dimanche 13 septembre 2009

Le tablier cache-misère

E t voilà qu’on nous sort le… tablier. Manquait plus que ça. Au lieu d’en exiger le port par les élèves et de faire de cette coquetterie un tintouin de tous les diables, y’en a qui feraient mieux de rendre le leur, je te dis ! En soi, ce n’est bien sûr pas une mauvaise chose, le tablier. Pas de doute. Ça donne l’illusion d’une école nickel. D’une institution tirée au cordeau.

Vu de l’extérieur, et de loin, tu verrais ces marées ondoyantes de petites bonnes femmes et de petits bonshommes en rose et bleu, tu croirais à un champ de fleurs ondulant à la brise du printemps. Surtout le bleu et le rose, mamma mia ! Un printemps perpétuel. Et universel. Ces couleurs le sont, si, si ! Tu te demandes d’ailleurs comment les gardiens du semi-universel ont laissé passer ça ! Le bleu et le rose ne sont-ce pas par hasard des couleurs de koffar ?

Bleu, c’est pas dans le drapeau des autres, déjà, et rose dans celui du minitel ? Achtung ! Vigilance, mes frères. Notre authenticité est menacée. Ils veulent faire rentrer par la fenêtre ce que nous avons chassé par la porte. Je propose, pour rester semi-universel jusqu’au bout de la palette, le vert pour les filles et le vert pour les garçons. Vertmosquée s’entend. Après, tu peux broder un chouia, si tu veux : vert-rose, vert-bleu… Devant ces merveilleux bouquets, tu ne focalises plus que sur ça et tu te masques toimême tout le reste : les bâtiments et les programmes déglingués de nos écoles, collèges et lycées, la perte de valeurs élémentaires de respect, la culture de l’intolérance et de l’irrationnel, la violence, la triche, la loi de la jungle et j’en passe.

Si l’Ecole prépare à la vie, l’Ecole algérienne prépare indiscutablement à la vie en Algérie. Elle t’apprend à cogner et à t’en remettre à Dieu. De quoi conquérir l’avenir avec ta tête. Mais pas comme logement du cerveau. Plutôt comme arme d’attaque. Quelques fractions de secondes avant qu’un assassin ait osé appuyer sur la gâchette qui a rendu orpheline une nation, Boudiaf était en train de dire : l’Ecole de notre pays est sinistrée. Et bien, mettez-lui un tablier et tout ira mieux ! Vêtissez-la d’une blouse et on n’y verra que du feu. Mais arrêtons de faire la fine bouche !

Ça ne fait rien, l’uniforme, c’est bien, la preuve est que ça uniformise ! Mais ça désillusionne aussi. Il n’est pas avéré que l’uniforme fait l’armée. C’est plutôt l’inverse. Ce n’est pas parce que tu habilles à l’identique tous les gosses que tu feras de ton école un moteur pour l’avenir. Avantage accessoire du rose et bleu : ça ne peut que faire du bien aux fabricants et aux marchands de tablier dont quelques-uns ont déjà sorti les carnets de commandes. Encourager le privé national non exploiteur ? Allez, les Verts ! Donc, au fond, pourquoi pas, le tablier… Sauf que. Oui, sauf que, comme d’habitude, la décision est hâtivement prise.

On tire d’abord, on discute ensuite. La règle d’or du farwest sévit en nos contrées. Si hâtivement du reste qu’on se demande si ce n’est pas pour faire diversion de cette énormité qui a consisté à bricoler une solution à la semaine pédagogique consécutive au changement de week-end. Le tablier te remplit la pupille, ne regarde pas les ruines possibles de ce bricolage. Car, franchement, sans vouloir jouer les renâcleurs, affubler toutes les filles de tabliers roses et les garçons de bleu, ça change quoi au sinistre qui tenaille notre école ?

L’argument de notre lutteur de classes de ministre est que, au moins comme ça, on ne distinguera plus les élèves riches des pauvres. Tous les élèves seront confondus par la couleur de leurs tabliers jusqu'à composer une photo de classe égalitaire. Tu as beau la retourner dans tous les sens, cette photo, tu ne verras pas les inégalités. Le tablier les occulte, il ne les supprime pas. Autant pour l’argument ministériel !

Même l’uniformisation de l’apparence est relative. On peut parfaitement faire coexister sur la même photo de classe un tablier rose taillé dans le tissu Hermès avec un autre, coupé, lui, dans du nylon au fond de quelque poussiéreux atelier de Shanghai ou de Sidi- Khayat. De loin, tu verras certes deux tabliers roses, mais en t’approchant, tu t’apercevras que le masque ne tient pas.

Et puis, quel est le but pédagogique et social de loger tous les élèves aux mêmes couleurs ? Montrer que nous sommes une société sans inégalités ? Dans les écoles, c’est un peu vrai, étant donné que ceux-qui-en ont mettent leur progéniture dans d’autres écoles que celles de l’Education-nationale-pour-lepopulo. Notamment dans les écoles privées, dans des lycées étrangers ou carrément à l’étranger.

Donc, il n’y pas de risque, au collège de Ouled Boudjeghlal ou à l’école primaire de Bordj- Bou-Fartouta, que les inégalités soient structurelles entre les élèves. Elles ne le sont que d’échelle. Un peu plus débrouillards là, un peu plus honnêtes ici, et voilà le tableau !

Et, de toute façon, si l’argument est d’uniformiser l’aspect extérieur pour ne pas donner à voir les inégalités sociales, je propose qu’on étende le tablier à toute l’Algérie. Toutes les femmes en roseguimauve et les hommes en bleu de Chine : on ne verra plus qui ripaille et qui crève la dalle. Ainsi, nous serons un peuple de frères et sœurs! Avec leur tablier cache-misère, qui cache en réalité la misère intellectuelle des artisans de ces leurres, et même dans des situations pas rigolotes du tout, ils arrivent à nous faire rire quand même ! Sacrés farceurs.

Par Arezki Metref

C'est l'école aujourd'hui

Si tout se passe bien, car on ne sait jamais, des millions d'élèves prendront ou reprendront le chemin de l'école. On ne sait jamais, parce qu'au vu de tout ce qui l'a précédée, il n'est pas évident que cette rentrée soit comme les autres. Même s'il est acquis que les écoles vont ouvrir leurs portes et les enfants vont s'y engouffrer pour une reprise symbolique, la suite ne s'annonce pas toute en sérénité.

Mais c'est déjà ça de pris quand on sait que bien avant cette date, des âmes particulièrement inspirées ont fait entendre leurs voix pour une revendication tout à fait saugrenue.

On ne sait pas si ces voix ont officiellement saisi le ministre de l'Education, mais on sait qu'elles se sont, le plus sérieusement du monde, exprimées à travers certains médias pour demander le report de la rentrée scolaire pour leur permettre de «préparer» tranquillement l'Aïd.

Le début d'une année scolaire de leur progéniture étant donc quelque chose de tout à fait accessoire, il faut la renvoyer, l'éclipser pour faire de la place aux «choses sérieuses».

De la part de parents qu'on a rarement entendu sur les programmes, la qualité des enseignants, les horaires, la pédagogie, les cantines ou le sport à l'école, il est vrai qu'on n'attendait guère mieux, mais on ne savait pas qu'ils allaient pousser les choses jusqu'à dire publiquement et avec autant de désinvolture que la rentrée des classes était le dernier de leurs soucis. Et puis cette histoire de tabliers introuvables. Après le coloris bleu, voilà que le rose devient à son tour problématique.

C'est demain la rentrée scolaire, mais ce n'est jamais évident avec des directeurs d'école qui jurent leur intransigeance : pas question de laisser entrer le moindre bambin sans tablier. Ils ferment les yeux sur beaucoup de choses pas très nettes, mais le bleu et le rose, on ne joue pas avec.

C'est le retour à la maison assuré pour le mioche qui ne s'y soumettra pas. Pour le énième nouveau programme, les horaires impossibles et les toilettes débordantes, ce n'est pas l'affaire des dirlos. Les vacataires impayés depuis l'an passé, les autres vacataires qui vont perdre leur emploi et les titulaires sans logement, ce n'est pas leur affaire non plus. Ils appliquent les «instructions»

On ne sait pas de quoi les prochains jours de l'école seront faits, mais on sait que demain c'est la rentrée. Pour ce premier jour, on ne va quand même pas empêcher des élèves de rentrer parce que la couleur du tablier n'est pas de rigueur, on ne va pas anticiper sur un débrayage annoncé des enseignants et on ne va pas répliquer à quelque pédagogue grincheux qui aura dit tout le bien qu'il pense des nouvelles méthodes. Demain on ne fera rien. C'est la rentrée.

Slimane Laouari

Forcément irrésistibles

Il est temps que tout le monde en prenne conscience, l'Amérique ne peut pas tout faire toute seule. Le propos, sinon l'aveu, est de Philip Gordon, le secrétaire d'Etat adjoint qui est à l'affût de tout partenariat qui pourrait aider l'empire à surmonter ses craintes. Sans le vouloir, il l'a laissé sous-entendre : la bonne entente entre Barack Obama et Dimitri Medvedev, le Président qui a jugé son pays arriéré et corrompu, n'est pas pour changer la face du monde.

Une Fédération de Russie qui se limite à céder le passage à l'Otan sans aller jusqu'à détruire les champs de pavot en Afghanistan et qui déroule le tapis rouge à Hugo Chavez au moment où les Etats-Unis tentent de renverser la couscoussière néo-socialiste en Amérique latine ne peut être considérée comme un partenaire fiable.

Il est tout à fait naturel que quand l'Amérique se tourne pour chercher des partenaires, c'est sur ceux de l'Europe qu'elle tombe. Ses alliés. Sur qui elle peut compter pour normaliser la situation en Afghanistan parce que Robert Gates n'aime pas parler en termes de victoire ou de défaite du côté de la vallée de Swat ?

Vers l'Allemagne, où le sauvetage in extremis d'Opel va peser lourd sur la balance électorale, la CDU d'Angela Merkel devant rafler la mise ? Vers l'Italie de Silvio Berlusconi, qui a juré qu'il n'a jamais sorti une lire de sa poche (en fait un euro) pour payer une prestation extraconjugale et qui, devant un Zapatero médusé, s'est dit être le meilleur président du Conseil que son pays n'a pas eu depuis 150 ans ?

Vers la France de Nicolas Sarkozy, dont le ministre de l'Intérieur ne ferait plus la différence entre un Maghrébin et un Auvergnat ? Tout formidable qu'il est, Barack Obama n'est pas un magicien et il est impensable qu'il puisse cloner les 200 soldats supplémentaires que Madrid va envoyer en Afghanistan.

Sa politique étrangère ayant pris douche froide sur douche froide durant tout l'été, il a fini par succomber à des charmes irrésistibles mais si amers au travers de la gorge.

Après des mois de confrontation en public, l'Amérique d'Obama se prépare en coulisse à des négociations directes avec le régime ermite nord-coréen sous le prétendu parapluie des «six».

Après des années de défi, elle acceptera en outre de négocier la dernière offre des Iraniens alors que celle-ci occulte totalement le volet nucléaire. Reconnu pour être l'homme de tous les dialogues, le président Obama aurait-il cédé si la politique du bâton qu'il a hérité de W. Bush s'est soldée par des résultats concluants ? Il aurait certainement voulu s'asseoir à la table de toutes les négociations sous aucune contrainte.

De son propre gré. Mais cela implique un soutien sans faille. Particulièrement, celui de ses alliés du Vieux qui ne leur manquent plus que de se noyer dans le «lait de la discorde» que les agriculteurs européens déversent à tour de bras. Sans eux et sous la pluie, le huitième anniversaire du 11 septembre a semblé beaucoup plus affligeant que toutes les fois passées.

Par Anis Djaad

Le linge sale musulman et algérien s’est lavé sur France 5

«Je ne veux pas faire la police au nom de l’Islam, mais la cible est loupée.»
Malek Chebel

Au moment où France 3 diffusait un documentaire sur l’Islam, sur France 5, au plateau de l’émission Café Picouly, un débat houleux se déroulait entre deux personnalités algériennes, Malek Chebel et Mohamed Sifaoui. L’un défendait l’Islam et ses valeurs, l’autre poursuit sa haine contre l’obscurantisme des intégristes. Dans tous les cas de figure, l’Islam était au centre des débats et de la polémique.

On commence à s’étonner d’ailleurs de l’acharnement de France Télévision sur l’Islam en plein Ramadhan. Au moment où celle-ci consacre sa technologie numérique pour colorer des images de la Seconde Guerre mondiale et remettre une couche sur l’extermination de 6 millions de juifs, dans le documentaire Apocalypse de Robert Costelle, l’auteur inoubliable du Monde en guerre dans les années 80.

Mais en mettant face-à-face deux acteurs des débats sur l’islamisme religieux en France, la Télévision française voulait rajouter une couche, elle aussi, et donner une mauvaise image de l’Islam en France. Au menu de cette soirée une diatribe qui fait tourner un darwish durant ce mois sacré de Ramadhan: «Peut rire de l’Islam?» Alors que l’objectif c’est de débattre de la dernière trouvaille de Mohamed Sifaoui, une bande dessinée intitulée «Ben laden dévoilé».

On se demande où est la relation entre l’Islam et Ben Laden. Cherchez l’erreur? Mohamed Sifaoui, journaliste algérien exilé depuis 11 ans en France, qui a fait de la dénonciation de l’intégrisme religieux son cheval de Troie, poursuit son combat intellectuel contre le terrorisme en s’attaquant avec des dessins à Ben Laden. Pour critiquer l’oeuvre et débattre de la question, France 5 n’a pas trouvé mieux que de mettre le journaliste excité en face d’un islamologue réputé, Malek Chebel.

Un rencontre explosive qui a tenu toutes ses promesses puisque les deux hommes sont connus pour être comme tous les Algériens, des personnes franches et directes. Quoi de mieux, se dit France 5. Une polémique créée par des musulmans sur l’Islam, c’est bien et ça fait de l’audience. La bataille verbale et intellectuelle avec la langue de Voltaire était lancée quand Malek Chebel dit à Sifaoui: «Des frères musulmans m’ont conseillé de ne pas te rencontrer car tu es un ennemi de l’Islam.» Chebel rajoute: «Ton parcours est connu. Après avoir épuisé tes cartes à poursuivre Ben Laden, après avoir échoué dans ton attaque contre les Chinois, tu reviens à la charge des islamistes avec une BD...Ton oeuvre ne vaut rien, elle est dépassée.»

Avant de rajouter: «Tes attaques contre l’Islam donnent une légitimité aux intégristes.» Il ne faillait pas plus pour faire sortir Sifaoui, l’intellectuel algérien retourné, de sa légendaire colère rouge et bleue. «Tu es une personnalité archaïque et un conservateur», lui répond-il avant d’indiquer que son combat, il le mène contre les intégristes et islamistes et non pas contre l’Islam. Chebel, toujours calme et serein, lui répond: «Je ne suis pas le défenseur de l’Islam et de l’Algérie, mais la cible est loupée.»

L’animateur tente de calmer les esprits dans ce décor de café maure où se mêlent bière et cassis. Mais la balle est sortie, le linge sale musulman et surtout algérien était lavé sur France 5, mais pas en famille. Les deux hommes se sont ainsi échangé les amabilités intellectuelles sur une télévision française en serrant la main à la fin de l’émission, mais le débat fut houleux avec une seule victime: l’Islam et les musulmans.

Amira SOLTANE

Rentrée

Les rentrées scolaires se suivent et se ressemblent. Du moins telles qu’elles nous sont montrées par la télévision: d’abord on insiste lourdement sur la préoccupation des hauts responsables de l’Administration et on multiplie les citations qui expriment leur intérêt vers ce secteur tant décrié par les sociologues, les pédagogues et démenti par les résultats finaux. Après le défilé des portraits des responsables, nous avons le privilège d’entrer dans les cours aménagées d’écoles neuves où des élèves impeccables, habillés tous de tabliers pro-pres uniformes, alignés en rangs bien distincts devant la levée des couleurs...Un rêve quoi!

Des enseignants de bonne humeur, des classes équipées de matériel neuf, tableaux blancs, tableaux verts, des piles de livres tout droit sortis des imprimeries, ordinateurs et une discipline qui jure avec le comportement ordinaire de ces garnements quand ils n’ont pas de caméras devant eux.


Et tout se passe dans un climat de sérénité et de calme étonnants: seule la voix monocorde du reporter vous inonde avec une avalanche de chiffres difficilement assimilables tant le débit est dru. Qu’importe! Il faut donner l’impression que le pays avance et que des progrès sont accomplis chaque année dans toutes les directions, que cette année sera meilleure que celle qui s’est écoulée et bien moindre que celle à venir. Cela est aussi vrai que la Révolution continue: la preuve c’est que même les non-voyants vont bénéficier de nouvelles dispositions.


On ne se lasse pas d’écouter le nombre de nouvelles unités scolaires réalisées et réceptionnées, le nom-bre de nouveaux élèves inscrits, le nombre d’enseignants mobilisés afin que la rentrée scolaire puisse démarrer sur les chapeaux de roues. Les interviews de responsables optimistes quant au bon déroulement de la rentrée. Cette année, même le secteur privé occupe une place de choix dans le projet pour former, éduquer une nouvelle génération d’Algériens.


Après avoir ingurgité une certaine somme de données difficiles à contrôler, le téléspectateur se sent pris d’un certain malaise où le déjà vu se mêle à l’incomplet: en effet, il manque dans ce beau ramassis de demi-vérités assénées avec un fort débit l’autre son de cloche! On n’a pas vu ou entendu le point de vue du consommateur, c’est-à-dire en premier lieu, des parents d’élèves qui sont les premiers concernés par cet évènement itératif. A combien s’élèvera le coût de cette nouvelle rentrée?

Outre l’acquisition d’un nouveau trousseau qui (heureusement) coïncidera avec les habits neufs de l’Aïd, on n’est pas renseigné davantage sur l’évolution des prix des fournitures scolaires et leur impact sur un budget familial déjà aplati par un mois de Ramadhan...


On n’entendra pas les principaux concernés, c’est-à-dire les enseignants ou leurs représentants syndicaux, pas plus que l’on ne saura rien sur la charge moyenne des salles de classe. Il y a une impasse totale qui est faite sur les nouveaux statuts de la Fonction publique et les augmentations de salaires attendus depuis si longtemps que certains enseignants en ont perdu l’espoir. On ne sait rien des classes qui ferment dans certaines régions, faute d’élèves comme on effleurera à peine le problème du ramassage scolaire.

Il faut aussi noter l’absence de tout sujet relatif au problème du logement des enseignants,ni du nombre de membres de ce corps professionnel atteints chaque année de dépression nerveuse.
Faudra-t-il classer cette affection comme maladie professionnelle? Une chose est sûre cependant: la mesure prise par le département de M.Benbouzid d’exiger le port du tablier pour les écoliers, fera de l’année 2009-2010, une année «bi-textile»!

Selim M’SILI

Ces eaux qui tuent

Le mauvais temps a encore fait des siennes ce week-end en diverses régions du pays, notamment dans le Sud où il a été déploré des victimes, parmi lesquelles le chef de la daïra de Brida (wilaya de Laghouat), emportées par les crues des oueds ou noyées dans les inondations. On a peine à croire qu’en 2009, les eaux puissent encore tuer des personnes. Pourtant c’est ce que nous apprennent les services de la Protection civile mobilisés sur les lieux. Les pluies saisonnières, qui font monter les eaux des oueds, continuent ainsi à endeuiller des familles, comme cela a été le cas à Naâma ce vendredi lorsqu’une famille de quatre personnes a été emportée par la crue de l’oued.

Quand ce n’est pas la route, responsable de la mort de centaines de personnes, ce sont les éléments de la nature (crues des oueds, inondations ou foudre) qui font des victimes de plus en plus nombreuses parmi les Algériens. Est-ce une fatalité que les Algériens paient un tel tribut du sang? Certes pas! Pour ce qui est des crues des oueds, très courantes en ces périodes de l’année, il incombait en premier lieu aux édiles de faire le nécessaire pour que de tels faits ne se reproduisent pas, ne serait-ce que par le curage des lits des oueds pour qu’ils ne débordent pas lors des fortes pluies d’automne. Est-ce que cela a été fait, ou est fait avec constance?

Il est permis d’en douter. Est-il normal que l’on puisse continuer à mourir en Algérie du fait des pluies, aussi abondantes puissent-elles être? La régularité même de ces pluies et crues saisonnières aurait dû inciter les communes à mieux prendre en charge l’entretien des oueds pour parer aux dégâts matériels et surtout aux pertes humaines qu’occasionnent chaque année les débordements des eaux de nos ruisseaux, qui ne sont quand même pas des fleuves difficiles à gérer.

Dès lors, il faut bien incriminer quelque part les défaillances de nos édiles communaux pour qu’ils prennent correctement en charge tous les aspects de la gestion de leur municipalité, y compris l’assainissement régulier des oueds et des voiries communales souvent oubliés, qui ne font pas l’objet d’entretien que leur état nécessite. Ce sont là des choses qui se font durant la période creuse de l’été.

Or, ce n’est pas toujours le cas, avec pour conséquence des inondations catastrophiques et des crues qui induisent des pertes en vies humaines pouvant largement être évitées. De fait, ces défaillances de la gouvernance communale sont induites par le faible niveau des édiles municipaux souvent «cooptés» plutôt que choisis sur des critères de compétence, d’intégrité et disposant des capacités de gestion reconnues. On oublie souvent que l’APC est un «gouvernement» qui gère une unité territoriale: la commune.

Qui dit gouverner dit gestion, savoir-faire et suivi, en un mot, avoir un programme sur le moyen et le long termes. Il faut également relever que la «commune» algérienne comprend parfois plusieurs localités qu’à l’évidence, il n’est pas toujours aisé de gérer correctement. Ceci explique sans doute cela, mais qui ne saurait être une excuse face aux faiblesses de la gestion des communes.

Aussi, il faut sans doute multiplier par trois ou quatre le nombre des municipalités algériennes (actuellement au nombre de 1541) pour qu’elles soient réellement prises en charge et qu’il n’y ait pas surcharge, avérée ou non, qui laisse en marge de la gouvernance municipale des centaines de localités et villages. Ainsi, il a été déploré la mort d’une dizaine de personnes emportées par les eaux lors du week-end.

Nous persistons à dire que ce n’est pas normal que des Algériens puissent mourir en 2009 du fait d’une inondation ou de la crue d’un oued, aussi marquantes soient-elles. Aux autorités publiques et locales de prendre et d’assumer leurs responsabilités. Chaque mort sur la route, chaque mort du fait des éléments de la nature, souvent par imprévoyance est, et reste, une mort de trop.

N. KRIM

Ah La bavure !



Par Hakim Laâlam
Email : laalamh@yahoo.fr
Echange deux coupons de tissu rose et bleu contre…

… Mercedes classe C

Je ne vois pas d’autre explication plausible ! Ali Tousni, patron de la police algérienne, a été «vaincu par le ramadan» ! On ne peut interpréter autrement sa toute récente déclaration dans laquelle il affirme que la criminalité a augmenté et que le terrorisme continue de sévir. Quelle mouche a piqué Tounsi pour qu’il dise cela ? Ne sait-il pas qu’en Algérie, sous le beau ciel bleu d’Algérie, la criminalité ne peut que baisser ? Sait-il aussi que dans le pays de la concorde, de la réconciliation et de l’amnistie générale, totale, entière et pleine à raz-bord, le terrorisme ne peut qu’avoir été vaincu et les 647 derniers tangos encore au maquis totalement isolés, désespérés et sur le point d’être éradiqués par la… peste noire ? Apparemment, le premier flic du pays ne le sait pas. Et c’est grave ! En cela, il lui faut – me semble-t-il — mettre à jour son logiciel du parfait responsable algérien. Je lui propose de suivre les exemples exemplaires des autres responsables du pays. Comme celui de cet ancien ministre de la Santé, aujourd’hui appelé au chevet de nos moyens de transport et qui affirmait, à propos de la grippe aviaire : «Les oiseaux migrateurs porteurs potentiels du virus partent d’Europe pour se diriger vers l’Afrique, mais une fois en vue de nos frontières, ils bifurquent par la Tunisie. Et ainsi, nous serons épargnés.» Voilà M’sieur Tounsi comment doit parler un responsable algérien vraiment responsable. Il doit rassurer à tout prix. Même dans les pires moments. Prenez exemple, Si Ali, sur cet autre haut responsable répondant au doux nom de «Aâmi Boualem». C’est un modèle du genre. Lui, placide, imperturbable devant les citoyennes et les citoyens qui fouillent les poubelles pour pouvoir nourrir les leurs, viendra se planter devant vous à chaque fois qu’il le faudra pour jurer qu’il n’y a pas de pauvres en Algérie. C’est de ce genre de discours dont a besoin le pays. Et surtout pas d’un flic qui vienne nous saper le moral et nous gâcher la chorba avec ces histoires abracadabrantes de criminalité et de terrorisme en hausse. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L.

Rentrée 2009 : Tout est prêt !

Les imprimeries publiques de presse : une arme politique coûteuse

Le syndicat des travailleurs de l’une des deux imprimeries d’État a écrit au Premier ministre pour se plaindre des interférences, dommageables à la gestion de leur unité, du chef de cabinet du secrétaire d’État auprès du Premier ministre chargé de la Communication.

La lettre confirme d’abord l’absence, chez nos dirigeants, de tout souci de rentabilité en matière d’imprimerie et de publicité conçues comme des armes de contrôle de l’expression publique. En la matière, l’argent est le nerf de la guerre. Il faut le dépenser quand il s’agit de brouiller le message de la critique en finançant le message parasite de la louange.

Le principe de commercialité peut cependant être invoqué quand il sert la stratégie d’étouffement de l’expression autonome. La dernière fois que le pouvoir en fit usage, c’était en 2003, à la veille de la campagne pour le deuxième mandat. Les imprimeries durent dénoncer l’article des conventions relatif au délai de paiement de soixante jours pour exiger subitement que les factures d’impression soient honorées sur-le-champ, y compris celles qui n’étaient contractuellement pas arrivées à échéance ! Cela concernait “les journaux qui paient” ; les titres qui bénéficiaient, et bénéficient encore, d’un tacite mémorandum et continuent à accumuler les dettes, celles justement à l’origine de la réaction alarmée du syndicat de Simpral.

On apprend aussi que c’est le chef de cabinet du secrétariat d’État qui ordonna que “l’impression des journaux ne doit pas avoir lieu durant la nuit du jeudi au vendredi”, empêchant la presse de paraître le vendredi et malgré un réaménagement de la semaine de travail introduit par l’État ! L’auteur de l’instruction invoquait l’argument selon lequel cette nuit était “réservée à la maintenance” pour des équipements qui nécessitent et se suffisent d’un entretien diurne et quotidien.

Cet épisode nous donne enfin la confirmation matérielle de la relation d’autorité qu’exerce le pouvoir exécutif sur le “pouvoir” législatif, lui aussi converti en arme politique contre les libertés syndicales et de presse : le secrétaire général du secrétariat d’État a ordonné, et par écrit, la suspension de l’application d’une décision de justice qui donne gain de cause à l’imprimerie contre ses créanciers. Pourquoi, en l’espèce, l’État défendrait-il de mauvais payeurs privés contre les intérêts d’entreprise d’État ?

Il est clair que la finalité de ces abusives pratiques — l’intervention autoritaire de la tutelle, le dorlotement de la sensibilité islamiste, la manipulation arbitraire des règles commerciales — est de brouiller, sur le compte du Trésor public, le message médiatique et d’empêcher la concurrence, et donc le lecteur, d’influer sur la formation du paysage médiatique. Le monde de la presse est dispensé de tout effort qualitatif et ainsi maintenu dans la médiocrité d’une édition de rentiers. Le pouvoir ferme les yeux sur les créances de ses débiteurs qui le paient en fermant les yeux sur ses excès.

Que reste-t-il de la liberté de la presse alors que l’audiovisuel est prisonnier du pouvoir absolu et que la presse écrite privée, déjà d’influence marginale, est pervertie par le détournement politique du potentiel public d’édition et d’impression ?

Par :Mustapha Hammouche

Des millions d'algériens se dirigent vers les écoles aujourd'hui

Harga “sud-sud”

Mais il n’y a pas que la migration clandestine en direction du Nord. Il y a aussi des harragas “sud-sud”. Sur ce point bien précis, l’Algérie est aujourd’hui considérée comme un pays d’accueil de l’immigration clandestine en provenance non seulement de la sous-région, mais également de pays lointains tels que l’Égypte et le Soudan.

On a souvent tendance à trop focaliser sur le flux migratoire légal ou clandestin en direction du Nord. Les images des harragas algériens, repêchés sur les côtes italiennes, ont fait le tour du monde révélant des drames humains et des situations jamais vécues auparavant.

Les raisons qui poussent des Algériens à risquer leur vie dans leur traversée de la Méditerranée pour joindre l’autre rive sont multiples. Au-delà de la malvie et de l’absence de perspectives qui plombent le pays, il y a aussi le durcissement des politiques de visa et la fermeture de l’Europe au Sud. Les quotas dont bénéficient les pays de la rive sud sont insignifiants par rapport aux besoins exprimés.

Du coup, ce sont tous les discours sur la libre circulation des personnes qui tombent à l’eau.
Mais il n’y a pas que la migration clandestine en direction du Nord. Il y a aussi des harragas “sud-sud”. Sur ce point bien précis, l’Algérie est aujourd’hui considérée comme un pays d’accueil de l’immigration clandestine en provenance non seulement de la sous-région, mais également de pays lointains tels que l’Égypte et le Soudan. La recherche d’une vie meilleure motive des centaines de candidats à voyager et à s’installer illégalement.

En Algérie, le phénomène a pris de l’ampleur ces dix dernières années. À la faveur des projets lancés dans divers secteurs d’activité et notamment dans l’habitat, les immigrés clandestins considérés comme de la main-d’œuvre à bon marché ont été souvent recrutés dans des chantiers du BTP ou pour la construction de maison individuelle.

D’autres s’installent en revanche pour faire fructifier des affaires liées au trafic en tous genres. Mais les lois sont claires et le sort des clandestins, une fois arrêtés, est scellé. Ils sont reconduits aux frontières puis refoulés.
Et la question revient lancinante. Peut-on arrêter les mouvements migratoires qui représentent chaque année quelque 200 millions de migrants dans le monde ? La problématique apparaît ainsi complexe et pose inévitablement à nouveau les enjeux du développement et de la prospérité partagée.

Par :Salim Tamani

Aberration israélienne

Du jamais vu depuis 1948, Israël qui décide de saisir l’ONU à la suite de tirs de roquettes depuis le territoire libanais ! C’est quelque chose de vraiment inédit, et venant d’Israël, cela étonne et interpelle à la fois pour la simple raison que depuis sa création en 1948 par un vote de l’ONU, celui-ci n’a jamais reconnu une quelconque autorité internationale représentée par les Nations unies.

On ne compte plus ses violations de toutes sortes, et les annales de l’ONU comportent des milliers de textes de ce genre, condamnant rarement Israël en raison de ses soutiens toujours prêts à bâillonner l’organisation internationale, mais lui enjoignant constamment, et c’est le minimum qu’elle puisse faire, de respecter les frontières des pays voisins, de s’en retirer, et lui rappelant l’interdiction de certaines pratiques comme le bombardement de zones civiles, et l’usage d’armements non conventionnels.

Et dans ce fait inédit, Israël prend évidemment ce qui l’arrange. Alors même qu’il y a un paquet de résolutions vieilles parfois de plus de trente ans, comme la résolution 425 de 1978 lui demandant de se retirer de l’ensemble du territoire libanais, et conserve toute sa validité pour n’avoir pas été appliquée intégralement. Israël ne prend en considération que la 1701 de 2006 qui a trait, quant à elle, à l’armement du Hezbollah libanais et des organisations palestiniennes présentées comme des milices étrangères.

Comme si cette situation n’avait pas elle aussi de raisons objectives, comme la poursuite de l’occupation israélienne des fermes de Chaba que le Hezbollah met en avant pour conserver son armement, avec le soutien des autorités et de partis politiques libanais qui les considèrent comme les armes de la résistance.

En porte-à-faux avec les traditionnels soutiens d’Israël qui ont bien entendu condamné les tirs de roquettes, oubliant la problématique soulevée par le Hezbollah qui se présente d’abord comme un mouvement de résistance. Au même titre que les Palestiniens qui poursuivent, eux aussi, leurs actions de résistance, avec le plein soutien du président Mahmoud Abbas, partisan, comme il le dit, d’une intifadha démilitarisée.

Israël veut des voisins qui lui soient totalement soumis, sans jamais reculer devant une quelconque manière, les guerres d’ailleurs ne produisent rien qui soit humain. C’est donc une évidence de dire qu’Israël se livre à des pratiques inhumaines comme le fait d’affamer des millions de Palestiniens, les priver de moyens de subsistance, et aussi de soins.

Les Libanais, surtout ceux de la partie méridionale, vivent dans la hantise de l’explosion de bombes à sous-munitions larguées par l’armée israélienne. Et Israël en appelle à l’ONU avec une plainte en bonne et due forme, mais que l’on ne se trompe pas, ce n’est pas une aberration.

Rien en effet n’exclut que cette démarche en cache d’autres liées très probablement à ce frémissement diplomatique qui concerne la paix au Proche-Orient et le refus d’Israël d’y souscrire. Car n’oublions pas que l’ONU a été amenée à entériner des situations en flagrante opposition avec sa doctrine qui est de préserver la paix.

Par T. Hocine

Entre optimisme et appréhensions

C’est la rentrée scolaire. Après des vacances qui auront duré plusieurs mois, des millions d’élèves reprennent le chemin de l’école. Eux, autant que leurs parents, espèrent ardemment que l’année scolaire qui vient de débuter sera couronnée de réussite.

Du côté des pouvoirs publics, la tendance est à l’optimisme. On n’a guère lésiné sur les moyens, humains ou matériels, pour faire en sorte que cette énième rentrée soit une totale réussite en tous points de vue. Dans ce cadre, les statistiques sont révélateurs des efforts déployés par le département de l’Education nationale qui, est-il nécessaire de le rappeler, consomme annuellement 500 milliards de dinars (7,5 milliards de dollars), soit le quart du budget de l’Etat.

En 2008, le taux de scolarisation des enfants âgés de 6 ans était de 97% au moment où celui relatif à la tranche 6 ans/15 ans était de 95%, ce qui atteste la pérennité de la politique de scolarisation obligatoire. Pour ce qui est de la couverture sanitaire, celle offerte à 97% des enfants scolarisés est jugée excellente. S’agissant du taux de réussite au baccalauréat, il a connu une progression notable. D’environ 20% en 1999, il a connu une moyenne de 55% ces dernières années.

En guise de nouveauté, il sera, à la faveur de cette nouvelle rentrée scolaire, procédé à la réception de 361 écoles primaires, 402 collèges et 137 lycées. S’agissant de l’encadrement en personnels administratif et pédagogique, il sera renforcé par le recrutement sur concours de près de 12 mille nouveaux agents. Mais est-ce qu’il y a lieu, à la lumière de toutes ces données, de tomber dans un optimisme béat et dire que tout ira comme sur des roulettes ?

Que nenni. S’il est indéniable que le secteur de l’éducation fait sa mue, notamment sur le plan organisationnel, force est de constater que les difficultés à même d’entraver le bon déroulement des choses sont légion. Certaines décisions prises récemment par la tutelle n’ont pas réussi à faire l’unanimité au sein de la famille de l’enseignement.

La décision d’augmenter le volume horaire (même si elle vise à adapter l’école algérienne à la tendance mondiale et à en finir avec le problème des programmes inachevés) n’en a pas été moins critiquée. Les enseignants (ainsi que les parents d’élèves) mettent en avant une surcharge des programmes pour les élèves, laquelle peut s’avérer préjudiciable sur le plan assimilation des cours.

La même chose peut être dite au sujet de la séance de cours, laquelle sera appelée à l’avenir à passer à 45 minutes au lieu de 60 actuellement. Pour le régime indemnitaire, inutile de dire que les syndicats ont fait leur cheval de bataille.

Ce dossier constitue assurément la pomme de discorde entre les syndicats et la tutelle. D’autres volets inhérents au paysage relatif au monde de l’enseignement font l’objet d’âpres débats : place des cours particuliers et des écoles privées et généralisation des TIC au niveau des établissements scolaires. Même le risque de pandémie de la grippe porcine n’échappe pas aux débats même, si sur ce dernier point, les autorités se veulent, heureusement, rassurantes.

Par Billal Larbi

Une rentrée bleu, blanc, ro…se

Les enfants de la patrie reprendront à partir d’aujourd’hui, en pleine ambiance ramadanesque et à quelques jours à peine de l’Aïd-el-Fitr, le chemin de l’école. Le CNAS, l’UNPEF et le CLA disent qu’ils seront eux aussi au rendez-vous avec des soucis englobant la question du logement anciennement considéré par le ministère de l’Enseignement supérieur dans l’une de ses circulaires comme «un outil pédagogique devant contribuer à l’amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants».

Le logement, on en annonce par millions et dans nos villes du Sud il s’en trouverait quelque 4 000 qui seraient en voie de distribution. Cette année, le Sud où le marché recèle apparemment plus de logements que d’enseignants se distingue des autres régions. Pour la première fois dans l’histoire de l’Algérie postcoloniale, on décide de privilégier dans le sud du pays les enseignants de langue française.

Ainsi, l’enseignant qui acceptera d’aller prêcher la langue de nos anciens bienfaiteurs dans le désert aura son logement en priorité. Le français qu’on inculque dans les écoles de la RADP dès la 2e année primaire ne sera plus le seul à être privilégié, l’Algérien qui acceptera l’éloignement et ce qui suit pour aller l’enseigner le sera lui aussi.

Lorsque cela s’impose et qu’il faut racheter ses «butins», l’Algérie du million et demi de martyrs sait dignement casquer. Comme elle a su se fixer pour cette année scolaire de jolies couleurs évocatrices aux tabliers pour uniformiser cette pensée d’égalité, de fraternité et de liberté, voire la perpétuer si possible jusqu’à l’au-delà. Qu’on se rassure, il n’y a pas de kaki, mais un beau bleu, blanc, rose.

Des couleurs qui cadrent assez bien avec nos nouveaux repos hebdomadaires. Un week-end semi-universel, selon certains, un quart dominical selon d’autres, mais qui se trouve être convenablement sabbatique sans que personne n’y fasse la moindre allusion.

Notre week-end nouvelle version ne laisse pas neutre et semble procurer de la satisfaction et du rejet chez tout le monde. Un vrai tome II de la charte nationale de réconciliation. Espérons que cette saison nos filles déserterons moins les bancs scolaires dans nos campagnes.

M. Z.

Grand banditisme

Petit oiseau deviendra grand, dit-on, mais petite délinquance est déjà devenue grande criminalité. Les échos émanant des actions et opérations des forces de l’ordre, police et gendarmerie, réalisées tant aux frontières qu’à l’intérieur des centres urbains, sont édifiants quant à la montée en puissance des réseaux criminels. A titre d’exemple, les moyens utilisés par les passeurs de drogue, venant comme chacun sait du Maroc, sont impressionnants, allant jusqu’à déployer des hélicoptères.

On parle de grand banditisme non pas selon le montant du butin ou le nombre de cambriolages qui, aussi élevés soient-ils, restent toujours dans la sphère de la délinquance, mais lorsque les criminels se constituent en réseaux. Ils se mettent alors à brasser des sommes colossales, le trafic de drogue étant la source la plus connue. L’appétit venant en mangeant, les truands, galvanisés par leurs gains à moindre frais, se «développent» et tissent des relations tentaculaires, auxquelles les frontières nationales ne suffisent plus.

Au fur et à mesure que se forcit et que s’étend le réseau, les scrupules des criminels s’amenuisent, y compris la valeur de la vie, à leurs yeux. Rien n’arrête donc les bandes de voyous, et se constituent alors des «milieux» sans foi ni loi qui peuvent se livrer à des guerres de gangs meurtrières.

On aimerait bien se passer de ces augures pessimistes, mais ce scénario ne tient pas forcément de la science-fiction. Avant que le monstre s’agrandisse et devienne incontrôlable, il faut, tout simplement, le tuer dans l’œuf…

N.S.

Une rentrée pas comme les autres

Les vacances sont finies, l’année scolaire reprend aujourd’hui. Elle ira jusqu’au 4 juillet 2010. Autrement dit : 35 semaines. C’est la première nouveauté de cette rentrée. Elle est justifiée par l’impératif d’appliquer les programmes scolaires convenablement et dans de meilleures conditions. Si cet impératif est indiscutable, l’organisation de l’année scolaire adoptée par le ministère de l’Education nationale ne fait pas, pour sa part, l’unanimité.

Il s’agit de l’augmentation du volume horaire et des deux jours de repos hebdomadaire (vendredi-samedi). De nombreux enseignants sont prêts à travailler le vendredi matin pour avoir des volumes horaires quotidiens convenables.

C’est le changement de week-end qui a entraîné une situation complexe du fait que le vendredi a été maintenu comme jour de repos hebdomadaire légal et qu’il ne peut donc pas faire office de premier jour du week-end comme l’était le jeudi. Il n’est pas possible légalement de faire travailler les enseignants le vendredi matin dans le régime normal.

Les responsables en charge du système éducatif auront, par ailleurs, à exercer leur vigilance sur les risques de propagation du virus H1N1 de la grippe porcine. Les mesures annoncées sur la prise en charge de ce risque rassurent mais en même temps entourent la rentrée d’une ambiance de crainte aggravée par le tapage médiatique fait par les chaînes de télé sur les bilans des victimes touchées par cette grippe dans le monde.

Enfin, la rentrée est marquée d’une autre nouveauté, vestimentaire celle-là, sans impact pédagogique apparent, mais générateur d’un casse-tête pour trouver la bonne couleur du tablier.

L. A.