lundi 28 septembre 2009

Navigation à vue

Le bateau de l’éducation fait eau de toutes parts. Deux semaines après la rentrée officielle des classes, les élèves, les parents d’élèves et l’encadrement pédagogique vivent toujours cette rentrée au rythme des essais de laboratoire d’une réforme inachevée des horaires, laquelle s’est vite révélée aussi bancale que pédagogiquement inadaptée et inefficace.

Ceux qui avaient pensé le réaménagement des horaires dans le sillage du nouveau week-end algérien fixé pour les vendredi et samedi avaient tort de considérer ce changement comme une banale opération technique consistant à basculer d’un calendrier des cours à un autre, ignorant ou sous-estimant les implications pédagoqiques et sociales qu’un tel changement structurel pouvait forcément induire sur le système de l’enseignement dans sa globalité.

En effet, c’est à un véritable cafouillage auquel nous assistons depuis la rentrée scolaire. Personne n’y trouve son compte. Ni le personnel enseignant astreint à de nouveaux horaires, à un étalement et à un allongement du volume horaire d’enseignement pour combler le déficit né du passage de l’ancien week-end au nouveau, ni les élèves qui ne retrouvent plus leurs marques avec des horaires qui ne leur laissent que peu de temps pour les cours extra-scolaires et les loisirs, encore moins les parents d’élèves qui ne parviennent plus à gérer leur temps. Confronté à l’épreuve du terrain, le ministère de tutelle, sous la pression des parents d’élèves et des médias, tente de réagir au coup par coup, en pompier, pour colmater les brèches.

Des ajustements sont apportés à la hâte au dispositif. On décide de prolonger d’une demi-heure la pause déjeuner pour la porter d’une heure à une heure et demie car on a réalisé que les élèves n’avaient ni le temps de se restaurer lorsque l’établissement est pourvu de cantine ni de rentrer chez eux à midi pour ceux qui ont la chance d’être scolarisés non loin de leur maison.

De la même façon, on vient de se rendre compte que le système de la double vacation, qui n’est plus une exception face au phénomène de la surcharge des classes qui caractérise les établissements scolaires, particulièrement ceux des grandes villes, oblige à reconsidérer tacitement l’étalement du week-end réduit pour les élèves, le personnel enseignant et d’encadrement ainsi que pour les parents d’élèves à une seule journée, celle du vendredi.

D’une volte-face à une autre, la décision vient d’être prise d’ouvrir le samedi les établissements scolaires pratiquant la double vacation. L’école algérienne, déjà dramatiquement sinistrée, aurait bien pu faire l’économie de ce genre de « réformette » qui privilégie le paraître sur l’être, l’idéologie de la blouse sur la qualité de l’enseignement et la performance pédagogique de l’école.

On a voulu réformer, administrer l’école en lui appliquant de façon bureaucratique la rigidité du nouveau week-end ; on a déstabilisé l’élève et la famille, en somme toute la société ! Eternels cobayes d’une réforme otage de toutes les luttes d’arrière-garde, nos enfants n’en finissent pas de payer le lourd tribut de l’échec scolaire qui est la seule performance que l’école algérienne ait pu produire.

Par Omar Berbiche

Des nouvelles du front de Pittsburgh

Ben Laden qui se demande en allemand ce que font encore les Européens en Afghanistan. Angela Merkel qui est certaine de sa victoire aux législatives mais moins rassurée au sujet de sa future coalition.

Un jeune Jordanien de 19 ans, qui ne sait pas un mot d'anglais, arrêté aux Etats-Unis pour avoir projeté de faire exploser un gratte-ciel sans l'aide de personne. Le bagne de Guantanamo qui pourrait bien l'accueillir puisque, comme promis, il ne fermera pas d'ici à la fin de l'année. Le pape Benoît XVI qui devient l'avocat de la rechristianisation lors de son voyage à Prague.

Tant de nouvelles qui auraient méritées, aussi bien les unes que les autres, d'être décryptées.
Mais voilà qu'à Pittsburgh, où la nouvelle police mondiale de la finance a installé ses quartiers provisoires, ne tente pas que de plafonner les bonus des traders.

Ou de laver l'honneur du capitalisme libéral, souillé par de gourmands «héritiers» d'Adam Smith. A Pittsburgh, ceux qui se veulent les réformistes de l'ordre établi passent également leurs nuits à travailler sur un bien étrange texte où le mot finance ne figure nulle part.

Il est vrai que dénicher une meilleure tribune que celle du G20 pour sa lecture en chœur n'est pas chose aisée. Un, deux, trois et c'est tout l'Occident qui accuse l'Iran d'avoir développé un site nucléaire secret. Dès lors, compte peu la date à laquelle les mollahs l'ont révélé par écrit à l'AIEA ou quand est-ce le président Obama a été informé par ses services du renseignement.

La centrifugeuse diplomatique tourne déjà à plein régime qu'il est impossible de l'arrêter. Surtout quand, à partir de Tel-Aviv, le gouvernement Netanyahu rappelle à ses alliés d'Amérique et d'Europe que l'Etat hébreu n'a jamais eu le moindre doute sur la nature militaire des ambitions nucléaires de la République islamique. «Nous l'avons bien dit», a renchéri Avigdor Lieberman, plein d'allégresse.

Il ne doit plus s'en faire, cette fois-ci, le trio Obama-Sarkozy-Brown ira jusqu'au au bout… Jusqu'en décembre où il sera question de sanctions massives dans le cas où l'Iran continuera de jouer avec le feu. Parce qu'elles ne sont pas prévues dans l'immédiat, la dénonciation de ce «fait secret» du bout des lèvres par la Russie et la Chine est une occasion qui risque de ne plus se représenter ?

Plus que trois mois à tenir, le fidèle allié de l'Occident au Proche-Orient verra que l'Amérique démocrate est capable de tendre la main à son ennemi comme elle capable de lui couper la sienne.

Car tout en gardant la fenêtre diplomatique ouverte, Barack Obama n'exclut plus de recourir à la force contre la République islamique. En faisant exprès de marcher sur les traces de son prédécesseur, cherche-t-il à contraindre les négociateurs iraniens à de larges concessions à partir du 1er octobre ou à préparer l'opinion publique mondiale à un retrait occidental précipité de la table des pourparlers ?

Une offensive militaire permettra surtout de faire gagner du temps aux Etats-Unis et à ses alliés, corrigera plus tard son ministre de la Défense, Robert Gates. De un à trois ans, durant lesquels la République islamique ne ferait pas que charger ses armoires électriques.

La preuve, elle annonce qu'une fois opérationnelle, l'usine suspecte rendra même les ennemis de l'Iran aveugles. En joignant ces nouvelles déclarations éblouissantes à l'ensemble de leurs défis passés et à venir, les mollahs comptent-ils eux aussi mettre les bouchées doubles avant la reprise du dialogue avec le groupe des 5+1 ? Il existe de ces tempêtes diplomatiques qui font plus de bruit que dégâts avant qu'elle ne s'abatte.

A. D.

L’assiette ou le tablier ?

Le mot «crèche» a quasiment disparu du langage de nombre de pays développés, puisqu'on parle d'école dès l'âge de trois. Le «préparatoire» aussi a changé de vocation, puisqu'il ne «prépare» plus à l'école dont il en constitue un palier à part entière et où son programme est entièrement intégré.

L'école est un ensemble trop sérieux et trop sensible pour se permettre des ratés à un rythme aussi régulier que le nôtre.

Avant l'égalité des chances devant la réussite, il y a l'égalité d'accès. Une école – publique – qui n'est pas accessible à tout le monde dans son premier palier n'a pas sa raison d'être et devrait fermer ses portes de… honte. C'est le sentiment d'égalité face au prof, l'unicité des programmes et des sujets et méthodes d'évaluation qui apprennent à l'enfant que la réussite tient d'abord de l'effort et le mérite de la qualité du travail accompli.

Or, l'école algérienne prise dans sa globalité est-elle accessible à tout le monde ?D'abord cette histoire d'année préparatoire censée être ouverte à tous les enfants et même obligatoire, alors que dans les faits, c'est très loin d'être le cas.

Des établissements scolaires dont les responsables n'y ont même pas (encore) pensé, d'autres où les «heureux élus» sont carrément triés sur le volet, d'autres encore s'excusent courtoisement auprès de parents désespérés en invoquant le nombre limité de places disponibles, et enfin les derniers qui inventent toutes sortes de subterfuges pour refuser des bambins en âge légal d'entrer à ce premier cycle scolaire.

Question pas du tout innocente : un enfant qui n'a pas fait le préparatoire, quels que soient son effort et ses qualités innées a-t-il vraiment les mêmes chances de réussite que celui qui en a fait ? L'année préparatoire est-elle finalement un droit pour tous les enfants ? Si la réponse est oui et que la logistique n'a pas suivi, c'est grave.

Si la réponse est non et que les parents d'enfants non admis doivent s'y résigner, c'est encore plus grave. Et puis ces tabliers promis à transcender, sinon atténuer les différences sociales à l'école, alors que leur introduction a été vécue et continue d'être vécue comme un cauchemar par les plus défavorisés précisément, parce que les riches peuvent en procurer à leur progéniture à n'importe quel prix ?

Et ces cantines promises à la généralisation sans qu'on les voie venir ? C'est devant la même assiette pourtant que les élèves de toutes conditions peuvent se sentir un moment égaux.

Pas avec de copieux et coûteux sandwiches pour les uns et le croûton à la tranche de tomate pour d'autres. Ce n'est pas non plus la couleur du tablier qui mettra tout le monde sur un pied d'égalité. Pour cela, il aurait fallu peut-être commencer par l'essentiel. L'accès au préparatoire en fait partie.

Slimane Laouari

Aux armes, citoyens!

Il y a des nouvelles qui tombent comme cela, tous les jours et qui nous laissent baba! On arrivera à ne plus pouvoir nous étonner tellement l’actualité, pourtant sans relief, monotone, morose, devient tout d’un coup ahurissante. On vous dira que des Martiens (ou marsiens s’il s’agit des gens du 19 du même mois) ont débarqué à Chelghoum Laïd, qu’on trouverait cela tout naturel.

Peut-être qu’ils sont venus à la dernière adresse connue de Gaston Ghenassia pour lui rembourser les 20 millions de dollars disparus dans le vent de sable qui a soufflé sur Wall Street, juste après le 11 septembre... enfin en 2008! Mais la nouvelle, qui m’a laissé comme un rond de flan sur une assiette de terrain non viabilisé, ne vient pas de Châteaudun-du-Rhummel, mais d’à côté, du boulevard Zighoud-Youcef qui se trouve à quelques pas de celui de Che Guevara!

Il paraît que nos vaillants députés auraient demandé (j’emploie ici le conditionnel car on n’est jamais assez prudent par les temps qui courent: il y a des plaintes qui n’aboutissent pas certes, mais il y en a d’autres qui arrivent avant que l’arbitre n’ait sifflé le départ, et ces plaintes au galop, sont jugées et expédiées bien avant les délais prévus, comme les chantiers tenus par les Chinois par exemple), je disais donc que «nos élus» (enfin, certains d’entre eux) dans la discrétion la plus totale, auraient (toujours ce sacré conditionnel qui me colle à la peau comme un gilet pare-balles) demandé des armes: rien que ça!

Moi qui croyais que nos députés n’étaient que des gens bassement matérialistes, qui ne pensaient qu’à arrondir un peu plus leur fin de mandat (mandat est un vocable bien justifié pour quelqu’un qui s’envoie 300.000 dinars, je dis bien trois cent mille dinars, comme à la poste), allaient revendiquer, à l’occasion de la rentrée et à la veille d’une hypothétique tripartite qui risque de s’avérer décevante pour les smicards, une augmentation de salaire vu le mois catastrophique sur le plan financier que nous venons de vivre. C’est légitime une augmentation de salaire tous les ans au regard de l’inflation résiduelle qui terrorise le pauvre consommateur. Du fric, oui! Mais des armes, pour quoi faire, bon sang de bon sang?

Le premier moment de stupéfaction passé, je me suis alors dit que la demande n’était pas aussi saugrenue que cela. Avec la violence inouïe qui a déferlé sur le pays tout entier, il est bien normal que le boulevard Zighoud-Youcef ou le club Med prennent un peu leur part! Et puis il y en a marre de voir les députés lever la main un jour pour brader les gisements pétroliers, le lendemain pour les préserver. Non! Il faudrait un peu d’animation dans cette assemblée de gens repus qui digèrent difficilement la chorba-fric.

Un peu de mouvement, bon sang! Au lieu des salamalecs courtois ou des noms d’oiseaux qu’on prête à l’opposition, un peu d’odeur de poudre ne ferait pas de mal! Ainsi, le boulevard Zighoud-Youcef deviendrait O.K. Corral! Tous les règlements de comptes se feront à la loyale avec un arbitre et des témoins assermentés. Et chaque fois que le président de l’Assemblée voudra demander le silence, il tirera sa pétoire et abattra le bavard qui chahute dans son coin.

Au bout de quelques jours, l’Etat aura économisé quelques salaires, vu la température du sang de nos députés. Il y en a déjà qui se sont distingués extra-muros sur des pauvres citoyens désarmés. Mais à la longue, pour être sérieux, j’ai pensé que ceux qui ont demandé des armes, n’ont peut-être pas la conscience tranquille et que le salaire qu’ils touchent n’est que le salaire de la peur.

Selim M’SILI

Point de preuves, juré!

Quatre ados comparaissent pour vol. Ils ont été arrêtés, car deux ans auparavant, ils avaient volé, puis repentis, avaient restitué le butin... L’avocat en défenseur affûté, a plus d’une flèche à son arc. Ils ont respectivement vingt-et-un, dix-neuf et dix-huit ans. Trois d’entre les inculpés étaient mineurs lorsqu’ils avaient, d’un commun accord, entrepris d’effectuer un vol chez un voisin. Un autre les avait formellement reconnus. II y a eu tractations, négociations, tiraillements, puis accord. La victime avait passé l’éponge. Cependant, ils avaient au-dessus de leurs têtes une épée de Damoclès, en la personne de Abdelhamid M., le gardien de la villa au moment des faits.

Quatre semestres plus tard, la villa déjà visitée, a été entièrement vidée et le qualificatif n’est pas trop fort. Il se trouve que les enquêteurs aient posé des questions. Abdelhamid M., lui, n’a jamais oublié le fameux vol, une fameuse nuit dans la fameuse villa et le fameux accord de motus et bouche cousue. Il est vrai qu’il n’a jamais oublié l’an 2000, au moment où ces mineurs avaient commis un vol et payé cher...

«Je n’ai pas vendu la mèche. J’ai simplement raconté les faits, aux policiers lesquels, ont conclu par l’interpellation de la petite bande de copains», raconte l’ex-gardien. L’un des prévenus avoue qu’il avait effectivement des choses à reprocher mais en 2000, pas huit ans plus tard et quelques mois.
Mme la présidente écoute sereinement tout ce beau monde. Ses questions ne contiennent aucun piège. Elle s’amuse en racontant le «déménagement» de la villa.

Elle s’est tout de même félicitée que le larcin de 1997 ne soit pas passé par les gendarmes, le procureur, le juge d’instruction, la prison et le box. «Mais le deuxième ou plutôt le second vol a eu lieu sans effraction. Qui a bien pu faire le double des clés des portes de la villa?», marmonne le juge sérieusement troublée par le mystère.
Debout, le représentant du ministère public joue à qui, perd-gagne. II n’a aucun élément matériel concret, là, juste devant lui, pour requérir sévèrement. Alors, il joue la colère devant ces bandits en herbe qu’il faudra mettre à l’ombre un bout de temps. «Cinq ans d’emprisonnement ferme et c’est bien payé», rumine-t-il, les sourcils en accent circonflexe.

Lui succédant, descendant des hauteurs de la ville des Roses, Maître Djillali Hamani, l’ex-redoutable magistrat des années 70/90, devenu, après sa retraite, avocat, sort son arme secrète: «Mme la présidente, mes clients étaient mineurs au moment du vol qu’ils avaient réellement commis. Et puis, a-t-on une seule preuve qu’ils sont les auteurs du second vol de la villa?», fredonne le défenseur qui réclame la relaxe au bénéfice du doute.
Mme la juge ne perd pas son temps. Elle a compris que ces jeunes étaient innocents et ils devaient rentrer chez eux de suite. Ce fut chose faite, juste après le bon verdict, en l’occurrence une relaxe au bénéfice du doute.

Abdellatif TOUALBIA

Quand Tariq Ramadan, le musulman, humilie Eric Zemmour, l’israélite

«Je suis prêt à devenir français, mais je ne suis pas sûr que le gouvernement français voudrait de moi comme Français.»
Tariq Ramadan

A chaque fois que Tariq Ramadan est invité dans une émission de la Télévision française, il se fait piéger. La dernière en date était celle qui opposait Tariq Ramadan à Nicolas Sarkozy, à l’époque ministre de l’Intérieur, dans l’émission 100 minutes pour convaincre.

Cette fois, le chercheur musulman et petit fils de Hassen El Bana a réussi à tirer son épingle du jeu lors de son passage, samedi soir, sur France 2 dans l’émission On n’est pas encore couché de Laurent Ruquier, allant jusqu’à humilier Eric Zemmour, le très controversé chroniquer de l’émission.

Le Nouvel Observateur a d’ailleurs écrit sur ses colonnes qu’il a été choqué par la très pâle prestation intellectuelle offerte par Eric Zemmour qui a montré des limites intellectuelles et culturelles patentes. Très approximatif sur l’histoire européenne et anglaise notamment, M.Zemmour a, par exemple, énoncé que la France serait «le seul pays d’Europe d’immigration depuis 150 ans».

Eric Zemmour confondait, tour à tour, une vision étriquée de notre histoire avec la grande histoire de France ou du monde. Ignorant jusqu’à la définition du mot «savant», Eric Zemmour aura réussi l’exploit de faire briller un Tariq Ramadan sur le plateau d’une télévision française généralement hostile au discours d’islamiste, même modéré du chercheur égyptien possédant la citoyenneté suisse. Ce dernier a d’ailleurs reçu le soutien du comédien Francis Huster et d’Alexandre Jardin, et surtout celle de la comédienne Sara Forestier.

Sous les huées des téléspectateurs acquis (pour une fois) à la cause de l’intellectuel musulman, le chroniqueur Zemmour, qui se présentait comme Français israélite, a échoué dans sa mission d’être le bourreau de Tariq Ramadan. Moins érudit, avec une culture limitée sur l’Histoire de la France et surtout usant d’arguments fallacieux et parfois dépassés, Zemmour a été tout simplement nul.

Et sa prestation sera marquée au fer rouge comme la plus désastreuse de sa carrière et comme le journaliste français qui s’est fait humilier par Ramadan. Invité pour donner son avis religieux sur le port du voile en France et la nouvelle polémique sur le nikab, Tariq Ramadan a été tout simplement époustouflant.

Maîtrisant le français à la perfection, doué d’une culture générale sans frontières, répondant avec arguments à toutes les attaques, il a réussi à séduire son auditoire, pas toujours acquis à sa cause. Même les invités qui étaient sur le plateau, qui connaissaient sa réputation à travers les portraits noirs que la presse faisait de lui, ont été admiratifs envers ce chercheur musulman.

A noter la bonne gestion des débats et le bon comportement de Laurent Ruquier, qui est connu pour ses moqueries assez intelligentes sur ses invités.

Amira SOLTANE

Le mardi noir de Farouk Hosni

Farouk Hosni avait promis qu'il démissionnerait de son poste de ministre de la Culture de l'Egypte si sa candidature à la direction générale de l'Unesco n'était pas retenue. Prudent et avisé, il avait ajouté : «A condition que sa démission soit acceptée par le président Moubarek.».

Or, le Raïs n'est pas du genre à dire au meilleur ami de la famille : «La démission que vous comptiez me présenter est acceptée.» On n'aura donc même pas le plaisir de voir un ministre qui essaye de partir en claquant la porte et un président qui feint de vouloir le retenir mais arrive trop tard. Pourtant jamais une candidature du tiers-monde à la direction de l'Unesco n'avait été engagée dans des conditions aussi favorables. Même les observateurs les plus sceptiques prédisaient à Farouk Hosni une victoire facile. Hosni Moubarek a pesé de tout son poids auprès de ses pairs arabes, africains et musulmans pour s'assurer leur soutien.

Il avait même obtenu, diton, la promesse que les Israéliens ne manifesteraient aucune hostilité à son poulain (si l'expression est de mise). Normalement, le ministre de la Culture égyptien devait mener la course seul en tête, avec tous les Arabes derrière lui. Pour faire bonne mesure, Farouk Hosni avait fait acte de repentance publique et sincère pour ses propos antijuifs devant le parlement égyptien. Interpellé par un parlementaire islamiste en 2008, le ministre de la Culture avait démenti l'entrée d'ouvrages israéliens dans les bibliothèques d'Egypte. «Si je trouvais un de ces livres, je le brûlerais moi-même», avait-il ajouté.

En mai dernier, il avait publié une tribune dans le journal Le Monde, s'excusant pour ces propos maladroits et rejetant les accusations de racisme. Avec ce mea culpa, Farouk Hosni paraissait avoir fait le plus dur et on semblait s'acheminer vers l'apothéose finale. Mais le rêve s'est écroulé mardi soir à Paris. Le candidat que l'on disait prêt à aller prendre des cours tout neufs d'hébreu à l'Université d'Alger a désigné les Etats-Unis et le «lobby juif» comme responsables de sa défaite. Puis il s'en est pris à la candidate équatorienne d'origine libanaise, Yvonne Abdelbaki, qui aurait pris une part active dans le complot dirigé contre lui.

En réalité, note le poète saoudien Ghazi Kosseïbi, candidat malheureux au même poste en 1999, il n'y a aucun complot. La vérité, dit-il, dans une contribution au magazine Elpah, c'est que les Egyptiens ont été naïfs au point de croire à un vote des pays européens favorable à Farouk Hosni. Or, nous avons assisté, à l'Unesco, à une confrontation entre le nord et le Sud, et chacun des deux blocs a voté en faveur de son candidat. Il se trouve simplement que les pays occidentaux qui se sont longtemps désintéressés de l'Unesco, veulent désormais que cette organisation revienne dans leur giron.

Ils ont fait le nécessaire pour cela avec l'aide de la cinquième colonne dont ils disposent dans nos pays du Sud, conclut Ghazi Kosseïbi. La presse et les intellectuels égyptiens, dont certains étaient franchement hostiles à la candidature de Farouk Hosni, se sont engouffrés dans la théorie du complot. Pourtant, certains confrères égyptiens avaient mis en garde contre l'excès de confiance.

Hosni Moubarek, trop occupé à empêcher d'autres candidatures arabes, n'a pas essayé de dissuader d'autres, comme celle de la Bulgare Irina Bukova. Quelques jours après ce «mardi noir» égyptien, la fièvre est un peu retombée, et certains confrères égyptiens n'ont pas craint de braver l'union sacrée qui s'est formée autour de Farouk Hosni. C'est le cas de Mohamed Ismet qui remet en cause, dans le quotidien Echourouk du Caire, le principe même d'une candidature égyptienne à l'Unesco. «Jusqu'à présent, note-t-il, je n'ai pas percé le secret de notre insistance à proposer la candidature de Farouk Hosni à l'Unesco.

Nous ne disposons pas, par exemple, d'un projet culturel transfrontalier élaboré en Egypte. Un projet altruiste susceptible d'être proposé au monde comme alternative au choc des civilisations, ou comme contribution à l'expansion des idées de paix et de progrès. Or, nous sommes enlisés jusqu'aux genoux dans des conflits de communautés et de classes. Sous des apparences de calme trompeur, à cause de la répression et de la crise économique, le pays est en pleine ébullition.

Nous souffrons, en plus, d'une décadence culturelle effroyable qui favorise la propagation des idées obscurantistes, du charlatanisme et de la superstition. Ceci ajouté à la déliquescence aiguë et chronique de notre système éducatif qui laisse chaque année sur le carreau des millions de diplômés. Et ce, après avoir tué en eux tout talent et tout esprit d'initiative, et après avoir annihilé toute capacité à nouer le dialogue avec soi ou avec autrui. Uniquement parce que ce système éducatif est basé sur l'apprentissage aveugle et sur la soumission à la maffia des cours particuliers.

Pourquoi alors le régime s'est-il fourvoyé en proposant Farouk Hosni comme directeur d'une institution, fondée sur le dialogue, la participation, le pluralisme et la tolérance ? C'est-à-dire des valeurs à l'opposé des fondements et des orientations de notre régime politique qui a dilapidé une partie de son crédit international en s'engageant dans une bataille perdue.» Mohamed Ismet dit aussi ne pas croire à l'idée très répandue selon laquelle les pays occidentaux ne veulent pas d'une candidature égyptienne. «Les pays occidentaux n'étaient pas hostiles, à mon sens, à l'accession d'un Egyptien à la tête de l'Unesco, affirme notre confrère.

Simplement, ils n'ont pas pu se résoudre à voir Farouk Hosni diriger les destinées de l'Unesco, comme ils l'ont fait pour Boutros Ghali à l'ONU ou pour Fethi Sourour au Parlement mondial. Ce n'est pas seulement parce que Farouk Hosni a commis l'erreur de sa vie en parlant de brûler des ouvrages hébreux ou parce qu'il est accusé d'avoir espionné ses camarades étudiants en Europe dans les années soixante. La vraie raison, c'est qu'il a échoué en tant que ministre de la Culture démocratique en Egypte, et qu'il ne pouvait prétendre, de ce fait, à être le ministre de la Culture du monde.

Voilà pourquoi, l'Occident a comploté contre Farouk Hosni et l'a fait tomber avant qu'il ne franchisse le pas décisif vers la réalisation de son rêve impossible.» A la veille du scrutin décisif, notre confrère égyptien Nabil Charef-Eddine avait publié sur le site du magazine Elaph un article très fouillé dans lequel il avait tenté de montrer le vrai visage de Farouk Hosni.

Il a reproché notamment à Farouk Hosni d'avoir littéralement domestiqué les intellectuels égyptiens et d'avoir été beaucoup plus un homme d'intrigues qu'un homme de culture. Le journaliste a surtout exhumé certaines déclarations de Farouk Hosni au sujet de ses rapports avec les services secrets égyptiens. Il affirme, entre autres, qu'il a collaboré avec eux durant des années et que cette collaboration s'est arrêtée en 1973. Cependant, il avoue qu'il a repris du service en 1985 lors de l'attaque du navire de plaisance A chile Lauro, au cours duquel un touriste américain avait été exécuté par le commando palestinien.

Ces rappels, repris par les médias internationaux, ont été saisis au vol par le philosophe français Bernard Henry-Levy qui a publié un pamphlet contre Farouk Hosni, en raison de son rôle assez trouble dans l'affaire de l' Achile Lauro. Quant à savoir si l’on peut être «pigiste» et collaborer à son rythme avec les services, je laisse le soin de répondre à certains confrères «awacs» qui lisent mes chroniques par réflexe professionnel.

Par Ahmed HALLI

Inévitable ? Il a dit inévitable ? Comme c’est bizarre !



Par Hakim Laâlam
Email : laalamh@yahoo.fr
A partir du 30 septembre, ouverture à Alger du 13e salon de l’auto. Pour le plaisir des yeux.

Et seulement pour ça !

Farouk Ksentini adore les phrases affirmatives. Ainsi, l’autre jour, il s’est pointé devant les journalistes et leur a lancé à la figure le prototype même de la phrase affirmative. En gardant tout son sang-froid, sans que sa pression artérielle n’en soit particulièrement affectée et sans aucune incidence sur le taux d’acidité de sa sudation, Farouk a dit : «L’amnistie générale est inévitable !» Pan ! C’est généralement le bruit provoqué par les phrases affirmatives. Elles claquent comme des balles. Et comme les balles, elles sont censées clore un débat. Lorsque Farouk nous affirme que l’amnistie générale est inévitable, la discussion autour de cette question de l’amnistie générale est censée être close. Même si Farouk ne le rajoute pas explicitement, on sent bien tout de même qu’en écho à sa phrase affirmative «l’amnistie générale est inévitable !», Farouk a envie d’asséner une autre phrase tout autant affirmative. Du genre «c’est ainsi, y a rien à discuter, circulez !» En théorie, les phrases affirmatives de Farouk doivent faire mouche, fonctionnent au quart de tour et ne doivent rencontrer aucun problème sur leur chemin triomphant. En théorie, seulement. Car, dans les faits, la phrase affirmative de Farouk «l’amnistie générale est inévitable !» peut voir son côté affirmatif voler en éclats, exploser et s’éparpiller en mille morceaux. Si on lui oppose une autre phrase. Une phrase qui ne prétend pas être affirmative. Qui ne prétend pas non plus être négative. Ni d’ailleurs jubilatoire. Notre phrase se veut juste informative. Et elle aussi, lorsqu’elle est convenablement prononcée, provoque un superbe «PAN !» après le point final qui la clôt. Jugez-en : «L’amnistie générale est tout sauf inévitable, à partir du moment où l’on élimine l’objet même de l’amnistie, le tango !» En clair, l’élimination des terroristes rend caduque l’affirmation de Farouk, car si l’on broie la vermine verte, l’amnistie générale devient de facto inutile, et donc évitable. Elémentaire mon cher Farouk! Pan ! Pan ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L.

Salon de l'automobile : Alger 2009

Du tribalisme d’État à l’État des tribus

Régulièrement, des nouvelles nous parviennent de l’intérieur du pays selon lesquelles des tribus s’affrontent en des combats parfois meurtriers. Ces batailles aux enjeux douteux réveillent le souvenir d’un système basé sur une économie de guerre tribale dont découle le caractère belliqueux de la tribu. C’était au temps où il n’y avait pas d’État prétendant organiser la vie sociale sur l’ensemble d’un territoire défini.

Le tribalisme, comme sentiment inspirant le comportement social des Algériens, détermine largement la réalité politique nationale. Il constitue le paramètre principal du jeu des équilibres de pouvoir. Actuellement, le régionalisme, avatar géographique de cette chauvine mentalité, organise la gestion des institutions de l’État. Le réflexe est reproduit jusqu’au bas de l’échelle hiérarchique.

Le régime ne se limite pas à considérer les ambitions des citoyens en fonction de leur extraction régionale, clanique ou familiale. Il s’impose une démarche tribaliste dans sa pratique politique. Il sollicite des autorités coutumières, pré-républicaines, leur participation dans la formation de l’opinion populaire, de son expression et même des choix électoraux. L’empressement du pouvoir, notamment en période électorale, auprès des notables tribaux et des chefs de zaouïa, souvent soutenu par des arguments financiers, ne se cache plus.

Cette résurrection du pouvoir tribal et confrérique et de son rôle politique coïncide avec la valorisation officielle de la violence comme mode d’expression politique, la réconciliation nationale n’étant rien d’autre que cela.
Les deux ingrédients de la confrontation tribale sont là : la reconnaissance de la tribu ou de la confrérie comme entité ou réseau politique, d’une part, et l’acceptation de la violence comme légitime moyen d’expression politique, d’autre part.

L’État, dans cette dynamique, a un nouveau rôle : après chaque incendie, il vient faire ce qu’il peut pour réduire les effets de la violence et, surtout, pour constater le rapport de force entre les belligérants et leur proposer de “dialoguer” pour se “réconcilier”. D’entités justiciables, les belligérants ont évolué en entités politiques. L’État, quand il consent à superviser la réconciliation, le fait en tant qu’entité supra-politique, comme ce fut le cas pour… “les accords de Ghardaïa”.

En refusant de s’aliéner les capacités de nuisance des uns et des autres, à commencer par celles des islamistes, le pouvoir a fui sa responsabilité de maintien de l’ordre et renoncé au principe du monopole de l’État de la force légitime. Aujourd’hui, au moindre emportement, tous les groupes développent le réflexe de s’armer, peu importe avec quoi, pour en découdre avec l’autre quartier, l’autre club, l’autre tribu ou… avec les forces de l’ordre.

Le quartier — el-houma —, le club, le village, la tribu, etc. peuvent, à l’occasion, lever leurs armées, équipées de bâtons, de barres de fer, d’armes blanches, voire d’armes de chasse et de guerre, selon le cas.
Paradoxalement, en voulant se mettre au-dessus de tout et de tous, l’État a déserté la vie nationale et a laissé les acteurs sociaux spontanés, livrés à eux-mêmes, dans une espèce de surenchère de la violence qui, après avoir banalisé l’insécurité dans le pays, menace son unité.

Par :Mustapha Hammouche

Grippe porcine, près de 4000 morts dans le monde

Crise financière et emploi

En pleine crise financière internationale, l’Algérie pourrait se targuer de n’avoir pas procédé à des licenciements massifs comme c’est le cas dans plusieurs pays dans le monde.

Le gouvernement se prépare pour la tripartite dont la tenue pourrait avoir lieu en octobre prochain. Il ne pourrait se présenter face au patronat public et privé les mains vides. Ainsi, pour réussir une rentrée sociale qui a saigné les ménages algériens avec les dépenses faramineuses imposées par le Ramadhan et la scolarité des enfants et le diktat des commerçants sans scrupules, l’Exécutif viendra avec des propositions pour l’augmentation du SNMG.

Après les augmentations des salaires qui ont concerné en 2006 la Fonction publique, les revalorisations devant toucher le secteur public industriel ayant été conditionnées par la productivité, l’inflation ainsi que la baisse du pouvoir d’achat, ont vite rattrapé un niveau de vie qui n’a pas vraiment été boosté par la hausse des salaires. Ainsi, conscients de cette situation, les pouvoirs publics qui sont paradoxalement soumis à des mesures d’austérité dictées par la conjoncture internationale, sont contraints de faire un geste envers les travailleurs.
Dans une économie qui continue de dépendre de la rente pétrolière, il sera difficile de prévoir le niveau de la hausse du salaire national minimum garanti, même si la Centrale syndicale a déjà traité la question en donnant des chiffres sur les coûts des besoins vitaux d’une famille algérienne.

La loi de finances complémentaire 2009 ayant déjà donné un avant-goût de ce que pourra être la loi de finances de 2010, il ne faud pas espérer que la prochaine tripartite pourra déboucher sur des acquis importants pour le monde du travail. Il s’agira, en revanche, de renforcer la politique de l’emploi telle que définie par le gouvernement et par certaines mesures de la LFC 2009.

En pleine crise financière internationale, l’Algérie pourrait se targuer de n’avoir pas procédé à des licenciements massifs comme c’est le cas dans plusieurs pays dans le monde. La sauvegarde de l’emploi est un fait important qui mérite d’être relevé. Mais ce n’est pas tout. Au-delà des décisions prises dans le cadre de la préservation des équilibres monétaires du pays, la crise financière est une épreuve où l’on doit penser à l’avenir des générations futures, et ce, par la construction d’une économie compétitive qui ne dépendra plus du baril.

Par :Salim Tamani

Le marché de l’occase et les banques

Que sont venues les banques étrangères faire dans notre pays? La question mérite d’être posée après une si longue présence parmi nous. En règle générale, une banque vend de l’argent d’où elle tire son profit. Donc avant de «placer ses billes», il lui faut s’assurer de la demande. Or, elles sont arrivées en masse avant le décollage économique. Ce qui pouvait laisser penser qu’elles allaient accompagner ce décollage pour faire des profits. Qu’elles visaient le monde de l’entreprise et de l’ industrie.

De ce côté «ça vole à basse altitude». Les IDE n’ont pas été au rendez-vous pour des raisons politiques évidentes. Des raisons dont ce n’est pas le propos ici. Donc il ne restait à ces banques que de se tourner vers les PME-PMI. Malheureusement, ce ne fut pas trop le cas. Elles ne les trouvaient pas bancables. Pour plusieurs raisons dont celles politiques, aussi évidentes. «A défaut de grives on mange des merles», dit-on.

Ce qui explique que la plupart, pas toutes heureusement, de ces banques ont mis le paquet sur le crédit à la consommation. Il y en a même une qui a créé carrément une filiale pour ce type de crédit. Mais que renferme ce crédit à la consommation? Sa partie la plus visible est le crédit automobile. En réalité, la palette est très large et va jusqu’au crédit-vacances.

Ceux qui se suffisent à croire que ces banques se sont rabattues sur le crédit à la consommation parce qu’elles n’ont rien trouvé d’autre «à se mettre sous la dent», se trompent. Pas une seule banque étrangère n’est passée au crédit immobilier. Comme valeur sûre on ne peut pourtant rien trouver de mieux. Pourquoi alors ce désintérêt pour la «pierre»?

Contrairement à la «consommation» qui, par définition, est périssable, l’immobilier lui, est fait pour durer. Et c’est là le problème. Ces banques étrangères ne sont pas venues pour s’éterniser dans notre pays. On comprend dès lors leur manque d’empressement à accompagner le décollage économique.

Certains pourraient y opposer le développement du réseau de certaines de ces banques et la multiplication de leurs agences à travers le pays. Là, il suffit d’attirer leur attention sur le mode d’acquisition des locaux de ces agences.

C’est toujours en location, jamais en pleine propriété. N’est-ce pas un signe de projection tout au plus à moyen terme? Le temps de surendetter les ménages dont les implications sociales n’échappent à personne. L’Etat a vite réagi. Par la LFC 2009 et par un règlement de la Banque d’Algérie que vient de publier le Journal officiel dans sa dernière livraison.

Un règlement qui, dans son article 3, précise que «la mise sur le marché de tout nouveau produit (bancaire) spécifique doit faire l’objet d’une autorisation préalable délivrée par la Banque d’Algérie». Voilà qui est clair et met fin à tous les coups de Jarnac. Au fait, pourquoi les banques étrangères ne s’intéresseraient-elles pas maintenant au crédit automobile de l’occasion? C’est le boom à Tijelabine! On a bien le droit de rire, non?

Zouhir MEBARKI

Deux sommets et deux philosophies

Le ton utilisé par certains dirigeants africains et latino-américains, réunis en sommet sur l’île de Margarita, au Venezuela, rappelle les cendres d’une gloire passée et d’un temps révolu.Cette rencontre contraste, par le nombre de responsables présents et par les thématiques développées, avec un autre sommet, celui de Pittsburgh, achevé une journée auparavant. Le nombre, d’abord, parce que, dans la capitale de Pennsylvanie, 20 chefs d’Etat se sont réunis (dont certains se sont retrouvés le lendemain chez Hugo Chavez, à l’instar du Sud-Africain Jacob Zuma, du Brésilien Lula et de l’Argentine Kirchner).

Le même nombre, au presque (27 en réalité) de dirigeants de haut rang se sont rencontrés à Margarita. Sauf que, lors de cette dernière rencontre, d’autres pays, une trentaine, ont envoyé des responsables de moindre envergure, ce qui porte le nombre total des participants à 57.Mais, au-delà des apparences et de l’arithmétique, le sommet des chefs d’Etat d’Afrique et d’Amérique latine est presque une réponse du berger à la bergère : au sommet de Pittsburgh qui veut réguler le système économique mondial, celui de Porlamar a, au contraire, l’ambition de changer complètement la donne en voulant donner à d’autres Etats, ceux dits émergents, la possibilité de peser sur les grandes décisions du monde.

Et c’est cela le fond du problème. Et les discours d’ouverture du sommet de Margarita ont mis le doigt sur les innombrables blessures qui rongent la planète : l’injuste répartition des rôles au sein des instances internationales et la désignation des responsables dans la problématique du réchauffement climatique. Là, on ne peut pas, concrètement, demander à des pays du Sud, souvent oubliés par le train du développement technologique et industriel (deux secteurs très polluants) de payer à la place des véritables pollueurs.

Comme on ne peut pas, non plus, continuer à décider du sort du monde dans un club fermé de cinq pays (qui, de surcroît, s’arroge même le droit de vie et de mort sur toute l’humanité avec cette histoire de l’arme nucléaire).

Cela au moment où ces pays ne comptent même pas le tiers des habitants de la planète. Mais comme l’histoire est un éternel recommencement, cette nouvelle retrouvaille entre les pays du Sud rappelle étrangement ce fameux discours de Houari Boumediene devant le sommet des Non alignés –auquel d’actuels chefs d’Etat avaient participé- réuni le 5 septembre 1973 à Alger, où il évoque le nouvel ordre économique mondial, une idée qu’il défendra une année plus tard à la tribune des Nations unies.

Mais trente-six ans après, les mêmes problèmes restent posés devant un monde de plus en plus incertain. C’est comme si, en définitive, les hommes sont obligés de se rendre à une évidence, somme toute naturelle : le monde appartient aux puissants qui ne laissent que des miettes aux pauvres.

Par Ali Boukhlef

Ksentini, un maboul ?

Le 31 octobre 2004, Bouteflika évoquait publiquement l’éventualité d’une amnistie générale. Devançant les réactions des «pour» et des «contre», il tranchait : «quels que soit les avis des uns et des autres sur la question de l’amnistie générale, celle-ci doit être tranchée par le peuple.» L’autre condition mise est que tout le monde remette ses armes et rentre dans les rangs.

En juin dernier, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, ralliait la position de la présidence, tout en qualifiant le débat autour du projet d’«ésotérique». Au début du mois en cours, Yazid Zerhouni, le ministre de l’Intérieur, avouait en revanche que l’amnistie générale ne figurait pas dans l’agenda du gouvernement et ne faisait pas actuellement partie des préoccupations du pouvoir. Une déclaration qui venait comme une réponse aux propos de Farouk Ksentini relançant l’idée à travers la presse.

Mais voilà que Ksentini récidive sans trop temporiser. Et cette fois, il le fait en tant qu’invité du Forum d’El Moudjahid, le canard qui passe pour être plus officiel que le JORADP. Sa déclaration a été copieusement reprise par l’APS, dont Bouteflika s’était autoproclamé lors d’une boutade télévisée comme le «redchef». Ksentini serait-il vraiment ce casse-cou qui n’hésite pas à contrarier allégrement le Premier ministre et le premier flic du pays ? Et qui semble même avoir du plaisir à le faire ?

Chez El Moudjahid, Ksentini s’amusa à enfoncer le clou : l’amnistie générale dépend du Président et de personne d’autre et elle est «inévitable». Si quelqu’un a une autre solution pour ramener la paix et la stabilité en Algérie, qu’il la ramène vite, disait le général Mohamed Attaïlia.

Lancé au début du millénaire, le défi reste de rigueur. Attaïlia s’était personnellement dévoué, en dépit des risques à l’époque, à tarir par la négociation les maquis de Médéa. Ce qui rappelle le cas de «Phébus et Borée» lorsque l’insistance du soleil s’avéra plus payante que la violence du vent, dans les fables de Lafontaine. Parce qu’il n’y a pas d’autre solution et qu’il y va de l’intérêt national, Bouteflika se montre prêt à amnistier les gens qui entendaient le… tuer. Pour peu qu’ils jouent le jeu ! Y a-t-il plus noble ?

Par Mohamed Zaâf

Chacun se cherche un ennemi

Pour l’Europe, qui n’a pas - contrairement aux Etats-Unis - des intérêts et des ambitions planétaires, l’ennemi devrait se trouver dans l’étranger proche. Rappelons-nous le bruit fait autour du réacteur algérien ; un bruit dont il a été démontré qu’il n’était pas fondé. Rappelons-nous que des «inquiétudes» furent exprimées au sujet d’une portée de 700 km d’un missile algérien ; portée jugée trop longue, «car Marseille n’est pas très loin», disait-on. Quel est l’ennemi ?

Des politiques de défense basées sur la recherche de l’autonomie stratégique et opérationnelle, et des politiques de défense non intégrées, laissent signifier que l’ennemi est le voisin. Une défense commune autour du Bassin méditerranéen ? Un bouclier antimissiles euro-atlantique qui protège l’Europe (contre qui ?) et non pas les pays d’en face, sur la rive sud de la Méditerranée. Pourtant, nous sommes la dimension méditerranéenne de la politique européenne de défense et de sécurité, pour ce qui concerne, bien sûr, l’Europe de la défense. Le renoncement d’Obama au placement des missiles antimissiles en Europe ne changera rien à la vision européenne de l’ennemi dans l’étranger proche.

Aucun pays du Sud - les pays non nucléaires évidemment - ne sera autorisé à enrichir l’uranium sur son propre sol et à en acquérir la capacité, à la fois pour l’empêcher d’accéder à l’arme nucléaire - alors que les puissances nucléaires ne s’engagent pas à ne pas utiliser l’arme nucléaire contre les pays qui n’en possèdent pas. On lui interdira également d’accéder à la capacité autonome de production d’énergie électrique à partir du nucléaire.

S. I.

Intérêt bien compris…

Le salon de l’auto, appellation pas très appropriée pour une exposition de voitures sans prototype ni nouveauté, va bel et bien se tenir, contrairement à toutes les rumeurs annonçant son report, voire son annulation pure et simple. Il faut dire que ceux qui trouvaient la loi de finances complémentaire pas très compatible avec leurs intérêts, ont trouvé là une aubaine pour donner libre cours à leur alarmisme et donner de la voix pour amplifier les échos chargeant la LFC de tous les maux.

Or, les premiers concernés, à savoir les concessionnaires, adoptent une tout autre attitude, à savoir un optimisme déterminé quant à la tenue de «leur» salon, auquel ils tiennent pour d’évidentes raisons commerciales. Sur la lancée, ils promettent un bouquet de promotions à même d’intéresser les clients, dont l’ardeur à l’achat a été grandement érodée par les mesures de ladite loi financière.

En somme, contre mauvaise fortune les concessionnaires font bon cœur, et c’est la position la plus raisonnable, celle de positiver et de ne pas se cantonner dans les jérémiades et les pleurnicheries sur leur propre sort. En tout état de cause, l’intérêt de ces concessionnaires est étroitement lié à celui des clients potentiels, et c’est donc aux premiers nommés de déployer des trésors d’imagination pour maintenir intacte la relation, mutuellement profitable.

Quant au bien-fondé des mesures «incriminées», les concessionnaires ont dû comprendre que tout ce qui va dans le sens de la protection de l’économie nationale est bénéfique pour eux et pour leurs entreprises. Si ce n’est dans l’immédiat, c’est à moyen terme.

N.S.