mardi 20 septembre 2011

L'AMBASSADEUR DE FRANCE, XAVIER DRIENCOURT, À PARTIR DE RELIZANE «L'Algérie n'est pas la Tunisie»

«Il n'y a pas de soutien français prononcé en faveur du Maroc», a déclaré le représentant diplomatique de la France à Alger.

«La France et son gouvernement sont du côté de l'Algérie et suivent de près ce qui se passe ici», a indiqué l'ambassadeur Xavier Driencourt lors de la conférence de presse qu'il a animée hier à Relizane.


Voilà une déclaration qui résume tout l'intérêt réservé par la France à l'Algérie, notamment ces derniers temps marqués par les chamboulements politiques qui prévalent dans plusieurs pays arabes. A partir de ce point de vue, le représentant diplomatique de la France à Alger a mis fin à toutes les supputations colportées par la rue et les moins avertis.

«On ne peut pas comparer l'Algérie à la Tunisie ni à la Libye ou l'Egypte», a-t-il expliqué. Xavier Driencourt n'a pas été avare en déclarations. Dans sa rencontre avec les journalistes, il a développé autant de sujets de l'heure dont celui de l'avenir des relations algéro-françaises.
Selon le diplomate, celles-ci sont soutenues par une dynamique importante en matière d'investissements. Les grands projets de partenariat et de coopération mutuelle sont plus que révélateurs de cette évidence. «L'avenir des relations algéro-françaises est radieux car nous avons beaucoup de choses en commun et ce, dans tous les domaines», a-t-il argumenté. «Pour preuve, a-t-il ajouté, le ministre français de la Culture, Fréderic

Mitterand, se rendra dans un prochain avenir, en Algérie et prendra part au Salon du livre». L'Algérie fêtera, dans moins d'une année, le 50e anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale. Cette date se veut être un nouveau souffle dans les relations algéro-françaises. Mais, quelques embûches, dues notamment aux nostalgiques de l'Algérie française viennent, encore une fois, faire des vagues dans l'eau. L'ambassadeur croit dur comme fer que la réconciliation entre les deux pays est tributaire de la volonté des hommes.

«Nous devons être des hommes de bonne volonté», a-t-il appelé ajoutant que «nous (la France, Ndlr) sommes indirectement concernés et je crois que les deux pays veulent faire de cette date (50e anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie) un départ pour la réconciliation». Sur un autre registre, le diplomate qui est revenu sur le rôle que la France joue dans le conflit du Sahara occidental précisera qu' «il n y a pas de soutien français prononcé en faveur du Maroc». Sur sa lancée, il dira que «nous soutenons le plan onusien de Christophe Ross et les efforts des Nations unies». Là encore, l'ambassadeur français à Alger a mis fin à autant de surenchères qui ont alimenté ces derniers temps les débats locaux, régionaux et même internationaux.

Dans cette suite de déclarations, Xavier Driencourt a, sans le dire explicitement, rappelé que la seule politique défendue par la France quant au dossier du Sahara occidental, est le retour à la légalité internationale. Cela laisse supposer que ce conflit doit être traité par l'institution habilitée à le faire, l'ONU. En substance, il dira qu'«il n'y a pas de tropisme particulier en faveur du Maroc».

L'historien MOHAMED HARBI à “Liberté” “Le système est dans une impasse politique”

Professeur de sociologie et d’histoire à l’université de Paris VIII, puis à Paris V et VII, puis maître de conférences à l’université de Paris VIII, Mohamed Harbi a bien voulu, à travers cet entretien, livrer quelques impressions sur le sens et la portée du colloque dédié au père du nationalisme algérien.

Liberté : Par rapport au colloque organisé en 2000 à l’initiative de quelques membres de la société civile et placé sous le patronage du président de la République, quels éléments historiques nouveaux a apporté celui de 2011 ?
Mohamed Harbi : D’abord une bonne partie des participants n’est pas la même que celle du colloque antécédent. Depuis ce moment-là, il y a énormément d’éléments nouveaux qui sont intervenus qui permettent ou qui obligent à se poser des questions d’une autre manière. Et donc de réviser certains épisodes qui ont brouillé le regard des historiens et des acteurs. Parce que la brouille du regard des acteurs est beaucoup plus importante que le regard des historiens puisque ces derniers parlent de ce qui a été, alors que les acteurs, eux, parlent de ce qu’ils ont fait. Par exemple, comme élément nouveau, j’ai le compte rendu d’une conférence de Boudiaf donnée aux militants du PRS (Parti de la révolution socialiste) dans laquelle il révèle un certain nombre d’éléments nouveaux sur l’attitude de différents personnages au moment de la crise. Il explique comment alors une bonne partie des membres de l’OS avaient pris position pour Messali une fois la crise déclenchée, ont changé leur opinion à partir du moment où il est intervenu. Or, son opinion à lui était déterminée par le caractère de la crise qui a eu lieu en France et non pas simplement par l’ensemble des données de la crise.

Dans votre conférence, vous avez mis en évidence le fait que Messali Hadj a prôné à un certain moment la lutte armée alors que certains courants estiment au contraire qu’il n’a jamais envisagé cette voie ?
Effectivement, Messali Hadj était pour la lutte armée. J’ai expliqué que j’avais le témoignage de Moussa Boulkeroua qui était à l’époque le responsable de la fédération de France. Il m’a affirmé qu’au moment où il était parti en Orient et qu’il était venu précipitamment à Paris pour suivre une conférence des nations unies en rapport avec un certain nombre de délégués de pays arabes, il a été appelé par Messali pour transmettre un message urgent à Benkhedda. Quel était le contenu de ce message ? : c’était le fait de choisir un certain nombre de militants pour les envoyer au Caire contacter l’émir Abdelkrim et être affectés à des stages militaires dans des académies arabes. Et cela devait être fait dans la perspective d’organiser un encadrement pour des opérations militaires en Algérie. Le parti restant, le cœur de l’entreprise, les militaires agissant en accord avec le parti et la population. C’est donc une différence d’approche dans la conduite de la guerre que celle qui a eu lieu avec les fondateurs du FLN. Je peux d’ailleurs rappeler une opération du même type, c’est celle de Bourguiba. Au moment où les négociations du gouvernement Chenikh, qui était appuyé par le néo-destour, ont échoué, il a décidé lui de passer à la lutte armée. Il a tenu un rassemblement populaire et voilà ce qu’il a dit : “nous allons passer à la lutte armée, ne perdez pas la tête, nous allons combattre une grande puissance et donc il n’est pas question de victoire militaire, notre victoire sera politique, nous allons amener la France à nous reconnaître comme interlocuteur, à discuter avec nous et à revoir le statut de la Tunisie pour aller vers l’indépendance.” L’attitude et la manière dont Messali envisageait la lutte armée étaient exactement les mêmes que celles de Bourguiba.

Depuis l’annonce de la nouvelle loi sur les partis, des voix s’élèvent pour réclamer la remise sur les rails du PPA fondé par Messali Hadj. Selon vous, ce vieux parti pourra-t-il aujourd’hui revenir sur la scène politique et y résister ?
La réponse n’est pas de mon ressort, elle est du ressort des anciens messalistes. Mais si j’avais été, moi, un ancien messaliste, je dirais que le PPA a accompli sa mission et qu’on en reste là. C’est exactement comme le FLN dont la fin de mission aurait dû lui être notifiée en 1962.

Face aux mouvements populaires de contestation qui embrasent les pays arabes, l’Algérie, selon vous, risque-t-elle d’en être affectée ?
Je pense que l’Algérie a un système qui est dans une impasse politique, mais que la porte n’est pas définitivement fermée à des changements. La société espère que le pouvoir en place fera en sorte que l’impasse dans laquelle nous sommes ne mène pas à des aventures.

Anouar Haddam annonce son retour prochain en Algérie

Anouar Haddam se prépare à revenir en Algérie. L’ancien dirigeant de l’ex‑FIS, en exil aux États‑Unis depuis 1992, a décidé de rentrer au pays, a‑t‑il affirmé dimanche soir dans une déclaration à TSA. « J’ai décidé de rentrer chez moi en Algérie, en dépit du refus des autorités de répondre à ma demande formulée le 25 août 2006 de bénéficier des dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale », a expliqué M. Haddam.

L’ancien responsable du FIS (dissous) n’a pas précisé la date de son retour en Algérie. « J’annoncerai moimême la date du retour », a‑t‑il seulement dit. L’ancien président de la délégation de l’ex‑FIS à l’étranger veut ainsi mettre le gouvernement algérien devant le fait accompli. « Tout Algérien a le droit de rentrer dans son pays », se défend‑il. M. Haddam affirme soutenir un changement « politique consensuel et pacifique » en Algérie. « Le changement est inévitable », a‑t‑il dit.
M. Haddam devait rentrer une première fois au pays en 2005, suite à une invitation lancée par Abdelaziz Belkhadem, à l’époque ministre d’État sans portefeuille. Mais il a renoncé à rentrer, après avoir donné son accord pour un retour en Algérie. Anouar Haddam était parmi les principaux dirigeants de l'ex‑FIS en Algérie, avant de diriger le parti à l’étranger après son exil aux États‑Unis.
L’annonce de M. Haddam intervient dans un contexte marqué par un débat en Algérie sur le retour à l’activité politique des dirigeants de l’ex‑FIS. Les autorités continuent d’entretenir le flou sur leurs intentions dans ce dossier. Jeudi, dans une déclaration à TSA, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme (CNCPPDH) a déclaré qu’il « ne pense pas que le président Bouteflika soit contre le retour des dirigeants du parti islamiste dissous sur la scène politique ». Mais Farouk Ksentini n’a pas précisé qui, au sein du pouvoir, s’oppose au retour des chouyoukhs de l’ex‑FIS qui cherchent à activer dans la politique en Algérie, près de vingt ans après la dissolution de leur parti.

ENTV : les deux présentateurs vedettes du JT de 20 heures écartés

Karim Boussalem et Farida Belkacem ne présenteront plus le journal de 20 heures de l’ENTV. Les deux présentateurs vedettes ont été écartés de la présentation du rendez‑vous de 20 heures. Selon nos informations, cette décision a été prise à la demande de la présidence de la République. Pour cette dernière, les deux journalistes, notamment Karim Boussalem, auraient traité mollement et froidement les sujets liés aux réformes annoncées par le chef de l’État en avril dernier. Ils n’auraient pas su les mettre en valeur pour convaincre l’opinion publique nationale. La présidence de la République s’implique souvent directement dans la gestion de l’ENTV, surtout le journal de 20 heures.

Karim Boussalem, qui présentait le journal de l’ENTV depuis plus de 10 ans, était à l’antenne pour tous les grands évènements d’information et les sujets politiques couverts par l’Unique. Désormais, il devrait poursuivre sa carrière sur une autre chaîne de télévision. Probablement à l’étranger mais pourquoi pas en Algérie, avec l’une des nombreuses nouvelles chaînes de télévision annoncées dans le cadre de l’ouverture de l’audiovisuel !