lundi 14 septembre 2009

L’ALGÉRIE PASSE UN RAMADHAN SANS ATTENTAT TERRORISTE

Isolés, affaiblis, pourchassés et coupés de la société, ce sont aujourd’hui les terroristes qui redoutent les assauts des services de sécurité.

Le mois de Ramadhan touche à sa fin et aucun acte terroriste particulier n’a été enregistré surtout au niveau des grands centres urbains. C’est le premier Ramadhan depuis quinze ans où il n’y a pas eu d’attentats. Mois réputé pour être un mois de djihad par excellence, le Gspc affilié à Al Qaîda s’est tu durant ce mois et ce n’est pas un cadeau pour le peuple algérien. C’est une défaite militaire et la peur a réellement changé de camp. Isolés, affaiblis, pourchassés et coupés de la société, ce sont aujourd’hui les terroristes qui redoutent les assauts des services de sécurité. Les citoyens eux, sont beaucoup plus affolés par la flambée des prix que par la situation sécuritaire.

Quel sens donner à cette accalmie? Le terrorisme est-il vaincu en Algérie? Sommes-nous en train de vivre réellement le dernier quart d’heure du terrorisme? Ce qui est certain c’est que la stratégie adoptée par les forces de sécurité depuis le début du mois a fini par payer.

A quelques jours du début du mois de Ramadhan, un dispositif sécuritaire particulier a été mis en place mais sans grand bruit au plan médiatique. Des barrages fixes et mobiles de la gendarmerie, de la police et de l’armée ont été omniprésents sur le terrain, notamment dans les axes interwilayas, spécialement ceux ayant connu des attentats terroristes durant les derniers mois.

Une cellule centrale du recoupement du renseignement s’est attelée à coordonner les informations et autres données émanant des services de sécurité tous corps confondus. Sur le plan humain, l’effectif sécuritaire a été totalement mobilisé avec les moyens matériels adéquats et ce dispositif a été déployé au niveau des sites stratégiques. L’alerte maximale a été maintenue au niveau de toutes les grandes villes alors que des actions militaires, menées sur la base de renseignements, sont restées opérationnelles dans une douzaine de maquis, là où les résidus du Gspc trouvent encore refuge.

Les forces héliportées interviennent régulièrement pour resserrer l’étau sur ces groupes afin d’empêcher leur évasion. L’objectif assigné a été la prévention et rien que la prévention afin d’éviter toute surprise. Dans ce contexte, il y a lieu de rappeler qu’au niveau des hautes instances militaires, les pertes dans les rangs des forces de sécurité sont intolérables, d’autant plus qu’on parle désormais d’un terrorisme résiduel et du retour progressif à la paix. Une paix chèrement payée. Actuellement il y a au moins quatre groupes terroristes pourchassés par les forces de sécurité, à Jijel, Skikda, El Oued et Djelfa.

Pour les services de sécurité, il n’est guère question de revivre la situation d’insécurité ayant prévalu durant les années 90 où le mois sacré du Ramadhan était la période la plus sanglante. C’est justement cet objectif que ce que l’on appelle le Gspc, branche d’Al Qaîda au Maghreb islamique veut atteindre, selon les renseignements en possession des forces de sécurité engagées dans la lutte antiterroriste. En effet, des informations parvenues à ces services font état de l’acheminement d’une importante quantité d’armes via les frontières est. La lutte se poursuit et le risque zéro n’existe pas et la vigilance est plus que jamais demandée.

Comme seul moyen de riposte, les bandes du Gspc s’attaquent à des citoyens et tentent d’instrulmentaliser des mosquées des zones très isolées pour des recrutements. Il faut noter que le dispositif enclenché par les forces de sécurité ne néglige aucune partie du territoire national surtout qu’actuellement l’ANP est sur le point de finaliser un plan opérationnel du lutte pour sécuriser la bande du Sahel avec la coopération des pays concernés. Cette coopération semble a priori inquiéter Washington et Paris, qui auraient exercé des pressions sur les pays membres de la coopération pour empêcher l’armée algérienne de commander les opérations militaires. Concernant cette coopération justement, elle a été décidée lors d’une réunion à Tamanrasset le mois d’août dernier, avec la participation de hauts cadres militaires algériens, mauritaniens, nigériens et maliens.

Ikram GHIOUA

Non-assistance à personne en danger

Une fois de plus ce sont des villes et des villages entiers de plusieurs wilayas du sud du pays qui se sont retrouvés sous la furie des eaux suite aux violentes intempéries qui ont affecté ces régions ces dernières 48 heures. Des morts et des dégâts considérables ont été enregistrés suite à ces intempéries qui ont semé panique et désarroi au sein des populations concernées lesquelles ont encore en mémoire les images des drames vécus lors des précédentes inondations qui ont endeuillé ces régions.

Les traces des intempéries, qui ont frappé la ville de Ghardaïa l’an dernier, n’ont pas encore été effacées du décor de la ville et de la mémoire de la population locale que ses habitants se réveillent d’un nouveau cauchemar. Avec à la clé cette lancinante question qui taraude les esprits et qui consiste à savoir s’il s’agit là d’une fatalité à laquelle il faudra définitivement se résoudre.

Les habitants des localités sinistrées, qui pointent un doigt accusateur en direction des autorités locales pour la légèreté avec laquelle elles appréhendent l’arrivée des premières pluies automnales et la saison d’hiver du point de vue de l’assainissement des chaussées et du curage des avaloirs, sont convaincus plutôt du contraire.

A Ghardaïa, les citoyens n’ont pas manqué de s’insurger contre les pouvoirs publics rendus responsables des dégâts causés par les inondations de ce week-end en ne débarrassant pas les amas de gravats et de terre charriés par les intempéries de l’année dernière qui avaient surpris la région.

Par ailleurs, on continue toujours à construire en toute quiétude et impunité au niveau des lits d’oueds en dépit des risques avérés d’inondation auxquels ces habitations anarchiques sont exposées. On ne semble pas vouloir retenir les leçons du passé ! Dans les pays qui se respectent, le travail d’entretien, d’assainissement des voies publiques et de curage des avaloirs s’opère tout au long de l’année et obéit à un cahier des charges qui s’impose aussi bien aux autorités locales qu’aux différents intervenants sur la voie publique, jusqu’aux particuliers qui sont astreints à une réglementation stricte lorsqu’il s’agit d’ouvrir un chantier ou d’effectuer des travaux qui donnent sur la voie publique.

Et puis, il y a cette question que se posent les citoyens depuis que les services de la météorologie se sont mis à communiquer et à diffuser des BMS (Bulletins de météorologie spéciaux) : à quoi servent ces outils d’alerte et de prévention si personne, à commencer par les pouvoirs publics, n’en fait pas l’usage attendu ?

On a vu ailleurs comment autorités et citoyens se mobilisent pour faire face à une intempérie annoncée en déclenchant le plan Orsec, évacuant les habitants exposés, en sensibilisant et appelant la population à la vigilance, en confortant les berges des lits d’oueds à l’aide de digues de fortune faites de sacs de sable, en demandant aux citoyens de calfeutrer leurs portes et fenêtres si des vents violents sont annoncés…

Autant d’actions et de gestes qui sauvent et qui peuvent sinon venir à bout du phénomène, du moins en atténuer considérablement les effets. Savoir et ne rien faire relève de la non-assistance à personne en danger. Mais c’est là un autre débat.

Par Omar Berbiche

Ya bon Ramadan !

Merci à Belloumi d'avoir dissipé mes inquiétudes et d'avoir calmé mes appréhensions concernant l'avenir ! Une seule phrase prononcée par la vedette de l'équipe nationale au Mondial 1982 a suffi à me rendre le sourire : «Quand je serai à La Mecque, je prierai pour le président Bouteflika.» Voilà de quoi rassurer amplement ceux qui se posaient des questions sur l'avenir politique de l'Algérie. Cheb Mami nous avait délivré des bulletins de bonne santé présidentielle, Belloumi nous donne des garanties sur la persistance de cette bonne santé. Il va y veiller personnellement avec des invocations dédiées sur les lieux saints de l'Islam.

C'est un Belloumi, à la cinquantaine rayonnante et arborant sa tenue d'ancien footballeur, qui a confirmé son statut de fan de Bouteflika. A titre de réciprocité, car le locataire d'El- Mouradia et autres lieux n'a jamais caché son admiration pour le numéro 10 mascaréen. N'a-t-il pas dit lors de sa traversée du désert : «Je veux être Belloumi ou rien !» Passe-moi le séné, je te passe la rhubarbe ! C'est donc la moindre des choses que Belloumi aille prier à la source pour que le président se maintienne physiquement en forme. Nous ne doutons pas un instant de l'efficacité des ces prières, tout comme nous savons à qui nous devrons un éventuel quatrième mandat. Surtout, ouvre bien les yeux et les oreilles, Belloumi, car ça bouge en Arabie saoudite, et pas seulement autour du sanctuaire de la Kaâba.

On s'est aperçu, en effet, que le diable, qu'on croyait avoir exilé en Algérie, et qu'on lapidait en effigie, était de retour, plus mauvais que jamais. Le terrorisme islamiste, installé à coups de pétrodollars dans les pays «frères», était revenu dans son sanctuaire. Un attentat a même failli tuer un vice-ministre de l'Intérieur, membre de la famille royale de surcroît. Alors, les Saoudiens se sont remis à réfléchir sur les origines du terrorisme, comme ils le font d'ailleurs depuis quelque temps.

Des écrivains courageux ont dénoncé à maintes reprises la collusion entre les autorités et les partisans d'un Islam obscurantiste et intolérant, mais en vain. Même lorsqu'il est apparu que le wahhabisme était directement responsable de la vague de terrorisme qui frappe le monde, les dirigeants saoudiens ont refusé l'évidence. Ils ont dépensé des fortunes pour renforcer la sécurité de leurs frontières tout en continuant à fabriquer des Ben Laden dans leur système éducatif. Puis, il y a eu le 28 août 2009, et cet attentat contre le prince Mohamed Ibn Nayef. Pour la première fois, la famille royale était directement visée, en violation de la règle de soumission au chef. De plus, l'attentat n'a pas eu lieu à l'étranger, mais au domicile même du vice-ministre chargé de la lutte contre le terrorisme, et le kamikaze a voyagé dans l'avion personnel du prince.

On épiloguera longtemps sur les circonstances de l'attentat et sur le fait que la bombe n'ait pas été détectée aux contrôles, mais une chose est sûre : il y aura désormais l'Arabie saoudite d'avant le 28 août, et celle d'après le 28 août. Après l'attentat, et pour la première fois depuis la fondation du royaume, un journal de Riyad a pu appeler à une réforme de l'Islam (wahhabite). Ce qui était inconcevable jusque-là. La semaine dernière, un des théologiens les plus influents du royaume a décrété comme illicites les invocations rituelles contre les non-musulmans. Ces invocations qui ont lieu généralement après les prières collectives sont devenues de véritables séances de défoulement collectif contre l'Occident chrétien et contre les Juifs.

La chaîne du Hezbollah du Liban, Al-Manar, avait enrichi le lexique des invocations, bientôt imitée par les mosquées extrémistes, de Gaza à Rabat, en passant par Baba-Hassan. L'Arabie saoudite est visiblement en train de changer sous nos yeux, mais nous devrons attendre la fin de sa mue pour en faire autant. Peut-être qu'entre deux prières pour Bouteflika, notre ami Belloumi réussira à nous dénicher quelques innovations, non vouées à l'enfer puisque portant le label saoudien.

On pourra peut-être s'expliquer pourquoi les Saoudiens mangent ouvertement lorsqu'ils prennent l'avion, même sur une courte distance, alors que ça nous est interdit. Oui, j'en ai la preuve : il y a quelques jours, un couple de voyageurs émigrés qui cassaient la croûte aux environs d'Alger, à l'intérieur de leur voiture, a été arrêté pour rupture anticipée du jeûne. Ce couple a passé 24 heures en prison parce que l'Etat algérien, ses écoles et ses académies de police apprennent à nos agents à considérer comme un dangereux délinquant toute personne qui ne se conforme pas au jeûne.

«Un couple illégitime viole la sacralité du Ramadan à bord d'une voiture», c'est ce qu'aurait sans doute titré, ce jour-là, un journal arabophone trop occupé à traquer les mangeurs de sandwichs en Kabylie. Encore heureux que ces jeunes automobilistes n'aient pas été surpris en train de s'embrasser au bord de la route. Je suppose qu'ils croupiraient encore en prison et que notre journal, pourfendeur du vice, titrerait encore : «Ils se livrent à des actes honteux après avoir rompu le jeûne en mangeant.

Nos lecteurs réclament l'application du châtiment prévu par la charia.» Toutefois, un autre journal arabophone s'est insurgé contre ces manifestations d'intolérance et d'atteinte aux libertés. Il s'agit de Rose-al-youssef qui dénonce l'arrestation par la police d'Assouan (sud de l'Egypte) de dizaines de personnes accusées d'avoir rompu le jeûne. Le chroniqueur Mohamed Hamdi rappelle que les premiers émirats, précurseurs du terrorisme, avaient été fondés, précisément au sud, dans les villes de Minya et d'Assiout. «A l'époque, dit-il, ceux qui procédaient à des arrestations étaient des volontaires. A Assouan, ce sont des policiers qui ont arrêté 155 personnes pour non-respect du jeûne.

C'est encore plus dangereux parce que ces policiers violent consciemment les dispositions de la Constitution. Celles-ci protègent la liberté de culte et la liberté de la pratique religieuse. Et lorsque des citoyens sont réprimés parce qu'ils exercent un droit qui leur est reconnu par la Constitution, c'en est fini de l'Etat de droit et de la Constitution.» En parcourant la presse arabophone, je n'ai pas trouvé trace de la polémique déclenchée en France par les propos doucereusement racistes du ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux. La presse du Moyen-Orient établitelle encore une fois la distinction entre les Arabes authentiques, eux, et les Arabes assimilés, ou contraints, nous les Maghrébins, essentiellement les Algériens ?

Alors quand un officiel ou un politique français casse du sucre sur le dos des Arabes, ceux du Levant ne se sentent pas concernés : c'est entre la France et ses anciennes colonies. Il y a les «Arabes de la France» et il y a les autres Arabes qui ne brûlent pas de voitures et ne caillassent pas la police. C'est un peu le même raisonnement qu'ils tenaient lorsque Le Pen était ami de Saddam Hussein, qui n'aimait pas les Kabyles, tout en détestant les «Arabes de la France».

Mais le comble est atteint lorsqu'au même moment, une association musulmane rosit de fierté en annonçant que le fils du président Sarkozy, invité à un repas du Ramadan, a «des amis musulmans». Que de bonheur, que d'émotion ! Et lorsque Fadéla Amara, ministresse de Sarkozy, bétonne la solidarité gouvernementale en saluant l'humour de Brice Hortefeux, c'est le feu d'artifice ! De l'humour ? Je veux bien mais pas aux dépens des mêmes, n'est-ce pas Enrico ? Sur les hauteurs d'Alger, on rit jaune, mais on en a avalé d'autres. Le Ramadan 2009 en France, c'est l'humour de Brice estampillé par Fadéla, le retour au «temps béni» des colonies, et paraphrasant la célèbre publicité, je vous dis : «Ya bon Ramadan !»

Par Ahmed HALLI

Vers des classes srchargées

Au s’cours ! L’école m’a tué (r) !



Par Hakim Laâlam
Email : laalamh@yahoo.fr
Et la couleur des tabliers des enfants de la nomenklatura ?

Bleu pétrole, bien sûr !

Ça y est ? Vous les avez enfin ? Les deux ? Le rose et le bleu ? Bien ! Très bien ? Et en réussissant cette performance, celle de vous dégoter deux tabliers, l’un rose et l’autre bleu pour vos deux enfants, aux bonnes tailles, vous pensiez sincèrement en avoir fini avec la galère ? Que nenni ! Vous n’en êtes qu’au début. Car, j’ai ouïe dire qu’il va vous falloir cravacher dur pour acheter des protège-cahiers de la… bonne couleur. Si ! Si ! Je tiens l’information d’une source autorisée et sûre, un cousin daltonien. Il aurait vu de ses yeux une circulaire en noir et blanc de Benbouzid spécifiant la couleur des protège-cahiers. Bleus pour les filles. Roses pour les garçons. Vous avez bien lu, il ne s’agit pas d’une erreur d’inattention de ma part. Les protègecahiers bleus pour les filles et roses pour les garçons. Oh ! Bien sûr, vous pourrez toujours penser que c’est un esprit pervers qui a présidé à ce choix des couleurs inversé et que couleurs pour couleurs, ils auraient pu adopter la même répartition que pour les tabliers, roses pour les filles et bleus pour les garçons. Eh ben non ! Là, ils ont décidé de changer. D’abord, parce qu’un tablier, ce n’est pas la même chose qu’un protège-cahier, et qu’ensuite, l’équipe pédagogique qui a travaillé si dur sur la couleur des tabliers n’est pas la même que celle qui a planché tout aussi dur sur la couleur des protège-cahiers. Les deux dépendent de la même tutelle, le ministère de l’Education, mais elles réfléchissent différemment, la commission «protègecahiers » ayant ainsi considéré en son âme et conscience que le choix du rose pour les filles était sexiste et arbitraire. On peut être d’accord ou pas, il n’empêche que le résultat est là : à la sortie des classes, et pour peu que, comme moi, vous ayez deux enfants scolarisés, une fille et un garçon, ça va être folichon pour les repérer devant le portail. La fille, c’est celle qui porte la blouse rose et trimballe une pile de cahiers protégés de bleu, et le garçon, c’est celui qui est habillé d’un tablier bleu et dont les cahiers, couverts de rose sont… portés par sa sœur. Pourquoi mes enfants se baladent-ils avec leurs cahiers sous le bras ? Tout bêtement parce que j’attends le… feu vert du ministère avant d’acheter les cartables. Ça ne m’étonnerait pas que, là aussi, pour les besaces, ils nous sortent encore une histoire de couleurs ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L.

Économie politique

Faut-il s’étonner de l’offre de ce maire de la région de Mila qui, selon un confrère, met quatre milliards de centimes sur la table pour une place à la Chambre haute ? La démarche est pourtant tout à fait concevable. Contraint par les luttes démocratiques à adopter le multipartisme, le système s’est conçu une démocratie “spécifique”, dont la caractéristique principale est de contrôler l’accès aux fonctions institutionnelles. Celles-ci doivent surtout échapper à la volonté populaire.

Il s’agit de filtrer les ambitions politiques afin que ne passent que celles qui correspondent au profil requis par le pouvoir suprême. Des élus qui prendraient au sérieux leur statut de “représentants du peuple” seraient subversifs pour un ordre institutionnel basé sur le oui unanime.

Des critères précis, autres que ceux qu’on peut lire dans la loi électorale, sont conçus et tacitement diffusés pour que tout citoyen en soit averti avant qu’il ne lui prenne d’avoir des prétentions civiques. Quels sont ces critères ? Notre candidat idéal doit, en premier lieu, prendre conscience que son élection procède plus de la cooptation de la hiérarchie que du choix des lecteurs. Le pouvoir ne fait d’ailleurs aucun secret de la fraude électorale, comme modalité de sélection politique. Il ne s’en défend que pour la forme.

Ensuite, il ne lui est demandé de ne faire valoir aucune autre qualité ou compétence que celle de pouvoir répéter, dans la langue qui convient, les formules toutes faites sur l’amélioration de la situation économique, sociale ou sécuritaire qui crève les yeux partout où l’on regarde et de savoir manier quelques pieuses locutions.

Le procédé a aussi pour “vertu” d’éloigner les ambitions réellement politiques, c’est-à-dire les citoyens qui ont quelque idée et qui auraient à cœur de la mettre en œuvre au profit de la commune de la région ou du pays. Voyant que la vie publique n’est pas faite pour cela, ils se désistent d’eux-mêmes. Mais s’ils consentent à s’adapter, le système dispose d’une véritable politique d’intégration pour les accueillir dans son vaste sérail.
La médiocrité occupe alors le terrain politique et étant plus opportuniste que subversive, l’ordre règne dans les institutions.

Mais il ne faudrait pas que ces éléments “inadaptés” s’éloignent trop du système pour devenir des forces autonomes. Tout ce qui n’est pas intégré est réputé nuisible. Et pour renforcer ses rangs en se réconciliant, à sa sauce, la vraie vocation militante, le système impose une autre règle à la société : pas de réussite en dehors du système, ni sociale, ni économique, ni intellectuelle, ni académique, ni politique bien sûr.

C’est à peu près dans le même esprit qu’il tente de se “réconcilier” les islamistes armés : prospérité contre intégration. C’est en fait l’adaptation “démocratique” de l’article 120 de l’ex- parti unique : pour finaliser l’ambition la plus saine ou la plus sournoise, il faut passer par le système d’allégeance et de passe-droit. Même en affaires, c’est un passage obligé.

Ce n’est donc pas étonnant qu’un maire qui, au vu de la somme brandie, est déjà dans le business, lance une OPA, offre (presque) publique d’achat, pour un siège de sénateur. Il sait ce que coûte un mandat et ce que cela peut rapporter. Avec ce calcul de rentabilité, nous avons inventé une nouvelle économie… politique.

Par :Mustapha Hammouche

La part de l’homme

Dans les régions touchées, qui n’en sont pourtant pas à leurs premières intempéries, des dispositions de prévention auraient dû être mises en place par les autorités locales. Ces dernières avaient toute la latitude pour agir si les BMS émis par les services de la météo étaient pris en considération par l’administration.

Pas moins de quinze personnes ont péri dans les pluies diluviennes qui se sont abattues ces derniers jours sur certaines régions du pays, notamment El-Bayadh, M’sila et Biskra. L’année dernière quasiment à la même période, c’est la wilaya de Ghardaïa qui fut la proie des eaux furieuses mais avec des dégâts autrement plus considérables.

Il est évident qu’il y a une part de fatalité à faire par rapport à ce type de phénomènes climatiques dans la mesure où parfois l’homme est impuissant face aux caprices imprévisibles de Dame Nature.
Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut lui faire porter exclusivement le chapeau des victimes et des dommages collatéraux, car il y a incontestablement la part de l’homme. Et à ce niveau, il y a impérativement un devoir d’établir les responsabilités. Dans les régions touchées, qui n’en sont pourtant pas à leurs premières intempéries, des dispositions de prévention auraient dû être mises en place par les autorités locales.

Ces dernières avaient toute la latitude à agir si les BMS émis par les services de la météo étaient pris en considération par l’administration. Mais, visiblement, ces alertes des services météo, qui donnent systématiquement lieu sous d’autres cieux à un véritable état d’urgence, se perdent dans le désert de l’indifférence de nos responsables qui ont beau jeu de s’en remettre à Dieu.

C’est précisément cette situation d’irresponsabilité contre laquelle il faut s’insurger, car avec le dérèglement des saisons et les bouleversements climatiques que connaît notre planète, l’Algérie sera fatalement exposée à de nouvelles catastrophes naturelles. Autant de bonnes raisons qui doivent pousser les pouvoirs publics à mettre en œuvre des politiques de prévention et de sensibilisation en direction des populations potentiellement menacées. C’est là la part de l’homme qu’on sait par ailleurs désarmé contre le déchaînement des forces titanesques de la nature.

Par :Omar Ouali

Inondations dans le sud algérien (2009)

Brûlante agression

C’est connu et dénoncé. Il y a des femmes battues et trop souvent. Ce jour, l’agresseur est...madame et elle n’y est pas allée avec le dos de la...cuillère!!!

La reprise à la cour d’Alger se fait au rythme d’une aiguille d’une montre lors de douloureuses prolongations voyant une équipe menant petitement et craignant un but égalisateur dévastateur pour la suite de la course vers la qualification de l’équipe. L’arrivée des justiciables se fait discrète. Les paupières lourdes laissent deviner une malvenue veillée, cette veillée ennemie du...jeûne et des...jeunes. Le rôle pour une fois n’est pas lourd. Le trio de juges est en forme moyenne.

Boualem Bekri, le président est franchement heureux d’entrer avec ses deux compères, Amrani et Hellali, Nouredine Lasnami, le procureur général est lui, en superforme. L’audience commence sur un dramatique dossier. Et pour «assaisonner» cet espace, il s’agit de coups et blessures. Entre conjoints SVP.
Et la victime n’est pas madame. C’est plutôt le papa de l’unique bambina de cinq ans, restée avec sa tata at home alors que ses géniteurs croisaient le fer face à la chambre correctionnelle d’Alger dont la composition n’était pas encore entrée dans les affres du jeûne, des veillées, des incidents de jeûne où de jeunes inculpés des fléaux propres à Ramadhan tels la consommation de stups, les jeux interdits, les rixes au marché ou encore les eng...d’embouteillages.

Et si Rafika en a voulu à Abdesslam jusqu’à lui prendre un peu de sa santé par un jet de café chaud, très chaud...c’est que le diable était là !

Et au cours des audiences pénales, le diable, Satan, Lucifer ou si voulez chitane, ne sont jamais convoqués, le parquet ne voulant traiter qu’avec leurs...victimes. Et ce n’est pas ce vieux «loup» de Bekri et ses deux «renards» Amrani et Hellali qui vont faire courbette devant ces victimes du diable et encore moins les pauvres, victimes...diaboliquement manipulées! Il n’y a qu’à suivre les débats du jour pour s’en convaincre!

«Prévenue, pourquoi aviez-vous fait appel? Vous aviez écopé d’une peine assortie du sursis...», demande avec un accent pas encore «ramadhanien», le président de la chambre pénale. «Je ne suis pas contente du verdict. Je suis innocente. Il ment. Je ne l’ai jamais agressé. Il a des connaissances...»

«Taisez-vous! La cour vous demande de garder votre sang-froid et de mettre de côté vos mauvaises et stupides pensées!», tonne le juge qui a retenu que ses deux conseillers voulaient eux aussi savoir de quelles connaissances il s’agit.

«Au fait, de quelles connaissances parlez-vous?», dit d’un trait le président auquel la réponse va permettre d’effacer le moche rictus qu’il affichait devant cette Rafika décidément effrontée. «Dans la police, il a beaucoup de copains», avait répondu le front haut, la prévenue.

«Vous n’avez pas de chance. Votre mari a déposé plainte au parquet. Vous n’allez tout de même pas "éclabousser" la justice?» La dame dit: «Non, M. le président. Mais à deux reprises par le passé, des policiers m’avaient convoquée à huit heures trente. Ils ne m’ont entendue qu’à onze heures trente.» «Nous ne voyons pas le rapport», coupe sèchement le président qui demande à la prévenue de revenir un peu au dossier.
«Etes-vous décidée ou non à répondre?! C’est oui ou c’est non. Vous êtes libre de répondre.

La composition a un dossier sous les yeux et des attendus du jugement que vous n’avez sans doute pas parcouru des yeux...Et surtout n’évoquez pas Satan.» «Hum, hum, mmm», s’échine la femme qui éclate soudain. «Oui! je l’ai agressé. Il m’a trompée à plusieurs reprises...» «Ah bon! vous aviez alors résolu de trancher le litige à chaud...en le brûlant à la poitrine avec un arrêt de travail de vingt-deux jours?», plaisante presque le juge qui cherche beaucoup plus l’apaisement entre deux parents dont l’enjeu est une jolie petite fille mignonne comme tout.
La confirmation du verdict a été annoncée.

Abdellatif TOUALBIA

Chelghoum El Aïd

Chelghoum El Aïd. En dehors des habitants de la région et de quelques privilégiés qui connaissent avec précision la géographie du pays, il n'y a pas grand-monde à pouvoir la fixer sur une carte.

Entre Mila dont elle dépend par le fait d'un découpage administratif dont la logique n'est pas toujours saisissable, et Constantine, physiquement plus proche mais un peu trop haute par ses prétentions de grande cité, Chelghoum Laïd, bourgade sans illusion à l'instar des autres n'inspire pas grand-chose.

Une fois remise à sa véritable place, la petite et légère légende racontée dans plusieurs versions sur l'origine de son appellation, il n'y a presque plus rien à dire de cette petite ville jetée comme par nonchalance sur une plaine improbable, acquise à l'ennui éternel et désertée par la prospérité.

Chelghoum Laïd ne fait plus rire personne. De la légende qui lui a donné son nom, il ne reste que des pincements de lèvres figés dans la lassitude. De son quotidien, on retiendra une désolation devenue anonyme d'être trop largement partagée. A force d'être tranquille ou résignée, on n'attendait même plus d'elle le coup de gueule qui la placerait un jour sous les projecteurs.

Chelghoum Laïd, comme d'autres bourgades de sa condition et de son tempérament, a toujours donné l'impression de trop se suffire de la lumière du jour pour prétendre aux feux de la rampe. Mais voilà, dans cette bourgade sans illusion où on a rarement attiré l'attention, des hommes ont accompli un geste dont le moins qu'on puisse dire est qu'il est émouvant d'originalité.

Pourtant, il suffisait juste d'y penser. Et ils ont pensé ces «Chelghoumis», à déposer plainte, avec constitution de partie civile, contre le maire et ses adjoints, pour… détérioration de biens publics !

Que s'est-il donc passé dans cette contrée acquise à l'ennui éternel pour que des âmes insoupçonnables de colère se manifestent de façon aussi originale ?

Il y a un peu plus d'une semaine, le maire et les autres élus devaient tenir une réunion pour discuter des affaires de la cité.

Au président, on reprochait de prendre des décisions sans se concerter avec ses proches collaborateurs. La discussion a apparemment tourné court et les chaises ont commencé à voler dans toutes les directions. Bagarre générale.

Pas de blessés, mais d'importants dégâts. Des tables, des vitres et matériel divers ont volé en éclats. Ce sont des élus censés être les premiers protecteurs de la chose publique qui ont mis leur énergie et leur savoir-faire au service du massacre.

Simplement, sans bruit, des hommes ont fait leur travail de citoyens. A moins que ce ne soit des citoyens qui ont fait leur travail d'hommes. Ils ont porté plainte pour dire à ces «élus» ce qu'ils pensent d'eux. Le geste est émouvant. La plainte est émouvante. Le procès, lui, promet d'être cocasse.

Slimane Laouari

Ambitions mitigées de Canal+ Overseas en Algérie

«Nous voulons d’abord que notre produit soit pour les Algériens, quasi le même de ce qu’ils ont l’habitude de voir en France.»
Bruno Thibaudeau, le directeur Maghreb de Canal+ Overseas

Décidément Canal+ est fort en communication et en marketing. Après avoir échoué dans sa stratégie de décrocher des millions d’abonnées en Algérie, voici qu’il entame son plan B de son bizness plan dans le marché audiovisuel algérien. Une réduction de 40% de son prix commercial en Algérie. Canal+ lâche miette par miette pour le consommateur algérien. L’abonnement d’une année est passé de 24.000 DA à 16.000 DA/ en moins de 12 mois. Ça promet. Mais conscient de la difficulté à pénétrer un marché acquis déjà aux bouquets ART et BIS, Canal+ Maghreb tente le tout pour le tout. Mais l’offre reste très insuffisante.

27 chaînes seulement. Alors pour Canal+ Horizons qui dessert l’Afrique centrale et subsaharienne offre des abonnements de moindre coût pour 32 chaînes au minimum et 65 chaînes au maximum. Canal + Horizons Afrique offre même des programmes adultes, avec code parental nécessaire. Pourquoi Canal+ Maghreb ne marche pas sur les traces de Canal+ Horizons, qui a réussi un tant soit peu à lutter contre le piratage.

Si Serge Adda était encore vivant, il n’aurait pas eu la même stratégie ou du moins pas la même politique commerciale. Lui qui aime l’Algérie et surtout la Tunisie et le Maghreb en général, connaît un peu sur la propriété intellectuelle dans la région. Fils de Georges Adda, ancien chef du parti communiste tunisien, Serge Adda fut le président-directeur général de 1997 à 2001 après avoir été directeur général de la chaîne dès 1990 sous la présidence de Catherine Tasca.

Il avait présidé au démarrage des émissions terrestres de Canal Horizons au Sénégal (1991), en Tunisie (1992) et en Côte d’Ivoire (1994). Il a disparu subitement en 2001 alors P-DG de TV5. L’arrivée de Canal Horizons révolutionne le paysage audiovisuel africain à l’époque: Le succès est fulgurant en Tunisie avec un pic de 65.000 abonnés au milieu des années 1990, avant l’arrivée du piratage et de la concurrence des télévisions par satellite. Ce phénomène conduit à la cessation de la diffusion, le 16 octobre 2001, sur le satellite Hot Bird, marquant la fin de la présence de la chaîne au Maghreb et au Proche-Orient ainsi que de sa diffusion hertzienne en Tunisie et le recentrage de la chaîne sur l’Afrique.

Canal Horizons développa une programmation audacieuse alliant sport, en particulier le football, et cinéma arabe et africain par la coproduction de 200 documentaires et longs métrages. Mais depuis peu, Canal Horizons revient en force, en Afrique, alors que la plus grande attente reste au Maghreb. Grâce à Serge Adda, Canal Horizons avait sponsorisé l’événement cinéma de l’été 2000, avec Alexandre Arcady, réussissant même à inviter Bouteflika pour une grande fête du cinéma au Théâtre de verdure, en présence de grandes vedettes françaises telles que Mireille Darc, Roger Hanin, ou encore Daniel Saint-Hamont, le fidèle scénariste d’Alexandre Arcady. Ce dernier a encore montré son amour de l’Algérie dans un reportage de France 2 sur les repérages d’Arcady à Oran, pour l’adaptation du dernier livre de Yasmina Khadra.

Ainsi l’annonce faite par Bruno Thibaudeau, le directeur Maghreb de Canala+ Overseas, que le directeur des programmes est Algérien ne suffit pas pour convaincre. Il faudrait des gestes plus concrets de la bonne volonté des responsables de Canal+ au Maghreb et pas seulement des grands discours et des effets d’annonces de commerciaux en attente de la bourse.

Amira SOLTANE

La débrouille

La nouvelle a fait beaucoup de bruit sans avoir provoqué quelque étonnement que ce soit. A peine avait-elle été lue sur la page des faits divers d’un quotidien qu’elle a fait le tour du quartier, provoquant commentaires et haussements d’épaules. Il faut dire que ce n’est pas un fait nouveau. L’opinion publique algérienne a été longtemps habituée à tant de situations anormales que rien n’étonne plus personne. Il y a tant de problèmes à résoudre et si peu de moyens que chacun essaie de «s’en sortir» comme il peut, comme quelqu’un qui se noie.
Tous les coups sont permis.

Mais là, il y a comme un malaise, puisque ce fait est justement rapporté à quelques jours d’une rentrée scolaire qui, pour une fois, n’occupe pas la première place dans les préoccupations de la majorité des gens puisqu’elle survient à la veille d’une fin de Ramadhan durement éprouvant pour les petites bourses au point que les autorités administratives ont décidé d’avancer de neuf jours le virement de la retraite: une fausse solution à un vrai problème.

Mais quand même, le fait qu’un directeur d’une école de banlieue, un personnage qui devrait être au demeurant un exemple de bonne conduite pour toute la communauté et un centre d’intérêt pour tous ceux qui auront, de loin ou de près, affaire avec l’école qu’il dirige, se voit propulsé dans le fil de l’actualité à cause d’une banale affaire de logement! Pourtant, il est de notoriété publique que depuis le premier Plan triennal, l’Algérien moyen connaît ce problème à la naissance: c’est simple, il est tombé dedans.

Mais un enseignant, et par-dessus le marché, un directeur qui squatte une salle de classe pour abriter sa famille d’une part, et d’autre part pour attirer l’attention des autorités concernées et des parents d’élèves sur sa situation sociale. Il faut rappeler que l’école, espace fermé, vacant une bonne partie du temps et située au beau milieu d’autres espaces continuellement occupés, est souvent le refuge accordé par des autorités aussi impuissantes que démunies à des sinistrés, victimes de catastrophes naturelles.

N’a-t-on pas vu un établissement scolaire proche du chemin Fernane-Hanafi (ex-Vauban) occupé pendant des années par des gens en détresse? Et les élèves ont dû être «relogés» ailleurs, ajoutant une contrainte supplémentaire à d’autres classes déjà surchargées. Il faut dire que l’établissement-refuge est situé pas loin de «l’Ermitage». Donc, c’est compréhensif.

Il faut dire que dans les pays développés, ce sont les espaces consacrés aux sports qui sont les premiers à être livrés aux sinistrés d’urgence. Comme dans notre pays, le parc des salles omnisports est assez indigent, alors on se rabat sur les écoles. Cependant, il faut rappeler que l’école, reflet de la société, connaît tous les dépassements et tous les abus.

N’a-t-on pas entendu, il y a quelques années, que dans l’ouest du pays, une directrice n’a pas trouvé mieux que de transformer un local attenant à une école en magasin: peut-être pour inculquer à ses élèves des notions d’économie informelle.

On a vu par ailleurs, des enseignants bénéficier de logements d’astreinte et pouvoir ainsi louer le leur. On a vu un directeur «prêter» l’école à des fins de salles des fêtes pendant des grandes vacances.
On a vu un couple d’enseignants s’installer dans le logement d’un professeur égyptien alors que celui-ci était parti en vacances. Côté logement, l’Algérien se débrouille comme il peut et tous les coups sont permis.

Selim M’SILI

Apprendre aux consommateurs à se protéger

Cette semaine sera la plus éprouvante pour les ménages. Après les vacances, les fêtes familiales, le Ramadhan, la rentrée scolaire, cela sans compter les traites du loyer et du crédit, sans compter non plus les factures d’eau, d’électricité et de téléphone, voici venu le temps de l’Aïd El Fitr. Le temps des gâteaux. Là aussi, il faudra débourser les quelques sous qui restent, ceux qui sont soigneusement rangés dans l’armoire sous les draps. La consommation va bien en Algérie, merci! C’est le consommateur qui va mal. Plumé, maltraité, empoisonné par le commerçant, mal défendu par les services de l’Etat et les associations qui se vantent de le faire, livré à lui-même contre une faune insatiable, il a fini par se retourner contre lui-même.

Qui de nous n’a pas assisté au moins une fois à cette scène où un consommateur se hasarde à refuser un produit soit pour son manque de qualité, soit pour son prix prohibitif? Mais qui a eu cette chance de voir les autres clients présents le soutenir? Très souvent, malheureusement, ils prennent fait et cause pour le commerçant et contre le consommateur. Pour l’anecdote, il y a peu, un pâtissier n’a pas cru devoir ficeler la boîte de gâteaux d’un client. Devant les réclamations du client, ce sont tous les autres clients présents qui sont intervenus pour lui dire que «l’essentiel est dans la boite pas ce qui apparaît au dehors».

L’important est dans la bouffe. L’esthétique, le raffinement et le savoir-vivre? Peu de chose! Pourquoi une telle attitude perverse? Pour deux raisons au moins: la première est due à l’appréciation de la qualité et des prix qui n’est pas toujours évidente chez tous les consommateurs. La seconde qui consiste à se ranger derrière le commerçant est à chercher dans l’espoir sournois d’avoir ses faveurs et être ainsi mieux servi. Deux raisons qui nous sont aux antipodes de la règle du client-roi.

Il est nu le roi. Il ne sait pas faire la différence entre bonne et mauvaise marchandise. Il en est arrivé à cette seule équation qui vaut pour tous ses repères en matière d’achat: plus c’est cher et plus c’est de qualité. Ce qui est non seulement faux mais, de plus, sert d’axiome au commerçant qui n’en demandait pas tant.

Non seulement le client n’est plus le roi mais c’est le commerçant qui l’est actuellement. Le «coup d’Etat» est fait pour durer. Aucun texte de loi aucun contrôleur ne pourra défendre un consommateur masochiste. Pour le guérir, l’oeuvre est de longue haleine. Elle est éducationnelle, culturelle.

Les associations qui prétendent défendre les consommateurs pourraient avec un peu plus de sincérité et d’engagement entreprendre une vaste campagne de sensibilisation. Les sponsors ne manquent pas. Ils sont parmi ces grands groupes industriels qui travaillent dans la transparence et qui ont pour stratégie de fidéliser les consommateurs par le goût et la qualité. Mais pour cela, il faudrait des associations plus civiques, plus citoyennes que politiques. Là aussi, il y a problème. Sauf qu’il est tout de même plus facile de mettre au pas des associations. Non?

Zouhir MEBARKI

A coups de marteau !

Le paisible Londonistan où il faisait bon y vivre n'est plus ce qu'il était avant. La «baraka» de Tony Blair a tendance à disparaître, la Grande-Bretagne va devoir faire avec l'islamophobie qui est en plein essor.

Le prince Harry qui est devenu multimillionnaire en temps de crise ou les forces spéciales britanniques qui formeraient des militaires libyens seraient des épiphénomènes devant la gravité du choc des civilisations, à l'échelle du royaume. Très peu médiatisée, l'affaire a pourtant pris en deux nuits d'affrontements des proportions sidérantes.

A Londres et dans sa banlieue proche, des centaines de musulmans se sont heurtés à un groupuscule anti-islamique… à coups de marteau. La police a dû s'interposer pour éviter la confrontation, les seconds constituant pas plus d'une douzaine de manifestants.

Parce qu'ils étaient minoritaires que la presse occidentale a estimé presque insignifiant le face-à-face ? Le slogan des anti-islamiques, du nom du mouvement organisateur du double rassemblement, mérite de s'y attarder dessus.

«Stop à l'islamisation de l'Europe», ce qui diffère totalement d'un souhait de mettre un terme à l'enracinement de la doctrine djihadiste sur le vieux continent, n'est autre qu'un acte islamophobe caractérisé. C'est dire que ce n'est pas le nombre d'islamistes radicaux, réfugiés chez Sa Majesté, qui est montré du doigt.

Mais ce sont les minarets, qui poussent comme des asperges, que l'extrême droite ne veut plus voir sortir de terre. Il se trouvera bien des économistes qui concluront à une poussée nationaliste légitime, l'actuelle crise financière mondiale nourrissant ce sentiment qui n'est pas propre à la Grande-Bretagne.

Le racisme qui sévit en Russie en serait la conséquence directe de cette infortune universelle. Celle-ci n'explique pas tout, la confrontation d'ordre politico-religieux entre Occident et Islam n'a pas pris feu avec les récents incidents de Londres.

Ils étaient deux caricaturistes danois et non pas douze anti-islamiques anglais pour mouiller la mèche à l'encre noir. Résultat des courses, un soulèvement de tout le monde musulman pour dénoncer de provocatrices caricatures. Tout le contraire de la réplique djihadiste d'Al Qaïda Maghreb contre les intérêts de la France en Mauritanie suite au débat sur l'interdiction du port de la burqa.

Alors que la réponse de la communauté musulmane à Londres, condamnable soit-elle, n'a pas été dictée par la voix enregistrée d'Ayman Thawahiri.

Loin des amalgames, doit-on encore s'étonner que 6000 militants de la gauche allemande foncent à Hambourg sur une centaine de néo-nazis pour empêcher la tenue d'un rassemblement du parti national-démocrate ?

La grande démocratie européenne a le droit de se défendre contre les aspirations des fous d'Allah sur son sol mais a aussi le devoir de défendre le droit à la différence que l'extrême droite ne s'épuise pas à vouloir achever à coups de marteau. Ce n'est pas parce que Jean-Marie Le Pen a pris sa retraite que la lutte contre toutes les dérives sectaires doit cesser.

Par Anis Djaad

Le masque à l’épreuve des «faiseurs» de tabliers

Une nouvelle année scolaire commence. Une autre année chargée de tourments pour des parents qui ont appris à se méfier de ce rendez-vous à haut risque en raison des mauvaises surprises que celui-ci leur réserve. En raison également, et c’est le plus inquiétant pour eux, des nombreux faux pas du système éducatif qui font que la scolarité de leurs enfants emprunte des chemins ardus, avec des résultats souvent décevants. Les vacances terminées, en même temps que le répit qu’elles ont accordé, l’école rouvre ses portes et laisse déjà entrevoir de nombreux problèmes qui risquent de troubler la reprise des cours.

La grippe A (H1N1) pourrait s’y inviter, pour peu que l’on néglige sa propension à se propager et que l’on se croit à l’abri d’une pandémie qui devient imminente avec l’arrivée de la saison hivernale. La sérénité affichée par les pouvoirs publics n’incite nullement à l’apaisement au moment où tous les pays sont sur le pied de guerre et se préparent à faire face à la propagation du virus. Leurs populations savent de quoi il en retourne et n’ignorent pas les précautions à prendre. Chez nous, on croit en la «baraka» et, tout comme pour la crise économique, on pense que le virus de la grippe A(H1N1) ne nous touchera pas.

Ou, dans le pire des cas, nous effleurera à peine. Avec une pareille mentalité, il y a fort à craindre si la grippe porcine se propage. Pas de campagne de sensibilisation en direction des citoyens, notamment les enfants qui devaient, pour la plupart d’entre eux, en savoir plus hier au sein des établissements scolaires. Des cours leur ont été dispensés dans les classes, à travers le territoire national. Ce qu’ils savent d’ores et déjà, c’est que leurs écoles seront fermées en cas de propagation du virus.

Quant aux conséquences d’une éventuelle fermeture, ce sont les parents qui les appréhendent. Le relais serait, certes, pris par la télévision, la radio et Internet, mais il n’est pas dit de quelle façon ces supports seraient utilisés pour être efficaces, ni de quels moyens ils pourraient disposer. Vu les dégâts que pourraient occasionner une telle éventualité chez les élèves au plan de leur scolarité, on ne peut que croiser les doigts et souhaiter que la grippe A (H1N1) cesse de progresser.

L’autre souci de cette rentrée pourrait prêter à sourire s’il n’avait pas réussi à mettre dans la gêne de nombreux parents. C’est la grande affaire qui pourrait même avoir volé la vedette au premier cours de l’année scolaire, et à la grippe porcine elle-même, le tablier. L’instruction du ministre de l’Education nationale imposant deux couleurs bien précises, a provoqué une pénurie de blouses comme on en a jamais connue auparavant, aussi loin que remonte notre mémoire.

Certains chefs d’établissements ont poussé le zèle jusqu’à refouler les élèves qui n’en portaient pas, en attendant de leur faire voir de toutes les couleurs pour tenter de finir le programme scolaire à temps à la lumière du nouveau week-end et de la réduction des horaires. Il faut souhaiter qu’on aura pas à distribuer des masques. Beaucoup n’en bénéficieraient pas.

Par Rachida Merkouche

Le tourisme algérien, cette utopie

Le tourisme en Algérie, presque une utopie dans l’esprit d’un grand nombre d’Algériens qui n’essayent même plus de se pencher sur les progrès qui s’enregistrent en la matière. Il est vrai que le tourisme n’a jamais été la priorité des stratégies de développement économique et social menées par les pouvoirs publics.

Mais la donne a changé et le pays cherche, en perspective, à dynamiser tous les pans de la société et tous les secteurs vitaux de l’économie, de grandes niches de croissance durable. On ne peut faire prospérer une industrie touristique que si toutes les conditions d’accueil digne d’un tourisme moderne sont disponibles.

Elles commencent par des structures hôtelières aux normes internationales, en passant par des conditions de voyage, de communication, de sécurité, de restauration, jusqu’aux aspects liés aux divertissements et aux cachets culturels national et local. Tout doit être mis en harmonie pour donner corps à un tourisme algérien original dont la différence ne tienne pas qu’à la curiosité que peuvent susciter ses paysages féeriques ou d’autres curiosités liées au folklore ou à la culture.

Les opérateurs publics et privés doivent, à ce titre, disposer d’une lisibilité stratégique en vue de s’insérer dans l’effort de sa concrétisation. Le développement touristique doit aussi s’orienter avant tout vers la satisfaction de la demande locale, car c’est en satisfaisant les Algériens que le tourisme émergera et trouvera les moyens de s’ouvrir plus efficacement sur l’international. Et puis, empêcher des milliards en devises de sortir du pays, c’est plus facile que d’avoir à les faire rentrer.

F. N.