lundi 17 octobre 2011

Le 50 ans du massacre du 17 octobre 1961 à Paris



Il y a 50 ans, le 17 octobre 1961, au moins 150 algériens ont été tués à Paris au cours d’une manifestation violemment réprimée par la police. Une manifestation pour leur rendre hommage est organisée ce lundi, au départ du Grand Rex, dans le 2ème arrondissement.

Labaraka incroyable des New Redresseurs !

FLN. Encore un coup dur pour Belkhadem. La défection
de 5 parmi ses plus fidèles …

…dobermans !

Il faut croire que les adversaires de Belkhadem ont une baraka d’enfer ! Les redresseurs, parmi eux plusieurs ministres en poste, sont vernis. Jamais mouvement de dissidence en Algérie n’aura connu autant de vents favorables. Un véritable anticyclone à disposition ! La justice, d’habitude si prompte à s’autosaisir pour déclarer, sans que personne ne le lui demande, une grève illégale ou un redressement anticonstitutionnel, fait preuve d’un silence plombé et plombant dans le cas de la fronde contre l’Empastillé.

L’ENTV, organe par essence et par définition anti-tech’wich, était la première dès l’aube postée dans le quartier de Draria à guetter le moindre son sortant de la bouche de Goudjil, le plus petit battement de cils de Kara ou le plus infime signe du double menton de Boukerzaza. On m’a même raconté, sous le couvert troué de l’anonymat, qu’un temps, les responsables de la télévision avaient pensé à retransmettre le JT de 13 heures, en direct, à partir de la salle des fêtes où se tenait la réunion des redresseurs, avant qu’une «Voix», la Voix, The Voice ne les en dissuade en vertu du principe du «qui trop embrasse mal étreint».

Les anti-Belkhadem ont même bénéficié du meilleur des services d’ordre du pays sans débourser un sou, celui des forces combinées, police-gendarmerie. Ma source, décidément très en veine de confidences, m’a aussi raconté qu’au plan de la logistique, de véritables prouesses ont été accomplies dans un pays où la bureaucratie paralyse pourtant toute célérité dans l’action. Ainsi, chaque participant au rassemblement dissident du FLN s’est vu doté en un temps record non pas d’un, non pas de deux, mais de trois badges d’identification qu’il devait présenter à trois barrages de vigiles, eux-mêmes surveillés par quatre rangées de flics et de pandores.

Même lorsque le président de la République se déplace en personne à la finale de la Coupe d’Algérie de foot, au stade du 5-Juillet, le dispositif est moins lourd !

Mieux encore ! A un vieux du Front, un notable connu et reconnu pour son passé calcifié dans les rangs stratifiés du FLN et qui se plaignait que la chaise mise à sa disposition dans la salle des fêtes soit trop dur pour son vénérable fessier, une main, sortie d’on ne sait où, surgie de la pénombre lui a aussitôt offert un fauteuil rembourré cuir, avec repose-pieds à commandes électriques et muni de coussinets chauffants diffusant dans le même temps chaleur et antalgiques. Pour vous dire, et juste à titre d’exemple, pour vous faire une idée, bark : à l’APN, l’Assemblée nationale, un lieu où l’on s’y connaît quand même en matière de fauteuils confortables, les députés militent depuis des décennies pour avoir les mêmes sièges que ceux de Draria, en vain !

Non ! Assurément, les Taleb qui bénissent le mouvement de redressement contre l’Empastillé sont forts, très forts. Leurs pouvoirs semblent immenses. Dont un, principalement. Savoir écouter et obéir à la Voix. The Voice ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

Par Hakim Laâlam

Le 26e «martyr» du 9 octobre

Depuis des décennies, les Egyptiens jouent à se faire peur, mais le dimanche 9 octobre la peur a tourné à l'épouvante. Oui, les Egyptiens pieux, modérés, avec une intelligentsia éclairée se dressant en rempart contre tous les obscurantistes ont joué avec le feu. Et il n'est pas sûr que les tentations pyromanes soient en voie d'extinction, au vu des évènements qui ont suivi. Ce fatidique dimanche 9 octobre 2011, donc, des milliers de Coptes se rassemblent devant l'immeuble Maspéro, siège de la très décriée télévision publique égyptienne.

Baptisé «Jour de la colère copte», ce rassemblement avait été organisé à la suite de la destruction d'une église en construction à Edfou, près d'Assouan. En Egypte, lorsqu'une église ou un mausolée copte sont attaqués, il ne faut pas demander qui en est responsable, puisque les prédateurs agissent à visage découvert et barbu. Que s'est-il réellement passé ce dimanche 9 octobre devant le siège de la télévision égyptienne ? Les Coptes qui ont eu 24 tués, sur les 25 victimes dénombrées, dénoncent la répression brutale de la manifestation par la police militaire. Ils affirment que nombre des leurs ont été tués par balle ou sont morts écrasés par des véhicules militaires. Lors d'une conférence de presse, au lendemain de la tragédie, des responsables militaires se défendent : les armes des soldats assignés à la défense de l'immeuble de la télévision n'étaient pas chargées à balles réelles (!). Après les morts noyés par balle du sinistre Papon(1), va-ton nous apprendre que des manifestants coptes se sont entre-tués sous les yeux effarés de militaires, munis seulement de balles à blanc ? Alors, qui a tiré ? Pour les militaires et les officiels égyptiens, il n'y a aucun doute que des éléments armés étaient au milieu des manifestants. Ce sont ces éléments qui seraient responsables de la tuerie, et ils auraient tiré à la fois sur les Coptes et sur les soldats égyptiens.

Parmi ces derniers, le seul mort identifié est celui qui a été isolé de ses camarades et lynché par la foule déchaînée. On voit d'ailleurs sur les images diffusées en boucle un religieux copte violemment frappé alors qu'il tentait de protéger un soldat. Ces images ont été abondamment utilisées par la télévision égyptienne, qui a, par moments, lancé de véritables appels à l'affrontement intercommunautaire. Quant aux victimes écrasées, ce n'est pas dans la tradition de l'armée égyptienne, qui vient de célébrer la Victoire d'octobre, d'utiliser des véhicules pour écraser des gens. Pourtant, des chaînes de télévision ont montré des transporteurs de troupes fonçant directement sur des groupes de jeunes, avec l'intention de faire des victimes.

Qui conduisait ces engins militaires ? Comment se fait-il que des dizaines de soldats, assignés à la protection d'une institution publique et stratégique, comme l'immeuble de la télévision, ne soient pas équipés de balles réelles ? Des questions auxquelles ont fait écho d'autres dérapages verbaux et des initiatives tout aussi maladroites et intempestives. Certes, Al-Azhar et les dignitaires musulmans ont fait leur «meaculpa » et reconnu les torts dont sont victimes les Coptes, mais le gouvernement, et le Haut Conseil militaire dans tout ça ? D'abord, et comme par réflexe conditionné, on a crié au complot étranger, aux périls qui guettaient l'unité nationale, en suggérant que le pays pouvait être fragilisé par les revendications coptes.

Or, la majorité des Coptes n'aspirent qu'à une seule chose, être traités sur un pied d'égalité avec leurs concitoyens musulmans, ce qui n'est pas le cas. Il ne faut pas oublier qu'en dépit du soutien de leur hiérarchie religieuse à Moubarak, les Coptes ont pris une part active à la révolution à sa chute. Toutefois, après la victoire de la «Révolution», et l'éviction de celui qui incarnait le régime, sans en être la pièce maîtresse, ils ont dû déchanter. Jamais, auparavant la fureur islamiste ne s'était autant déchaînée contre la minorité copte, s'attaquant à ses symboles et à ses lieux de culte. Ce n'est qu'après la tragédie du 9 octobre que les Egyptiens ont pris conscience qu'ils avaient atteint un point de rupture. Dans un premier temps, les responsables ont annoncé l'entrée prochaine en application de la loi sur la construction des édifices religieux.

Celle-ci était supposée supprimer l'essentiel des obstacles qui s'opposaient à la construction de ses propres églises par la communauté copte. Ça ne réglait pas le problème des inégalités criantes entre musulmans et chrétiens(2), mais c'était déjà un pas en avant. Puis, les responsables égyptiens ont fait deux pas en arrière en donnant le feu vert à l'exécution(3), lundi 10 octobre au lendemain de la «Tragédie Maspéro», de Hammam El-Kammoumi, l'auteur de la tuerie de Nag Hammadi. Dans la nuit du 7 janvier 2010, El-Kammoumi avait mitraillé des fidèles qui venaient de sortir d'une église où ils avaient célébré le Noël copte, à Nag Hammadi en Haute-Egypte. Il y avait eu huit morts, dont un policier musulman qui montait la garde près de l'édifice religieux. Le meurtrier avait été condamné à mort, alors que ses deux complices et probables incitateurs avaient été acquittés.

La décision de l'exécution et le choix de la date, jugées inopportunes par la plupart des commentateurs égyptiens, ont failli remettre en marche la machine infernale. Les musulmans, ont estimé, en effet, que Hammam El- Kammoumi, de son vrai nom Ahmed Hussein Mohamed, avait été exécuté pour calmer l'ire des Coptes. Saisissant ce prétexte, les habitants musulmans de Nag Hammadi ont accueilli la dépouille du meurtrier comme s'il s'agissait de celle d'un héros. Le 26e martyr, en somme, des évènements sanglants du lieu-dit Maspéro. Ils ont été des centaines à suivre l'enterrement du supplicié, en entonnant à pleins poumons la Chahada, l'index levé vers le ciel.

Depuis, la vidéo de cet enterrement a été diffusée sur Daily-Motion, et elle est reprise par tous les sites d'information coptes sur internet. Pendant ce temps, et avec les élections de la semaine prochaine en toile de fond, les télévisions égyptiennes manifestent leur soulagement d'avoir échappé au pire, par des chansons. L'une d'elles chante la joie d'être éveillé au petit matin par l'appel du muezzin et le carillon des cloches de l'église. Si la musique est juste, les paroles le sont un peu moins, la vérité est sans aucun doute dans les images de ces funérailles dantesques à Nag Hammadi.

Par Ahmed Halli

(1) Selon les derniers témoignages relatifs aux manifestations du 17 Octobre 1961 à Paris, c'est notre propre gouvernement qui a mis les premiers scellés sur la commémoration de ces évènements. Les maîtres du pays, issus du «Groupe d'Oujda», ne voulaient pas que la Fédération de France, qui s'était rangée aux côtés du GPRA, lors de la crise de l'été 1962, en recueille les lauriers.
(2) Les Coptes se plaignent notamment des discriminations qu'ils rencontrent en matière d'accession aux hauts emplois de l'Etat. De plus, l'article 2 de la Constitution qui proclame l'Islam comme religion de l'État égyptien leur interdit tout espoir d'accéder à la magistrature suprême.
(3) En Égypte, toute mise à mort par pendaison d'un condamné est subordonnée à l'avis préalable du mufti de la République qui donne l'ultime feu vert à l'exécution de la sentence.

La part de l’école, de la famille et de la rue

«L’école finit à la porte qui donne sur la rue. La famille s’arrête à la porte de la maison. La rue est, dans l’éducation, le troisième facteur puissant, et nous ne savons rien de la rue.»
(Angelo Patri)

Cette remarque du directeur d’école et pédagogue Patri, disciple de Dewey, est l’expression d’une observation. Elle équivaut à l’affirmation de l’existence de trois facteurs dans l’éducation : l’école, la famille, la rue.
L’école et la famille
«La famille sera toujours la base des sociétés et le noyau de la civilisation.»
(Honoré de Balzac)
L’école n’est que le second milieu du jeune enfant ; elle prend le relais ou plutôt complète l’éducation sociale et culturelle reçue dans la famille. En effet, dans la cellule familiale, on transmet des ensembles d’idées, des manières de penser, de sentir et d’être, des attitudes que l’on peut appeler le contenu culturel de la famille. Mais la famille est bien plus qu’un véhicule de culture. Elle sélectionne, interprète et évalue ce qu’elle transmet. Pour chaque chose, pour chaque action, elle propose à ses enfants une échelle de valeurs, un système de normes dont ils seront profondément et parfois inconsciemment imprégnés. La famille, c’est un creuset où se forge la personnalité. Sur le plan strictement scolaire, on s’aperçoit que la bonne ou la mauvaise disposition de l’enfant à l’égard de l’école ou de la matière scolaire est fonction du climat familial. L’enfant est bien modelé culturellement et effectivement par sa famille. Malgré la forte influence éducative qu’elle exerce sur lui, l’école n’est pas prioritaire ; c’est la famille qui reste, en dépit de tout, le point de départ et le générateur essentiel en matière d’éducation durant la première enfance et une partie de la seconde. L’enfant y apprend à parler, y contracte de bonnes et de mauvaises habitudes, joue, imite. Tous les membres de la famille apportent leur contribution, souvent contradictoire, à cette éducation. L’enfant se trouve ainsi soumis, pendant plusieurs années, à une action toute empirique dont la valeur est fonction du milieu : rural, urbain, aisé, besogneux. En effet, le niveau culturel de la famille conditionne l’adaptation à l’école. Du fait que notre petit homme y vit ses premières années, que son équilibre affectif s’y prépare, que ses premières expériences culturelles et sociales s’y effectuent, l’influence de la famille est décisive et déterminante. Et ce n’est pas exclusivement le climat des premières années qui conditionne l’accès à la scolarisation. A chacune de ses étapes, celle-ci peut être améliorée ou compromise si le climat se modifie. On peut en conclure que le milieu familial et le milieu scolaire sont loin de s’opposer et de varier en sens inverse. Ces deux influences varient dans le même sens et l’une ne peut grandir au détriment de l’autre.
L’école et l’enfant
«Celui qui ouvre une porte de l’école, ferme une prison.»
(Victor Hugo)
Aux alentours de six ans, s’ouvre une grande période dans l’existence de l’enfant : l’entrée à la grande école qui va le doter d’un second milieu et lui donner déjà un statut social : il n’est plus seulement un enfant, il est écolier. Et à compter du jour où l’enfant entre en classe, la famille se considère déchargée de cette responsabilité au profit de l’école. Celle-ci a alors la conviction que son action, toute rationnelle, est la seule efficace : c’est pourquoi elle s’efforce de ne rien négliger et vise à la fois l’éducation physique, l’éducation intellectuelle et l’éducation morale, ce qui n’empêche pas la famille de continuer, par le fait seul qu’elle existe, son action empirique. L’enfant, à l’école, fait donc connaissance du travail, source pour lui de joie et de fierté, confirmation de sa valeur et de son pouvoir par l’œuvre objective qui en résulte. Notre petit être entre en société avec ses pairs, il fait partie d’un groupe où il sera l’égal de ses partenaires en âge, en possibilités physiques et mentales. Notre écolier recherche encore l’affection de l’adulte extérieur au cadre familial, travaille aussi «pour son maître ou sa maîtresse». Cet aspect affectif de la besogne est très important. Il se dépense pour faire plaisir à son instituteur, pour être distingué par lui ou parce qu’il est passionnant et sait rendre vivant un enseignement ardu. Le travail est contraire à la mentalité du petit homme. Il lui impose d’abord une double discipline : la discipline de l’ordre et celle de l’effort, et cela pour des heures entières qui se répètent chaque jour pendant des mois. C’est pour lui un apprentissage difficile, une contrainte véritable qui se paye par bien des explosions à la sortie de la classe, exubérance, bagarres, pleurs… L’école est un milieu où le petit bonhomme doit se tailler lui-même sa place au soleil, sans bénéficier de préjugé favorable de l’amour parental. Mais il doit tenir compte de l’autorité nouvelle du maître ou de la maîtresse ; il sait aussi que le travail scolaire avec tout ce que cela comporte d’efforts, de lassitude et de joies peut seul lui permettre d’accéder à l’état d’adulte. Il a envie de devenir «un grand», de réaliser son vieux rêve d’être aussi fort et aussi savant que l’adulte. Ce désir reste un excellent stimulant pendant toute sa scolarité d’enfant, puis d’adolescent. La découverte de ses possibilités intellectuelles et d’une vie sociale riche en expériences, alliée à son désir d’être grand, lui fait oublier ses désespoirs, ses difficultés et ses rancunes vis-à-vis du milieu scolaire.
L’enfant et la rue
«L’éducation d’un peuple se juge avant tout dans la rue.»
(Emonda de Amicis)
Dans ce monde où certains affirment que l’école est dans la rue, où l’enfant comme ses aînés est assailli par mille bruits et par mille images, notre élève n’a plus rien de commun avec l’école type que l’on persiste à considérer. Or, ni l’action de l’école ni celle de la famille ne sont exclusives. En pédagogie comme l’a dit Dugas, «il y a ce qui se voit et ce qui ne se voit pas, et ce qui ne se voit pas est généralement bien plus important que ce qui se voit. Ce qui se voit, c’est l’action de l’école et de la famille ; ce qui ne se voit pas, c’est le réseau d’influences qui enveloppe l’enfant de toutes parts, les exemples qu’il a sous les yeux, les sentiments qu’il devine, les mœurs dont il s’imprègne, les habitudes qu’il contracte, les paroles qu’il entend». Nous sommes plongés dans un flux de tohu-bohu et de paroles. C’est un fond sonore d’où émergent paroles, propos, discours écoutés, reçus (plutôt qu’accueillis) d’une oreille distraite, mais qui cependant forment et déforment le goût. En présence de la masse énorme d’informations au sens général et au sens cybernétique du terme qu’il reçoit chaque jour, il se forme de manière différente. Dans nos villes et villages, les enfants, surtout ceux des travailleurs, sont livrés à eux-mêmes et, au sortir de l’école, c’est la rue qui les prend, avec la circulation intense des voitures et des bus, ses affiches de publicité, ses trottoirs squattés par les marchands ambulants, la foule dense des passants, ses incidents, sa vie qui n’est pas toujours édifiante : manifestations, répressions, violences physiques et verbales, agressions, blasphèmes, vols… Des milliers de mineurs sont victimes de sévices en tous genres et une centaine de kidnappings d’enfants sont à déplorer chaque année ( Quotidien d’Orandu 28.7.2011). Aujourd’hui, les parents, les enseignants, les écoliers appréhendent tout ça. Tous ces abus sont dangereux et nocifs. A la sortie des classes, certains élèves, par nécessité, vont se mêler aux marchands dans les marchés pour vendre du persil, des œufs, de la galette, des sachets, des légumes… ; d’autres sécheront les cours pour aller, çà et là, glaner quelques ressources.
Une école parallèle
Il y a ainsi véritablement une école parallèle dont l’importance et l’influence ne cessent de croître, et que la plus grande erreur pédagogique serait d’ignorer ou de rejeter. Le rôle de l’école est de donner aux élèves un cadre de connaissances et une capacité de jugement qui leur permettent de situer, d’interpréter et de mettre en ordre les informations disparates, qui les assaillent de toutes parts. Pourtant, informer n’est pas former et le but de l’école demeure de former l’enfant. L’élève se définit, se justifie, puis se réalise. Cette pédagogie du discernement ou tout simplement du choix, dès la maternelle, s’applique d’abord à l’écolier. Les activités d’éveil y trouvent tout naturellement leur place, puis à travers lui et au-delà de lui à l’adulte. «Agressé, conditionné, trop souvent dupé et finalement désabusé et désorienté, ce qui le conduit à s’isoler psychologiquement et intellectuellement, faute de “saisir” un univers (même quotidien) qui n’est ni à sa mesure ni à sa portée. Une des tâches prioritaires de l’enseignant se trouve d’emblée définie : elle consiste à donner à l’enfant ce qui lui permettra de “saisir son univers”, présent comme futur et cela grâce aux procédés et aux méthodes de cette pédagogie, gage d’une adaptation permanente qui le conduira à l’essentiel, en passant par l’observation, la découverte et la réflexion, d’abord en éliminant l’exagéré ou le superflu, puis en allant directement à l’indispensable, en le cernant, en l’analysant presque d’instinct, il en tire alors un épanouissement progressif et équilibré de son sens critique et plus généralement de sa personnalité.» Les matières d’éveil ne devront pas faire l’objet d’un enseignement purement magistral ni d’une mémorisation systématique et imposée ; elles seront une source d’intérêt, une réserve de thèmes dans laquelle on puisera pour motiver les activités dirigées, des enquêtes, des recherches individuelles ou collectives. L’enfant apprendra en même temps à regarder, à soutenir son attention, à se former par lui-même une représentation mentale ordonnée des faits et des choses.
Comment assurer la prépondérance à l’école ?
Pour assurer la prépondérance à l’école, il faut :
- faire rendre son maximum à l’action éducative de l’école en donnant aux enfants l’habitude de la pensée libre et le goût du travail ;
- amener la famille à apporter son appui à l’école et œuvrer dans le même sens (fêtes scolaires, réunions, associations de parents) ;
- soustraire les enfants à la rue en les confiant après la classe à des œuvres périscolaires (activités sportives, artistiques), maisons de jeunes, scouts…
L’enfant, si l’on n’ y prend pas garde, risque de se trouver écartelé dans les remous de la société adulte. En effet, considérons que l’«agressivité» et le conditionnement de l’univers «adulte» atteignent nos élèves (et les ont déjà atteints) par imprégnation inconsciente. «C’est par une véritable endosmose qu’agissent ces influences muettes !» Il est nécessaire de les «armer» très tôt aussi bien en leur donnant les moyens de s’exprimer et de communiquer qu’en révélant, en exerçant et en affirmant progressivement l’acuité des sens dont la nature les a pourvus pour découvrir, observer, toucher, puis connaître, évaluer et comprendre les êtres et les choses qui les entourent et constituent les innombrables éléments divers et complexes du monde où se déroulera leur vie d’hommes. Toute l’astuce pédagogique, tout l’art des éducateurs, toute cette conception nouvelle de l’éducation tiennent dans le contact permanent avec la réalité, la responsabilité des choses et des connaissances : apprendre à faire des synthèses, distinguer ce qui est superficiel, apprendre aux adolescents à ne pas retenir seulement les impressions fugitives, mais à réfléchir, à approfondir Il revient donc à l’école de jouer à la fois un rôle de protection et de préparation à la vie. Mais il appartient à chacun, Etat, parents, éducateurs d’en tirer les conclusions pour son propre compte. Car toute éducation est le reflet d’une société. Ainsi, si l’on s’intéresse à nos enfants de cette manière, s’ils se reconnaissent dans l’enseignement qu’on leur apporte, s’ils sentent qu’on les prépare à la vie, et non pas qu’on prolonge une scolarité, que non seulement «ils marcheront» mais qu’ils apporteront eux-mêmes de quoi rénover réellement par le fond, l’éducation, le système de l’enseignement et réussiront à y faire entrer les choses de la vie. Car l’«utopie» n’est pas moins nécessaire que le réalisme politique. Sans elle, sans cette imagination qui réclame le pouvoir, l’humanité n’aurait guère fait que piétiner ou reculer.

Abdelhamid Benzerari, Directeur d’école à la retraite

Mieux vaut tôt que tard

«Le temps révèle tout et n'attend pas d'être interrogé.» Euripide

Heureusement que les livres d'histoire ne durent pas très longtemps! Je veux parler de ces manuels concoctés par de doctes personnes agréées par l'Académie et qui vont contribuer à encombrer durant une période les cerveaux surchargés d'écoliers attentifs.


Heureusement que l'écriture de l'Histoire est un peu comme les modes: elle s'effectue au gré des changements politiques mondiaux ou locaux. Les anciens manuels passent à la trappe, remplacés par de nouveaux livres mieux documentés, avec des couleurs plus séduisantes mais toujours avec des vérités provisoires à faire avaler aux jeunes consciences. Les durées de vie des mensonges historiques durent ce que durent les systèmes qui les imposent. Un beau jour ils s'écroulent sous les coups des luttes politiques ou sous les arguments de chercheurs entêtés.

Il faut compter environ une bonne moyenne de cinquante ans pour qu'une nouvelle vérité apparaisse sous forme de révélations. Ainsi, il aura fallu attendre un bon demi-siècle pour que les Français, ébahis, apprennent que, pendant que leurs «poilus» vivaient le calvaire de la guerre des tranchées, des marchandages avaient lieu au-dessus de leurs pauvres têtes: les patrons allemands (Krupp, ceux-là mêmes qui fabriquaient les munitions pour l'armée allemande) des usines lorraines avaient demandé au gouvernement français de bien vouloir épargner leur gagne-pain. Demande à laquelle le généreux gouvernement a répondu positivement en ordonnant à l'état-major de pointer ses canons vers d'autres cibles...

D'ignobles et odieux marchandages ont lieu entre des parties qui, officiellement, se vouent mutuellement à l'enfer. La liste des exemples s'allonge au fur et à mesure que les langues se délient. Chaque jour amène son lot de révélations sulfureuses et les progrès de la communication liés à une certaine démocratisation, rendent les dossiers plus transparents.


Il n'y a pas longtemps, d'anciennes barbouzes belges avouaient publiquement devant les caméras leur participation à l'ignoble conspiration montée par la CIA pour éliminer de la scène politique Patrice Lumumba. Des assassins de l'OAS ont donné les véritables raisons du meurtre de Mouloud Feraoun.


Des journalistes audacieux démontent à coups d'interviews et de documents d'archives les perfides calculs des gouvernements américains et les innombrables mensonges répandus à la suite des essais nucléaires et des expériences sur l'effet de la radioactivité sur des cobayes humains. Il faut dire que les criminels de guerre qui ont expérimenté la bombe atomique sur des centaines de milliers de civils n'ont rien à envier à ceux qui envoyaient des innocents vers les chambres à gaz.

Le patriotisme des nazis allemands vaut moins que celui des politiciens américains qui ont fabriqué des mensonges éhontés pour assurer à l'industrie américaine sa suprématie sur le monde et aussi pour permettre à l'Américain de vivre chaque jour au-dessus de ses moyens. Les guerres d'Irak et de Libye sont encore présentes pour nous rappeler que les méthodes employées par les pays dominants sont toujours les mêmes: il n'y a que les prétextes qui changent. Demain, peut-être, dans un de ces documents comme ceux publiés par WikiLeaks, on apprendra que le 11 septembre est sorti tout droit des cerveaux maléfiques du brain-trust du lobby militaro-industriel américain...


Cependant, les mensonges des chefs des pays impérialistes paraîssent moins graves que ceux qu'entretiennent les politiciens du tiers-monde qui leur sont dévoués corps et âme et biens. On a appris bien plus tard que feu le roi Fayçal d'Arabie n'avait pas respecté l'embargo pétrolier décidé par «les frères» arabes et que c'est avec la complicité du Koweït que les prix du pétrole ont chuté pour mettre en difficulté certains régimes arabes endettés. On apprend chaque jour la désinvolture avec laquelle un pays a été géré. Demain, d'autres révélations sont attendues: on saura peut-être pourquoi certains secteurs économiques stratégiques ont été livrés à une bande de pilleurs qui mènent sous d'autres latitudes une vie de rentiers.

Par

L'AMBASSADEUR DE FRANCE L'A AFFIRMÉ HIER À BÉJAÏA : «Il n'y a pas de déni français des événements du 17 Octobre»

M. Xavier Driencourt, l'ambassadeur de France en Algérie, a effectué hier un déplacement à Bejaia au cours duquel il a pu rencontrer les opérateurs économiques de la région de Béjaïa. Cette visite a été l'occasion de découvrir les potentialités de la wilaya de Béjaïa dont la laiterie Candia.
Lors du point de presse donné à l'hôtel Chréa, il est revenu sur les relations bilatérales, qu'il estime excellentes grâce «aux hommes de bonne volonté des deux pays».

Conjoncture oblige, l'ambassadeur n'a pas échappé aux questions relatives à l'Histoire, dont les événements du 17 Octobre 1961. A ce sujet, il précisera qu'il «n'y a jamais eu de déni français de ces événements». Il renverra l'assistance à certains événements récents, dont le discours de Sarkozy à Constantine en 2007 condamnant clairement le système colonial. Pour conclure sur ce chapitre, il dira: «La reconnaissance oui mais la repentance est autre chose.»

Quant à la restitution des archives, Son Excellence l'ambassadeur de France a estimé qu'aucune loi «ne nous oblige à le faire». Il s'agit de la souveraineté, a-t-il commenté, précisant que les archives sont ouvertes.

Revenant sur sa visite à Béjaïa, le diplomate s'est engagé a transmettre le message des opérateurs bédjaouis se refusant toute ingérence dans les affaires des entreprises françaises «Je vais leur expliquer les opportunités d'investissement à Béjaïa», a-t-il dit. L'ambassadeur de France, Xavier Driencourt, a affirmé en substance que l'avenir des relations algéro-françaises ne peut qu'être radieux.

«Nos relations ne se limitent pas aux rapports gouvernementaux, mais elles concernent tous les niveaux socioéconomiques et culturels des deux peuples», a-t-il souligné. Dans ce contexte, l'hôte de Béjaïa a indiqué que 35.000 postes d'emploi directs et 100.000 autres indirects ont été générés par les différentes entreprises présentes en Algérie.

Entre 35.000 et 44.000 personnes ont été formées à tous les niveaux. L'ambassadeur de France niera une quelconque régression de l'investissement en France, notant tout simplement le dynamisme plus accru des autres pays. Il soulignera qu'il a effectué trente-huit visites. Au plan culturel, l'hôte de Béjaïa a indiqué que la France a dégagé près de 12 millions d'euros pour la promotion de la culture en Algérie.

L'Union pour la Méditerranée est encore plus nécessaire, a estimé le diplomate, la qualifiant d'«ambitieuse», et que ce projet «a été fragilisé par la conjoncture régionale et internationale».

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Témoignage de Said Bouzerzour, rescapé des massacres du 17 octobre 1961


17 octobre par elwatanvideo

Témoignage de Said Bouzerzour, rescapé des massacres du 17 octobre 1961

Editorial de Fayçal Métaoui, sur le FLN, le 14 octobre 2011


Edito de Fayçal Métaoui par elwatanvideo

Editorial de Fayçal Métaoui, sur le FLN, le 14 octobre 2011

Où était donc passé ce bon vieil islamisme ?

«Printemps arabe», dites-vous ? Ceux qui, derrière le «Printemps arabe», craignaient la vague islamiste, ont malheureusement toutes les raisons de conclure que leurs craintes étaient fondées. Du moins, pour le moment. En Tunisie, l'actualité bruisse des actes de violence commis par les islamistes. Comme à leur habitude, ils profitent des acquis de la révolte de la jeunesse tunisienne de janvier 2011 pour imposer leur modèle de société par la violence.

Tout a commencé après la diffusion du film d'animation iranien Persépolis. Le domicile tunisois du P-dg de Nessma TV, Nabil Karoui, a été attaqué par des salafistes. A la suite de quoi, environ 200 d'entre eux s'en sont pris aux locaux de la chaîne, contraignant le P-dg à présenter ses excuses au… peuple tunisien. Quelques jours plus tard, une grande manifestation conduite par les mêmes salafistes a mené des milliers de personnes jusqu'au siège du gouvernement. Toutes ces pressions islamistes s'inscrivent dans le cadre de la stratégie d'intimidation en vue des prochaines élections. On a connu ça, en Algérie, après Octobre 1988. Le pire est que les pouvoirs occidentaux laissent faire. Ils encourageraient même la mouture islamiste du «Printemps arabe». C'est d'ailleurs ce dont ils semblent s’accommoder consciemment en Libye en accordant un soutien exclusif à un CNT imbibé d'islamisme, en défaveur de la diversité censée mettre en danger l'unanimisme autour de l'islam. C'est aussi ce qui se vérifie en Egypte où l'armée a ni plus, ni moins tiré sur une manifestation copte. Cela s'est passé au Caire le 9 octobre dernier.

Des milliers de Coptes s'étaient rassemblés pour manifester pacifiquement contre la multiplication des agressions islamistes contre leurs églises. L'une des dernières agressions en date avait eu lieu dans le village de Merinab dans la province d'Assouan, au sud du pays. Ce n'est pas la première fois que des heurts entre musulmans et Coptes sont signalés. La nouveauté, c'est le parti pris de l'armée, habituellement neutre, en faveur des islamistes. Cette attaque a inspiré à l'écrivain égyptien Alaa Al- Aswani un article dans le quotidien Al-Masri Al-Youm. Il met à l'actif de la propagation en Egypte des idées wahhabites, la haine croissante contre les Coptes.

Il cite les propos du prédicateur salafiste Saïd Abdelazim, repris par le professeur Issam Abdeljawad dans le magazine Rose Al-Youssef : «Pas d'amitié ni d'affection pour les chrétiens. Il ne convient pas de se mettre sous leur autorité ni de leur souhaiter de bonnes fêtes religieuses. » Alaa Al-Aswani rapporte les propos d'autres prédicateurs tout aussi haineux à l'égard des Egyptiens coptes. Il met en cause la police et l'armée qui se contentent «de regarder en spectateurs quand les salafistes brûlent des églises, coupent l'oreille à un concitoyen copte ou bloquent les voies ferrées dans la Haute-Egypte pendant dix jours». Mais avant tout, ce que le romancier démocrate dénonce, c'est le fait que des représentants de l'armée et de la police se réunissent avec des salafistes, négocient avec eux, se soumettent à eux.

Il craint fort que, en acceptant l'idée que les wahhabites contestent aux Coptes qui sont sur le sol d'Egypte depuis bien plus longtemps qu'eux, le droit de pratiquer leur religion, les activistes salafistes boostés par la chute de Moubarak ne fassent usage d'une intolérance absolue s'il advenait qu'ils prennent le pouvoir. Si cela arrivait, il y aurait lieu de s'inquiéter, non seulement pour les Coptes, mais, au-delà, pour tous les musulmans. Chez nous aussi l'islamisme avance à pas feutrés. Chevillé au pouvoir, il n'a pas eu besoin de «Printemps arabe» pour investir le moindre interstice. Il se manifeste de multiples façons.

Les députés islamistes et assimilés, c'est-à-dire pas mal de monde au total, ne semblent pas pressés d'adopter la loi fixant à 30% le pourcentage de femmes dans les assemblées élues. Présenté pourtant par le pouvoir dirigé depuis plus de dix ans par Abdelaziz Bouteflika, ce projet de loi déclenche l'hostilité dans la majorité présidentielle elle-même. Sur 389 députés, seules 30 sont des femmes. Sur 1 541 maires, on ne trouve que 3 femmes. Ces chiffres ne montrent pas uniquement une distorsion de la parité hommes-femmes, ils attestent que le noyau islamiste se cristallise sur la question de la femme. Tout le reste en découle.

Autre motif de réjouissance pour les islamistes algériens, selon le quotidien londonien The Guardian, le chaos libyen profiterait à ces derniers, lesquels mettraient main basse sur une partie de l’arsenal de Kadhafi, ce qui n’est pas rien. L'article cite une étude d'Andrew Lebovitch publiée par le Combatting Terrorism Center de l'Académie militaire de West Point, aux Etats-Unis, qui fait état d'une augmentation spectaculaire des attentats suicides en Algérie depuis le début des attaques de l'Otan contre la Libye : «En juillet-août, il y a eu au moins 23 attentats dont 13 à l'engin explosif improvisé (IED), 6 attaques à l'arme à feu et 4 tentatives d'attentats suicides.»

Malheureusement, cette avancée de l'islamisme qu'elle soit rampante comme le montre l'exemple de la loi sur la représentation des femmes dans les assemblées élues, ou brutale comme la tentative de soumettre le pays par la violence terroriste, est habituelle chez nous depuis plusieurs années. Pour la Tunisie et l'Egypte, elle découle du «Printemps arabe.» Un autre écrivain d'envergure, lui aussi, Boualem Sansal, celui qui est parvenu à mettre tous les courants d'accord... contre lui, sa lucidité et son courage, s'exprime dans une interview accordée au Nouvel Observateur. A propos des «Révolutions arabes», il remarque : «On a chassé des dictateurs, mais au fond, chasser un dictateur, c'est assez facile.

Le système reste là, avec la religion, les traditions... C'est très profondément ancré, et pas seulement dans une nomenklatura, mais dans toute la société. Elle traverse toute la société, à l'intérieur même des familles (...) Nos pays sont-ils capables d'aller au-delà ? De chasser ce qui fait la dictature ? De sortir de la féodalité, de l'organisation traditionnelle de la société arabo-musulmane, du culte du chef, de l'omnipotence de la religion qui dicte tout ? Les Coptes vont-ils être gouvernés par l'islam ? Ce n'est pas possible ! On ne peut pas leur demander allégeance à l'islam. On va arriver devant la grande forteresse, la vraie : maintenant est-ce que la femme est l'égale de l'homme?» Tout cela se tient trop bien pour que ce soit le fait du hasard.

Par Arezki Metref

Mise en scène de l’illusion et spectacle de la réalité

Nous devrions donc nous intéresser aux soubresauts qui secouent le parti FLN. Comme autant de moments décisifs pour la suite de la vie nationale.

C’est vrai qu’autour du sigle, les évènements se précipitent. En cette veille du week-end, “les redresseurs” vont enfin se réunir en toute légalité, sous haute protection policière et avec la couverture médiatique de la télévision unique.

C’est donc un FLN “redressé” qu’on nous prépare pour les législatives 2012 ! Un “bon” FLN, rasé de plus près. Mais un FLN qu’on a été cherché dans son passé ; on ne fait pas dans le sang neuf. D’ailleurs, comme on se méfie du nouveau, la jeunesse restera toujours suspecte. Dans la culture du pouvoir, globalement islamo-conservatrice, le renouvellement consiste à recycler le plus ancien. Du changement à rebours en quelque sorte.

Qu’il s’agisse de l’appareil du parti ou de l’état-major, de ministère de souveraineté ou d’ambassade sensible, c’est toujours un “nouveau” qu’on rappelle de sa retraite qui est promu. Dans cet aspect de sa gestion, l’actuel régime, qui pourtant a élevé l’oubli au rang de cause nationale, montre qu’il peut avoir de la mémoire.

Logique, c’est dans sa plus vieille garde que peuvent se compter les meilleurs défenseurs du système. Il suffit d’observer que nos institutions comptent, en termes de moyenne d’âge, parmi les plus vieux ministres, les plus vieux députés, les plus vieux ambassadeurs pour admettre l’exceptionnelle permanence de notre système. Il fonctionne selon le principe de la noria, manège qui organise l’ordre de passage des godets remplis puis vidés à tour de rôle.

Ainsi, les “changements” ne manquent pas mais la continuité est assurée. Et ces changements n’ont donc pas de signification politique. Ils annoncent à peine une relève de clans qui se justifie par des nuances idéologiques.

Pas plus que “le coup d’État scientifique” de 1996 ou “le redressement” de 2004, qui permit justement l’avènement de Belkhadem, le redressement qu’on tente aujourd’hui ne concerne que des enjeux intimes du système rentier. Et c’est au moment où l’APN discute du sexe des anges à propos des quotas de femmes dans les assemblées, étape cruciale des “réformes démocratiques”, qu’on nous présente les convulsions internes comme une manifestation de la dynamique politique nationale.

Et, cinquante ans après l’indépendance, c’est un ministre issu de l’historique Malg qui supervise “la réforme” et autorise la réunion des “redresseurs” du FLN aux dépens du ministre représentant personnel du président. Et on assiste au spectacle des gesticulations sonores d’une sorte de Seïf El-Islam Belkhadem, brandissant le portrait de son père, lui-même portrait barbu craché de son père, semble tout droit sorti d’un scénario de fin de règne à la libyenne. “L’Otan” locale serait-elle entrée en action ? Et pour bien montrer qu’on est en Algérie, l’autre Algérie de papa, le fils, fonctionnaire des douanes, exhibe, sans quitter la limousine du parc de l’Assemblée nationale, un ordre de mission de l’administration de l’APN.

On baigne en plein spectacle contradictoire, surréaliste, où se mêlent tous les avatars du système : guerre des clans, perversion dynastique du pouvoir… Un spectacle, mais surtout pas une “réforme”.

Par : Mustapha Hammouche

Ci-gît Bourguiba

Lahbib Bourguiba est mort. L’ancien président tunisien a été définitivement enterré ce vendredi avec les manifestations islamistes à Tunis. Son idée d’une république laïque et sa vision moderniste ont eu des funérailles qui en disent long sur la poussée islamiste dans le pays du Jasmin.

Il n’y avait que les romantiques pour croire que la révolution tunisienne allait déboucher sur une démocratie ouverte. Après les incidents qui ont visé Nessma TV, qui n’est qu’un épisode de la montée inéluctable de la fièvre salafiste, les islamistes ont pris symboliquement et physiquement la rue tunisienne.

Un scénario qui fait dire un peu trop vite aux observateurs politiques que c’est l’histoire algérienne qui bégaie. En fait, en Tunisie, c’est encore plus grave car la laïcité du régime de Bourguiba et la mise en boîte des islamistes par Ben Ali ont duré tellement longtemps que tout le monde avait cru que la Tunisie avait pris le bon traitement. Qu’elle fût immunisée pour un temps et que l’islamisme ne pouvait surgir de cette manière. Aussi brutal. Aussi radical.
Mais c’est mal connaître et le mouvement islamiste tunisien et l’impact réel de la laïcisation de la société. Depuis que le verrou Ben ali a sauté, on se rend compte que le discours moderniste et “progressiste” du sage tunisien et de son successeur n’avait d’impact que dans des cercles trop fermés.

Les milieux bourgeois, cultivés et élitistes, urbanisés et ouverts à l’Occident. Le reste de la Tunisie, tout le reste, n’était que mine d’or pour le discours salafiste qui a comblé les trous du discours officiel.

Mais la pire des nouvelles est que même Ghannouchi et son mouvement, Ennahda, sont débordés par son aile radicale. Ghannouchi, qui devait incarner une sorte d’AKP tunisien, sur le modèle turc, offrant des garanties solvables aux puissances occidentales de ne pas enfoncer la Tunisie dans l’obscurantisme, est également en train de perdre pied. Du chaos politique est en train de naître un hydre incontrôlé, travaillé par les forces les plus rétrogrades de la Tunisie profonde et exploité par la matrice terroriste qui veut une contagion maghrébine.

Ghannouchi, même s’il remporte les élections du 23 octobre, devra faire avec, quitte à se “Nahnahiser”. En tout cas, des lendemains nettement moins parfumés pour la “Révolution du Jasmin” qui est en train de traverser une zone de turbulences dont la première victime est déjà connue : la femme tunisienne et le modèle laïc que lui a légué Bourguiba.

Par : Mounir Boudjema

L'Etat déclare la guerre au change parallèle

Dilem, Dimanche, 16 Octobre 2011 , Édition N°5821

Dans le bourbier, l'élégant...

Jamais de mémoire de débats dans une salle d'audience, un avocat n'avait livré bataille pour arracher la liberté provisoire...

Un élégant jeune homme passait sous la Grande Poste d'Alger-Centre, côté rue Houcine Asselah, lorsqu'un ancien policier en civil SVP sortant de la rue d'Argentine (ex-Cavaignac) de sinistre mémoire, remarque le regard fuyant du jeune beau gosse qui ne croira pas ce... Poliment il l'a abordé et le prie de le suivre au poste d'à côté pour une minute. Le jeune s'exécuta, il est fouillé. Sur lui, on découvre, contre toute attente, deux portables «double-puces» volés et signalés «un peu partout» quelques jours plus tôt. Le jeune élégant n'arrive pas tout de suite à s'expliquer sur cette fâcheuse situation abracadabrante.


Et pourtant, devant le tribunal de Sidi M'hamed à Alger, il faudra bien qu'il explique d'où il a pu avoir comme ça les deux portables. Patatras! Il va donner gauchement deux versions. Et la jeune juge rouquine ne pourra pas, ne saura quelle version prendre. Ce pauvre inculpé, un moment «out», heureusement, retrouve ses esprits. Ils lui ont, selon sa bonne foi, été remis par un copain qui a quitté le pays... Et pan!


Est-ce que tout est à refaire? Non. Maître Benouadah Lamouri, que les parents avaient ramené de Dar El Beïda, ne se déplace jamais à la barre pour des prunes.


Non! s'il s'est donné la peine de venir assister un jeune présumé voleur que tout enfonce à la lecture des procès-verbaux, c'est qu'il a en tête de faire d'abord, en sorte de le tirer de Sarkadji et ensuite le défendre comme il se doit.


Il est vrai aussi que l'article 350 du Code pénal n'est pas du mille-feuilles à la crème vanille. C'est du solide. Et ceux qui s'y frottent, s'y piquent, mais aussi laissent des plumes.


La jeune procureure de l'audience, elle le sait. Elle sait depuis le commencement de ses études en droit que «quiconque soustrait frauduleusement une chose qui ne lui appartient pas est coupable de vol et s'expose donc à une peine d'emprisonnement de un an à cinq ans et d'une amande de 100.000 à 500.000 dinars...»


Ceci pour dire que la prétention de l'avocat est vraiment «céleste». Oui! Maître Lamouri est plutôt optimiste car, selon les parents, le vrai propriétaire des objets soi-disant volés, a donné signe de vie mais il ne peut être là que le 12 du mois. Et c'est pour cette raison que le défenseur a insisté sur l'utilité d'octroyer la liberté provisoire «car, dira-t-il plus tard, il n'y a qu'à voir sa tête, sa mine, ses yeux qui crient à l'innocence». Oui, mais Dillinger aussi était Baby Face».


Karim W., 22 ans, n'a aucun signe d'un malfaiteur. Il est jeune, beau, élégant, élancé, bien nippé, souriant. A la barre, après la détention provisoire, il a mauvaise mine, mais est resté beau, élégant, élancé, bien nippé, mais plus souriant.


Son avocat va faire un tabac, car c'est un jeune avocat qui a crié sa douleur que l'on n'ait pas cru un fils de famille qui a affirmé avoir reçu deux cadeaux de la part d'un ami qui a quitté le pays et donc, ne pourra pas venir témoigner sur ces cadeaux empoisonnés, remis à titre gracieux.


Le représentant du ministère public était doublement motivé pour requérir une peine d'emprisonnement ferme de deux ans pour vol de portable remis à leur propriétaire-victime qui n'a pas jugé utile de venir à la barre réclamer les dommages subis, surtout que cette victime a été l'objet d'un vol de quelqu'un qu'elle n'a pas vu et donc, cette victime a dû préférer faire l'économie d'un dérangement inutile.


D'ailleurs, le tribunal avait renvoyé une fois les débats dane l'attente de la victime. Vainement!
Un drôle de procès dont on ne verra pas le bout du tunnel car la juge a décidé pour une bonne justice de convoquer le fameux «généreux donateur» des deux phones et donc, de renvoyer les débats sur trois semaines.


Ici, la magistrate aura été magnanime, car elle avait marché avec le désir de l'avocat qui avait demandé avec beaucoup d'adresse l'octroi de la liberté provisoire à Karim W., qui était resté digne.


D'ailleurs, au cours de l'interrogatoire, il avait dû maudire du fond de ses tripes, ce jour où il avait rencontré le vieux flic dont le réflexe aura été catastrophique pour lui, dévastateur pour ses parents, deux hauts cadres, faut-il le signaler.


Son malheur se situant autour du bon boulot des flics qui avaient bien rédigé le procès-verbal d'audition de la victime dont le mérite aura été qu'il connaissait bien son bien, les deux mobiles «digitales».


Un coup de chapeau aussi pour le défenseur Maître Lamouri, qui avait réussi à entraîner la jeune présidente autour du bienfait de relâcher quelqu'un que le doute protège que de condamner à l'incarcération un jeune innocent: «Regardez-le, a-t-il besoin de voler pour avoir sur lui deux portables. Le donateur peut être là dans trois semaines pour vous raconter dans quelles circonstances il avait acquis ces deux appareils et dans quelles conditions, il a offert ces deux cadeaux à Karim», avait-il plaidé. Affaire à suivre, assurément.

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LES MASSACRES D’OCTOBRE À PARIS : Parce que le passé est un chantier d’avenir

L’Algérie marquera sans doute le cinquantième anniversaire des massacres du 17 Octobre 1961 à Paris consacré depuis 1968, comme on le sait, «Journée nationale de l’émigration» par le calendrier officiel et l’occasion sera, de nouveau, saisie pour une passe d’armes symbolique de plus contre la colonisation française et ses méfaits et les observateurs – comme les chancelleries — s’attacheront à décrypter l’intensité relative de l’exigence récurrente de repentance à l’aune des cris et des chuchotements des palais et de salons d’Alger.

Il est vrai que le passé rattrape un présent lourd d’incertitudes et la question des clés de l’avenir peut formellement apparaître plus urgente que celle des arcanes d’une histoire dont, à l’examen, institutions et acteurs sociaux ont pu, des décennies durant, faire l’économie sinon un usage abusif sans que cela posât problème outre mesure.

1- Une créativité française, un silence algérien

La presse nationale qui rapporte la diversité des manifestations consacrées en France à ce cinquantenaire – en particulier l’appel signé par des personnalités françaises à reconnaître officiellement «une tragédie» qui est «l’une des pages les plus sombres de notre histoire» — est bien en peine de signaler la manière dont l’événement sera commémoré dans le pays et cela, en soi, est déjà un indicateur suffisant de la prégnance de l’opacité qui entoure les arbitrages dans la gestion des enjeux de mémoire forcément politiques. Il ne fait pas de doute qu’audelà des circonlocutions patriotiques de conjoncture — du registre de la pseudo loi de criminalisation de la colonisation —, la ligne constante du régime algérien aura été de savoir jusqu’où ne jamais aller trop loin dans la mise en cause de l’ancienne puissance coloniale et ce sont les tenants de l’imprévisible «du passé faisons table rase» qui avaient pu imaginer et même commencé à mettre en scène un improbable «traité de l’amitié» entre l’Algérie et la France vite rattrapé, en France même, par les tenants de la légitimité et la grandeur de l’œuvre coloniale. Pour ne rester que sur le seul événement du cinquantenaire des massacres d’Octobre 1961, il est d’autant moins naïf de poser la question de savoir par quelles œuvres, créations, témoignages l’Algérie en a consigné la mémoire que la réponse – sous réserve d’inventaire — frappe par son caractère tranché : rien. Celui qui veut savoir/voir — n’en déplaise aux censeurs pseudo- patriotes de l’écriture de l’histoire du nationalisme et de la guerre d’Indépendance — est dans l’obligation de recourir à des sources essentiellement françaises. C’est Jacques Panigel qui le premier – au prix insensé d’une durable censure française — a fixé les images d’ Octobre à Paris qui sera relayé, des années plus tard, par le Franco-Algérien Mehdi Lalaoui signataire du Silence du fleuve. On comptabilise pas moins de dix documentaires – dont le prochain Ici on noie les Algériens de Yasmina Adi sortira ce 19 octobre — et quelques films de fiction dont Nuit Noire et le remarquable Les sacrifiésde Okacha Touita. Jean-Luc Einaudi aura aussi livré la première enquête journalistique documentée sur les massacres d’Octobre 1961 et sur les responsabilités directes du préfet de police Papon qui donnera lieu à la fois à des procédures judiciaires et aux premières manifestations d’un courant révisionniste dans la recherche historique française minorant le nombre des victimes algériennes. Porté aussi au cinéma, le roman noir de Didier Daeninckx Meurtres pour mémoire mesure, sur le registre fictionnel, l’impact des massacres d’Octobre sur les imaginaires français, impact que l’œuvre magistrale des chercheurs anglo-saxons James House et Neil Mac Master sur les filiations idéologiques de long cours des massacres – celle notamment de Maurice Papon — rend plus intelligible. C’est parce qu’il est légitimement insupportable d’opposer à cette créativité française sur une séquence qui procède aussi et tragiquement de notre mémoire collective les discours stéréotypés et oubliés de ministres des Anciens moudjahidine dont plus personne ne conserve le souvenir, qu’il y a urgence à rappeler qu’il ne peut y avoir de réponse à la lancinante question «de quoi sera fait demain» tant que ne sera pas abordée de front celle de savoir et de savoir de manière éthique, documentée «de quoi était fait hier». Les signes ne manquent pas qui indiquent déjà que le nécessaire retour critique sur le passé encourt les risques de nouvelles modalités de dévoiement.

2- De la question de la légitimité

Le maintien – délibéré ? — de la confusion sur les énoncés portant sur les sources de légitimation du régime algérien peut en être exemplaire. Dans le discours prononcé à l’occasion de la commémoration du cinquantième anniversaire de l’insurrection de Novembre 1954, l’actuel chef de l’Etat avait pu surprendre – et ostensiblement irrité les rentiers de la mémoire de la guerre d’Indépendance» — en proclamant «la fin de la légitimité révolutionnaire ». Le fait est que si celle-ci se rapporte aux acteurs ayant initié l’insurrection, conduit politiquement et militairement la guerre, elle n’aura influé que de manière marginale sur le cours des évènements au lendemain de l’indépendance. Au-delà de tout débat formaliste sur les questions de légalité et de légitimité au sein du FLN/ALN, celles-ci étaient clairement du côté du GPRA et ce sont elles qui avaient été mises au ban de la société et de la mémoire collective par le recours à la violence de l’alliance Etat-major général (EMG) – Ben Bella/Khider. «Nous prendrons le pouvoir quel qu’en soit le prix», avaient répondu ces deux dirigeants aux exhortations du Colonel Hassen venu à Rabat les prévenir des risques d’une guerre civile. Autrement dit, le régime algérien, depuis l’indépendance, quand bien même s’était-il revendiqué de la guerre d’Indépendance, procède d’abord et avant tout de l’usage de la violence politique et il faudra bien, un jour, revenir aux combats d’août 1962, à leurs nombreuses victimes et à leurs conséquences durables sur les fondements de l’Etat de l’indépendance. Ainsi donc, est-ce bien plus cette violence politique qu’il s’agit de récuser – aujourd’hui encore plus qu’hier – qu’une légitimité historique qui n’en peut. Mais...

3- Une normalisation populiste

Le populisme aura été le vecteur porteur de la normalisation de la société algérienne par la violence politique qui repose sur deux énoncés à l’efficacité longtemps redoutable : d’une part l’imaginaire guerrier qui, occultant la dimension fondamentalement politique du recours aux armes – explicitement porté par la proclamation du 1er Novembre —, fait de la violence le principe décisif de la victoire sur l’Etat colonial français, d’autre part l’érection d’un «peuple héroïque», et rassemblé autour et à l’intérieur d’un FLN/ALN homogène, aseptisé, sans contradictions ni vie politique active. A l’enseigne gratifiante pour ceux qui s’étaient accaparés des rênes du pouvoir mais aussi et surtout pour de larges secteurs de la société symboliquement absous de leurs hésitations – sinon plus encore — d’«un seul héros, le peuple» s’établissait ainsi un récit historique institutionnel relayé par les instances du pouvoir, les médias et notamment par l’histoire scolaire qui outre la censure outrancière – celle des figures du mouvement national comme Messali, Abbas, Bendjelloul ou des dirigeants de l’insurrection comme Boudiaf ou Aït Ahmed —, met en place les instruments d’une rente mémorielle encore d’actualité. Les résurgences mémorielles enregistrées sous l’ère du président Chadli Bendjedid, de l’inscription de la journée du 19 mars 1962 dans le calendrier des fêtes légales au retour dans l’espace public d’acteurs longtemps occultés et stigmatisés – Krim Belkacem, Ferhat Abbas, Abane Ramdane — relativiseront progressivement le mythe du peuple acteur collectif de la libération nationale et ouvriront peu à peu droit à des récits de vie, biographies et témoignages qui remettront en jeu la part des engagements personnels dans les processus politico-militaires du nationalisme.

4- Une patrimonialisation du passé

Au plan éditorial, il est loisible de constater que la recension opérée, il y a de cela quelques années, à ce sujet par les historiens Ouarda Siari-Tengour et Fouad Soufi portant sur plus de deux cents titres, devra être revue à la hausse et il est notable que le cours (auto) biographique supporte déjà les dérives d’une forme de patrimonialisation du passé et nourrit les tentations de réécrire l’Histoire. Le lecteur ou l’observateur attentifs n’auront pas manqué de relever ici une agressive stratégie commerciale et de communication autour de tel homme politique ou la proximité familiale et territoriale dans le retour en grâce relatif de telle autre figure historique mise au ban de la société. Ces évolutions marquent, quant au fond, les difficultés qui continuent de contraindre la fabrication d’un récit historique national sans lequel la question vitale du vivre-ensemble ne peut avoir de support légitime. Cette question est, à tous égards, bien plus décisive que l’appel récurrent à «mettre le FLN au musée» alors même que l’Algérie indépendante, ses institutions, ses intellectuels et ses chercheurs ont, toutes raisons égales par ailleurs, dans l’ensemble échoué à placer dans l’espace public national les données documentant ce qu’a été le Front de libration nationale. L’accueil réservé en son temps aux ouvrages de référence – Aux origines du FLN, Le FLN, mythes et réalités, longtemps censurés en Algérie, les polémiques ayant entouré le plus récent texte portant Documents sur L’histoire intérieure du FLN signé par Gilbert Meynier, indiquent qu’il y a des marges d’intérêt pour le FLN et sa place singulière dans l’histoire moderne de l’Algérie. Pour le reste, la filiation entre le FLN des fondateurs, celui de Boudiaf et des compagnons, et l’appendice d’aujourd’hui de Belkhadem est suffisamment improbable pour requérir plus d’attention que cela.

5- Les enjeux d’Octobre 1961

En tout cas, moins d’attention que ce qu’appelle cette Fédération de France du FLN initiatrice des manifestations pacifiques du 17 Octobre 1961 à Paris et dont l’importance politique fut tôt pressentie pour faire l’objet d’une querelle de parrainage entre Boudiaf et Abane. Ali Haroun, Omar Boudaoud — membres de la dernière direction de la Fédération —, «Daniel» Benyounès ont consigné des témoignages utiles pour la connaissance de la «septième wilaya» — pour reprendre Ali Haroun — et les spécialistes de l’histoire de l’Algérie attendent avec grand intérêt la thèse de Linda Amiri sur le sujet. Il faudra sans doute revenir un jour sur la place tout à fait singulière de cette instance du Front qui portait la guerre sur le territoire même de l’ennemi, sur les violents déchirements d’une émigration algérienne de longue date acquise à l’idée nationale qui ne peuvent supporter indéfiniment – quoi que puisse en penser et dire le secrétaire général de l’Organisation des anciens moudjahidine – une stigmatisation de courte vue. «Journée de l’émigration» était dans le registre des reconnaissances et des gratifications tout ce que le régime pouvait concéder à une Fédération de France du FLN ostracisée en raison de ses choix légalistes lors de la crise de l’été 1962. L’appel qu’elle lance – à partir de Cologne, siège officiel de l’organisation – à la manifestation pacifique le 17 octobre 1961 en réponse à une demande lancinante des responsables — notamment parisiens — soumis à une répression de plus en pus dure et massive des services de police de Papon et des groupes de harkis requis par des officines de l’armée, s’inscrit-il encore dans les choix stratégiques d’un GPRA largement requis par l’évolution des négociations avec le gouvernement français ou procède-t-il – précisément en raison de ces mêmes négociations — des rapports internes au Front ? Officiellement en tout cas, l’objectif est moins d’infléchir les choix de la direction du FLN que de répondre à la décision du 6 octobre du préfet de police Maurice Papon instituant un couvre-feu pour les travailleurs algériens. Ils furent plus de trente mille, hommes, femmes, enfants à donner des capacités de mobilisation du FLN une image décisive et à s’être exposés au pire déchaînement de violence en plein cœur de la capitale française et du fait des services de police et de sécurité de l’Etat français Depuis des années, militants politiques, historiens, acteurs de la société civile française ont engagé un combat méritoire pour la reconnaissance des massacres d’Octobre 1961 par l’Etat français et la multiplication des manifestations à l’occasion de ce cinquantenaire – notamment avec l’alignement officiel du parti socialiste sur cette demande — sanctionnent déjà la qualité de leur détermination. Le quasi-silence officiel algérien est aussi vieux d’un demi-siècle. Faudra-t-il alors des manifestations publiques pour que l’Etat algérien inscrive clairement ces massacres dans un contentieux historique encore inépuisable ?

Par le Pr Abdelmadjid Merdaci
Professeur à l’Université Mentouri, Constantine

Les chaises sont prêtes, la musique aussi. Les guignols itou !

C’est officiel ! Les Souk El Fellah seront de retour très bientôt.
Youpi ! A quand le retour aussi des …

…bons Sonacome, de H’didwan, de l’interlude télé
avec le bocal de poissons, de la casquette militaire sur
la plage arrière de la voiture
et du Conseil de la Révolution ?

Ne me dites pas que le bruit n’est pas encore parvenu à vos oreilles ? De toutes les façons, vous me le diriez que je ne vous croirais pas ! Car, au bout de 50 ans de bruitages du système, je sais vos oreilles entraînées à déceler ce «bruit»-là. Celui des chaises que l’on installe. Ainsi que cet autre bruit. Celui de la fanfare qui prend elle aussi place autour des chaises. Bon, pour les guignols, pas besoin d’ouïe fine, ils ont toujours été là, n’ont pas bougé. Du moins pas avant le signal du chef d’orchestre.

Allez ! Le jeu des chaises musicales peut commencer. Car c’est bien de cela dont il s’agit avec le coup d’envoi donné ces dernières heures au redressement du redresseur. Abdelaziz 2 est sur le point de perdre sa particule. Le 2 va tomber ! Je ne sais pas de quel nouveau numéro on va l’affubler dans la suite du jeu. Le 3 ? Le 4 ? Le 1, je pense qu’il a compris qu’il peut se brosser pour l’avoir dans le dos. Il peut tout avoir dans le dos, sauf le 1. De toutes les façons, cherche-t-il vraiment ce numéro 1 ? J’en doute. Il fait partie du jeu.

Donc, il en connaît parfaitement les règles. D’ailleurs, comme dans tout jeu du genre, il a signé avec son silence le cahier des charges. Et la partition est déjà en branle. Je ne le vois pas finir assis sur la dernière chaise, à la fin du morceau. Disqualifié dans ce délicieux passetemps pour adultes attardés qu’est le jeu des chaises musicales.

Le pays se meurt, les Algériens trempent leur quignon de pain rassis dans les poubelles pour se donner l’illusion de roter leur midi, la Garde républicaine et les parachutistes des forces spéciales seront bientôt chargés de protéger les simulateurs encore en fonction dans les services pour cancéreux, et que fait le régime pendant ce temps-là ? Le régime joue à dégommer Belkhadem ! Mon Dieu ! Quel sens aigu des responsabilités et de la charge de l’Etat ! Il serait indécent d’applaudir au traquenard dont vient d’être «victime» l’Empastillé.

Trop facile de lui dire Echah ! Parce qu’à travers l’autorisation miraculeuse accordée aux «new redresseurs» de Draria, à travers la protection policière spectaculaire dont ils ont pleinement joui ce week-end, c’est bien la République qui a été traquenardisée. Ce n’est pas cela, la politique pour un pays qui aspire à quitter la sphère de la dictature afin d’intégrer la civilisation de la vraie alternance.

Non ! Cela, ce jeu des chaises musicales, c’est le viol du violeur, l’arrosage à l’arsenic de l’arroseur au curare, la défenestration du défenestreur, le contrat contre le tueur, la liquidation du liquidateur, la mise à mort du bourreau, l’enterrement du fossoyeur. C’est tout cela, mais ce n’est sûrement pas la République. Pour une raison toute simple. L’Algérie ne peut pas se construire au son de la fanfare et du jeu des chaises musicales. L’Algérie ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

Par Hakim Laâlam

Commémoration des événements du 17 octobre 1961

Dresseurs et redresseurs

Il y a quelques années, d’astucieux métallurgistes alliés à d’audacieux chimistes inventaient les métaux à mémoire. En gros, quand une barre faite de ce métal est tordue, elle se redresse toute seule, se «rappelant» de sa forme initiale. En clair, si le FLN est redressé, va-t-il retrouver sa forme première, celle d’un libérateur de consciences ou d’un réseau clientéliste qui fait dans la corruption politique et le partage forcé de la rente ? Car même s’il a l’apparence du plomb, le FLN n’est pourtant pas un métal, plutôt un corps organique structuré qui lutte pour sa survie, quitte à pomper les ressources de la collectivité. A-t-il une mémoire ? Oui, mais laquelle ? Celle de l’indépendance dont il a dirigé la lutte héroïque ou celle des années 1970 où il devint un club privé qui vendait du socialisme là où lui-même n’était que capital illégal et carnaval inégal ? Celle des années 1990, où poussé de force au multipartisme, il s’affichait dans un slogan sans conviction : «De la libération aux libertés» ?

La mémoire des années 2000, où franchissant la porte du troisième millénaire à reculons, il retrouvait ses réflexes de vieux garçon, maniaque et autoritaire, archaïque et incapable d’amour ? Une fois dressé ou redressé, que va devenir le FLN ? Probablement le même, avec Abdelaziz Belkhadem en moins, caoutchouc non ferreux qu’il ne sert à rien de tordre, car il n’a pas de forme originelle. En ce sens, le FLN est l’Algérie. Par ses mutations, ses contradictions, sa difficulté profonde avec l’avenir, sa lourdeur et sa suspicion des libertés. Le FLN changera quand l’Algérie changera, qui elle-même changera quand le FLN changera. Il faut le souligner, le chef de l’Etat, Bouteflika, est toujours le président d’honneur du FLN. Si nombreux pensent qu’il faut mettre le second dans un musée, il faudrait penser à confier la direction de ce musée au premier et passer enfin à autre chose.

Chawki Amari

Si Moh un artiste des hauteurs

S’il est un chanteur universellement connu et auquel on peut oser rapporter et comparer Si Moh, ce serait sans hésitation l’immense George Moustaki. La comparaison, loin de la systématique béate, s’argumente par le style de leur musique et la thématique d’amour à la composition intense dans la recherche des mots et des images qui en découlent.

Une symbiose facile à repérer, tant les mélodies fredonnées par l’un et l’autre des deux artistes accompagnent les pulsions du cœur et de l’imagination baignées dans une totale liberté de pensée. La douceur musicale suggère, à elle seule, la parole suiveuse. Si Moh, en artiste secret, discret et qui se soustrait aux tintamarres d’à côté, s’est forgé une personnalité dans l’ambiance artistique kabyle. Voila pourquoi nous accordons une écoute différenciée à chaque chanteur, tellement la spécification s’impose d’elle-même en fonction de l’apport.

L’autre fois, que je faisais écouter une de ses chansons à un ami français, celui-ci, guidé par l’amorce musicale, s’en est allé jusqu’à deviner, plus que soupçonner, le contenu du poème. Le caractère universel d’une œuvre commence justement par là. Il suffit seulement d’y entrer, le reste s’escorte naturellement. C’est à la lisière et au seuil de cette universalité que l’œuvre de Si Moh se mesure dans et par sa qualité.

Notre Moustaki, la guitare en bandoulière, les yeux rivés sur le perfectionnement, a, que de fois, fait déplacer des familles entières lors de nombreux galas qu’il a animés. Le mouvement familial, dans notre culture, est très significatif sinon décisif pour toutes formes de validation et d’approbation sociales.

La réussite s’en va d’elle-même alors et qu’accompagne notre admiration. Avec Si Moh, la chanson kabyle s’assainie, s’ouvre et s’affranchie des images trop longtemps restées figées sur des clichés statiques, supposés seuls modèles artistiques valables et en dehors desquels la mort guette la chanson kabyle. Sans donner le vertige, Si Moh a su relever le défi avec une hauteur qu’on lui connait.

Abdennour Abdesselam

Allez donc vous indigner ailleurs !

Mustapha veut bien s'indigner, mais il ne sait pas comment faire. Il n'y a pas à dire, les images et les paroles d'indignés du monde l'ont séduit. Alors, chaque soir, depuis quelques mois, il s'installe sur son canapé et zapette à la main, il y va pour un tour du monde des indignés.

Il fait le tour du monde que les indignés veulent changer et même s'il a tout de suite aimé ça, trouvé la cause juste et la mission noble, il lui est arrivé de se dire qu'il est quand même très beau, le monde qu'on veut transformer. Bien évidemment, Mustapha est assez intelligent et son bon sens cartésien lui dit que si on veut transformer quelque chose de beau, c'est qu'il deviendra plus beau encore.

Mustapha s'est encore dit qu'ils ont déjà de belles télés qui montrent les indignés quand ils s'indignent et eut une pensée émue pour l'ENTV qui ne montre que les casseurs quand ils cassent. Il ne sait pas vraiment ce que comptent changer les révoltés du monde développé, plus particulièrement dans leur télé et ça l'inquiète. Et si, à Dieu ne plaise, les télés étrangères ne montraient plus rien ?

Ou plus grave, ne montraient plus que les dévaliseurs de magasins, les brûleurs de voitures et les cagoulés déchaînés ? Puis Mustapha défile encore les images : de belles filles bien fringuées et des gaillards forts et intelligents qui refont le monde autour d'alléchants barbecues sans oublier le bisou furtif volé aux caméras, ils veulent sûrement le paradis, ces gens là.

Ensuite, il revoit les policiers chargés de contenir les garçons et les filles chargés de changer le monde.
C'est normal qu'ils se montrent si gentils avec des jeunes qui grillent des saucisses sur le pavé, parlent aux journalistes en craint à peine et trouvent le temps de s'embrasser en brandissant des banderoles.

Les policiers que connaît Mustapha n'ont jamais vu un barbecue, on ne leur demande pas de contenir mais de tabasser, et ceux qu'ils tabassent ne s'embrassent pas dans la rue, puisqu'ils ne peuvent déjà pas s'embrasser sur une plage déserte.

Il revoit également des indignés qui veulent changer le monde alors que le monde leur a tout donné. Ils s'indignent pour les autres. Ceux qui sont laissés sur le carreau du développement, disent-ils. Il arrive que Mustapha ne comprenne pas tout, mais il saisit l'essentiel. C'est que là-bas, les gens parlent à la télé pour dire des choses et ils les disent simplement.

Ici, pense Mustapha, la télé ne donne déjà pas la vérité et quand elle le fait c'est pour ceux qui s'indignent que l'on puisse s'indigner. Les autres se croient obligés de parler comme parlent les secrétaires de kasma. Après avoir fait le tour de la question, Mustapha n'a trouvé qu'une solution pour s'indigner correctement : aller s'indigner à l'étranger.

Slimane Laouari

La diffusion satellite, le problème qui attend les télévisions algériennes

Il y a quelques jours, la chaîne algérienne de droit français, Beur TV, était hors service. Diffusée sur le canal Nilesat position AB 4 et sur le satellite Hotbird, la chaîne était non disponible. Un écran noir qui a mis en colère les nombreux téléspectateurs algériens qui suivent régulièrement ses programmes depuis son renouveau lors du mois de Ramadhan passé et qui se sont exprimés sur la page Facebook de la chaîne. Renseignement pris, la chaîne avait décidé de revoir sa politique de diffusion et avait cessé de payer à perte un satellite très cher sans pour autant arriver à toucher son public algérien. Hébergé chez l'égyptien Global Sat, la chaîne a décidé de suspendre la diffusion sur ce satellite et doit basculer sur le satellite Eutesat 7.

Le P-DG de Beur TV avait déclaré, lors de sa conférence de presse, que la chaîne avait obtenu une place sur le satellite Nile durant le Ramadhan, mais visiblement Beur TV a été arnaquée puisque la chaîne n'était visible que par la partie Est du pays. Toute la partie ouest et surtout centre du pays n'avait pas pu capter la nouvelle orientation de la chaîne et découvrir son nouveau programme, la mettant hors course dans la compétition acharnée du paysage audiovisuel maghrébin durant le mois sacré de Ramadhan.

A l'époque, le diffuseur égyptien avait déclaré que la révolution égyptienne avait perturbé la distribution du paysage audiovisuel et que Beur TV était sur un canal high tech. Mais cette non-visibilité audiovisuelle a eu une conséquence néfaste sur le plan commercial de la chaîne et par conséquent sur sa production locale. Beur TV, qui venait d'être acquise par l'entreprise VOX, a pourtant beaucoup d'ambition, mais bute sur des problèmes d'ordre technique et administratif qui la fragilisent et freinent son expansion. Beur TV, qui produit actuellement un programme sportif et une émission politique animée par une ancienne présentatrice vedette de Canal Algérie, entend basculer sur Eutelsat, alors que le diffuseur Global Sat est en train de baisser ses prix pour ne pas perdre son client.

Le P-DG de la chaîne fait également face à une forte pression financière. L'ancien propriétaire de la chaîne a laissé une ardoise de plusieurs centaines de milliers d'euros chez le diffuseur, provoquant déjà un trou dans les finances de la chaîne, à cela s'ajoute le coût de la location d'un studio de 600 m2 à Paris qui servira comme plateau à une émission politique en prévision de l'élection présidentielle de 2012 en France. En tout cas, ce nouvel épisode dans le feuilleton audiovisuel de Beur TV renseigne sur les difficultés que peut rencontrer un investisseur pour le lancement d'une télévision privée.

La location d'un satellite qui offre une visibilité est l'une des conditions les plus importantes à une télévision pour se développer. Même Al Jazerra, et malgré son budget conséquent, avait souffert lors de son lancement. A ses débuts, le 1er novembre 1996, Al Jazeera diffusait seulement 6 heures de programme sur Arabsat IIA et le satellite Eutelsat SATW1. Ce n'est qu'en 1998 qu'elle est passée à 9 heures de diffusion et ce n'est qu'en 1999 (soit trois ans après) qu'elle a commencé à diffuser H24. Aujourd'hui, elle est disponible sur presque tous les satellites qui gravitent autour de la Terre. Loin de faire la comparaison entre Beur TV et Al Jazeera, c'est sur la stratégie de diffusion de Beur TV qui nous intéresse. Si l'on a des problèmes de visibilité, pourquoi rester sur ce satellite durant le mois de Ramadhan alors que l'ensemble des annonceurs souhaitent être visibles durant cette période? La diffusion satellite sera le grand problème que rencontreront les télévisions privées algériennes à l'avenir.

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Bertrand Dicale : Cheikh Raymond, une histoire algérienne


Bertrand Dicale : Cheikh Raymond, une histoire... par FranceInfo

Bertrand Dicale : Cheikh Raymond, une histoire algérienne par FranceInfo

Cheikh Raymond, né Raymond Leyris le 27 juillet 1912, tué le 22 juin 1961 à Constantine, Algérie française, est un artiste de musique arabo-andalouse. Joueur virtuose d'oud, respecté par les Juifs et les Musulmans qui l'appelaient « Cheikh Raymond » en signe de respect, le « maître » du malouf, musique raffinée arabo-andalouse, fédérait les communautés.

De père juif originaire de Batna et de mère française, il est abandonné au cours de la Première Guerre mondiale. Il sera adopté par une famille juive très pauvre.

Il enregistre une trentaine d'albums entre 1956 et 1961 en plus des singles. Dans son orchestre, il intègre le père d'Enrico Macias. Celui-ci fait ses débuts dans l'orchestre, et apprend beaucoup du Cheick Raymond à cette époque ; il épousera plus tard sa fille Suzy.

Il est assassiné d'une balle dans la nuque, le 22 juin 1961, alors qu'il fait ses courses avec sa fille Viviane au souk de Constantine sur Souk El Asser (ex la place Négrier). Sa mort est perçue par la communauté juive comme une rupture définitive et un signe de l'impossibilité de demeurer en Algérie. Elle marque le début de l'émigration vers la France.