jeudi 22 octobre 2009

Alerte à l’épidémie de fous !



Par Hakim Laâlam  
Email : laalamh@yahoo.fr

Bouguerra Soltani. L’entendre ou le voir parler à la télévision, c’est une véritable… 

… torture !

Rappelez-vous ! Nous l’évoquions ici même, le 15 octobre dernier. L’affaire Chérif, du nom de ce citoyen licencié de son entreprise, qui avait toqué à toutes les portes, n’avait obtenu aucune réponse, avait fini par envoyer une lettre plutôt salée-poivrée à Abdekka et s’était finalement retrouvé devant la justice pour répondre du crime d’injure au chef de l’Etat. Eh bien, le verdict est tombé. Chérif échappe à la prison, mais pas à l’internement. Il doit accomplir un séjour en milieu psychiatrique. Lui, jure qu’il a toute sa tête. La justice, elle, pense autrement. Et moi, qu’est-ce que j’en pense ? Tout simplement que ce régime est proprement génial ! Il vient de se doter d’un nouvel instrument de matage de la colère et des frustrations citoyennes. L’enfermement en hôpital pour déficients mentaux. Fallait juste y penser ! Mais en même temps, si la chose est «aisée» s’agissant de ce pauvre Chérif — il est seul et désarmé devant l’appareil d’Etat d’internement — il me semble plus difficile d’appliquer cette méthode à plus large échelle. Prenons un exemple. Les émeutiers de Diar Echems. Ils sont des dizaines. Voire des centaines. Comment tous les traîner devant des juges qui concluront à la non-responsabilité pénale et à l’internement psychiatrique ? C’est quasiment impossible ! Pour une raison toute simple. L’Algérie n’a pas construit assez d’hôpitaux psychiatriques ! C’est une erreur stratégique grave. A cause de cette négligence, tous les émeutiers fous, tous les lycéens grévistes fous, tous les dockers en colère et fous, tous les travailleurs non payés et fous, tous les syndicalistes libres et fous, tous les manifestants de ce vaste pays qui sont forcément tous fous ne peuvent pas être correctement pris en charge et internés. Que faut-il faire alors ? La seule chose raisonnable à faire en pareille situation. Arrêter immédiatement les projets de construction de millions de logements, et tout axer sur l’érection rapide d’asiles psychiatriques. Il en faut beaucoup. Il en faut énormément. Il en faut pour arriver à y caser 33 millions d’habitants. 33 millions de fous dangereux qui menacent une poignée de saints d’esprit. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L . 

Diar Echems et l’énergie solaire

Que s’est-il passé à Diar Echems, cité étouffoir où on manque d’air et de soleil ? Un problème de logement et une simple logique de compression qui entre dans la mécanique des fluides ; entassez des gens dans un petit espace clos et ils finiront par s’énerver. Imaginons la situation inverse : prenons l’ensemble du gouvernement et entassons-le dans une salle de bains de 15 m2. Que va-t-il se passer ? Le Premier ministre – l’un des plus volumineux du gouvernement – se plaint rapidement au ministre du Logement de cette situation.

Ce dernier rappelle qu’il a bien construit un million de logements, mais que pour un million de raisons, ces logements ne sont pas disponibles. Le ton monte quand le ministre des Finances explique qu’il a donné l’argent à un intermédiaire pour ces logements. Conciliant, le ministre des Travaux publics annonce qu’il a prévu une extension, pendant que celui des Ressources en eau annonce qu’il a trouvé de l’eau.

La ministre de la Culture propose de monter un festival de l’habitat traditionnel dans la baignoire, ce à quoi répond le ministre de l’Education en lui demandant de mettre d’abord un tablier rose. Dans la confusion, le ministre de la Solidarité nationale en profite pour faire une quête, c’est la goutte qui fait déborder le vase.

Le ministre délégué à la Défense sort son char, celui de la Justice ses procureurs et celui du Pétrole son derrick. Entassés et en colère comme ils sont, le ministre de l’Intérieur ne trouve pas mieux que d’injecter dans cette pièce de 15 m2 une centaine de policiers antiémeute.

C’est la guerre, tous les ministres se mettent à jeter des pierres sur le ministre de l’Intérieur et cassent tout. Heureusement, le président arrive et ouvre la pièce ; en fait, c’est lui qui avait la clé. Tout le monde sort et respire. Pour leur exercice de simulation réussi, le président leur concède même une augmentation.

Par Chawki Amari

Le cœur et le rein

Il travaille deux à trois mois quand, à l'orée de l'hiver, la cueillette des olives sur sa généreuse mais capricieuse pleine de l'ouest le lui permet. Il est de Sig, une petite ville qui aurait pu être charmante avec sa verdure aérée et ses espaces reposants.

Mais à trente ans, une femme au foyer sans foyer et un enfant à l'avenir compromis, l'homme n'a pas le cœur aux blagues de Mascara, son chef-lieu de wilaya.

Il n'a pas le cœur à rire et pour cause : il a un rein à vendre et d'après les informations, il est déterminé à lui trouver un acheteur. L'homme travaille aussi quelquefois quand on fait appel à ses services. Il ne sait pas faire grand-chose de ses mains, mais la vigueur de ses bras peut toujours servir.

L'homme n'est pas fainéant et sa disponibilité à la tâche est connue de tous. Alors il se mêle régulièrement à ces troupes de désemparés qui se sont érigés des espaces de proposition de services où on vient les chercher pour une semaine ou deux de labeur rémunéré.

Comme ses frères de misère, il va au charbon quand la «chance» lui sourit. Pour la pelle et la pioche dans les maisons en chantier des nouveaux riches, pour la pioche seule sur les nouvelles propriétés agricoles et pour la pelle seule sur quelque sablière théoriquement interdite mais nouvellement remise en service.

Tout est nouveau, même sa détresse. Mais tout a une solution, l'homme ne veut pas se laisser aller à la résignation. Il a perdu son boulot mais il n'a pas perdu toutes ses illusions. Il va le vendre ce rein et il a appelé la presse locale pour que ça se sache. L'homme sait prendre ses responsabilités.

Il l'a fait une première fois en soulageant la maison parentale de son poids, de celui de sa femme au foyer sans foyer et de celui de son enfant à l'avenir compromis. Ils étaient une douzaine dans cette maisonnée sans prétention et il était l'aîné marié, c'est-à-dire le seul susceptible de laisser respirer les autres.

L'homme a loué une chambre dans une autre maison sans prétention, mais la vie y est finalement infernale. Le loyer, tout modeste qu'il est, est quand même problématique.

La cueillette des olives sur sa pleine généreuse et capricieuse, tout comme la pelle et la pioche sur les chantiers des nouveaux riches sont devenus dérisoires. L'enfant à l'avenir compromis commence quand même à marcher.

Il ne sait pas encore à quoi sert un rein, mais il ne doit pas tarder à savoir que d'autres enfants ont un autre lit que celui de leurs parents et peuvent même avoir des chambres à eux tout seul.

L'homme est un vrai looser : même l'acheteur de rein qu'il a trouvé s'est révélé d'un autre groupe sanguin que le sien et la «transaction» a capoté. L'homme ne vendra peut-être pas son rein mais il aura essayé. L'homme n'a toujours pas le cœur à rire. Pire, il a encore ses deux reins.

Slimane Laouari
Réinsertion sociale… ce doux mot

Parfois, les voies de l’enfer sont pavées de bonnes intentions. Il est des personnes, qui, pour une raison ou une autre, se retrouvent derrière les barreaux. Souvent est-il susurré, comme dans l’intention d’édulcorer le délit, pour un fugace moment d’égarement. Or, la société, qui réagit à un événement précis passionnellement, est en général implacable à leur encontre. A son tour, l’Etat, parce que tenu d’être en phase avec cette même société et dans le but de préserver des équilibres, actionne des mécanismes ad hoc qui ont pour but évidemment de rendre justice à la victime tout en demeurant garant du respect de ses droits fondamentaux à l’endroit de l’auteur d’un délit donné.

Et, souvent, ce même Etat ne se suffit pas du respect de ces seuls droits mais s’autorise, voire fait sienne une grande mansuétude en affichant son franc souci sur une notion qui consiste à ce qu’à l’accomplissement intégrale ou non de la peine infligée corresponde un pardon qui ne saurait se résumer au seul rapport arithmétique de l’expiation graduée de la faute. Il est incontestable que, quelles que soient les conditions de détention, il n’existe pas de prison idéale comme il n’existe pas de cage dorée pour un oiseau habitué à l’air libre et donc privé de l’essentiel : la liberté.

C’est pour la restitution de cette liberté dans la dignité que s’efforcent différents départements gouvernementaux, notamment les ministères de la Justice, de la Solidarité nationale, de la Formation et de l’enseignement professionnels, de la PME et de l’artisanat, dans une action concertée inscrite très certainement dans un vaste programme politique de réforme de la justice, de proposer un vade-mecum pour la réinsertion sociale définitive des détenus qualifiés à l’exercice d’une activité manuelle déjà maîtrisée ou acquise pendant la période de privation de liberté.

Mais tous ces efforts et ce programme louables sont un peu comme le fameux mythe de Sisyphe en ce sens que les prisons et, pour cause l’évolution exponentielle de la délinquance urbaine elle-même conséquence de tares sociétales, continuent de pousser comme des champignons à cause du surpeuplement de celles déjà existantes.

Si la politique de réinsertion engagée ne doit pas être prise de haut ou tout simplement sous-estimée en raison de l’argument ci-dessus évoqué, il n’en demeure pas moins que bien des pistes médianes peuvent être disponibles pour peu que tous les mécanismes réglementaires sérieux mis en place pour lutter contre l’exclusion scolaire, l’insertion dans la vie active après la formation professionnelle, les études universitaires, une répartition équitable de l’aide sociale aux personnes réputées vulnérables, ne demeurent pas de creux slogans, lesquels d’ailleurs ne sont visibles qu’à chaque rentrée sociale.

Nul n’est assez fou pour rejoindre de son propre chef l’univers carcéral si, quelque part, un levier n’actionne pas un processus douloureux à tout point de vue aussi bien pour la société que pour l’Etat, lequel, preuve à l’appui, même si ce n’est pas du seul apanage de l’Algérie, y consacre temps, effort, matériel et argent.

Par A. Lemili

L’exercice solitaire du pouvoir

A la radio, Réda Hamiani a déploré que les opérateurs économiques, dont le patronat, n’aient pas été associés à l’élaboration du projet de loi de finances 2010, un document qui, a-t-il ajouté, a tendance à sortir de son cadre traditionnel d’affectation annuelle des ressources budgétaires pour s’imposer comme l’outil principal de stratégie économique. Le président du FCE a parlé d’exercice solitaire du pouvoir.

Alors qu’ils sont censés refléter le consensus national du fait qu’ils engagent l’avenir de la nation, les grands choix économiques sont laissés à la seule appréciation des administrations publiques. Le résultat est souvent catastrophique, comme l’a été celui de la loi de finances complémentaire de juillet dernier qui a déstabilisé le fragile appareil économique par des mesures édictées sans concertation avec les entreprises.

L’Etat a été contraint, en cours de chemin, d’apporter quelques rectificatifs par voie réglementaire mais sans céder sur l’essentiel. Les compétences que recèlent la sphère privée et la société civile n’ont pas la possibilité de s’exprimer et de se faire entendre en haut lieu. Même les parlementaires ne sont pas épargnés : pourtant globalement acquis au pouvoir, ils ne sont sollicités que pour lever la main en signe d’approbation des textes conçus par l’Executif.

Cette culture du monologue est porteuse de germes destructeurs. Comme les grèves, les marches, les sit-in, les pétitions, etc. ne reçoivent qu’exceptionnellement des échos en haut lieu, le passage à l’émeute devient la réponse jugée la plus appropriée. La toute dernière vient de frapper durement le quartier de Diar Echems, à Alger, avec son lot de victimes chez les manifestants et les forces de l’ordre.

Pour le sociologue Ali El Kenz, l’émeute est une réponse à des pratiques telles que l’arrogance, le double langage, l’inertie bureaucratique, les passe-droits. « Quand le lien politique est rompu, la violence remplace l’expression », écrit-il. De l’avis de l’historien Daho Djerbal, « les émeutes ne sont pas seulement des éruptions de colère , c’est une volonté de négocier avec ceux qui détiennent le pouvoir ; or ceux-ci ne veulent pas de changement et donc poussent les jeunes à s’insurger de manière de plus en plus violente ».

A force de s’exercer dans la solitude et le mépris, le pouvoir finit pas s’effilocher. Le président de la République a quasiment déserté l’espace public, mais sans pour autant se délester de ses pouvoirs. Comme il est extrêmement sourcilleux sur ses prérogatives, il a paralysé une bonne partie de l’Etat : les grands commis que sont les ministres ne peuvent rien décider sans son aval.

Le chef de l’Etat est suivi, pour des raisons différentes, par son Premier ministre qui, depuis six mois, ne communique presque plus avec les grands acteurs de la vie économique et politique Pour combler cette grave fracture entre la politique et la société, le remède classique prescrit en haut lieu est l’argent du pétrole. La loi de finances 2010 va accentuer le niveau des dépenses publiques, cette fois en aggravant les déséquilibres budgétaires. On puisera dans la cagnotte stockée dans le fonds de régulation, mais que se passera-t-il lorsque le bas de laine sera désespérément vide ?

Par Ali Bahmane

Entre la massue et la bigorne

Il n'a même pas eu le temps de suivre les réquisitoires du ministère public dans l'affaire Clearstream, plus une page de libre dans son agenda. Apprendre aux Afghans comment se comporter après une fraude électorale massive et ne pas reculer devant des Iraniens qui veulent exclure la France des négociations à Vienne font que Bernard Kouchner doit maîtriser l'art de l'équilibre et du jonglage.

Le patron du Quai d'Orsay aura ainsi juste le temps de savourer un thé à la menthe dans la zone verte à Kaboul.

Au terme de son «show démocratique», aux côtés de John Kerry, président de la commission des affaires étrangères du Sénat américain, le candidat sortant Hamid Karzaï a accepté l'idée d'un deuxième tour, prévu le
7 novembre. Vive la démocratie à l'afghane qui, à défaut de former un gouvernement d'union nationale sous l'égide de la coalition, se résigne à organiser un second tour.

Super favori face à Abdullah Abdullah, son ancien chef de la diplomatie qui a cessé de parler d'alliance contre-nature, le président Karzaï aurait-il approuvé ce retour forcé au bureau de vote de sa circonscription si son homologue US n'avait pas subitement «amarré» sa décision d'envoi de troupes supplémentaires à la légitimité du nouveau gouvernement afghan ?

Difficile de croire au contraire, le fidèle des fidèles s'est vu déjà réinvestir le bureau de la présidence afghane, traînant des sacs de faux bulletins de vote. Après tout, il aurait facilité la prise de décision à Washington, alors qu'à Londres Gordon Brown n'a pas attendu l'issue du processus électoral pour envoyer 500 soldats en renfort.

Tant mieux qu'un allié fasse cet effort quand l'Australie déclare ne pas vouloir rester en Afghanistan plus que nécessaire et que la diplomatie française fasse le forcing auprès des autorités de Kaboul à défaut de larguer des parachutistes sur le front.

Qu'il pleuve ou qu'il neige, Barack Obama doit choisir entre maintenir le nombre des forces engagées, comme le souhaite Joe Biden, parachuter 40 000 hommes supplémentaires, selon les estimations du général Stanley McChrystal.

Ou se contenter de l'envoi de 10 000 à 15 000 soldats avec l'option d'un renforcement de la coopération militaire avec Islamabad. Ce scénario serait le mieux adapté du fait que l'armée pakistanaise est en train de ratisser large dans le Sud-Wazaristan où les talibans pakistanais se sont retranchés depuis le début de l'offensive.

L'Otan acceptera-t-elle de fermer la frontière afghane pour permettre à son allié pakistanais de mater les résistants islamistes armés sans que ceux-là puissent s'échapper ?

La réponse est cruciale du fait qu'elle déterminera si les troupes de l'Otan sont suffisantes pour venir à bout de sa double mission Al-Qaïda-talibans et si Washington est apte à une étroite collaboration avec Islamabad sans aller jusqu'à s'ingérer dans ses affaires internes.

Le temps presse pour l'Amérique d'Obama qui, en plus de son choix stratégique déterminant en Afghanistan, elle risque de se séparer de Bernard Kouchner à Vienne, les Iraniens veulent écarter leur nouvelle bête noire (Nicolas Sarkozy) et discuter directement avec Washington et Moscou.

Par Anis Djaad

L’empreinte des Bush

Ayant occupé le poste d’ambassadeur dans plusieurs pays arabes et en Israël, Jeffrey Feltman connaît parfaitement le dossier, et c’est probablement en cette qualité qu’il vient en éclaireur dans la région. Reste à savoir quelle a été sa récolte lors de son escale algéroise.

Quel est l’état de nos relations diplomatiques avec l’Amérique de Barack Obama ? Quelles sont les perspectives de coopération, et ce, dans tous les domaines ? Des questions qui demeurent posées depuis l’élection du nouveau locataire de la Maison-Blanche. Après les scandaleuses déclarations de l’ancien ambassadeur US à Alger et même si les relations ont connu une certaine normalisation, il n’en reste pas moins qu’elles n’ont pas encore atteint un niveau que l’on pourrait qualifier d’excellent.

Le discours d’Obama, prononcé au Caire le 4 juin dernier, a-t-il changé quelque chose à la donne ? Rien de moins sûr, surtout lorsqu’on sait que le “souhait” de Washington de voir les pays arabes faire un geste de bonne volonté en vue d’une normalisation avec Israël a donné un certain avant-goût de ce que pourrait être l’évolution des relations déjà complexes qu’entretiennent les USA avec les pays arabes.

Et la visite en Algérie du sous-secrétaire d’État américain pour le Moyen-Orient, M. Jeffrey Feltman, s’inscrit dans cette série d’initiatives US en vue de connaître les positions, ainsi que les réponses des uns et des autres par rapport aux nouvelles propositions concernant notamment le processus de paix israélo-arabe.

Ayant occupé le poste d’ambassadeur dans plusieurs pays arabes et en Israël, Jeffrey Feltman connaît parfaitement le dossier, et c’est probablement en cette qualité qu’il vient en éclaireur dans la région. Reste à savoir quelle a été sa récolte lors de son escale algéroise.
Car aussi bien sur le dossier de la normalisation avec l’État hébreu que sur la situation qui prévaut dans les territoires palestiniens, notamment les difficultés auxquelles fait face l’Autorité de Mahmoud Abbas, il s’agit de savoir quelle sera la contribution attendue de l’Algérie.

Et dans le cas supposé d’une réponse favorable de l’Algérie aux attentes de l’Administration américaine, qui ne sait plus comment se défaire des desiderata du lobby juif, il serait judicieux de savoir quelle en serait la contrepartie. Les États-Unis, qui ont fait du “win-win” et de la realpolitik une doctrine mondiale, deviennent soudainement réticents, voire sourds lorsqu’il s’agit de certains pays comme l’Algérie même si, officiellement, on demeure un allié stratégique des USA dans la lutte contre le terrorisme international.

L’ère Obama vient de commencer mais pour l’heure, la diplomatie US reste sous l’empreinte des Bush, ce que confirme la tenue en novembre prochain de la 2e édition du Forum du futur à Marrakech.

Par : Salim Tamani

Etre directeur de l’information à l’Entv

«Il vaut mieux faire l’information que la recevoir; il vaut mieux être acteur que critique.»
Winston Churchill

«On prend les mêmes et on recommence.» Le fameux adage français semble prendre tout son sens à l’Entv, puisque presque une année après le limogeage de deux de ses responsables, respectivement le directeur de l’information et celui de A3 par Hamraoui Habib Chawki le 2 novembre 2008, le nouveau DG, Abdelkader Eulmi, a mis fin hier aux fonctions de ces même personnes qui ont été, à la surprise générale, réintégrées après le départ de HHC, en l’occurrence Zakarya et Brahim Sediki.

Quel message ou leçon doit-on retenir de cette affaire? Que rien n’est éternel à l’Entv et surtout que personne n’est à l’abri d’un remaniement. Une leçon que retiendront sûrement les personnes qui ont prétendu avoir eu la peau de HHC, en revenant à leur poste à l’Unique. Le 21 boulevard des Martyrs est sans doute le siège le moins sûr de toutes les entreprises publiques. Les responsables des différents secteurs s’interrogent chaque jour sur leur sort. Ceux qui ont été rappelés après le départ de HHC et qui n’ont pas actuellement de bons rapports avec le DG de l’Entv actuel, sont frustrés et ne savent pas s’ils vont garder leur place.

Mais le plus inquiétant encore, est qu’on soit revenu sur les mêmes choix de HHC...réintégrer les personnes qu’il a installées. Nadir Boukabès à l’information. Il faut dire que lui-même n’était pas au courant de sa nomination. Sa nomination, son remerciement et sa réintégration se sont faits sans éclairage. C’est dire la complexité d’une nomination d’un responsable aussi important que le directeur de l’information. Mais Nadir Boukabès, qui est un enfant de la boîte connaît les rouages de l’entreprise.

Du haut de ses 40 ans, il est entré dans les coulisses, en faisant son métier de journaliste en couvrant les visites du Président. Très discret et surtout très prudent dans la gestion de l’information et de l’image, Nadir Boukabès fait partie de cette génération qui a appris en écoutant et à n’intervenir que dans les moments sensibles. Il fait partie de cette génération qui regarde Al Jazeera et Al Arabya, pour mieux saisir les nouveaux concepts. C’est un très bon gestionnaire de l’information, du choix du commentaire et de l’image.

Il a surtout les réflexes qu’il faut. Nadir Boukabès a le mérite de diriger l’information sur le terrain. Il a été longtemps aux côtés de Ahmed Megaâche dans la conception et la réalisation de Daerat El Daou. Une émission calquée sur l’émission de TF1 Sept sur Sept, avec comme fond d’écran une vue nocturne d’Alger. Sa nomination est sans doute la plus justifiée des nominations à ce poste très sensible de l’Entv.

Après la nomination de Hafid Derradji, issu des services des sports, de Brahim Sediki de la culturelle, et de Azzedine Mihoubi, littérature, la fonction de directeur de l’information avait été déviée de sa véritable fonction: faire de l’info, comme ce fut le cas à l’époque de Amar Bekhouche, du temps de Abdou B. Espérons que ce changement apportera un plus à l’Entv et renforcera son image dans le gotha des télévisions arabes.

Amira SOLTANE

Le bleu dans le bleu

Dans la salle d’audience de la cour d’Alger, les juges, le procureur général et les avocats étaient tout de noir vêtus. Les prévenus, les témoins, la «victime», eux sont comme le...service d’ordre, vêtus du bleu de la Dgsn...

En attendant le prononcé du verdict le 28 octobre 2009 par le trio de la première chambre correctionnelle d’Alger qui avait entendu, jeudi et samedi derniers douze prévenus dont Merzak Dridi, l’ex-patron de l’Ecole supérieure de police, ce dernier n’a pas cessé de crier au complot et aux menaces de mort à son encontre et à une tentative de rapt de ses enfants. Ils étaient en face de Amar Beltcharchi, Fatiha Djaziri et Zahia Gazem pour avoir, pour les uns usé de faux, violé le cahier des charges et surtout pour d’autres, abus d’autorité, de rajout de points lors de la correction des épreuves du concours pour l’admission au grade de commissaire principal.

Outre Dridi, il y avait aussi Corso, Amrar, Boudraâ, Guettaf, Haddadi, Ziane, Hanane, Sansar, Ouaheb, et Ahmar El Aïn, que le procureur général avait épargné pour son rôle insignifiant dans l’affaire et Zibouchi, le correcteur qui avait ajouté deux points et demi à un candidat non poursuivi dans ce dossier qui aura permis aux magistrats de passer près de vingt heures en deux jours, juste pour avoir une idée précise sur des faits que la vingtaine d’avocats avaient estimés comme étant des faits «punissables» d’une manière interne et administrativement. Les incidents? Il y en a eu.

Maître Samir Fréha, par exemple, s’est accroché avec le président qui avait oublié de déclarer au tout début, que les trois juges allaient s’en tenir au seul cahier des charges. Et lorsque Dridi avait demandé à développer des faits graves avant d’entrer dans le fond, c’est le niet du président qui verra Maître Nabil Benhabilès perdre patience tout en restant correct, si correct que Belkharchi reçut une «décharge psychologique» en posant à l’avocat cette question...«Y a un problème?»

Le jeune défenseur réussit à surmonter son étouffement devant tant d’entêtement depuis le début de cette affaire et ce sera Maître Ablaoui qui allai refroidir cette atmosphère électrique alors que Maître Bouchina, Maître Bouchachi, Maître Fréha, Maître Bouninèche, Maître Ramdani et Maître Siad-Djellad étaient prêts à bondir pour crever l’abcès...Il est bon aussi de rappeler que la bombe avait éclaté à la suite d’une lettre anonyme autour de «coups de pouce» au bénéfice de candidats au grade de commissaire principal. Puis l’action publique démarra pour ne s’arrêter que devant le tribunal correctionnel de Sidi M’hamed qui a condamné et relaxé.

Et en appel, tout allait tourner autour de Dridi qui, à un moment donné, n’en pouvait plus de crier à son innocence et au complot organisé. «J’ai organisé plus de 80 concours et examens. Je n’ai jamais eu de pépins. Il m’était arrivé d’être "grondé" pour de petits problèmes d’organisation, mais jamais pour avoir triché. Ce n’est pas dans mon éducation, ni ma civilisation», s’était-il lamenté. Et tous les débats entrecoupés de pauses d’incidents, de suspensions courtes d’audience, étaient dirigés de main d’acier par cet inflexible Belkharchi, le président qui a refusé que l’on chevauche la ligne continue: la violation du cahier des charges.

Toutes les plaidoiries ont tourné surtout autour des nombreuses irrégularités, plusieurs zones sombres, plusieurs interrogations, de nombreuses anomalies relevées dans l’affaire, une affaire de fonctionnaires vêtus de bleu qui étaient scandalisés de voir l’enquête confiée à des fonctionnaires à l’uniforme bleu et ayant remis l’expertise aux policiers habillés de bleu! Seul contre tous, Moussa (sans le bâton) aura passé quarante-deux minutes, une scie en main, à tenter de trancher le faux son usage et l’abus d’autorité.

C’est pourquoi, il avait requis des peines de prison allant de huit à trois ans, en passant par cinq et même une...relaxe! Dépités, certains avocats n’avaient pu qualifier ce procès tant l’évidence fait que ce dossier ne valait pas de temps perdu, d’incarcération. «Nous connaissons Belkharchi!» confie une avocate. «S’il se concertait avec ses deux conseillères, il est capable d’être juste et correct.» Amine! Maître, mais nous en avons vu d’autres et sans Belkharchi!

Abdellatif TOUALBIA

Méthode de narration

J’avais continué à parler toujours avec la même passion à cause du feu qui me brûlait à l’intérieur. J’avais toujours vécu les problèmes que j’avais exposés et je sentais que mon auditoire était lui-même conquis par mes arguments, d’autant plus qu’après une courte pause, j’avais repris: «Vous voyez qu’au bout d’une semaine, j’aurais vite fait le tour des questions internationales.

Il faut avoir vraiment une culture solide, une bonne mémoire et un talent hors pair pour intéresser un lecteur qui a déjà lu cela quelque part ailleurs. Je ne suis pas de ceux qui vont piller des passages sur Internet et vont les coller sur leurs papiers. Non! merci! D’ailleurs, je n’utilise l’ordinateur que pour mon courrier électronique...» Le directeur sourit, amusé de me voir me livrer franchement, reprit: «Pourquoi ne prenez-vous pas l’actualité nationale avec tous les problèmes posés: la jeunesse, la place de la femme dans la société, l’éducation, les réalisations...

Il y a mille et mille sujets qui sollicitent tous les jours un commentaire et un point de vue nouveaux... -C’est justement ce que je vais faire, mais au lieu de coller bêtement à l’actualité comme le font beaucoup et en même temps, je préfère une façon plus subtile de présenter les divers sujets. Je fais appel à la mémoire des deux vieux époux qui vont présenter chacun les différents portraits des gens que j’ai croisés dans ma vie. De véritables personnages. D’ailleurs qu’est-ce qu’une biographie sinon une galerie de portraits différents avec des personnes aux caractères attachants.

Les vieux époux, c’est un peu moi, ils ont en vu de toutes les couleurs. Ils donneront leurs avis sur l’enseignement d’aujourd’hui en faisant appel à leurs vieux souvenirs. Elle, présentera son institutrice modèle, celle qui lui a enseigné les bons préceptes et les meilleurs usages qu’elle a tenté de transmettre à ses enfants malgré tous les défauts de l’école fondamentale et lui, il fera le portrait type de l’enseignant, tel que la IIIe République l’a envoyé en mission dans ce petit village situé dans un cul-de-sac au pied d’une sinistre montagne. A travers l’exaltation du passé, tout le monde sentira la décadence du présent.

Et cela est vrai dans tous les secteurs et pour tous les acteurs de la vie quotidienne: le médecin, le taleb, le coiffeur, le forgeron, le garde-champêtre, le douanier... D’abord par cette méthode, je ne risquerai pas d’être poursuivi pour atteinte à personne privée vu qu’aucun de mes personnages ne portera le nom de la personne qui a servi de référence. Car tous mes personnages sont vrais.

Aussi vrais que vous et moi. Ils ont vécu et certains d’entre eux continuent à vivre dans l’anonymat le plus complet. A moins que je ne choisisse le style d’Amin Malouf qui, dans son excellent roman Leon l’Africain, a donné à chaque chapitre le nom de l’événement qui a marqué cette période. Ainsi, pour parler du tablier rose ou bleu, je n’aurais qu’à donner comme titre "L’année du tablier"».

Selim M’SILI

Grippe A: faut-il se faire vacciner?

Pourquoi la directrice générale de l’OMS ne se fait-elle pas vacciner sous les objectifs des caméras?

Qui dit vrai, qui dit faux? Jamais un vaccin n’avait autant partagé les scientifiques comme celui contre le virus H1N1. Faut-il se faire vacciner contre la grippe A ou non? Cette semaine, la question se pose avec plus d’acuité car la vaccination a commencé dans certains pays et dans les tout prochains jours dans d’autres. En France par exemple, elle a commencé mardi dernier par la vaccination des personnels de santé.

Tenez-vous bien, la majorité d’entre ces hommes et femmes, personnel médical et paramédical, refuse de se faire vacciner. La ministre française de la Santé se démène comme elle peut pour convaincre de la «nécessité» de se faire vacciner. A grand renfort médiatique. Rien n’y fait. Au contraire, les scientifiques opposés au vaccin contrôlent de moins en moins leur colère. C’est qu’ils ne manquent pas d’arguments pour crier au scandale. Jugez-en. Il y a plusieurs formes de vaccin pour un seul et même virus. Il y a celui qui est fait sans adjuvants, il y a celui qui en contient. Il y a la forme injectable. Les uns suggèrent une seule dose, d’autres avancent qu’il en faut deux.

Il y a celui qui se présente sous forme de spray (vaporisateur). Au-delà de ces formes, il y a le fond du problème tel qu’abordé par les spécialistes. La plupart s’insurgent contre la rapidité avec laquelle a été mis au point ce vaccin. Ils rappellent que les effets secondaires n’apparaîtront que plus tard. D’autres évoquent la présence de mercure dont tout le mode connaît la nocivité pour le corps humain, dans certaines formes du vaccin présenté au public. Face à eux, les tenants du bienfait de ce vaccin peinent à trouver des arguments convaincants. Bref, une cacophonie qui aurait été sans intérêt si elle n’était pas le fait de spécialistes. Souvent des sommités de la recherche médicale.

Une chose est sûre c’est que tout ceci n’est pas pour rassurer les profanes que nous sommes. Le petit peuple à qui on demande de tendre le bras et de se taire. Heureusement que le choix nous est laissé. Qu’aucune obligation n’a été décrétée. Oui, mais comment décider d’y aller ou de ne pas y aller? Quand on voit des médecins, la majorité, refuser de se faire piquer, on est enclin à suivre leur exemple. D’aucuns hésitent encore malgré tout. Et si ces médecins se trompent, se disent-ils? Où se trouve dès lors le salut?

D’autant que l’OMS conseille vivement la vaccination. Si les plus grands spécialistes ne parviennent pas à se mettre d’accord, ce n’est pas à nous, ni à d’autres comme nous dans le brouillard, de conseiller quoi que ce soit à qui que ce soit. Néanmoins, on peut «ouvrir des pistes» de réflexion. Pourquoi la directrice générale de l’OMS, si prompte à décréter le niveau 6 d’alerte (le plus élevé) à peine quelques semaines après l’apparition des premiers cas humains, ne se fait-elle pas vacciner sous les objectifs des caméras?

La logique voudrait qu’elle donnât l’exemple de ce qu’elle nous recommande avec insistance. Pourquoi la ministre française de la Santé qui sillonne l’Hexagone pour suivre le lancement de la campagne de vaccination des personnels hospitaliers n’a-t-elle pas retroussé la manche pour se faire injecter le fameux vaccin? Pourquoi aucun grand de ce monde n’a fait ce geste? Ce «faites ce que je dis, pas ce que je fais» n’est guère rassurant. C’est le moins que l’on puisse dire.

A ces pistes on vous rajoute la réflexion qu’a eue le directeur régional de l’OMS pour l’Europe qui vient de céder, quelques jours à peine avant le début des vaccinations, sa place à une Hongroise: «Entre l’argent et la santé, ce n’est pas toujours la santé qui gagne», a-t-il laissé échapper dans un entretien à un quotidien français. Voilà le monde dans lequel nous vivons. Un monde déshumanisé où seul le profit compte.

On vous épargne les opinions des extrémistes ou considérés comme tels qui n’hésitent pas à qualifier dramatiquement ce battage médiatique autour du vaccin contre la grippe A. Disons simplement qu’ils y voient une volonté délibérée de nuire. C’était l’envers du décor d’une vaccination et d’un virus dont on ne saura la vérité que plus tard. Bien plus tard. Notre devoir était de vous rapporter les divers éléments d’appréciation. A chacun maintenant de juger et décider s’il doit ou non tendre son bras.

Zouhir MEBARKI

Jusqu’à quand le diktat d’Israël?

Israël digère très mal son premier et sévère revers diplomatique depuis la fondation de l’Etat hébreu en 1948 dans sa vaine tentative d’étouffer le rapport Goldstone, commandité par l’ONU, qui accuse Israël de «crimes de guerre» et de crimes pouvant s’assimiler à des «crimes contre l’humanité». Ainsi, pour la première fois, une commission d’enquête internationale a pu mener jusqu’à leur terme des investigations sur les exactions d’Israël contre la population palestinienne.

Tant de crimes de guerre israéliens ont jusqu’ici échappé à l’investigation de l’ONU - les crimes commis à Sabra et Chatila en 1982, à Jenine en 2002 notamment - et passés par pertes et profits par une pusillanime «communauté internationale» qui n’a jamais été désireuse de savoir lorsqu’il est question d’Israël et des crimes qu’il commet à l’encontre des peuples palestinien et libanais.

Cet unique échec d’Israël - assuré depuis des décennies de l’impunité par ses protecteurs américains et européens - est donc estimé comme le revers de trop par l’Etat hébreu. Ainsi, les dirigeants israéliens sont dans tous leurs états, face à l’incapacité de ses protecteurs de stopper le rapport Goldstone et la crainte que celui-ci passe devant le Conseil de sécurité de l’ONU avec la possibilité de voir la Cour pénale internationale (CPI) prendre en charge le dossier. Pour parer à cette possible action de la CPI, Israël réfléchit à l’éventualité...de (faire) changer les lois internationales.

Rien que ça! Dans un communiqué publié mardi par le cabinet israélien, il y est dit: «Le Premier ministre (Benjamin Netanyahu) a demandé aux organes gouvernementaux compétents d’étudier une initiative pour amender la législation internationale sur la guerre afin de l’adapter à l’expansion du terrorisme mondial.» Cette législation internationale s’est imposée à tous les Etats membres de l’ONU, sauf, curieusement, au seul Israël qui, depuis 1948, n’a appliqué aucune résolution de l’ONU le concernant.

Même la résolution 181 du 29 Novembre 1947 portant partage de la Palestine historique entre un Etat juif et un Etat arabe, devant entrer en vigueur une année après son adoption par le Conseil de sécurité, n’a pas été respectée par Israël qui proclama unilatéralement l’Etat hébreu en mai 1948. Six mois avant la date prescrite par l’ONU. Deir Yacine, Qalwina, Tabaria, la terreur qui a fait fuir en 1948 près de 800.000 Palestiniens, sont autant de crimes contre l’humanité, commis par Israël et demeurés impunis.

Et voilà Israël qui, s’estimant au-dessus de lois internationales, s’appliquant et s’imposant à toutes les nations, veut amender ces lois du moment qu’elles peuvent avoir à connaître des crimes de l’Etat hébreu. Au nom de quoi, la CPI qui peut traîner le président soudanais devant les tribunaux à cause du Darfour ne pourrait pas faire de même pour le Premier ministre israélien afin que justice soit rendue aux Palestiniens?

Mais les cimes de l’arrogance ont été atteintes par le chef de la diplomatie israélienne, l’ultranationaliste, Leiberman, qui, mettant en doute «la sincérité» des Palestiniens - qui ont eu l’outrecuidance de saisir le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU- s’interroge: «Que veulent-ils?

L’établissement d’un Etat palestinien ou la destruction de l’Etat d’Israël?» Peut-on encore parler de mauvaise foi de la part d’Israël, lorsque l’obstacle à la paix reste l’occupation des territoires palestiniens, l’expansion des colonies juives, la judaïsation de Jérusalem-Est, la bantoustanisation de la Cisjordanie, l’asphyxie de Ghaza, autant de faits qui, outre d’empêcher l’érection de l’Etat palestinien, sont autant de crimes contre l’humanité envers le peuple palestinien. La communauté internationale peut-elle accepter plus longtemps le diktat d’un Etat devenu monstrueux par sa propension à semer la haine parmi les peuples et les nations?

Karim MOHSEN

Diar Echems, l’enfer au cœur d’Alger

Les « damnés de la terre », il en existe encore en Algérie de 2009. Non loin du siège de la présidence de la République et à quelques kilomètres seulement des quartiers huppés de la capitale (le Golf et Hydra), près de 40 000 citoyens algériens sont nés et vivent encore dans la misère. Ils ne voient pas la lueur du soleil et ils rêvent toujours d’un avenir meilleur qui tarde à se profiler à l’horizon. Il s’agit des habitants de la cité Diar Echems, dont le nom, qui veut dire en français « les maisons du soleil », ne reflète aucunement la situation dans laquelle 1500 familles y habitent. Aujourd’hui, la cité est devenue célèbre. Non pas par la haute qualité de vie de ses résidents, mais parce qu’elle est sortie de l’anonymat suite aux violentes émeutes qui ont éclaté, lundi et mardi derniers, dans le quartier. Des événements qui ont fait la une de la presse nationale et des chaînes de télévision étrangères. Le voile est levé sur la situation d’une partie de la population algéroise.


Pour connaître les raisons d’une révolte subite et violente, nous sommes allés à la rencontre des jeunes qui ont donné, deux jours durant, du fil à retordre à la police antiémeute. Voyage à l’intérieur d’une véritable favela algérienne…Hier, mercredi 21 octobre 2009, il était environ 10h30, quand nous sommes arrivés sur place. Et notre surprise fut grande. Ces hauts immeubles que l’on voit de loin ne sont en réalité que des carcasses qui cachent, tant bien que mal, la misère de centaines de familles. Adossés aux murs, des dizaines de jeunes et de vieux semblaient attendre des visites. En voyant notre véhicule, ils viennent en courant. « Vous êtes de quel journal ? », nous apostrophe l’un d’eux. En apprenant notre identité, ils se montrent accueillants. « Bienvenus aux HLM (Habitants des Logements Misérables) ! », nous lance Belaïd, fonctionnaire. Accompagné d’un groupe de jeunes et d’hommes d’un certain âge, il se présente comme le représentant des habitants de la cité. Mais c’est le plus vieux du groupe qui prend la parole pour nous résumer le fond du problème. « Cette cité a été construite par la France en 1958 et elle était réservée, à l’époque, aux "indigènes" (les citoyens algériens, ndlr). L’appartement le plus vaste dans ces bâtiments a une superficie de 27 m2. Même les prisonniers d’El Harrach ont droit à 4 m2 chacun. Nous, nous dormons à 11 ou 12 personnes dans une seule pièce de 27 m2. Aucun d’entre nous n’a droit aux 4 m2 dont disposent les prisonniers », déplore notre interlocuteur. Selon lui, les habitants « ne demandent qu’un droit légitime : avoir un logement décent. » « Nous ne pouvons plus patienter. 50 ans dans une seule pièce, c’est trop », déclare un autre membre du collectif en question.

« Nous ne sommes pas des voyous »

Les personnes interrogées accusent le maire de la commune d’El Madania d’être à l’origine des derniers événements. « Non seulement il a octroyé des logements à trois femmes célibataires et étrangères à la cité, mais il ne nous a accordé aucun respect. Quand il est venu ici négocier avec nous, il était ivre. C’est lui qui est à l’origine de ces événements », disent-ils. Selon eux, les jeunes révoltés ne sont pas des voyous. « C’est toute la cité qui est révoltée. Nos jeunes ne sont pas des voyous et les déclarations du maire ne sont pas vraies », rectifient-ils. En donnant leur version des faits, les représentants de la cité nous invitent à visiter leurs immeubles de l’intérieur. Première halte, une cage d’escalier. Servant de cave pour les ordures, cette dernière est actuellement un abri pour la famille Belhadj. Le père, la mère et les trois filles qui composent cette famille ne voient jamais le jour se lever. « J’ai aménagé le peu d’espace qui existe dans cette cave en chambre à coucher et en cuisine. Je ne dispose même pas de toilettes. De plus, l’humidité nous menace quotidiennement », déclare ce père de famille. Comme lui, de nombreux jeunes ont dû exploiter d’autres cages d’escalier et des couloirs des bâtiments pour pouvoir s’y abriter, eux et les membres de leurs familles. Les plus chanceux d’entre eux logent dans des F1 ou F2 très étroits. Mais, ce n’est pas le paradis. C’est plutôt l’enfer. Des familles composées de 12 à 14 membres s’entassent dans une seule pièce. En effet, les grands-pères, les grands-mères, les fils, les brus et les enfants se débrouillent comme ils peuvent pour dormir. Ici, l’intimité est inexistante. « Nous dormons à tour de rôle. Les jeunes, eux, passent la nuit à la belle étoile en attendant le lever du jour pour prendre place dans un coin de la maison », précise un membre de la famille Amrani. Khadraoui Toufik et son frère, tous les deux mariés, partagent une chambre et un balcon. « Moi, j’occupe le balcon avec ma femme et mon enfant et j’ai cédé la chambre à mon frère. Parfois, je me sens gêné quand je rentre à la maison le soir », affirme-t-il. Dans cette cité, il y a également des personnes âgées et très malades.

Les femmes occupent les balcons et les hommes les couloirs

Certains d’entre elles sont d’anciens moudjahidine. C’est le cas de M. Chrarek, un vieil aveugle, que nous avons trouvé alité. « Ce n’est pas une vie ! », tonne une de ses filles qui dénonce la mauvaise prise en charge de son père. Alors, pour fuir l’étroitesse des logements, certains jeunes mariés ont décidé de quitter la maison familiale. Pas pour aller ailleurs, mais pour habiter un taudis qu’ils ont construit au pied des bâtiments. « Où est notre droit ? Nous n’avons rien eu des richesses nationales. D’où notre révolte. A travers cette protestation, nous voulons interpeller les hautes autorités du pays », estime Dris Abderrahmane. Les habitants de Diar Echems reviennent à cette occasion sur les émeutes de la veille. Ils se plaignent de la brutalité des forces antiémeute à leur égard. « Des dizaines de bombes lacrymogènes périmées ont été balancées même à l’intérieur des maisons. Nos enfants et les personnes malades ont failli mourir asphyxiés », déplorent-ils en montrant les douilles de ces engins. Cette situation démasque les discours et les chiffres officiels sur la prise en charge des citoyens et le nombre de logements construits. Pourquoi a-t-on entretenu un tel bourbier ?

Par Madjid Makedhi

La grande harba (XX)

Forts de leurs «mahchoucha», le chef des tangos et une mamie amie pénètrent sur le terrain pour tirer des penalties. Nous sommes menés au score (3 à 0). C’est la pause et le buveur de Jack Daniel’s nous proposa une autre stratégie. Il nous faut gagner si nous voulions avoir la vie sauve…

Au cours de cette pause historique, Mouh Dribble Tout, éjecté du siège de coach, fut tellement malheureux qu’il en pleura à chaudes larmes. Puis, retrouvant ses habitudes, il dribbla tous les joueurs, l’arbitre, deux chênes, les décombres de la moissonneuse-batteuse et même l’une des femmes du BPB qui se trouvait sur un vieux lit érigé en seconde tribune d’honneur.

La chose ne fut pas appréciée par le BPB qui tira deux coups en direction du gars. Il fut inhumé aussitôt avec cet épitaphe : «Il dribla tout, mais la mort finit par le dribbler !» D’emblée, nous attaquâmes. Je reçus une balle en or sur l’aile gauche, mais, au moment d’avancer, un chien berger de la taille d’un tigre me sauta dessus, m’empêchant d’aller plus loin. A l’aile droite, même scénario, un pit-bull colossal suivait au pas notre ailier et dès que ce dernier s’approchait du poteau de corner, le molosse le happait violemment.

Nous nous plaignîmes au referee qui arrêta la partie pour consulter le quatrième arbitre qui n’était que le… BPB lui-même. Ce dernier fit l’éloge de la FIFA et dit d’un air assuré : «Heureusement que nous avons la possibilité de consulter la vidéo, selon les derniers règlements.» Les salauds avaient tout prévu. Ils montrèrent une vieille cassette à l’arbitre en lui faisant croire que c’était une répétition des dernières images du match. On y voyait l’ailier droit en train de faire des signes à la seconde épouse du BPB, vautrée sur un autre lit avec sa marmaille.

Choqué, l’arbitre donna un carton rouge à notre joueur en nous traitant de menteurs : «Où sont les chiens ? Vous êtes des affabulateurs !» Le BPB demanda une sentence plus lourde et comme il était le quatrième arbitre, il la prononça en ces termes : «Nous allons t’attacher comme un chien aux poteaux de nos bois. Tu auras pour mission de mordre les joueurs de ton équipe quand ils s’approcheront de notre goal.» Je ne le connaissais pas très bien ce pauvre ailier droit mais je fus choqué de le voir à quatre pattes, un collier au cou, aboyant à faire réveiller des morts… Spectacle pitoyable qui fut commenté par le pied-noir en ces termes : «De toute ma carrière de plongeur à la buvette du Stade de Reims, je n’ai rien vu de pareil !» Sur ce, un événement de taille se produisit.

L’émir malheureux qui évoluait en attaquant avancé reçut une balle anodine qu’il tira sans conviction… et comme le keeper adverse était en train de jouer avec le chien… pardon, notre ailier droit, en lui tendant un os qu’il retirait aussitôt, provoquant la colère du gars qui aboyait de plus en plus fort, la balle n’eut aucune difficulté à rentrer dans les filets. Trois à un ! Nous jubilions ! Mais l’arbitre ne siffla pas le but ! Il inventa, encore et encore, de nouveaux règlements : «Une balle peut très bien franchir la ligne de but.

En fait, si l’on analyse l’angle de vision et l’ombre du poteau, projetée par le soleil à son zénith, et en considérant les particularités du solstice d’été, on peut considérer que c’est un but. Or, je n’avais pas d’angle de vision parce que j’étais en train de lire un SMS envoyé par la fédération égyptienne. Secundo, le soleil n’était pas à son zénith. Tercio, nous ne sommes pas au solstice d’été mais à celui du printemps ! Donc, pas de but. Et si vous voulez consulter la vidéo chez le quatrième arbitre, il n’y a pas de problème…» Impossible de marquer le moindre but avec un vendu pareil !

Impossible de gagner : il fallait tout de suite un plan d’urgence pour nous tailler avant la catastrophe qui avait pour nom Ali l’égorgeur… Personne ne prêta attention à Meriem El Aggouna qui avait quitté ses bois pour se rendre aux bois en compagnie du BPB, s’attirant les foudres des trois femmes du barbu qui s’agitaient drôlement sur leurs lits, provoquant des grincements métalliques d’enfer. Qu’est-ce qu’elle mijotait. Nous l’ignorions pour le moment. Mais, à son retour de la forêt, nous fûmes étonnés de voir le BPB demander une interruption de la partie et rassembler aussitôt ses joueurs pour leur servir un élixir dont il disait qu’il allait décupler leurs forces.

Le résultat fut tout à fait le contraire. Les onze footballeurs et les trente apprentis qui les soutenaient sur le terrain furent pris d’une terrible envie de dormir. Ils n’arrivaient plus à courir, ni à marcher. Ils titubaient et tombaient un à un. Ils ne réagirent même pas lorsque notre ailier droit les mordait. Le buveur de Jack Daniel’s s’en donna à cœur joie. Il marqua, à lui seul, quatre buts. Le dernier était un chef-d’œuvre. Il se présenta seul face aux bois mais au lieu de tirer le ballon, il se coucha par terre et l’envoya au fond des filets d’une petite tête qui souleva les applaudissements de nos supporters, revigorés par notre réveil ! Personnellement, je n’avais pas l’esprit fantasque du pied-noir.

Dès que j’avais un ballon, je marquais un but sans chercher à me compliquer la vie. Facile, puisque les bois étaient désertés. Même notre ailier droit, attaché au poteau, eut sa part du gâteau. Il récupérait toutes les balles perdues de son côté pour les transformer en jolis buts ! Nous en étions à 14-3 lorsque la deuxième femme du BPB quitta son lit et se présenta sur le terrain avec ses quatre gosses : «Je veux tirer des penalties, moi et mes enfants !
- Finie la comédie !» lui répondit Meriem El Aggouna en la giflant et en donnant des coups de pied là où ça fait mal aux garnements. Tout le monde se tourna vers le BPB. Qu’allait-il faire ? Rien, puisqu’il était inconscient.

Le buveur de Jack Daniel’s en profita pour en découdre avec l’arbitre au pyjama rayé. Il le fouetta avant de lui faire avaler les prétendus règlements de la FIFA qu’il consultait pour nous humilier. Puis, il l’attacha aux bois adverses et demanda à tous nos joueurs de lui balancer des balles puissantes sur le visage. C’était la fête. Les Chinois venus de Melbou, Cap Aokas et El Kseur pour nous encourager envahirent le terrain en chantant des hymnes à notre gloire. Mais Meriem El Aggouna mit fin aux cérémonies improvisées pour la circonstance, en nous appelant au calme et à la retenue : «C’était le moment de se tailler : ils vont se réveiller bientôt et je ne voudrai pas être là…» Nous quittâmes nos amis, après avoir versé du miel sur l’arbitre.

Les mouches et autres bestioles ne tardèrent pas à envahir le stade… Direction : Taihzou (ex-Tizi-Ouzou). Nous n’avions plus peur des barbus. Ils étaient cantonnés dans les hautes montagnes. Mais les gendarmes étaient toujours à nos trousses. Il fallait éviter les grandes routes et les agglomérations urbaines. Nous fîmes une halte dans un fastfood de Khahra Kuinming tenu par un ancien pirate des mers de Chine qui nous servit un succulent rôti de serpent à sornette avec sa sauce de brocolis à la mode de Fréha. Le pied-noir était ravi de retrouver la civilisation. Il demanda du vin et on lui servit un royal «Domaine de Kalbelouz, cuvée 1962» : «Ah ! c’était l’année où nous quittions ce paradis…

- Mange et tais-toi, buveur de vin ! » lui dit d’un air contrarié l’émir.
Le proprio alluma la radio sur la station d’«Azzefoun Voice of China». C’était l’heure des infos. Le présentateur évoqua les émeutes qui venaient d’éclater sur les hauteurs d’Alger-Peking, troubles dus à l’entassement des Chinois récemment arrivés dans des bâtiments datant de l’époque coloniale. La bidonvilisation de la capitale de l’ancienne Algérie a fait pousser, partout, des no man’s land de misère et d’exclusion qui contrastaient avec les palais achetés à coups de dizaines de milliards par les dames de la Nomenklatura, y compris, parfois, des villas classées patrimoine national ! Le Sardèle que j’étais s’en émut et quelques larmes coulèrent sur les joues de Meriem, Jack et l’émir. «Ces pauvres Chinois méritent qu’on les écoute. Tout ce que sait faire le gouvernement de Ouahibelkha, c’est d’envoyer les Casques bleus, comme le faisait celui de Belkhadouahi !» commenta Meriem. Nous décidâmes d’envoyer un message de soutien aux enfants des «Maisons du soleil», là où le soleil ne pénètre jamais…

«Encore un chahut de gamin ?

- Non, répondis-je. On ne refait jamais l’histoire…
- Au fait qu’est-ce que tu as servi au BPB et à sa troupe ? demanda le pied-noir à Meriem.
- Un somnifère dans une bouteille de Jack Daniel’s
- Quoi ? Tu en avais une ? Tu l’avais cet élixir, cette eau de vie enchantée, cette boisson divine, et tu l’as gaspillée comme ça ? Espèce de…»

A suivre

Par Maâmar FARAH

Bientôt la suite de “Dallas”... avec JR et Sue Ellen ?

Que les premiers fans toujours en vie de Dallas se réjouissent, il y aura prochainement une suite au feuilleton mythique Dallas. Ce sont les studios Warner Bros. qui ont annoncé la mise en développement de ce projet, qui s'inscrit dans la lignée des récentes résurrections de Beverly Hills, 90210 et Melrose Place, mais aussi des retours ratés de K 2000 et Bionic Woman.

Cette “nouvelle” série suivra une nouvelle génération d'Ewing, puisqu'on y découvrira les aventures de John Ross, le fils de J. R. et de Sue Ellen, et de Christopher, le fils adoptif de Bobby et Pam, qui est en fait le fils de Kristin, la sœur de Sue Ellen, ce dont les plus accros se souviennent évidemment.

Et pour s'assurer l'exposition la plus importante possible, Warner Bros cherche actuellement à faire revenir J. R. et Sue Ellen eux-mêmes, selon TV Guide Magazine. La production a donc contacté les acteurs Larry Hagman et Linda Gray, afin de leur demander de reprendre leur rôle.

“Je sais que nous ne serions pas les personnages principaux de la série, et je n'accepte jamais rien avant d'avoir lu un script”, a déclaré Larry Hagman, 78 ans, à propos d'un éventuel retour. Pour sa part, Linda Gray a fait savoir qu'elle ne reprendrait pas son rôle si Sue Ellen était toujours alcoolique et s'habillait mal.

“Je refuse de porter des petites robes ennuyeuses avec des perles autour du cou”, a expliqué l'actrice, âgée de 69 ans aujourd'hui. “À cet âge, Sue Ellen doit être un modèle puissant”. Et oui, même si les acteurs originaux ont le visage aussi fripé que le “Kméch Dallas” (Tissu Dallas), Dallas ne serait pas pareil sans eux…

Par : Rédaction de Liberte

Société et écran politico-médiatique

Toutes les chaînes du monde retransmettent depuis avant-hier les images des violentes émeutes de Diar Echems. Toutes sauf la chaîne nationale, clonée en chaînes linguistiques et thématiques.

Pourtant, de la fenêtre du siège de l’ENTV, on pouvait certainement voir les nuages de gaz lacrymogène et entendre le vacarme des manifestations qui parviennent du quartier soulevé. Mais à l’Unique, on préfère sûrement fermer les volets et tirer les rideaux pour mieux se concentrer sur les activités salutaires du pouvoir.

Tout se passe comme si le peuple, mineur, ne devait pas être atteint par une information sur des faits, mineurs eux aussi, mais qui risquait de déformer son jugement sur la gestion qu’on dit exemplaire des affaires de son pays. À propos, et en principe, les évènements, malheureux, certes, arrivaient à point nommé pour ouvrir un débat sur la question de la politique du logement. La veille de ce début des agitations, le ministre de l’Habitat annonçait que le programme du million de logements venait d’être dépassé de cinq pour cent. Il aurait été judicieux de s’interroger pourquoi une politique aussi ambitieuse et aussi hardiment menée débouche sur des émeutes du toit.

Au lieu de cela, on fait comme cet adolescent du film Good bye Lénine. Il passait à sa mère qui, malade, n’a pu accompagner l’évolution de son pays, des vidéos de JT d’avant la chute du mur de Berlin pour qu’elle n’ait pas à constater que l’Allemagne n’est plus communiste et tirait les rideaux de sa fenêtre pour lui cacher l’immense panneau publicitaire de Coca-Cola qui couvrait la façade de l’immeuble d’en face.

Chez nous, pas besoin de subterfuges pour rassurer les nostalgiques du parti unique ; l’ENTV le fait pour tous. C’est à se demander pourquoi avoir transformé l’office de la RTA en entreprise de TV ! À se demander même pourquoi avoir investi dans la couleur, alors que, pour le reste, elle a tout d’une télévision brejnévienne.

La presse écrite, marginale du point de vue de son impact, elle-même gagnée par l’autocensure alimentaire, compense comme elle peut le monopole totalitaire de l’audiovisuel. Mais les deux médias n’y gagnent rien ! Ils y ont perdu leur crédibilité. On ne regarde pas l’ENTV pour s’informer : parmi la multitude de chaînes que le génie des Algériens et leurs moyens leur permettent, elle est réservée aux sketches, à la météo et au championnat de football.

Les journaux sont lus avec la méfiance qui s’applique à l’informateur suspect.
Au moindre chuchotement, les curieux zappent sur les chaînes internationales pour confirmer ou infirmer les nouvelles du pays. Pendant ce temps-là, la télévision et la radio publiques, et la presse écrite “indépendante” que nous sommes, sont faits pour renvoyer à ce pouvoir cette illusoire image qu’il croit distiller au peuple.

Dans ce faux huis clos, il est à craindre que celui des deux, le quidam et le pouvoir politico-médiatique, qui est leurré n’est pas celui qu’on croit. Il est surtout à craindre qu’à son tour leurré par des médias qui lui font… écran devant la réalité, il ne l’apprenne que trop tard.

Par : Mustapha Hammouche

Des algériens solidaire du caricaturiste maricain Khaled

Partie en harga, la sagesse ?

Une «Association des sages» aurait été officiellement agréée par le ministère de l’Intérieur, aux dernières nouvelles. Une organisation qui vient appuyer le département de Zerhouni dont les troupes se font autrement câliner depuis le cycle des émeutes, sport qui enregistre chez nous le plus grand succès après le football. L’association ne s’occupera pas des émeutes revendicatives classiques qui, désormais, font partie du décor national.

Elle traquera plutôt les conflits tribaux, comme dans le cas des troubles énigmatiques dans la vallée du M’zab ou plus récemment à Deb-deb, dans la wilaya d’Illizi. Des conflits comme il en fleurissait du temps de la France coloniale lorsque nos ex-«bienfaiteurs» s’attelaient à nous monter les uns contre les autres, en application fidèle du principe «diviser pour régner».

On ne sait pas s’il s’agit là d’une coïncidence ou d’une décision mûrement réfléchie, mais l’association émane justement de notre Grand Sud, plus précisément de la spirituelle Adrar, et compte s’appuyer sur des comités à créer dans les 48 wilayas que compte la RADP. Penser à mettre en place des institutions pour régler les conflits ou les arbitrer, loin de la lourdeur bureaucratique, c’est très bien. Penser à prévenir les conflits ou à sonner l’alarme à temps, avant les dégâts et les haines qui en découlent, serait encore mieux.

L’idée qu’on dit partie de cercles proches de la présidence, gagnerait à être creusée pour être exploitée efficacement et à fond, car elle pourrait être cette réponse nationale capable de couper l’herbe sous les pieds des magouilleurs d’ici et de là-bas. Car il ne faut pas perdre de vue que le Sud, cet espace témoin de la «Transsaharienne», du «Barrage vert» et d’où feu Boumediene encouragea les Algériens à «rêver», a coûté aux Algériens tant de marchandages et des années de guerre en rab.

La bousculade occidentale et ses télescopages dans le Sahel ne sont pas pour démentir les convoitises. Que les services de Zerhouni agréent une telle association ne peut qu’être applaudi, même si «liberté et justice» n’a pas la même faveur, les enquêtes sur les partis politiques durant, chez nous, le temps… qu’il faut. Ce qui fait penser que, finalement, il n’y a pas que le colonialisme qui soit un mauvais élève.

Par Mohamed Zaâf

Les islamistes à l’épreuve de la politique

Depuis que les islamistes ont intégré le jeu politique et renoncé, du moins peut-on l’espérer, à la violence pour imposer leurs idées, beaucoup d’Algériens les observent avec curiosité. A la tête de partis politiques, ils ne cessent de se diviser, d’alliances en mésalliances, et de mésaventures en coups de force. La scène nationale bruisse de leur confusion.

Certes, ils ne sont pas les seuls à se montrer incapables de se construire dans une opposition légale, comme ils ne sont pas les seuls à en imputer la responsabilité à d’autres qu’à eux-mêmes. Mais chez les non-islamistes, il existe une certaine cohérence, une implantation, une discipline, une centralisation efficace et une perception du leadership que l’on ne retrouve pas toujours chez les islamistes.

L’idée centrale de tous leurs discours a trait à la vertu supposée du principe et au contrôle, censé allant de soi, du madjlis choura. Musulmans, on serait tous frères par principe. Que n’ont-ils, dans leurs partis respectifs, réalisé d’aussi nobles intentions ? Même dans l’adversité des maquis, pour ce qui concerne les radicaux armés, les divergences n’ont jamais cessé. Parce que l’humain, c’est l’humain, et Dieu c’est Dieu.

Prétendre vouloir gouverner au nom de l’autre, est une supercherie. Quant à la morale que l’on prête volontiers à celui qui se targue de religion, les affaires de corruption frappent sans discrimination. Ghoul et son département sont particulièrement exposés, surtout depuis l’arrestation de son secrétaire général, sur les pots-de-vin perçus et ayant trait à l’autoroute Est-Ouest. Mais d’autres ministères tenus par les partisans de Hamas, comme celui de la Pêche, sont dans la même situation.

Que n’ont-ils donc moralisé leurs ministères ou leurs partis avant de prétendre moraliser le pays tout entier ? C’est une question à méditer. Mais en Algérie, on médite beaucoup moins qu’on accuse. On se rappelle cette sortie de Bouguerra Soltani sur la corruption et la mise en demeure de Bouteflika de livrer ses informations à qui de droit.

Soltani n’a rien livré jusqu’ici. Il avait le beau rôle que l’imaginaire prête au bon musulman qu’est censé être l’islamiste. L’a-t-il encore ? On peut tromper, dit l’autre, quelqu’un une fois. On peut tromper plusieurs personnes plusieurs fois. Mais on ne peut tromper tout le monde tout le temps.

A. K.