lundi 7 septembre 2009

Fiers de vous !

Pour nombre d’entre nous et après la victoire préalablement acquise en Zambie au mois de juin dernier, la venue de cette dernière à Blida était vue comme celle d’une brebis égarée dans l’antre du loup, assoiffé d’une proche qualification en Coupe du monde. Beaucoup ont donc fêté le succès bien avant le début du match et un faux pas des Algériens n’était même pas imaginable par les plus pessimistes.

Oui, la victoire est là, mais, mon Dieu, combien elle fut longue à se dessiner. Se pouvait-il que des mois de longue et pénible préparation et des tonnes d’espérances pouvaient comme ça être dilapidés au moment où tous les Algériens attendaient un peu de bonheur dans un océan de grisaille quotidienne.

Une mi-temps et le doute s’est installé, mais c’était sans compter, au retour des vestiaires, avec ce désir ardent de onze bonhommes déterminés à offrir un succès attendu par tout un peuple. Et nous ne pouvons qu’être rassérénés par la propension qu’ont ces Algériens d’ici et d’ailleurs d’offrir, face à l’adversité, ce qu’ils ont de meilleur en eux au moment où le moral national s’accoutumait d’un défaitisme presque fatal sur tous les fronts : politique, économique et social.

Car, il n’y a pas de doute que le système oppressant actuel qui tente d’éteindre en nous toute parcelle de bonheur et annihile tout fol espoir d’aspirer à redevenir un ensemble qui compte dans le concert des nations (même par le truchement d’une présence en Coupe du monde) aura à cœur de récupérer l’événement à son profit exclusif.

La victoire d’hier soir, qui nous met directement à 90 minutes de l’Afrique du Sud (une large victoire sur le Rwanda pour faire du déplacement en Egypte une simple formalité), n’est pas celle du système et encore moins celle de Bouteflika qui ne consent qu’une part infinitésimale (0,1%) du budget de l’Etat à la jeunesse et au sport.

Elle est le fruit intrinsèque de cette jeunesse d’Algérie d’outre-Méditerranée qui se réconcilie avec son identité parmi les siens par une chaude soirée Blidéenne, en allant arroser de sa sueur bienfaitrice la pelouse grasse de la terre natale de ses géniteurs. Elle est la revanche de ces centaines de harraga qui, mettant le cap vers le Nord orgueilleux, ne nous ont jamais été restitués par la mer.

Elle est le fait de ces milliers de jeunes Algériens qui se shootent au cannabis pour oublier que le serment de Novembre n’a finalement servi que les rescapés de la génération de Novembre. Elle est l’apanage de ces appelés du service militaire, fauchés dans l’anonymat par une bombe artisanale au détour d’un chemin de montagne. Elle est l’infini succès de nos sœurs et de nos mères en prise à un ordre social suranné et qui se permettent de lancer des youyous lancinants dans la profondeur de la nuit.…

Loin des pratiques subversives et régionalistes et plus que tous les discours populistes, l’équipe nationale est le véritable creuset de l’unité du pays. Sans grands moyens, armés de leur seule conviction et forts de leur irrésistible volonté de vaincre, voilà que onze petits lutins et leurs acolytes du banc de touche sont en passe de réussir un coup médiatique en 2010 à l’autre bout de l’Afrique que la diplomatie algérienne n’a pu orchestrer en dix ans de règne de Bouteflika. Jeunes Algériens, d’ici et d’ailleurs, le peuple est fier de vous ! N’en déplaise aux tenants du pouvoir…

Par Omar Kharoum

La guerre des seringues

Il ne se passe plus un mois sans qu'une crise politique ne vienne secouer la province chinoise du Xianjiang. Décidément, la majorité musulmane ouïgoure et le groupe des Hans, dominant à travers l'empire du Milieu, ne sont pas faits pour s'entendre. Cette fois-ci, le fil conducteur n'a pas été des plus ordinaires. Plutôt, étrange.

Aux dires des Hans, leurs ennemis ont perpétré de mystérieuses attaques à l'arme plume : des seringues infectées de virus. Les victimes de ces prétendus assaillants en blouse blanche ont été piquées à vif mais les forces de l'ordre ont frappé plus fort et plus vite que le virus. Cinq morts. De vieilles rancœurs ancestrales seraient-elles à l'origine de ce désordre dans l'ouest de la Chine ?

Celle-ci s'accommodera-t-elle de la version qui met en avant une bande de délinquants qui auraient contaminé pas moins de 500 personnes ?

Le pouvoir central à Pékin sait de quoi il retourne dans la province du Xinjiang. Sinon, il n'aurait pas sacrifié le secrétaire général du parti communiste au nom de l'apaisement général. Mais faire sauter le commis-fusible après 25 ans de bons et loyaux services n'est pas pour remettre de l'ordre de manière définitive.

Si sur la place rouge, les autorités sont persuadées qu'il s'agit bien du prolongement des sanglants troubles du 5 juillet, qui prouve qu'il n'y aura pas d'autres dans l'avenir une fois l'émeute actuelle contenue ?

La campagne lancée par Pékin contre les nationalistes ouïgours, en particulier contre la présidente du Congrès mondial des Ouïgours (exilée aux Etats-Unis après des années de détention en Chine), ne ressemble en rien à un coup de grisou au fond d'une mine.

Tout comme son allié objectif russe par rapport à l'ébullition quasi permanente dans le Nord Caucase, la Chine sait ô combien le séparatisme de cette espèce peut être déstabilisateur.

Déjà que ledit voyage humanitaire du dalaï-lama à Taïwan n'a pas beaucoup été apprécié, Pékin conjecturant un torrent politique que le saint patron bouddhiste a voulu réussir.

Parce qu'il faut dire que l'été chinois a été plutôt doux-aigre. Bien avant que Pyongyang n'affirme être parvenu à la dernière étape dans l'enrichissement de l'uranium, Pékin avait demandé à l'Amérique d'Obama de mettre rapidement fin à ses manœuvres maritimes conjointes avec Séoul.

C'est dire que la Chine reste sur ses gardes, nul n'est à l'abri d'un coup - démocratiquement foireux - qui menacerait son pouvoir central.

Il n'a pas à scruter bien loin pour constater que l'opposant iranien Moussavi a dû se remettre derrière son pupitre pour tenter de canaliser la vague verte en totale perdition. La lettre envoyée par Barack Obama à Mohamad Khatami aurait-elle eu un effet incitateur sur la personne de Moussavi ? De pareils mouvements qui s'essoufflent mériteraient encouragements.

Anis Djaad

Un jeune et un autre jeune

Un vendeur de «chirbat», mélange toujours douteux d'eau, de sirop et de zeste de citron, vient d'être condamné à un an de prison pour avoir frappé un policier qui lui demandait d'arrêter sa vente et de quitter les lieux. Le jeune homme n'est sûrement pas à accabler.

Il va payer pour sa faute et peut-être un peu plus. Un an de prison ferme pour avoir agressé un agent de police dans l'exercice de ses fonctions.

On ne peut pas non plus reprocher au tout aussi jeune agent de l'ordre de faire son travail et d'attendre qu'il soit respecté en tant que représentant de la force publique. Si le jeune vendeur de «jus» ne s'était pas senti dans son «droit», il n'aurait sûrement pas poussé sa résistance à l'autorité jusqu'au geste malheureux qui lui coûtera une année de sa vie et peut-être des prolongements encore plus fâcheux, puisqu'il est connu que la prison n'a pas la réputation de former des enfants de chœur.

Selon le confrère qui a rapporté l'information dans son édition d'hier, c'est d'ailleurs en toute bonne foi que le jeune homme a déclaré au juge pour sa défense que le policier voulait «l'empêcher de travailler».

De l'illégalité de ce travail, de l'occupation toute aussi illégale d'un espace public, de l'absence de contrôle sur la qualité de son produit et des conditions d'hygiène de sa fabrication, il n'en a donc à aucun moment été question.

Et ce n'est pas d'être particulièrement arrogant ou véhément que le jeune homme devait se défendre de manière si étonnante et après tout si maladroite. C'est qu'habitué à «travailler» dans la quiétude et parfois sous des regards bienveillants, il n'a dû imaginer qu'on viendrait un jour l'en empêcher avec autant de détermination.

De manière générale, il ne peut pas comprendre qu'une activité soit défendue quand elle se pratique au nez et la barbe de la police quatorze jours sur quinze et d'être combattue selon l'humeur d'un mauvais après-midi et parfois avec des dépassements particulièrement zélés.

Le policier non plus ne devait pas comprendre comment on pouvait lui demander d'intervenir tous les trente-deux du mois avec autant de fermeté pour déloger des vendeurs chez qui il arrive qu'il s'approvisionne le reste du temps. Cela fait tellement longtemps qu'on ressasse que plus aucune activité commerciale illégale ne sera tolérée que tout le monde a fini par l'oublier.

Et d'avoir oublié, un jeune de vingt-deux ans va passer une année en prison, un policier sensiblement du même âge soignera ses blessures, rongé par le remord, et des citoyens continueront à consommer des produits périlleux pour leur santé.

Slimane Laouari

Le sport et les terroristes

Au moment où ces lignes sont écrites, le match Algérie-Zambie n’a pas encore commencé. Mais au moment où vous les lisez le «jeu est fait». Donc on ne peut parler du match. Il est cependant un aspect qui mérite que l’on s’y attarde tant il n’a rien à voir avec le sport mais, s’en sert comme prétexte. Vous l’avez deviné, il s’agit de la violence dans les stades. En réalité, celle-ci n’a pas de spécificité et ressemble à toutes les autres formes de violences auxquelles on assiste, depuis peu, dans notre pays.

Quelle différence peut-on trouver entre celles qui ont lieu dans les stades et celles qui surgissent dans différentes localités pour divers motifs? Aucune! Par contre, le mode opératoire est le même. Une poignée d’individus qui se mêlent à la foule, généralement des adolescents, suffit à créer l’excitation nécessaire pour déboucher sur des actions de vandales. Le phénomène n’est pas nouveau. Nous l’avons vu lors de la «révolution» du 5 Octobre 1988. Nous avons vu ces commandos sillonner les quartiers de la capitale en incitant les jeunes adolescents à se joindre à eux pour se défouler. Nous les avons vu leur fournir des sacs de cailloux.

Nous les avons vus comment ils les entraînaient dans les supermarchés pour les saccager. Nous avons vu comment ces enfants étaient contents d’en ressortir avec des Adidas (chaussures de sport à la mode) alors que les meneurs étaient affairés à mettre le feu. Ils étaient tellement jeunes, ces adolescents, qu’un ministre de la République avait, à l’époque, traité les émeutes de «chahut de gamins». Il n’avait pas encore vu ceux qui se cachaient derrière les enfants. De véritables commandos.

Comme ce commando de supporters égyptiens venus provoquer des troubles à l’occasion du match d’hier soir et repérés par des Algériens résidant en Egypte. Tous les revanchards sportifs, politiques, racistes, nostalgiques ont trouvé dans ce moyen la meilleure façon et à peu de frais de casser ce qui pouvait l’être en Algérie. Y compris la République s’ils le pouvaient.

Mais c’est aussi un moyen qui démontre que la force de frappe de nos adversaires est en déclin. N’avez-vous pas remarqué que ces violences et émeutes apparaissent quand les attaques terroristes cessent. Comme c’est le cas en ce moment. Nous venons de passer 17 jours du mois de Ramadhan en paix. Sans terrorisme. Alors que les mois de Ramadhan des années passées étaient tous à hauts risques.

Et là, il n’y a plus de doute à avoir, ceux qui tirent les ficelles des terroristes sont les mêmes que ceux qui tirent les ficelles des émeutiers. C’est l’alternance. On peut même y ajouter cette forme de terrorisme syndical qui s’annonce pour la rentrée en formulant des «revendications» (comme les aménagements des horaires) qui feraient pâlir d’envie tous les licenciés, les dégraissés, enfin tous les salariés dramatiquement ruinés par la crise en Occident.

L’alternance, c’est aussi les spéculateurs, ces terroristes chargés de déréguler le marché. C’est aussi les mensonges de ceux qui soutiennent voir des gens mourir de faim dans notre pays. L’Algérie fait face à plusieurs terrorismes. Les commanditaires, eux, sont toujours les mêmes. Dès que dans les stades, dans les quartiers, dans les villages, les Algériens en prendront conscience, c’en sera fini du terrorisme et de ses commanditaires. A jamais fini!

Zouhir MEBARKI

Les délits y étaient...

Lorsque le représentant du ministère public tient un voleur et un receleur, c’est la vieille qui a surpris un...malfaiteur au rez-de-chaussée de son domicile.

Il y a comme ça dans la vie quotidienne des juridictions, l’action indestructible de la défense. L’avocat est un partenaire privilégié de la justice.

Pour ce dossier, il n’y a pas un avocat mais deux. Et quels défenseurs! Ils ont certes sué, mais réussi à éviter à l’inculpé d’écoper d’une lourde peine.

Dahmane S. est un employé modèle depuis 1984. Il est surpris en 2008 en pleine opération de vol de pièces détachées.

A la barre, un commerçant est inculpé de recel. Les deux avocats jouent sur l’aveu du voleur, les regrets du receleur. L’un d’eux évoque même la maladie de l’enfant du détenu et donc le besoin d’argent pour acquérir les médicaments.

Mais ces excuses, si en droit, peuvent émouvoir des magistrats, ne font pas des amateurs parmi les juges ligotés par l’inculpation et l’opportunité des poursuites pour ce qui est du représentant du ministère public.
Maître Mohamed Djediat et Maître Djamel Fodil ont beaucoup souffert en défendant leurs deux clients inculpés de vol et de recel.

La partie civile, représentée par Maître Abdelkrim Bouderbal a demandé tout juste vingt mille dinars de dommages et intérêts et ô comble de l’audace, à l’application de la loi dans le sens propre du terme car ici les délits y sont.
Dahmane permet à Madame la présidente de bien dominer les débats. Vous savez, un inculpé qui «crache» le morceau est généralement bien «vu» par les magistrats. Le receleur, lui, tombe franchement des nuages, car la loi est si dure...

Si Maître Mohamed Djediat, le premier conseil, s’est longuement étalé sur les besoins vitaux de son client, Maître Djamel Fodil s’est contenté de rappeler au tribunal que son client ne savait pas que Dahmane avait volé la marchandise.

Le représentant du ministère public n’y est pas allé de main morte. Il demande pour le voleur une peine de huit mois de prison ferme et un sursis pour le receleur qui en est à son premier délit sinon, la récidive aurait été abordée et les dégâts avec.

Le côté risible du procès, c’est le témoin, chef de service, qui a déclaré sans rire qu’il avait surpris Dahmane volant les pièces détachées, un casse-croûte à la main.

«Allez rendre justice à de pareils énergumènes qui trouvent tout de même le courage d’avoir des remords», marmonne la présidente qui hochera la tête en signe de désespoir.

Le verdict a été mis en examen le temps pour la présidente de réfléchir avant d’infliger une peine de prison ferme de six mois et d’une amende de cinq mille dinars.

Le frais condamné a dix jours pour interjeter appel si toutefois il s’estime bafoué, car la loi est ainsi faite.
A titre de rappel, nul n’est autorisé à critiquer une décision de justice.

Il n’y a qu’une seule voie pour le faire en respectant la sérénité de la machine judiciaire: c’est d’interjeter appel ou encore si au niveau de la cour d’appel, la sentence ne plait pas à une des parties ou même à toutes les parties, la cassation reste le seul moyen de crier son désaccord. Nul n’est censé ignorer la loi. Alors, avis...

Abdellatif TOUALBIA

Ambiance

Pendant onze mois, notre cité est morose: les gens vaquent à leurs affaires sans entrain, sans enthousiasme. Les journées s’écoulent doucement dans un doux ronron qui fait les pas lents et les gestes mesurés: on sort, on fait ses courses ou on va au travail, on fait sa partie de dominos puis on rentre à la maison. C’est presque une histoire sans fin si parmi le cercle des retraités qui se retrouvent là, sous le grand acacia, il n’y avait, de temps à autre, une absence remarquée, une alerte, car à cet âge-là, tout est possible... mais pendant le mois de Ramadhan, la rue principale, écrasée toute la journée par un soleil ardent, est envahie par une foule nombreuse qui déambule sans fin sur le trottoir encombré de marchandises de toutes sortes.

Comme disait Si Ouali, un des anciens émigrés qui forment le cercle restreint des nostalgiques de la «belle époque», celle où ils étaient «là-bas»: «Si quelqu’un n’a pas réussi à vendre une chose, il n’a qu’à la sortir pendant le Ramadhan, et elle se vendra sûrement. Les gens achètent tout.» Ils dévorent des yeux les promesses de festin qui s’étalent sur les trottoirs: les vendeurs d’herbes aromatiques, les vendeurs de fruits exposent aux passants affamés les grappes de raisin dattier, des tas de bouteilles de jus de toutes marques avoisinent deux cageots de figues qui ont perdu leur fraîcheur, des camionnettes de melons et de pastèques sont garées à côté d’une petite voiture qui offre aux ventres vides des «zalabia de Boufarik» ou des «kalbelouze» assaillis par des abeilles obstinées. Sur des étals de fortune sont posés des régimes de dattes noircies par un trop long séjour dans les chambres frigorifiques.

Des enfants proposent des «dioul» et de «qtayef» enveloppés dans du plastique. Certains adolescents osent même vanter à la cantonade des «mhadjeb» tout chauds.

Et les gens achètent: les mains disparaissent dans les poches et les liasses de billets changent de titulaires dans une ambiance saturée par les coups de klaxon. L’embouteillage commence à prendre de l’ampleur et les conducteurs s’énervent.

Mais rien ne vient secouer la torpeur des chalands qui, les mains chargées de pain, de «cherbet» en sachet, errent d’étal en étal comme de véritables zombies. Ce n’est pas le cas de ces vieux retraités qui ont fait très tôt leurs courses et se retrouvent, sereins, en cette fin de journée, pour discuter ou pour échanger de vieux souvenirs.

Un camion-citerne de l’Edeval passe et les agents de la voirie se mettent à arroser des arbres assoiffés dont certains ont perdu toutes leurs feuilles: seul un miracle les ferait reverdir. Cela suscite des commentaires de la part des vieux qui, dans leur jeunesse, ont tous travaillé aux champs. Si Ouali se vante même d’avoir dirigé des paires de boeufs de labour. Il connaît d’ailleurs toutes les formules pour mener à bien cette rude tâche sur les terrains accidentés de son village natal. Il reproduit d’ailleurs avec fougue et avec plaisir les intonations qu’on n’entend plus depuis que les motoculteurs ont pris la place des boeufs.

Et Si Ouali de déplorer la cherté des prix des fruits et légumes conséquente à l’abandon de l’agriculture par les jeunes et par la perte des vieilles valeurs si chères à sa génération. La foule immense qui déambule au coeur de cette cité est le produit de l’exode rural qui a conduit la jeunesse à s’entasser dans les villes.

D’ailleurs, la désolation s’accentue sur les visages marqués par le temps et l’exil quand, au moment de se quitter, ils voient de jeunes drogués, notoirement connus, venir prendre leur place sous le grand acacia: au premier chant du muezzin ils rouleront, comme d’habitude, leur premier joint.

Selim M’SILI

Quelle place pour la fiction sur l’Entv?

«Il y a le visible et l’invisible. Si vous ne filmez que le visible, c’est un téléfilm que vous faites.»
Jean-Luc Godard

Depuis quelques années, la Télévision algérienne s’est spécialisée dans les feuilletons, les émissions et les sketchs en tout genre. Et le plus grand recul dans la production a été constaté dans la fiction. Aucun film de fiction n’est produit à 100% par la Télévision algérienne et cela depuis le téléfilm de Amin Kaïs Les rues d’Alger, produit par la boîte d’un ancien DG de la télévision Zemzoum, le décevant Les vacances de l’apprenti de Benamar Bekhti ou encore les téléfilms sociaux de Fatima Belhadj avec le duo Souileh et Bouakaz.

Quand aux autres films coproduits par l’Entv, ils attendent toujours d’être diffusés sur l’Entv, c’est le cas notamment du film El Manara de Belkacem Hadjadj ou encore les derniers films de Merzak Allouache, Bab el web ou Bab El oued City. Curieusement, ce recul dans la fiction, intervient en l’absence des entreprises cinématographiques et audiovisuelles, telles que l’Enpa ou le Caiic.

De nos jours, la majorité des films de cinéma sont soutenus ou financés par les télévisions. Canal+ coproduit plus de 150 films par an, France télévisions et ARTE, plus d’une cinquantaine, alors que la chaîne marocaine la 2M, produit plus de 14 téléfilms par an en plus des films que le CMC (Centre marocain du cinéma) produit. La Télévision nationale qui a produit des joyaux du cinéma algérien comme Nahla de Farouk Beloufa, accorde pourtant plus d’un milliard de centimes, un peu à la hauteur du Fdatic issu du ministère de la Culture, et cela comme aide et soutien à un long métrage. Alors que les téléfilms sont financés à hauteur de 500 millions de centimes.

Mais le plus grand problème à l’Entv, est de trouver de bons scénari et surtout une commission de lecture qui juge à sa juste valeur le produit. Une commission de lecture toujours anonyme et discrète, installée du temps de HHC et qui ne révèle jamais les raisons du refus des scripts. Pour le moment, seul le film de Djaâfar Gassem sur les harraga a eu le feu vert de la dite commission.

Une production nationale inexistante, une commission de lecture lente et intransigeante. Pour le moment, la Télévision nationale profite de productions réalisées dans le cadre de la manifestation «Alger, capitale culture arabe 2007», pour remplir son programme annuel. Mais devant l’absence de soirées divertissantes, l’Entv est obligé de puiser dans son tiroir pour faire sortir les anciennes productions de l’Inspecteur Tahar, de Rouiched ou encore Hassan el Hassani.

En achetant les quelques téléfilms juste moyens avec 100 millions de centimes, soit 10.000 euros, L’Entv encourage la médiocrité et la mauvaise qualité à s’installer sur l’Unique. A cette crise de la production, s’ajoute une absence totale de la gestion de la thématique du cinéma et de la fiction. Ainsi il y a plus d’émission ciné-club, qui offre ou propose des films algériens avec débat comme le faisait si bien Ahmed Bedjaoui dans les années 70-80.

Il n’y a aucune thématique proposée par l’Entv comme le font si bien les grandes télévisions: cycle Allouache, cycle Mohamed Chouikh ou encore cycle Mohamed Lakhdar Hamina ou Chahine. La programmation est présentée au gré des événements, des occasions inspirées du calendrier, et du départ parfois précipité des cinéastes algériens oubliés.

Amira SOLTANE

L’invité-surprise !

Ce sont des gestes simples de tous les jours auxquels les Algériens doivent impérativement s’habituer. C’est une question de vie ou de mort. La grippe porcine sera la “guest star” de cette rentrée scolaire. Ainsi, les mesures prises pour renforcer les volets éducatif, organisationnel et matériel à même d’accueillir quelque huit millions d’élèves ont été inévitablement mises au second plan face à la menace d’une pandémie de la grippe A. Il est vrai que l’Algérie, qui vient d’enregistrer son 43e cas, n’a pas encore connu de décès liés à cette maladie qui a fait plus de 2 800 morts depuis son apparition, il y a moins d’un an.

Mais à l’approche de l’automne, qui risque d’aggraver la propagation du virus dans le monde et de faire des victimes avec la saison du froid qui s’annonce encore rude cette année, l’Algérie a mis au point un plan de lutte contre une éventuelle pandémie. Dans le secteur de l’éducation, la situation est prise très au sérieux et la fermeture des écoles est même envisagée en cas de crise majeure. Tout en espérant que les choses n’arrivent pas à cette situation extrême, car cela signifie ni plus ni moins une année blanche pour tous les paliers de l’éducation. Ce qui serait un désastre scolaire surtout si les syndicats se mettent de la partie en relançant leurs mouvements de grève pour remettre sur la table leurs revendications socioprofessionnelles.

Alors, non seulement le cursus scolaire de milliers d’élèves connaîtra des perturbations, mais c’est toute l’année scolaire qui risque d’être compromise. Et ce n’est pas par hasard si le ministre de l’Éducation, Boubekeur Benbouzid, a évoqué des cours par correspondance et par Internet en vue de parer aux cas les plus durs.

En attendant, il faut bien admettre que seuls la prévention et le respect par tous de comportements d’hygiène sont à même d’éviter les contaminations et la propagation du virus H1N1 non seulement à l’école, mais partout : dans les lieux publics, les entreprises, les transports en commun. Ce sont des gestes simples de tous les jours auxquels les Algériens doivent impérativement s’habituer. C’est une question de vie ou de mort. Sans cette prise de conscience collective, toutes les mesures que prendront les pouvoirs publics resteront vaines.

Par : Salim Tamani

Comment débusquer un faux jeûneur ?

En dépit des statistiques et des études qui disent le contraire, on persiste à nous dire que le Ramadan, c'est le mois du travail. Laissons de côté pour l'instant la piété qui est aussi visible que le nez de Cyrano au milieu de sa figure. Il est admis, une fois pour toutes, que le peuple algérien est pieux, surtout aux alentours de la cinquantaine. Mais le travail ? Il est constaté et prouvé, dans nos zones de piété alanguie, que le travail n'est pas l'invité d'honneur du Ramadan. Il serait même un hôte encombrant au vu des performances de notre outil de production.

Des échafaudages somnolents, des passants comme en surdose d'émollients, et des Chinois, çà et là, qui vous cassent le rythme. Ils travaillent, ces Chinois, malgré un environnement qui incite au contraire. Ils travaillent tellement que les cigales en sont réduites au silence. Ils ont pris la mesure du milieu dans lequel ils vivent, les Chinois, c'est pour ça qu'ils auraient demandé à vivre entre eux, à avoir leur propre «Chinatown». Ainsi, ils ne seraient pas obligés de se frotter constamment, et de façon rugueuse parfois, aux autochtones. Tant pis pour ceux qui parient sur variété régénérée d'Algériens aux yeux bridés !

C'en serait fini aussi du rêve d'islamiser les Chinois, d'avoir en quelque sorte nous Ouïgours à portée de main, ou de tir selon les distances. Car nous sommes bien placés pour le savoir : on n'est jamais aussi bien qu'entre musulmans, lorsqu'il s'agit de s'envoyer mutuellement au paradis. Tant pis pour les rédacteurs d'entrefilets annonçant triomphalement qu'un de nos résidents temporaires a rejoint la vraie religion ! Les rédacteurs, voilà encore des victimes collatérales du Ramadan ! Si vous n'avez jamais vu une salle de rédaction durant cette période, allez-y, ne seraitce que par solidarité.

L'angoisse de la feuille blanche est décuplée lorsqu'on a l'estomac trop vide ou pas assez plein. Je m'explique : dans un journal, il y a ceux qui jeûnent réellement, des vétérans, en quelque sorte, et il y a ceux qui font semblant. Pour les seconds, les affres de la faim et de la soif sont pires, parce qu'ils n'ont rien avalé depuis le petit déjeuner du matin. Impossible de placer un mot devant l'autre, tant les idées s'égaillent, comme des enzymes gloutonnes en quête de pitance.

Dans un journal, à l'heure des déjeuners manqués depuis longtemps, le vrai jeûneur, le solide croyant est occupé à maintenir collées les parois de son estomac, tout en tapant sans désemparer sur son clavier. En face de lui, son collègue le faux jeûneur doit gérer le modus vivendi entre un estomac voué à la portion congrue et une tête qui déchante. C'est d'ailleurs nous, Algériens pétillants en toute saison, qui avons inventé cet adage : «Lorsque le ventre est plein, la tête chante.» Vous comprenez maintenant pourquoi la télévision nous offre systématiquement des chansons après chaque rupture du jeûne. Il y a d'ailleurs une façon radicale de démasquer votre voisin faux jeûneur. Il suffit de tendre l'oreille et d'attendre : à un moment ou à un autre, vous l'entendrez alors chantonner «Mata Nastarihou» en sourdine.

C'est l'occasion que vous attendiez pour faire votre B.A. de la journée, il ne vous reste plus qu'à téléphoner à la police. Cependant, n'essayez pas de faire la même chose si vous êtes dans une salle de rédaction. Même si c'est un faux jeûneur, même si son estomac se refuse à gargouiller par dignité, le journaliste ne chantera pas, parce qu'il n'a pas le cœur à ça et qu'il doit dissimuler. De nos jours, la dissimulation (en Islam «takia») est mère de sûreté : avouer qu'on ne fait pas la prière, c'est déjà s'exposer à la vindicte publique. Reconnaître qu'on a rompu le jeûne en plein jour, c'est poser la tête sur le billot.

Aujourd'hui, et particulièrement en cette période, ditesvous bien que chaque coreligionnaire est un inquisiteur en puissance. Plutôt que de défier ou d'affronter la société, agissez selon ses lois non écrites : faîtes semblant comme tout le monde ! Il y a sans doute une autre manière, moins insidieuse et plus morale, de discerner, dans un journal, le vrai jeûneur du faux, c'est de lire les articles publiés. Ce n'est pas toujours très facile, croyezmoi, puisque j'ai tenté personnellement l'exercice. J'ai pris, un numéro récent du quotidien national Ennahar-Aldjadid. En page deux, à la rubrique «Vu et entendu», je lis le titre suivant : «Warda Al-Djazaïria radote !». Ce qui n'est pas très élogieux pour notre diva nationale.

C'est Melhem Barakat, le compositeur libanais, qui a affirmé sur les antennes de la télévision libanaise, LBC, que Warda était en train de radoter après avoir atteint un âge certain. Le rédacteur, ou la rédactrice, de l'article nous précise que Melhem Barakat aurait fait ce commentaire désobligeant en réaction aux propos de Warda sur Abdelhalim Hafez. Sur la même antenne, quelques jours auparavant, la chanteuse algérienne avait déclaré que Hafez était «narcissique». Même émission, même compositeur, mêmes déclarations rapportées dans le même numéro du journal, mais en dernière page cette fois-ci, et avec une signature féminine. Melhem Barakat affirme qu'il n'arrive pas à croire que Warda Al-Djazaïria ait pu lui demander de composer pour elle. «Warda est la grande dame et l'un des derniers monuments de la chanson arabe et tout ce qu'elle dit est acceptable», a-t-il dit. Et il ajoute qu'il serait heureux et fier de travailler avec Warda qu'il considère comme une immense artiste.

Alors, qui de Melhem Barakat et de Ouarda radote et qui est plus ou moins terrassé par le Ramadan dans ce journal ? Dans le cas d'un quotidien aussi pieux, je ne m'aventurerais pas à essayer de débusquer un faux jeûneur. Je pourrais juste, au vu des deux informations apparemment contradictoires, que nous sommes en face de deux visions : l'une pessimiste et l'autre optimiste. Compte-tenu de tout ce qui a été dit ici sur les vrais et faux jeûneurs dans la presse, je vous invite à faire votre choix. En vous rappelant que l'optimisme et le pessimisme ne sont pas forcément antinomiques, surtout au mois de Ramadan.

C'est encore de piété qu'il s'agit chez le quotidien, rival en la matière, Echourouk qui rebondit sur les dernières données concernant l'Islam de France. Revenant sur le sondage opéré par l'IFOP auprès de la communauté musulmane, le quotidien nous apprend que les musulmans sont plus assidus à la mosquée que les chrétiens à l'église. Il nous annonce également que 55% des musulmans «engagés»(pratiquants) consomment de la viande hallal». 60 % d'entre eux refusent le système bancaire actuel, «basé sur l'usure». Plus intéressant encore, d'après le sondage, 98% des musulmans «engagés» respectent les obligations du Ramadan.

Tandis que 72 % des personnes interrogées, et «non engagées» disent observer le jeûne. Bref, tout est dans la façon de le dire ou de ne pas le dire. Même en France où le zèle religieux relève parfois de la provocation, les citoyens musulmans ne se sentent pas assez en sécurité pour renoncer à la dissimulation. Ce qui m'amène à vous faire part de cette statistique personnelle, établie au deuxième jour du mois sacré : dans le vol Alger- Paris, de fin de journée, au moins soixante-dix pour cent des voyageurs ont consommé le plateau repas. Ceci, sans attendre l'heure du «f'tour», comme on dit. Je parie que ce sont ces soixantedix pour cent que l'IFOP a interrogés sur le jeûne à leur descente d'avion.

Par Ahmed HALLI

70 jours après sa mort, Michael Jackson a été enterré

Que du foot, rien que du foot !



Par Hakim Laâlam
Email : laalamh@yahoo.fr
Boumerdès. Arrestation d’un terroriste non fiché. Maintenant, il va pouvoir être fiché…

… au registre de commerce !

J’en tremble à leur place ! Jugez-en : «Algérie- Zambie : seule la victoire !» «Eliminatoires de la Coupe du monde. L’Algérie retient son souffle.» «Algérie- Zambie : faux pas interdit pour les Verts -» ou encore «- Pas d’autres alternatives pour les Verts que de gagner -». Je serais Saâdane — je ne le suis pas, heureusement pour l’EN — j’aurai confisqué hier tous les grands titres de la presse algérienne et j’aurais personnellement inspecté chaque chambre de joueur afin de vérifier qu’il ne s’y trouve pas planqué un canard. Ya bouguelb ! Ce genre de titraille est capable de vous bloquer sec la jambe d’un Djebbour, de brouiller la vue à un meneur comme Ziani ou de faire s’entrechoquer violemment les guibolles d’un Gaouaoui. Au moment où je rédige cette chronique, le match ne s’est pas encore joué. Mais j’espère au moins que l’on a prévu une garde rapprochée, un escadron blindé ou un détachement complet de commandos parachutistes de Biskra à la sortie du stade Tchaker en cas de contreperformance. Tout cela pour dire, dans la fournaise d’avant-match, au milieu du vacarme et des klaxons qui montent de la rue et qui envahissent déjà mon bureau, des heures, de longues heures avant la rencontre qu’il ne s’agit que d’un… match de football. Certes qualificatif pour une coupe d’Afrique et une Coupe du monde, mais là aussi, il ne s’agit que d’une… Coupe d’Afrique et que d’une Coupe du monde. En gros, quelques jours de matchs, puis un trophée — pas toujours du meilleur goût, au demeurant — brandi par onze joueurs en transe. Bien sûr que c’est bien, bien évidemment que c’est entraînant, mais pas au point de mettre autant de pression sur 22 mectons qui mouillent à chaque fois leur maillot pour nous donner du plaisir. Nos vies ne dépendent pas du résultat de la rencontre Algérie-Zambie. Nos niveaux de vie non plus. Voila, ça peut paraître un peu rabat-joie, même un p’tit chouia sinistrose, mais je trouve dommage que l’on ne se soit pas abstenu, dans nos rédactions, à la veille de ce rendez-vous strictement sportif, d’en remettre une couche de pression terrible sur une équipe et sur un staff qui doivent déjà en supporter des tonnes. Alors bon vent les Verts ! N’étant pas devin, et étant par contre tenu par des impératifs de bouclage, je ne connais pas en ce moment précis le résultat de la rencontre, mais qu’importe ! Si vous avez gagné, c’est magnifique. Sinon, merci mille fois pour tout ce que vous nous avez déjà procuré comme bons et grands moments. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.


H. L.

Plus que 15 jours avant la fin du Ramadhan

Le football, un sport d’abord politique

Une équipe nationale de football qui gagne, c’est la vie rêvée d’un pouvoir politique en général, et d’un pouvoir échouant en particulier. Hier, il n’était nulle part question de cherté des produits, d’accidents de la circulation, de coupures d’eau ou d’électricité. Que des chances du “onze” national, totales pour tous. La défaite n’était pas permise ; le doute non plus. À l’heure où s’écrivent ces lignes, le match est encore loin. Pour tard dans la soirée. Une ambiance de préparatifs règne autour : on s’invite pour regarder collectivement le match et vivre une victoire importante et annoncée.

La victoire contre la Zambie, c’est, paraît-il, la qualification assurée. Et donc quelques jours de paix civile garantie, en attendant la compétition suivante. Tout se passe comme si le peuple n’a plus que le foot pour regarder… ailleurs. Bien malin qui trouvera la formule pour le faire à nouveau s’inquiéter des effets de la loi de finances complémentaire, de l’hécatombe routière ou même des difficultés de la rentrée scolaire. D’ailleurs, c’est loin le 13 septembre.

Rien n’y fait. Pas même les quatre boxeurs qui, à Milan, s’échinent à nous représenter, dans la presque clandestinité, aux championnats du monde du noble art. Mais qu’est-ce que vaut le “noble” art devant le sport “roi” ? La puissance a toujours eu autorité sur la noblesse, jusqu’à se confondre avec elle : pour être noble, il faut être puissant, comme aux temps féodaux.

Le sport n’est pas entretenu pour ce qu’il est : une voie de réalisation pour les jeunes et un hymne à l’effort, à la discipline et au partage. Il est tenu dans un total mépris politique dans ses compartiments “impopulaires”, à tel point que certaines disciplines, comme l’escrime et le cyclisme, n’ont même plus de fédération. La boxe, le cyclisme, l’escrime… combien de divisions, comme dirait l’autre ?

L’émotion que suscite déjà la nouvelle aventure envisagée en Coupe du monde est bien plus intense que celle suscitée par tout autre effet d’annonce politique. Si, en plus, la presse et l’ENTV ont innové, cette fois-ci, en mettant en avant, de manière subliminale, la relation entre la piété du groupe et sa performance. Le message qui pénétrera les chaumières sera d’une portée historique : il n’y a plus de domaine profane. Pas même le sport. Le président de la fédération a homologué cet aspect mystique qui doit entourer toute réalisation : il nous a demandé par communiqué d’aider l’équipe en priant pour sa victoire.

La qualification de l’équipe nationale au championnat du monde d’Afrique du Sud-Est, heureusement, est très probable. Et constitue un motif de joie pour tout un peuple qui manque tellement de raisons de jubiler. Elle permettra aussi au régime de gagner du temps en termes de controverses sur les sujets qui fâchent les Algériens.

Faute de pouvoir espérer des choses tangibles d’une tripartite, même rapprochée, ils pourront toujours patienter à attendre la concrétisation des promesses des “Verts”.

Par :Mustapha Hammouche

La médaille, c’était du « toc» ?

Des qsaqsiya qui auraient abusé de la table réservée aux festivités du 40e anniversaire, alors qu’ils n’étaient invités qu’à la table africaine en tant que… membres à part entière de l’UA.

Nos parents nous avaient toujours assurés que les démons étaient neutralisés pendant toute la durée de ramadan. Ils ne connaissaient probablement pas les diablotins qui sévissent dans le voisinage, à l’ouest. Hier, la royale MAP nous servit une savoureuse h’rira : la décoration du président de la RASD (République arabe sahraouie démocratique), Mohamed Abdelaziz, de la «Médaille du 40e anniversaire de la grande révolution d’Al-Fateh (1er septembre 1969)», n’est pas une vraie décoration.

La médaille ? C’était du «toc» ! La MAP nous parle d’une lettre libyenne qui épouse parfaitement ses desiderata et admet que la Libye pourrait avoir été roulée par les resquilleurs sahraouis. Des qsaqsiya qui auraient abusé de la table réservée aux festivités du 40e anniversaire, alors qu’ils n’étaient invités qu’à la table africaine en tant que… membres à part entière de l’UA.

Car, contrairement au Maroc qui n’y figure pas parce qu’appréciant autrement les instruments à percussion locaux, la RASD, elle, en est un membre fondateur. Mais quoi qu’il en soit, la lettre telle que publiée par la MAP sert à sauver la face au makhzen. Il ne faut pas oublier que la délégation marocaine s’était retirée précipitamment pour protester contre la belle médaille décernée au président Abdelaziz.

Déjà que la présence de Bachir Mustapha Sayed sur les lieux l’avait confondue. La propagande royale avait construit tout un conte abracadabrant où le frère du défunt El Ouali était présenté avec quatre autres hauts responsables sahraouis comme les séquestrés «dernier cri» du Polisario dans la Hamada de Tindouf.

Des gens que peut-être M. Antonio Guteress, le haut-commissaire de l’ONU aux réfugiés, aura l’occasion de rencontrer lors de sa prochaine visite aux camps sahraouis à Tindouf. Là-bas, il pourra se faire confirmer que l’apparition du Polisario en 1973 répond à un appel lancé de Nouakchott par Kadhafi au peuple sahraoui alors colonisé par l’Espagne.

Alors, Madrid passa vite fait la main à un colonisateur tiers-mondiste. Aujourd’hui encore, Kadhafi déclare que «l’unique solution possible à la question du Sahara occidental passe par un référendum d’autodétermination». Une déclaration mirage, disent là aussi les diablotins.

Par Mohamed Zaâf

Sacré Ramadhan !

Le mois de Ramadhan a entamé son compte à rebours en terminant la première quinzaine. C’est une étape charnière pour tout jeûneur assidu. Du moins sur le plan psychologique.Sauf que quinze jours après le début du mois de carême, rien n’a vraiment changé, si ce n’est la capacité de résistance à l’endurance des uns et des autres. En effet, les crises de nerfs, les agaçants klaxons et, surtout, la montée sans retenue de la bourse des produits alimentaires sont toujours monnaie courante.

Ni les discours moralisateurs sur le respect d’une éthique, aussi fictive qu’hypocrite ni les rappels à l’ordre des autorités -qui se sont contentées de discours au lieu d’agir- n’ont réussi à avoir un impact réel sur les prix des fruits et légumes, encore moins à réduire le nombre de morts sur les routes.Les scénarios se suivent et se ressemblent. Le constat est partout le même : soit l’Etat est faible et n’arrive même pas à intervenir pour freiner l’élan de certains commerçants, plus criminels que vendeurs, soit il est totalement absent. Et bonjour les dégâts.

Comment ne pas sentir une forte frustration quand dix-sept jours après le début de ce mois sacré, les promesses du gouvernement sont restées lettre morte, même après le coup de sang du président de la République !!Cette manière de faire rajoute à la souffrance de pans entiers de la société. Elle aggrave la situation des démunis auquel le ministre de la Solidarité a préféré la charité à la dignité en poursuivant la distribution du fameux couffin de Ramadhan sans se soucier de la dignité des citoyens.

Pendant ce temps, d’autres Algériens n’ont même pas cette chance d’aller mettre quelque chose dans leur couffin. Ils ont été tués ou se sont tués dans des accidents de la route qui continuent d’endeuiller de nombreuses familles. Loin de diminuer, la situation s’est aggravée pendant ce mois qui devrait être, en principe, un temps de piété et de contemplation. Loin s’en faut. Les excès de nerfs aidant, les violations du code de la route deviennent de plus en plus visibles et mortelles.

Rien qu’à voir les chiffres des différents services concernés -même si, étrangement, les données de la gendarmerie sont souvent différentes de celles de la Protection civile sur une semaine- et vous vous rendez compte de l’effroyable situation qui prévaut sur nos routes. La nouvelle loi relative à la circulation automobile règlera-t-elle un tant soit peu les choses ? Possible. A condition que ceux qui sont chargés de l’appliquer ne seront pas les premiers à la violer, comme c’était le cas pour les retraits de permis.

Par ailleurs, la rentrée scolaire, qui aura lieu la semaine prochaine, et l’Aïd el Fitr achèveront de compléter le caractère spécifique de Ramadhan de cette année. Car, les deux dates, si elles ont un statut différent, ont un point commun : elles impliquent des dépenses hors normes. Faudra-t-il donc attendre la tenue de la tripartite pour espérer une bonne nouvelle ? Il y a un fort risque que cela sera trop tard pour beaucoup.

Par Ali Boukhlef

Rira bien qui rira le dernier

Quand bien même l’Egypte a gagné au Rwanda et quand bien même elle a rejoint momentanément notre équipe nationale au classement (en attendant le résultat du match Algérie-Zambie), elle ne pourra nous priver d’aller au Mondial.

Notre destin est entre nos mains. Gagner, marquer le maximum de buts et partir en Egypte en touristes pour la dernière rencontre de ces éliminatoires. En battant le Rwanda, les Egyptiens croient avoir fait l’essentiel et se voient déjà en Afrique du Sud, oubliant que l’Algérie est leader du groupe sans compter le résultat d’hier.

Aujourd’hui, ces mêmes Egyptiens auront la réponse des Fennecs que tout le monde espère bien sûr. En écrivant ces lignes, le match Algérie-Zambie n’a pas encore débuté et, malgré une certaine appréhension, les Verts ne feront aucun cadeau à leurs adversaires. Pourvu qu’on marque beaucoup de buts et la victoire de l’Egypte au Rwanda et même en Zambie, en octobre prochain, ne lui sera d’aucune utilité ni secours.

Car entre temps, notre équipe nationale aura scellé le destin de ces arrogants Egyptiens. En écrivant ces lignes, bien avant le début du match, je vois les Algériens sortir, dans tout le territoire national, pour faire la fête et rendre la monnaie de la pièce aux Egyptiens qui croient encore au père Noël. Qui croient à la providence et à un coup de pouce du destin. Mais rira bien qui rira bien le dernier. Et qui est-ce qui fera grise mine à la fin de ces éliminatoires.

Mais bon, nous n’allons pas enfoncer le clou et on attend le résultat final du match Algérie-Zambie pour voir plus clair et répondre aux incessantes et innombrables provocations des Egyptiens imbues de leur petite équipe qui ne fera plus peur. La gifle de Blida est encore vivace dans les esprits et la deuxième gifle sera celle de la qualification de l’Algérie au mondial africain pour les faire taire à jamais. Saha F’tourkoum et à demain.

Assem Madjid

Un présent et un avenir

Huit millions d’élèves sont attendus pour cette rentrée scolaire qui va avoir lieu le 13 septembre. Presque le quart de toute la population algérienne. Et sans aucun doute l’avenir du pays, le seul que l’on peut voir concrètement devant nous. S’en occuper convenablement est l’investissement le plus rentable que l’on peut imaginer. Les problèmes sont nombreux dans le secteur de l’éducation, à commencer déjà par ce nombre considérable d’élèves. Alors, s’il faut y ajouter la grippe porcine ! Mais pour autant, il faut bien se garder de juger trop sévèrement les résultats obtenus et la politique menée.

La Tunisie et le Maroc sont certes parvenus à aménager de la qualité dans leur enseignement, qualité qui fait défaut dans notre pays. Mais ni l’un ni l’autre n’ont à gérer les problèmes liés à la scolarisation de masse que nous connaissons en Algérie. Le nombre de leurs scolarisés sera bien loin d’atteindre les 25% de la population totale, même si on met de côté l’argument démographique qui a tant profité à la Tunisie.

Et cette volonté de donner la possibilité à tous d’aller à l’école est une caractéristique de l’Algérie, de sa politique, mais aussi de son histoire et de sa culture. Elle se paie en dégradation de la qualité, surtout lorsque le défi ainsi renouvelé ne trouve pas de compétences à sa hauteur. Et cela est arrivé quelquefois. D’aucuns diront «tout le temps». Ils auront tort.

Quoique ayant fait face à la scolarisation massive, depuis plusieurs décennies, l’Algérie est, pour le moins, au même niveau qualitatif que ses voisins dans la quasi-totalité des domaines. La quantité en plus. Les problèmes ne se résolvent pas d’eux-mêmes cependant, il faut maintenir la barre aussi haut que possible.

Ne pas renoncer à scolariser le maximum d’enfants, et veiller à faire émerger un enseignement réellement de qualité. Tout en les protégeant des maladies et autres fléaux de nature matérielle ou non. En s’occupant de ces enfants, la génération d’aujourd’hui aura prouvé qu’elle savait s’occuper d’elle-même, au présent et au futur.

F. C.