mardi 15 septembre 2009

SOS hygiène publique

Le mauvais temps qui pointe le nez dans notre pays prépare le terrain à l’entrée prochaine et de manière massive du virus de la grippe porcine. Celle-ci risque d’être particulièrement ravageuse en raison de l’inexistence d’une des mesures préventives les plus efficientes, établies par les experts, celle de l’hygiène publique.

S’ils ont bien anticipé sur la dotation en vaccins des structures sanitaires du pays à travers l’importation prochaine de 20 millions de doses, les pouvoirs publics ont, en revanche, totalement négligé de se pencher sur la question vitale qu’est la collecte des ordures ménagères et des gravats, pour ne citer que ceux-là.

Le ramassage continue de se faire comme avant, c’est-à-dire d’une manière aléatoire : à chaque coin de rue, à chaque détour d’une piste de campagne s’entassent à longueur de journée des déchets non collectés diffusant leur nuisances, agressant la vue, enlaidissant l’environnement, y compris les lieux censés posséder une valeur touristique ou culturelle.

Le constat est bien triste : elle est tellement omniprésente, en tous lieux et tous temps, que la saleté a été « intégrée » dans le mental des Algériens. Ils ne réagissent plus contre sa présence, vaincus, de génération en génération, par l’impuissance des autorités à dégager les moyens suffisants et innover, à l’exemple de pays développés, en matière de gestion des rejets.

Et c’est la fatalité, perpétuellement nourrie par l’incurie des dirigeants, qui risque d’être mortelle. Il est d’une extrême urgence que tout le monde se ressaisisse, en premier les ministères de l’Intérieur, de la Santé et de l’Environnement, en vue de la mise en place d’un programme – d’urgence dans une première étape – consistant à doter les communes en camions à bennes et en personnel suffisants et installer des poubelles de tous gabarits dans les cités, les rues et devant les habitations.

Des poubelles par dizaines de milliers, plus particulièrement dans les grandes villes, à leur tête Alger. Hormis quelques îlots au centre-ville et sur les hauteurs, cette cité est devenue la proie des ordures, des gravats et de la saleté sur les trottoirs et les façades des immeubles.

Le chaos urbanistique aidant, particulièrement dans les nouvelles banlieues, Alger a perdu l’honneur d’être une vraie capitale. Sa caricature la plus grossière reste la décharge de Oued Smar, montagne de la honte sous le nez des visiteurs étrangers débarquant à l’aéroport international.

Par Ali Bahmane

Le monde arabe est-il réformable ?

««L’opinion arabe a une très bonne perception de la réforme et souhaite la voir effective dans plusieurs domaines de la vie.» Telle est la conclusion à laquelle arrive un sondage effectué par The Arab Reforme Initiative (une coordination de nombreux centres de recherche spécialistes du monde arabe) et The Center for Strategic Studies de Jordanie (*), effectué en janvier dernier et dont les résultats viennent d’être publiés.

Les secteurs de prédilection de la réforme sont respectivement ceux de l’économie et de la politique avec une attention particulière pour la corruption.

La majorité des personnes interrogées estiment que la démocratie est de nature à conduire à davantage de stabilité, même si leur priorité va aux réformes économiques, avec une attention particulière pour la situation familiale.

Sur le plan politique, l’opinion arabe a une piètre opinion du parlementarisme, perçu comme une chambre d’enregistrement.

Curieusement, le sondage établit que l’opinion, en général, soutient les droits des femmes et des minorités religieuses.

Quatre pays ont été sélectionnés pour sonder l’opinion arabe : l’Egypte, la Jordanie, le Liban et le Maroc.
Un accent particulier semble avoir été accordé aux questions liées aux libertés démocratiques, comme indicateur majeur de l’état de la démocratie et de l’appréciation de la maturité des réformes dans la région. Les concepteurs du sondage y voient «un matériau d’information empirique sur une vision sociétale de la réforme pour aider au débat et au dialogue sur la question».

La «réforme» est une formule usitée par différents groupes et élites avec une acception différente, parfois contradictoire. Le citoyen arabe, censé être le bénéficiaire des réformes, a une perception «confuse» des concepts, méthodes et priorités des ces mêmes réformes.

Le débat qui tourne autour est essentiellement alimenté par la compréhension qu’en ont les élites. Cela suffit à dire que «l’opinion publique est capable de contribuer au dialogue sur la réforme» et suggérer que l’impression générale plaide pour la nécessité d’une réforme dans le monde arabe.

La définition des réformes qui ressort du sondage couvre un champ extraordinaire :
— elles sont une réponse à des contraintes générales, comme la corruption financière, les libertés publiques et la situation économique ;
— elles sont une issue au vécu quotidien de certaines catégories sociales, particulièrement sensibles à la pauvreté, au chômage et aux discriminations ;
— elles sont le remède au développement politique ;
— elles doivent couvrir tous les secteurs d’activité, beaucoup de personnes interrogées établissant une corrélation entre les réformes attendues dans la sphère politique, de la démocratie et du droit, d’une part, et le développement de l’économie et des services, d’autre part ; - elles peuvent être un levier idoine pour relever les défis dans des domaines socioculturels : élimination de l’illettrisme, relance de l’éducation et répression de la criminalité.

Cinq secteurs sont cités comme prioritaires en matière de réformes : la lutte contre la corruption financière et administrative, la réforme économique, la réforme sociale et culturelle, la réforme politique la réforme multisectorielle.

La définition dominante varie selon les conditions particulières à chacun des quatre pays, mais le secteur commun de prédilection de la réforme demeure l’économie, suivie de la corruption, plus loin de la réforme politique.

Le facteur externe et l’ouverture sur le reste du monde occupent une place croissante et positive — comparable au cas est-européen — dans le processus de réformes et affectent grandement sa perception.

«Les Occidentaux le savaient très bien au milieu des années 1990 lorsqu’ils favorisèrent des réformes démocratiques dans le monde arabe, comme ce fut le cas du Processus de Barcelone en 1995.»
La «demande extérieure de réforme» est particulièrement forte depuis le 11 septembre, la seconde guerre et l’occupation de l’Irak, puis son extension à l’Afghanistan.

L’enquête cible la réceptivité de cette demande : «L’opposition la plus forte à l’endroit de la demande extérieure de réformes s’exprime au Liban et en Egypte. Marocains et Jordaniens y sont moins réticents.» Les auteurs du rapport se contenteront alors de ce que ;
— le rejet de la demande extérieure des réformes n’est pas unanime ;
— une part significative de l’opinion y serait même favorable sous conditions (qu’elle ne serve pas les intérêts de forces étrangères).

La réforme économique affecte un secteur particulier : la redéfinition du rôle de l’Etat.
Nous demeurons dans la configuration des années 1980 où l’Etat et ses institutions financières furent contraints de prendre en considération certains fondamentaux de l’économie de marché, notamment le fait que le secteur public, qui a pris des proportions dominantes dans certains secteurs du pays, était devenu incompatible avec la croissance économique.

L’opinion publique arabe constate cependant une détérioration de la situation économique au cours des trois dernières années. C’est notamment le cas dans les secteurs de l’éducation et de la santé où une qualité médiocre de l’offre de services publique légitime fortement l’intervention du secteur privé (sauf en Jordanie).

Les libertés, la démocratie, la réforme politique et le facteur externe constituent un chapitre à part du sondage. «L’analyse et l’étude de la structure des régimes politiques arabes affecte une place particulière aux facteurs tribal, religieux ou régional — en cohabitation ou combinaison avec des éléments de modernité en matière militaire et de sécurité.».

Cette situation indique que le dialogue sur la démocratisation dans le monde arabe est particulièrement complexe. Si la troisième vague qui a affecté l’Europe de l’Est pour transformer ses Etats totalitaires en démocraties n’a pas atteint le monde arabe, cela tient à des raisons d’une extrême complexité.

Lorsqu’on mesure la compréhension de la démocratie par l’opinion arabe, on constate qu’elle la ramène à quelques indicateurs couvrant les champs d’intérêts suivants :
— les libertés fondamentales, y compris les libertés individuelles, de circulation et d’établissement ;
— les libertés d’opinion et de croyance ;
— la liberté de la presse ;
— la liberté d’association civile et politique ;
- la liberté d’élire des conseils représentatifs, aussi bien municipaux que législatifs : l’opinion publique arabe a généralement une appréciation négative de l’expérience parlementaire. Si le cas égyptien est considéré comme le plus concluant, c’est au Maroc que la plus haute proportion de déçus est enregistrée.

L’opinion est quasi unanime à souligner l’intérêt de deux libertés fondamentales : la presse et les élections.
A un palier au-dessous vient la liberté d’opinion et de pensée, «l’exception libanaise » en faisant même pour 94 % des personnes interrogées, un pilier «très important » de la démocratie. Dans les autres pays, les trois quarts la croient «importante », avec toutefois une distinction entre les libertés de pensée et de croyance qui s’explique par «l'ambiguïté» du terme croyance qui couvre les sphères religieuse, intellectuelle ou politique. C’est ce qui explique le fort pourcentage libanais.

Si l’opinion considère que les libertés fondamentales sont le plus souvent garanties par la loi, 20 à 35 % des personnes interrogées estiment toutefois qu'elles ne le sont toujours pas.

Les obstacles à l’élargissement de l’exercice des libertés démocratiques tiennent, pour l’opinion arabe, à l'instabilité, à la dégradation de la situation économique et, enfin, à l’inaptitude des gens à pratiquer une pleine démocratique.

L’idée que la démocratie peut être source de désordre et d’instabilité est alimentée par l’expérience irakienne de violence sectaire, les combats fratricides entre factions palestiniennes et les désordres internes générés par la nébuleuse islamiste dans d'autres pays comme le nôtre.

A. B.

(*) Arab Reform Initiative and Center for Strategic Studies, Jordan. Public Opinion Surveys Trends in Arab Public Opinion Towards Reform, January 2009.

Pas touche au boss !



Par Hakim Laâlam
Email : laalamh@yahoo.fr
Grippe A. Le ministère de la Santé va distribuer des masques de protection.

Roses pour les femmes, bleus pour les garçons !

Finalement, la plainte introduite par le RCD contre Abdekka et H’mimed n’aboutira pas. Pourquoi ? Pour plusieurs raisons que je vais tenter de vous énumérer. Cette plainte déposée à Alger ne peut logiquement aboutir parce que le plan de la circulation routière dans la capitale est toujours aussi compliqué. Pour de simples quidams, à pied ou en voiture, aller d’un point de la ville vers un autre point est une véritable expédition. Alors que dire d’une plainte et de ses chances d’aboutir ! La plainte du RCD ne peut pas non plus aboutir, car elle devait être examinée dans la forme durant ce mois de ramadan. Ça pose problème pour les juges. Pendant le mois sacré, on ne peut pas examiner dans le détail les formes. La yadjouz ! Imaginez un peu le calvaire, le supplice de ce magistrat en pleine observation du jeûne et à qui l’on confierait une autre observation, celle-là plus poussée, plus en profondeur des formes de la plainte du RCD. Il lui faudrait ensuite jeûner 60 jours, voire plus pour expier ce véritable péché. La plainte du RCD contre le président et son Premier ministre ne peut pas non plus aboutir du fait même du statut spécial du verbe «aboutir» en Algérie. «Aboutir» est un verbe martyr dans ce pays. Comme ça, de prime abord, à le regarder d’un œil non averti, le verbe «aboutir» peut paraître anodin, voire même banal. Pourtant, historiquement, le verbe «aboutir» a souffert, souffre et continuera de souffrir longtemps en Algérie. Et cela si on le compare à d’autres verbes, comme «promettre» qui, eux, coulent des jours heureux. On peut aussi considérer que si la plainte du RCD contre le chef de l’Etat et son chef de l’Exécutif n’a pas abouti, c’est aussi parce que le moment n’est pas opportun. L’aboutissement d’une telle double plainte pourrait perturber l’équipe nationale de football, sa préparation et son mental à l’approche de deux matchs décisifs, le premier contre le Rwanda à Blida, le second face à l’Egypte au Caire. Le pays tout entier est tendu vers cet objectif de qualification des Verts pour le Mondial. Et rien ne saurait gêner ou chambouler cette marche victorieuse. Imaginez un peu l’état psychologique d’un joueur comme Mourad Megueni s’il venait à apprendre que Abdekka et H’mimed sont sous le coup d’une plainte du RCD ? Ça le mettrait à plat. Ça lui scierait les jambes. Et je suis sûr que personne ne veut en arriver là. Même pas le RCD. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L.

"Le Penseur" pendant le Ramadhan

Filtres

Aux tares souvent décriées d’un système éducatif qualifié de peu performant dans son ensemble, parfois même de sinistré, qui déteint ainsi forcément sur l’Université, s’ajoute le fonctionnement et l’organisation de celle-ci, dont les modalités de sélection en son sein.

Annoncée auparavant, la création de grandes écoles en Algérie vient de faire l’objet de décrets exécutifs parus au Journal officiel du mois écoulé. Il s’agit notamment de trois écoles nationales supérieures, l’une de sciences politiques, la seconde de journalisme et des sciences de l’information, et la troisième des mines et de la métallurgie, ainsi que de deux écoles préparatoires en sciences et techniques.

Tout un programme dont on devine l’ambition : donner à ces disciplines un essor que ne peut pas leur assurer l’université dans son état actuel. C’est que cette dernière se trouve à un stade de délabrement tel qu’elle n’est plus en mesure d’accéder à l’excellence. Un tel délabrement, elle était assurément vouée à l’atteindre par la faute de causes endogènes et exogènes.

Parmi ces causes, il y a d’abord le niveau souvent peu reluisant des bacheliers qui y accèdent, et c’est la première conséquence de faiblesses cumulées durant les paliers inférieurs, même si “tout n’est pas noir dans l’école algérienne”, comme vient de l’affirmer le ministre de l’Éducation nationale. Des faiblesses dont l’Université est devenue “le réceptacle naturel”, un peu malgré elle, certes, et qu’elle transmet en l’état au monde du travail, donc à la sphère économique.

Aux tares souvent décriées d’un système éducatif qualifié de peu performant dans son ensemble, parfois même de sinistré, qui déteint ainsi forcément sur l’Université, s’ajoute le fonctionnement et l’organisation de celle-ci, dont les modalités de sélection en son sein. C’est, par exemple, un lieu commun de dire que ce ne sont pas toujours les meilleurs qui accèdent à la postgraduation.

Ce sont notamment ces critères de sélection qu’il sera question de réformer dans la foulée du lancement de ces nouvelles grandes écoles qui, du coup, constitueront pour certains métiers des filtres de tri entre l’Université et le monde du travail. Un monde du travail perçu ici dans son acception générale puisqu’il englobe des domaines allant de la métallurgie aux sciences po.

Tout un programme, en effet. Mais pour l’heure, cela reste un programme, sans plus. Car il s’agit de ne pas rééditer les ratages de l’Université. Et ce n’est pas une mince affaire.

Par :Saïd Chekri

Les "tenues" de la rentrée scolaire en Algérie

L’éternité pour Benbouzid

“La réforme, c’est jamais fini”, a dit le ministre de l’Éducation. Convenons que la formule est lumineuse. Parce qu’autrement, ce serait pour l’institution scolaire nationale “la fin de l’Histoire”, comme pour l’Europe de Hegel “réformée” par les conquêtes de Napoléon dans le sens de la raison et du droit ou comme pour le monde de Fukuyama entièrement gagné à la démocratie.

Mais non, la suite, les suites ont toujours montré qu’il faut repartir au combat et qu’il n’y a pas de repos pour qui veut mieux faire. Ou au moins s’opposer aux forces du pire.

Ce n’est sûrement pas de philosophie de l’histoire qu’il s’agit, chez le ministre de l’Éducation. Il veut simplement justifier sa démarche en pointillé, hésitante, contradictoire. C’est la réforme en général, c’est vrai, c’est comme le Far West — il faut toujours avancer dans la voie choisie —, mais la réforme en particulier, celle conçue par la commission Benzaghou, ce devrait être fini. On attendait un paquet de réformes hiérarchisées avec un paquet de mises en œuvre, on a un éternel recommencement fait d’improvisations, de résolutions, de reculades et parfois de contre-réformes.

Le ministre à la longévité la plus “visible”, parce qu’il y en a de plus vieux qui se font oublier par leur discrétion médiatique et leur nomadisme, pense peut-être qu’il a tout le temps pour lui. Mais pas les enfants. Une génération de ratée, c’est un avenir national qui, à échéance, est compromis.

L’école fondamentale, par exemple, aujourd’hui confirmée comme désastre pédagogique, aura sacrifié plusieurs générations d’enfants. Ces cobayes d’une école pour une Algérie “authentique”, où l’on apprend aux élèves à croire et non à penser, et à “photographier” des connaissances adaptées à leur “identité” officielle, font, pour la plupart, l’Algérie d’aujourd’hui et feront celle de demain.

C’est le ministre lui-même qui, après deux décennies de résistance à la réalité, vient de dire que l’école était “sinistrée”. Était, autrement dit, ne l’est plus. Soit ! Si, aujourd’hui, il reconnaît la ruine passée de notre école, il en reconnaîtra sûrement plus tard les dommages en cours.

Il faut dire que le ministre n’est pas aidé, ni par la société ni par son personnel. La société s’organise pour s’en tirer individuellement et pour ceux d’entre les parents d’élèves qui n’ont pas de stratégie familiale d’éducation, ils se contentent de profiter de la fonction garderie de l’institution.

Les enseignants non plus ne sont pas d’un grand secours, à s’en tenir à l’expression strictement syndicale de leurs préoccupations. Leurs difficiles conditions sociales et professionnelles ne justifient point, en effet, que la revendication en reste au seul niveau social, même quand elle adopte le discours pédagogique. On ne s’explique pas que des enseignants qui s’inquiètent de voir leurs journées se rallonger ne s’émeuvent point du tabou du vendredi matin et conçoivent que des vacances scolaires s’étalent du 9 mai au 13 septembre !

Il est normal que le débat de la rentrée scolaire finisse par être drapé dans les tabliers colorés et emmanchés des élèves : les questions de fond ont l’éternité pour elles.

Par :Mustapha Hammouche

Pourquoi Canal+ Maghreb ne veut pas s’installer en Tunisie?

«Seuls les yeux ne vieillissent jamais: l’âge passe et ne touche pas le regard.»
Tahar Ben Jelloun "Extrait de L’Auberge des pauvres"

Canal+ Maghreb a lancé récemment un nouveau site Internet en Algérie et au Maroc pour faire la promotion de ses offres commerciales mais pas encore en Tunisie...Pourquoi le groupe Canal+ n’est plus intéressé par le marché tunisien alors que l’opération lancée dans les années 90 avait porté ses fruits? Pour les spécialistes, cela résulte d’un problème commercial et politique, car Tunis souhaite que Canal+ investisse en Tunisie et n’utilise pas son pays comme un marché pour vendre son produit.

Canal Horizons, filiale de la chaîne de télévision cryptée Canal+ (France) avait définitivement arrêté la diffusion de ses programmes en Tunisie après neuf ans d’activité en octobre 2001, pour des «raisons économiques» avait indiqué, à l’époque, Raouf Essaïed, P-DG de la Société tunisienne d’exploitation et de diffusion (Sedat), qui gère Canal Horizons Tunisie. «C’est une sanction du marché, le produit culturel proposé par la chaîne n’est plus rentable», avait déploré M.Essaïed. Selon lui, cette décision ne donnera pas lieu à un déficit d’images pour la Tunisie.

Canal Horizons avait en Tunisie 35 000 abonnés, soit 50% de moins que le PIC des 65.000 atteint durant ses années de succès, avant l’invasion des paraboles qui permettent de capter des centaines de chaînes par satellite. Selon M.Essaïed, l’arrêt de diffusion s’est produit en vertu d’un protocole d’accord signé entre Canal Horizon France et la Sedat, qui a été chargée d’indemniser le personnel tunisien (105 employés) et de liquider les créances. Un conseil d’administration de la Sedat, société de statut local gérant un chiffre d’affaires de 10 millions de dinars (presque 8 millions d’euros).

Canal Horizons qui était présente en Afrique subsaharienne comptait en mars 2001, 152.000 abonnés. Mais pour l’heure, le marché tunisien ne semble pas intéresser le groupe Canal + qui tarde à trouver un partenaire sérieux à Tunis et à régler le contentieux laissé par Canal horizons. Fort d’un marché de 65 millions d’habitants entre l’Algérie et le Maroc et de sa présence dans 25 pays africains, le Groupe Canal+ table sur un potentiel de 10 millions de familles maghrébines équipées de paraboles pour renforcer sa présence sur le continent.

«Le Maghreb compte une très forte population francophone, passionnée de télévision française», avait indique le P-DG de Canal+ Overseas, Jean-Noël Tronc. Un marché qui a, en fait, doublé en potentiel suite à l’extinction du signal de l’ancien concurrent TPS vers le Maghreb, fin 2008, après son rachat par Canal+, rendant le piratage impossible. Pour éviter tout nouveau piratage par les hackers européens, principalement les Russes et les Irlandais, mais aussi les Israéliens, le groupe Canal+ a choisi de fixer son offre sur le satellite Arabsat.

«Le Bouquet de Canal+», est une offre commerciale «radicalement différente» de celle de Canal+ Horizons, assure Jean-Noël Tronc, président de Canal Overseas, Le bouquet en question sera diffusé via Arabsat, grâce à un partenariat contracté avec le principal transporteur de chaînes arabes. Le projet a été monté en deux mois, un laps de temps «si court qu’il mériterait de figurer dans le Guinness des records», se réjouit le vice-président d’Arabsat, Mohamed Youcef.

Amira SOLTANE

Fiscalité

La taxe carbone qui vient d’être introduite dans une fiscalité française, déjà surchargée, a relancé la polémique entre les tenants de la majorité présidentielle et l’opposition traditionnelle de gauche qui ne voit là qu’un coup bas supplémentaire porté au pouvoir d’achat des Français.

Il faut rappeler que l’impôt est une mesure aussi vieille que le pouvoir: dès qu’une autorité s’installe quelque part, son premier geste est d’assujettir à l’impôt toute la population soumise: cela va de la capitation jusqu’au péage des ponts et au passage des frontières, en passant par les taxes fixées sur toutes les marchandises qui transitent ici et là.

Si dans les régimes autoritaires, l’impôt était un droit souverain non justifié et qui s’exerçait par la force et par un prélèvement en nature ou en espèces sur les revenus du contribuable, les régimes modérés prirent comme prétexte la communauté de la défense et l’entretien de l’armée: ainsi, une armée en campagne logeait d’autorité chez les sujets.

Un seigneur qui prenait la peine de construire un pont qui enjambe un cours d’eau impétueux se rattrapait en faisant payer à tous ceux qui l’empruntaient un droit de péage. N’étaient exempts que les hommes d’église ou les montreurs de singes ou d’ours qui étaient souvent démunis au point de ne s’acquitter de leur dû que par un de leur tour de cirque, d’où l’expression monnaie de singe.

Tout était prétexte pour le souverain pour remplir les caisses. Et plus les caisses se vidaient, plus les gouvernants s’ingéniaient à chercher et à trouver de plus en plus de nouvelles taxes. Il y avait des taxes économiques destinées à favoriser l’économie locale, des taxes incontournables car elles concernaient un produit indispensable. Il y avait des droits à payer pour tout nouveau résidant sur un territoire donné. Les voyageurs de passage devaient payer le droit pour emprunter les portes des villes du Moyen Age.

Il y avait des impôts politiques faits juste pour décourager les opposants. Le plus célèbre d’entre eux fut celui imposé par Ivan le Terrible, tsar de toutes les Russies qui fit payer à ses seigneurs (les boyards) le droit de porter une barbe, symbole de piété, de sagesse et de pouvoir. Et la taxe était évaluée selon le système pileux de chaque individu. L’Eglise catholique et romaine a suivi le mouvement en faisant payer à ses fidèles la dîme et toutes les prestations fournies par l’église: baptême, communion, mariage...

De nos jours, ce sont les taxes douanières et les impôts sur les bénéfices et les revenus qui dominent. Mais le législateur a quelquefois la main lourde pour certains produits de grande ou dangereuse consommation comme les tabacs et les alcools. Certaines taxes sont présentées comme provisoires afin de colmater une brèche dans le budget de l’Etat: la vignette automobile, instituée en France pour payer les pensions de vieillesse, a eu la vie longue puisqu’elle existe encore malgré le fait que les caisses de retraite ont connu des jours meilleurs. D’ailleurs l’automobiliste sera considéré comme la vache à lait du système fiscal français puisqu’il connaîtra la Tipp (taxe sur l’importation des produits pétroliers) qui se fera sentir à la pompe. Les autoroutes privatisées exigeront une rançon supplémentaire des esclaves du volant.

Chez nous, le gouvernement a essayé de décourager l’achat de véhicules importés (bien qu’on n’en produit pas) par une taxe supplémentaire. En vain. Seule la suppression du crédit a porté un coup déterminant à la gabegie.

Selim M’SILI

Un débat de retard

Lorsque les historiens se pencheront sur l’actuelle époque journalistique, il est possible qu’ils en parleront comme d’un âge de décadence de la profession en Algérie. Il y a trois jours, une polémique s’est déclenchée entre le syndicat des travailleurs de l’une des deux imprimeries d’État et le chef de cabinet du secrétaire d’État auprès du Premier ministre chargé de la Communication.

Le syndicat s’est plaint par écrit auprès du Premier ministre des interférences, dommageables à la gestion de leur unité, du chef de cabinet en question. C’est ainsi qu’a commencé cette polémique entre les deux parties. En filigrane de cet échange de piques, il y a une réelle problématique dans le monde de la presse, aujourd’hui en Algérie, à savoir les interférences de la tutelle dans l’impression des journaux. Une interférence qui touche également la répartition de la manne publicitaire, la dette des journaux et ainsi de suite jusqu’à la liberté de la presse.

A ceux qui ont leur propre imprimerie on impose l’arsenal juridique et aux autres on invoque le principe de commercialité. Si pour la presse algérienne ce sont des questions cruciales, au plan international les enjeux sont ailleurs. Avec les changements sismiques qui secouent le paysage des médias, il s’agit pour les journaux de parer à cette crise induite par le phénomène du journal gratuit et surtout par l’utilisation du Web. Les nouvelles technologies ont donné naissance à de nouvelles tribunes et de nouveaux types de médias.

À mesure que la part d’audience des nouveaux médias s’accroît, on assiste à une intensification du débat sur la question de savoir si ceux qui les pratiquent respectent les normes traditionnelles qui distinguent le journalisme professionnel digne de ce nom, de la publication de ragots et de commérages.Et de ce point de vue, l’Algérie est en retard d’un débat. De place de leader régional, la presse algérienne s’enlise dans des considérations futiles alors que ses voisins gagnent en qualité et en professionnalisme.

Au moment où des experts nationaux et internationaux affirment que le nombre de journaux en Algérie est excessif, le secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre chargé de la Communication, Azzedine Mihoubi, soutient que cette «overdose de journaux» est un signe de bonne santé pour le pays. Dans un entretien à l’agence «Mena» publié samedi dernier, M.Mihoubi a souligné que le nombre important de titres de la presse en Algérie «reflète la stabilité du pays». Le secrétaire d’Etat a même poussé plus loin en précisant que les 80 titres traduisent les vues et visions des classes sociales en Algérie. Voilà où en est le débat sur la presse nationale. Un débat en retard.

Brahim TAKHEROUBT

Brice et Fadéla

Il y a quelque chose de gênant dans cette histoire du ministre de l'Intérieur français, Brice Hortefeux, qui aurait tenu des propos à connotation raciste lors de l'université d'été de son parti, l'UMP. C'est toujours gênant quand un homme politique est accablé pour des propos qu'il se défend d'avoir tenus, surtout quand celui-ci n'est pas particulièrement connu pour les idées ou les convictions qu'on lui prête.

On dit de Brice Hortefeux que c'est une bête de travail, qu'il a des compétences avérées et surtout qu'il est politiquement issu d'un catholicisme social dont les valeurs humanistes supposent qu'il serait insoupçonnable de telles dérives. Fadéla Amara, sa collègue au gouvernement et l'un de ses plus francs soutiens dans cette «malheureuse épreuve», ne peut pas, de par ses origines, son parcours et ses convictions, logiquement «laisser passer ça».

Et sûrement pas défendre un ministre convaincu d'une telle horreur à un moment où d'autres, plus proches de lui, se sont tus ou ont parlé du bout des lèvres au nom du seul principe de solidarité gouvernementale.

Issue de l'immigration algérienne, banlieusarde qui refuse le ghetto, ancienne présidente de «Ni putes, ni soumises», on ne lui connaît pas de compromis sur ses idées et c'est apparemment en tant que telle que Sarkozy la veut dans son équipe. Avec Brice Hortefeux.

Ce dernier est en train de se défendre comme il peut contre une accusation dont on ne peut ni confirmer ni infirmer la nature. Pour lui, il ne s'agissait en l'occurrence que d'une plaisanterie qu'il aurait lancée à l'adresse d'un jeune militant de l'Auvergne.

Le «quand il y en a un, c'est bien, c'est quand il y en a beaucoup que ça pose problème» ne serait donc pas destiné au jeune maghrébin qu'on venait de lui présenter, mais le coup est parti.

Les caméras, de plus en plus inévitables et de plus en plus impitoyables, étaient là pour ça, même si les hommes politiques ont parfois tendance à l'oublier. Mais dans le cas du ministre de l'intérieur français, il n'y avait normalement pas que les caméras à surveiller.

Dans une université d'été de son parti, Brice Hortefeux devait quand même savoir que ce genre de dérapage soulèverait le tollé, y compris au sein de sa famille politique qui n'est quand même pas le Front National.

Avec Fadéla Amara, c'est Eric Besson, un autre collègue issu de la gauche et aussi insoupçonnable de fermer les yeux devant des déclarations racistes, l'a défendu a défendu Hortefeux avec enthousiasme. Quel que soit le sens du propos du ministre de l'intérieur français, il reste que dans ce pays, on réfléchit à deux fois avant de se laisser aller au propos raciste. M. Hortefeux ne devait pas l'ignorer.

Un préfet vient de le payer de son poste en attendant plus. Mais lui non plus ne l'ignorait pas. La différence est qu'il le savait et il n'était pas loin de le revendiquer.

Slimane Laouari

Fantômas, le retour

Durant toute une journée, Benyamin Netanyahu a été porté disparu. La presse israélienne l'a cherché partout mais le «colon à deux têtes» est resté introuvable. Pourtant, il n'a pas été vu au chevet de Shimon Pères, la colombe qui a perdu toutes les plumes de la paix.

A-t-il visité un centre de sécurité, comme l'a annoncé son attaché militaire pour expliquer sa disparition ? S'est-il entretenu en toute discrétion avec des hauts responsables du Mossad, une hypothèse parmi tant d'autres qu'ont avancée les médias israéliens ?

Ceux-là n'ont vu que du feu, Netanyahu a pris un vol secret pour Moscou ! Le temps d'un aller-retour éclair qui a finalement conforté la thèse de la désinformation officielle. Mais que l'opinion publique israélienne ne sente pas offusquée, il y a des affaires qui se règlent en privé.

Quitte à ce que le mensonge d'Etat soit reproché tôt ou tard à ses commanditaires. Après tout, il s'agit de la sécurité des Israéliens que Netanyahu est parti marchander auprès du tandem Poutine-Medvedev. Inutile de lui reprocher quoi que ce soit puisque, à la différence de son aîné Ariel Sharon, qui s'était embrouillé avec Vladimir Poutine à propos de livraison de missiles antiaériens à Damas, Netanyahu a juste procédé autrement.

En toute discrétion afin de convaincre le Kremlin de ne pas honorer son contrat de vente de missiles antiaériens aux mollahs d'Iran.

Un arsenal militaire dont la République islamique pourrait s'en servir pour sécuriser ses installations nucléaires. Pourquoi l'Etat hébreu serait-il encore tenté de frapper ces mêmes installations alors que l'Occident vient de se déclarer disponible à négocier la récente plateforme proposée par le régime de Téhéran ?

Jamais, au grand jamais, l'indestructible alliance israélo-américaine n'a écarté cette option. Ne pas confondre avec une invasion proprement dite qui, elle, ne figure pas sur l'emploi du temps secret de Benyamin Netanyahu. Mais pour Vladimir Poutine, le Premier ministre qui n'exclut pas de se présenter à la présidentielle russe de 2012, le mélange des genres est inadmissible.

Toute option militaire contre son allié iranien est un scénario inacceptable et dangereux. Benyamin Netanyahu, le fantôme d'un jour, lui a-t-il promis de ne pas s'en prendre militairement à l'Iran si la Russie renonce définitivement à fournir le parapluie antiaérien aux mollahs ? Rien n'a filtré au sujet de cet échange de bons procédés.

Tout ce que l'on sait c'est que le Kremlin a été formel sur un point : le cargo Arctic Sea, intercepté par la marine russe au large des îles du Cap-Vert, ne s'apprêtait en aucun cas à acheminer des missiles SS-300 vers la République islamique d'Iran. Le Mossad fabule-t-il à présent ?

Le démenti de la Russie n'étant pas la bible, selon le grand rabbin de Tel-Aviv, Netanyahu s'est senti investi par sa mission secrète à Moscou. Avant de retourner chez lui avec la certitude suivante : l'œil de Moscou ne fermera pas quand il s'agira de défendre les intérêts de la Russie en Iran.

Par Anis Djaad

Gare Aomar rattrape son retard

Une information rapportée hier dans la page régions d’un quotidien national nous apprend que des jeunes inconnus se conduisent en terre conquise dans les espaces de la localité de Gare Aomar et, plutôt que de la fraise ou des figues de barbarie, ils y font pousser des parkings illégaux. «Comme des champignons», dit l’article qui nous explique que là-bas, quand on gare son véhicule, on doit casquer 50 dinars aux fiers à bras si l’on tient à retrouver sa voiture intacte au retour.

Et quand vous tombez parfois sur un «parking» en litige, il arrive que vous soyez contraint de payer les deux prétendants. Et ce diktat lucratif s’exerce «sous le nez et la barbe des forces de l’ordre sans qu’elles ne réagissent», s’étonne l’auteur, appelant «les services concernés» à «agir promptement et de manière efficace afin de trouver une solution à ce phénomène». Ne sont-ils pas des chanceux à Gare Aomar, eux qui ne font connaissance avec ce «phénomène» qu’une décennie après que la géniale technologie du «parking» ait été importée du Maroc puis améliorée chez nous dans le cadre de l’emploi des jeunes.

L’avantage chez nous c’est qu’en l’absence d’un royaume et de son makhzen à qui payer des redevances, ils gardent tout pour eux et ne refilent rien à l’Etat. A Alger, où l’on est toujours devanciers dans les trouvailles pas trop fatigantes mais lucratives, il y a déjà plusieurs années que l’automobiliste se plaint des «parkings illicites», que les journaux rapportent ses plaintes et que le diktat se poursuit.

Exactement comme à Gare Aomar «sous le nez et la barbe des forces de l’ordre». A Alger, on a dépassé ce stade ; aujourd’hui on y fait descendre le business dans la rue un peu comme l’histoire de la révolution «jetez le business dans la rue…». Lorsque le devoir les appelle, nos jeunes répondent toujours présent.

Gare Aomar aura sa part et, quand son moment arrivera, le contenu de ses magasins finira lui aussi par s’étaler dans la rue. Cela ne devrait pas s’arrêter à Gare Aomar et cela devrait faire tache d’huile partout dans la RADP. Une évolution qui rappelle si bien la mise en garde de Ben Bella à son retour d’exil. «On veut marocaniser l’Algérie», disait-il à l’époque.

Par Mohamed Zaâf

En attendant, ils meurent…

La question de l’hémodialyse inspire encore beaucoup de débats en milieu hospitalier, et dans les milieux associatifs où elle est l’objet d’un engagement et d’une mobilisation solidaires. Cela est sans doute dû à la complexité de la situation des malades devant subir des séances plusieurs fois par semaine et leur détresse les mène parfois au comble du désespoir.

L’hémodialysé est incapable de mener une vie normale, séquestré par sa maladie, mobilisé et ruiné par elle et parfois hélas terrassé aussi. En attendant de trouver un donneur compatible dans sa famille et qui veuille bien se livrer à ce don de rein, l’hémodialysé ne vit plus. Il attend, cheminant entre chez lui et le centre où il doit subir la dialyse jusqu’à quatre fois par semaine.

Si l’Etat a consenti ces dernières années des efforts importants en matière d’équipements, à l’échelle nationale et aux échelons régionaux, pour couvrir les besoins en soins intensifs, notamment en hémodialyse, renforçant la proximité de ces machines absolument vitales pour ces malades, des choses demeurent encore à faire pour que l’hémodialyse, qui est en soi une contrainte handicapante, le soit le moins possible. Des choses restent encore à faire dans la voie de la perception religieuse qui fait que des gens, croyant que la transplantation d’organe contredit les principes de l’islam, refusent de s’y prêter.

Pourtant, la question est réglée et ne subsistent, dans l’esprit d’une Algérie profonde encore en retrait, que des résistances irrationnelles dont l’absurdité est souvent masquée par l’argument de la religion.

F. N.

L’Etat et le privé

Le feuilleton du conflit commercial entre Algérie Télécom et le provider Eepad, qui ressuscite à chaque fois qu’est annoncée la fin du dernier épisode, est révélateur des rapports flous entre entreprises publiques et privées et, par extension, entre l’Etat et le privé.

D’ailleurs, les déclarations du ministre en charge du secteur, qui réussissent la prouesse de surfer entre propos contradictoires et fidélité à la même ligne de conduite, illustrent cette valse hésitation entre la promotion et même la protection du secteur privé, d’une part, et de l’autre, l’évitement de le couver sous le sceau de l’assistanat.

Il faut d’abord se dire, par-delà cet exemple précis, que depuis exactement une année, à savoir l’éclatement de la crise mondiale, l’intervention de l’Etat n’est plus un tabou, encore moins un crime de lèse doctrine capitaliste. Les Etats-Unis, sanctuaire de la libre entreprise, ont bel et bien versé dans l’interventionnisme étatique, et nous on ne peut pas être plus royaliste que le roi.

En d’autres termes, il n’y a aucune honte à venir en aide à une entreprise, pour peu qu’elle soit en danger d’extinction d’une part, et de l’autre, qu’elle ait prouvé qu’elle est performante et utile au tissu économique et social du pays. Ceci étant, pour revenir à ce conflit précisément, la question est : comment en est-on arrivé là, à un endettement aussi colossal ?

Les sonnettes d’alarme sont faites pour être tirées et les mises en demeure pour être adressées au récalcitrant. En tout état de cause, ce conflit aura servi de leçon pour l’Eepad, mais aussi pour les entreprises peu enclines à honorer leurs engagements.

N. S.