mercredi 21 octobre 2009

Logiques d'apaisement ?

Au moment où la France demande à ses ressortissants de quitter la Guinée, la junte au pouvoir à Conakry s'est dépêchée de signer un accord minier avec la Chine populaire prévoyant des investissements jusqu'à 7,5 milliards de dollars.

Le capitaine Dadis Camara, président autoproclamé, s'offre ainsi une bonne bouffée d'air frais après que la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest lui ait imposé un embargo sur les armes.

Une sanction que l'Onu ne peut que saluer, la commission d'enquête internationale mise sur pied par Ban Ki-moon devant rendre compte des tueries par balles réelles pour lesquelles l'actuel homme fort à Conakry n'a eu qu'un mot à la bouche : «Désolé.»

Proches de la sortie sous le poids des pressions internationales, les Occidentaux vont-ils reprocher à Pékin d'avoir couru au secours du capitaine Camara, piétinant au passage la décision de l'Union africaine de ne plus tolérer en son sein la présence de gouvernements issus de putschs, scientifiques soient-ils ?

Ils éviteront de critiquer publiquement cette nouvelle démarche controversée de la Chine, préférant en dénoncer les tenants et les aboutissants en aparté. Sinon, en communauté restreinte qui dit à voix basse ne plus supporter ce «néocolonialisme» que l'empire du Milieu pratiquerait via ses colossaux investissements aux quatre coins du continent noir.

La fin annoncée de la Francafrique agace-t-il Paris qui vient d'être désigné comme le mauvais élève de l'Europe - sa présidence de l'UE a coûté 151 millions d'euros - et vient d'être enjointe par l'Iran de quitter les négociations sur son nucléaire à Vienne ?

Loin de l'ambigüe position chinoise au sujet du dossier du nucléaire iranien, Washington semble également cultiver de la frustration par rapport au développement incontrôlé de la Chinafrique. Particulièrement au Soudan, où le régime de Khartoum a pu compter sur son aimable allié chinois, notamment lorsque le président Omar El Bachir a dû faire face à ses juges de la CPI.

De longue date, ce rapprochement sino-soudanais rentrera-t-il dans une zone de faibles turbulences, les Etats-Unis viennent de dévoiler leur nouvelle stratégie vis-à-vis du régime de Khartoum ?

La seule certitude, le président Obama a décidé de la modification de la politique US à l'égard du régime d'El Bachir dont les mandats d'arrêt lancés contre sa personne non pas été annulés. Au lieu de continuer à jouer la carte de l'isolement, mieux vaut essayer le rapprochement par le dialogue.

Et ce, même si la White House va renouveler cette semaine les sanctions qui pèsent déjà sur les autorités soudanaises. A celles-ci de trouver une issue à la crise au Darfour et de conclure un accord de paix entre le Nord et le Sud si elles veulent que le positif qu'elles ont descellé dans la nouvelle position US se traduise dans les faits.

Car la main d'Obama ne restera pas éternellement tendue vers le Soudan où les Occidentaux pourraient être tentés par un plus fort «déséquilibre démocratique» au nom des droits de l'homme et de toutes les libertés.

Aussi, celle de la journaliste Loubna Hussein qui a défié le régime islamique de Khartoum en pantalon à la découpe occidentale et non pas en tunique rouge, col Mao.

Par Anis Djaad

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire