mardi 22 septembre 2009

Le chanteur compare les Algériens aux nazis : Khaled “le Marocain” fait scandale


Khaled est un merveilleux chanteur mais quand il s’improvise politique, c’est franchement scandaleux. Lors de son passage au Maroc, pour le festival d’Essaouira, il a comparé l’expulsion des Marocains d’Algérie au milieu des années 70 à la “déportation des Juifs” par les nazis !

Khaled Hadj Brahim, qui s’autoproclame “ambassadeur de la musique maghrébine”, a fait fort dans l’entretien qu’il a accordé au magazine marocain Tel Quel. Après son passage à la fête du trône, à El-Hoceima, le “king du raï” a participé au festival gnaoui d’Essaouira avant de lâcher cette bombe médiatique. À une question sur les tensions algéro-marocaines qu’il qualifie “d’aberration”, Khaled ne peut s’empêcher de revenir sur un des épisodes le plus controversé de la relation entre l’Algérie et le Maroc en prenant le parti des Marocains expulsés par le président Boumediene : “Tout petit, j’ai vu un flic entrer chez mon copain et le refouler au Maroc.

À Oran, on a tous des amis qui ont été déportés, des gens qu’on a cachés et d’autres qu’on a mariés de force pour qu’ils puissent rester en Algérie. Avec le recul, ces scènes ressemblent à celles de la Seconde Guerre mondiale où des voisins cachaient leurs amis juifs pour leur éviter les camps nazis. À ce point. Ça me fait mal.”
On savait Khaled sensible au lobby juif marocain, mais de là à balancer, froidement, des contre-vérités historiques, il y a un pas que notre star de la chanson a malheureusement franchi.

Car les Marocains expulsés à l’époque ne le furent qu’à cause de Rabat qui avait décidé de déposséder les citoyens algériens résidant au Maroc et de les renvoyer en Algérie. La politique de “marocanisation” des terres agricoles possédées par les Algériens depuis… 1843, lors de l’exode de populations algériennes entières fidèles à l’Émir Abdelkader, avait mis sur la paille des milliers de familles algériennes. Une politique qui avait débuté en 1963, suite à “la guerre des sables”, et qui s’est poursuivie jusqu’en 1994 quand 70 000 autres Algériens ont été dépossédés et expulsés après l’affaire de l’attentat de Marrakech.

Mais les dérapages de Khaled, associant les Algériens aux “pratiques nazis,” ne s’arrêtent pas là. En verve, le king du raï se lâche et fait des confidences troublantes sur ses discussions à bâtons rompus avec le roi Mohammed VI, mais aussi le président Bouteflika : “Maintenant que je côtoie le roi du Maroc et le président Bouteflika, on parle de ça et ils me disent tous les deux la même chose : “Les gens ne vont pas comprendre si l’on tourne rapidement la page du conflit entre le Maroc et l’Algérie. Les jeunes des deux bords t’adorent. On a besoin de symboles comme toi pour ouvrir des brèches et permettre le dégel des tensions en douceur. Et un jour, tout ça va s’arranger.”

Que Khaled soit l’ami de Mohammed VI, amitié dont il se dit “fier”, est son affaire. Mais que le chanteur implique le président algérien comme étant un personnage qui est pressé de “tourner la page” avec le Maroc est particulièrement sulfureux. Donc, à en croire Khaled, le président Bouteflika, l’homme qui avait signé la convention d’établissement algéro-marocaine, du 15 mars 1963, qui avait posé le cadre de la protection des Algériens et de leurs biens au Maroc serait… schizophrène.

Oublié les engagements multiples et divers de Bouteflika sur la scène africaine, maghrébine ou mondiale pour l’autodétermination du peuple Sahraoui ! Zappé le Bouteflika qui avait conseillé à Boumediene d’appliquer la réciprocité du traitement en 1974 après la violation par le Maroc du traité d’Ifrane ! Enterré les principes inaliénables de l’Algérie depuis 34 ans en faveur de la libération du peuple sahraoui de la colonisation marocaine !

D’ailleurs, Khaled, qui devrait se contenter de faire de la musique, n’a pas eu un mot, un seul, à l’égard des milliers de Sahraouis qui souffrent des traitements marocains. Pas un mot sur le Maghreb “réconcilié” qu’il appelle de ses vœux et qui ne pourra voir le jour qu’avec un Sahara occidental indépendant. Alors que le haut commissaire aux réfugiés de l’ONU, Guittierez, appelle la communauté internationale à ne pas laisser mourir à petit feu le peuple sahraoui, un des symboles de la jeunesse algérienne et maghrébine se laisse aller à des affirmations dignes d’un autiste politique. Lui-même le dit : “Les jeunes du Maghreb m’ont applaudi et m’ont couronné, je me considère comme l’ambassadeur de la musique maghrébine dans le monde.”

À la lumière de cette scandaleuse interview, Khaled qui se vante qu’“à la “frontière du royaume, aucun douanier n’osait me demander un visa même si je voyage avec un passeport algérien”, a mis les pieds dans le plat. Certains avanceront certainement l’argument que Khaled n’est pas un politique. Et c’est précisément là le hic. Quand on est artiste avec cette notoriété inégalée au Maghreb, on se doit de mesurer ses paroles et savoir apprécier les enjeux. À l’inverse, on ne s’aventure pas dans les chemins chaotiques de la diplomatie.

Le malaise est d’autant plus grand que ce n’est pas la première fois que nos artistes s’improvisent porte-parole, comme ce fut le cas de cheb Mami lors de l’hospitalisation du président Bouteflika. Ce dernier qui aime à cajoler nos artistes devrait probablement être estomaqué par la liberté prise par Khaled, qui se prétend proche de lui, pour l’associer à une telle sortie médiatique. À défaut, le poste d’ambassadeur d’Algérie au Maroc est vacant…

Par : Mounir Boudjema

Ça chauffe !


Par Hakim Laâlam  
Email : laalamh@yahoo.fr Je ne veux plus en entendre parler jusqu’à l’année prochaine.

Chorba et bourek !

Ça n’a pas raté ! Pour l’Aïd, c’est la même expression qui est revenue pour qualifier le marché : «Les prix flambent !» Je comprends parfaitement ce qu’ont voulu exprimer mes confrères à travers cette titraille. Mais en même temps ce «les prix flambent» me pose problème. Car, déjà, avant l’Aïd, pour le mois «sacré» du Ramadan, nous avions été nombreux à titrer «Ramadan : les prix flambent !» Scientifiquement, il y a un hic. Si les prix avaient déjà flambé pour le carême, pour l’Aïd, ils ne peuvent plus flamber, puisqu’ils l’ont déjà fait un mois durant, juste avant. Il nous faut trouver autre chose. Cramer. Embraser. Brûler. Griller. Ou alors, nous devons publiquement avouer notre incapacité à proposer un terme plus fort à substituer au verbe «flamber» et organiser en urgence, chez nous, en Algérie, un congrès d’experts en énergie calorifique. Des scientifiques qui ont travaillé et travaillent aujourd’hui encore sur la chaleur, la combustion et tout ce qui s’y rattache. Des gens très sérieux, bardés de diplômes dans le domaine des grosses chaleurs et autres ambiances torrides qui nous expliqueraient avec des mots simples mais en même temps doctes quels sont, dans le cadre brûlant de la théorie de la combustion, les paliers logiques qui succèdent à la flambée. Je propose la tenue d’un tel congrès en hiver. Ça aiderait à atténuer la rigueur de cette saison que de discuter, de débattre de la chaleur et des flambées de chaleur au mois de janvier. Mais attention, un tel congrès doit éviter l’écueil de l’élitisme étroit. Afin de permettre une ouverture la plus large possible et qu’appellent de tous leurs vœux la plupart des vrais scientifiques, on peut envisager d’inviter à cette rencontre des corps de métiers en prise directe avec l’énergie calorifique. Comme par exemple des artisans chauffagistes. D’ailleurs, et afin d’assurer un financement à ce congrès – surtout en ces temps de crise planétaire — il me semble opportun de faire appel à des sponsors, eux aussi du domaine. Rien n’interdit de financer les travaux par des entreprises comme Saunier Duval, Chaffoteaux et Maury, Chappée, Buderus, De Dedietrich ou Vaillant. Ça serait du plus bel effet. Et je suis convaincu que boostés par la qualité d’organisation, les congressistes feraient alors feu de tous bois. Je… fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L.

Fiction et réalité

Le plus sérieusement du monde, avec des airs de celle qui a trouvé quelque chose de génial et sur le ton de la question la plus pertinente, une animatrice de l'ENTV demandait la matinée de l'Aïd à une comédienne si ses légendaires disputes dans les feuilletons où elle jouait étaient «vraies» ou simulées.

Avoir l'immense responsabilité de s'adresser à des millions de téléspectateurs et se permettre un niveau d'ignorance tel qu'on en arrive à confondre la fiction et la vie réelle, il faut vraiment être «trouvée» par les recruteurs.

En fait, cette brave demoiselle, à défaut d'avoir quelque chose qui vaille la peine d'être éclairé dans la vie professionnelle et la vie tout court de l'attachante comédienne oranaise, s'est mise dans la tête de lui poser la question qui a toujours taraudé la ménagère analphabète : est-ce que les histoires qu'on lui raconte à la télé sont vraies ou créées de toutes pièces ?

En fait, il n'y a pas que l'histoire et son authenticité qui l'intéressent, il y a aussi les personnages et ceux qui les campent. Hommes ou femmes de chair et de sang, il arrive que la confusion s'installe entre le rôle et la vraie vie. Des femmes et des hommes du genre à demander à une comédienne si, dans une fiction, elle joue ou elle ne joue pas, il doit y en avoir beaucoup, sinon il n'y aurait plus de ménagères analphabètes depuis longtemps.

Et puisqu'il faut toujours trouver quelque chose pour positiver, disons tant mieux qu'en cette matinée de l'Aïd, quelqu'un soit venu relancer la curiosité et entretenir le… suspense. Parce qu'en fait, c'est peut-être le seul ingrédient qui pimente un peu les feuilletons de l'ENTV.

Les interrogations commencent à la fin et c'est dans la logique des choses : elles n'ont rien à voir avec les histoires. Le même jour, l'ENTV nous emmène dans un hôpital où des âmes généreuses étaient là à donner de leur temps et de leur argent pour que des enfants malades puissent passer des moments agréables en ce jour de fête.

En fait, ceux qui étaient là, la télévision en tête, réussissaient une seule chose : toujours rappeler aux enfants qu'ils sont «de pauvres malheureux» qui n'ont pas la chance de passer l'Aïd chez eux comme tout le monde. A aucun moment, on n’a tenu ces enfants à distance respectable de leur condition.

Là où il fallait une parole gaie, ils ont eu la leçon de morale, là où ils devaient s'exprimer, ils ont été relégués au rôle de prétexte pour laisser parler leurs «bienfaiteurs». A l'hôpital, il n'y a que la réalité. Paradoxalement, c'est là qu'on vient le plus «jouer». A la différence des feuilletons, personne ne confondra avec la fiction.

Slimane Laouari

Un bien remuant échiquier

Perpétuel équilibre des forces, la géopolitique implique aussi les revirements. A quoi le Président Obama vient de se résigner. Cher à son prédécesseur, le bouclier antimissiles en Europe fait désormais partie de l'histoire ancienne.

Plutôt prévisible, le locataire de la White House a prévenu que la décision de l'implanter en Pologne et en République tchèque n'était pas irréversible.

Toutefois, les deux pays concernés ne vont pas payer le prix de cette marche arrière puisqu'il ne s'agit pas d'un abandon définitif de ce projet mais de sa modification substantielle. Ce, en raison de la réévaluation à la baisse de la menace militaire iranienne dont les ingénieurs se penchent sur la construction de missiles de petite et de moyenne portée plutôt que des fusées à longue portée.

Quoi qu'il en soit, le Président des Etats-Unis a fait un premier pas courageux pour que Moscou puisse enfin replacer sa confiance en l'oncle Sam. Le geste de l'administration démocrate a convaincu la Russie qui a décidé de renoncer au déploiement de missiles Iskander à Kaliningrad.

Ce qui laisse présager que les deux géants vont renouveler l'actuel traité de désarmement Start d'ici à la fin de l'année. S'il venait à être signé, cet accord revigorerait-il la politique étrangère américaine après des mois de morosité ? L'Amérique d'Obama a besoin d'un nouveau départ que le nouveau patron de l'Otan vient justement de proposer au Kremlin.

A se demander si, par exemple, le tandem Medvedev-Poutine se tient prêt à soutenir des sanctions contre Téhéran où l'opposition est sortie dans la rue, scandant un slogan jamais entendu auparavant : «Nous vivons pour l'Iran et non pas pour le Liban et la Palestine». Histoire de signifier clairement au «régime négationniste» d'Ahmadinejad II que le maintien au pouvoir ne doit passer par le jeu des influences secrètes au Proche-Orient.

Punir les mollahs, la Russie n'en voit pas vraiment la nécessité, d'autant que les Américains eux-mêmes reconnaissent que la menace iranienne n'était pas assez développée pour la considérer au premier degré.

Quant à détruire le contrat de livraison d'un système anti-aérien à la République islamique d'Iran, destiné à protéger les centrales nucléaires, cela relèverait du miracle.

Obama verra-t-il la couleur de son engagement (de son recul, c'est selon) surtout que sur le plan interne, la santé connaît des périodes de déclin ? Depuis qu'il a rendu publique sa nouvelle stratégie en Afghanistan, et au Pakistan par extension, Barack Obama s'attend à des propositions concrètes de la part de la Russie.

Il en a un peu plus besoin à présent, ses alliés européens insistant sur l'ampleur de la fraude et sur les 1,5 million de bulletins suspects en défaveur de Hamid Karzaï. Ces mêmes alliés qui espèrent qu'au prochain sommet du G-20, Washington accepte une moralisation et une meilleure régulation du monde financier… en attendant le sommet de Copenhague sur le climat. Il ne nous reste qu'à souhaiter bon courage à Hercule Obama.

Par Anis Djaad

Maigret

La Belgique occupe une grande place dans la production culturelle francophone. La modeste, place, qu’elle occupe dans le concert des nations, est plus due à sa jeunesse (elle n’existe que depuis 1830) qu’à son véritable rôle. Et ce n’est pas un fait du hasard si les deux seuls héros de la littérature qui aient eu droit à une statue sont des personnages nés de l’imagination fertile d’écrivains belges.

Si les aventures de Tintin ont longtemps passionné les jeunes lecteurs, celles du commissaire Maigret continuent à meubler les après-midi de retraités et suscitent encore la curiosité des chercheurs qui multiplient les études sur ces personnages qui ont pris corps et forme jusqu’à devenir familiers sous les traits de comédiens célèbres.

Jusqu’à présent, seuls les héros de la mythologie ou les personnalités historiques avaient droit à entrer dans la statuaire. C’est un signe évident de crédibilité d’un personnage que de voir des artistes, des institutions, un lectorat fidèle se mobiliser pour lui ériger une statue à la gloire d’exploits tout à fait fictifs.

C’est en fait un hommage qui est surtout rendu au génie de son créateur qui a su, en quelques traits, esquisser une silhouette immortelle qui traversera les générations avec des accessoires qui survivent à toutes les modes et un caractère trempé, parce que plein de cette humanité ordinaire qu’ont les gens que l’on croise tous les jours dans notre vie quotidienne.

Un chapeau d’une grande banalité, un pardessus enveloppant une forte carrure d’homme mûr, une pipe qui ponctue les gestes anodins d’un personnage ordinaire, voilà ce qui fera de Maigret une silhouette familière et rassurante. Georges Simenon (qui fume la pipe lui aussi et qui sait que cet accessoire est le compagnon de gens calmes ou qui aspirent à le devenir) a eu le génie de choisir son héros dans une corporation qui se trouve au coeur de la vie de la cité (la police est le témoin privilégié de tout ce qui se passe dans toutes les couches de la société).

L’écrivain, très pratique, a choisi son personnage dans toute sa maturité: le commissaire Maigret est né dans un petit village de province. D’extraction modeste, il est entré dans la police où, petit à petit, il a servi dans tous les services de la maison «poulaga»: agent de la circulation, puis inspecteur fréquentant tous les lieux géométriques de la mégalopole, il a pu, au cours d’une carrière sans heurts, dont il a gravi les divers échelons, acquérir toute une foule de connaissances sur la nature humaine.

Ce n’est pas un homme qui a fait de grandes études sur la psychologie ou la criminologie, mais c’est un homme nouveau, sorti du rang, imbibé d’une forte expérience car il s’est frotté à toutes sortes d’individus. Et c’est ainsi qu’il a acquis une sorte d’intuition d’une remarquable justesse qui lui donnera ce pas tranquille et sûr d’un meneur d’hommes, respectable et respecté par tous ses commensaux.

Il faut signaler au passage que Maigret n’est qu’un fonctionnaire honnête, respectueux de l’ordre établi et des lois de la République. Ce n’est point un révolutionnaire et il n’est pas touché par tous les bouleversements politiques qui secoueront la société durant ses quarante années de carrière. Le côté original du commissaire Maigret réside dans le fait qu’il a affaire à des gens très simples qui ont des métiers et des préoccupations modestes: un boucher, un épicier, une concierge, un marin letton paumé, un cheminot ou une prostituée, des personnages qui n’ont pas l’étoffe de héros originaux.

Et le commissaire Maigret lui-même n’a pas comme Sherlock Holmes des théories fumeuses ou des conclusions scientifiques, pas plus qu’il ne promène comme Hercule Poirot une luxueuse oisiveté parmi les gens de la jet-set. Et s’il ne se gratte pas le front à la façon de Colombo, il bourre et tire sur sa pipe pour se donner de l’inspiration. Enfin Maigret, au moins, on voit sa femme. Et c’est une femme au foyer. C’est l’époque qui le voulait: c’était avant 68!

Selim M’SILI

Le jeu «Qui veux gagner des millions?» fait polémique au Maghreb

«La science est un jeu dont la règle du jeu consiste à trouver quelle est la règle du jeu.»
François Cavanna "Extrait de Le saviez-vous"

L’émission de jeu de Nessma TV «Qui veux gagner des millions?», suscite ces derniers temps, des interrogations suite à la polémique de la pyramide des gains, qui semble au dessous des variantes des émissions du même concept diffusées à travers de nombreux pays.

Une pyramide qui démarre de 25 euros (l’équivalent à 2700 DA) à 500 euros pour la première phase, pour atteindre la phase finale de 500.000 euros, (l’équivalent de 6 milliards de centimes) alors que dans toutes les autres versions diffusées dans 107 pays, l’heureux gagnant perçoit le chèque d’un million d’euros. La version maghrébine est plutôt «cheap».

L’autre grande question des téléspectateurs a trait à la devise du gain. Alors qu’on parle d’euro tout au long de l’émission, à la fin, un synthé annonce que le gagnant percevra son gain en monnaie locale de son pays. Sachant que la devise est échangée au marché parallèle avec un taux supérieur, les candidats repartent toujours avec un semblant de déception, puisqu’ils auraient changé eux-mêmes la somme ou tout au moins la garder en entier. Il faut dire que cette règle a été instaurée par la chaîne Nessma, pour éviter les problèmes liés au transfert de divises hors Tunisie. Mais on reproche surtout à la chaîne d’avoir baissé le taux de gain de 1 million d’euros à 500.000 euros, et surtout le gain de la première manche qui est de 500 euros contre 1500 euros pour la version française du jeu.

Il faut dire aussi que la pyramide des gains qui comporte plusieurs paliers a connu des changements à plusieurs reprises. Le dernier changement en France, par exemple, est intervenu le 27 avril 2009, puisque la pyramide des gains a évolué. Elle est désormais composée de douze questions au lieu de quinze et permet à l’émission d’être plus dynamique. Les candidats n’auront pas forcément plus de chance de gain pour autant, car la difficulté des questions s’adapte également.

Nessma est la seule télévision au Maghreb et la troisième dans le monde arabe après le Liban et l’Arabie Saoudite à présenter cette émission. Pour le moment, l’émission tient bien la route, grâce à la bonne présentation de l’animateur marocain Rachid Louali. Par ailleurs, le gain du jeu est l’argent récolté par les appels surtaxés nécessaires à l’inscription, l’envoi de SMS et la publicité, dont les tarifs sont en général élevés, car l’émission génère une très forte audience.

A cela s’ajoutent les différentes tactiques pour faire perdre le joueur. Un seul film résume ce jeu dans sa profondeur Slumdog Millionaire de Danny Boyle, où un Indien issu des bidonvilles de Bombay répond correctement aux 14 premières questions de la version indienne du jeu, avant d’être soupçonné de triche et arrêté par la police.

Dans la réalité c’est un Américain: John Carpenter qui a été la première personne gagnante du million de dollars de toutes les versions internationales de «Qui veut gagner des millions?», le 19 novembre 1999. Il est parvenu à la dernière question sans utiliser un seul joker, puis pour la question à 1 million, il a utilisé son joker «Appel à un ami», mais a appelé son père pour lui dire qu’il n’avait pas besoin de son aide, car il connaissait la réponse et qu’il allait gagner le million de dollars. Chapeau bas...

Amira SOLTANE


Photo de famille...

Et puis s’en vont. Il est patent que le président américain, lourdement engagé dans le processus de paix proche-oriental, tenait à forcer le destin à défaut d’avoir en main les atouts nécessaires ou de se donner les moyens capables d’amener les belligérants à être plus raisonnables. Barack Obama a ainsi obtenu que Mahmoud Abbas et Benjamin Netanyahu se rencontrent en sa présence afin, indique un communiqué de la Maison-Blanche, de «relancer» le processus de paix.

Certes! Mais, reste le fait qu’en l’absence de percée, le président palestinien a quasiment accepté l’invitation de M.Obama par courtoisie envers le chef de l’Etat américain. Car enfin, de quoi vont bien pouvoir parler MM.Abbas et Netanyahu quand toutes les issues sont aujourd’hui bloquées et le débat figé. Quelle paix les Palestiniens vont-ils, en effet, négocier avec un Etat qui occupe leur maison et y construit force logements, les poussant sinon à la porte de sortie - ce qui peut bien être le cas en les incitant à quitter leur territoire - du moins à relativiser leur ambition d’édifier leur Etat indépendant?

Il est patent qu’il ne peut y avoir de reprise des pourparlers tant que la condition sine qua non du gel des constructions n’est pas observée par Israël. Ce que les Palestiniens ne cessent de répéter affirmant que la rencontre de mardi serait de pure forme, surtout parce que ces derniers ne «voulaient pas décevoir l’administration américaine» qui a certes déployé beaucoup d’efforts pour rendre une telle rencontre possible.
Les Palestiniens ont tiré les leçons de précédentes réunions qui ont surtout permis à Israël, outre de gagner du temps, de consolider les colonies juives en Cisjordanie et d’accélérer la judaïsation de Jérusalem-Est, tous paramètres qui, le moins qui puisse être dit, ne militaient pas pour l’ouverture de véritables négociations entre Palestiniens et Israéliens renvoyant quasiment aux calendes grecques une éventuelle création de l’Etat palestinien.

Echaudés par l’échec de la conférence d’Annapolis de novembre 2007, qui a donné à Israël de conforter sa présence dans les territoires palestiniens, les responsables de l’Autorité autonome palestinienne demandent désormais à voir et restent déterminés à n’engager aucune négociation avec Israël tant que l’Etat hébreu n’a pas décrété l’arrêt total des constructions dans les colonies juives en Cisjordanie et dans les quartiers arabes dans la ville sainte d’El Qods.

Dès lors, la rencontre réunissant le président palestinien, Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, à l’initiative de Barack Obama, n’est pas appelée à créer l’événement lors de l’Assemblée générale de l’ONU dont l’ouverture des débats est prévue pour demain à New York. De fait, la rencontre d’aujourd’hui n’est qu’un pis-aller, un faux-fuyant, de la part d’un président américain sans doute désireux de participer positivement à la solution d’un dossier vieux de 60 ans, mais qui ne dispose pas d’atouts qui lui permettent d’imposer à un Israël maximaliste un minimum de souplesse.

Aussi, le gel des constructions israéliennes dans les territoires palestiniens reste-t-il un préalable qui n’est pas seulement du fait des Palestiniens, mais aujourd’hui celui de l’ensemble de la communauté internationale - y compris des Américains, même si ces derniers ont mis un bémol à leur exigence - qui y voient un obstacle insurmontable à l’ouverture de véritables négociations israélo-palestiniennes dont l’issue devrait aboutir à la création de l’Etat palestinien.

A l’évidence, on n’en est pas là. Et les Palestiniens, même s’ils restent affables, ne croient plus aux promesses américaines, surtout que les Etats-Unis qui parrainent le processus de paix depuis de nombreuses années ne se sont pas donné les moyens de mieux peser sur l’issue d’un processus de paix irrémédiablement dans l’impasse.

Karim MOHSEN

Aléatoire chronique du doute

Le jour de parution de cette chronique est incertain. En 2009, dans un pays qui crépite, à longueur de verbiage politique, de prétentions modernistes, nous en sommes encore à assumer une telle scène : les travailleurs de l’imprimerie viendront ce samedi soir, soirée de doute, dans leur atelier pour y travailler… peut-être. Car, comme c’est la nuit du doute, ils patienteront devant la télévision à regarder et écouter la commission nationale de l’observation du croissant lunaire, jusqu’à ce que sa décision soit prise : Aïd ou pas Aïd ?

À son tour, le personnel de l’imprimerie mettra en œuvre, selon le résultat de l’opération d’observation du croissant, son plan A ou B. Si l’Aïd est pour lundi, les rotatives démarreront, aussitôt, avec un peu de retard sur l’horaire habituel…Tant pis pour les éventuels retards de distribution des journaux imprimés en dernier. Et si l’Aïd est pour dimanche, les employés de l’imprimerie rentreront tranquillement chez eux, avec le sentiment du devoir — divin — accompli.

Après avoir rendu les originaux de pages de journaux aux représentants des titres de presse qui auront patiemment attendu là le résultat du conclave des ulémas, en contact avec le réseau national de scrutateurs de croissant. Car, auparavant, et durant la journée entière, les entreprises de presse auront fonctionné comme si le journal devait être imprimé et diffusé : réunions, contacts, “couvertures”, reportages écrits et photographiques, documentation, contacts des bureaux et correspondants, déplacements, rédaction, correction, mise en forme…

Selon que le croissant apparaisse ou non, les distributeurs seront, à leur tour, informés de la disponibilité ou de l’indisponibilité de la presse écrite. Les buralistes le sauront, le lendemain, s’ils daignent ouvrir pour attendre une improbable livraison de journaux.

Le prétexte religieux a déjà servi aux imprimeries de suspendre, sur instruction du gouvernement selon le syndicat d’une des entreprises d’impression, leur activité dans la nuit du jeudi au vendredi. Et il sert, ici, à tourner cette caricaturale scène de la vie de tout un secteur d’activité : pendant les dernières (ou avant-dernières) vingt-quatre heures avant l’Aïd, il tourne sans savoir s’il le fait à vide ou à plein. On aura ainsi délibérément mobilisé des équipes de techniciens, de journalistes, de rédacteurs, de conducteurs de véhicules, utilisé des lignes de communications, des voitures, des ordinateurs pour un produit qui ne verra peut-être pas le jour.

Si la scène semble se dérouler selon la règle des trois unités du théâtre classique (une seule intrigue, un temps qui ne dépasse pas la durée de cette intrigue, et un seul lieu, l’industrie de la presse), il est possible qu’elle se soit répétée dans des dizaines d’autres secteurs. Durant une journée franche, un pays vit en grande partie dans le doute organisé.

Au prix de compromettre le développement du pays, le pouvoir semble se complaire à sous-traiter l’ordre à tous ces vigiles religieux. Le plus douteux, n’est-ce pas ce mode de gestion de l’État qui consiste à se déresponsabiliser en se défaussant sur le respect des croyances et coutumes populaires ?

Par : Mustapha Hammouche

NB : Cette chronique aurait pu paraître dimanche. Ce qui m’aurait obligé à en écrire une nouvelle pour le présent numéro. Mais le pieux doute en a décidé autrement. Pour illustrer un des problèmes qui en découlent, ce commentaire est publié tel qu’il fut écrit pour l’édition de dimanche. Le temps employé ne vaut plus : vous l’aurez donc adapté par vous-même.

C'est la rentrée politique en Algérie

Complexité

La question est de savoir pourquoi l’Algérie qui est sortie de dix longues années de terrorisme sombre dans la criminalité. Il doit bien y avoir une réponse à cette situation délicate et complexe que traverse la société en plein mutation.

Les Algériens ont vécu un mois de Ramadhan en paix. Le dispositif mis en place par les services de sécurité a démontré son efficacité en mettant en échec plusieurs tentatives d’attentats planifiés par les terroristes. Il est loin le temps où les menaces des groupes armés islamistes s’exerçaient dans les faits sur une capitale qui vivait au rythme des explosions de bombes et de voitures piégées.

Si la parenthèse des attentats kamikazes de 2007 a permis de redéfinir la politique de réconciliation nationale, que les terroristes ont utilisée pour se réorganiser jusqu’à perpétrer des actions criminelles dans des endroits jamais atteints, même au summum du terrorisme, il n’en reste pas moins que la situation sécuritaire a connu une amélioration sensible.

Mais la violence a changé de main. La criminalité, sous toutes ses formes, a repris de plus belle. Agressions, trafic de drogue, meurtres, intolérance, vols et incivisme sont aujourd’hui le lot quotidien des bilans des services de sécurité. La question est de savoir pourquoi l’Algérie, qui est sortie de dix longues années de terrorisme, sombre dans la criminalité. Il doit bien y avoir une réponse à cette situation délicate et complexe que traverse la société en pleine mutation.

Les réflexes de violence qui s’expriment sous ses différentes formes sont-ils la conséquence du terrorisme ? Si tel est le cas, pourquoi les autorités n’ont pas jugé utile de mettre en place un dispositif devant prendre en charge la société à travers des programmes d’aides psychologique, culturelle et sociale ?

D’autres experts soutiennent, en revanche, que c’est l’absence de l’État sur le terrain qui est à l’origine de ce développement inquiétant de la criminalité dans le pays, alors que certains mettent ce phénomène sur le compte des conséquences de la mondialisation avec tout ce que cela charrie comme nouveaux comportements sociaux.

C’est dire la complexité du débat sur la criminalité. Les autorités sont interpellées afin d’étudier cette problématique qui, dans les faits, touche d’une façon ou d’une autre de plus en plus d’Algériens.

Par : Salim Tamani

Cette fois, c’est la bonne

Cette année, la rentrée sociale a été différée par un feu croisé de raisons (ou de prétextes, c’est selon) parmi lesquelles un été qui traînait en longueur et un ramadhan poussif tiennent le haut du pavé dans la hiérarchie de l’ajournement.

Cette fois-ci, la rentrée scolaire étant bouclée, les auditions des ministres par Bouteflika étant terminées, la session du Parlement bel et bien ouverte et le double impact quasi révolutionnaire du nouveau week-end et de la loi de finances complémentaire digéré, le décor est planté pour l’opération définitive de manches retroussées. Au demeurant, certains ministres ont déjà effectué leur échauffement, en pleine torpeur de ramadhan, par des sorties sur le terrain.

C’est aux partis de sortir de leur longue léthargie, à quelques exceptions près qui n’ont pas rangé aux oubliettes leur ardeur militante, comprimée, il est vrai, dans les confins de la réunionite et des débats plus ou moins intéressants.

Pourtant, ils ont du pain sur la planche, et si l’envie les prenait de prolonger leur mise en jachère, la discussion des nouveaux codes de la commune et de la wilaya viendrait les secouer et les remettre dans le bain de l’activité.

Quoi qu’il en soit, le rythme de la rentrée va se constater et se palper dès aujourd’hui, dans la rue et sur les postes de travail. A moins que le long pont des fêtes vienne reporter cet espoir de retrouvailles avec l’ardeur au travail.

N.S.

Une ambiance de fête

L’Aïd a coïncidé avec la rentrée des classes, et pour les millions d’écoliers, c’est une nouvelle année de labeur qui s’annonce après une longue période de vacances, dont beaucoup n’ont pas toutefois profité à cause, notamment, de la malvie qui frappe de plus en plus de familles algériennes. Pour nombre d’entre elles, l’école est bien l’un des rares lieux où est garantie une certaine égalité des chances.

Pour les élèves et tout le corps enseignant, le fait déjà d’entamer la nouvelle année dans cette ambiance de fête est psychologiquement important. Pour les enseignants, réduits à se préoccuper de leur survie, le règlement de leurs problèmes socioprofessionnels est susceptible de les motiver davantage et de les arracher à cette lutte harassante pour la satisfaction de leurs revendications.

C’est, pour l’essentiel, chose faite. En attendant l’amorce de nouvelles négociations sur toutes ces questions, le climat semble en effet beaucoup moins tendu que les années précédentes. D’autant que le ministère de tutelle semble avoir mieux préparé cette rentrée, en palliant les lacunes du passé, celles concernant notamment la distribution des livres scolaires, en parant à l’anarchie qui a toujours caractérisé cette opération par le passé.

Il reste pour le MEN beaucoup de défis à relever : celui des écoles privées sommées de se conformer à l’injonction qui leur est faite de respecter les programmes algériens et de dispenser leur enseignement en langue arabe. Il y a aussi le problème de l’emploi du temps qui risque de chambouler les programmes, à cause du nouveau calendrier. Cela dit, la tendance est globalement à l’optimisme.

M. A.

Relâchés, les démons ?

Est-il naturel qu’en moins de vingt-quatre heures, les prix passent de 30 à 100 dinars, si ce n’est là un exploit de djinns chevronnés ?

Les croyances chez les populations musulmanes de la RADP soutiennent que les démons sont enchaînés dès le début de ramadan et ne sont relâchés qu’à la veille du 27e jour de ce mois sacré où s’accomplit le 4e pilier de l’islam : le jeûne. Une croyance qui cette année a pu se vérifier au moins dans nos marchés où la ménagère dit en rencontrer des tas depuis la journée qui symbolise chez nous Lïelat-el-qadr (la nuit du destin).

Paraît-il, une fois relâchés, ils se sont précipités sur les marchés pour y «démoniaquiser» les prix et leur opérer une hausse jamais connue de mémoire d’Algérien durant les fins de ramadan où la tendance est traditionnellement à la baisse. Du coup, l’ambiance dans Souk El-Hadj Lakhdar nous apparaît plus clémente, ses acteurs plus corrects, moins… démoniaques.

Certains produits comme la tomate ont, du jour au lendemain, vu leurs prix réussir le triple saut sans le moindre petit entraînement, sans la moindre petite préparation. Est-il naturel qu’en moins de vingt-quatre heures, les prix passent de 30 à 100 dinars, si ce n’est là un exploit de djinns chevronnés ? Des augmentations qui forceront les petites bourses à prolonger partiellement un jeûne devenu très attractif en cette période où l’Algérien se fait saigner à blanc sous l’œil vigilant d’un Beylik solidaire.

Certains pères de famille auront à choisir entre le tablier et la tomate alors que d’autres désespèrent et du tablier et de la tomate et du Beylik et de ses syndicats. Ils doivent se demander pourquoi on n’oriente pas nos spécialistes de l’import-import à aller en Chine nous chercher de la tomate, de la pomme de terre ou du kharroub comme ils font si bien avec les produits manufacturés ?

Avec la Chine, on sera plus sûr qu’avec le Maroc que la marchandise cédée n’aura rien à voir avec Israël et ses vampires. Les raisons de la hausse des prix ? On invoque des tas de raisons, on rejette artistiquement la balle et on culpabilise l’autre. On culpabilise même les éléments puisqu’on nous dit que c’est l’Aïd et la pluie qui sont la cause principale de la folie des prix. Or, nous savons tous que l’Aïd et la pluie sont des éléments positifs et que… les démons sont relâchés !

Par Mohamed Zaâf

Sale temps pour les économistes

Paul Krugman, dernier prix Nobel d’économie, vient de consacrer à la «profession d’économiste» une critique des plus acerbes dans le New York Times où il signe une chronique hebdomadaire (*). Aussi scolastique qu’elle puisse paraître, la question abordée est d’une actualité brûlante et le demeurera encore longtemps. En cela, cette contribution fera certainement date.

Les fondements philosophiques du néolibéralisme ont, dans une sorte de bérézina totale, déteint sur toutes les sphères de l’activité humaine avant la crise des subprimes. Les tenants de l’économie sociale de marché, de la régulation et des transferts sociaux désespéraient de se faire entendre, tandis que, plus à gauche, socialistes, sociaux démocrates et autres marxistes n’arrêtaient pas de digérer leur fraîche défaite historique. L’âge d’or du marginalisme et du monétarisme était associé à celui de toute la profession.

Dans l’euphorie de la victoire idéologique du néolibéralisme, «peu d'économistes ont vu venir la crise actuelle», rappelle Paul Krugman. Cet échec à prévoir est le moindre des problèmes attachés à leur champ d’activité. «Plus importante est la cécité de la profession à envisager la possibilité même de défaillances catastrophiques dans une économie de marché (…). Il n'y avait rien dans les modèles dominants qui pouvait suggérer la possibilité d'une sorte d'effondrement comparable à celui qui s'est passé l'année dernière.»

«L'effondrement intellectuel » de l'école de Chicago autorise l’auteur à qualifier ses adeptes de «produit de l'âge des ténèbres de la macroéconomie, âge pendant lequel a été omis un acquis du savoir durement acquis». Plus à droite de Milton Friedman lui-même, la discipline a même fait révérence aux délires d’Eugène Fama (père de la théorie de l’efficience des marchés) ou de John Cochrane, tous deux professeurs de finance à la Business School de l’Université de Chicago.

Krugman a bien raison de nous rafraîchir la mémoire et de rappeler que pour ces auteurs, s’il y a du chômage de masse, c’est tout simplement parce que les salaires étant plus bas, les salariés… préfèrent ne plus bosser du tout, le travail n’étant plus suffisamment rémunérateur pour compenser l’effort qu’il leur coûte. Autre variante de leurs délires : les récessions sont bénéfiques parce qu’elles permettent de purger l’économie des entreprises les moins efficaces.

Ainsi donc, après la crise, l’économie repart, plus requinquée, plus dynamique, plus saine… «Peut-on sérieusement prétendre que nous avons perdu 6,7 millions d'emplois parce que moins d'Américains veulent travailler ? Mais il était inévitable que les économistes se retrouvent piégés dans ce cul-de-sac : si vous partez de l'hypothèse que les gens sont parfaitement rationnels et les marchés sont parfaitement efficaces, il faut conclure que le chômage est volontaire et les récessions sont souhaitables.»

A la base de tous ces délires longtemps érigés en mode de gouvernance : la vision idéalisée d'une économie dans laquelle des individus rationnels interagissent dans des marchés parfaits. Emportée par une sorte d’amnésie ou d’ingratitude, «la profession», comme l’appelle Krugman, a vite oublié que la Grande dépression a réhabilité les idées de John Maynard Keynes «à la fois comme explication de ce qui s'était passé et comme solution aux dépressions à venir». Dans son chef-d'œuvre de 1936, La Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, il a voulu «fixer le capitalisme, et non s'y substituer ».

Il y exprime un «mépris particulier pour les marchés financiers, qu'il considère comme étant dominés par la spéculation à court terme avec peu de considération pour les fondamentaux ». Keynes avait coutume de dire à propos des marchés financiers : «Lorsque le développement du capital d'un pays devient un sous-produit des activités d'un casino, le travail est susceptible d'être mal fait.» Le mal vient donc de ce que «l'histoire de l'économie au cours des cinquante dernières années est, dans une large mesure, l'histoire d'un repli du keynésianisme et du retour au néo-classicisme ».

A partir des années 1970, le débat sur l'irrationalité des investisseurs, les bulles, la spéculation destructrice avait pratiquement disparu du discours universitaire, dominé par l’«hypothèse de marchés efficients». L’idée partagée ici est que «le prix des actions d'une entreprise, par exemple, reflète toujours exactement la valeur de l'entreprise, compte tenu des informations disponibles sur ses bénéfices, ses perspectives commerciales, etc.) «L'hypothèse de marchés efficients n’est pas simplement adossée à ses côtés élégant, pratique et lucratif. Elle a également produit un grand nombre de preuves statistiques, qui quoique très favorables, n’en restent pas moins d'une forme curieusement limitée. »

Une bonne illustration de cela est donnée par Larry Summers, aujourd'hui conseiller économique dans l'Administration Obama, qui se moque des adeptes de la finance avec une parabole sur les «économistes ketchup» : ils «ont montré que deux bouteilles d'une pinte de ketchup s’écoulent invariablement deux fois plus vite que les bouteilles de ketchup d'un litre. Et d’en conclure que le marché du ketchup est parfaitement efficace», dit Krugman. Que doivent faire les décideurs ? La macroéconomie, elle-même dans le désarroi, est encore impuissante aujourd’hui à donner des indications claires sur la façon de juguler l’effondrement de l’économie.

En 2004, Alan Greenspan, alors président de la Fed jusqu’à la fin des années Bush junior, avait rejeté avec une légèreté déconcertante toute éventualité d’une d'une bulle du logement. «Une sévère distorsion des prix est très improbable», avait-t-il assuré. L’année suivante, en réaction aux hausses de prix, son successeur Ben Bernanke soutiendra qu’ «ils (les prix) reflètent largement de solides fondements économiques». En bref, la croyance en l'efficacité des marchés financiers a aveuglé beaucoup, sinon la plupart, des économistes, incapables d’envisager l’avènement de la plus grande bulle financière de l'histoire.

Les ménages américains ont vu 13 billions de dollars de richesse s'évaporer. Plus de six millions d'emplois ont été perdus et le taux de chômage semble se diriger vers son plus haut niveau depuis 1940. Tout cela est arrivé sans le moindre signe avant-coureur parce que la profession convertie au néolibéralisme sombrait dans un intégrisme intellectuel sans précédent. En somme, l’état de la macroéconomie n’est pas bon. Krugman invite «la profession à se racheter».

Comment ? «Elle devra se résigner à une vision moins séduisante — celle d'une économie de marché qui a beaucoup de vertus, mais qui est aussi traversée de failles et de frictions». Comment ? En passant, dit-il, «de la périphérie de l'analyse économique à son centre». Retrouver le centre ou le noyau de la nouvelle économie, c’est réhabiliter Keynes dont les idées ont été, pendant les deux dernières décennies, considérées comme des «contes de fées». Tel est, de l’avis de Krugman, la voie à suivre.

Pour y parvenir, les économistes doivent se soumettre à une triple «thérapie» : - Premièrement, «ils doivent faire face à la réalité embarrassante que les marchés financiers sont très loin de la perfection, qu’ils sont soumis à des illusions extraordinaires et à la folie des foules». - Deuxièmement, «ils doivent admettre — et ce sera très dur pour les gens qui riaient et se moquaient de Keynes — que l'économie keynésienne reste le meilleur cadre que nous ayons pour donner un sens aux récessions et aux dépressions ». - Troisièmement, «ils devront faire de leur mieux pour intégrer les réalités de la finance dans la macroéconomie». Tout un programme.

Par Ammar Belhimer

(*) Paul Krugman, How Did Economists Get It So Wrong ? New York Times, 2 septembre 2009

Voeux de l'aïd : Tendance pour 2009

Les séries «navet» et l’humour lourd

Le premier à traîner cette réputation d’«humoriste lourd» est incontestablement le “machiste” Lakhdar Boukhars qui à force de traiter des sujets récurrents devient lassant limite ringard et les critiques affluent de partout, à l’instar des acteurs et réalisateurs qui ont critiqué ouvertement son travail en tant qu’acteur ou scénariste.

Rire du malheur des autres, sombrer dans une critique abjecte et immonde à la Jean-Marie Bigard en traitant des sujets de la société sensibles et ringards, c’est là, le domaine d’excellence des acteurs algériens spécialement durant le Ramadhan dans le but d’amuser la galerie et répandre de la gaieté dans les cœurs des téléspectateurs mais, hélas, ces derniers ne sont guère dupes eux qui, pour la majorité n’ont pas apprécié le contenu des programmes diffusés durant le mois sacré.

Le premier à traîner cette réputation d’«humoriste lourd» est incontestablement le “machiste” Lakhdar Boukhars qui à force de traiter des sujets récurrents devient lassant limite ringard et les critiques affluent de partout, à l’instar des acteurs et réalisateurs qui ont critiqué ouvertement son travail en tant qu’acteur ou scénariste. La programmation s’est enlisée dans du n’importe quoi, certains réalisateurs ont boycotté la chaîne et les séries proposées sont parsemées d’un brin d’humour piètre qui nous fait regretter tant les Rouiched et toute la panoplie d’artistes qui alignaient humour, légèreté et professionnalisme.

Cette année, même la série de Djâafar Gacem n’a pas reçu un écho favorable de la part du public qui aspirait à mieux. Il faut dire que la saga a démontré ses limites vu que le copier coller des séries américaines des années 80 et 90 n’a pas réjouit tout le monde «c’est dépassé dit on». Le ridicule ne tue pas, les acteurs ont démontré une fois n’est pas coutume que les réalisations cinématographiques en Algérie ces dernières années sont devenues une sorte de bricolage à la va-vite et l’important c’est de générer des profits.

Rire sur le dos des Kabyles en utilisant un langage ridicule ou s’imprégner de rôles loufoques est la carte fétiche de certains acteurs pour faire de l’audience mais le médiocre a dit son dernier mot comme quoi «La cervelle d’un ouistiti s’enveloppe à force de grimacer d’un chignon kiki».

Hacène Merbouti

Les surprises de la rentrée

Saignés à blanc durant le mois du Ramadhan et à l’occasion de la rentrée scolaire, les chefs de famille ont fait face stoïquement aux dépenses liées à l’Aïd El Fitr. En dépit d’une grande précarité sociale qui s’empare de larges couches de la population, les Algériens se plient aux exigences de la tradition et savent qu’une autre saignée arrivera dans deux mois, pour le sacrifice du mouton de l’Aïd.

Dans ce climat général morose, la joie et l’enthousiasme des enfants demeurent intacts, réclamant à leurs parents des vêtements neufs de marque et les jouets les plus perfectionnés. Les rues commerçantes des grandes villes deviennent alors le point de ralliement de tous les vendeurs à la sauvette proposant des articles provenant de la même partie du monde, cassant les prix à l’extrême et accaparant la quasi-totalité des espaces publics.

C’est donc aussi la fête de l’informel où la contrebande est reine et où le contrôle est anéanti. Les « chinoiseries » qui, partout ailleurs dans le monde, sont mises sous la loupe du contrôle de qualité, jonchent nos trottoirs sans avoir subi le moindre test de non-dangerosité.

L’activité commerciale lors des grandes occasions échappe totalement au contrôle de l’Etat, lequel ne s’en émeut guère. Plus que cela, les pouvoirs publics s’illustrent par d’énormes ratages, à l’exemple de la rocambolesque mais dangereuse péripétie du vaccin grippal saisonnier. Pourtant intégré dans la liste des médicaments remboursables en raison de son importance dans la protection de la santé publique, ce vaccin risque de ne pas être mis à la disposition des citoyens au niveau des pharmacies.

C’est l’une des surprises les plus catastrophiques de cette rentrée. Si l’administration centrale algérienne a oublié que la grippe saisonnière est la première cause de mortalité par maladies infectieuses dans le monde, c’est que la société a beaucoup de souci à se faire dans la suite des événements, et pas seulement dans le secteur de la santé, qui est, du reste, le plus névralgique.

Pendant ce temps, que font nos gouvernants à part se taire et faire le dos rond ? On botte en touche pour créer l’illusion de l’action publique. Le ministre de l’Education nationale a évoqué, mercredi à Tizi Ouzou, la généralisation prochaine de l’enseignement de tamazight.

Ceci au moment où les enseignants titulaires réclament leurs indemnités et les vacataires attendent leur régularisation. Ces derniers, lors d’un rassemblement organisé la semaine dernière à Boumerdès, ont avoué avoir eu recours aux restaurants Errahma pendant le mois de Ramadhan.

Par Djaffar Tamani