samedi 5 septembre 2009

Malaise du pays et sarcasmes des dirigeants

Plus tragique que la pauvreté, il y a le dénuement. Contrairement à ce que l’on croit, ce n’est pas jouer sur les mots, c'est-àdire jongler comme les littérateurs, que de s’efforcer d’illustrer un tel distinguo sémantique. C’est que les références en question renvoient, concrètement, à des conditions sociales tout à fait différentes. La première relève d’une sorte de dépréciation économique occasionnelle alors que la seconde exprime la détresse face à ce qui est perçu comme définitif. Une peine capitale au sens juridique de la formule.

Le point critique d’où l’on ne retourne jamais par soi-même. Le degré zéro du déclassement social. Le plancher de la société et la litière de la marginalité. Mais de cela, c’est-à-dire de ce tableau tragique d’un pan de la société, ce Premier ministre ironique et plein de certitudes en a-t-il pris la véritable mesure ? Sans doute que non, puisqu’il lui a suffi de réfuter par une phrase creuse toutes les critiques en évoquant avec un étonnant décalage «l’intérêt de l’Algérie» au moment où des cohortes d’Algériens se trouvent dans la plus intenable spirale de la survie.

Avec le retour d’une inflation qui avance inexorablement vers les deux chiffres (en une année n’a-t-elle pas progressé de 5,4% ?) et un tissu industriel qui produit de moins en moins de biens de consommation et opère par le dégraissage de l’emploi, l’Algérie de 2009 est assurément une immense friche. Un constat notoire et abondamment analysé par les experts mais auquel seul cet «inspiré» intendant ne veut pas souscrire. Comme il sied aux exorcistes de la politique, il n’a qu’une formule magique, «l’intérêt de l’Algérie» répètet- il, pour se soustraire aux blâmes des sans voix et sans ressources au nom desquels il prétend gouverner et administrer le bien public.

Et c’est finalement à cette rouerie d’apparatchik que se résument les prétendues compétences de ce genre de Premier ministre. Autant avec lui que du temps de ses prédécesseurs, les modalités de la gouvernance sont demeurées les mêmes. Celles qui recourent aux louvoiements par les discours et au mieux par la manifestation de la «générosité» de l’Etat lorsque la misère devient trop criante. Ce qui s’appelle péjorativement, la politique de la rustine là où il est attendu une stratégie globale et une visibilité de l’action.

C’est qu’en moins de dix ans, le tripatouillage économique, présenté initialement comme de la grande chirurgie, a profondément laminé d’abord le pouvoir d’achat pour ensuite accoucher de ces immenses troupeaux de déclassés sans aucune ressource. Compressés économiquement et «comprimés» socialement, on en retrouve des centaines parmi eux qui campent à la marge. Anciennes strates du salariat réduites à la mendicité. Tant il est vrai que le chômage de longue durée favorise les plus inconcevables clochardisations morales. Il n’est qu’à lire nos journaux pour être édifié sur ce malheur collectif.

Terrible enfer que l’on voudrait – pour les autres – qu’il soit pavé de bonnes intentions mais que l’on se garde de le nommer en tant que tel. Ah ! Ces «ministricules » incultes qui ont eu l’outrecuidance de nier cette réalité tout juste pour plaire. Qu’est-ce à dire si ce n’est que les responsables, devant l’ampleur du problème, préfèrent l’occulter. A leur niveau cela débouche sur une réflexion totalement déconnectée de l’état des lieux et seulement tendue vers des préoccupations plus clientélistes. En fait, la seule raison d’exister de la «tripartie» se justifie à travers cet échange de boutiquiers et qui ne concerne que les couches visibles et agissantes de la société. Un exemple, mais paradoxal celui-là, concerne la médiatisation actuelle de la prochaine revalorisation du SNMG. Pour respectable qu’elle le soit, cette question peut prendre des allures de diversion lorsqu’elle est examinée à travers le prisme des exclus définitifs.

Les sans ressources hors de tout sujet de discussion et que, politiquement, on confine dans la colonne : «pertes» irrécouvrables ! Autrement dit lorsque la presse décrypte les tenants et les aboutissants d’un possible pacte, elle ne s’intéresse qu’à l’ordre du jour des acteurs. Pour le patronat, négocier les garanties de l’Etat quant au crédit d’investissement et la fiscalité incitative pour l’emploi ; alors que le syndicat ne se focalisera que sur le volet du pouvoir d’achat. Il ressort donc de cette logique que ce partenariat décideur admet comme une évidence les dégâts du passé et ne sait se projeter que dans le présent. En considérant implicitement comme une fatalité, cette infra- humanité sansressources et sans recours, l’Etat commet une grave distorsion vis-à-vis de ses responsabilités. Ce désintérêt est d’autant plus grave qu’il ne concerne pas seulement quelques «niches» de grande misère. L’amplitude de cette dernière est telle qu’elle aurait dû, depuis longtemps, redevenir prioritaire. C’était aux pouvoirs publics de la traiter afin de gommer ce malaise social.

Or il l’ignore tout comme il continue à falsifier les statistiques qui en «parlent». Il est, certes, au-dessus des moyens de n’importe quel Etat de soigner tous les éclopés de sa société cependant il n’y a aucune raison morale de s’en détourner comme cela se passe chez nous. Au-delà de toute démagogie placée sous le label de la «solidarité», les pouvoirs publics avaient le devoir d’élaborer une véritable politique de réinsertion dans cette direction. Dans le contexte particulier qui est le nôtre, les perspectives économiques, encore oblitérées par la décennie de violence, sont toujours sombres.

De fait, l’Etat est le seul à même de mener une aussi vaste réinsertion. Car la conjonction du terrorisme, fut-il résiduel, et le chômage aggrave le désarroi et dissuade les partenaires, qu’ils soient sociaux ou économiques, de s’impliquer aux côtés de l’Etat. Sur ce sujet, beaucoup a été écrit qui souligne la symétrie de ces deux facteurs. «Le terrorisme, expliquait un sociologue, attaque directement la notion même de paix civile et place la survie de la communauté dans un état de menace permanente.

Le chômage, lui, remet en question de manière radicale l’idée de paix sociale. Il met également dans une situation précaire définitivement la survie individuelle.» De ce parallèle, le même chercheur tire ensuite la conclusion suivante : «Si la présence du terrorisme fige les relations sociales dans un Etat permanent de suspicion réciproque, le chômage, lui, divise le tissu social entre le cynisme et l’angoisse.» En identifiant tous les ingrédients du blocage de notre société (suspicion partagée, cynisme et angoisse), l’attente ne consiste-t-elle pas à développer des messages forts et concrets en direction des plus défavorisés ?

S’empêcher d’ironiser avec morgue, comme vient de le faire un Premier ministre, s’abritant dernière un patriotisme exclusif dont il serait le dépositaire, eut été la seule attitude intellectuelle capable de réconcilier, pour un moment, l’opinion avec la politique. Car devant une indicible misère l’on ne peut-être qu’un piètre politicien lorsqu’on a que le sarcasme pour riposte.

Par Boubakeur Hamidechi

El-Merssoul, le Messager !



Par Hakim Laâlam
Email : laalamh@yahoo.fr
Supporters de l’équipe nationale. Ils se sont présentés au stade de Blida pour acheter les fameux billets qui leur permettront de voir jouer les Verts et ils sont repartis couverts de…

…bleus !

L’Algérie ne travaille pas en ce mois de Ramadan, mais lui bosse. Tout le monde farniente, sauf lui. C’est pour cela qu’il faut absolument lui rendre hommage aujourd’hui. Et «lui», c’est Farouk Ksentini, le président désigné de la commission présidentielle des droits de l’homme. Pas de répit pour cet homme infatigable à qui aucune tâche ne répugne. Véritable 4X4 du droit présidentiel à faire joujou avec les droits de l’homme-maison, absolue machine tout-terrain de la promotion de l’image humaniste de la maison El-Mouradia, il ne recule devant rien. Même pas devant le mois mort, celui du carême. Qu’importe le petit déjeuner qui saute, au diable le midi escamoté, Si Farouk y va dès qu’on lui dit d’y aller. En cela, Si Farouk est d’une utilité publique. Surtout pour nous, la presse non désignée par El-Mouradia. Et oui ! Lorsque nous voyons Ksentini sortir du Palais, des consignes sous le bras et aller à notre rencontre pour parler d’amnistie, nous savons. Nous savons très précisément que le Palais s’inquiète du fait que le sujet de l’amnistie générale ne soit plus autant sur le devant de la scène, n’apparaisse plus sur les unes des canards et ne fasse plus l’objet de commentaires, bons ou mauvais. Si Farouk, c’est un peu notre baromètre des petites inquiétudes du prince et de la cour. Avec Si Farouk, point besoin de regarder le ciel ni de mouiller l’indexe en le pointant vers le haut pour savoir dans quelle direction le vent dominant va souffler. Il suffit juste de l’écouter pour savoir, pour connaître la météo. Et à écouter Si Farouk, on comprend immédiatement que le «Ch’hayli», ce vent chaud de l’amnistie générale va souffler force 5 à nos oreilles dans les prochains jours. En cela, Si Farouk est un Merssoul increvable, un messager flamboyant dont la mission sacrée est de courir le royaume quel que soit le moment de l’année, même pendant le Ramadan, afin de nous porter la bonne parole du Palais. Attention ! Ne croyez surtout pas que n’importe qui peut devenir Merssoul, Messager. Pour être El-Merssoul du Palais, il faut être quelqu’un de spécial, à la base. N’avoir en tête qu’une seule idée, un seul objectif : faire parvenir le message en temps imparti aux destinataires désignés par le Prince. Sans jamais chercher à savoir si le contenu du message est bon, mièvre ou franchement mauvais. Sans commentaire superflu, sauf ceux contenus et préalablement consignés dans l’ordre de mission. En fait, l’une des qualités du Merssoul, pour ne pas dire sa seule et unique qualité, ce n’est pas d’avoir un avis sur le message. Non ! Jamais ! Abadan ! C’est juste de le transmettre. A temps. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.


H. L.

Gabon : Omar Bongo est mort, vive Ali Bongo

Ali, le brut et le «méchant»

Ce qui devait arriver arriva. Le Congo a sombré quelques heures dans le chaos à l'annonce de la victoire d'Ali Bongo à la présidentielle. «S'étant prêté au jeu, connaissant les règles du jeu à l'avance, chacun doit accepter le verdict des urnes», a soufflé l'héritier du fauteuil présidentiel à ses adversaires.

A quel jeu et à quelles règles a-t-il fait allusion ? A celui du suffrage universel et à son verdict démocratiquement incontestable ? A l'image de tous les rivaux politiques qui se respectent de par le monde, – Mohamed Khatami a même reçu une missive personnelle du président Obama –, ceux de Libreville ont mis des accents partout sur la «farce frauduleuse» qu'aurait été la récente présidentielle.

Pour l'opposition gabonaise, il ne peut y avoir de secret quant à la marque de fabrique. La France aurait eu les dix doigts brûlés si elle s'était contentée de suivre l'élection du haut des balcons de son ambassade à Libreville. Bernard Kouchner a dû jurer devant Dieu et devant les Gabonais que si Ali Bongo est le nouveau «monarque», la France n’y est pour rien.

Qu'est ce qu'ils ont donc tous ces Gabonais à vouloir tuer du français ? Ceux qui ont incendié partiellement le consulat de France à Port-Gentil, – ils n'ont aucun lien avec les méchants terroristes d'Al Qaïda au Maghreb, qui eux ont usé d'explosifs à Nouakchott –, croient dur comme fer que la France n'a fait qu'injecter du «sang recyclé». Qu'il s'appelle Ali ou Omar, c’est du pareil au même.

Tant que les groupes Total et Schlumberger se servent du brut à la pompe, le Gabon ne peut prétendre à une véritable démocratie. Faudra-t-il remplacer systématiquement la traditionnelle Francafrique par la balbutiante Chinafrique pour qu'enfin la démocratie ne ressemble plus au néocolonialisme ? A Libreville et à Port-Gentil, les opposants à Ali n'ont pas une minute à eux.

Ils vont devoir puiser jusqu'au dernier recours. Il existe des canaux juridiques et institutionnels auxquels Ban Ki-moon (le secrétaire général qui assure gérer les affaires onusiennes différemment) les a exhortés. D'ici à les emprunter, toutes les parties sont invitées par Washington à rester calmes. Evidemment, cette position ne peut se substituer à aucune autre tant que l'Occident entier pense que l'imbroglio afghan n'a pas encore été démêlé.

Certes, Abdullah n'est pas du genre à appeler ses partisans à l'insubordination mais «préparer psychologiquement» l'opinion afghane à la réélection de Hamid Karzaï l'indispose.

Même s'il est conscient qu'excepté son rival pas un autre dans lequel les Occidentaux placeraient leur entière confiance en Afghanistan. Seule différence avec le Gabon, il n'y pas un Ben Laden qui promet prochainement un beau cadeau aux musulmans et des talibans pour le remettre de leurs mains recouvertes de sang.

Anis Djaad

Les brebis galeuses

Quelque part sur les hauteurs de la Kabylie, un homme sans prétention et sans bruit a pris sur ses champs et ses deniers propres pour construire et promouvoir un théâtre de plein air ! Quand on sait ce que représente un lopin de terre dans ces contrées sans… terre et l'attachement quasiment charnel de leurs habitants qui ont accumulé des siècles de frustrations de ne pas trouver où mettre le pied, quand on sait que l'un des obstacles les plus féroces au développement de cette région est précisément l'indigence de ses réserves foncières au point où des écoles et des projets majeurs n'ont pas trouvé d'assiette d'accueil, on comprendra ce que ça en a coûté à cet «extra-terrestre» de consacrer un lopin à une entreprise aux allures de folie furieuse.

Il l'a pourtant fait. On ne connaît pas encore son niveau de fonctionnement et ce qu'il a changé dans la vie de la localité, mais on sait déjà la beauté du geste et sa teneur. Cet homme est de la lignée des grands bâtisseurs. Son mérite est d'autant plus grand qu'à aucun moment il n'a songé à se mettre sous les feux de la rampe.

Il n'a pas parlé, il a fait. Et les faiseurs de bonheur ne parlent pas. Le problème est qu'on ne parle pas d'eux. Loin de la Kabylie, dans une petite ville de l'ouest, un vieux cadre supérieur en retraite qui a fui Alger et ses bruits pour se retirer dans la maison familiale avec comme seul trésor accumulé des milliers de livres a fait de la plus grande pièce de la bâtisse une bibliothèque ouverte à tous.

Jeunes et moins jeunes de la bourgade viennent consulter ou emprunter des livres, avec en prime, l'eau et le café. A ses amis les plus proches, il raconte avec une fine pointe d'humour qu'il fallait bien servir à quelque chose à l'automne de sa vie, puisqu'il n'a pas l'impression d'avoir été d'une quelconque utilité pendant les trente- cinq ans qu'il a passées dans le bureau d'un ministère.

Ces deux hommes – il doit sûrement en exister d'autres – sont l'illustration de l'utilité discrète et désintéressée comme on en fait de moins en moins dans un monde de plastronades et d'obséquiosités. Ils ont ouvert des espaces de bonheur simple dans un océan de cupidité. Au nez et la barbe des vautours, ils ont installé un pan de vie là où la mort pensait régner sans partage. Et la vie, on n'en parle pas, on la vit.

Slimane Laouari

Peut-on exporter ce qu’on importe?

Les politiques viennent de faire leur rentrée. Ils sont venus, ils sont tous là. Ceux des institutions de l’Etat tout autant que ceux des formations politiques. Ils ont tenu à se mettre en place une semaine avant la rentrée scolaire qui détermine, à vrai dire, la rentrée sociale. Il faut espérer, qu’après de si longues vacances, nos politiques nous reviennent parés pour les grandes manoeuvres. La plus grande préoccupation de l’heure pour le pays est d’ordre économique. Deux grands chapitres à observer: nos recettes et nos dépenses. C’est la manière la plus simple pour désigner le commerce extérieur.

Tout le personnel politique devrait y jeter plus qu’un oeil. En valeur courante, nos importations ne cessent de grimper, notamment par le groupe «alimentation, boisson, tabacs». C’est-à-dire, ce que nous mangeons, nous buvons et fumons mais que nous ne produisons pas. Face à ce triste tableau, il y a aussi celui de nos exportations. Inutile de revenir sur la chute du prix du baril pour avoir une idée des recettes actuelles du pays. Par contre, il est plus utile de voir de plus près de quoi sont faites nos exportations hors hydrocarbures. D’abord, il faut cesser d’encourager l’export et faire croire que la seule difficulté est la mise à niveau ou encore demander à l’opérateur algérien d’être plus offensif sur les places commerciales internationales. Il faut cesser de donner des primes à l’export. Il faut arrêter de se leurrer indéfiniment en prenant nos désirs pour des réalités.

Franchement, qu’avons-nous à exporter d’autre que nos ressources naturelles? Prenons notre courage à deux mains et regardons bien notre carte des importations. Nous importons tout. Cela veut dire que nous n’avons rien en surplus, mis à part les hydrocarbures, pour lorgner du côté de l’export. Cela veut dire aussi que nos exportations aujourd’hui, si minimes soient-elles, ne se justifient pas. C’est la triste vérité. Savez-vous par exemple que nous exportons du beurre? Eh bien oui! nous en avons exporté au premier semestre de cette année pour près de 3 millions de dollars. Quand on est gros importateur de poudre de lait, il y a comme un défaut. Mieux, savez-vous que nous avons également exporté au cours de cette même période des oignons? Vous avez bien lu, des oignons! Pour près de 3 millions de dollars.

Comme pour le beurre. Plus fort encore, nous avons même exporté du yaourt et pour un million de dollars. A voir un tel tableau, on peut légitimement se demander s’il y a quelqu’un devant la porte de notre commerce extérieur pour surveiller ce qui rentre et ce qui peut sortir? Il y a même des opérateurs qui exportent leur production à base de matières premières exonérées des taxes douanières tandis que nous retrouvons cette même catégorie de production au chapitre de nos importations. Au prix fort évidemment. La loi de finances complémentaire 2009, toute décriée qu’elle est, a toutefois encore besoin de «réglages» supplémentaires. D’autres «tours de vis». C’est à ces réglages que nos politiques devraient se consacrer utilement pour le pays maintenant qu’ils sont venus. Maintenant qu’ils sont tous là.

Zouhir MEBARKI

Aïd nuageux

Pour sauver les meubles, Maître Aïd a préféré l’attaque plutôt que la défense...

Voilà un jeune couple pressé qui est prié par un policier de justifier l’infraction qu’il avait relevé. Voilà que de mots gros et de maux gras, on en arrive au pire. Le malentendu précède l’outrage et aussi...

«J’ai craché sur le policier», avait reconnu l’épouse enceinte et mal en point au moment des faits. Le flagrant délit, portant sa signification voilà, quelques jours après, le couple (le mari détenu et madame (à terme ce samedi) devant la terrible Saloua Makhloufi Derbouchi, la présidente de la section correctionnelle de Bir Mourad Raïs (cour d’Alger) pour répondre de deux délits: insultes, injures et outrage à fonctionnaire de police: deux délits pas digérables.

Mais, oui, mais...L’avocat du couple inculpé va tomber sur la police et ses manières de se comporter. Maître Nassima Aïd a dû passer dix minutes à ressasser que les policiers ont tout fait pour que le couple explose et rende coup pour coup: «La police est créée pour servir et protéger pas pour malmener et humilier les citoyens», s’est écriée Maître Aïd qui s’est attardée sur ce qu’avaient enduré le mari détenu et l’épouse qui comble, de malheur, a vu tonton magistrat... du parquet lequel n’a donc pu intervenir vu la gravité des faits et que ces mêmes faits étaient arrivés à la police censée bosser sous les ordres éclairés du parquet. Maître Aïd s’est empressée de flétrir la réponse condamnable de ses clients avant de réclamer les circonstances les plus larges et les plus atténuantes SVP.

Akila Bouacha, la procureure de l’audience ayant requis un deux ans de prison ferme. L’avocate se ressaisit, sort sa tête de son volumineux cou, fixe le tribunal et décidera plus de jouer à la charge contre de mauvais comportements émanant de...policiers. Et des policiers qui ont dû faire le boulot que l’autre partie a dû prendre pour de la hogra. A chacun son avis, seule la justice est là pour trancher! Une jeune future maman assistée de Maître Nassima Aïd, est debout aux côtés de son très jeune époux détenu qui comparaît pour outrage à fonctionnaire de police.

Plutôt calme sur le pupitre, Saloua Makhloufi Derbouchi, la présidente de la section correctionnelle du tribunal de Bir Mourad Raïs (cour d’Alger) s’empressera de mener à bien cette triste affaire où planent comme d’habitude les malentendus, les quiproquos, les nerfs et surtout cette «virilité» qui surgit lorsqu’un citoyen est en proie à un énervement face aux forces de l’ordre. Le côté «perte de temps» de ce procès aura été le témoignage à sens unique des policiers venus à la barre - sans prêter serment - dire tout et n’importe quoi devant l’épouse qui aurait dû se taire au lieu de déclarer qu’elle avait craché sur le policier.

«Le délit est que, en crachant, il y avait en face l’uniforme, qui est un des symboles de la République», avait articulé la juge qui ne va pas se priver de gronder à deux reprises l’inculpé détenu un peu dissipé et c’est légitime car, en suivant la remarquable plaidoirie de Maître Aïd, les policiers du jour n’étaient pas au-dessus de tout soupçon. Et le défenseur de tout tenter pour arracher le maximum allant dans le sens d’un couple poussé à bout par tant de hogra.

L’épouse, qui était à terme ce samedi, n’en pouvait plus de regarder à sa gauche sa douce moitié à la face décomposée par quelques nuits passées à Serkadji. Elle aurait même voulu crier haut et fort qu’elle regrettait d’être allée aussi loin. Elle aurait voulu, elle aurait voulu, elle aurait, elle... Bien accrochée à son pupitre, Akila Bouacha, la procureure de l’audience ne dira que quelques mots: «Une peine de prison de deux ans ferme, et une amende.»

Le détenu, lui, s’était plutôt confiné dans une attitude qui en dit long sur - probablement - les regrets, les remords qui le tenaillent en cet instant et surtout au moment où Mâitre Aïd, s’emparant d’une tronçonneuse, avait découpé et mis en miettes, les policiers qui méprisent le citoyen, surtout, celui pris en faute et accompagné d’une scoumoune sans égale! La mise en examen du dossier a ajouté encore plus de...nuages en cette journée du samedi de la mi-mai 2009.

Abdellatif TOUALBIA

Ministre et sinistre

Beaucoup de gens n’ont pas attendu le célèbre «enrichissez-vous!» de Guizot, ministre de Louis-Philippe, pour se mettre au boulot et se remplir les poches. Il y a l’enrichissement licite qui se traduit par l’accumulation des produits d’un travail honnête. L’artiste qui émet une oeuvre à succès, l’inventeur auteur d’un brevet, l’agriculteur ou l’industriel avisé...L’enrichissement malhonnête consiste en un détournement du produit d’autrui: le vol, la spéculation, le trafic et l’exploitation des autres. Les gens s’enrichissent soit pour se sentir plus en sécurité, soit pour affirmer un ego sur-dimensionné. Les sociétés organisées (les démocraties) essaient de combattre l’enrichissement illicite par tous les moyens tandis que les dictatures sont souvent l’émanation de réseaux d’individus qui exploitent le produit intérieur de leur pays.

Alors que l’austérité est souvent imposée à un peuple divisé, désorganisé et ignorant des pompes à fric qui vident un pays, les membres de la ploutocratie (la kleptocratie comme la désigne mon ami Sid-Ahmed) se servent généreusement et dilapident souvent à l’étranger, le produit de leurs larcins. Le peuple amateur de scandales, se gargarise en entendant ou en lisant les propos relatifs aux frasques de leurs concitoyens algériens, comme par exemple, cet enfant de ministre qui aurait été interpellé en Suisse pour excès de vitesse, avec dans la boîte à gants quelque 24.000 euros (excusez du peu!). Cette annonce a fait l’effet d’un coup de massue sur une population déjà assommée par la spéculation et l’inflation qui sévissent comme chaque année pendant le mois sacré: cela est amplifié encore par les menaces qui pèsent sur une tripartite prévue depuis longtemps et censée faire remonter le Smig 24.000 euros!

Cela représente en fait (au taux de change parallèle) environ, 360 millions de centimes, c’est-à-dire le salaire de 360 Algériens qui ont la chance d’avoir un travail payé au tarif syndical, patronal et gouvernemental ou celui de 12 députés! Voilà de quoi révolter l’esprit le plus imperméable! Mais hélas, l’annonce de cette découverte au pays de Jean Ziegler a frustré encore plus nos concitoyens. En effet, les dépêches ne nomment pas l’heureux ministre, père de ce rejeton si prodigue. L’annonce, vague et floue, n’a fait que renforcer la frustration des gens indignés: la dépêche, omettant de cibler l’auteur des jours de ce garnement, a oublié de donner des précisions supplémentaires.

L’Algérie compte des dizaines de ministres de tous poids, acabits et gabarits, en exercice, en retraite, morts depuis longtemps ou vivant discrètement ici ou à l’étranger. Tous gardent éternellement leur titre et acceptent avec un plaisir non dissimulé qu’on continue à les appeler ainsi même s’ils ont changé de créneau. Aussi, ce n’est pas demain la veille que nous connaîtrons le nom de ce ministre et encore moins les circonstances qui lui ont permis d’amasser une fortune lui permettant d’offrir à son galopin de quoi passer quelques veillées de Ramadhan près de ce vieux lac Léman, refuge de tous les bénéficiaires de la clémence et de la générosité de la Providence.

On ne saura jamais si son père a fait fortune en aidant une fée déguisée en vieille femme aveugle à traverser la rue et qu’elle l’a récompensé en retour. On ne saura pas s’il a hérité de Crésus ou tout simplement du trésor du effélène bis, ou s’il s’est tout simplement enrichi grâce aux criquets pèlerins, aux médicaments périmés, à l’éthanol à base de dattes, au pétrole qui s’évapore, à l’argent blanchi... ou aux bateaux de pêche truqués.

Selim M’SILI

Nessma TV veut récupérer l’auditoire de l’Entv et de la 2M

«Les Karoui ont réussi à réunir audiovisuellement un Maghreb politiquement désuni.»
Un ex-ministre algérien

La montée en puissance de Nessma TV, poussée par l’intervention de son puissant actionnaire Silvio Berlusconi, commence sérieusement à déranger Alger, qui est plus que jamais poussée à ouvrir son champ audiovisuel. Dans les salons, on évoque avec intérêt le cas Nessma et on commente avec beaucoup de prudence l’intervention de Silvio Berlusconi sur la qualité des télévisions publiques dans le Maghreb. Car si le Maroc et la Tunisie ont déjà entamé l’ouverture de leur champ audiovisuel, le message était surtout adressé (sans le nommer) à l’Algérie et son programme de télévision Unique.

Mais si l’Entv et un peu la 2M sont de véritables télévisions modernes, qui investissent dans le divertissement et la fiction, Nessma TV préfère des programmes prêts à être diffusés. En effet, la télévision des frères Karoui, n’investit pas dans la production (mis à part Nass Nessma). Elle préfère acheter les programmes finis grâce à l’argent et aux relations de ses principaux associés, Tarek Ben Amar et Silvio Berlusconi. Ainsi, les films de cinéma et les feuilletons arabes sont achetés par le spécialiste en la matière, Tarek Ben Amar.

C’est grâce à lui et à son carnet d’adresses, que Nessma a acquis Bab El Hara 4, Houdou Nesbi et la série marocaine Zorroh. C’est grâce à lui aussi que les frères Karoui ont acheté les droits de diffusion des anciens programmes du célèbre cuisinier égyptien Oussama, diffusé déjà par Dubaï TV. D’ailleurs, on remarquera que l’indicatif des Emirats arabes unis, en bas de l’écran, n’a pas changé.

Alors que Berlusconi se charge d’offrir à Nessma un package complet des matchs de la League espagnole et italienne, acquis grâce à ses contrats pour ses télévisions italienne et espagnole mais également les matchs de Marseille. Contrairement à la 2M, qui invite rarement les artistes algériens à intervenir sur ses plateaux, si ce n’ait pour les piéger avec sa caméra cachée, Nessma TV investit beaucoup dans les artistes algériens et cela dans l’espoir d’attirer le public algérien et par la même occasion, ses annonceurs.

C’est pourquoi, elle souhaite inviter au moins un artiste algérien par semaine. Cela au moment où elle a remercié le représentant de l’Algérie dans l’émission «Nass Nessma», Amin, qui a été remplacé par Kamel Bouakaz. Selon certaines indiscrétions, Nessma TV aurait reçu plusieurs plaintes des téléspectateurs algériens, protestant contre la mauvaise représentativité de la personnalité algérienne. Les frères Karoui ont contacté alors Kamel Bouakaz, avec qui ils ont déjà travaillé, avec des sketchs maghrébins en 2007, pour remplacer Amin et du coup attirer le public algérien tant convoité.

Mais Kamel Bouakaz, en «oulid familia», semble un peu perdu face à l’indifférence glaciale de Fawaz, l’omniprésence de la Marocaine Kawtar et de la troublante Tunisienne Sawsan. La chaîne souhaite récupérer aussi bien le public marocain que le public algérien, en essayant de faire passer la majorité des artistes privés de leurs télévisions respectives. Mais Karoui, qui a peur pour sa réputation, instaure un faux direct et cela pour éviter tout dérapage verbal et politique qui pourrait lui coûter cher.

Amira SOLTANE

Pétrole et diplomatie

Si l’Algérie est déjà considérée comme l’un des plus importants fournisseurs en gaz du Vieux Continent, la proposition vénézuélienne, qui suggère la construction d’une nouvelle plateforme pétrolière, si elle venait à être acceptée, placerait du coup l’Algérie dans une position qui lui permettrait de mieux négocier à l’avenir.

Pour sa quatrième visite à Alger, le président vénézuélien Chavez n’est pas venu les mains vides. Deux aspects majeurs de la coopération ont caractérisé les entretiens avec son homologue, le président Bouteflika.
D’abord, le côté économique. Hugo Chavez, qui entend placer son pays dans l’après-crise financière internationale, propose à l’Algérie d’être la plateforme du transit des hydrocarbures dans le bassin méditerranéen en faisant de Sonatrach un partenaire privilégié du Venezuela. L’objectif : faire transiter le gaz vénézuélien par l’Algérie avant d’être acheminé vers l’Europe.

Si l’Algérie est déjà considérée comme l’un des plus importants fournisseurs en gaz du Vieux Continent, la proposition vénézuélienne, qui suggère la construction d’une nouvelle plateforme, si elle venait à être acceptée, placerait du coup l’Algérie dans une position qui lui permettrait de mieux négocier à l’avenir.

Ensuite, le côté diplomatique. En l’occurrence le Sommet Afrique-Amérique du Sud dont la tenue est prévue à la fin du mois en cours dans l’île vénézuélienne de Margarita. Hugo Chavez a usé d’un langage clair direct loin de la langue de bois qu’on connaît aux chefs d’État dans ce genre de circonstances. En dénonçant ces sommets “où l’on prononce des discours” et où l’on signe “des documents préparés à l’avance”, Chavez souhaite que “cela change” d’autant que le prochain sommet traitera de dossiers lourds tels que la sécurité alimentaire, la disponibilité des médicaments, la crise énergétique et la crise financière.

En sollicitant l’aide de son homologue algérien pour la réussite du sommet, Chavez sait qu’il est plus que jamais nécessaire de conjuguer les efforts pour pouvoir aboutir à des mesures qui puissent connaître une concrétisation sur le terrain.

La tâche sera difficile, lorsqu’on connaît la réalité des rapports de force aujourd’hui entre le Nord et le Sud surtout que la crise financière internationale a eu comme conséquence d’aggraver le fossé qui sépare les deux mondes.

Salim Tamani

Enterrement de Michael Jackson

La Françafrique se… cultive

Qui parmi nous a imaginé que les Français entreprendront la traversée de la Méditerranée pour venir épauler les Algériens à leur insu en s’embarquant dans l’aventure du festival panafricain bis ? Les Français ont tenu en effet un panof en plein Panaf ! Une prouesse inédite mais qui, il faut en convenir, sonne comme… un faux barrage culturel. Les Français de l’association «Triangle France» ont réussi une cavalière harga artistique. Culturellement parlant, l’offensive consolide et complète la chorégraphie alaouite de Mosta, mais on ne sait si nos cousins y participaient cette fois ou non.

Contrairement au Centre culturel français et aux gens du fameux «hizb», les Algériens n’étaient pas au courant. Tels le cocu, ils furent les derniers à savoir. Pourtant, les quelque 400 personnalités invitées par Triangle France comptaient parmi elles des officiels dont des représentants du ministère de la Culture. L’Algérie, à l’image de Dar khali Moh ? Est-il possible que l’équipe de Triangle France réussisse à investir en douceur la capitale de la RADP, là ou échouent les gens du GSPC qui, conformément à la LFC, sont majoritairement autochtones ? Soit !
Mais si d’un côté les Algériens disent qu’ils ne savaient pas qu’on leur organisait un festival sous leur tente, les Français disent qu’ils ne savaient pas qu’on devait frapper à la porte avant d’entrer, puisqu’on leur a toujours dit qu’à la khaïma ce n’est pas nécessaire et que les tentes en sont dépourvues. Puis, on nous dit qu’entre le 6 et le 8 juillet 2009, le Panof a organisé des spectacles !

Or l’organisation d’un spectacle a généralement aussi un but lucratif. Et si tel était le cas des organisateurs du Panof, qui alors s’est occupé de la billetterie ? De la recette ? Et, question qui est évidemment susceptible d’intéresser les services de M. Djoudi, l’Etat a-t-il prélevé son dû de ces recettes au profit du Trésor public, comme on y veille scrupuleusement paraît-il en France ? Ignorer le Panof c’est l’aider à entrer exagérément dans l’histoire. Alors, les partis politiques, leurs redresseurs, ceux en voie de constitution pourront s’en inspirer pour les réunions sans… autorisation.

Par Mohamed Zaâf

Chavez, le dernier des révolutionnaires

«Fléau de l’oligarchie et héros des pauvres», n’importe quel petit peuple d’un Etat où qu’il serait situé n’entretiendrait que ce rêve consistant à avoir, un jour, le candidat à une consultation populaire majeure (présidence) porteur d’un tel slogan de campagne.

Hugo Rafael Chàvez Frias l’a fait, même si entre-temps il a dû passer par ce qui est qualifié par «l’Occident», relent d’exotisme oblige, de tentatives avortées de pronunciamiento. Son désir d’entamer une révolution, sa révolution prenait le pas sur toute démarche rationnelle aux yeux de ses proches en ce sens que l’amour de la patrie, voire celui des autres nations du continent le tenaillait comme cela a été le cas trois siècles plus tôt par Simon Bolivar, émancipateur en puissance des populations des colonies espagnoles.

Dès lors et durant deux jours, l’Algérie ne pourrait que s’enorgueillir de la présence sur son territoire d’un homme politique mortellement anticonformiste et dont la particularité reste sa distance par rapport à toutes les accointances possibles et inimaginables avec le politiquement correct. Et ce pour la simple raison que sa très forte personnalité s’inspire et appuie sur les suivants très forts principes théologiques «…parmi les éléments qui pourraient définir le socialisme du XXIe siècle, je dirai que la première est l’élément moral… le Che a beaucoup écrit sur la morale socialiste… Quelle que quoi soit la vision du monde que l’on a, il faut nous réapproprier le sens éthique de la vie… Aimez-vous les uns les autres ou aimez votre prochain», pour conclure qu’il faut lutter «…contre les démons que le capitalisme a semés : l’individualisme, l’égoïsme, la haine, les privilèges».

Le paradoxe de la situation est que cette apologie de la morale est battue en brèche, à tort ou à raison, par ses détracteurs dont les porte-paroles des droits de l’homme, une partie de la presse, quoique cette dernière présente des signes évidents de partialité acquise à l’opposition au «camarada presidente». En fait, tout plaide pour que ses détracteurs fournissent à l’opinion internationale l’image d’un agité politique… un fou furieux…

potentiel déstabilisateur du continent comme cela a été le cas, il y a quarante ans, pour Salvador Allende et à un degré moindre Omar Torijos. Pouvait-il en être autrement dès lors que Hugo Chavez prenait la décision de nationaliser les terres en friche des riches propriétaires et les redistribuer aux plus pauvres, ceux-là même ceux qui en avaient effectivement besoin et surtout le désir de les travailler, la mise en place de système de financement aidant à la création de microentreprises, l’interdiction des cultures OGM, celle de la pêche intensive et donc la protection de la biodiversité, la nationalisation tous azimuts de pans entiers de l’économie nationale (banques, télécommunications, électricité, pétrole, lait, ciment, aciéries, etc.).

Qui parmi les Algériens ne voit-il pas en Chavez la réplique d’un Houari Boumediene bouleversant en son temps les rapports Nord-Sud jusqu’à modifier des règles du jeu immuables et consacrer de nouveaux rapports basés sur le respect mutuel entre les Etats réputés forts et ceux sous-développés et/ou émergents.

En affirmant en 2008 que «les Farc [terroristes et preneurs d’otages pour l’opinion mondiale] ont un projet politique», et insister auprès des gouvernements latino-américains et de l’Europe de les retirer (avec l’ELN la guérilla colombienne d’obédience guevariste) de la liste des groupes terroristes, il rejoignait incontestablement le défunt chef d’Etat algérien lequel, pour sa part, face aux plus puissants Etats du monde, alignait l’Algérie aux côtés d’une «Palestine… oppresseur ou opprimée».

Hugo Chavez, personnalité politique plébiscitée par les pacifistes et autres altermondialistes aura d’ailleurs été le premier et seul chef d’Etat étranger à s’impliquer dans le génocide commis à Ghaza en prenant la mesure radicale d’expulser l’ambassadeur… israélien.

En d’autres temps, le président vénézuélien, sans doute, n’aurait pas été fréquentable comme l’a été Castro, mais l’hypocrisie politique ambiante, les intérêts du capitalisme international font que les Grands ne peuvent que mettre sous le boisseau leur rejet épidermique d’un empêcheur de tourner en rond dont le seul tort est d’aimer son pays, le continent auquel il appartient. Un empêcheur de tourner en rond que l’Algérie accueille fièrement sur son sol.

Par Abdelhamid Lemili

Quelle rentrée pour les partis ?

A quelques jours de la rentrée sociale, les langues se délient, comme chaque année, pour prévenir ou menacer d’une dangereuse ébullition tous les secteurs d’activité. Il faudrait peut-être parler de «rentrée politique» pour certains cas désespérés de la classe politique.

Encore qu’il s’agit d’une rentrée tout à fait protocolaire pour nombre d’entre eux. Les partis de l’Alliance présidentielle annoncent leur retour sur scène par des activités diverses, voire par des soirées thématiques comme c’est le cas du FLN, principal régulateur de la vie politique. Pendant que le RND choisit de réunir ses députés pour un briefing.

Les autres formations ne veulent pas rester à la traîne, même si rien ne motive réellement la classe politique pour une véritable reprise de la vie politique, en l’absence d’échéances électorales à court terme. N’empêche que les partis ont la responsabilité d’animer la rentrée et d’assurer dans le même temps un minimum de présence sur scène pour accompagner cet intense débat qui s’annonce sur les réformes économiques et sociales, et duquel ils sont jusqu’ici complètement absents.

S’agissant des débats purement politiques, les choses paraissent encore plus confuses à tous ces partis, toujours en panne d’initiatives : ils n’ont jamais, par exemple, réagi aux informations publiées dans la presse au sujet de «l’amnistie générale», suggérée un jour par le président de la République ; ils ne réagissent pas quand des ministres sont publiquement sermonnés par le chef de l’Etat pour leur mauvaise gestion ; ils ne pensent jamais à anticiper, à aider l’opinion à comprendre les enjeux, à débattre de tout…

M. A.

Les faux dévots montent au créneau

Ce n’est pas d’aujourd’hui que Ramadhan se décline comme le mois des paradoxes et de toutes les déviations par rapport à son sens originel, mais cette flambée d’hypocrisie et cet accès subit de fausse piété commencent à devenir franchement gênants et dérangeants. Sans parler de ceux qui troquent leur penchant pour la dive bouteille contre celui des volutes de haschich pour bien meubler leur après-taraouih, on assiste à un déferlement ostentatoire de nouveaux pieux, qui rangeront bien sûr leur piété au lendemain de l’Aïd.

Cependant, il faudrait se garder de faire exactement ce qu’on dénonce chez eux, à savoir s’immiscer dans leur sincérité de croyance, étant su qu’il y a un Juge suprême pour pendre acte de faits et méfaits de Ses créatures. Par contre, la passivité des fidèles qui n’affichent pas sur tous les toits leur ferveur religieuse, notamment les jeunes filles qui subissent à chaque coin de rue des volées d’anathèmes et de pseudo-conseils religieux sur leur façon de se vêtir, cette passivité donc ne fait qu’encourager ces distributeurs automatiques de fetwas dont ils ne connaissent même pas les rudiments.

L’atmosphère d’impunité les renforce dans leur conviction que ce prosélytisme de pacotille sert à quelque chose, et ils redoubleront de férocité sous le sceau de leur ignorance agissante. Ces trabendistes de l’Islam devraient être remis à leur place et pourchassés par les fidèles véritables et par tous ceux qui n’aiment pas qu’on s’ingère dans leur vie privée.

Les vrais croyants sont interpellés pour stopper cette montée au créneau de ces semeurs de discorde sur la place publique, ces prédicateurs à la noix qui éclaboussent en premier lieu la religion dont ils se réclament, l’islam.

N.S.