samedi 8 octobre 2011

Noam Chomsky dans "Ce Soir ou Jamais" (31 Mai 2010)

Noam Chomsky, en collaboration avec l'universitaire Edward Herman, a contribué à la naissance des travaux consacrés à la « politique économique » (« political economy ») des médias de masse. Cette approche s'intéresse, dans une perspective critique, au fonctionnement de l'industrie des médias dans ses rapports avec les pouvoirs économique et politique.

Partis du constat qu'en démocratie les élites ne peuvent pas se contenter d'user de la force pour asseoir leur domination et du principe que les intérêts de la majorité de la population diffèrent de ceux de l'élite, Chomsky et Herman ont cherché à démontrer empiriquement, dans leur livre La Fabrication du consentement (1988), comment, dans le contexte américain, les principaux médias participent au maintien de l'ordre établi.

Dans leur optique, les médias tendent à maintenir le débat public et la présentation des enjeux dans un cadre idéologique construit sur des présupposés et intérêts jamais questionnés, afin de garantir aux gouvernants l'assentiment ou l'adhésion des gouvernés. C'est ce qu'ils ont appelé, en reprenant une formule forgée en 1922 par Walter Lippmann, l'un des fondateurs des relations publiques, la « fabrication du consentement » (« manufacturing consent »). Ils ont basé leur analyse sur ce qu'ils ont appelé un « modèle de propagande ».

Selon ce modèle, cinq filtres déterminent en grande partie l'information produite dans et par les médias, à savoir : les caractéristiques économiques du média considéré (taille, actionnariat, orientation lucrative), la régulation par la publicité, la nature des sources d'information, les « contre-feux » (« flak ») et moyens de pression, l'idéologie anticommuniste (peut être étendu à tout élément idéologique dominant).

Ils ont ainsi « décrit la relation étroite entre l'économie et les intérêts militaires américains et le concept de « menace soviétique » dans ses différentes manifestations » et relevé de « nombreux liens et intérêts partagés entre les médias, le gouvernement et le monde de l'entreprise aux États-Unis ». Leur étude a établi que le traitement médiatique des pays ennemis des États-Unis est systématiquement différent de celui réservé aux pays alliés, défavorable dans le premier cas et favorable dans le second.

Chomsky avance aussi que dans une société démocratique, la ligne politique défendue n'est jamais énoncée comme telle mais sous-entendue. Ainsi, les débats et les dissensions, dont l'existence est nécessaire pour pouvoir continuer à soutenir que la liberté règne, se situent dans le cadre d'un « consensus largement internalisé ».








Belkhadem, un homme respectable !

Je suis favorable à 100% à des fetwas contre les débits
de…

… conneries !

J’aime — que dis-je ? — j’adore quand Belkhadem et le FLN redeviennent ce qu’ils sont réellement : un ayatollah et un parti en charge de l’instauration du califat intégriste en Algérie. Coup sur coup, l’empastillé a fait le forcing auprès de ses députés pour que ne passe pas la loi sur la fin du nomadisme politique et pour que le quota de 30% de femmes aux législatives soit ramené à 20%.

Là, je le retrouve, mon Abdelaziz 2 ! Sans sourires mielleux. Sans discours grandiloquent sur la modernité et la parité hommes-femmes dans les hémicycles. Rien de tout cela ! Pas de grimages. Pas de faux décors. Pas de bidouillages pour paraître plus démocrate que les démocrates. Belkhadem de chez Belkhadem ! Je dois dire qu’il faut lui rendre hommage ! Oui ! Vous avez bien lu ! Il faut lui rendre hommage pour avoir su, aux moments T être resté lui-même. Un leader islamiste ayant pris le contrôle d’un parti historique. Il est là, dans son rôle, conforme à sa carte mère. Il a une feuille de route, amener l’Algérie en dot à l’internationale intégriste, et il y travaille sans relâche.

On ne peut pas en dire autant des autres leaders en activité présidentielle en ce moment et qui se réclament pourtant du républicanisme et de la lutte sans merci contre la peste verte. Un coup, démocrates éradicateurs. Un coup, réconciliateurs zélés. Un coup pour la limitation des mandats présidentiels. Un coup pour le mandat à vie. Un coup pour que la force reste à la loi et aux institutions de la République. Un coup pour appuyer honteusement les «fetwas aveugles» des assassins contre les bars et débits de boissons.

Cette gigue incessante, cette sarabande folle, ces entrechats endiablés, tout ce «bougeage» dans tous les sens contraires, ça ne les fatigue pas ? Ça ne les exténue pas ? Plus intrigant encore, n’éprouvent-ils aucun problème de personnalité, à en changer autant dans la journée ? Finalement, et pour épaissir encore mon hommage à Belkhadem, je crois bien qu’au bout du bout, je préfère l’avoir lui en face de moi.

Clairement identifié, sans une cargaison de masques vénitiens interchangeables à satiété, en fonction des moments et des conjonctures. Lui, c’est l’ennemi affiché. Ça a l’avantage de la clarté. Et donc, point besoin de se méfier d’Abdelaziz 2. Faut juste le combattre sans relâche. Par contre, il est plus dur de composer avec les fluctuants.

Ceux capables de retirer de leurs chairs, à vif, d’un geste souple et rapide leur carte mère et de la remplacer sans douleur aucune par une autre carte mère au programme diamétralement opposé. Ceux-là sont profondément dangereux. Car sans religion. Au sens politique du terme. Au sens principiel, aussi. Surtout. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

Par Hakim Laâlam

Cet escroc est un homme

Invention de la presse ou des tribunaux, les faits divers ont ceci de paradoxal : tout le monde en raffole et tout le monde les dévalorise. «C'est un fait divers», entend-on dire certains quand ils tiennent à sous-estimer un «événement».

Le niveau zéro de l'importance. Les hommes politiques réduisent au rang de fait divers les événements que créent leurs adversaires. Les historiens situent quelques survenances à travers les siècles comme de «simples fait divers» par rapport au déroulement de l'Histoire. Pourtant, les «fats de la société» comme aimait à les appeler Bachir Rezzoug qui avait une sainte horreur de la formule «faits divers» ne sont pas toujours sans importance.

Bachir aimait à dire «faits de société» d'abord parce que l'appellation, qui a été certainement à l'origine sans connotation péjorative a souvent été employée pour diminuer l'importance des faits. Ensuite parce qu'ayant en idée une mission de la presse qui n'est ni celle de moralisateur de la société, ni celle de justicier, il tenait à introduire dans l'information ce que vivent les citoyens ordinaires au quotidien avec détachement et lucidité. En y apportant parfois les éclairages utiles.

Et parce qu'ils sont des faits de «société», ils en sont naturellement des indicateurs. Cette histoire, qu'elle soit réelle ou inventée, en est certainement la parfaite illustration : un jour, le directeur de publication d'un journal reçoit un monsieur qui avait demandé à être reçu avec tellement de ténacité qu'il a fini par réussir. Quand le monsieur est entré dans le bureau du directeur, il semblait déterminé et ferme, même si le ton était d'une extrême politesse.

Pour lui montrer qu'il ne tenait pas à lui faire perdre son «temps précieux», il dépose un bout de papier et une photo sur le bureau et dit à son interlocuteur : «M. le directeur, je vous prie de bien vouloir publier ça dans votre prochaine édition.» Quand le responsable prit le papier, il lut ceci : «Cet escroc est un homme». Quand à la photo, elle ne fait que confirmer le pressentiment qu'il avait eu quand le bonhomme avait franchi la porte de son bureau :

cette tête lui disait quelque chose. Intrigué mais toujours à cheval sur les «règles», il tente d'expliquer au bonhomme qu'il était impossible de publier son texte qui n'était ni une lettre de lecteur, ni une contribution, ni une publicité. Avant que l'homme ne l'arrête dans son élan pédagogique : «Pendant toutes les années où vous publiiez la même photo avec la mention «cet homme est un escroc», est-ce que vous vous êtes posé la question sur la nature du texte et sur la pertinence de sa publication ?

Slimane Laouari

Qui sauvera la CNR ?

Le gouvernement veut rassurer. Les retraités auront leur part du gâteau social prévu dans la répartition du budget de la loi de finances 2012. Et pourquoi pas ? Pour une bonne majorité d’entre eux, et surtout ceux ou celles ayant quitté le monde du travail avant les années 1990, leurs pensions mensuelles ressemblent à de misérables bourses d’études. Même si des revalorisations ont eu lieu ces dernières années, elles n’ont pu rattraper la cherté de la vie et le niveau des prix qui ne cesse de grimper, sans parler de l’inflation. Ce qui a gravement réduit le pouvoir d’achat de cette catégorie sociale.

Une étude menée par la fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR) le révèle et montre que sur les 2,1 millions de pensionnés en 2010, 50% perçoivent un revenu mensuel inférieur au SNMG. De plus, 360 000 retraités, soit 20% des effectifs, perçoivent une pension inférieure à 10 000 DA et 600 000 autres retraités (30%) une pension inférieure ou équivalente au SNMG, celle-ci variant entre 10 000 et 15 000 DA. Une situation de précarité que les mesures de solidarité ne pourront pas absorber.

En annonçant des décisions exceptionnelles, pour bientôt, afin d’augmenter l’allocation des retraités, le ministre du travail a surtout voulu apaiser les esprits déçus par les résultats de la dernière tripartite. La FNTR est montée au créneau pour dénoncer ce qu’elle a qualifié de volte-face des autorités dans la prise en charge de ses doléances, tout en annonçant une série d’actions de protestation. Une réaction légitime dès lors que le gouvernement a décidé de puiser dans les ressources de l’État afin de contenter la contestation sociale née du retard pris dans la mise en œuvre de la nouvelle politique salariale, en discussion depuis déjà longtemps et qui avait buté sur les partisans d’une stratégie de partage de la rente pétrolière et ceux plaidant pour des rémunérations basées sur la productivité.

Or, il se trouve que la CNR est financée par la population active et dépend, donc, étroitement des cotisations des employés. Plus il y aura de l’emploi déclaré, plus les caisses de la CNR se porteront mieux. Ce qui n’est pas le cas et qui explique, par conséquent, le déficit de la CNR dont les victimes ne sont autres que les retraités d’aujourd’hui et, peut-être, ceux de demain si rien n’est fait pour arranger les choses.

Salim Tamani

Steve Jobq est décédé

Angles d'attaque

«Les impressions, c'est le cancer de l'objectivité.» J.M. Wyl

Tout semblait si facile au début! Quoi de plus aisé que d'écrire un petit article sur une manifestation officielle concernant un art jugé mineur. Il n'y avait aucun problème politique qui viendrait perturber les élucubrations de l'auteur parce qu'un homme politique digne de ce nom ne s'était jamais exprimé sur les problèmes afférents à ce noble art pourtant marginalisé. Donc, l'auteur de ces lignes semblait à l'aise dans ses sandales quand il reçut la précieuse invitation. Et il était d'autant plus à l'aise sur le sujet qu'il avait à traiter, puisqu'il compatit parmi ses nombreux compagnons de route, des pionniers de la bande dessinée nationale.

Mais déjà, se posait pour lui le problème de l'objectivité puisqu'il avait connu les vicissitudes de beaucoup d'entre eux qui vivotent à présent comme dessinateurs de presse. Qu'à cela ne tienne! Il essaiera de mettre de côté ses rancoeurs et ses sympathies personnelles en se jurant de transmettre au lecteur les émotions ressenties lors de cette soirée d'inauguration. Mais voilà, il n'avait pas l'habitude des mondanités! Déjà, en se présentant devant l'entrée de ce camp de toile dressé sur l'esplanade de ce qui devait être le temple de la culture, il ressentit comme un malaise.


D'abord, il eut affaire à l'imposant service d'ordre qui défendait l'entrée du campement. Malgré le fait qu'il était arrivé au milieu d'un groupe d'amis, il fut le seul à être interpellé sur le motif de sa présence en ces lieux: était-ce dû à son manque de décontraction ou à sa tenue négligée. Il aurait dû mettre un costume trois-pièces comme ces nombreux bureaucrates qui peuplaient déjà la basse-cour ou s'affubler d'une casquette comme la majorité des bédéistes qui formaient des petits groupes très animés.

Il dut alors montrer et son invitation et sa carte de presse car les invitations ne valaient qu'à partir de seize heures. Lui qui était toujours l'exactitude même, il avait pris la précaution d'arriver un quart d'heure avant la date précisée. Cette première humiliation ne le découragea pas. Il ravala sa fierté et s'engagea, mal à l'aise sur ses fémurs, sur un terrain qui n'était pas le sien. Tout d'abord, il fut choqué par la forme des chapiteaux d'une blancheur immaculée: ils semblaient tout droit sortis des BD sur les Mongols.


Ces tentes asiatiques n'avaient rien à voir avec les kheimas de nos pasteurs des Hauts-Plateaux. Déjà, il réfléchissait à son entrée en matière pour présenter le lieu de l'action aux lecteurs qui n'avaient jamais mis les pieds à Alger. Le titre déjà lui posait problème. Devait-il l'intituler simplement «festival» parce qu'il y avait comme un air de fête qui se préparait, vu l'orchestre aux gandouras jaunes, qui chauffait ses instruments dans un coin ou alors «Bled Mickey» rappelant Disney, ou pour situer cette tache blanche dans l'océan de gris des taudis de Diar-El-Mahçoul ou alors pour insinuer que l'Oref a été réalisé par le régime Chadli à la place d'un complexe GNL?

Le grand stand qui devait servir d'espace de réception où étaient déjà disposées des tables, était pourvu d'un buffet assez fourni en jus de fruits et en boissons gazeuses.


Un personnel impeccable s'affairait déjà à préparer les rafraîchissements. Il visita brièvement des stands des diverses nationalités en compagnie de ses amis. Des groupes discutaient dans toutes les langues familières aux oreilles des habitués: français, anglais, italien, arabe et kabyle. Il releva cependant qu'à quelques minutes de l'inauguration, des travaux étaient toujours en cours sous l'immense chapiteau où étaient exposées les planches de certains artistes. Sa plus grande déception, il la ressentit en visitant le hall aux ventes: les prix affichés ne correspondaient pas à l'aumône consentie par la dernière tripartite aux salariés algériens.

Il fut cependant satisfait de revoir ses anciens collègues, Haroun, Slim, Aïder, Assari, compagnons de route d'El Manchar, et de faire la connaissance de Berber (un sosie de Maz!) et de sympathiques Marocains comme Bakhti, qui a toujours une anecdote drôle à raconter. Il regretta l'absence de Tenani, Bouslah ou Aram. Il eut une pensée émue pour ceux qui ne seront plus là: Melouah, Guerroui... Il ne savait pas s'il allait parler de la déception de certains en voyant arriver, non la ministre attendue, mais sa plus sympathique collaboratrice, Zahia Yahi, qui le gratifia en le reconnaissant d'un chaleureux «Camarade!». C'est un joli nom camarade!

Par

Partis : le verrou et les éternels supplétifs

Avant même que le projet de loi sur les partis ne soit débattu puis adopté par le Parlement, l’exécutif vient d’imposer un préalable d’airain tout à fait contraire à l’esprit des réformes que le chef de l’Etat prétend conduire. Aucun agrément ne sera donné aux nouveaux courants en vue des législatives de 2012. Ould Kablia en explique la raison par la dérisoire contrainte administrative. Un subterfuge grossier qui sent à mille lieues la volonté délibérée de ne rien changer dans le paysage politique tel qu’il a été dessiné et consolidé à partir de 1999.

Ce signal adressé à certaines candidatures en attente d’un sésame depuis plusieurs années est loin de n’être qu’une maladresse d’un ministre de devoir, c'est-à-dire de l’obéissance aveugle. Il indiquerait plutôt qu’il existe, en haut lieu, une religion idéologique bien établie qui veut qu’en tout état de cause la pluralité des opinions est par essence préjudiciable à l’ordre. Privilégiant un traitement homéopathique de la démocratie et des libertés qui la traduisent, Bouteflika ne peut évidemment plus se résoudre aux révisions sur le sujet. Sans doute, aucun, il n’a jamais porté en haute estime le multipartisme tel qu’il a été décliné au lendemain d’Octobre 1988.

Bien plus, il ne désire, surtout pas actuellement, l’émergence de pôles de contestations incontrôlées qui perturberaient son agenda futur. Celui qui, comme on le sait, sera marqué par un pseudo débat autour de la réforme constitutionnelle. Son souhait que le ministre de l’Intérieur a, par ailleurs, vite appliqué par le verrouillage, consiste justement à reconduire la même configuration du Parlement et, pourquoi pas, à maintenir la même «majorité» qui l’accompagne depuis 1999. Voilà donc un indice qui éclaire et illustre la démarche consistant à faire passer les lois organiques avant la Constituante.

Une inversion de l’ordre naturel qui ayant suscité peu d’inquiétudes dans l’opposition institutionnelle (celle qui siège au Parlement), celle-ci aura par conséquent de la peine à réfuter l’oukase de l’exclusion au moment du vote. Minoritaire dans une assemblée délégitimée, elle ne défendra le principe des libertés que d’une manière platonique.

Ainsi face au mandarinat (FLN-RND-MSP), qui tranche seul sur toutes les questions, les partis officiellement hostiles continueront à prendre acte des atteintes avant de passer à «autre chose». Et c’est cette image d’une opposition molle et moribonde qui contribue à la désaffection de l’électeur, voire à la démonétisation profonde de la politique dans la société.

Trop compromis par les calculs d’appareils et les privilèges d’une représentativité factice, les partis ont détruit peu à peu tout ce qui a commencé à se mettre en place il y a 20 ans de cela. Après la prodigieuse décennie (1989-1999) marquée par un engouement dans l’opinion, il semble que quelques révisions déchirantes apparaissent dans le sentiment général. Pour ne rien concéder à la naïve apologie d’une époque forcément pagailleuse, force est d’admettre qu’au final l’espace politique n’a gagné ni en qualité de leaders ni en urgence de pôles significatifs capables d’approfondir la culture de la démocratie.

Après les années de gestation (1990-1995) succédera le temps des restructurations par le sommet dont le but a été d’asservir les appareils au système demeuré, lui, intact. Un huis clos se mit alors en place à l’intérieur duquel l’étalonnage des partis consista en la négociation des quotas dans les assemblées et, parfois aussi, en la participation aux affaires publiques pour les plus audacieux.

Un théâtre d’ombres politiques s’organisait en échange de petites trahisons. Ces cinq ou six chapelles qui mobilisent tant l’encre des commentateurs, se sont-elles autrement comportées au-devant des appels et des tentations ? Eternels leviers de manœuvre dans les situations de stratégie électorale, ils firent preuve de docilité. Pas plus que le FLN, le RND ou le MSP ceux qui partagent au rabais les sièges des assemblées ne peuvent prétendre détenir un quota de maroquins par la seule vertu des urnes.

Les consultations étant ce qu’elles furent toujours, un électeur ne croit pas que les «surfaces » politiques sont le reflet réel de son bulletin dans l’isoloir. Le constat est amer car les partis en sont désormais perçus comme de saisonnières échelles au service d’ambitions personnelles et simultanément de procuration à blanc pour les pouvoirs en place. Il est vrai que bon nombre d’entre ces appareils ont été créés sur la base d’un malentendu historique afin de récupérer le vaste mouvement social parti en octobre 1988.

Depuis, ils apprirent à survivre et notamment à servir un Etat de non-droit qu’ils soutiennent en échange de sordides promotions. Or, maintenant ils découvrent l’impasse dans laquelle ils se sont fourvoyés après s’être aliéné la sympathie des classes sociales au nom desquelles ils prétendaient s’exprimer. Appelés, une fois de plus, à siéger seuls dans le futur Parlement, ils se verront obligés d’endosser des réformes taillées sur mesure par le régime alors que le pays part par petits morceaux. En clair, ils joueront les prolongations aux côtés du pouvoir mais en qualité de supplétifs. Honteux cette fois-ci.

Par Boubakeur Hamidechi

Le HIC 08 octobre 2011 : Steeve Jobs est mort

Histoire de la fermeture éclair

Comme une vente concomitante, l’offensive des islamistes contre les bars et dépôts de boissons alcoolisées a été soutenue par une déclaration du Premier ministre sur la non-utilité économique de ces lieux (de détente ou de débauche ?) et les nuisance qu’ils induisent aux sages familles rangées. La double attaque en règle n’est peut-être pas coordonnée par des réunions secrètes et des appels téléphoniques, mais elle renseigne sur une certaine convergence d’objectifs : rendre encore plus hypocrite une société qui, de toute façon, s’amuse comme elle peut, en feignant d’oublier que le vol, le viol, la corruption et la saleté n’ont jamais été recommandés par Dieu.

Sert-il à quelque chose de rappeler aux islamistes que si l’alcool, et seulement lui, est déclaré illicite, les cachiyate et autres psychotropes sont alors déclarés licites ou qu’une guerre sainte contre les ordures et la vulgarité serait plus utile ? Non, pas vraiment. Mais il est peut-être important de rappeler au Premier ministre quelques évidences. Les bars légaux sont reconnus par l’Etat puisque c’est lui qui leur donne des agréments. De fait, il se doit de les protéger comme n’importe quel autre commerce agréé ou alors avoir le courage de tous les fermer. Mais surtout, si la non-création d’emplois est une absurdité puisqu’une dizaine de brasseries algériennes emploient des centaines de travailleurs, au niveau nuisance et violence, il y a pire que les bars. Il faudrait que le Premier ministre s’attarde aussi sur le cas du FLN, dont les sièges et kasmas sont régulièrement le lieu d’une violence extrême que les bars n’ont rien à envier.

De plus, contrairement aux bars, les sièges et kasmas du FLN ne créent pas d’emplois et contribuent grandement à l’alourdissement de la facture d’importation. Le FLN est donc un lieu de violence qui ne crée aucun emploi. Oui pour la fermeture des bars. Mais on ferme d’abord le FLN.

Chawki Amari

Jeannette Bougrab : "L’Algérie est suffisamment forte pour se réconcilier avec tous ses enfants"

Jeannette Bougrab, secrétaire d’État française à la Jeunesse, effectue à partir de demain dimanche 9 octobre une visite de travail de deux jours en Algérie. Elle aura des entretiens avec plusieurs ministres algériens (El Hachemi Djiar, Mohamed Benmeradi, Tayeb Louh et Halim Benattalah). A la veille de ce déplacement, elle répond aux questions de TSA.

Vous êtes déjà venue en Algérie, c'était en 2004, à l'occasion d'une visite de Jacques Chirac. Cette fois, vous ne venez pas dans une délégation mais seule. Vous êtes fille de Harki. Ce voyage revêt‑il un caractère particulier pour vous ?
Oui, bien sûr. Je suis émue, touchée, sensible à ce geste symbolique, très fort de l’Algérie. C’était pour moi un rêve de pouvoir revenir en Algérie où se trouvent mes racines familiales qui sont toujours vivantes en moi. Ce rêve est aujourd’hui exaucé. Je suis convaincue pour ma part que l’Algérie est suffisamment forte pour se réconcilier avec tous ses enfants quelle que soit leur histoire. Elle en sortira encore plus grande pour relever les nouveaux défis.
Quel est l’objet de votre déplacement en Algérie?
C’est à l’invitation de mon homologue algérien Hachemi Djiar que j’ai ce privilège d’être à Alger aujourd’hui afin de renforcer la coopération de nos pays en matière de jeunesse, et à travers ces jeunesses, d’approfondir nos partenariats entre nos institutions et nos sociétés civiles.
Il y a une forte attente de la jeunesse française à l’égard de l’Algérie, et réciproquement. La jeunesse doit être au cœur de nos relations bilatérales, de ce partenariat d’exception entre nos deux pays. Nous devons être audacieux et aller le plus loin possible. Pour concrétiser cette démarche, je vais évoquer avec mon homologue notre système de volontariat en France. Grâce à la loi du 10 mars 2010, des jeunes Françaises et Français peuvent s’engager dans des activités d’intérêt général allant de la protection de l’environnement à des activités de solidarité. Ils sont indemnisés par l’État. Je serais très heureuse qu’un dispositif de ce type puisse bénéficier à de jeunes Algériennes et Algériens.
Nous sommes à huit mois des élections présidentielles en France. Beaucoup de personnalités françaises ont visité l’Algérie ces dernières semaines. Votre déplacement s’inscrit‑il aussi dans cette perspective ?
Ma visite vise essentiellement à explorer avec mon homologue de nouvelles modalités de coopération. J’aurai de plus le privilège de rencontrer le ministre de l’Industrie et des PME, M. Benmeradi. Pendant ce séjour, je rencontrerai de jeunes entrepreneurs. Vous comprenez que la question de l’emploi, de l’autonomie pour les jeunes est un enjeu fondamental pour nos deux pays.
En France, je mets en place un fond de micro‑investissement pour la création d’entreprises par et pour les jeunes. Je prévois un volet international. De jeunes entrepreneurs algériens pourraient ainsi en bénéficier. L’insertion et la formation professionnelle des jeunes doivent être également au cœur de ce partenariat d’exception.
Au‑delà de ma personne, cette visite est porteuse d’espoir pour de nombreux Français et Françaises qui vivent comme moi cette relation forte et intime avec l’Algérie.
L’Algérie célèbre le 50e anniversaire de son indépendance en 2012. Êtes‑vous favorable à des excuses ou une repentance de la part de la France comme le demandent les Algériens ?
Comme Churchill le disait, à propos de la relation américano-britannique : « Deux peuples au passé conflictuel peuvent être séparés par une langue commune. » J’ai le sentiment et la conviction profonde que cette analyse peut être reprise pour les relations franco‑algériennes. Nous devons regarder notre histoire en face et l’assumer chacun de notre côté. Je comprends les blessures, les plaies, car je suis moi‑même le fruit de cette histoire.
Quelle est, selon vous, la meilleure formule pour atteindre la réconciliation entre les deux pays ?
Si on devait trouver le pendant du triptyque français de Liberté, Égalité, Fraternité, je dirais : Courage pour aborder nos histoires, pour surmonter les nombreux obstacles liés à des malentendus, des incompréhensions ; Égalité dans nos relations marquées trop longtemps par l’inégalité ; Respect mutuel dans nos échanges.
Le monde arabe vient de connaître une série de révoltes menées par les jeunes. Quel message souhaitez‑vous transmettre aux jeunes Algériens ?
La jeunesse arabe a montré à un monde conservateur que les valeurs de la démocratie et de l’État de droit n’étaient pas les monopoles des États occidentaux. Ils ont défié toutes les diplomaties infirmant la fameuse théorie de Huttington sur le choc des civilisations. L’Algérie est un pays extraordinaire, riche de ressources naturelles et humaines. Son potentiel de développement est considérable, sa jeunesse est son joyau, 70 % de la population algérienne a moins de 30 ans. Alors ayez confiance en l’avenir, croyez en vous.
Les jeunes algériens n’obtiennent pas facilement des visas pour la France…
La France délivre chaque année près de 140 000 visas. Le taux de refus est en forte baisse. L’Algérie bénéficie en outre d’un régime favorable par rapport aux autres États, issu d’une convention bilatérale de 1968, nous devons travailler ensemble pour améliorer les conditions d’accès au visa.
Quel symbole constitue votre nomination comme ministre de la Jeunesse en France ?
Cela ne relève pas de la symbolique mais d’une volonté et d’une réalité de la vie politique française. Le gouvernement auquel j’appartiens est aux couleurs de la France.
Mais en France, les jeunes issus de l’immigration sont nombreux à souffrir de la discrimination, notamment à l’emploi…
La question de la discrimination, hélas, demeure. Mais il faut voir qu’elle est liée aux conditions sociales, au sexe, aux territoires… Malgré les difficultés et justement à cause de ces difficultés, les Français issus de l’immigration excellent dans de nombreux domaines par leur créativité, leur ténacité, leur pugnacité. Ils peuvent être diplômés de nos plus grandes écoles de Normal Sup à Polytechnique, de nos facultés de médecine ou autodidactes. Pensez à Assia Djebar, Leila Bekhti (césar du meilleur espoir féminin), Raouf Abdel Jafri (césar du meilleur scénariste), Djamel Bensalah et bien d’autres que vous connaissez aussi bien que moi.
Récemment, une polémique a éclaté sur les joueurs binationaux qui choisissent l’Algérie après avoir été formés en France. Quelle est votre position ?
J’adore le football même si je préfère le rugby. Quel match, il y a huit jours entre le PSG et l’OL au parc des Princes ! Pour moi, la France devrait se réjouir que des jeunes formés dans des centres formation en France jouent à l’international. Cela participe du rayonnement de la France. Nombre de joueurs étrangers animent la ligue 1. Soyons heureux pour ces jeunes. Ils contribuent à la réconciliation et à l’apaisement des mémoires.