mardi 20 octobre 2009

Recalé !

Un bateau complètement ivre : c’est l’image désolante, avilissante que renvoie le secteur de l’éducation nationale qui navigue à vue depuis la mise en œuvre du nouveau week-end fixé pour les vendredi et samedi.

Décidée manifestement dans la précipitation et évacuée en un tournemain comme un point subsidiaire au détour d’un ordre du jour d’un Conseil des ministres et sans la concertation de toutes les parties concernées, dont les parents d’élèves et les enseignants, l’entrée en vigueur du nouveau week-end, qui s’apparente à une nouvelle loi de programmation scolaire, a vite fait de recaler le ministre de l’Education, Boubekeur Benbouzid. Une fois de plus, on a joué l’avenir de nos enfants à pile ou face ! A la roulette belge.

Le résultat est aujourd’hui là : jamais le secteur de l’éducation, même au plus fort des graves crises qui avaient secoué ce département avec en toile de fond le spectre de l’année blanche qui hante chaque année les esprits des parents d’élèves, n’a connu un tel seuil de déliquescence. La rentrée scolaire de cette année a réussi la prouesse de battre tous les records en termes de durabilité de la cohésion du système scolaire.

Comme si l’école algérienne n’était pas déjà suffisamment sinistrée, l’entrée en vigueur du nouveau week-end, qui a eu un effet domino dévastateur sur l’organisation et le fonctionnement général de l’école, a fini d’achever les esprits les plus crédules qui continuaient à croire aux bienfaits des réformes promises dans le secteur de l’éducation.
Dans un pays qui se respecte, un ministre qui cumule des échecs répétés, qui se déjuge avec une facilité aussi déconcertante sur la question du volume horaire et de l’étalement des cours à la lumière du nouveau week-end et qui, par-dessus tout, fuit ses responsabilités quand cela commence à sentir le roussi en remettant sans aucun état d’âme le dossier entre les mains des chefs des établissements scolaires et des parents d’élèves sommés de trouver, séance tenante, des réponses à la cacophonie ainsi créée, ce ministre-là ne devrait plus avoir sa place dans le gouvernement.

C’est une question de salut public. Mais cette observation vaut dans les démocraties où un ministre est pleinement responsable de la gestion du secteur dont il a la charge, a le pouvoir et les prérogatives pour décider dans son domaine de compétence, loin de toute interférence.

La confession faite dimanche par Benbouzid devant les députés, selon laquelle la décision de passer au nouveau week-end est le fait de Bouteflika (il aurait pu à tout le moins mettre les formes en endossant la mesure au Conseil des ministres) est à cet égard lourde de sens sur le fonctionnement jacobin des institutions de l’Etat qui ne laisse aucune marge de manœuvre aux actions et aux initiatives décentralisées.

Ce système permet aux ministres, même les plus cancres, de durer et de survivre à tous les événements car n’étant responsables de rien. C’est ce qui explique la sérénité avec laquelle Benbouzid se livre à ses séances d’alchimie pour tenter de colmater les brèches.

En jetant l’éponge au milieu du gué, Benbouzid n’a fait que traduire les contradictions du système qui se fait toujours prendre à son propre piège à force de vouloir construire l’Algérie sur des compromis boiteux là où cela nécessite des décisions courageuses.

Par Omar Berbiche

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire