mercredi 23 septembre 2009

Hicham Baba Ahmed (HIC). Caricaturiste : « Je m’autocensure involontairement »

- Nage dans ta mer est votre premier album. Vous en ferez d’autres...

Les dessinateurs en Europe publient chaque année un album de dessins de presse. C’est l’aboutissement d’une année de travail. J’ai même envie de dire que ce n’est même pas un événement éditorial. Dans Nage dans ta mer, il y a un concentré de trois années de publication (2006, 2007 et 2008). A partir de janvier 2010, je me suis arrangé avec mon éditeur, pour publier un album chaque année, à commencer par celui de 2009. J’espère que ça va ouvrir la voie aux autres dessinateurs pour faire de même. L’album est une sélection des meilleurs dessins. Nous avons une moyenne de 300 dessins par an. On ne peut pas tout publier. Il y aussi de mauvais dessins.

- Et c’est quoi un mauvaise dessin ?

Le dessin est subjectif. Parfois, la moitié des Algériens adore un dessin et l’autre moitié le déteste. Quand on fait un bon dessin, on n’est pas tout à fait conscient qu’on en a fait un, mais quand on fait un mauvais, on sait qu’il en est un ! C’est dû à l’inspiration du jour, arrivé en retard au travail, mal réveillé... J’ai l’impression que l’inspiration est quelque chose de mystique. Etant professionnel depuis quelques années, on peut éviter facilement le syndrome de la feuille blanche. Quand on devient professionnel, il y a une mécanique qui s’installe permettant de s’en sortir.

- Nage dans ta mer, pourquoi ce titre ?

C’est une proposition de SAS (Sid Ahmed Semiane) qui a écrit la préface. Le titre d’un livre est toujours délicat. Il faut qu’il ne soit ni trop long ni trop court. Le titre est le résultat d’un brainstorming avec SAS. Il a m’a proposé Nage dans ta mer, parce qu’il avait vu le choix du dessin de couverture et il m’a dit que ça collait. « Oum bahrak » est une expression algérienne qui symbolise beaucoup de choses. En fait, j’ai sélectionné trois ou quatre dessins pour la couverture et que j’ai proposés à l’éditeur. Je n’étais pas obligé de le faire. Et puis, le choix est tombé sur celui là. El harga est un phénomène actuel qui prend de l’ampleur

- Avez-vous des lignes rouges dans vos dessins ?

Je défie quiconque qui pourrait prétendre ne pas avoir de lignes rouges. « Lignes rouges », cela ne veut pas dire peur de la justice ou peur d’un tel, cela dépend de la personne, de son éducation et de son comportement. Je m’autocensure involontairement parce que je sais que nous sommes dans une société qui n’accepte pas certaines choses, et qu’on le veuille ou pas, je fais partie de cette société. Je n’ai pas à faire ce que cette société rejette. Les lignes rouges existent partout. Il n’existe pas de sujets que je ne peux pas aborder à part les représentations religieuses. Nous avons eu l’épisode des caricatures danoises, etc. Mais là, c’est la Constitution qui nous l’interdit, ce n’est même pas la religion. Au même titre qu’un Français ne peut pas faire un dessin sur la Shoa. Ils ont leurs interdits, nous avons les nôtres. C’est tout. Je ne peux dessiner le prophète Mohamed, cela ne me frustre pas plus que cela (...) Il n’y a pas de principe de liberté d’expression intégrale. C’est une utopie. La preuve, nous l’avons vécu avec les dessins danois, l’épisode Dieudonné et Siné qui ont subi la censure en France… En Europe, il existe une justice indépendante et une presse institutionnalisée qui maintiennent l’équilibre. Chez nous, si quelqu’un s’aventure à faire un dessin pareille, il subit le lynchage. C’est un risque. On ne pas compter sur la justice ou sur un soutien
- Hic a-t-il subi la censure ?

Oui, mais pas ces dernières années. Honnêtement, au Soir d’Algérie, je n’ai jamais été censuré. Au début de ma carrière, oui. Au Matin, il y avait deux périodes. La première période, on a dû me censurer. C’était plus de mauvais dessins qu’autre chose. Je ne me rendais pas compte à l’époque. Ensuite, au cours de la deuxième période, où j’avais une liberté immense, aucune censure. Donc, si je ne me souviens pas de certains dessins censurés, c’est que c’était rare.L’avantage de la technologie fait que les lecteurs réagissent vite aux dessins. Auparavant, nous n’étions pas en interactivité avec le lecteur. Quand un lecteur envoyait une lettre, le temps qu’elle arrive, le dessin aurait eu huit mois de parution. Là, le lecteur rebondit instantanément. Le dernier dessin sur les dix-huit millions d’Algériens qui vont vivre en France en 2050 a suscité des réactions critiques. Il a été mal compris. J’ai reçu une avalanche de mails, à 90%, venant de personnes vivant en France.

- Et quel regard portez-vous sur la caricature en Algérie ?

Il y a des hauts et des bas. La caricature en Algérie n’est pas un métier à part entière. On est toujours assimilé à des journalistes, or, on ne l’est pas. Nous faisons dans le commentaire, dans la parodie, nous avons un côté artistique. Il faudrait que la profession reconnaisse d’abord ce métier de dessinateur-éditorialiste ou dessinateur de presse pour qu’on puisse, nous dessinateurs, avoir des publications. Les dessinateurs veulent bien avoir une publication à eux où il y aurait 20 dessinateurs et 2 journalistes. L’inverse d’une rédaction classique. Il y a eu El Manchar et l’Epoque, donc, c’est possible de le faire. Cela va nous permettre d’avoir des manifestations. Il est malheureux de constater qu’il n’existe pas d’expos de dessins de presse, de festivals ou de prix annuels, comme cela existe au Maroc.

- Il paraît que vous avez un projet de revue...

Oui, c’est une revue mensuelle de bande dessinée. C’est un autre exercice. Le titre choisi est provisoire. Nous n’avons pas encore tranché. Pour le moment, le titre retenu est El Bendir. Comprenne qui voudra. La revue aura une dimension continentale puisque des dessinateurs africains, contactés durant le Panaf, participent au projet. Avec le Festival de bande dessinée (Fibda) d’octobre, nous allons contacter des dessinateurs d’autres continents pour qu’ils nous donnent un coup de main dans l’élaboration de la revue. On espère réellement donner une allure internationale à la revue. Nous sommes déjà une dizaine de dessinateurs à y contribuer déjà.
- Existe-t-il une relève dans le domaine du dessin de presse ?

Oui. Notre génération, Dilem, Hic et d’autres sont la relève de ceux qui nous ont précédés, Slim, Aider et d’autres. Personnellement, je connais les travaux de cinq dessinateurs qui n’ont pas plus de 25 ans et qui font de l’excellent travail. Comme Islem, Todji (une jeune découverte du Fibda), Sidou. Des jeunes qui font dans le contemporain. Ils collent à leur époque avec l’allusion au manga. Peut-être que cela ne nous plaît pas tout de suite, mais c’est très actuel. Mon modèle était Slim, le dessinateur le plus productif, qui a fait le plus d’albums. Sinon, pour moi, c’était classique, universel, Astérix, Tintin… Comme chaque petit Algérien de l’époque, je lisais à droite et à gauche, ça m’accrochait, donc j’ai commencé à copier, à recopier. Je suis diplômé en aménagement du territoire et protection de l’environnement. Le seul lien que je garde avec ma formation, presque vingt ans après, est que mon premier album est fait avec du papier écologique !

Par Fayçal Métaoui

Cache-misère biométrique et électronique !



Par Hakim Laâlam
Email : laalamh@yahoo.fr
Devinette. Parmi tous les animaux, il en est deux que Benbouzid affectionne par-dessus tout. Lesquels ?

Le flamant rose et la baleine bleue !

Je suis heureux ! Tu ne peux pas t’imaginer comme je suis heureux ! Dans quelques jours, je vais avoir un passeport biométrique. Je ne sais pas exactement ce que recouvre ce mot scientifique, mais je suis heureux quand même. Je ne sais pas si je pourrais, l’été prochain, me payer un billet d’avion pour l’étranger à près de 100 000 DA, un visa à près de 10 000 DA, un change lui aussi situé dans ces eaux-là, mais je suis heureux à l’idée d’avoir mon passeport biométrique dans la poche. Je suis d’autant plus heureux qu’après mon passeport biométrique, les autorités m’ont promis que j’aurais aussi une toute nouvelle carte d’identité nationale, elle aussi biométrique et électronique. Bababababa ! C’est pas la classe, ça ? Une carte d’identité bourrée d’électronique à l’heure où pour se faire délivrer un certificat de résidence, il faut présenter ses dernières quittances Sonelgaz ? Moi, déjà, le premier truc que je fais, dès que l’on me remettra mon passeport et ma carte d’identité biométriques et électroniques, c’est de m’acheter un nouveau portefeuille. Et ben oui, quand même ! Je ne vais pas héberger les deux beaux documents tous neufs et remplis de puces dans mon vieux «toz'dam» ! Je vais y mettre le prix ! Rien n’est trop beau pour un passeport et une carte d’identité biométriques. Il leur faudra du cuir. Un cuir en même temps souple et solide. Du chevreau. Oui ! Oui ! Du chevreau ! Excellent ! Bon, l’idéal, bien sûr, ça aurait été de trouver sur le marché des portefeuilles biométriques et électroniques. Là, ça aurait fait la panoplie. Imaginez un peu la scène lors d’une marche pacifique de protestation contre la hogra, le mal logement et la corruption généralisée. Après m’être fait embarquer par les brigades antiémeutes – parce que je me ferais embarquer, c’est obligé — et lorsque j’atterrirais au commissariat et qu’on me demandera mes papiers, avec quelle lenteur et quelle fierté non dissimulée j’extirperais de la poche de mon pantalon souillé par la boue – parce qu’on m’aura matraqué à terre, c’est obligé là aussi — mon magnifique portefeuille biométrique et électronique, et avec quelle théâtralité voulue et assumée j’en tirerai mes documents intelligents. Malmené, lessivé par les questions, tabassé, spolié de mon droit à l’expression citoyenne, mais avec tout de même dans la poche un passeport et une carte d’identité biométriques et électroniques. Ça en jette ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L.

Les dons de la mer

Il y a toujours quelque chose à tirer de la mer, surtout quand on la raconte avec autant de profondeur, d'authenticité et pour tout dire, de tendresse.

De ses histoires les plus tragiques, l'écrit et l'image ont pu tirer des œuvres tellement belles et émouvantes qu'elles ont intégré l'éternité. La mer invite aux miracles les plus invraisemblables et réhabilite la grandeur des choses simples et naturelles.

Elle est la nature dans toute sa nudité tout en couvant la vie dans ses mouvements les plus palpitants.
Dans son ventre increvable de fertilité, sommeillent les monstres les plus hideux et les agneaux les plus attachants de tendresse.

Elle a son blé qu'elle fait pousser sur de généreuses étendues, ses fruits rares qu'elle cache dans les recoins les plus inaccessibles et ses bêtes les plus indomptables.

La mer est un gouffre insondable sous un champ agaçant de platitude. Ses colères sont muettes. Ne les entendent que ceux qui s'y prennent et subissent ses foudres impitoyables. Elle détermine les caprices des vents et rit au nez des pluies torrentielles.

Ce ne sont jamais les orages que craignent les pêcheurs, mais ce que la mer veut bien en faire. Elle a ses routes, factices, parce que le ressac suffit à guider les pas les plus incertains et joindre les horizons les plus lointains.
Au-dessus d'elle, le ciel est toujours bleu parce qu'elle en est l'indétrônable reflet. La mer tue sans avoir à s'en expliquer et fait vivre sans demander sa dîme.

Elle ne parle pas, elle gronde. Elle ne rit pas, mais sourit à des moments furtifs quand les premiers rayons la chatouillent. Et puis les vagues reprennent possession de ses mouvements, souveraines dans leurs élans, maîtresses du son et du ton, ignorant les bruits de clairon venus des bastingages et les confidences qui se perdent sur les ondes.

La mer ne rejette pas les corps étrangers parce qu'ils sont trop petits pour l'immensité de ses tripes. Les bateaux fondent ses sillons sans qu'elle en redoute la moindre éraflure, des usines géantes habitent ses entrailles sans réussir à provoquer la nausée.

La mer est imperturbable, il n'y a que les hommes pour croire qu'elle est capable des mêmes jérémiades que celles de leurs cauchemars. Pour avoir abrité le premier déluge, elle ne peut promettre l'ultime colère. Les effluves de la mort ne peuvent rien contre l'odeur du sel et des algues.

La mort n'étant qu'un moment de la vie, la mer ne sait pas comment lui tendre les bras si jamais elle a l'idée saugrenue de venir toute seule.

Slimane Laouari

France-Orient, la résurrection ?

Le président Ahmadinejad ne met pas les gants blancs de sa police islamique quand il lui faut répondre à des piques désobligeantes lancées par certains de ses homologues occidentaux.

Nicolas Sarkozy n'y échappera pas. Son admiration pour le peuple iranien, un peu plus pour les révolutionnaires du camp réformiste, n'a pas été du tout du goût du chantre de l'anti-Shoah.
A peine la perche de France 2 tendue qu'il la saisira au vol pour apporter une réponse cinglante au locataire de l'Elysée : «La France mérite mieux que ses dirigeants actuels.» Loin de lui l'idée de cette faillite de présidentiables dont manquerait cruellement le monde.

La réponse de l'ex-maire de Téhéran concerne Nicolas Sarkozy qui se serait trop ingéré dans les affaires internes de la République islamique au moment où la vague verte a failli tout balayer sur son passage.

Par son intervention musclée, le fils spirituel du guide suprême iranien a-t-il voulu attirer l'attention sur une France-Orient qui tendrait à retrouver ses marques dans la région ? Comme tant d'autres, le régime de Téhéran croit que la France ne joint pas l'acte à la parole.

Ce n'est pas parce qu'elle jure sur le perron des Invalides qu'elle a cessé de s'ingérer dans les affaires de ses vieilles colonies africaines qu'elle ne se mêle plus de ce qu'il ne la regarde plus là-bas.

L'opposition gabonaise a remis cet «interventionnisme» à l'ordre du jour avant même de connaître les résultats de la dernière présidentielle, à l'issue de laquelle Ali Bango a remplacé son défunt père. Pour le président Ahmadinejad, la France de Sarkozy procède de la même manière en terre perse mais en sens inverse, au bénéfice des réformistes. Elle cultiverait une bien pire animosité que celle qu'avait entretenu le gouvernement Chirac envers la Syrie du jeune Bachar El Assad.

Réélu dans la violence et dans le sang, qu'il regrette amèrement, l'ultraconservateur en veut-il personnellement à Nicolas Sarkozy pour avoir à chaque occasion soutenu le durcissement du régime de sanctions contre Téhéran ?

Le seul Président qui ne rencontrera pas le «multilatéraliste» Barack Obama, première victime du néoracisme US, a également une dent contre Bernard Kouchner.

A reprendre l'interview de l'invité de France 2, le chef de la diplomatie française compterait parmi ceux qui ont incité les Iraniens à se révolter au lendemain de la présidentielle.

Pis, il serait lui aussi «responsable» de l'assassinat de la jeune Neda, devenue symbole de la résistance verte. Pendant qu'on y est, Bernard Kouchner ne serait-il pas aussi responsable du sort réservé à la jeune universitaire française Clotilde Reiss ?

Elle ne pourra quitter l'Iran que si la France accepte de l'échanger contre des détenus iraniens.
Cela témoigne du fait que les rancœurs irano-françaises en particulier et irano-occidentales en général dépassent de mille têtes la hauteur de la vague verte, au moment de son déferlement.

Par Anis Djaad

Biyouna recherche son public algérien sur Nessma TV

«En France, on ne me compare qu’aux disjonctés comme Brigitte Fontaine - pour moi ce n’est pas péjoratif, au contraire - on m’a appelée la Gainsbarre algérienne ou l’Arletty algérienne. Grande gueule?» Biyouna dans le Nouvel Observateur 23 novembre 2006

Au moment où tous les artistes algériens défilaient sur les plateaux des quatre chaînes de l’Eptv, Baya Bouzar alias Biyouna, l’incontournable icône de la télévision et du cinéma algériens, était l’invitée de marque pour une émission spéciale «Aïd» sur Nass Nesma. Cette fois, c’est décidé. Biyouna, qui n’a tourné dans une aucune production algérienne depuis 2007, tourne le dos à l’Algérie.

Elle, qui a interprété un rôle dans Viva l’Aldjerie, lance un «à bas l’Entv», laissant derrière elle un parcours truffé de fleurs et de jasmin. L’image était émouvante quand Biyouna donnait la réplique à Kamel Bouakaz pour un sketch improvisé à l’algérienne, mais mal compris par le public tunisien. L’Algérie a-t-elle perdu son égérie? Artiste accomplie: danse, chant et comédie, elle réussit à s’imposer aussi bien sur la scène cinématographique que musicale.

Avec deux albums: Raid Zone et Une blonde dans la Casbah, inspirés du répertoire franco-algérien, elle est la deuxième chanteuse algérienne à être distribuée en France après Souad Massi. Au théâtre, elle a récemment joué aux côtés de Jane Birkin dans Electre, ainsi que dans La Célestine de l’Espagnol Fernando de Rojas. Sous la direction de son compatriote Nadir Moknèche, elle a tenu des rôles principaux dans les deux films phares Viva Laldjérie et Délice Paloma.

Entre Paris, Mexico et Casablanca, son coeur balance pour Alger. Cette année, elle est apparue sans convaincre dans une série marocaine loufoque Zorroh aux côtés de comédiens marocains et tunisiens. Son objectif était en fait, de représenter l’Algérie, dans ce qu’on est forcé de présenter comme une production maghrébine. Mais la comédienne la plus populaire du pays est-elle prête à revenir en Algérie après avoir côtoyé les grands ou les moins grands? Ce n’est pas sûr.

Après avoir raté les marches du palais de Cannes, échoué aux Molières, elle espère décrocher une consécration qui lui déroulera le tapis rouge en Algérie. Elle qui n’a jamais reçu de consécration à sa juste valeur, qui n’avait pas de toit pour rassembler ses enfants. Elle qui a failli un jour en finir avec la vie. Bref, Biyouna vivait à l’image de cette magnifique scène où en transe, elle vend ses bracelets en or pour une bière tout en chantant Chaba Janet.

Cette image émouvante de Biyouna saluant son public, qu’elle aime tant, à partir de la chaîne Nessma, témoigne de la détresse de la star et de son envie de revenir en Algérie avec lkdar oua nif. Biyouna ne mérite pas seulement une émission avec des chanteurs maghrébins. Elle mérite toute une émission pour lui rendre hommage. De la fameuse époque de Dar Sbitar et Didi Krimo à Biyouna la matrone dans Délice Paloma, que de bon temps passé.

Amira SOLTANE

Pédagogie

Il y a des questions qui se posent depuis si longtemps et auxquelles on ne trouve nulle réponse satisfaisante: alors, on les range de côté et on ne se les pose plus, espérant qu’un jour, une étincelle venue du ciel, (ou d’ailleurs) viendra faire la lumière sur de ténébreuses affaires. La question qui m’a le plus tarabusté est celle qui est liée aux évènements de la guerre de Libération: pourquoi, dès 1955, l’ALN avait-elle commencé à incendier les écoles dans les villages les plus isolés et les plus démunis? Il faut préciser à ceux qui n’ont pas connu la montagne, que l’école était le seul édifice témoin de la présence de l’Etat: il n’y avait ni dispensaire, ni commissariat, ni pharmacie, ni cabinet médical.

Tout était concentré dans le chef-lieu communal où la présence coloniale s’affirmait à tous points de vue. Certains répondront que c’est pour marquer le refus de la présence française et de sa culture qu’on avait pensé d’abord détruire les symboles et les outils de l’acculturation (on a bien détruit des maisons de la culture-appelés foyers-ruraux!). D’autres vous diront que les écoles, étant les seuls bâtiments solides (les maisons des montagnards étaient des masures construites alors en pisé ou en torchis) et que l’armée française les auraient occupées un jour ou l’autre...

Bref, dans les villages isolés où les écoles ont été détruites, les plus affectés furent les plus démunis, ceux qui n’avaient ni de la famille en ville ni les moyens d’envoyer leurs enfants dans un village voisin. Notre école a eu de la chance. Nous avons eu le bonheur de la garder intacte jusqu’à l’Indépendance. Elle était composée de deux grands bâtiments blancs noyés dans la verdure exubérante d’un grand jardin habilement entretenu. Si, dès les premiers coups de feu, certains enseignants, par prudence, ont quitté le village pour la métropole, d’autres par contre, ont été expulsés par le pouvoir colonial lui-même parce que c’étaient des militants du Parti communiste.
Mais le plus étonnant, c’est que même après le déclenchement de la guerre de Libération, d’autres instituteurs ont continué à venir, amenant dans ces coins reculés longtemps livrés à l’obscurantisme et à la superstition, un peu de la lumière cartésienne dispensée par l’école laïque et républicaine. Et c’est grâce à cela que nous eûmes notre petite part de «butin de guerre», selon la formule consacrée de Kateb Yacine.

Et il faut rappeler que l’école laïque fut une école pré-révolutionnaire non seulement grâce à la qualité des enseignants acquis pour la plupart aux idées de gauche, mais aussi grâce à la qualité des programmes qui réservaient une bonne place à la Révolution française de 1789, qui est le ferment de toutes les révolutions postérieures.

Il y a une anecdote qui m’est restée particulièrement en mémoire: elle concerne celle liée à mon dernier instituteur, M.Pons, originaire du Languedoc, qui nous enseigna en histoire les principaux évènements de la période trouble de la France révolutionnaire. C’était quelques mois après les évènements du 13 mai 1958 date à laquelle certains ultras s’organisèrent en «Comité de salut public».

Dans notre pauvre commune, la mairie, qui n’avait en son temps connu que des conseils municipaux progressistes, avait été livrée par l’armée à quelques pieds-noirs qui fondèrent avec renfort de publicité leur comité de salut public.

Quand notre instituteur qui, pédagogiquement parlant, ne faisait jamais référence aux évènements douloureux qui secouaient le pays, nous parla de ces comités de salut public créés en 1789, je me suis levé et lui ai dit: «Comme celui qui vient d’être créé à la mairie de M...!» Il me jeta alors un regard éloquent où étaient mêlés l’amusement et la satisfaction. Il me répondit d’un air narquois. «Ah non! mon pauvre ami. Rien à voir avec ces comités-là». Je compris ce jour-là que notre instituteur était de notre bord.

Selim M’SILI

Le revers de la médaille

Entrepreneurs, industriels et autres concessionnaires s’alarment du fait du transfert de leurs activités vers d’autres ports du pays afin de désengorger le port d’Alger qui, le moins qui puisse en être dit, ne répond plus aux besoins en expansion de l’Algérie.

Le port d’Alger est certes le plus important du pays mais pas l’unique. Aussi, pourquoi maintenir une telle incohérence économique alors que l’Algérie dispose maintenant d’un grand port appelé à devenir l’un des plus importants de la Méditerranée, le port de Jenjen, à Jijel, actuellement sous-utilisé alors qu’il représente le vecteur d’avenir de l’économie nationale?

Aussi, la levée de boucliers des utilisateurs du port d’Alger reste incompréhensible d’autant plus que son fonctionnement est largement anti-économique, ne serait-ce que par le fait qu’il est devenu incapable d’assurer un mouvement normal entre l’arrivée des navires, leur déchargement et leur départ. Et ce sont 700 millions de dollars que l’Algérie paie pour les frais du maintien en rade et à quai des bateaux.

Le grief principal des contestataires de la mesure de transfert des activités au port de Jijel, est le fait que celle-ci a été précipitée et qu’elle a été prise sans concertation avec les concernés, que le délai d’application est très court (la mesure entre en vigueur le 1er octobre prochain). Sans doute! Mais il faut aussi admettre que la décision de transférer des parts des activités du port d’Alger sur d’autres ports est une mesure outre de bon sens, elle est surtout bienvenue car elle va, en plus de soulager la rade d’Alger, donner plus de tonus à l’activité portuaire en Algérie concentrée sur le seul bassin de la capitale.

Et puis, ces dispositions, outre de stabiliser la population, vont permettre de créer des emplois dans des zones qui connaissent de grandes déperditions en personnels au bénéfice, notamment de la capitale et cela aux dépens d’un développement intégré des autres régions du pays. Par ailleurs, la concentration excessive des activités économiques sur un seul lieu est outre d’être antiéconomique et surtout dangereuse pour la sécurité du pays.
D’autre part, le dispatching des importations sur plusieurs ports permet un meilleur contrôle de ce qui entre au pays comme marchandises lorsque des centaines de conteneurs pénètrent le port d’Alger avec des marchandises prohibées comme les pétards qui inondent le pays, sur lesquels aucune action n’a pu venir à bout.

Beaucoup d’autres raisons militent en faveur d’une décision de bon sens prise par le gouvernement, même s’il faut encore une fois déplorer le fait que ce même gouvernement agit de manière régalienne, ne daigne pas communiquer ni expliquer des mesures, souvent pertinentes, qu’il a pu prendre ou aura à prendre, qui tombent à plat car incomprises par la population et surtout par les principaux concernés, entrepreneurs, industriels et tous ceux dont l’activité tourne autour de l’import-export.

Booster notre économie, promouvoir le développement régional, passent nécessairement par la diversification des pôles d’activité économique que sont les ports. Et puis, il faut bien rentabiliser la dizaine de ports que compte l’Algérie d’autant plus que beaucoup d’entre eux sont délaissés à l’instar des ports de Tenès, Dellys, El Kala, Beni Saf qui pourraient largement aider à booster le développement de l’arrière-pays.

N. KRIM

Khaled ou le révisionnisme à rebours

“À Oran, on a tous des amis qui ont été déportés, des gens qu’on a cachés et d’autres qu’on a mariés de force pour qu’ils puissent rester en Algérie. Avec le recul, ces scènes ressemblent à celles de la Seconde Guerre mondiale où des voisins cachaient leurs amis juifs pour leur éviter les camps nazis.”

C’est le témoignage de Khaled, notre star nationale, au magazine marocain Tel Quel. Ses paroles ont-elles dépassé… ce qui lui tient lieu de pensée ? Et doit-on l’obliger à savoir ce que fut exactement la Shoah ? Khaled aura droit à la clémence nationale non pas parce que sa constitution intellectuelle le rend pardonnable, mais parce qu’il est justement membre de la société civile officielle, cette nébuleuse faite de sportifs, d’artistes, d’associatifs, privilégiée et satellisée autour du pouvoir. Elle est constituée de “personnalités” complaisantes qui savent apporter leur soutien au pouvoir.

Un journaliste, pour moins que cela – un journaliste ne peut raisonnablement pas comparer le régime algérien au régime nazi — aurait connu, “sur l’heure”, la promptitude du bras séculier du pouvoir national. Mais Khaled fait partie de ces enfants gâtés devant lesquels s’arrête la compétence “universelle” de la justice et s’adoucit la brutalité de la vindicte populaire.

L’impunité de ce “proche” ne date pas d’aujourd’hui : il y a une décennie, Khaled, alors sous le coup d’une condamnation, a été invité à se présenter devant une justice qui l’attendait pour le blanchir, sans avoir à “vider son mandat d’arrêt”, préalable procédural sacro-saint. Avant d’être d’autorité dispensé de service national.
Son débridement verbal a été encouragé par la permissivité de la société et de l’État envers ceux qui savent dire que le pays va bien parce que ça va pour eux. Ils suppléent ainsi de manière politiquement rentable une société civile éradiquée par la corruption et la répression.

Mais ses fans n’ont pas à s’inquiéter : Khaled n’est pas dans le cas de Mami qui a affaire à une autre justice. Il n’est surtout pas dans le cas de Ferhat Mehenni qui, en plus d’être chanteur, est militant d’une cause et qui, pour avoir exprimé une revendication responsable, est sous le coup d’un mandat d’arrêt.

Khaled n’est pas un journaliste dont on scrute les délits de diffamation jusqu’entre les lignes et pour qui l’autosaisine semble avoir été inventée. Il n’est pas Noureddine Amirouche qui suscita la curée pour avoir remis en cause l’arithmétique officielle des chouhada ! Khaled a l’excuse de n’être ni brillant ni engagé et l’avantage d’être du bon côté…

L’opinion publique maison, si prompte à se froisser des révisionnismes, regardera ailleurs pour ne pas avoir à se compromettre dans un scandale venu de l’Ouest. L’Algérie officielle fera semblant de n’avoir pas entendu cet affront commis au-delà d’une frontière sélective.

Khaled se dit “de la famille” de Mohammed VI. Il n’y a pas de mal à se fréquenter entre “rois”, le roi d’un peuple et un roi people ! Et il parle avec lui, comme avec le président Bouteflika, dit-il encore, des relations entre les deux pays !

L’acte révisionniste stupide est soutenu par des références politico-mondaines, ce qui en fait une drôle d’histoire de président, de roi et de king. De quoi je me mêle ?

Par : Mustapha Hammouche

Modernisation de la poste

Connectivité

Resteront les “B2B” ou les rencontres bilatérales à prévoir en marge du sommet de l’ONU et qui revêtent une dimension importante pour notre diplomatie au-delà des jeux de coulisses.

Le président Bouteflika entame sa rentrée diplomatique en participant à la 64e session de l’Assemblée générale de l’ONU. Une opportunité pour évoquer le rôle de la diplomatie algérienne ces dix dernières années dans la préservation de la paix mondiale, notamment sa contribution dans la crise nucléaire iranienne et la situation au Proche-Orient surtout que Washington est dans l’attente d’une réponse par rapport à sa demande d’une normalisation des pays arabes avec Israël.

Pour Alger, il sera certainement question de réaffirmer ses positions traditionnelles par rapport à des dossiers lourds surtout que la situation n’a pas connu d’évolutions telles que souhaitées par l’Organisation des Nations unies elle-même, otage des lobbies et des jeux de puissance.

S’il n’est pas d’à-propos d’évoquer ici l’inefficacité de l’ONU dans son fonctionnement actuel, et l’histoire l’a démontré depuis la création de l’État d’Israël jusqu’aux guerres menées contre l’Afghanistan et l’Irak, la tenue de ses Assemblées générales permet tout de même de mettre à nouveau sur la table le droit international tel que défini par la Charte des Nations unies. Elles permettent aussi de parler des cas de décolonisation non encore réglés tels que celui du Sahara occidental comme il s’agit d’une opportunité pour les pays du Sud ou communément appelés pays du Tiers-Monde de revendiquer “le droit d’avoir des droits”, comme celui qui fait polémique maintenant à savoir l’accès au nucléaire civil à des fins de développement.

Le chef de l’État, rompu à ce genre de cérémonial, saisira cette occasion pour mettre en lumière, au moment où les “qui-tue-quistes” repartent en campagne contre les institutions de la République, le rôle de l’Algérie dans la lutte contre le terrorisme international, même si cette contribution à la paix régionale et mondiale n’a pas été suffisamment exploitée par les Algériens.

Resteront les “B2B” ou les rencontres bilatérales à prévoir en marge du sommet de l’ONU et qui revêtent une dimension importante pour notre diplomatie au-delà des jeux de coulisses. Bouteflika-Sarkozy et la visite du chef de l’État en France, Bouteflika-Obama et l’avenir des relations algéro-américaines, Bouteflika-Moubarak ou encore Bouteflika-Medvedev vu les accords d’armement signés entre les deux pays.

C’est à l’issue de ces discussions qu’on aura la vraie température de l’état de la connectivité de l’Algérie dans le monde.

Par : Salim Tamani

ÉCONOMIE ALGÉRIENNE : Check-up

Le Forum économique de Davos vient de rendre public son rapport 2009/2010 sur la compétitivité. L’économie algérienne y est toujours mal classée globalement mais nous avons préféré regarder de plus près «ce qui va mal» parmi les facteurs de compétitivité et nous avons surtout résitué l’économie algérienne dans son contexte régional pour mieux apprécier les faiblesses qu'il y a lieu de corriger. Dans le rapport du forum économique, la compétitivité est appréhendée à travers 12 piliers classés en 3 catégories :

1/ Les exigences de base :
Elles sont au nombre de quatre :
a/ les institutions
b/ les infrastructures de base
c/ la stabilité macro-éco
d/ la santé et l’éducation primaire
a) Par institutions, on entend les règles, le droit, les comportements
b) Les infrastructures de base comprennent la qualité des réseaux routier, ferroviaire, portuaire, aéroportuaire, l’électrification, le réseau téléphonique.
c) La stabilité macro-éco est mesurée par le déficit ou l’excédent budgétaire, le taux d’épargne national, le taux d’inflation, la dette publique.
d) La santé et l’éducation primaire comprennent l’état épidémiologique du pays (grandes maladies), la qualité de l’enseignement primaire, le taux de scolarisation dans le primaire, les dépenses d’éducation.

Classement par rapport aux exigences de base de la compétitivité

Pays Institutions Infrastructures Stabilité macro-éco Santé Education
Algérie 115e 99e 2e 77e
Maroc 64e 70e 32e 87e
Tunisie 23e 37e 55e 30e
Egypte 56e 55e 120e 84e
Turquie 96e 62e 64e 74e
Libye 67e 105e 4e 104e

L’Algérie a les plus mauvaises institutions, c’est-à-dire un droit pas toujours cohérent et surtout inappliqué, une bureaucratie procédurière lourde et corrompue, une justice inéquitable, des comportements d’agents économiques pénalisants. Dans le domaine des infrastructures, il est incontestable que l’Algérie avec ses ambitieux programmes d’équipement va améliorer considérablement son classement. Même son classement actuel semble peu crédible comparé à celui du Maroc ou de la Tunisie, moins dotés en infrastructures. La stabilité macroéconomique est le point fort de l’Algérie. La santé et l’éducation doivent être améliorées : les financements existent, la gestion est peu efficace, les programmes de formation sont à réformer.

Les atouts de l’efficacité :

Le classement
PAYS / INDICATEURS Algérie Tunisie Maroc Libye Egypte Turquie
1. Enseignement sup 102e 32e 99e 75e 88e 73e
2. Efficacité du marché des biens 126e 39e 68e 119e 87e 56e
3. Efficacité du marché du travail 127e 98e 129e 132e 126e 120e
4. Dév. du marché financier 132e 87e 96e 122e 84e 80e
5. Technologie 123e 55e 76e 98e 82e 54e
6. Taille du marché 51e 66e 56e 73e 26e 15e

Définition des indicateurs :
1/ On y trouve les indicateurs relatifs au taux de scolarisation dans le secondaire, dans le supérieur, la qualité de l’enseignement, la place des maths et des sciences de l’enseignement, les TIC dans l'enseignement, les capacités de recherche scientifique.
2/ L’Etat de la concurrence, impôts et taxes, délai de démarrage d’une activité, barrières tarifaires, importance des IDE, procédures douanières.
3/ Modalités de détermination des salaires, rigidité de l’emploi, productivité et salaire, pratiques syndicales, recrutement et licenciement.
4/ Degré de développement du marché financier, facilité d’accès au crédit, degré de disponibilité des flux de capitaux, degré de protection des investisseurs...
5/ Etat des TIC, utilisation Internet, disponibilité ordinateurs, taux de pénétration du téléphone, capacité d’absorption des technologies par les entreprises.
6/ Taille du marché intérieur, part de marché extérieur conquis.
Mis à part l’indicateur de la taille du marché, l’économie algérienne est mal classée dans les piliers relatifs aux atouts de l’efficacité. Les marchés fonctionnent mal : le marché des biens, celui du travail ainsi que le marché financier sont désorganisés, non régis par des lois claires, largement parasités par les activités informelles. Ainsi le marché des biens n’obéit à aucun principe de la concurrence non faussée et reste soumis à des pratiques illicites (maquillages, surprix, fraude fiscale), le marché du travail est rigide avec de grands difficultés de recruter mais aussi de licencier, le marché du financièrement de l’économie est, quant à lui, inexistant dans sa partie finance directe (Bourse) et inefficace dans sa partie banques. S’agissant de la disponibilité des technologies, de la culture technologique, du contenu technologique des productions locales, l’Algérie est très mal classée et le retard dans ces domaines est considérable même par rapport aux pays de la région. Enfin, le marché algérien pour sa part reste attractif par sa taille et par l’importance des dépenses publiques d’équipement.

Innovation et degré de développement du monde des affaires :
On y trouve des indicateurs sur :
• le nombre et la qualité des offreurs locaux
• la nature des avantages compétitifs
• la sophistication des processus de production
• l’état de la pratique du marketing
S’agissant de l’innovation, sont mesurées
• la capacité d’innovation du pays
• la qualité des institutions de recherche
• les dépenses en R/D des entreprises
• les relations universités-entreprises en matière de R/D
PAYS / INDICATEURS Algérie Tunisie Maroc Libye Egypte Turquie
Dévelop du marché des affaires 128e 54 78 111 72 52
Innovation 114e 38 96 106 74 69

Les performances de l’Algérie dans ces deux domaines sont bien médiocres. L’offre nationale de biens et services est bien insuffisante face à un marché intérieur qui ne cesse de se développer. Et plus inquiétant encore, rien n’est fait pour améliorer le climat des affaires, stimuler les incitations à investir, construire l’attractivité. Dans le domaine de l’innovation, le classement en queue de peloton attribué à notre pays se justifie amplement tant notre faiblesse est grande en matière de recherche-développement et d’innovation. On peut terminer ce «bulletin de santé» de l’économie algérienne en rappelant ce que les investisseurs et les entrepreneurs opérant en Algérie considèrent comme les cinq obstacles les plus contraignants : qui brident l’économie :

1/ l’accès au financement est un véritable problème et ni le système bancaire inefficace, ni le marché financier (bourse) inexistant n’offrent pour l’instant de perspectives prometteuses.
2/ La bureaucratie procédurière : les administrations économiques sont en Algérie d’une inefficacité qui découragent les plus tenaces investisseurs.
3/ La corruption : c’est bien cette bureaucratie lourde et pénalisante qui constitue le terreau de la corruption et les deux se soutiennent et s’alimentent mutuellement.
4/ La main-d’œuvre peu qualifiée. Le marché du travail en Algérie n’offre que peu de possibilités en matière d’offre de main-d’œuvre qualifiée. Le système d’éducation-formation est une machine qui «tourne pour elle même» en déconnection totale des préoccupations du monde de l'entreprise. Enfin, et en liaison avec la main-d’œuvre, le marché du travail algérien est rigide et ne permet aucune flexibilité ni dans le recrutement ni dans la mise de fin de fonction d’ouvriers au rendement insuffisant.

Par Abdelmadjid Bouzidi

Lutte contre la grippe porcine

Un pays bloqué

La fin du ramadhan a signé l’arrêt par le président de la République des auditions des ministres. Celles-ci n’ont pas dérogé à la tradition : l’algérien n’a rien su de ce qui a été dit et rien appris sur l’état réel des secteurs d’activité concernés. Il a dû se contenter, comme d’habitude, d’un communiqué fleuve lu avec emphase au J T de vingt heures qui se caractérise par son absence totale de critique.

Celui relatif à l’audition du ministre de l’Intérieur s’est même offert le luxe de faire l’impasse sur la situation sécuritaire du pays : rien sur le terrorisme qui s’accroche encore, sur le grand banditisme en plein essor et sur la délinquance grandissante qui empoisonne de plus en plus la vie des citoyens. Est-ce pour ne pas effrayer le citoyen que l’embargo a été décrété sur ces dossiers-clés ? Ou est-ce pour ne pas attiser la géguerre que se livrent les différents services de sécurité du pays ?

Chefs-d’œuvre d’autosatisfaction au moment où le bateau Algérie fait eau de toutes parts, ces communiqués sont une autre facette de l’état de déliquescence dans lequel est plongée la gouvernance dans le pays. Car il y a réellement déliquescence, le tout dernier exemple étant les « réaménagements » introduits par la loi de finances complémentaire qui, par absence d’opportunité, ont déstabilisé l’ensemble du tissu économique national, public et privé.

La vocation de la LFC était pourtant d’introduire des améliorations au contenu de la loi de finances 2009 adoptée fin décembre 2008. Elément aggravant, en dépit des appels au secours venant de toutes parts, le gouvernement est resté de marbre, ne tolérant que quelques concessions minimes sur le dispositif législatif avec le risque, qu’il semble assumer, de bloquer totalement la machine productive.

La plupart des entreprises ont réduit leurs activités, celles du BTP sont entrées dans la phase agonisante, incapables de mobiliser la trésorerie nécessaire à leurs importations de biens et services. Pourtant, elles sont l’élément-clé d’une politique de relance économique.

Les hausses des prix des produits de première et seconde nécessités attendues dans les prochains jours vont immanquablement aggraver le niveau d’inflation déjà placé à un seuil alarmant. Alors qu’il est à un seuil catastrophique, le climat des affaires s’est encore assombri suite aux dernières décisions gouvernementales et en l’absence de visibilité de la gestion du pays.

L’économie est aujourd’hui bloquée comme l’est la vie politique, réduite aux seules activités protocolaires du chef de l’Etat. Le Premier ministre est toujours sans voix, signe de son effacement des affaires publiques — constitutionnalisée — et le Parlement prouve à chaque session qu’il n’a plus aucune raison d’exister en tant qu’institution créatrice de législation et veillant à contrôler l’Exécutif.

L’opposition politique ne peut plus relever la tête. L’Algérie vogue tel un bateau ivre, vivier cependant pour une multitude de milieux liés à l’affairisme, la corruption et l’argent facile.

Par Ali Bahmane

Associer…

On peut certes s’étonner que les partis politiques réclament, autant dire exigent, d’être associés à la discussion, autant dire l’élaboration, du code de la commune et de la wilaya, alors qu’il est de notoriété publique que le texte en question est en gestation depuis plusieurs mois, sinon des années. Et pourtant, il les concerne au premier chef. Mais faudrait-il, pour autant, les tenir pour responsables d’une mise à l’écart qui n’est pas de leur fait ?

Ce n’est pas la première fois que le pouvoir est pointé du doigt, pas toujours à tort, pour sa fâcheuse propension à ficeler des documents et autres lois sans dialoguer au préalable avec les concernés, catégories professionnelles ou formations politiques, surtout les secondes, en ce qu’elles sont censées être porteuses de l’ensemble des attentes et revendications de la société tout entière.

Il suffirait d’appeler ces ensembles pour donner leur avis sur un texte esquissé ou ébauché pour qu’il soit amendé en amont, pour désamorcer bien des levées de boucliers et autres blocages érigés sur la route des lois. Et Dieu sait que l’Algérie se passerait bien, en ces temps de course effrénée contre la montre au niveau planétaire, de ces retards et ajournements, le plus souvent réactivés à des fins politiciennes.

A première vue, rien ne s’oppose à ces associations et à ces dialogues préalables, mais contre vents et marées et appels à la raison, les ficeleurs de textes de loi n’en font qu’à leur tête, sachant que les parties écartées finiront bien, au Parlement ou ailleurs, à être consultées.

Et alors, à leur opposition objective, s’ajoutera leur contrariété subjective, retour du balancier de la mise à l’écart. Et ils ne se privent pas de l’exprimer. Et personne ne peut leur reprocher d’être dans leur rôle, certes amplifié par la rancœur.

N.S.

Sur les rails du progrès

Conscient de sa portée sociale et économique déterminante, l’Etat algérien s’est attelé à la tâche, combien mobilisatrice financièrement et humainement, de donner à l’Algérie un réseau de chemins de fer plus étendu, mieux intégré du point de vue environnemental, et également plus moderne, alliant les impératifs de sécurité, de rapidité et de confort.

Rapprocher autrement les différentes régions de l’Algérie par un moyen de transport aussi performant que les chemins de fer, voilà qui plaide pour une volonté de désenclavement interrégional et pour une rupture avec une sédentarité stérilisante des points de vue culturel et économique, imposée, des années durant par les conditions sécuritaires de la décennie rouge.

Faciliter l’activité économique, la rendre plus fluide en multipliant les voies de communication, l’autoroute Est-Ouest complétant et renforçant la fonction des chemins de fer. Ces derniers devraient participer d’une dynamisation, autrement plus efficace, de la vie économique, puisque des voies sont en train d’être tracées qui sont autant de bifurcations qui désenclavent des centres d’exploitation minière, au demeurant, essentiels pour le développement de l’industrie national, surtout que l’on soupçonne bien l’effet déterminant que la proximité des chemins de fer produit sur les coûts des matières premières, mais aussi sur le coût au transport des produits agroalimentaires des ports ou des régions de production, vers les autres wilayas du pays.

A tous points de vue, et sans aucun inconvénient de quelque ordre que ce soit, les chemins de fer sont la meilleure voie pour mettre l’économie national sur les rails du progrès.

La LFC, une bombe nucléaire

Bruno Tertrais sort sa sarbacane et nous expédie une fléchette des plus venimeuses en guise de vœux de l’Aïd. Cependant, son livre le Marché noir de la Bombe, sert quelque part à retaper le moral des Algériens, très mal logés ces derniers temps dans les classements internationaux. Tertrais nous apprend, en effet, que nous sommes des supermans du nucléaire et que, dans ce domaine, Israël, le pilleur d’organes, ne nous arrive pas à la cheville.

Tertrais ne pipe mot non plus sur le gentil programme du makhzen, le téméraire allié d’Israël dans la région. En plus d’une volonté de dissimulation, Tertrais nous prête une compétence et des ambitions nucléaires militaires qui n’ont d’existence que dans les faussetés vicieuses qu’il publie, à la satisfaction des maîtres chanteurs. A contrario, la réalité du terrain nous dit que c’est une Algérienne, Mme Taous Ferroukhi, notre ambassadrice à Vienne, qui vient de présider, au nom de l’Algérie, la 53e session de la conférence générale de l’AIEA.

Une occasion pour notre ministre de l’Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, de réitérer «l’engagement constant de l’Algérie pour une utilisation pacifique et sûre de l’énergie nucléaire et l’importance cruciale de la coopération internationale pour toutes les applications de cette source d’énergie en appui aux efforts nationaux de développement et de mettre en exergue le rôle unique de l’Agence internationale de l’énergie atomique à cet égard».

Cela dit, il faut maintenant relever que l’écrit de Tertrais nous atterrit sur la tête à un moment où nos relations avec nos anciens bienfaiteurs gagnent drôlement en indépendance si l’anecdote des frégates et autres hélicoptères s’avère fondée, alors que les cris de douleur du port d’en face commencent à se faire aussi stridents que ceux… d’Oujda.

Quant au nucléaire militaire et au danger de son usage, Tertrais et compagnie devraient plutôt se rappeler les propos de Jacques Chirac en 2006 et plus tard ceux de son successeur qui ne peuvent honnêtement être donnés pour rassurants. Quant à l’Algérie, on a d’autres… porcs à fouetter. Pour les Tertrais et consorts, on n’a à offrir que de la poésie léguée par… Cambronne.

Par Mohamed Zaâf