration politique avait ultérieurement nécessité une intervention politique. Mais à tort aussi, parce que l’offensive ne concernait que les dirigeants d’entreprise et tenait à un motif différent et juridiquement aberrant : “la mauvaise gestion”.

Ce qui semble le plus préoccuper Belkhadem, ce n’est au demeurant pas les poursuites, même dans la précipitation, contre les corrompus, mais la “suspicion généralisée” – vers le haut, surtout. “(…) À ce stade pénal, la responsabilité est individuelle. On ne peut évoquer la responsabilité morale ou politique qu’après que la justice eut fait son travail”, dit-il, rejoignant ainsi, et sur l’essentiel, Ouyahia qui avait préconisé la même circonspection. Il n’y a que le sens de l’humour de Belkhadem pour l’autoriser à demander aux Algériens d’attendre de la justice “indépendante” qu’elle leur présente les responsables politiques du pillage national.

D’ailleurs, on peut conclure avec Belkhadem, toujours, que “les scandales ont toujours existé et (que) rien ne dit qu’ils n’existeront pas encore”. Non, rien ne dit qu’ils disparaîtront, voire qu’ils diminueront ! Et c’est le ministre encore qui nous en donne la preuve : “Même lors des élections parlementaires aux Assemblées nationales, il y a eu des cas de corruption, de l’argent sale.”

C’est vrai : peut-on croire, en effet, qu’un personnel politique qui fraude et corrompt les électeurs hésitera à falsifier les comptes et à corrompre les partenaires économiques ?
Khelil vient de nous apprendre que le nord du pays recèle aussi des gisements d’hydrocarbures. Oui, les scandales existeront toujours. Même lorsque l’immense Sahara sera asséché. En se renouvelant, nos ressources non renouvelables entretiendront la durabilité de notre corruption. Et de notre système.

Par : Mustapha Hammouche

Ambition

«La mémoire est quelque chose de très utile! Elle sert à rentabiliser les expériences des autres», avait repris Noureddine après une courte pause. Les lectures, comme les discussions à bâtons rompus, étoffent l’individu. Et moi, dès que quelque chose me plaît ou me choque, je l’enregistre automatiquement. Je me suis aperçu que l’intelligence ne suffisait pas pour traverser cette courte période qu’on appelle la vie et qui est échue à chacun de nous. Il n’y a pas longtemps, un de nos anciens camarades avait écrit, dans un hommage rendu à un patriote injustement emprisonné, cette phrase: «Les injustices, à défaut de voyages, forment la jeunesse, puisque ceux qui combattent sont toujours jeunes.»

La formule est adéquate sur les deux volets qu’elle présente: les injustices ouvrent les yeux de ceux qui sont bercés par l’effet du matraquage de la propagande à laquelle on les soumet et ensuite, la lutte ou l’esprit combatif entretient la forme ou ne se laisse pas aller. Je ne sais pas bien qui de Courteline ou de Tristan Bernard, qui dénonçaient les vices de la bureaucratie de la IIIe République, avait fustigé les beni- oui-oui, les arrivistes, qui sont parvenus à des situations enviables grâce à la courbure de leur échine: «Il est arrivé! Mais, dans quel état!» Moi je n’ai jamais eu envie d’arriver.

Le manque d’ambition est un défaut impardonnable chez nous. On ne conçoit pas que les gens aient des caractères différents: il y en a qui traversent la vie en chantant, une fleur à la boutonnière et il y en a d’autres qui filent à toute vitesse, veulent gravir des montagnes, font tout pour accumuler des richesses. Ils ne jettent pas un coup d’oeil sur la beauté des paysages qui les entourent. Ils ont l’oeil rivé sur les chiffres de leur compte en banque et épuisent leurs neurones à inventer des stratagèmes ou des combines pour accélérer le mouvement. Alors, ils perdent tout repère!

Pourquoi se donner tant de mal quand on sait que tôt ou tard, cela finira. Mal ou bien, cela finira de toute façon. Mais comme disait un de mes professeurs en citant un écrivain: «On n’a jamais vu un corbillard suivi d’un coffre-fort.» Un autre, directeur d’école de son état, confronté aux innombrables problèmes que pouvait connaître un établissement de l’enseignement primaire, après avoir connu une longue période de dépression nerveuse-tu sais que la dépression nerveuse est la maladie qui frappe souvent les enseignants- m’avait déclaré au sortir du brouillard où l’avaient précipité les divers ennuis: «Je vais désormais avoir une vision cosmique des choses.»

Cela voulait dire pour lui qu’il allait tout relativiser et ne pas prendre les choses au sérieux. Pour me convaincre des difficultés qu’il avait à résoudre, il m’avait mis sous le nez un dossier aussi volumineux qu’une encyclopédie: «Regarde! Dans un village où l’eau coule à volonté. Dans un village qui est surtout réputé pour ses nombreuses fontaines, l’eau n’arrive pas jusqu’à l’école. J’ai écrit à tout le monde.

Il n’y a que le président de la République auquel je n’ai pas écrit. Rien! Et pourtant, il y a quelques années encore, l’eau coulait à flots ici: il y avait un bassin! On entretenait un verger, on arrosait le jardin. Puis, tout d’un coup, c‘est le désert. Ton cousin qui est maire, a préféré utiliser les maigres ressources de la municipalité pour goudronner le chemin qui passe près de sa villa. Mais pour assurer l’hygiène la plus élémentaire dans une école, il n’a pas les moyens. C’est à devenir dingue. Comment veux-tu que je me casse la tête après tout cela.»

Selim M’SILI

“24 Heures Chrono” : l'adaptation au ciné se précise

On en parle depuis plus d'un an. S'il est fidèle au poste depuis huit ans sur la chaîne américaine Fox, Jack Bauer pourrait faire un détour par le cinéma. Bien que la Fox n'ait pas encore décidé si elle commandait une neuvième saison de 24 Heures Chrono pour l'an prochain, l'idée d'une adaptation de la série sur grand écran est toujours d'actualité. Le scénariste Billy Ray (Jeux de Pouvoir) aurait même été embauché pour en écrire le script. Pour rappel, 24 Heures Chrono met en scène Jack Bauer, un agent de la Cellule antiterroriste, la CAT, de Los Angeles.

À chaque saison de la série, il se retrouve confronté à une mission périlleuse qu'il doit remplir en l'espace de 24 heures. Ainsi, chaque saison correspond à 24 heures dans la vie de Bauer (une saison comportant 24 épisodes et chaque épisode correspondant théoriquement à une heure en temps réel). Pour l'heure, personne ne sait si l'adaptation au cinéma se ferait pendant que la série est encore à l'antenne ou si, justement, elle ne prendrait forme qu'une fois la série terminée. C'est vers la deuxième solution que penchait l'an dernier Howard Gordon, producteur exécutif de la série.

“Je pense que, en ce qui concerne un film au cinéma, nous sommes d'accord avec Fox que cela ne peut arriver qu'une fois la série terminée. Je ne pense pas que 24 fonctionne au cinéma tant que Jack est à la télé”, avait-il déclaré. Mais Kiefer Sutherland, lui, n'est pas forcément de cet avis. Il est même persuadé que le film peut coexister avec la série. “J'ai même tenté de convaincre des gens de cette possibilité. Dans un monde de média qui change à une vitesse incroyable, une série télé peut constituer une superbe bande-annonce pour un film, ou un film peut être une superbe bande-annonce pour une série télé.

Et je pense que la personne qui le fera changera la façon dont la télé interagit avec le cinéma”, a-t-il expliqué. Pour l'heure, les chances que Fox commandent une neuvième saison de 24 Heures Chrono sont plutôt bonnes. Si les audiences sont en chute de 10% sur un an, la série a rassemblé en moyenne 11,9 millions de téléspectateurs au mois de janvier, et reste le troisième plus gros succès de la chaîne, derrière American Idol et Dr House.

Par : Rédaction de Liberte

Algérie : La fête des amoureux

Lettre ouverte d’en haut vers le bas !

Considérant les arguments en sa faveur, la responsabilité partagée, entièrement assumée de son côté, le ministre attend une réponse positive des syndicats de l’éducation qui bénéficient de l’exceptionnel privilège dans les annales algériennes de se voir destinataires d’une lettre ouverte de la part d’un ministre. Vont-ils alors lui renvoyer l’ascenseur et accepter de surseoir à leur mouvement de grève ?

Le dossier du régime indemnitaire des enseignants est en phase de finalisation. Volontairement annoncé, Benbouzid veut par là calmer les syndicats qui menacent d’une autre grève, eux qui ont réussi à faire basculer le rapport de force. Avec ses arguments retraçant le processus entamé depuis 2008 avec la reconnaissance de la légitimité des revendications, Benbouzid se place dans une posture de vis-à-vis sans préjugé avec les syndicats de l’éducation.

Son argument de base : la revalorisation incluant toutes les primes et indemnités avec effet rétroactif à partir de janvier 2008. Engagement pris d’ailleurs par le gouvernement. “Rien ne justifie une grève supplémentaire”, écrit Benbouzid dans sa lettre ouverte à la communauté éducative ; un appel aux enseignants qui prend à témoin l’opinion publique.

Le ministre tente de dissuader les enseignants de recourir encore une fois à cette action et de faire preuve de sagesse, mais aussi de patience, comme il a fait, lui, preuve de magnanimité et de souplesse en revenant sur les décisions coercitives et mesures disciplinaires.

Veut-il ainsi éviter d’autres perturbations et réclamer du “donnant-donnant” qui exige des syndicats leur part de concessions, à la limite la levée du préavis de grève ?

Considérant les arguments en sa faveur, la responsabilité partagée, entièrement assumée de son côté, le ministre attend une réponse positive des syndicats de l’éducation qui bénéficient de l’exceptionnel privilège dans les annales algériennes de se voir destinataires d’une lettre ouverte de la part d’un ministre. Vont-ils alors lui renvoyer l’ascenseur et accepter de surseoir à leur mouvement de grève ?

Il faut reconnaître que le ministre a démontré une certaine flexibilité malgré cette odeur de promesse qui suinte de la lettre, lui qui était souvent beaucoup plus enclin à dialoguer par le détour de la justice pour désamorcer les tensions. Il semble alors avoir réussi à mettre la balle dans le camp des syndicats…

Par : Djilali Benyoub

Vous vouliez qu’il parle ? Il a parlé !

Le congrès du FLN coûtera 7 milliards. 

H’ram !


Quand parlera-t-il ? Pourquoi garde-t-il le silence alors que tout le pays est secoué par des scandales ? Nous nous posions tous la question de savoir quand Abdekka se prononcera sur la corruption, et voilà qu’il vient enfin de le faire. Boutef’ s’est exprimé. Par la voix de… Belkhadem. La voix à tout faire du Palais.

Et qu’a dit Abdelaziz 2 sur la corruption ? En gros, ceci : attention, faut y aller mollo, faut pas généraliser, faut enfiler des gants certifiés conformes aux normes Iso 2030, faut se méfier des amalgames, faut tourner sept fois sa langue dans la bouche du juge avant de lui confier un dossier et une affaire, faut établir un distinguo entre la corruption individuelle, qui existes et la corruption collective du système qui, elle, n’existe pas, Alhamdoulillah El Karim, faut reculer pour mieux sauter en arrière, faut essayer de sauver le plus de meubles avant que l’incendie ne gagne l’ensemble de la bâtisse, faut pas crier au loup alors qu’on cavale dans la meute, et faut surtout pas emboîter le pas à ce fou d’Ouyahia qui vient d’appuyer sur le mauvais bouton de la machine infernale alors qu’on lui a juste demandé de meubler le vide.

En clair, s’il fallait plus de clarté dans ce feu d’artifices hypocrite allumé par l’homme qui parlait aux oreilles de l’ennemi, Belkhadem est chargé par le mécano en chef de tirer le frein à main, de siffler la fin de la récréation anticorruption, de rappeler à l’ordre les gendarmes et pas les voleurs, de signifier que les plaisanteries démocratiques les plus courtes sont les meilleures et de signer officiellement le certificat de reprise d’activité du système véreux sans risque de poursuites sérieuses.

Dans ce rôle-là, Abdelaziz 2 est magnifique, flamboyant de docilité systémique. En une conférence de presse, une seule, il a envoyé quantité de signaux forts à H’mimed. Des signaux dont on ne trouve pas vous et moi la signification exacte dans nos dictionnaires trop conventionnels, trop classiques, mais qui dans leurs manuels et guides à eux veulent dire à peu près ceci : t’es allé trop loin, maintenant faut penser à moins emballer le moteur, à rétrograder et à garer sagement le bolide, car par les temps qui courent, et avec les nouvelles règles de conduite et de circulation adoptées, tout excès de vitesse pourra désormais être sanctionné. Sévèrement. Très sévèrement. Brrr ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

Par Hakim Laâlam

Dangereux statu quo

Que sera le cinquième round des négociations entre le Maroc et le Front Polisario ? D’abord, doit-on se demander s’il se tiendra ? Et comment éviter un échec supplémentaire, l’échec de trop ? Autant de questions qui reviennent à vrai dire depuis 1997, quand l’ONU avait décidé de « remettre sur les rails » le processus de paix au Sahara occidental.

Un plan qu’elle avait adopté à l’unanimité de ses membres en 1990, et auquel étaient parvenues ces mêmes parties. Faire la paix dans le cadre d’un référendum d’autodétermination du peuple du Sahara occidental. Et depuis cette date, que d’efforts et de coups de gueule, comme celui qui en avait la charge, l’Américain James Baker qui avait démissionné de son poste en signe de protestation contre le blocage de ce dossier par le Maroc.

Et aussi, l’incapacité de l’ONU à défendre ce qui est devenu son plan et, pour tout dire, la légalité internationale, puisque la question sahraouie est traitée depuis 1966 sous l’angle de la décolonisation.

C’est ce qui surprend justement, alors que l’ONU se contente de prendre acte des divergences ayant marqué les discussions informelles de jeudi. « A l’issue de la réunion, aucune des deux parties n’a accepté la proposition de l’autre comme base unique pour les négociations à venir », déclare un communiqué de Christopher Ross, émissaire personnel pour le Sahara occidental du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon.

Ce qui semblait inévitable après que le Maroc ait déclaré que le référendum était « inapplicable », et alors même que cette organisation internationale avait fait de ce principe l’objectif même de ces rencontres, appelées à se tenir « sans condition préalable ». Ce que le Maroc n’a jamais respecté, comme du reste sa signature au bas de l’accord de paix conclu avec le Front Polisario, est ce qu’on appelle communément ses avenants, comme les accords de Houston de septembre 1997 conclus sous l’égide de James Baker qui avaient permis de relancer le processus de paix. Il serait alors vain et même injuste de renvoyer les deux parties dos à dos.

Il est donc normal de se demander à quoi servent ces négociations si elles sont condamnées à l’échec par la volonté d’une seule partie. Ou encore que l’ONU n’a pas prévu de mécanismes, afin d’en assurer un respect total et leur pleine application. Et dans ce jeu de questions de savoir comment cette même partie, le Maroc, défie la communauté internationale en donnant son accord pour les négociations en question, pour, en fin de compte, les bloquer.
Il est donc temps que l’ONU prenne elle aussi acte, et de manière sans équivoque, de la position marocaine, et appeler les choses par leur nom. En fait, qu’elle applique ses propres résolutions. Et rien d’autre. C’est de cette manière qu’elle mettra fin au statu quo actuel et à l’occupation du Sahara occidental.

Par Mohammed Larbi

Sclérose...

«Il y a quelque chose de pourri au Royaume de l’Emir!» s’exclamaient des observateurs ébaubis par ce qui se passe aujourd’hui en Algérie: affaires de corruption en cascade, flambée des prix sans fin, grèves récurrentes des enseignants et des praticiens de la santé...Un Etat en déliquescence? D’aucuns n’hésitent pas à le penser, qui font remarquer l’assourdissant silence des pouvoirs publics au moment où la population attendait de leur part des explications sur une situation de moins en moins acceptable.

Des éclaircissements qui ne sont en fait jamais venus. Est-il possible cependant de se dérober plus longtemps face à cette cascade de scandales qui s’étalent sur les «Unes» des journaux? de se taire face à des prix à la consommation qui défient l’entendement - les prix moyens des légumes secs et du sucre ont été multipliés par quatre ou cinq lors des 24 derniers mois? d’ignorer la condition de vie des enseignants et des praticiens de la santé qui - après 32 années de labeur - au soir de leur vie, touchent moins de 50.000 dinars par mois?

Ce qui fait désordre en fait, est le peu de répondant des autorités du pays qui n’ont pas, jusqu’ici, estimé devoir monter au créneau, ne serait-ce que pour tenter de rétablir les faits et dire à la population le pourquoi de ces «remue-ménage» et ce qui est entrepris pour y mettre un terme. Rien. Wallou! Alors qu’au moins une dizaine de dirigeants du géant Sonatrach sont suspectés de malversations par la justice, le premier responsable du secteur de l’Energie, trouve encore le moyen d’affirmer qu’il n’y a pas scandale dans l’entreprise pétrolière qui dépend de son département ministériel.

Cette sortie est-elle normale qui, à tout le moins, ne fait pas sérieux, ni ne peut être prise au sérieux, si quelque part cela ne décrédibilise pas un peu plus l’Etat. Il est indubitable que l’immense majorité des cadres de l’Etat et des sociétés nationales sont des personnes honnêtes, raison pour laquelle il est indispensable que l’Etat prenne des mesures pour, justement, protéger ce qui est, reste encore, sain dans l’administration, même si M.Belkhadem, secrétaire général du FLN, admet que des «élus trempent dans la combine».

Plutôt que de prendre le taureau par les cornes, face à l’avalanche d’affaires qui défraient la chronique publique, les autorités semblent tergiverser ouvrant la voie à toutes les interprétations et spéculations quant au bien-fondé d’une démarche, plutôt l’absence de démarches, qui, quelque part, donne l’impression de cautionner une situation de déliquescence gravement dommageable pour le (la réputation du) pays.

Le manque, ou le refus de communiquer sur les scandales, les grèves ou la flambée des prix, met en porte à faux les pouvoirs publics qui n’ont pas su gérer des problèmes (sociaux, économiques ou criminels) qui les interpellent et interpellent aussi la communauté nationale.
En effet, le silence de la société civile, des partis politiques et des associations de consommateurs est tout aussi surprenant et remet en cause une existence que rien, au final, ne semble justifier. Si partis politiques, société civile et associations des consommateurs ne jouent pas le rôle pour lequel l’Etat les a agréés, de quelle utilité peuvent-ils prétendre être pour l’électeur, auprès des citoyens que des consommateurs, qui se sentent floués?

Il est patent qu’il y a aujourd’hui, urgence de faire l’état des lieux dans la Maison Algérie. Cette situation de paralysie, tous - autorités publiques comme citoyens - nous en partageons la responsabilité pour n’avoir pas su l’assumer en temps et lieu pour mettre le holà à cette déconfiture, en prenant les décisions ad hoc pour les uns, en faisant pression sur les pouvoirs publics pour les autres. Il est évident en revanche, que cette situation d’attente ne saurait durer éternellement.

N. KRIM