dimanche 27 décembre 2009

Contre d’hiver

Ça doit ressembler à ça, le paradis ! Je le sens dès que je sors de chez moi. Le couloir n’est plus ce réduit encombré de cette catégorie de vieilleries qui posent l’insoluble problème existentiel : ni utilisables, ni jetables. On croirait l’intérieur d’une clinique. Suisse, bien sûr ! L’ascenseur qui rouillait dans ses câbles depuis le cessez-le-feu en mars 1962 a été nuitamment plongé dans un bain de jouvence. La cabine teintée au brou de noix sent bon l’encaustique au goût de vanille.

Les vitres sont plus nettes que les lentilles de la voyante extra-lucide qui dresse les plans de développement national. J’appuie sur le bouton doré. L’élévateur arrive dare-dare à mon étage, le groom articulant l’ouverture de la portière. Au rez-dechaussée, je presse un autre bouton, celui qui déverrouille l’issue principale. Dehors, je n’en crois pas mes narines. Ni mes yeux. Tout est nickel. L’air purifié a la légèreté de l’être. Une main de prestidigitateur a, dans la nuit, ripoliné les murs de mon quartier.

Ils ne ressemblent plus à ces parois de taudis des bidonvilles en dur. En passant, la baguette magique a effacé les tombereaux d’immondices qui s’accumulent plus vite que dans une usine de compostage. Des arbres ont poussé en catimini. L’allée qui mène au parking est un bonheur d’ombre parfumée. Le gardien du parc arbore une coquette casquette portant sur la visière les armoiries de la municipalité. Un aigle et un lion entrecroisent, altiers, leurs griffes dans un dessin stylisé. Son uniforme est aussi propre que le tapis d’herbe qui borde le parking. En actionnant la barrière automatique, il me couvre de bénédictions. Il le fait pour tout le monde. C’est dans sa culture.

Il fait bon circuler sur la route. Les rares voitures sont conduites par des chauffeurs au civisme exemplaire. Ils respectent les limitations de vitesse, l’interdiction de doubler, de klaxonner en agglomération, de darder des bordées de jurons à l’adresse d’on ne sait qui on ne sait pourquoi. La chaussée a recouvré miraculeusement toute son intégrité. Pas un nid-de-poule pour piéger le pigeon. Pas un trou au milieu de la route pour engloutir ta suspension avant. Pas un trottoir défoncé où grouillent les ballets désynchronisés des passants. Tu crois rouler dans une de ces images du Code de la route. Tu drives ton char dans un lavis aux formes géométriques et aux couleurs claires.

Tout est carré, propret, ordonné, agréable ! La radio à bord achève un débat contradictoire entre un ministre d’un gouvernement élu et un député de l’opposition, aussi pointus et respectueux des règles de la démocratie l’un que l’autre. On parle de la loi, soumise au débat à l’Assemblée nationale, sur l’indemnisation des anciens harraga. Depuis quelques années, une politique de concorde nationale permet aux anciens harraga de se réinsérer dans la société. L’Etat met les moyens pour que cette partie de la jeunesse se sente chez elle en Algérie. De toute façon, il n’y a plus de harraga depuis longtemps. Le pays est tellement paradisiaque qu’on s’attend à ce que leur flux se fasse à l’envers.

Les experts prédisent pour les années à venir une arrivée massive de harraga à partir des rives européennes de la Méditerranée. Le ministère des Anciens harraga, qui liquide les derniers dossiers, s’apprête à changer de mission puisqu’il va s’occuper de l’immigration clandestine de jeunes Européens chassés de chez eux par la crise, la malvie et le manque de démocratie. Juste le temps d’attente aux quelques feux à l’énergie solaire qui jalonnent mon parcours, je déboule au bureau. Je passe devant les guichets. Les quelques usagers matinaux qui ont des problèmes à régler avec l’administration qui m’emploie, dépendant elle-même du ministère des Anciens harraga, sont assis sagement dans la salle d’attente baignée dans le silence à peine strié par le feulement des pages des journaux qu’on tourne. Ils sont munis de jetons qui fixent leur ordre de passage. Tout le monde est proprement vêtu. Les gens que je rencontre dans les couloirs ont l’air de glisser sur la moquette.

Je transite par mon bureau où j’ai juste le temps de saluer la secrétaire déjà à pied d’œuvre, puis je file à la réunion quotidienne des chefs de bureau. Le dirlo, lui-même un ancien harrag repenti, plus matinal que tous les autres réunis, est dans les murs depuis belle lurette. Dans la salle de réunions, nous le découvrons, comme chaque jour, à la table ovale, un paquet de dossiers déjà épluchés sous le nez. Nous nous saluons brièvement les uns les autres et nous entamons le briefing qui ne doit pas excéder dix minutes. Nous échangeons les points de vue sur les dossiers équitablement maîtrisés par chacun des membres du staff et nous nous séparons pour rejoindre nos bureaux. A 8h40, la machine est déjà en branle. La matinée est intense, le travail avance dans l’harmonie et le calme.

A la pause déjeuner, je monte à la cantine. Un vrai resto, ce truc ! Des agents vêtus de blanc, les cheveux pris dans des bonnets en plastique et les mains dans des gants officient devant les bacs d’un self-service qui propose une nourriture appétissante et propre. Les employés de la boîte observent la chaîne dans la bonhomie, sourire aux lèvres, se racontant des histoires drôles. Des haut-parleurs invisibles diffusent une musique si douce qu’on croirait qu’elle fait partie de l’air qu’on respire. La table que viennent de quitter mes collègues est débarrassée en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire par des agents vigilants et véloces. Avec d’autres collègues, je prends possession d’une table presque neuve.
C’est à la cafétéria, devant un café que je prends au pied de la plante verte devant la baie vitrée qui donne sur la mer, que j’ai enfin le temps de feuilleter les journaux. La multitude de quotidiens lancés dans une compétition de qualité pose au lecteur un sérieux dilemme pour le choix de ses journaux. Pas le temps de cogiter sur ça que déjà il faut reprendre le turbin. J’aime bien le travail de l’après-midi. Les visiteurs étant partis, les bureaux sont encore plus calmes. Quand le gong de 17 heures retentit pour annoncer la fin de la journée de travail, je regrette de devoir partir. Le travail est si agréable, et la conscience de son utilité sociale le fait précieux. Les quelques courses qui m’attendent, je les fais d’un coup de volant. La circulation en ville est une partie de plaisir et j’arrive à me garer sans difficulté quasiment devant la vitrine de chacun des magasins que je cible.

Il me faut juste dix minutes pour que je sois de retour chez moi. On doit se préparer car après un léger, j’emmène les plus grands des enfants (18 et 20 ans) voir Sid- Ahmed Agoumi dans Le roi Lear de Shakespeare en tamazight sous-titrée en anglais au théâtre de Sidi-Yahya. Ça fait des mois que la pièce se joue à guichets fermés, et ayant eu la chance de dégotter des places, il n’est pas question de rater le spectacle. Sinon il faudra attendre que la tournée conduise la pièce au théâtre de Bachdjarrah où j’ai un abonnement.

Cette émergence de salles de théâtre nous la devons à un ministre de la Culture qui avait imposé, il y a quelques années, qu’il ne se construise désormais plus de ville ou même de quartier sans qu’ils soient dotés d’un théâtre, d’un cinéma, de librairies, de bibliothèques. Les règles strictes d’urbanisme et d’urbanité ont transformé nos villes en véritables joyaux qui n’ont plus rien à voir avec la hideur d’antan. Après le théâtre, nous avons décidé de prendre un encas sur le pouce quelque part au bord de la mer.

Les terrasses des paillotes sur la plage du Caroubier font rêver de voyages immobiles. Mais voyager pour quoi ? Nous sommes si bien ici. Je regarde la télé un peu, le soir avant de dormir, ça détend mes méninges. Pas besoin des paraboles et des couscoussiers d’autrefois. Les 23 chaînes que me propose ma zapette nationale couvrent un spectre de tous les goûts politiques, artistiques, culturels. Je n’ai que l’embarras du choix. J’appuie à tout hasard sur une des touches de la télécommande.

Je tombe sur la mine grise d’un journaliste de l’ENTV en train de réciter les résolutions du comité central du FLN en justifiant que Bouhara soit censuré. J’ai l’impression de rêver. La berlue ? Une hallucination qui fait ressurgir le passé ? Je tape vite fait sur une autre touche. Même tronche. Encore une troisième. Kif kif. Une voix off me dit alors : tu crois qu’on sort comme ça des cauchemars ?

Par Arezki Metref

Contre d’hiver

Ça doit ressembler à ça, le paradis ! Je le sens dès que je sors de chez moi. Le couloir n’est plus ce réduit encombré de cette catégorie de vieilleries qui posent l’insoluble problème existentiel : ni utilisables, ni jetables. On croirait l’intérieur d’une clinique. Suisse, bien sûr ! L’ascenseur qui rouillait dans ses câbles depuis le cessez-le-feu en mars 1962 a été nuitamment plongé dans un bain de jouvence. La cabine teintée au brou de noix sent bon l’encaustique au goût de vanille.

Les vitres sont plus nettes que les lentilles de la voyante extra-lucide qui dresse les plans de développement national. J’appuie sur le bouton doré. L’élévateur arrive dare-dare à mon étage, le groom articulant l’ouverture de la portière. Au rez-dechaussée, je presse un autre bouton, celui qui déverrouille l’issue principale. Dehors, je n’en crois pas mes narines. Ni mes yeux. Tout est nickel. L’air purifié a la légèreté de l’être. Une main de prestidigitateur a, dans la nuit, ripoliné les murs de mon quartier.

Ils ne ressemblent plus à ces parois de taudis des bidonvilles en dur. En passant, la baguette magique a effacé les tombereaux d’immondices qui s’accumulent plus vite que dans une usine de compostage. Des arbres ont poussé en catimini. L’allée qui mène au parking est un bonheur d’ombre parfumée. Le gardien du parc arbore une coquette casquette portant sur la visière les armoiries de la municipalité. Un aigle et un lion entrecroisent, altiers, leurs griffes dans un dessin stylisé. Son uniforme est aussi propre que le tapis d’herbe qui borde le parking. En actionnant la barrière automatique, il me couvre de bénédictions. Il le fait pour tout le monde. C’est dans sa culture.

Il fait bon circuler sur la route. Les rares voitures sont conduites par des chauffeurs au civisme exemplaire. Ils respectent les limitations de vitesse, l’interdiction de doubler, de klaxonner en agglomération, de darder des bordées de jurons à l’adresse d’on ne sait qui on ne sait pourquoi. La chaussée a recouvré miraculeusement toute son intégrité. Pas un nid-de-poule pour piéger le pigeon. Pas un trou au milieu de la route pour engloutir ta suspension avant. Pas un trottoir défoncé où grouillent les ballets désynchronisés des passants. Tu crois rouler dans une de ces images du Code de la route. Tu drives ton char dans un lavis aux formes géométriques et aux couleurs claires.

Tout est carré, propret, ordonné, agréable ! La radio à bord achève un débat contradictoire entre un ministre d’un gouvernement élu et un député de l’opposition, aussi pointus et respectueux des règles de la démocratie l’un que l’autre. On parle de la loi, soumise au débat à l’Assemblée nationale, sur l’indemnisation des anciens harraga. Depuis quelques années, une politique de concorde nationale permet aux anciens harraga de se réinsérer dans la société. L’Etat met les moyens pour que cette partie de la jeunesse se sente chez elle en Algérie. De toute façon, il n’y a plus de harraga depuis longtemps. Le pays est tellement paradisiaque qu’on s’attend à ce que leur flux se fasse à l’envers.

Les experts prédisent pour les années à venir une arrivée massive de harraga à partir des rives européennes de la Méditerranée. Le ministère des Anciens harraga, qui liquide les derniers dossiers, s’apprête à changer de mission puisqu’il va s’occuper de l’immigration clandestine de jeunes Européens chassés de chez eux par la crise, la malvie et le manque de démocratie. Juste le temps d’attente aux quelques feux à l’énergie solaire qui jalonnent mon parcours, je déboule au bureau. Je passe devant les guichets. Les quelques usagers matinaux qui ont des problèmes à régler avec l’administration qui m’emploie, dépendant elle-même du ministère des Anciens harraga, sont assis sagement dans la salle d’attente baignée dans le silence à peine strié par le feulement des pages des journaux qu’on tourne. Ils sont munis de jetons qui fixent leur ordre de passage. Tout le monde est proprement vêtu. Les gens que je rencontre dans les couloirs ont l’air de glisser sur la moquette.

Je transite par mon bureau où j’ai juste le temps de saluer la secrétaire déjà à pied d’œuvre, puis je file à la réunion quotidienne des chefs de bureau. Le dirlo, lui-même un ancien harrag repenti, plus matinal que tous les autres réunis, est dans les murs depuis belle lurette. Dans la salle de réunions, nous le découvrons, comme chaque jour, à la table ovale, un paquet de dossiers déjà épluchés sous le nez. Nous nous saluons brièvement les uns les autres et nous entamons le briefing qui ne doit pas excéder dix minutes. Nous échangeons les points de vue sur les dossiers équitablement maîtrisés par chacun des membres du staff et nous nous séparons pour rejoindre nos bureaux. A 8h40, la machine est déjà en branle. La matinée est intense, le travail avance dans l’harmonie et le calme.

A la pause déjeuner, je monte à la cantine. Un vrai resto, ce truc ! Des agents vêtus de blanc, les cheveux pris dans des bonnets en plastique et les mains dans des gants officient devant les bacs d’un self-service qui propose une nourriture appétissante et propre. Les employés de la boîte observent la chaîne dans la bonhomie, sourire aux lèvres, se racontant des histoires drôles. Des haut-parleurs invisibles diffusent une musique si douce qu’on croirait qu’elle fait partie de l’air qu’on respire. La table que viennent de quitter mes collègues est débarrassée en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire par des agents vigilants et véloces. Avec d’autres collègues, je prends possession d’une table presque neuve.
C’est à la cafétéria, devant un café que je prends au pied de la plante verte devant la baie vitrée qui donne sur la mer, que j’ai enfin le temps de feuilleter les journaux. La multitude de quotidiens lancés dans une compétition de qualité pose au lecteur un sérieux dilemme pour le choix de ses journaux. Pas le temps de cogiter sur ça que déjà il faut reprendre le turbin. J’aime bien le travail de l’après-midi. Les visiteurs étant partis, les bureaux sont encore plus calmes. Quand le gong de 17 heures retentit pour annoncer la fin de la journée de travail, je regrette de devoir partir. Le travail est si agréable, et la conscience de son utilité sociale le fait précieux. Les quelques courses qui m’attendent, je les fais d’un coup de volant. La circulation en ville est une partie de plaisir et j’arrive à me garer sans difficulté quasiment devant la vitrine de chacun des magasins que je cible.

Il me faut juste dix minutes pour que je sois de retour chez moi. On doit se préparer car après un léger, j’emmène les plus grands des enfants (18 et 20 ans) voir Sid- Ahmed Agoumi dans Le roi Lear de Shakespeare en tamazight sous-titrée en anglais au théâtre de Sidi-Yahya. Ça fait des mois que la pièce se joue à guichets fermés, et ayant eu la chance de dégotter des places, il n’est pas question de rater le spectacle. Sinon il faudra attendre que la tournée conduise la pièce au théâtre de Bachdjarrah où j’ai un abonnement.

Cette émergence de salles de théâtre nous la devons à un ministre de la Culture qui avait imposé, il y a quelques années, qu’il ne se construise désormais plus de ville ou même de quartier sans qu’ils soient dotés d’un théâtre, d’un cinéma, de librairies, de bibliothèques. Les règles strictes d’urbanisme et d’urbanité ont transformé nos villes en véritables joyaux qui n’ont plus rien à voir avec la hideur d’antan. Après le théâtre, nous avons décidé de prendre un encas sur le pouce quelque part au bord de la mer.

Les terrasses des paillotes sur la plage du Caroubier font rêver de voyages immobiles. Mais voyager pour quoi ? Nous sommes si bien ici. Je regarde la télé un peu, le soir avant de dormir, ça détend mes méninges. Pas besoin des paraboles et des couscoussiers d’autrefois. Les 23 chaînes que me propose ma zapette nationale couvrent un spectre de tous les goûts politiques, artistiques, culturels. Je n’ai que l’embarras du choix. J’appuie à tout hasard sur une des touches de la télécommande.

Je tombe sur la mine grise d’un journaliste de l’ENTV en train de réciter les résolutions du comité central du FLN en justifiant que Bouhara soit censuré. J’ai l’impression de rêver. La berlue ? Une hallucination qui fait ressurgir le passé ? Je tape vite fait sur une autre touche. Même tronche. Encore une troisième. Kif kif. Une voix off me dit alors : tu crois qu’on sort comme ça des cauchemars ?

Par Arezki Metref

Un oignon dans le coffre-fort !


Par Hakim Laâlam  
Email : laalamh@yahoo.fr

Avis à la population. Une des souris utilisées dans les tests des lots de vaccins contre la grippe A s’est échappée de l’Institut Pasteur. Prière à toute personne qui la croiserait de la signaler aussitôt aux autorités. Elle est facilement reconnaissable.

5 pattes. 3 yeux. 2 queues.
Et un fort accent anglais !

Le projet est très avancé. D’ailleurs, peut-on encore parler de projet seulement ? Assurément, non ! Il s’agit d’un processus déjà en cours. L’achat et la réception des premiers lots ont eu lieu ce week-end. Et l’avantage avec cette marchandise-là, c’est qu’elle n’a pas besoin de passer par l’Institut Pasteur pour homologation. Elle est déjà chez les premiers marchands, bien contents de l’arborer sur leurs étals. Il s’agit de cloches en verre. Désormais, c’est sous ces cloches en verre que vos légumes et fruits seront exposés à votre vue, et à votre vue seulement. Dans un second temps, l’Algérie réceptionnera des systèmes d’alarme hypersophistiqués. Les mêmes que ceux utilisés dans les grands musées du monde. Ces alarmes seront couplées aux cloches en verre et se déclencheront automatiquement dès que l’une des cloches sera soulevée ou tout simplement bougée par des mains malveillantes. Ce dispositif déjà fort impressionnant déployé autour de «nos» fruits et légumes devrait très vite se voir doubler d’une couverture d’assurance conséquente. Alger attend d’ailleurs d’un instant à l’autre l’arrivée d’une délégation composée des plus grandes firmes d’assurance de la planète afin d’examiner avec elles, sur place, ici même, les devis qu’elles proposent pour assurer de manière convenable nos pommes de terre, nos navets, nos oignons et autres oranges. Les autorités réfléchissent en parallèle à un système de puces électroniques d’identification de chaque produit maraîcher. Un marquage des fruits, comme on marque les bovins. Plusieurs firmes internationales spécialisées dans l’identification électronique sont en course et devraient bientôt soumissionner. En plus de cette puce, certains fruits, ceux dont le prix dépasse l’entendement des plus robustes d’entre nous, seraient aussi équipés d’un bracelet électronique pouvant, le cas échéant, en cas de rapt, de kidnapping par exemple, aider les services de sécurité à localiser et à libérer les produits otages. Je n’ai pas encore le détail des autres mesures tendant à totalement sécuriser les marchés des fruits et légumes en Algérie. Mais ce dont je suis sûr, c’est que, bientôt, ces mêmes marchés feront pâlir de jalousie les bijouteries de la place Vendôme, à Paris. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L. 

La célébration de Noël vue par Canal Algérie

«Le chrétien est un mauvais païen, converti par un mauvais juif.»
Simone Weil

L’Algérie est-elle intolérante? C’est la question qu’on se pose en regardant le sujet de Sofia Choubane, le vétéran de l’équipe rédactionnelle de Canal Algérie, qui a réalisé un reportage sur la célébration de Noël en Algérie. Le sujet paraissait étonnant dans cet environnement actuel de chasse aux chrétiens en Algérie. Mais en regardant bien le sujet, on s’est rendu compte que le choix de la journaliste ou du rédacteur en chef de Canal Algérie était malintentionnée, voire vicieux. En fait, de toutes les églises qui existent en Algérie, Canal Algérie s’est intéressée à l’église et aux chrétiens de Blida. Pourquoi donc envoyer une équipe de la télévision à 50 km, le soir, juste pour assister et filmer la célébration annuelle des chrétiens dans cette région.

La réponse est que cette église est fréquentée seulement par des Noirs. Etudiants, employés, ou autres fréquentant cette église, sont en majorité des Noirs. Canal Algérie s’est intéressée à cette catégorie de chrétiens parce qu’ils ne sont sûrement pas Algériens. Filmer des Algériens chrétiens est encore tabou, voire passible de prison. Le cameraman a dû éviter de filmer de face les rares personnes blanches assises dans cette église. Même les personnes interviewées par Sofia Choubane sont des Noirs.

D’ailleurs, la présentatrice du journal du 19h de Canal Algérie, a présenté le sujet comme une fête célébrée par les étudiants africains vivant en Algérie, comme quoi il n’y a que les étudiants étrangers qui fêtent Noël en Algérie. C’est pour cette raison essentielle que la caméra de la télévision algérienne ne s’est pas déplacée dans les églises du centre de la capitale pour filmer la célébration de Noël à l’église du Sacré Coeur ou encore de Notre-Dame d’Afrique.

Car de nombreux Algériens de confession chrétiennes fréquentent encore ces lieux de culte. Quoi qu’il en soit, le sujet n’a pas été diffusé dans le JT de 20h. Ce qui démontre que le sujet a été réalisé juste pour les francophones ou les étrangers qui regardent Canal Algérie. En fait, on voulait prouver que le christianisme est fêté en Algérie contrairement à ce qu’on dit dans la presse.

Le JT de 20h en arabe s’est contenté de montrer avec ferveur, en revanche, que le président de l’Autorité palestinienne a assisté aux célébrations de la Fête de la Nativité, aux cotés des Palestiniens chrétiens. C’est toléré de montrer les chrétiens arabes, mais pas des chrétiens algériens. Par contre, l’Entv se permet de montrer l’ensemble des joueurs de l’Equipe nationale, récitant dans la ferveur la Fatiha dans les vestiaires après la victoire contre l’Egypte.

Une image, qui ressemble plus à celle des pratiquants dans une mosquée qu’un vestiaire de joueurs de football. Une image qui a choqué en tout cas le journaliste de Canal+, qui était présent dans les vestiaires et qui s’est rendu compte que tous les joueurs, même ceux vivant en Europe était de fervents pratiquants...

Amira SOLTANE

Charités

C’est une tradition saine que de placer des fêtes aussi importantes à la fin de l’année. Je parle évidemment des fêtes à dates fixes comme le sont la Noël et le jour de l’An. D’abord cela permet aux écoliers (qui sont les premiers bénéficiaires de toutes les attentions) d’en profiter durant ces longues vacances scolaires que certains passeront au coin du feu ou sur les pistes enneigées pour ceux qui ont un papa exportateur d’euros. Alors quand l’Achoura se met de la partie, les salariés rejoignent le peloton des privilégiés puisque cela leur permet de faire un pont assez consistant qui leur donnera la fausse impression d’être logé à la même enseigne que leurs homologues d’en face.

A la différence qu’ici, la Noël ne se fête pas et que l’Achoura est célébrée d’une manière sporadique selon les régions. Autrefois, (j’utilise toujours cette formule pour parler de l’obscure période du colonialisme quand, à l’école du village, on nous enseignait l’histoire de France à coups de «nos ancêtres les Gaulois») cette fête (Noël) n’était perceptible dans notre petit village niché au pied de la montagne que par les deux semaines de congé qui nous étaient dispensées.

Les enseignants français la célébraient dans leur intimité familiale et ils évitaient de nous en parler pendant les cours, laïcité oblige. Durant la mauvaise saison d’ailleurs, les textes étudiés portaient pour la plupart sur les rigueurs de l’hiver. Et celui qui sévissait chez nous n’avait, en ce temps-là, rien à envier à celui du sud de l’Europe. Comme il n’y avait chez nous, aucune église pour nous carillonner l’annonce de la Nativité les missions catholique et protestante avaient chacune sa manière de procéder.

Si les pères blancs demeuraient assez réservés et se contentaient d’ouvrir «leur foyer» aux écoliers en manque de loisirs, foyers équipés de bibliothèque, de table de ping-pong, d’un tourne-disque et divers jeux de société, les soeurs blanches, par contre, se signalaient par leurs voix angéliques qui entonnaient des cantiques mélodieux qui transportaient les âmes des auditeurs. Le lendemain, elles procédaient à une distribution d’oranges aux enfants qui attendaient à leur porte.

Et les enfants ont toujours fait un rapprochement entre la couleur des oranges qui étaient sanguines et la couperose des joues de la religieuse désignée à la distribution. Le pasteur, protestant, homme d’une grande rigueur et d’un flegme tout britannique, recevait, lui, les enfants nécessiteux qui, par manque de loisirs, préféraient passer un après-midi à l’abri, au chaud, que de vagabonder dans les champs humides et trempés.

Ils recevaient après un bon cours sur certains épisodes de la vie du Christ, un goûter assez modeste composé d’un peu de pain, d’une barre de chocolat et d’une tranche d’Emmenthal (à l’époque on ne l’appelait pas encore fromage rouge puisqu’il était absent de l’épicerie du village où ne figurait que le fromage fondu en portions portant le label d’un sympathique bovidé!)

C’était un festin pour des enfants privés de tout, surtout que quelquefois, la femme du pasteur poussait la générosité jusqu’à servir un chocolat chaud. Il n’y avait point de cadeaux pour le ventre creux, sauf de temps en temps, un jouet, fabriqué sur les lieux-mêmes à l’occasion de travaux manuels dirigés par le pasteur.

Selim M’SILI

Le mariage de raison

L’accord politique scellé entre Louisa Hanoune et Ouyahia est-il une alliance de circonstance dictée par un simple report des voix aux sénatoriales ou un mariage de raison plus solide entre deux partis qui ne partagent pas grand-chose ? Peut-être les deux. L’effet d’annonce d’un tel accord contre nature aurait été détonnant si l’Algérie n’était pas aussi aseptisée politiquement, au point que seules les déclarations aléatoires de Saâdane sur les défis des Verts suscitent quelques commentaires.

Et encore… Le fait est que la distance psychologique entre la performance et la médiocrité s’avère, finalement, si mince dans le discours du sélectionneur national. Cela vaut aussi en politique. Le fossé idéologique séparant l’extrême gauche du PT et ce qu’on pourrait qualifier de droite nationaliste du RND n’est pas aussi large qu’on le pensait. Cet accord vient nous rappeler qu’en Algérie, les frontières politiques sont tellement élastiques qu’elles peuvent rabibocher aujourd’hui les meilleurs ennemis d’hier.

Le RND de Ouyahia et le PT de Louisa Hanoune sont désormais liés pour le meilleur. Et certainement contre le pire. Le meilleur est qu’Ouyahia, qui traîne l’étiquette d’être le chantre du libéralisme à l’algérienne n’hésitant pas à adopter des mesures anti-sociales, dispose d’une bonne occasion de soigner son CV.

Louisa Hanoune et Sidi Saïd se chargeront de le populariser auprès des « masses laborieuses ». Ouyahia, un socialiste ? Au PT, on veut y croire. Et ça doit faire plaisir à « Si Ahmed ». Belkhadem, lui, refoule sa douleur débordante. Pour Louisa Hanoune, Ouyahia et son RND pourraient être le bon cheval pour mettre le deuxième pied à l’étrier.

Etant depuis 2003 à la périphérie du pouvoir en assumant un pacte de non-agression, Louisa Hanoune se paye un accord politique avec l’homme qui a toujours dénoncé son « populisme », parfois vertement. Mieux vaut, en effet, baiser la main qu’on ne peut mordre, dit l’adage. Oublier le passé si blessant semble être la nouvelle devise du Parti des travailleurs, qui veut achever sa mue en parti pièce maîtresse du système.

Comment peut-on croire une seconde que Ahmed Ouyahia a remisé ses convictions pour les beaux yeux de Louisa Hanoune et son parti ? Difficile en effet de ranger le RND et le PT dans le même tiroir idéologique. Le patriotisme économique prêté, à tort ou à raison, à Ouyahia dans l’élaboration de la loi de finances complémentaire ne peut expliquer ce rapprochement spectaculaire et inédit.

De par son extraction idéologique et son parcours politique, le PT est plus proche du FLN que du RND. Le parti de Belkhadem est-il en perte de vitesse chez les décideurs ? Les voies du système restent impénétrables. Faut-il rappeler aussi que le duo Temmar-Khelil qui empoisonne la vie à Mme Hanoune est dirigé par le même Ouyahia…

Il est, en tout état de cause, hasardeux d’expliquer comment le PT a « prouvé son indépendance » en signant avec le RND. Les « ennemis » peuvent être aussi très intimes, c’est là tout le « génie » de la politique en Algérie que cet accord bizarre décline.

Par Hassan Moali

Prises en charge pour soins à l’étranger : un enjeu politique ?

Si une grande moudjahida a fait publiquement cas d’une insuffisance de prise en charge pour soins à l’étranger, un ex-ministre a diffusé, dans la presse, un encart publicitaire exprimant sa “gratitude” pour le “geste magnanime” du président de la République qui a permis son transfert dans “un centre hospitalier à l’étranger”.

Avant lui, d’autres personnalités, des artistes, notamment, ont eu à en faire autant. Même si, en la matière, il existe une procédure de décision de la Cnas, organisme statutairement chargé de répondre aux demandes de financement social des soins, le chef de l’État, ordonnateur suprême, peut certainement intervenir pour débloquer un cas qu’il juge urgent, prioritaire ou pour d’autres raisons.

On peut alors comprendre qu’un convalescent tienne à remercier celui qui a contribué, par ses prérogatives, à le soulager de son mal. Ce qui est moins compréhensible, c’est la publicité faite à ces remerciements. Dans la forme, le simple courrier constitue le moyen usuel pour communiquer avec les institutions. Il y a comme un malaise à voir quelqu’un qui a fait appel à l’argent de la solidarité sociale investir quelques millions de centimes pour une publicité, dont on ne sait plus si elle vise l’attention présidentielle ou le privilège d’avoir suscité cette attention.

C’est à se demander, en effet, si l’enjeu n’est pas plutôt d’associer, de manière ostensible, son nom, et son portrait parfois, à ceux du chef de l’État. Les auteurs de tels messages ont-ils pensé aux nombreux assurés sociaux qui ont épuisé les possibilités de soins locales et qui sont accrochés, parfois depuis des lustres, dans la souffrance, à l’espoir d’un avis favorable de la commission Cnas qui ne vient pas encore ?

Leur frustration serait à comprendre et à redouter car, enfin, les ressources de la Cnas sont constituées des cotisations mutualisées des travailleurs et constituent donc un fonds social, et non public, même si sa gestion est réglementée et supervisée par l’État. Plus politiquement, cette pratique répand la conviction que l’entière sécurité du citoyen n’est garantie qu’à celui qui trouve la voie pour attirer l’attention “des plus hautes autorités”, comme on dit par euphémisme.

D’où le recours inconsidéré à la “lettre ouverte au président de la République”. Cette conviction, une fois intériorisée, ôte toute solennité au contact avec les institutions de rang inférieur. Celles-ci en deviennent, dans l’imaginaire populaire, le recours du faible.

La personnalisation à outrance du pouvoir aboutit, ici, à une personnalisation, pas du pouvoir, mais du fonctionnement de l’État. Il n’est pas certain que Bouteflika monopolise le pouvoir total et, en tout cas, qu’il l’exerce sur tout, mais de cette perception, résulte une personnalisation de l’autorité : le recours n’est jamais fini tant qu’on n’a pas pu soumettre sa requête au Président, ou à la présidence, comme on le dit parfois par euphémisme, encore une fois.

Si cette culture procure sollicitation et popularité au premier responsable de l’État – et c’est peut-être pour cela qu’elle est encouragée –, elle sape la crédibilité de l’État comme système de vie institutionnelle réputé fonctionner sans considération personnelle, “sine ira et studio”. Et c’est ainsi que, par exemple, un enjeu de santé publique devient un enjeu politique.

Mustapha Hammouche

Le Caire supplétif d’Israël?

Marche de soutien interdite, aide internationale aux Palestiniens bloquée, et cerise noire sur le gâteau, pour ainsi dire, construction d’un nouveau mur de la honte entre l’Egypte et la Bande de Ghaza, après celui de Cisjordanie construit par Israël. Comment les Egyptiens en sont-ils arrivés là et à justifier un tel forfait envers leurs «frères arabes» palestiniens? Mais le plus horrible, c’est la révélation selon laquelle l’un des secrets du «mur de la mort» - comme les Palestiniens appellent déjà le souterrain d’acier que construit l’Egypte - est muni de «circuits» qui seront utilisés pour «remplir les tunnels d’eau de mer et pour noyer quiconque essaiera d’en creuser de nouveaux».

Ces sources ont précisé que des trous sont «creusés du côté palestinien du mur d’acier» et que «des tuyaux de 20 à 30 mètres de long» sont insérés dans ces trous. Même Israël, qui tue à petit feu la population de Ghaza, n’a sans doute pas pensé à une telle ignominie pour régler le problème que poseraient les Palestiniens. Certes, il reste encore à confirmer cette information, mais le fait que des autorités égyptiennes aient admis la véracité des informations quant à la construction de la barrière souterraine d’acier, est déjà un aveu très grave en soi.

La Bande de Ghaza sous strict isolement israélien, depuis près de trois ans, n’avait certes pas besoin de ce surcroît d’épreuves créées par l’Egypte qui participe ainsi à ce blocus. Après avoir tenté de démentir, Le Caire a dû reconnaître implicitement par la voix de son chef de la diplomatie, Ahmed Aboul Gheit - qui expliquait que son pays «avait le droit de contrôler sa frontière» - ce forfait à l’encontre des Palestiniens de Ghaza.

On se rappelle opportunément que c’est à partir du Caire que l’ancienne ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni, avait annoncé, le 25 décembre 2008, «l’offensive» programmée, deux jours plus tard, contre la Bande de Ghaza, laquelle agression se solda par la mort de 1400 Palestiniens.

De fait, un officiel égyptien du secteur d’Al Arich, proche de Rafah, a confirmé, sous le sceau de l’anonymat, que les informations quant aux travaux engagés (pour la construction d’une barrière) sont «très largement exactes». L’Egypte, devenue alliée stratégique d’Israël, participe ainsi activement de son côté à l’étranglement de la population de Ghaza pour la contraindre à se soumettre à Israël.

Ne s’arrêtant pas là, Le Caire a bloqué en sus, un convoi d’aides - européennes, turques et arabes avec de la nourriture et du matériel médical - arrivé mercredi en Jordanie en provenance de Syrie et se dirigeant vers le port jordanien d’Aqaba, constitué de 250 camions de vivres destinés à la population de la Bande de Ghaza. Enfin, la dernière mesure prise par les autorités égyptiennes a été d’interdire une marche de soutien d’ONG internationales (regroupant 1400 personnes - autant que les victimes palestiniennes de l’agression israélienne en début de l’année -) au peuple palestinien.

Le Caire prend ainsi fait et cause pour l’Etat hébreu, allant jusqu’au blocage et à l’interdiction de l’aide internationale aux Palestiniens, plus que jamais isolés dans leur prison à ciel ouvert, prison voulue par Israël et maintenant confortée par l’Egypte. Les méfaits du clan Moubarak n’honorent en rien une Egypte - qui a su pourtant être grande dans un passé pas aussi lointain - qui se voulait leader du monde arabe mais aura surtout montré un égoïsme sans limites, plus soucieuse de ses petits intérêts que réellement engagée dans la pérennité de ce monde arabe.

En effet, la «Nation arabe» est un protocole vide de sens comme l’a montré l’hystérie égyptienne contre l’Algérie après la perte d’un simple match de football, les Egyptiens allant jusqu’à prétendre nous retirer l’«estampille» d’«Arabes», cela en sus des méfaits contre les Palestiniens qui, par leur résistance à l’ennemi sioniste, ont écrit les plus belles pages de l’histoire arabe.

Karim MOHSEN

Vacances de revanche !

C'est chose confirmée, les Obama préfèrent le bord des plages aux pistes de ski. Le président US, son épouse et leurs deux filles vont passer une semaine à Hawaï. Un choix politique par lequel le locataire de la White House damerait le pion à ses détracteurs et à tous ceux qui doutent de son «américanité» ? 

Le président Obama compte bien passer du bon temps sur l'île de son enfance. Des vacances heureuses, les nouvelles en provenance de Washington sont plutôt bonnes, voire excellentes. Le Sénat américain a adopté le projet de réforme de la santé longuement désiré par le prix Nobel de la paix.

Désormais, 31 des 36 millions d'Américains dépourvus d'une couverture maladie vont pouvoir se faire rembourser leurs médicaments. La patience d'Obama a fini par payer, le 44e Président des Etats-Unis peut s'offrir de longues brasses dans la lagune sans avoir à esquiver les piques de l'opposition républicaine.

Il a tenu sa promesse de candidat à la dernière présidentielle et là réside l'essentiel. Mais ce succès risque de ne pas lui procurer tout le vide que la paisible Hawaï est censée apporter.

La faute au président Ahmadinejad qui a ironisé sur la main tendue d'Obama et qui a tourné en dérision les soupçons des Occidentaux quant aux ambitions nucléaires du régime de Téhéran ? Ce qui peut fâcher et amoindrir l'euphorie de Barack Obama, fort en ce moment de l'adoption de «sa» réforme de la santé, c'est le fait que la fermeture de la prison de Guantanamo soit reportée jusqu'en 2011.

Un ajournement qui redonnerait du poil de la bête à ses adversaires politiques, guetteurs de ses moindres faux pas. Mais grosso modo, le président US devra passer de bonnes vacances.

Tout comme Nicolas Sarkozy qui, lui, a choisi le Maroc pour repenser le débat sur l'identité nationale en attendant les prochaines élections régionales ? A présent que son ancienne garde des Sceaux n'est plus la seule à s'ennuyer au Parlement européen, le patron de l'Elysée peut savourer quelques jours de repos chez le roi Mohamed VI qui s'est rendu à l'évidence que la militante sahraouie ne pouvait vivre ailleurs que chez elle.

Et d'autres bonnes nouvelles comme celles-ci, Nicolas Sarkozy en recevra un tas de Paris. La plus agréable à ses oreilles ? La réouverture de la frontière russo-géorgienne, le président français s'était investi corps et âme pour éviter que la guerre éclair de l'an dernier ne perdure et ne ternisse l'image d'une Alliance atlantique nord qui s'affiche un peu trop aux côtés des vieilles républiques soviétiques.

Bien que l'heure de la réconciliation entre Moscou et Tbilissi n'ait pas sonné, les cloches de l'église chrétienne ont tinté en cette messe dramatique de minuit lors de laquelle le Pape Benoît s'est fait plaquer au sol par une déséquilibrée alors qu'un cardinal français s'est fracturé le col du fémur.

Du royaume chérifien, où l'ancien président Chirac aimait lui aussi se reposer, Nicolas Sarkozy pourrait bien souhaiter un prompt rétablissement au chef religieux français en lui adressant une carte de vœux.

En enverra-t-il une seconde au président Hu-Jintao pour s'excuser, au nom des Occidentaux, de s'être trop mêlé des affaires intérieures chinoises, l'opposant Liu Xiaobo ayant été finalement condamné à 11 ans de prison ferme pour subversion ?

Ce, après que François Fillon ait réussi à «arracher» de juteux contrats commerciaux lors de son dernier voyage à Pékin ? Déçu d'être rentré de Copenhague avec une simple déclaration d'intention, le président Nicolas suivrait à la lettre le plaidoyer de la Chine en faveur du rôle très critiqué que le Premier ministre Wen Jiabao a eu à jouer lors de la conférence mondiale sur le climat. Sans rancunes et bonnes vacances à tous !

Abdelkrim Djaâd

Le temps des prédateurs

Une augmentation de salaire sert à améliorer le pouvoir d’achat, à aider les travailleurs et les ménages à mieux résister aux difficultés quotidiennes. Manifestement, les maigres acquis de la dernière tripartite n’auront servi à rien puisque les prix des légumes frais et secs, aliments des Algériens, ont flambé brutalement et sans raison valable. Les rapaces ont donc la peau dure et défient ouvertement la puissance publique.

Les consommateurs sont livrés poings et pieds liés à ces suceurs de sueurs qui semblent bénéficier d’une protection puissante puisqu’ils contrôlent tout le marché des fruits et légumes et décident des prix des produits de première nécessité comme ils veulent et à tout moment, sans aucune logique de la loi de l’offre et de la demande. Au nom d’une loi permissive, les prix sont libres et soumis au principe de l’offre et de la demande. Le puissant lobby de spéculateurs, lequel domine le marché des produits agroalimentaires, use et abuse de ce principe à volonté.

Face à ce lobby puissant qui contrôle le marché de gros et distribue les marchandises avec parcimonie afin de garder les prix à un niveau de spéculation, les pouvoirs publics semblent être impuissants en raison de l’improvisation dont ils font preuve à chaque flambée des prix.

C’est ainsi qu’on a assisté à des réactions d’impuissance face aux agissements illégaux et préjudiciables des magnats du marché, comme si les pouvoirs publics ne disposent pas de moyens pour combattre ces rapaces et les mettre une fois pour toute hors d’état de nuire. faudrait-il que le couteau atteigne l’os pour que l’on décide de revoir la loi sur la concurrence et les prix.

Une loi élaborée dans les années quatre-vingt-dix à la faveur de l’instauration de l’économie de marché qui a laissé les prix libres, comme si le marché algérien pouvait s’autoréguler alors qu’il est dominé par des requins qui ne pensent qu’au profit rapide par tous les moyens. L’Etat, qui ne s’est pas désengagé de certains secteurs moins névralgiques, a remis les rênes d’une économie en mutation à des milieux d’affairistes et de parasites qui ont failli ruiner le pays après avoir dilapidé ses richesses foncières et financières.

Profitant de l’affaiblissement de l’Etat et de son investissement total dans la lutte antiterroriste et l’isolement international qui a marqué cette période, des cercles qui avait un pied dans les institutions de l’Etat et un autre dans les affaires ont transformé l’économie nationale en bazar, compliquant davantage une situation précaire pour les citoyens à faible revenu et élargissant le fossé entre la minorité nantie et la majorité qui se débattait dans des difficultés quotidiennes en plus de sa lutte pour sa survie face à la barbarie terroriste.

La phase de l’import-import, qui a provoqué une hémorragie des ressources nationales en devises au seul profit des spéculateurs nationaux qui se sont alliés à leurs semblables étrangers, s’est conjuguée à une spéculation sans précédent. Le pouvoir d’achat des travailleurs et ménages s’est donc vu rogné par ces maîtres de l’arnaque et la forte inflation provoquée par une économie comprador qui ne produit ni richesses, ni valeur ajoutée, ni emploi. La remise en cause de ces choix initiaux à partir des années 2000 n’a pas été suivie de la révision de la loi de la concurrence et des prix qui est favorable à ces snipers des bourses faibles mais majoritaires.

Par Abdelkrim Ghezali

Le PT fait capoter le congrès du FLN

Le FLN a décidé le report de son congrès, brutalement, du jour au lendemain, sans même donner une explication. «On n’est pas prêt» se contente-t-il de dire. Le FLN, l’image d’un parti définitivement fâché avec tout esprit démocratique. Un parti qui ne participe pas, par l’exemple, à la culture de la transparence. Qui ne se donne même plus l’effort de la langue de bois. «On n’est pas prêt», qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ?

Depuis le temps que ce congrès, annoncé comme «capital» par Belkhadem, est préparé pour que, enfin, on s’aperçoive que rien n’est prêt, c’est-à-dire rien n’a été préparé. Est-ce ainsi que ce parti gère, gèrera, a géré le pays ? Dans l’imprévu, l’impréparé et le manque de mots, d’imagination politique, de souci de communiquer, pour le dire. On suppose en bon droit que c’est le président, qui est aussi «président d’honneur» du FLN, qui a décidé le report du congrès.

Mais le président, s’il peut avoir le désir de gérer le FLN, ne gère pas forcément sa communication. Voyons donc pourquoi il aurait décidé de ce rapport. Le seul fait précis d’actualité est la décision de Louisa Hanoune de s’allier avec le RND. Cette alliance avait surpris les observateurs politiques, à commencer par le FLN qui avait protesté comme si le PT était une de ses annexes.

Qui sait, si elle n’a pas surpris le président de la République lui-même ? Auquel cas, le congrès aurait été reporté pour faire face à la nouvelle donne. Le principal adversaire du FLN étant le RND, il y a urgence de tout revoir, jusqu’au congrès, pour affronter la situation. Si tel est le cas, Louisa Hanoune est-elle consciente des effets déstabilisateurs sur le vieux parti unique que son alliance avec le RND a provoqués ?

Et pourquoi aura-t-elle voulu le mettre dans un tel embarras ? On lui reproche de rechercher à consolider ses positions, profiter de l’exécutif, ce dont elle se défend. Si elle avait voulu participer à un gouvernement de privatisation, a-t-elle dit, elle aurait accepté d’en faire carrément partie. Alors que recherche-t-elle ? «Mon indépendance», dit-elle encore. Le mot est révélateur, car ce n’est généralement pas dans une alliance, quelle qu’elle soit, qu’on affirme son indépendance.

Il faut comprendre par là que le FLN avait réussi à satelliser le PT, qu’il s’apprêtait vraisemblablement à l’avaler tout crû durant le congrès, et qu’en s’alliant avec le RND, son premier adversaire, elle contrecarrait tous ses calculs. Jusqu’à plus amples informations, c’est la pasionaria algérienne, cette «dame de fer» comme l’appelle un journal étranger, qui est à l’origine du report du congrès du FLN. Ce qui explique bien des choses.

Brahim Djalil

Pris aux prix

Aller faire son marché à Marignane serait-il plus rentable pour la ménagère algérienne ? Car l’envol des prix des fruits et légumes chez nous vous encourage vivement à mimer l’action d’Aminatou Haider qui fut si économique pour ses hôtes à Lanzarote, mais qui coûta tellement au dernier des commandeurs des croyants dans le monde. A voir les étals de nos marchés, vous seriez tentés par un bouillon de bananes, les légumes tout à fait locaux comme la tomate, les petits pois ou les haricots verts étant de 40 % plus chers.

Les légumes secs qui sauvaient la mise chez les plus nécessiteux d’entre nous voient aussi leurs prix propulsés et se mettent hors de portée, à l’instar des lentilles qui ont pu atteindre la barre de 180 DA le kilo. On nous dit que ce sont là des augmentations d’hiver et que cela est tout à fait naturel.

Normal qu’un kilo de haricots verts frais cultivé à la sortie de Bab Djedid pour être commercialisé à Bab el-Oued coûte presque le prix d’un kilo de haricots verts en conserve, importé des zones proches de l’Alaska ? Quels que soient l’importance, le confort et la beauté esthétique d’une autoroute, le marcheur saurait-il la couvrir le ventre vide ? Timide auparavant, la spirale des prix s’emballe et n’a plus de retenue, en l’absence de réactions des pouvoirs publics.

L’Etat, si à cheval lorsqu’il s’agit de tacler une marche à Alger, est lamentablement absent face au désordre et aux irrégularités qui distinguent le commerce national. Pis, il est arrivé qu’on nous ramène de l’étranger des «lumières» pour nous éclairer et nous expliquer les immenses bienfaits de… l’informel et de son rôle irremplaçable dans l’essor de notre économie.

Personne de sensé ne peut renier les efforts à la relance du monde rural et l’aide conséquente que l’Etat accorde directement ou indirectement aux activités agricoles. Un appui qui a fini par faire considérablement baisser le montant de la facture alimentaire. Mais est-il juste de laisser s’installer une anarchie qui permette aux spéculateurs de détourner à leur guise le produit des efforts conjugués de l’Etat et du fellah, et de s’enrichir sur le dos d’un consommateur déjà éprouvé. Qui serait pour un Etat pigeon où c’est le déshérité qui est pénalisé ?

Par Mohamed Zaâf

Les Algériens pensent beaucoup à Houari Boumédiene

Menaces

Après l’annulation du rallye Paris-Dakar, le kidnapping d’étrangers et leur exécution par Al-Qaïda, certaines puissances occidentales ont tenté de s’impliquer directement dans la sécurité du Sahel, rendant ainsi la tâche beaucoup plus difficile en raison de la divergence des intérêts. Le Mali, un pays directement concerné par la question, semble avoir perdu la boussole.

La sécurité est l’affaire de tous. Et lorsqu’on vient à parler de régions soumises à une instabilité chronique due à des raisons géographiques, économiques et politiques, on ne peut continuer à prendre à la légère les menaces liées au terrorisme international. Dans le Sahel, ou ce qu’on appelle communément la sous-région, la situation s’est sérieusement dégradée depuis le début de la décade, notamment après la guerre US en Afghanistan.
Le Sahel devient alors un point de repère idéal pour les groupes armés islamistes qui ont fui l’Afghanistan et l’occupation américaine de l’Irak depuis 2003 n’a fait que rajouter de l’huile sur le feu.

Pour l’Algérie, qui a mené une lutte sans merci contre l’islamisme armé et qui connaît parfaitement le danger que représente ce fléau sur la sécurité des États, elle a toujours maintenu sa politique d’aide et de soutien aux pays de la sous-région afin d’y consolider la stabilité, surtout que certains États voisins tentent de jouer aux apprentis sorciers en manipulant certaines sensibilités communautaires.

Après l’annulation du rallye Paris-Dakar, le kidnapping d’étrangers et leur exécution par Al-Qaïda, certaines puissances occidentales ont tenté de s’impliquer directement dans la sécurité du Sahel, rendant ainsi la tâche beaucoup plus difficile en raison de la divergence des intérêts. Le Mali, un pays directement concerné par la question, semble avoir perdu la boussole.

Le 26 novembre dernier, un Français a été kidnappé à Ménaka, plus de 1 500 km au nord-est de Bamako et, trois jours plus tard, trois Espagnols ont été capturés dans le nord-ouest de la Mauritanie.

Des actions revendiquées par Al-Qaïda Maghreb qui les retiendrait quelque part dans le nord du Mali. Alors une question : que fait le gouvernement de Bamako et quelles sont les mesures envisagées afin de libérer les otages et mettre un terme à cette situation de “ni guerre ni paix” dans le nord du pays, qui met en péril non seulement la sécurité malienne mais aussi la sécurité de nos frontières sud ?

Par : Salim Tamani

lundi 16 novembre 2009

Le foot, oui ! Les profs, non !



Par Hakim Laâlam  
Email : laalamh@yahoo.fr

Le match d’appui contre les Pharaons aura lieu mercredi à Khartoum. C’est pas juste ! Jouer l’Egypte deux fois de suite… 

… chez elle !

Ma fenêtre étant ouverte pour cause de canicule hivernale, j’entends d’ici les klaxons et les cris de joie des supporters algériens qui viennent d’apprendre la nouvelle. L’Etat généreux vient de leur offrir des billets quasiment gratuits pour le Soudan afin qu’ils aillent «afwadjan ! afwadjan !» supporter leur équipe lors du match d’appui contre les méchants et vilains Egyptiens. C’est touchant de les voir déborder soudain de tendresse reconnaissante pour leurs dirigeants subitement bien-aimés. C’est bien. C’est même très bien. Mais tout de même ! Je ne voudrais pas gâcher une si belle ambiance, étant moi-même fou de foot, seulement force est de relever ce fait vachement troublant. Dehors, peut-être même mêlés à la foule, il y a des enseignants en grève, des profs qui gueulent leur rage depuis des lustres pour que leur statut d’éducateur- mendiant soit amélioré. Et à chaque fois qu’ils rouspètent, à chaque fois qu’ils sortent manifester et qu’ils font grève, ils sont tabassés et n’ont droit qu’à une explication qui se veut économiquement censée et politiquement raisonnable : «Vous savez, on ne peut pas d’un coup de baguette magique, comme ça, en un claquement de doigts, sur simple injonction, augmenter vos salaires pour les faire tendre vers un peu de dignité, ni vous donner un statut plus conforme à votre rôle dans la société. La moindre des augmentations doit obéir à des règles très strictes, tenir compte des équilibres micro et macro-économiques. Nous devons éviter de prendre des décisions démagogiques. La gestion d’un pays, c’est autrement plus sérieux, vous savez !» Oui ! Je croyais le savoir. Jusqu’au moment présent où je découvre que les règles micro-macro-machin chose qui sont censées régenter de manière intelligente notre économie volent en éclats sur un simple coup de fil et deux ou trois injonctions. Plus de restrictions, plus de scellés sur les caisses bourrées de l’Etat. On ouvre, on y puise à pleines pelletées et allez ! Quiiiiiiiiiiii veut prendre l’avion pour Khartoum ? T’hassebkoum ! Wallah que c’est de bon cœur ! Allez ! Allez ! Tous à l’aéroport. Il vous faut juste votre passeport et une gorge prête à l’emploi. Grimpez dans l’arche de Noé. Ou plutôt dans celle d’Abdekka. Et tant pis pour les profs et pour l’école ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L. 

La mort s’habille en vert

Après une phase de déprime naturelle et une vague envie de suicide collectif suite à la défaite cairote, les Algériens se sont vite ressaisis le matin, dès l’annonce d’une offre de billets gratuits ou à tarif réduit pour le Soudan. Etant entendu qu’une victoire à Khartoum ouvre la voie à l’Afrique du Sud, toute la journée, des milliers d’Algériens ont défilé dans les rues en brandissant leur passeport vert et c’est la première fois qu’ils les brandissent autrement que pour signifier un départ définitif, la harga sans retour.

C’est la première fois que les Algériens exhibent ouvertement leur titre de voyage avec la ferme intention de revenir dans leur pays, juste après avoir tué quelques Egyptiens à Khartoum. Il faut pourtant arrêter ici toutes les tentatives de récupération patriotique de ce qui est en train de se passer.

Car ce qui est arrivé au Caire, avec la mort d’Algériens sous le regard passif de la police et de l’Etat, renvoie à l’Algérie l’image de l’Egypte, ennemie par le peuple et le football mais amie de circonstance par le régime.

Celui d’un pays autoritaire où les forces de l’ordre jouissent de l’impunité, ce qui leur a permis de laisser tuer et blesser tant d’Algériens. A ce niveau, l’Etat algérien, tout aussi antidémocratique, ne peut que pleurer les pertes humaines sans contester la nature du régime égyptien puisqu’il a le même à domicile.

Et sur son terrain, l’Algérie dépassée, l’Etat algérien n’a rien dit et son contraire, condamnant sans le faire, passant de billets gratuits à la rumeur de billets à 20 000 DA, et pour ne citer qu’Alger, ouvert une agence de 20 m2 pour accueillir une foule de milliers de personnes prêtes à aller jouer la bataille de Khartoum.

Pourquoi aller à Khartoum ? Pour mourir et venger la mort des siens, dans la grande tradition nationale. Pourquoi pas ? Cela fait déjà un mois que ce n’est déjà plus du football.

Par Chawki Amari

De quelle fraternité parle-t-on ?

Les rumeurs les plus folles ont circulé, hier, à travers toute l’Algérie. Tout le monde parle d’un scénario catastrophe. Mais une chose est certaine : il y a eu violence et le sang algérien a coulé au Caire. Et c’est dans la capitale d’un pays, que les autorités du pays continuent à qualifier de «frère», que les Algériens, venus normalement en invités, sont agressés. Les supporters qui ne cherchaient en fait que de la joie ont eu comme seule réponse des jets de pierres et des coups de poing.

Quel désastre !! Quel gâchis ! En fait, cela n’est absolument pas nouveau, même si le propos peut paraître un peu dur ou parfois déplacé. Car, à y regarder de près, cette violence ne peut jamais être le fait de groupuscules isolés, déchaînés. Jamais cela ne peut être un acte spontané. Jamais cela ne serait survenu s’il n’y avait pas la bénédiction des autorités égyptiennes. Et la preuve de cela est simple à vérifier : le président de la Fédération égyptienne de football, Samir Zaher, a franchi le Rubicon jusqu’à affirmer que ce sont les joueurs algériens qui ont orchestré l’attaque éhontée de jeudi soir contre le bus qui les transportait de l’aéroport du Caire à l’hôtel.

Quelle hérésie ! Quelle insolence !! Cela est simplement stupide, et il n’y a qu’à voir la tête bandée de Lemouchia, celle de Rafik Halliche ou la main blessée de Rafik Saïfi pour démentir le délire du dirigeant égyptien. Honteuse est encore cette image de policiers cairotes qui, au lieu de protéger les supporters et les joueurs, ont agressé des journalistes algériens après la fin de la rencontre. La seule conclusion qu’il faut tirer de ces jours de tension extrême est donc que le traquenard de jeudi et l’agression de samedi soir ont été tout simplement prémédités. Pas par les supporters, dont l’émotion peut, certes, conduire à des escarmouches, mais par des responsables d’un pays en mal dans leur peau.

Des dirigeants qui n’ont rien à vendre à leur peuple que la victoire d’un match de football, qui ne doit pas, en principe, dépasser le cadre d’une simple rencontre sportive. Sans plus. Et le sang des Algériens est apparemment la voie la plus facile pour Moubarek pour placer sans fils sur les rails de la présidence égyptienne qui s’approche.Face à cela, les jeunes Algériens ont montré, hier, leur sportivité en scandant des slogans de soutien à leur équipe malgré la défaite de samedi soir. Ces supporters, jeunes dans leur grande majorité, ne sont pas des va-t-en-guerre. Bien au contraire. Même si, il faut l’avouer, ils ont le droit de s’interroger, toujours dans le calme, sur les raisons de la frilosité des autorités de leur pays.

Que diront, en fait, les autorités égyptiennes si leurs concitoyens étaient agressés chez nous ? Ils vont certainement monter au créneau, pour ne pas dire plus. Pendant que des Algériens se font massacrer au Caire, les responsables de l’Etat, dans l’incapacité de se mettre au diapason de cette jeunesse en soif de joie, font preuve d’un mutisme pour le moins étonnant. S’il est vrai que la diplomatie a ses voies et son langage, il n’en demeure pas moins que de tels comportements appellent une position et une réaction fermes.

Une attitude que n’a pas su, malheureusement encore, afficher la Fédération internationale de football qui, malgré l’agression caractérisée à l’encontre du onze national, n’a pris aucune décision, si ce n’est le timide avertissement de jeudi dernier. Mais, en attendant, les Fennecs auront largement le temps de montrer autre chose sur le terrain à Khartoum mercredi prochain. Mais cela est une autre histoire.

Par Ali Boukhlef

Entre minbar et banc de touche

Je m'imagine la déception des millions d'Algériens après la défaite inattendue de l'EN au Caire. Si l'Algérie a perdu, ce n'est pas parce que Dieu a fait la passe décisive à l'équipe égyptienne, championne de la prosternation tous azimuts. Sur le plan de la dévotion, nous faisons désormais jeu égal avec nos adversaires, au point de semer la confusion dans la comptabilité céleste. Seulement, nous ne sommes pas de force à lutter contre les Egyptiens sur ce terrain-là.

Voyez le succès du «flyer» représentant le joueur vedette Zidane, mains tendues et implorantes vers le ciel, avec cette invocation «ya Rab», qui n'a pas nécessairement la même signification chez nous. C'est ainsi que l'on met la providence et les prieurs de son côté. Franchement, les enfants, n'essayez pas de rivaliser avec les «sadjidines» sur le plan de la prosternation. «Forts alikoum bezzef», trop forts pour vous, même si votre piété surpasse, au fond, la leur et qu'elle résiste mieux aux tentations qui les taraudent dans leurs hôtels. Et puis, vous avez cet entraîneur, malencontreusement appelé «Cheikh». Il oublie souvent qu'il a été appelé pour mener nos joueurs à la victoire et non pas pour diriger les prières du haut de son minbar.

Combien Saâdane a-t-il reçu d'avertissements pour s'être hasardé trop près du terrain de jeu ? Je vais vous le dire, aucun. Parce que l'entraîneur national est littéralement rivé à son banc, ne bougeant même pas pour se dégourdir les jambes. Shehata, l'Egyptien, se démenait comme un beau diable, dans les derniers moments du match, pour haranguer ses joueurs. Il a peut-être moins de sens tactique, moins de roublardise que Saâdane, aux dires de nos commentateurs sportifs, mais il a de la présence. Et c'est ce qui a payé ce samedi au stade du Caire, alors que les Egyptiens y croyaient encore et que certains joueurs algériens avaient déjà un pied en dehors du terrain. Il y a des moments comme celui-là où les échafaudages élaborés en laboratoire et à l'entraînement ne suffisent pas.

On s'en aperçoit aisément en revoyant ces temps morts, généreusement accordés par l'arbitre sud-africain, désormais surnommé «Monsieur six minutes». Il fallait, il faut donc tenir compte de ces impondérables et, surtout, comprendre pourquoi nos joueurs si doués et si talentueux s'effondrent souvent en fin de match. Récapitulons une fois : les Egyptiens savent solliciter le ciel mieux que nous, et ils proclament ouvertement que leurs joueurs et leur peuple sont des monuments de piété.

Ce qui n'est pas notre cas, a contrario, même s'ils rappellent in fine que nous sommes «frères par le sang et par le religion». Car dans ce cas, faut-il le rappeler, les Coptes d'Egypte et les trente-cinq protestants d'Assi-Youssef comptent pour du beurre. Sur le terrain, l'entraîneur de l'Egypte, Shehata , communique mieux et a plus de contact avec ses joueurs. Ce que ne fait pas le «Cheikh» Saâdane, à notre connaissance, à moins que ses joueurs soient nantis d'oreillettes ultras discrètes. Il est certain, toutefois, que les Algériens sont individuellement plus forts que leurs adversaires égyptiens, mais si on reconduit le schéma du Caire, ce ne sera pas facile à Khartoum.

On peut se demander, au demeurant, pourquoi la Fifa a choisi Khartoum comme «terrain neutre». Il faudra compter avec l'improbable neutralité du public, géographiquement et historiquement plus proche de l'Egypte que de l'Algérie. Car même si Omar Al-Béchir, président du Soudan, est l'ami de Bouteflika, aux dires des fervents supporters de la tyrannie, il est encore plus l'ami de Hosni Moubarek. Or, ce dernier a beaucoup plus à perdre en cas d'élimination de l'Egypte. Au passage, j'ai particulièrement apprécié samedi soir le trait d'ironie de l'ancien international Chabane Merezkane à propos du Soudan. «Oui, je sais que le Soudan est un pays frère, a-t-il dit, mais à force de jouer dans les pays frères, l'équipe nationale va être décimée».

Dans le climat d'euphorie qui suivrait une éventuelle qualification de son pays au Mondial, Moubarek pourrait faire passer plus facilement son projet de hisser son fils Djamel sur le trône d'Egypte. Ce qui n'est pas le cas de notre président qui ne pense, lui, qu'à bien finir son mandat actuel et à se préparer pour un cinquième si tout va bien. En attendant, une participation algérienne à une phase finale de Coupe du monde, ça vous redore le blason et ça coupe, pour un moment, l'envie de déclencher des émeutes. Car, après les harraga, l'engeance que craignent le plus nos gouvernants, c'est celle des émeutiers. Cette variété qui n'a pas le pied marin se manifeste trop souvent dans les grands centres urbains et sous les projecteurs des télévisions étrangères.

Cela dit, la Fifa a eu tort de faire jouer quand même le match, en dépit des graves incidents de jeudi dernier. Il faut noter aussi que les protestations du gouvernement algérien ont été un peu faiblardes et n'ont pas donné l'impression d'un pays désireux d'aller jusqu'au bout. Ce qu'ils auraient dû faire, au moins pour la forme, à partir du moment où la duplicité des autorités égyptiennes a été démontrée. Quelques rappels : jeudi, en début de soirée, le quotidien Al- Ahramet l'hebdomadaire Alyawm Essabaamettent en doute la réalité de l'agression dans leurs éditions électroniques.

Ils affirment, citant des sources non identifiées, que ce sont les joueurs algériens eux-mêmes qui ont saccagé le bus qui les transportait. L'hebdomadaire met en ligne plusieurs articles dénonçant le "complot" algérien. Dès le lendemain matin, la thèse prend forme et elle est officialisée par les autorités policières. Selon cette thèse, alors que l'autobus se dirigeait tranquillement vers l'hôtel, les joueurs algériens se sont mis à briser les vitres et le pare-brise du bus avec des extincteurs. C'est en tentant de saccager le véhicule que quelques joueurs se sont blessés. Témoin providentiel et héros improvisé, le chauffeur du bus, Egyptien bien sûr, a réagi en bon patriote soucieux de protéger les bus de son pays. Le conducteur a donc lâché son volant pour aller se colleter avec les joueurs algériens et les empêcher de continuer à saccager le bus qui continuait à rouler. Car ce bus est muni, semble-t-il, d'un système de pilotage automatique comme les avions.

C'est du moins la conclusion des journalistes présents à la suite de ce récit rocambolesque. La télévision égyptienne va s'emparer, évidemment, de cette thèse et elle diffusera même un montage vidéo, dans lequel elle reprend sans vergogne des images filmées à l'intérieur du bus par Rafik Saïfi lui-même. Heureusement que cette vidéo, qui prouve la réalité de l'agression, avait été diffusée déjà sur la Toile bien avant son exploitation honteuse par la télévision égyptienne. On peut relever que le Festival international du cinéma du Caire se tenait à quelques encablures de là, ce qui a peut-être inspiré les affabulations égyptiennes. Arrive, enfin, le témoignage incontestable et incontesté du délégué de la Fifa qui met à terre L'invraisemblable scénario élaboré par la police, fignolé par les médias, et accepté par toute l'Egypte comme vérité d'Evangile, pardon du Coran.

En dépit de tout ceci, les aveux implicites des Egyptiens euxm-êmes et le rapport accablant de son délégué, la Fifa a maintenu la rencontre. Sur les sites Internet, pendant ce temps, les supporters égyptiens ont continué à accuser les Algériens d'avoir simulé l'agression. Emporté par son patriotisme, un Egyptien a lancé : «Arrêtez de parler de pays frères, nous sommes l'Egypte des Pharaons et eux, c'est l'Algérie des Amazighs». Si seulement on avait su ça auparavant, on se serait sûrement épargné toutes ces émotions et toutes ces rancœurs, mes bien chers frères.

Par Ahmed HALLI

Système, performance et mérite

L’équipe nationale de football ayant décidé de prolonger le suspense, c’est dans le noir que les enseignants devront continuer leur mouvement de protestation. Avec juste la lueur du discours du président à Sétif promettant une réhabilitation de l’enseignement universitaire et de la recherche. Une réhabilitation strictement salariale, en attendant la réhabilitation politique.

La bonne nouvelle est quelque peu altérée par ceci : le Président trouve que l’Université algérienne va bien et ne mérite pas son mauvais classement international. La preuve en serait que des universités américaines recrutent des étudiants nationaux. L’envol de quelques hirondelles serait une preuve de la qualité de notre production universitaire, pas la production elle-même, mesurable à la contribution de l’université au développement scientifique, économique, technique, culturel et humain de la société.

Le Président s’étant engagé à aligner les salaires des chercheurs sur ceux de leurs homologues étrangers, l’université, ainsi déclarée performante, n’a plus qu’à attendre la récompense sociale qu’elle mérite. Si l’effort et le mérite venaient à s’imposer comme valeurs nationales, ils inaugureraient une véritable révolution philosophique dans le système algérien. Car pourquoi son application s’arrêterait en si bon chemin, là où elle va commencer, à l’université ? On ne pourra plus acheter un siège de sénateur, par exemple ; il faudrait le gagner.

Car, enfin, d’où vient le mal national si ce n’est de la primauté de l’allégeance sur le mérite ?

C’est là que le piège se referme sur la volonté politique, même quand elle serait sincère : un système politique basé sur le pouvoir de cooptation peut-il mettre en pratique une gouvernance qui privilégie l’aptitude et la vertu ?

Non, car cela reviendrait à se faire hara-kiri. Car la promotion de la compétence et de l’engagement implique la mise en place de conditions de libre compétition des aptitudes nationales. Autrement, pourquoi un ministre ou un député qui n’a pas de dispositions particulières à faire valoir se transformerait en défenseur du mérite dans son secteur ou sa circonscription ? On ne connaît pas encore de meilleur mode de sélection que de mettre les protagonistes en compétition, selon des critères objectifs et dans des conditions de transparence.

Or, il n’en est pas encore question. Sauf à vouloir transformer une élite universitaire en une espèce d’équipe nationale de la recherche, bien payée pour représenter le pays dans le système universel d’émulation scientifique ou culturel. Une équipe nationale de chirurgiens, une autre de physiciens, etc. qui animerait les occasions solennelles, comme le feraient de bon chanteurs à l’occasion des festivals institutionnels, et comme le feraient de bons écrivains de salon.

Le mérite, ce serait la fin des monopoles du pouvoir : celui du contrôle des élections qui décident des dirigeants à élire, celui de communication qui décide de qui doit parler, celui de l’allocation des ressources qui décide de celui et de ce qui doit être financé, de celui de la publicité qui décide des journaux qui doivent survivre. Le problème est là : l’autoritarisme est nécessairement promoteur de médiocrité ; au mieux, il peut monter des troupes d’élite gavées pour la représentation. La liberté seule est productrice de performance.

Par : Mustapha Hammouche

Si près du Caire, si loin de son enfer

Le pays entier se relève difficilement d'une gueule de bois dont il aurait aimé d'autres arômes et d'autres couleurs, mais bon. Les Algériens auraient aimé la belle sérénité des lendemains de victoires fêtées dans l'agitation et dans l'excès, mais ils savent aimer ce qu'ils ont quand ils n'ont pas ce qu'ils aiment.

A commencer par cet espoir – tout le monde vous dira qu'il est intact – de se qualifier en Coupe du monde en allant chercher une victoire à Khartoum, la capitale soudanaise. Les Algériens savent aussi qu'il y a autant de leçons à tirer dans la liesse partagée que dans les élans de solidarité éphémère que procure la détresse commune.

Hier, les visages étaient blêmes de désillusion et de manque de sommeil, mais paradoxalement, le teint blafard et les regards absents renvoyaient plus de détermination que de résignation. Non, ce n'est pas l'éternel recommencement. Le rêve est encore là. S'y mêlent encore une multitude de regrets tenaces et quelques remises en cause apaisées, se profilent à l'horizon d'autres façons d'envisager la passion du foot et d'autres regards sur l'adversaire, mais le fait est que toutes les raisons d'encore rêver sont là.

Peut-être encore un peu trop proche du Cairo Stadium mais tout de même à distance respectable de son enfer. Timidement, mais avec beaucoup de promesses, les rues d'Alger ont esquissé l'ultime mi-temps sur les sentiers sud-africains pour un avertissement solennel : le ventre de la passion est encore fertile de générosité dans l'effort.

Et pour l'une des rares fois sans doute, les voix entonnent le refrain de l'essentiel : gagner pour aller en Coupe du monde et, cerise sur le gâteau, laver dans l'apaisement sportif l'affront vécu sur un terrain qui ne l'a pas été. Hier, dans les mines défaites et les regards hagards, il n'y avait pas de haine, seulement l'assurance de femmes et d'hommes convaincus d'avoir été injustement privés d'une victoire par des chemins détournés.

Déçus mais presque heureux d'aller récupérer «ça» au bout d'un parcours qui aurait pu être moins lu et surtout moins violent. L'«essentiel» a commencé hier très tôt. Le voyage pour Khartoum, ses visas, ses billets d'avion et ses tickets de stade. Le reste inchangé.
Les cortèges se font de plus en plus nombreux et de plus en plus bruyants. Plus que deux jours.

C'est trop court et trop long, mais la bande à Saâdane est déjà confortablement installée pour récupérer de sa généreuse débauche d'énergie et de son enfer, si près de la capitale soudanaise. Mercredi, sur la pelouse, à l'abri des pierres et des vociférations haineuses, sera un autre jour.

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Slimane Laouari

Revenons à nos moutons

Notre bonne vieille cité, que je déteste (entre nous soit dit, de bon coeur) pour plusieurs raisons, avait commencé à changer de visage, comme chaque année à l’approche de l’Aïd El Adha: les carrés d’espaces verts imaginés par les urbanistes du dimanche et coûteusement entretenus par une municipalité invisible, étaient envahis par des troupeaux de moutons.

Les bêtes destinées au Sacrifice prochain avaient, en quelques heures, tondu l’herbe rare qui avait eu la mauvaise idée de pousser après les maigres pluies tombées dernièrement. Et c’est sur une terre battue, jonchée de sachets et de bouteilles en plastique, que les moutons se pressaient les uns contre les autres pour échapper aux harcèlements des nombreux gamins qui montraient leur curiosité avec la vivacité propre aux enfants.

De loin, les vieux retraités, le regard éteint, se lamentaient du prix exorbitant, affiché cette année, de la gent encornée et ils déploraient un peu plus l’absence de mesures gouvernementales pour freiner le prix de la viande qui, à la veille de chaque Ramadhan ou au lendemain de chaque Aïd, se propulsait un peu plus aux cimes de la mercuriale, entraînant avec elle tous les légumes qui lui sont associés.

Mais le fatalisme habituel a vite pris le dessus chez les vieux qui savaient que cet Aïd pouvait être le dernier pour certains d’entre eux et que de toute façon, il fallait se plier à l’exigence dictatoriale des petits-enfants qui demandaient à choisir eux-mêmes le jouet vivant pour meubler la monotonie des jours.

Les enfants se pressaient de plus en plus nombreux, formant un carré autour des bêtes. Il faut dire que la grève des enseignants les avait libérés. Ils pouvaient ainsi donner libre cours à leurs penchants.
Les plus hardis d’entre eux s’approchaient des béliers les mieux encornés, leur flattaient le flanc ou le museau ou les excitaient pour les voir s’affronter dans les duels sonores où le choc sourd des cornes était répercuté par des vivats d’encouragement.

Des ménagères hardies étaient même venues avec des enfants en bas âge pour sentir l’odeur de la laine qui est un avant-goût des fumets de l’Aïd. Elles s’enhardissaient, mues par une tradition séculaire, à pousser leurs mioches vers les clôtures affaissées derrière lesquelles le troupeau languissait. Et tout cela sous l’oeil vigilant de la vieille grand-mère qui menait elle aussi, à sa manière, sa petite tribu.

Un enfant avait eu même la brillante idée de poser un drapeau sur le dos du plus imposant bélier, celui qui avait imposé sa loi au reste du troupeau.

Et cela avait provoqué un regain d’enthousiasme chez les jeunes écoliers ravis, pendant leur école buissonnière, forcés à suivre les péripéties des ovins sur les pâturages improvisés de la cité et de répéter à l’envi les échos relatifs à l’Equipe nationale en Italie ou en Egypte.
Seuls les pères de famille, tirés par la manche par leur dernier rejeton, se montraient rétifs à s’approcher: le mouton était devenu trop cher et la tripartite arriverait de toute façon trop tard.

Il vaut mieux attendre la veille de l’Aïd pour se décider à acheter. Peut-être qu’il y aurait un peu plus de rahma chez les maquignons. Qui sait?

Selim M’SILI

Dream TV, Modern Sport et Hayat TV, créent un front contre l’Algérie

«Puisque la haine ne cessera jamais avec la haine, la haine cessera avec l’amour.»
Bouddha "Extrait de Suttapitaka Dighanikaya"

Alors que le monde entier découvrait la barbarie des supporters égyptiens, un front des télévisions égyptiennes s’est constitué, regroupant les extrémistes du monde audiovisuel égyptien: Dream TV, Modern sport et Hayat TV. Toutes les vedettes et animateurs de ces trois télévisions étaient rassemblés sur le même plateau de télévision orné des couleurs noir et rouge. Ainsi, on pouvait retrouver Mustapha Abdou de Dream TV qui n’a pas cessé, durant deux semaines, à insulter l’Algérie et tous ses symboles, Medhat Chalabi de Modern Sport, mais aussi Ahmed Choubaïr, le soi-disant ami des Algériens et présentateur vedette de Hayat TV, nouvelle chaîne égyptienne également.

Ce front des télévisions égyptiennes, nouvellement créé depuis 2003 et visiblement en panne de sensation, ne s’est pas rassemblé pour une campagne contre la violence dans les stades, contre le sida dans les pays arabes, ni contre la faim et la misère en Egypte, mais bien pour insulter encore et toujours l’Algérie. La soirée fut festive, puisque l’Egypte a gagné et avait droit à la fête, mais à travers les nombreuses interventions des joueurs et des artistes, notamment le comédien Ahmed Saka, des insultes fusaient contre la délégation algérienne et ses joueurs.

Alors qu’au même moment sur Nile Sport et la chaîne publique Al Masrya, on se contentait de commenter les faits et saluer sportivement la victoire des Pharaons sans pyramides. Cette attitude belliqueuse de ce trio de télévisions égyptiennes a fait réagir les autorités audiovisuelle arabes par le bais de l’Union des télévisions arabes, qui a demandé l’arrêt de la diffusion de ces trois chaînes égyptiennes qui alimentent la haine et la discrimination entre les Arabes et plus particulièrement contre l’Algérie. Alors que la soirée se poursuivait avec une haine et des moqueries contre la délégation nationale, l’EN est bloquée au stade et les supporters algériens sont attaqués jusque dans leur bus.

Les Egyptiens, qui ont pourtant remporté le match, ne se sont pas contentés de défiler seulement, mais de poursuivre les Algériens dans les rues et sur les plateaux des télévisions. Au même moment, les techniciens algériens et les anciens joueurs, invités sur les plateaux sobres de l’Entv et de Canal Algérie, se sont contentés de commenter les erreurs techniques de Saâdane. Il faut dire que les joueurs qui ont vécu l’enfer du Caire n’étaient pas conviés à cette soirée. Ainsi, Belloumi le symbole de la haine des Egyptiens contre les joueurs algériens n’a pas été invité sur les plateaux de la Télévision algérienne.

Et c’est une petite chaîne maghrébine, Nesma TV, qui l’a accueilli avec faste à Tunis et a annoncé l’émission à coups de placards publicitaires durant plusieurs jours dans la presse algérienne. Mais l’émission qui a été enregistrée mercredi, soit 24h avant les incidents du Caire, était déconnectée du sujet avec sa triste réalité et la tension qui était perceptible avant le match.

Quoi qu’il en soit, cet épisode du Caire a démontré une nouvelle fois le retard de notre pays dans le domaine de l’audiovisuel et de la communication. Même si on ne doit pas allumer la mèche, on devait néanmoins, préparer les explosifs pour répondre image par image aux provocations et insultes des Pharaons sans pyramides

Amira SOLTANE

Redéfinir n'est pas gagner

Il n'y a pas que les filles Obama qui attendent avec impatience le retour de leur père d'Asie. Ses adversaires républicains vont eux aussi se bousculer à sa descente d'avion. S'empresseront-ils de lui reprocher le fait d'avoir élargi une réunion au sommet de l'Apec aux dirigeants birmans, la nouvelle doctrine de l'«engagement pragmatique» US envers la junte militaire ne peut être la bonne approche aux yeux de ses contradicteurs ? 

Ceux-là tâcheront de le lui rappeler. Mais pas avant d’avoir tiré au clair l'affaire afghane, des semaines qu'ils attendent la nouvelle option stratégique des démocrates. Le président Obama peut continuer d'inspirer les artistes et les commerçants chinois chez eux, à Washington, l'heure n'est plus au badigeonnage à l'huile. En clair, il ne suffit pas d'annoncer qu'une décision sur l'Afghanistan est toute proche pour calmer les ardeurs des républicains qui veulent pas moins que de la clarté dans les propos du président.

Et surtout des actions rapides, signifier aux Afghans qui doivent se défendre eux-mêmes est trop vague comme concept sécuritaire pour être pris au sérieux par les éléphants du parti républicain. A se demander s'il existe une seule et bonne qualité chez Barak Obama ?
Il arrive à ses ennemis politiques d'en détecter.

Quand, par exemple, il n'hésite pas une seconde à reconduire les sanctions américaines contre la République islamique d'Iran et à adresser à partir de Singapour un avertissement clair aux mollahs, en compagnie du président russe, Dmitri Medvedev. Sauf qu'une pareille qualité de «franc-parleur», selon la grille de notation des républicains, peut être revue à la baisse quand le locataire du bureau ovale s'amuse à brandir le bâton et la carotte devant le régime de Khartoum. Face au non-respect des droits de l'homme au Darfour et la famine qui revient au Sud-Soudan, il n'y aurait même plus de place pour que le président d'Obama puisse glisser sa main tendue.

C'est cette même attitude radicale que les républicains espèrent voir se renforcer chez lui. Une sorte de chemin initiatique vers une «fauconisation» qu'ils cherchent à imposer au démocrate en chef. Mais aucune des campagnes d'acharnement contre sa personne n'ont eu jusque-là raison de sa constance.

Très attendue, la redéfinition de la stratégie militaire US en Afghanistan se présente ainsi comme la meilleure occasion pour mettre le président Obama en réelle difficulté. D'autant que les pressions exercées sur le gouvernement Karzaï, l'envoi de troupes en renfort et l'acheminement de meilleurs équipements ne permettraient pas à la coalition de remporter une victoire nette sur le mouvement taliban.

Manquera toujours l'adhésion de l'opinion publique afghane qui peine à se défaire de l'idée de l'occupation et à accepter celle de la libération.

Moins encore celle de la démocratisation qui a été malmenée par les fraudes massives lors du premier tour de l'élection présidentielle afghane. Ce qui n'a pas empêché Hamid Karzaï de rester le roi de Kaboul. Et si avec toutes ces prises en compte, la nouvelle stratégie de sortie de crise en Afghanistan venait à échouer ? Se retournera-t-il volontiers vers les républicains pour leur rafraîchir la mémoire : si l'Amérique continue de s'enfoncer dans le bourbier afghan c'est tout de même à cause d'eux ? A défaut de crier victoire, ils crieront au loup qui se dérobe derrière la bergerie.

Par Anis Djaad

Hagrouna !

Devant les soldats marocains qui franchirent belliqueusement en 1963 la frontière algérienne, Ben Bella, le premier président de la République, eut ce cri chargé d’une forte intensité patriotique : hagrouna ! (On nous a agressés). Il n’en fallut pas plus aux Algériens qui venaient à peine de sortir de la nuit coloniale pour se rendre, par milliers, aux frontières défendre, mains nues, leur sol convoité.

Aujourd’hui, une hogra d’un autre type est venue d’un pays présenté comme ami depuis toujours par l’idéologie baâssiste, l’Egypte, où un odieux guet-apens a été tendu à l’équipe algérienne de football. Manigancé en haut lieu, au Caire, le plan machiavélique visait à fragiliser et faire perdre le match aux joueurs algériens, et c’est ce qui arriva. Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, les Egyptiens s’en prirent aux supporters algériens, à la sortie du stade, faisant des blessés graves.

Un véritable massacre au vu et au su des autorités officielles qui renièrent l’engagement pris devant la FIFA d’assurer la sécurité de la compétition – cette même FIFA qui n’a pas assumé toutes ses responsabilités –, ce fut fait avec la complicité des énormes et redoutables médias égyptiens.

Le pouvoir du Caire ne recula pas devant le sang versé pour assouvir un dessein politique : détourner l’attention de sa population des hallucinants problèmes qu’elle rencontre en matière d’emploi, de niveau de vie, de logements, etc.

Hier, le président de la République a bien réagi en mettant à disposition des supporters les moyens d’aller à Khartoum soutenir leur équipe. Mais force est de constater que devant cette douloureuse épreuve, la riposte des autorités algériennes n’a pas été du niveau des attentes.

Au moment de l’agression du bus de l’équipe nationale, le discours sur « la fraternité arabe », dans le pur style langue de bois du parti unique, a été mis en avant par certains responsables. La réelle fraternité ne peut venir que de gens du même drapeau. En parlant « d’acte isolé » à la suite de l’attaque des joueurs, un ministre emboîta le pas à son ex-confrère d’il y a vingt ans qui compara la révolte d’Octobre 1988 à un « chahut de gamins ».

Et puis il y eut ce monumental ratage de l’ENTV qui, une nouvelle fois, a failli à son devoir d’informer en ne diffusant que bien après les images des footballeurs blessés, une fois achevé le discours du chef de l’Etat tenu à l’université de Sétif. Cette épreuve a révélé le vrai visage du pouvoir égyptien qui a tendance à mépriser tous les autres pays arabes, mais qui se fait fort de s’incliner avec la plus vile obséquiosité devant Israël.

Elle a mis à nu en Algérie la frilosité de ses hommes politiques, bloqués par un certain complexe d’infériorité vis-à-vis de l’Egypte et surtout tétanisés par le discours panarabiste en vogue depuis des décennies. Cette épreuve a enfin révélé, une nouvelle fois, tous les dangers que comporte le sous-développement médiatique algérien, notamment au niveau de l’audiovisuel maintenu sous forte dépendance politique.

Il faudra s’en occuper un jour, une fois revenu le calme, car le pouvoir algérien ne peut pas toujours se dérober aux débats fondamentaux. Du sang algérien a coulé et puis n’importe quel autre pays pourrait être tenté de suivre l’exemple égyptien pour humilier ou agresser l’Algérie, mettant à profit les faiblesses du pouvoir politique et le désarroi de la société.

Par Ali Bahmane

Le défaitisme ? Ce n'est pas algérien !

Partis disputer un match de football contre l'équipe d'un pays qualifié de "frère", les Fennecs se sont fait caillasser avant et après la rencontre. Au Caire, on était peut-être parti de l'adage "qui aime bien châtie bien" ? Sauf que dans notre glorieuse Algérie, les gens exècrent la hogra.

Surtout lorsqu'elle provient d'un pays qui perd lamentablement la notion de l'aman et va jusqu'à violenter froidement ses hôtes dans des traquenards traîtreusement préparés alors qu'il se coupe en quatre pour garantir une sécurité totale à Israël, son partenaire tueur d'enfants palestiniens. En réalité, Le Caire se trouve désormais plus proche d'Israël que des masses arabes.

Quatre bus de supporters algériens s'étaient fait attaquer à la fin du match, à hauteur d'un barrage… abandonné, alors que les brigades antiémeutes se trouvaient à peine à quelques dizaines de mètres de là. Des lâchetés qui, loin d'atteindre le moral algérien, le galvanisent plutôt.

Au point que des chaînes humaines interminables se formaient hier devant les agences de voyages, chacun espérant décrocher le billet pour Khartoum. Une mobilisation massive, tout à fait spontanée qui rappelle celle qui eut lieu en 1963 lors de l'ignoble agression marocaine de Tindouf. Une mobilisation qui a tendance à s'éloigner, malheureusement, du cadre strictement sportif.

Comment pourrait-il en être autrement alors qu'il y a eu au moins une vingtaine de blessés - dont trois se trouvaient encore hospitalisés hier après-midi - parmi les Algériens partis au Caire, non pas pour faire la guerre, mais juste pour supporter leur équipe ? Ils s'étaient fait lâchement attaquer sur les grandes artères du Caire où pratiquement rien ne bouge d'habitude sous la loupe des services de sécurité.

Plus grave, une information de source aéronautique non confirmée officiellement faisait hier état du rapatriement de plusieurs cercueils du Caire alors que, pour leur part, les médias publics n'avaient encore fait état ni des blessés, ni de leur nombre, encore moins de morts éventuels. Quoi qu'il en soit, la sauvagerie cairote ne semble pas intimider les Algériens qui iront confiants chez Omar El-Bachir, sachant que les Soudanais savent apprécier chacun à sa… juste valeur.

Par Mohamed Zaâf

Manque de pot, Farouk!

Voilà un dégourdi de commerçant ambulant qui se fait avoir en achetant (sans avoir payé) une marchandise que les "propriétaires" avaient pris soin de laisser à ses côtés...

L’article 387 du Code pénal évoque le recel en tant que délit réprimé, or les magistrats du siège ont pour devise: «Sans les receleurs, les voleurs ne peuvent écouler leurs butins mal acquis.»

Il est vrai aussi qu’une peine de un an au moins et cinq ans au plus, et une amende de cinq cents à vingt mille dinars sont infligées à quiconque, sciemment, recèle, tout ou partie des choses enlevées, détournées ou obtenues à l’aide d’un crime ou d’un délit.
Le même article prévoit que l’amende peut être élevée au-delà des vingt mille dinars, jusqu’à la moitié de la valeur des objets recelés.

Le troisième alinéa prévoit que le coupable, peut, en outre, être frappé «pour un an au moins et cinq ans au plus, de l’interdiction d’un ou de plusieurs des droits mentionnés à l’article 14 du présent Code». Le dernier alinéa de l’article 387 va dans le sens du «tout sans préjudice de plus fortes peines, s’il y échet, en cas de complicité de crime, conformément aux articles 42, 43, et 44».

Devant son avocat Maître M’hamed Chemlel, Farouk trente-sept ans explique difficilement face à Hadj Barik, le juge de Koléa de la cour de Blida, que ses achats, se sont fait, en droite ligne d’un vrai commerçant habitué aux transactions: «J’ai acquis ces objets et petites machines auprès de revendeurs dont j’ai eu l’occasion d’apprécier leur sens du commerce et de leur honnêteté.

Le comble, je n’avais même pas payé cette marchandise car ils m’ont demandé de surveiller leur marchandise le temps qu’ils reviennent.

J’ai alors commencé à me poser des questions. J’étais troublé. Si j’avais deviné le piège, j’aurais tout laissé tomber...», a-t-il dit. La police arrive et au moment où ce Farouk était en plein questionnement, la catastrophe tombe. «Ladite marchandise était volée, moi, le crédule, n’avais pas deviné la...fuite des revendeurs voleurs.»

«Ok, dit le président, vous ne vous êtes pas posé de questions autour des prix proposés?» «Non, pas du tout. Et c’est là où j’ai commis l’erreur. Les prix proposés allaient dans le sens de la qualité de la marchandise. J’avais certes, donné mes prix pour tenter de gagner un peu, mais rien ne laissait prévoir le délit.»

Et comme pour gagner plus de...temps, Hadj Barik invite Samir Hamel le procureur à requérir. Ce que va faire le représentant du ministère public en demandant une peine de prison ferme de six mois et une amende de dix mille dinars.

Prenant à coeur sa tâche, Maître Chemlel entre de front dans le mur de la réalité. «Nous n’allons pas faire un dessin. Si effectivement Farouk avait l’intention de jouer au receleur, il aurait loué un fourgon et aurait quitté le plus vite possible les lieux du délit.

La vérité est que les voleurs avaient senti le vent contraire souffler. Ils ont préféré prendre le large, laissant l’inculpé se débattre comme il l’a fait ce dimanche», a balancé Maître Chemlel qui sera heureux du verdict qui aura été: la relaxe au bénéfice du doute.

Abdellatif TOUALBIA

Chers «frères» arabes d’Égypte

Maintenant que les masques sont tombés, chers «frères» arabes d’Egypte, les oripeaux de l’arabité ne suffisent plus pour couvrir votre haine, votre opprobre. Nous vous disons «Bravo âalikoum» pour l’accueil que vous avez daigné réserver à nos joueurs et à nos supporters chez vous au Caire. Bravo pour la sauvagerie et le lynchage avec lesquels vous vous en êtes pris à vos hôtes.

Merci de nous avoir surtout donné l’opportunité de nous attarder un peu plus sur cette «fraternité» arabe. Sur ce qu’elle nous a apporté, de faire le bilan de cette collaboration avec vous, chers «frères». Il est inutile de vous rappeler que le sang des Algériens s’est mêlé à la terre d’Egypte quand nos jeunes soldats de l’ANP ont défendu, en 1973, avec bravoure, le désert du Sinaï face à Israël, votre ennemi d’hier.

Oui, votre ennemi d’hier, car aujourd’hui, c’est à partir du Caire que l’armée israélienne a eu le feu vert pour massacrer les enfants de Ghaza. Il est inutile de vous rappeler la fameuse 8e BB (Brigade Blindée) algérienne qui a été dépêchée sans condition afin de concrétiser «le devoir de solidarité agissante envers les causes justes et plus particulièrement vis-à-vis de la cause arabe».

3000 militaires se sont rendus, par voie terrestre, en Égypte en plus du matériel militaire. Vous nous l’avez bien rendu chers «frères» arabes. Que des jeunes chauffés à blanc s’attaquent à un bus d’une équipe adverse n’est pas un fait extraordinaire en soi. On peut lui trouver toutes les explications et les excuses possibles puisque les Egyptiens n’ont pas inventé le hooliganisme. En revanche, ce que les journalistes égyptiens ont inventé, c’est la malhonnêteté et la boulimie du mensonge médiatique.

De la malhonnêteté parce que ces mêmes journalistes qui ont été reçus, il y a à peine dix jours, avec un méchoui et des cadeaux à Djenan El Mithaq, n’ont pas respecté un contrat moral passé entre les deux parties. Pourtant, jamais une délégation de journalistes étrangers n’a eu autant d’égards de la part des Algériens.

Ils ont inventé la boulimie du mensonge médiatique car, une fois retournés en Égypte, c’est de la haine qu’ils ont éructé et étalé dans les colonnes de leurs journaux et les plateaux de leurs télévisions. On savait depuis longtemps que les tares et les déboires de la presse sportive égyptienne sont légendaires mais pas avec autant de haine.

Une rencontre de football entre deux nations n’est jamais la dernière, car la noria du sport continuera tant qu’il y aura des compétitions internationales. Nous vous donnons donc rendez-vous même après le match du Soudan. En attendant, vous avez surfé là où il ne fallait pas. Mais, merci d’avoir permis aux Algériens de se réconcilier avec eux-mêmes. Vous avez surfé sur la mauvaise vague. Vous avez ouvert la boîte de Pandore, chers «frères» arabes d’Egypte.

Brahim TAKHEROUBT

Affaire d’État

On a caillassé nos joueurs, tabassé nos supporters et sifflé notre hymne national devant des ministres de la République algérienne impassibles. On ne pouvait rester les bras croisés devant tant d’humiliations.

Soudan : On arrive. Les supporters des Verts vont déferler sur Khartoum comme des criquets avec un esprit de revanche non dissimulé. La faute à la haine égyptienne qui a provoqué des morts. Inadmissible.

L’affaire tourne au vinaigre. Non contents d’avoir gagné un match, les égyptiens ont lynché les supporters algériens présents au stade. On dénombre des morts et des blessés. Pour ceux qui en doutaient, ils ont eu un aperçu de la signification de “l’amitié arabe”. Elle est faite d’assassinats, de trahison, de bastonnade et de cruauté sans égale. Les algériens ont eu droit à un traitement inqualifiable de la part d’égyptiens qui, d’habitude, servent le thé aux touristes israéliens sur les plages de Sharm el-Sheikh. Il y a eu mort d’homme. C’est devenu une affaire d’état.

Cet “accueil” était pourtant prévisible. Combien fallait-il de morts pour que le gouvernement algérien se réveille ? On a caillassé nos joueurs, tabassé nos supporters et sifflé notre hymne national devant des ministres de la République algérienne impassibles. On ne pouvait rester les bras croisés devant tant d’humiliations.

Depuis hier, l’état semble, heureusement, sortir de sa torpeur pour se mettre au diapason de l’indignation nationale. Billets d’avion à prix cassés, accord avec le Soudan pour supprimer le visa et billets de stade gratuits sont parmi les mesures déployées afin de répondre aux attentes citoyennes. Car les algériens viennent, une fois encore, de faire la magistrale démonstration de leur amour du drapeau. De leur pays.

Certes, certains vont dire qu’on s’emballe trop pour un match de football. Mais rien, absolument rien ne commande ce sentiment national d’appartenance à une Algérie qui veut exister. C’est un devoir de solidarité que de soutenir les Verts, qu’on gagne ou pas, car cela paraît maintenant bien dérisoire face au nombre de morts. Ceux qui ont perdu la vie au Caire ou ceux dont le cœur a cessé de battre devant leur écran. Pour les Verts. Pour l’emblème national.

En attendant, cette colère légitime est également alimentée par l’indolence de la Fifa. Où sont passés les engagements écrits demandés aux égyptiens, allègrement violés ? Va-t-on encore parler football, alors qu’on nous a tué des supporters ?

Tout cela en espérant que les joueurs de l’EN sentiront, depuis Khartoum, ce vent de folie souffler sur leur visage. Cette ferveur populaire salutaire.

Par : Mounir Boudjema