jeudi 3 septembre 2009

Les fausses certitudes

Alors que le monde entier se trouve en état d’alerte maximum pour tenter d’endiguer la propagation rapide du virus H1N1 qui se répand telle une traînée de poudre et que les morts se comptent par milliers déjà, l’Algérie reste imperturbable et affiche une assurance déroutante face à cette pandémie.

Après avoir soutenu mordicus que notre pays était épargné par cette maladie et juré qu’aucun cas n’a été enregistré chez nous, cela au moment où le virus était déjà bien installé chez nos voisins de la rive sud de la Méditerranée et plus proche de nous, chez nos voisins immédiats du Maghreb, au Maroc notamment, les pouvoirs publics algériens ont fini par confirmer l’existence de cas importés par des ressortissants algériens établis à l’étranger.

La démarche qui consiste à faire croire que notre pays est immunisé contre toutes les pandémies qui se déclarent sur la planète et contre tous les maux sociaux comme jadis on avait soutenu que le terrorisme et l’intégrisme étaient des phénomènes étrangers à l’Algérie, nous rappelle une stratégie de communication déjà usitée par le passé et récemment encore avec l’alerte de l’épidémie de la grippe aviaire. Le même scénario fait de certitudes qui confinent à l’indifférence et à la démobilisation semble se répéter aujourd’hui avec le virus H1N1.

Que fait-on et qu’a-t-on fait depuis que la maladie s’est structurellement installée dans le monde fragilisant encore un peu plus les systèmes de santé des pays pauvres qui n’arrivent pas déjà à faire face à des maladies du siècle dernier ? La situation est contrôlée, nous dit-on avec un aplomb digne des années de plomb. La mise en place de caméras thermiques aux ports et aéroports pour détecter les cas suspects ou porteurs de virus suffit-elle pour nous prémunir contre cette maladie ? Assurément non ! D’abord quand on connaît le laxisme et le « je-m’en-foutisme » des Algériens.

Des armes, de la drogue, des devises en quantités bancaires, des containers de pétards arrivent à entrer au nez et à la barbe des services de contrôle suite à des complicités ou tout simplement par négligence, relâchement de la vigilance. Le pouvoir d’une caméra thermique ne vaut rien s’il n’y a pas derrière un Etat normalement constitué et une culture citoyenne. Une caméra thermique dans un aéroport algérien ce n’est qu’un équipement comme tant d’autres à l’image des scanners installés à grand renfort de publicité au niveau de nos ports et aéroports lesquels n’ont pas réussi à juguler le phénomène de la contrebande.

Et tous ces flux de population dont les immigrés clandestins mais aussi tous les autres étrangers et nationaux qui entrent légalement au pays par nos frontières terrestres sont-ils contrôlés au virus H1N1 ? La déclaration du responsable du laboratoire de référence OMS de l’Institut Pasteur Algérie faite au quotidien Liberté selon laquelle « l’Algérie serait bientôt un pays de circulation active du virus H1H1 » prend tout son sens.

Par Omar Berbiche

Le thermalisme pour «guérir» le tourisme

Les Algériens n’ont jamais eu avant l’Indépendance des habitudes de vacances au bord de la mer. Pour changer d’air et se retrouver dans une atmosphère de détente et de bien-être, ils avaient les sources thermales.

Le sujet que nous avons choisi cette semaine sera toujours d’actualité tant que le gouvernement n’aura pas entamé le chantier qui s’impose. En plus, il s’agit de tourisme et dans quelques jours il n’intéressera pas grand monde.

Alors vite, parlons-en. Donc et quelques jours avant le début du mois de Ramadhan, notre ministre du Tourisme a subitement décidé de se rendre à la station thermale de Hammam Righa dans la wilaya de Aïn Defla. Pourquoi subitement? Depuis qu’il a en charge le tourisme, M. Rahmani n’a pas donné l’impression d’être porté sur le thermalisme. Pourtant, à l’origine, c’était la première destination touristique des Algériens. C’était même la seule destination des Algériens avant l’Indépendance pour se «laver les os».

Il ne fallait pas être spécialement malade pour s’y rendre. Le thermalisme à l’époque c’était un peu comme le «chih» cette plante qui guérit tous les maux et que les Algériens prenaient en toute occasion. Petit arrêt sociologique tout de même: chacun sait que les Algériens ont été repoussés par la colonisation vers l’arrière-pays. Loin de la façade maritime. Que pouvait-il y avoir comme lieux de loisir dans le pays profond? Pas de stations balnéaires pardi! Elles étaient toutes réservées aux seuls colons. C’était donc les thermes. Notre pays compte près de 300 sources thermales dont une cinquantaine ont été aménagées en stations régionales et seulement 8 supposées d’envergure internationale. Une mine d’or laissée en jachère. L’unique étude de marché à effectuer pour s’en convaincre est un rapide retour sur notre histoire.

Comme précisé plus haut, les Algériens n’ont jamais eu avant l’Indépendance des habitudes de vacances au bord de la mer. Pour changer d’air et se retrouver dans une atmosphère de détente et de bien-être, ils avaient les sources thermales. Les plus célèbres d’entre elles sont Hammam Bou Hanifia, Hammam Righa, Hammam Mélouane, Aïn Skhouna, Hammam Rabbi, Hammam Essalhine, Hammam Meskhoutine, etc.

C’est là que les familles algériennes se rendaient pendant l’occupation coloniale. C’était leur sempiternelle et immuable destination touristique. Tout un rituel accompagnait tant le déplacement que le séjour. Le départ se préparait soigneusement dans un air de fête. Les plus fortunés louaient une voiture, d’autres devaient se contenter de l’autocar. Ce qui n’était pas facile vu qu’il fallait prendre le maximum d’effets avec soi. Des marmites jusqu’aux couvertures. Un peu comme pour le camping aujourd’hui. Même parmi les stations thermales les plus connues et dans le meilleur des cas, on ne pouvait espérer trouver plus que la location de chambres nues.

Une fois sur place et en plus du rituel plongeon dans l’eau de la source, il n’était pas rare d’assister à des sacrifices de poulets ou d’ovins, voire de bovins dans certains cas. Cette parenthèse d’histoire était nécessaire pour expliquer que le gouvernement n’a que trop tardé pour miser sur le thermalisme pour promouvoir le tourisme national. Il est quasi certain qu’une politique de développement du thermalisme dans notre pays aura plusieurs retombées positives. Au-delà du taux de remplissage garanti et de la création d’emplois inévitable, cela permettra de fixer une bonne partie des Algériens qui cherchent à l’étranger ce qu’on ne veut pas leur donner chez eux. Cela libérera aussi les complexes balnéaires pas vraiment compatibles avec notre tradition et nos habitudes. Lesquels complexes pourront alors être repensés comme produits à l’international. Chez nos voisins, au Maroc comme en Tunisie, ce sont les étrangers qu’on installe au bord de la mer. Avec les mêmes raisons nous agissons pourtant différemment.

Près d’un demi-siècle pour se «réveiller» et pour qu’un de nos ministres daigne s’intéresser à ces sources chargées d’histoire et de magie. Tant pis pour le temps perdu, car il ne sert à rien de se lamenter. Il faut cependant faire de sorte à mettre les bouchées doubles maintenant qu’on semble avoir compris où se trouve le plaisir des Algériens. Pourquoi pas dès les prochaines vacances? Au moins pour quelques-unes des sources. La solution du décollage du tourisme en Algérie est là.

Zouhir MEBARKI

Khalti Boualem va-t-elle remplacer Biyouna?

«Les cimetières sont remplis de gens qui se croyaient indispensables.»
Proverbe arabe

S’il y a une comédienne qui manque à la grille de Ramadhan, c’est bien Biyouna. Cette année, elle a été détrônée par Farida Krim, qui interprète le rôle de khalti Boualem, dans la série Djemaï Family. Selon certaines sources, ce rôle était prédestiné à Biyouna, mais depuis Nass Mlah City et une apparition dans Maouid Maâ El kadar, l’égérie de la comédie algérienne n’a plus travaillé avec Djaafar Gassem...avec qui d’ailleurs, elle garde un bon contact.

En allant travailler dans les productions européennes, Biyouna a laissé le terrain aux autres. C’est Farida Krim qui a commencé à lui rafler, petit à petit, sa place dans le paysage audiovisuel algérien. Une comédienne qui a commencé dans des seconds rôles à 5000 DA la journée et qui a explosé depuis trois années dans des films, et notamment dans les feuilletons de Nazim Kaïdi et Amar Tribèche et plus récemment dans la série Djemaï Family de Djaâfar Gassem.

En optant pour le rôle de Khalti Boualem, qui dans le scénario remplace le personnage de Khalti Doudja (décédée malheureusement l’année dernière), Farida Krim prend option pour détroner Biyouna dans les rôles très prisés dans notre paysage audiovisuel: celui de la femme «Redjla», qui fait peur aux hommes. Un rôle qui a été tenu durant plusieurs années par la généreuse Ouardia, avant d’être remplacée durant les années 90 et 2000 par la tonitruante Biyouna, et qui a laissé à son tour, le terrain aujourd’hui à la virevoltante Farida Krim.

Mais dans la composition, Biyouna reste meilleure que Farida. Cependant, cette dernière a compris que pour s’illustrer, elle doit adopter un look et une attitude qui la diffèrent des autres comédiennes algériennes. En optant pour le tricot marin et le bleu Shanghai, elle a réussi à capter l’intérêt des téléspectateurs algériens et depuis, sur les ondes de la radio El Bahdja tout le monde l’appelle Khalti Boualem.

De son côté, Biyouna regrette de ne pas paraître dans les programmes de Ramadhan de l’Entv, accusant les productions de l’avoir exclue. Ce qui n’est pas le cas. Car, depuis le début de son aventure internationale avec Nadir Moknache, Biyouna choisit ses rôles et impose son cachet.

Biyouna qui joue dans la cour des grands comédiens européens et qui a failli décrocher un Molière de la comédie française pour son interprétation dans Electre de Sophocle aux côtés de Jane Birkin dans une pièce de Philippe Calvario, voit le monde audiovisuel algérien en noir et blanc et en 4/3, alors quelle joue dans un monde en couleur et en 16/9.

Notre Baya Bouzar (Biyouna) a préféré opter pour une petite chaîne de 50 millions de dollars, en jouant dans une série marocaine pas très bien réussie mais qui regroupe de très bons comédiens à l’image du Tunisien Lotfi Abdelli, qui interpréta le rôle de kamikaze dans Making-of ou encore le jeune et talentueux comédien marocain Omar Lotfi, héros du film Casa Negra. Biyouna n’a plus cette envie de travailler dans une production nationale, préférant travailler dans des productions intermagrébines ou françaises, laissant son espace à Khalti Boualem.

Amira SOLTANE

Etals en feu

«Vraiment! Je comprends maintenant pourquoi même à 70 ans on devient harrag!» s’était exclamé mon épouse en sueur en sortant d’un marché couvert surpeuplé, les deux bras portant couffin et sachets. Il est vrai que cette histoire de «harrag» septuagénaire rapportée par la presse a fait sourire plus d’un. Certains ont vite conclu que ce vénérable vieil homme voulait finir ses jours en «beauté» sous des cieux plus cléments, d’autres ont, par contre, émis l’idée que ce pauvre homme serait atteint de sénilité précoce et que sa tentative d’évasion n’est qu’un symptôme parmi tant d’autres de la fameuse maladie d’Alzheimer, maladie qui détruit les bandes mémorielles et poussent ses victimes vers les chemins du large.

Mais certains, romantiques, ont tout simplement émis l’hypothèse que ce candidat, au départ clandestin, aurait tenté l’aventure, pour retrouver un premier amour niché dans ce vaste espace de Schengen. Rien n’est impossible! Au printemps comme en été, Cupidon n’est pas avare et il fait flèche de tout bois. D’autres, plus pragmatiques, pensent qu’il serait parti pour retrouver ses enfants prodigues partis depuis des années et qui ne seraient pas revenus au pays de peur d’être pris au même piège que leurs aînés: en effet, il n’y a pas plus attachant que les nombreux problèmes (toujours les mêmes!) qui font qu’une grande partie de la population aime ce pays et ne voudrait pas le quitter pour tout l’or du monde alors qu’une mince frange rêve de le quitter pour d’autres Florides, afin de vivre les problèmes autrement, d’une autre manière. Et c’est justement ce qui a révolté une fois de plus mon épouse qui a dû faire le parcours du combattant (à jeun!) pour essayer de remplir son couffin. Et en plus, elle a eu la délicatesse de ne pas me dire ce qu’elle a dépensé pour faire bouillir la marmite ce jour-là afin de calmer la faim de la maisonnée.

«C’est toutes les années le même scénario! s’est exclamée la matrone en posant ses couffins et sachets d’un air excédé! D’abord, il y a trop de monde, on dirait que tout Alger est venu s’approvisionner dans ce marché de banlieue. Et puis, c’est trop cher! "Ils" nous prennent pour des Américains!» Je ne sais pas si dans ce «ils», ma tendre moitié voulait désigner les marchands arnaqués et qui arnaquent à leur tour les gogos que nous sommes, ou bien le pouvoir, silhouette indécise et floue qui est représentée par les autorités impliquées dans la politique des salaires et des prix. «Pourtant, il y a une propagande à tout casser! Ils avaient annoncé que l’Etat allait fixer les prix et qu’il allait combattre la spéculation. Et patati et patata!...»

Je ne voulais pas briser un peu plus le moral de ma compagne, en lui disant que ceux qui sont à même de prendre des décisions pour soulager le modeste consommateur touchent tous des salaires mirobolants et que le citoyen lambda, payé en dinars dévalué, est obligé d’acheter au taux de change parallèle. Et que dans toute cette histoire, il est le dindon de la farce. Les autorités promettent des points de vente pour la viande: avec 50 points sur le territoire national, il n’y aura qu’à diviser 30.000.000 par 50 pour trouver que c’est une mesure ridicule et sans portée. Quant aux contrôleurs, c’est une vieille histoire à laquelle personne ne croit. Mais le sommet de l’hypocrisie est atteint quand une entreprise célèbre annonce des réductions de 1 DA sur certains de ses articles: de la publicité à bon marché! Pas plus!

Selim M’SILI

Yaw fakou !



Par Hakim Laâlam
Email : laalamh@yahoo.fr
La plainte du RCD contre Abdekka a été enregistrée…

… sur DVD !

A quelques minutes de l’appel à la prière et à la rupture du jeûne, je passais devant un restaurant de la Rahma, dans la capitale. Et quel ne fut mon dégoût, mon écœurement, ma rage et ma détermination farouche à dénoncer ce scandale. Ce que je fais aujourd’hui. Figurez-vous qu’alignés face à l’entrée de ce restaurant, de nombreuses personnes attendaient d’y pénétrer afin de bénéficier gratuitement d’un repas de Ramadan. Vous imaginez un peu l’outrecuidance de ces faussaires patentés, de ces trafiquants de l’aumône et de la solidarité. Oser se faire passer pour des pauvres, en Algérie, pays désormais connu et reconnu comme contrée sans pauvres. A les voir là, ces prétendus démunis, debout, sûrement depuis un long moment, la mine fatiguée, le regard vide, la tête souvent baissée, j’ai eu un haut-le-cœur. J’étais révulsé. J’ai pris mon regard le plus sévère, le plus agressif pour les fixer droit dans les yeux. Je voulais qu’ils sachent que je savais. Eh oui ! Je sais que derrière chacun de ses faussaires de la précarité se cache un Algérien qui a passé ses vacances en Tunisie ou du moins qui est capable de débourser 20 millions pour se faire déposer en Europe par un gentil passeur. Grâce à Aâmi Boualem, on ne me la fait plus, à moi ! Toute tentative de se faire passer pour un pauvre est désormais vouée à l’échec. C’est d’autant plus vrai que dans le lot des personnes qui attendaient leur tour pour manger à l’œil, il y en avait quelques-unes dont le teint était halé. C’est pas la preuve, ça ? J’avais l’impression que ces «spécimens-là», plus particulièrement rentraient à peine de leurs vacances à Djerba ou Hammamet. Si je poussais mon devoir citoyen jusqu’au bout et si je les fouillais au corps, j’étais presque sûr de trouver dans leurs poches, qu’ils déclaraient pourtant vides, une note d’un palace 5 étoiles tunisien ou des babioles achetées horriblement cher dans un souk de la médina. Et là, je ne vous parle que de ceux qui donnaient l’impression très nette de sortir de sous la lampe à UV. Je ne vous dis pas pour les autres. Des jeunes, des moins jeunes et des carrément vieux qui tenaient tous un cabas ou un sachet à la main. Là aussi, une bonne fouille aurait sûrement révélé qu’il s’agissait du parfait kit du harraga, avec, au fond de la besace, bien caché dans un emballage étanche, une liasse de billets pour payer le voyage. Allez me convaincre après ça que les mecs ne prendraient pas le chemin du port et du large, juste après avoir expédié la chorba et les boureks, hein ? Yaw fakou ! N’est-ce pas, Aâmi Boualem ? Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.


H. L.

Cinéma d’expression amazighe, vivement la qualité !

Aprés l’effervescence ayant très longtemps accompagné chaque nouvelle sortie de films d’expression amazighe, le public semble dépasser cet élan “sentimental” pour exiger beaucoup plus qu’un simple texte joué dans un style théâtral. Le public veut plus, la qualité. La Colline oubliée sorti en 1997 après des balbutiements et autres rebondissements qui ont failli la classer dans les profondeurs de l’oubli, devait tracer le chemin à ceux qui voyait dans le 7e art un autre outil, un moyen pour faire avancer la langue berbère vers les horizons de l’universalité, car celui-là pouvait bien véhiculer toute la richesse d’une langue, d’une culture qui n’a malheureusement pas eu ce qu’elle mérite des décennies durant.

Ce film, adaptation de l’œvre immortelle de Mouloud Feraoun, réalisé par Abderahmane Bouguermouh, a été une grande réussite à tous points de vue. D’abord par l’aspect purement cinématographique dont les techniques ont permis au texte de recréer fidèlement l’ambiance originale ainsi que les traditions dans un contexte d’un village kabyle. L’oeuvre originale de Bouguermouh a surtout suscité autour d’elle un long débat, un grand intérêt au double plan national et international dont l’épicentre n’était autre que le droit de la langue berbère au respect. Elle a surtout montré que cette culture millénaire pouvait, de la meilleure, dépasser l’oralité dans laquelle elle s’est engouffrée.

Cette réalisation avait été, souvenons-nous, le facteur déclencheur d’une réelle dynamique donnée naissance à plusieurs films, œuvres de réalisateurs compétents. De La Montagne de Baya de Azzedine Meddour à Machaho de Belkacem Hadjadj en passant par Mimezrane de Ali Mouzaoui, le cinéma d’expression amazighe a accompagné l’évolution de la société dans son combat qui imposait d’autres moyens de lutte, beaucoup plus pertinents dans un contexte où la langue berbère était, il l’est toujours, dans le besoin d’ébaucher des perspectives orientées vers la création répondant aux normes afin de se hisser au-delà de l’oralité.

Cependant, l’on constate, non sans amertume, que l’amateurisme a pris place ces dernières années où s’autoproclamer réalisateur ou comédien n’est plus un acte isolé. La déferlante des produits cinématographiques taiwan gagne un secteur qui pouvait pourtant mieux donner à la culture berbère. De même que la chanson kabyle gangrenée par des “arrivistes” qui en font un fonds de commerce, le cinéma d’expression amazighe risque de sombrer dans la médiocrité.

Et pourtant la naissance d’une télévision amazighe et l’institutionnalisation d’un festival de cinéma d’expression amazighe est justement un prélude pour que ce domaine revienne, enfin, à tous ceux, parmi les professionnels, qui nourrissent l’espoir de servir et non pas se servir de la culture berbère. Il est d’ailleurs temps que le cinéma d’expression amazighe entame une nouvelle ère en endiguant les adeptes de la folklorisation excessive des œuvres qui doivent revenir à l’originalité d’une langue, d’une culture. Cela y va de sa pérennité.

Par Omar Zeghni

Emeutes!

Plusieurs régions du pays ont été le théâtre, ces dernières semaines, d’émeutes plus ou moins sérieuses, de la part d’une population excédée par la mal-vie induite autant par la cherté de la vie, le chômage que par le manque de logements. Les rassemblements devant les sièges des communes sont devenus récurrents mettant de plus en plus les autorités sur la défensive, qui ne savent plus par quel bout prendre ce problème et comment désamorcer ces petites bombes à retardement qui essaiment, singulièrement, dans nos campagnes délaissées par les pouvoirs publics. De fait, le décalage entre les agglomérations urbaines - qui n’arrivent plus à absorber le flot des personnes qui fuient les zones rurales - et la campagne est aujourd’hui flagrant pour feindre encore de l’ignorer. Le retard de développement de la campagne algérienne est patent.

Aussi, il n’y a pas lieu de s’étonner que les populations, en l’absence d’écoute des autorités publiques et/ou communales, usent du seul moyen de se faire entendre qui leur soit disponible: l’émeute. C’est le cas dans les toutes dernières émeutes. Mais le dénominateur commun de ces explosions sociales cycliques reste indubitablement la pauvreté. Il ne sert à rien de s’en cacher ou de se voiler la face pour ne point voir cette réalité sociale bien réelle. C’est vrai, un ministre de la République a affirmé, benoîtement, qu’il n’y avait pas de pauvres en Algérie. Un autre ministre de la République s’est chargé toutefois, de le détromper en affirmant qu’il a été recensé 1,2 million de familles dans le besoin.

Ce qui équivaut globalement à six millions de personnes, dans le meilleur des cas, voire huit millions de citoyens démunis en Algérie. C’est beaucoup, énorme même, pour un pays qui se targue de disposer d’un matelas de 150 milliards de dollars. Le fait que chaque Ramadhan, le ministère de la Solidarité nationale s’astreigne à la «distribution», souvent médiatisée, de «vivres» aux familles démunies, en dit long sur le concept qui est celui des pouvoirs publics quant à la manière de trouver une solution à ce problème social qui perdure qui, en fait, pénalise plus qu’elle n’aide, les familles dans le besoin. D’autant plus que l’Islam recommande de faire le bien dans la discrétion. Ce qui n’est pas toujours le cas.

En effet, puisqu’il existe une liste des «ayants droit», pourquoi ne pas leur avoir distribué à l’avance, avant le début du Ramadhan, les rations que l’Etat leur alloue pour, à tout le moins, éviter ces afflux des familles au siège des APC et les tensions induites pour la réception de leur «couffin» du mois de jeûne. Or, on dit ici et là que ce ne sont pas toujours les vrais pauvres qui reçoivent leur dû.

Ce qui, semble-t-il, a incité les services d’activité sociale au niveau des communes et des wilayas à effectuer des investigations sur les personnes ayant bénéficié indûment de couffins de Ramadhan. Pourtant, les pauvres existent, mais ceux-là, il est vrai, ne sont pas visibles, même s’ils sont très nombreux. Normal, ils n’ont ni porte-voix ni organisation.

Ce qui sans doute explique qu’en dernier appel et en désespoir de cause, ces vrais laissés-pour-compte recourent à l’émeute, comme cela a été le cas récemment dans de nombreuses wilayas. «ô couffin sans fond, combien de mains te faut-il pour te soulever?», chante la grande diva kabyle, Malika Domrane, pour une offrande qui ne semble pas, néanmoins, destinée à ceux qui en ont le plus besoin en ces jours de Rahma.

N. KRIM

La lame de fond japonaise

Deuxième puissance économique mondiale jusqu'à un passé récent, le Japon n'occupe paradoxalement sur la scène politique internationale qu'une place discrète pour ne pas dire effacée. Ce pays ne fait pas parler de lui non plus quand il s'agit des questions de politique internationale.

Les médias du monde semblaient d'ailleurs l'avoir compris en détachant son attention de cet empire sereinement attelé à son destin de faiseur de miracles économiques, avec le travail comme religion et la performance comme seconde nature. Comme dans un accord tacite, l'opinion internationale la plus large ne donnait pas la moindre impression de vouloir savoir ce qui se passe dans ce pays.

Un géant de cette envergure aurait sûrement mérité plus d'attention quant à son mode de gestion et de fonctionnement, les courants d'opinion qui le traversent et le régime institutionnel qui préside à ses destinées. Sans doute que le fait d'être cité comme un exemple de réussite en matière de développement a éclipsé tout le reste au point que ce pays flirte avec la légende.

Pourtant, le Japon n'est pas un pays fermé, sinon il n'aurait pas réussi, autant parce qu'un Etat retranché sur lui-même est incapable de tels miracles, que parce que parce que ça fait longtemps que le progrès a déserté les contrées de la glaciation.

Pourtant, le Japon n'a pas arrêté de donner l'impression d'un pays trop confortablement installé dans ses certitudes pour être un espace vivant qui bouge à la vitesse de son temps et même un peu plus. Et si le Japon avait oublié qu'il n'y a pas que le travail dans la vie ?

Avec le «séisme» politique qui vient de le traverser par la victoire écrasante de l'opposition aux législatives, le Japon est peut-être en train de nous livrer une autre (ultime ?) performance : mettre le pied dans les palpitations que vivent régulièrement ses concurrents et, accessoirement, les plus puissants de ce monde.

On ne le sait pas encore, mais les prochaines années nous le diront, si le Japon a perdu ou gagné quelque chose en découvrant l'alternance.

Le paradoxe continue cependant, y compris chez les analystes avertis. Certains d'entre eux estiment que le changement peut être source de déséquilibre – ou de ralentissement – du développement et d'autres pensent au contraire qu'une nouvelle dynamique peut fructifier encore plus les capacités accumulées et le savoir-faire qui est toujours là, surtout que les signes d'essoufflement de l'économie sont largement antérieurs à l'arrivée toute fraîche de l'opposition aux affaires.

Le japon a peut être changé, mais il continuera d'étonner le monde. Avec cette fois un peu plus d'attention pour la lame de fond qui le traverse.

Slimane Laouari

Calculs obligent…

Des mois que le secrétaire général de la Ligue arabe n'a pas montré le bout de son cigare. C'est fait, Amr Moussa a dit son haut-le-cœur. Non pas à propos de Shimon Pères, la colombe qui s'entête à construire son nid sous le toit d'une colonie à Al Qods est.

Le secrétaire général des Vingt-deux s'est jeté dans la mêlée sans même attendre que la République islamique d'Iran réussisse sa médiation entre la Syrie et l'Irak. Amr Moussa sait ce qu'il avance, le régime de Téhéran se mêle trop de ce qui ne le regarde pas.

L'Egyptien propose que les pays arabes, concernés ou non par les ingérences iraniennes, se mettent autour d'une même table et regardent les mollahs dans le blanc de l'œil.

En s'attaquant frontalement aux héritiers de la vieille Perse, Amr Moussa s'exprimerait-il au nom de l'ensemble des sunnites du monde arabe qui, disons-le franchement, n'aspirent pas du tout à s'incliner devant le guide suprême, Ali Khamenei, ni à admettre demain une suprématie régionale qu'imposerait le monde chiite.

Qu'il sente bon au mauvais, la rose ou la poudre, dans les pays que le secrétaire général de la Ligue arabe n'a pas cités nommément, rien de sorcier à les deviner, les mollahs doivent cesser d'y fourrer leur nez. Ils auraient plus à y gagner en s'y fourguant le moins possible, leurs moindres faux pas post-présidentielle sont comptabilisés un à un.

Et ce n'est pas parce que l'autre Egyptien, le directeur de l'AIEA, n'a pas été assez sévère récemment à leur encontre (trop complaisant selon Tel-Aviv) qui leur offrira avantage. Car une République islamique d'Iran qui fait savoir son espoir de reprendre de nouvelles négociations sur son nucléaire à la veille de la réunion des Six et après tant de stagnation n'est pas pour berner Washington et ses alliés.

Eux qui attendent réponse à leur plate-forme de propositions depuis de longs mois. La charmeuse demande de la Russie, quant à l'adhésion de son allié iranien dans le système de sécurité énergétique de l'Europe, devra être fortement appréciée par les mollahs mais cela risque de ne pas être le cas chez les Occidentaux.

Qui d'Angela Merkel qui reste confiante dans la victoire de la CDU aux prochaines législatives, de Nicolas Sarkozy qui n'arrête pas de contempler la baie de la Rochelle et de Barack Obama qui a une migraine rien que de penser à sa réforme de l'assurance-maladie, aura le courage de décevoir le colon pèlerin Netanyahu ? Lui qui n'espère pas moins qu'un durcissement des sanctions contre la République islamique d'Iran.

La pochette surprise, dont le modèle déposé n'a pas été reçu officiellement par aucun des destinataires intéressés, ferait gagner au mieux à ses ficeleurs un peu plus de temps. Puisqu'il est vraiment peu probable que les mollahs évitent de monter sur l'échafaud.

Et c'est juste pour le fait qu'ils s'obstinent à défoncer le club privé des puissances nucléaires. Tout comme l'Egyptien Amr Moussa, les Occidentaux ne supportent plus de voir les mollahs partout où ils regardent. En Irak, où ils sont accusés de «manipuler» leur allié syrien pour faire émerger leurs intimes du bloc chiite irakien, le comble du paradoxe au regard des sunnites.

Au Liban, où Damas n'aurait plus grand-chose à faire. Le Hezbollah chiite, désigné pour être le bras armé de l'Iran, est capable seul de bloquer la formation d'un gouvernement d'union nationale. En territoires palestiniens occupés, où le djihad islamique ne serait plus la seule organisation armée affiliée à Téhéran, le Hamas bénéficierait de la bonté de ses autorités.

Ne serait-ce que pour répondre à cet inventaire, les Occidentaux se ligueraient au diable pour démontrer qu'il n'y pas que le nucléaire et les contestations post-élections qui sont susceptibles de renverser un régime. Menaces lourdes contre l'un de ses alliés et sanctions renforcées peuvent aussi être concluantes.

Anis Djaad

Khadafi, un dirigeant très courtisé

Mouamar Khadafi est un dirigeant heureux. Il l'est doublement : quarante ans de pouvoir sans partage et doyen des chefs d’Etat africain et arabe. Autoproclamé «roi des rois traditionnels d’Afrique», il dirige un pays riche en pétrole, le deuxième producteur du continent africain après le Nigeria. Hasard du calendrier, le guide de la révolution libyenne a fait en sorte que la commémoration de ce quarantième anniversaire coïncide avec la tenue du sommet de l’Union africaine (UA), deux mois seulement après avoir accueilli à Syrte le 13e sommet ordinaire de l’UA.

Un sommet auquel a pris part le président Hugo Chavez et qui s’est achevé sans mesures concrètes concernant les dossiers chauds africains. La Déclaration de Tripoli et le plan d’action adoptés par ce sommet se bornent à appeler les pays membres à «trouver des solutions urgentes aux crises et conflits», en particulier en Somalie et au Darfour. «Nous sommes pratiquement au même point que lors du sommet de Syrte. Il n’y aura pas de grandes avancées», a indiqué un ministre africain.

«Il n'y a quasiment rien de nouveau (...) Pour les Libyens, le sommet était juste un moyen de garantir la participation de chefs d'Etat aux célébrations du 1er septembre », a renchéri un autre. En effet, c’est sous une tente géante installée sur le port de Tripoli que s’est tenu ce sommet. Une fois clos les travaux de cette session spéciale de l’UA, les chefs d’Etat et de gouvernement africains ont été conviés à assister le lendemain 1er septembre à un défilé militaire et en soirée à un spectacle sons et lumière retraçant 40 ans d’histoire de la Libye sous la gouvernance de Mouamar Khadafi.

Véhicules blindés, transports de missiles, des fanfares de 17 pays, dont celles de France et d’Italie, se sont succédé durant deux heures sous les yeux du guide libyen, entourés des chefs d’Etat africain, dont le président Bouteflika et le Tunisien Ben Ali. En soirée, ce fut tout aussi grandiose. Portraits géants à la gloire de Khadafi, spectacle pyrotechnique, chorégraphie avec des centaines de danseurs, le tout réglé sur une mise en scène du Français Martin Arnaud, l’auteur de la cérémonie du Mondial de football de 1998 en France.

Les festivités vont durer six jours. La Libye a du pétrole (46 milliards de dollars de revenus à fin 2008) et donc de l’argent. Une population peu nombreuse : 5,7 millions d’habitants dont plus de 1,1 million de travailleurs étrangers. Mais un taux de chômage élevé de plus de 30 %. Le revenu par tête d’habitant – 9 600 dollars – est l’un des plus élevés du monde arabe.

Tirant les leçons de la chute du régime de Saddam Hussein, Mouamar Khadafi a mis aux vestiaires sa rhétorique anti-occidentale, ouvrant l’économie pétrolière aux compagnies américaines et multipliant les gestes en direction des capitales occidentales. En contrepartie de sa renonciation à soutenir divers mouvements et groupuscules dit révolutionnaires et de l’ouverture de son économie au capital étranger, le régime libyen est devenu fréquentable.

Mieux, disposant de six fonds souverains ou d’investissements – le premier, la Libyan Arab Foreign Investment Company (Lafico) fondé en 1981 – dont trois créés en 2006 grâce au pactole pétrolier, la Libye est très courtisée par les Occidentaux. Qui plus est, depuis que le régime libyen a émis le souhait de réduire ses dépôts en devises dans les banques étrangères, ces fonds souverains ont appelé à des partenariats avec des entreprises occidentales pour monter des projets en commun. Du coup, le regard de ces Occidentaux a changé.

Khadafi est invité de partout. Aux Etats-Unis – quand il s’agit de fric on sait ne pas être rancunier –, il a été autorisé à planter sa tente à Central Parc à New York. Fermant les yeux sur les violations des droits humains perpétrés par le régime libyen, l’Occident préfère axer sa dénonciation contre la Russie ou la Chine. Ainsi va le monde !

Par Hassane Zerrouky

Algérie : Bientôt la rentrée des classes

L’Etat, le pôvre !

En ce mois de ramadan où les gens fonctionnent selon la règle de l’à-peu-près, Me Ksentini, lui, s’avère d’une perspicacité hors du commun. Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l‘homme s’est aperçu qu’en matière de droits il y a un déséquilibre en Algérie et qu’il serait souhaitable de doter la CNCPPDH d’une sœur, la CNCPPDE, une Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Etat.

Me Ksentini estime qu’il reste encore à faire pour que la culture des droits de l’homme se généralise chez nous. «Les droits sont non seulement ceux des citoyens, mais aussi de l’Etat», dit-il. «Si l’on demande à l’administration de l’Etat de respecter les droits du citoyen, il faut que ce dernier respecte les droits de l’Etat» dit-il dans une logique qu’envierait le Farouk d’antan. Sauf qu’en règle générale nous n’entendons pas l’Etat ou ses représentants se plaindre de la hogra du citoyen, mais du «terrorisme» de l’administration.

Il faudrait être d’un certain niveau pour prétendre dépecer l’Etat, tondre ses caisses ou lui solder ses biens. Il est vrai qu’on cocufie à volonté l’Etat et qu’on dévoile ses intimités pour des gouttelettes de «gnole», qu’on s’attaque à sa religion, à ses repères, à son emblème, à ses constantes, sans épargner l’épopée libératrice ni ses héros. Mais qui aujourd’hui parmi nous peut violer impunément l’Etat ?

Est-ce vraiment le «citoyen» ce «dernier» ? Le seul à meubler les listes lorsqu’il faut disparaître ? Lorsqu’il arrive que les droits du «citoyen» et ceux de l’Etat se télescopent, ce qui devient fréquent, l’administré aura à choisir entre se la fermer, passer au dialogue en brûlant des pneus ou se résoudre à la harga. Un sujet que Me Ksentini doit maîtriser, lui qui sait que la meilleure façon pour un Etat de se faire respecter c’est d’être… équitable. En tout cas, l’Etat pourra toujours recourir à sa justice et à ses prisons pour se faire respecter. Mais quandw c’est l’Etat qui porte la responsabilité du viol des droits du citoyen, que doit faire ce «dernier» ? Mettre l’Etat en prison ?

M. Z.

Chavez, le dernier des révolutionnaires

«Fléau de l’oligarchie et héros des pauvres», n’importe quel petit peuple d’un Etat où qu’il serait situé n’entretiendrait que ce rêve consistant à avoir, un jour, le candidat à une consultation populaire majeure (présidence) porteur d’un tel slogan de campagne.

Hugo Rafael Chàvez Frias l’a fait, même si entre-temps il a dû passer par ce qui est qualifié par «l’Occident», relent d’exotisme oblige, de tentatives avortées de pronunciamiento. Son désir d’entamer une révolution, sa révolution prenait le pas sur toute démarche rationnelle aux yeux de ses proches en ce sens que l’amour de la patrie, voire celui des autres nations du continent le tenaillait comme cela a été le cas trois siècles plus tôt par Simon Bolivar, émancipateur en puissance des populations des colonies espagnoles.

Dès lors et durant deux jours, l’Algérie ne pourrait que s’enorgueillir de la présence sur son territoire d’un homme politique mortellement anticonformiste et dont la particularité reste sa distance par rapport à toutes les accointances possibles et inimaginables avec le politiquement correct. Et ce pour la simple raison que sa très forte personnalité s’inspire et appuie sur les suivants très forts principes théologiques «…parmi les éléments qui pourraient définir le socialisme du XXIe siècle, je dirai que la première est l’élément moral… le Che a beaucoup écrit sur la morale socialiste… Quelle que quoi soit la vision du monde que l’on a, il faut nous réapproprier le sens éthique de la vie… Aimez-vous les uns les autres ou aimez votre prochain», pour conclure qu’il faut lutter «…contre les démons que le capitalisme a semés : l’individualisme, l’égoïsme, la haine, les privilèges».

Le paradoxe de la situation est que cette apologie de la morale est battue en brèche, à tort ou à raison, par ses détracteurs dont les porte-paroles des droits de l’homme, une partie de la presse, quoique cette dernière présente des signes évidents de partialité acquise à l’opposition au «camarada presidente». En fait, tout plaide pour que ses détracteurs fournissent à l’opinion internationale l’image d’un agité politique… un fou furieux…

potentiel déstabilisateur du continent comme cela a été le cas, il y a quarante ans, pour Salvador Allende et à un degré moindre Omar Torijos. Pouvait-il en être autrement dès lors que Hugo Chavez prenait la décision de nationaliser les terres en friche des riches propriétaires et les redistribuer aux plus pauvres, ceux-là même ceux qui en avaient effectivement besoin et surtout le désir de les travailler, la mise en place de système de financement aidant à la création de microentreprises, l’interdiction des cultures OGM, celle de la pêche intensive et donc la protection de la biodiversité, la nationalisation tous azimuts de pans entiers de l’économie nationale (banques, télécommunications, électricité, pétrole, lait, ciment, aciéries, etc.).

Qui parmi les Algériens ne voit-il pas en Chavez la réplique d’un Houari Boumediene bouleversant en son temps les rapports Nord-Sud jusqu’à modifier des règles du jeu immuables et consacrer de nouveaux rapports basés sur le respect mutuel entre les Etats réputés forts et ceux sous-développés et/ou émergents.
En affirmant en 2008 que «les Farc [terroristes et preneurs d’otages pour l’opinion mondiale] ont un projet politique», et insister auprès des gouvernements

latino-américains et de l’Europe de les retirer (avec l’ELN la guérilla colombienne d’obédience guevariste) de la liste des groupes terroristes, il rejoignait incontestablement le défunt chef d’Etat algérien lequel, pour sa part, face aux plus puissants Etats du monde, alignait l’Algérie aux côtés d’une «Palestine… oppresseur ou opprimée».
Hugo Chavez, personnalité politique plébiscitée par les pacifistes et autres altermondialistes aura d’ailleurs été le premier et seul chef d’Etat étranger à s’impliquer dans le génocide commis à Ghaza en prenant la mesure radicale d’expulser l’ambassadeur… israélien.

En d’autres temps, le président vénézuélien, sans doute, n’aurait pas été fréquentable comme l’a été Castro, mais l’hypocrisie politique ambiante, les intérêts du capitalisme international font que les Grands ne peuvent que mettre sous le boisseau leur rejet épidermique d’un empêcheur de tourner en rond dont le seul tort est d’aimer son pays, le continent auquel il appartient. Un empêcheur de tourner en rond que l’Algérie accueille fièrement sur son sol.

A. L.

Recomposition en vue

Nous avons l’habitude de réfléchir en termes de continuité au lieu de rupture. On imagine l’évolution globale du pays comme s’inscrivant dans un processus de linéarité. Il ne manque plus que des scientifiques pour prétendre tout décrire par une fonction mathématique.

L’introduction dans la réflexion prospective d’éléments de rupture n’est plus crédibilisée, car que de prévisions qui intégraient la rupture et l’inversement des tendances en s’appuyant sur la logique des rapports d’opinion qui traversaient la société, s’étaient avérées peu conformes à la réalité basée sur la logique des rapports de force.
Faudrait-il pour autant renoncer à identifier dans tout processus dit d’évolution pour les uns et d’immobilisme pour les autres, une dose d’intelligence? Certainement que non, car tout ce qui s’entreprend répondrait à une logique politique basée sur des enjeux de pouvoir, et cela est valable pour tous les acteurs de quelque côté on les regarde.

Pratiquement, toute réflexion sur la saisie des données qui influencent l’évolution des variables politiques - il y en qui voudraient y inclure les variables sécuritaires - devrait obligatoirement tenir compte de l’existence de plusieurs acteurs représentant des groupes d’intérêts qui se soumettraient à des arbitrages de coordination pour arriver à des compromis.

Il arrive parfois une «rébellion» interne qui risque de produire un séisme politique dévastateur pour le système auquel se substitueraient d’autres systèmes portés par de nouvelles équipes qui proviendraient de l’opposition. Dans la survenance de tels cas, il y a des interventions de tous les groupes d’intérêts, sans exeption.

S. I.

Le Maroc s’isole

Alors que le Polisario glane de plus en plus de motifs de satisfaction, qui sont autant de victoires pour un peule colonisé, sur le plan diplomatique en élargissant le champ de sympathisants à sa juste cause (à l’instar des parlementaires français actuellement en visite sur les lieux), «l’épisode» libyen est venu rajouter une strate à son isolement.

Le palais royal illustre on ne peut mieux la formule du général Giap «l’impérialisme est un mauvais élève, qui n’apprend pas ses leçons», notamment, en ce cas, en faisant mine de ne pas comprendre que la position de Kadhafi est celle du leader libyen, et en même temps celle du président en exercice de l’UA, organisation qui par ailleurs s’est prononcée sur cette question.

Le Maroc refuse de se rendre à l’évidence et de voir la vérité en face, en se murant dans sa démagogie et en déployant une arrogance à l’endroit de la communauté internationale, à commencer par les résolutions de l’Onu, attitude que seul Israël peut lui envier en matière de mépris et d’outrecuidance.

Sauvé pour le moment par le tourisme, et c’est tant mieux pour le peule marocain qui par ailleurs ne mérite pas d’être ainsi gouverné, c’est ce même tourisme qui va finir par dévoiler aux yeux du monde la vérité sur ce régime d’un autre âge. Les dénonciations contre le déni de liberté du peuple sahraoui et contre les tortures, répressions et atteinte des droits de l’homme fusent de toutes parts. Et ça va continuer de plus belle.

N.S.