samedi 24 octobre 2009

Expectative

Parce qu’ils s’expriment très rarement sur cette question, il est toujours important de chercher à connaître la position des Etats-Unis à l’égard du conflit du Sahara occidental. L’opportunité en a été offerte au sous-secrétaire d’Etat américain chargé des Affaires du Moyen-Orient, Jeffrey Feltman, lors de sa visite à Alger. L’on saura alors que son pays appuie « les efforts menés par Christopher Ross, envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, dans son action en faveur du processus de paix dans cette région ».

De ce point de vue, Washington fait preuve de constance pour avoir voté en faveur des résolutions du Conseil de sécurité, lesquelles, faut-il le souligner, ne font pas que reconduire le statu quo actuel, mais aussi rappeler l’essence même de ce conflit qui est une question de décolonisation. Et justement, la résolution 1871 met en avant un mécanisme devant permettre l’autodétermination du peuple du Sahara occidental. Plus que cela, le but des négociations auxquelles le diplomate américain fait référence est d’aller dans ce sens, et rien d’autre.

C’est le mandat reçu par M. Christopher. Un autre Américain, James Baker, avait reçu comme mandat, en février 1997, de remettre sur les rails le processus de paix. Celui qui avait conduit la diplomatie américaine a dû remettre son mandat pour protester contre les blocages marocains et l’incapacité de l’ONU à les surmonter.

Si une telle politique venait à persister, ce sera encore et toujours l’impasse, alors même que les termes de l’équation sont clairement posés et que le Conseil de sécurité de l’ONU a obtenu l’unanimité de ses membres en faveur de son plan de paix.

Parce que le fait est rare et qu’il mérite d’être rappelé, le Congrès US a voté en 1998 une résolution soutenant les efforts de M. Baker – alors qu’on le disait déjà en fin de mission – et aussi le droit du peuple du Sahara occidental à l’autodétermination.

La question est revenue au devant de l’actualité américaine quand des parlementaires, parmi eux le défunt sénateur Edward Kennedy, ont appelé Barack Obama, qui venait de prendre ses fonctions de président des Etats-Unis, à aider à rendre justice au peuple sahraoui, au moment où le Maroc croyait pouvoir faire contrepoids, mais sa démarche n’avait aucune chance face aux partisans de l’autodétermination.

Aussi, est-il intéressant d’apprendre que les Etats-Unis sont pour un règlement définitif de ce conflit, selon l’expression de l’émissaire US à Alger, mais sans le moindre détail susceptible d’éclairer sur le processus en question. Sauf à vouloir l’insérer dans le nouveau discours américain avec cette volonté affichée de mettre fin aux injustices, et la question sahraouie en est une.

Il est en ce sens utile de rappeler que les Etats-Unis ont exclu les territoires sahraouis du champ d’application de leur accord de libre-échange conclu avec le Maroc. Ce qui est quand même important lorsque l’Europe décide contre tout bon sens de conclure avec la puissance occupante des accords de pêche incluant les eaux territoriales sahraouies. C’est quoi donc un accord définitif ?

Par T. Hocine

Ne vous retournez pas, ils sont là !


Par Hakim Laâlam  
Email : laalamh@yahoo.fr

Soltani quitte précipitamment la Suisse pour regagner son pays. 

Le Waziristan ?

Commentant les violents affrontements entre les habitants des cités Diar Echems et les forces de l’ordre, le ministre de l’Intérieur a, entre autres, déclaré : «J’appelle les citoyens de ce quartier à se méfier des gens qui se cachent derrière eux !» Cet appel est fort intéressant. Il confirme une information qui avait filtré il y a très longtemps du Centre d’études algérien en anthropologie et civilisation humaine. Il se disait déjà à l’époque qu’en Algérie existait un peuple de mutants aux pouvoirs extraordinaires. Rien à voir avec les 4 Fantastiques, Wolverine, les X-Men ou d’autres personnages de Marvel Comics. Non, là, selon nos chercheurs, il s’agit de faits réels et d’une peuplade d’élus vivant en un lieu tenu secret dans la vaste terre d’Algérie, décidément bourrée de secrets les uns plus extraordinaires que les autres. Le pouvoir de cette sorte de confrérie est en même temps simple et terrible : ses membres sont dotés d’une souplesse hors normes et d’une capacité de déplacements foudroyants de rapidité qui leur permettent, à tout moment, de se cacher derrière des citoyens lambda et de leur faire faire des trucs incroyables, à l’insu de leur plein gré. Ils ont cette faculté physique de se cacher derrière n’importe qui d’entre nous, sans risquer de se faire détecter. Ils sont là, juste planqués dans notre dos, mais sans que nous puissions dire s’ils y sont vraiment et ce qu’ils y font exactement. Personne au jour d’aujourd’hui n’a de preuve matérielle de l’existence de ces êtres mutants. Des citoyens ont bien tenté de les prendre en photo, mais les clichés ainsi obtenus étaient vides, sans rien dessus. Ce qui a d’ailleurs fait dire à des experts en photographie que derrière les appareils photos devaient également se cacher quelques spécimens de ces êtres doués de superpouvoirs. Reste que si aucune preuve tangible n’a pu être récoltée sur la présence des «gens derrière nous», nous demeurons marqués, fortement marqués, par cette drôle d’histoire. Ainsi, nous sommes le seul peuple sur terre reconnaissable au premier coup d’œil. Une Algérienne et un Algérien, c’est à tous les coups la seule personne qui se retourne tout le temps derrière elle pour regarder par-dessus son épaule. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L.

Racisme en prime time

La dernière confrontation entre des centaines de musulmans établis en Grande-Bretagne et une poignée de «brebis galeuses» de l'extrême droite n'était pas qu'une dispute entre chiffonnières. Bien que les deux camps aient fini de ranger les marteaux, le Royaume-Uni donne l'impression de s'empêtrer chaque jour un peu plus dans la spirale de la haine de l'étranger.

Cela n'à rien à voir avec la reconduction d'Afghans indésirables chez eux. Outre-manche, les charters pour Kaboul n'ont pas tenu l'opinion publique en émoi. L'onde de choc est partie d'ailleurs.

Du bâtiment de la BBC et de ses alentours où un millier de manifestants s'est rassemblé afin de perturber l'enregistrement d'une émission pas tout à fait comme les autres. Inédite, à l'image de l'invité qui n'a jamais eu l'occasion de fouler un plateau télé. Son nom, Nick Griffin.

Sa profession, leader de l'extrême droite britannique et chef du parti British National Party. Sa dernière interview, dans les colonnes du Times.

L'ennemi juré des conservateurs et des travaillistes avait traité la classe politique et ses alliés de «stupides». Ce, pour être tombés aussi facilement dans le panneau, offrant publicité gratuite et attirant de nouveaux donateurs pour son parti.C'est avec ces précieux gains que le nationaliste Nick Griffin s'est rendu dans le studio de la BBC pour participer à un débat qui allait provoquer un tollé.

Non pas du fait de sa programmation en prime time mais en raison des tabous que le honni Griffin ne prendrait pas de gants pour faire sauter l'un après l'autre.

Gordon Brown en personne est intervenu dans la controverse, estimant que le débat en question exposerait en public les positions racistes et sectaires du BNP.

Une erreur de la part de la célèbre chaîne anglaise de donner un temps d'antenne à une formation politique, certes représentative d'une infime minorité, mais qui a tout de même gagner deux sièges aux dernières élections européennes ? Devoir d'impartialité, a rétorqué le directeur de la «Beeb».

Et ce ne sont pas les ténors de l'extrême droite européenne qui vont le maudire. Il y a un temps pour tout, pensent-ils, celui de la fin de l'hypocrisie inclus. Et libre à Nick Griffin de refuser l'adhésion de «non-Blancs britanniques» dans les rangs de son parti. Avant lui, bien des «fachos» avaient exclu d'office ceux qu'ils considéraient comme faisant partie de la « race inférieure».

De la xénophobie caractérisée que les derniers de la classe politique usent à outrance afin de pouvoir un jour se mesurer aux partis traditionnels.

A six mois des législatives, la polémique au service de l'extrême droite britannique jouera-t-elle en faveur du British National Party ?

Elle suscite beaucoup d'espoir chez Nick Griffin comme chez ses compères suédois du parti Nouvelle démocratie qui, eux, songent à une percée significative lors des élections législatives de l'an prochain.

Ils n'auront qu'à apprendre par cœur le manuel du Front national français ou à s'intéresser aux mémoires de Jean-Marie Le Pen pour se convaincre de la possibilité d'égaler le score de son parti, réalisé en ce jour historique de mai 95.

Depuis, il y a eu l'avilissant discours de Dakar dont une certaine France s'en souvient encore. Quant à son diseur, il se souviendra lui du «sacrifice» de son fils Jean qui a fini par renoncer à briguer la présidence de l'établissement de gestion du plus grand quartier d'affaires d'Europe. Sacrée Défense !

Par Anis Djaad

Diar Echems : le ghetto avant les grands boulevards ?

Ce n’est déjà plus un chagrin collectif partagé dans une muette résignation mais de l’indignation civique qui a simplement choisi ses propres armes pour s’exprimer. Lorsque tous les recours sont épuisés, et qu’il devient insupportable d’attendre plus longtemps, la violence devient presque légitime.

Chargés jusqu’à la gueule par les mensonges de l’administration les gens de Diar Echems avaient-ils un autre choix que l’émeute ? Un coup de grisou aux portes de la «maison du pouvoir» qui fait écho aux explosions cycliques de la province et en amplifie le sens. Un témoignage, de «vive voix» dirons-nous, de l’insoutenable sentiment de rabaissement moral qui ronge cette multitude d’Algériens au-dessus de tout soupçon.

Désenchantés mais en colère d’avoir eu à subir dans l’impunité voire la complicité la magouille et l’iniquité pour accéder à un toit. Ah ! ce spectacle des couches sociales modestes en permanence exclues des bénéfices d’une douteuse politique sociale à géométrie variable. Mais regardez ces gens qui quémandent aux portes des mairies et décryptent désespérément les listes des attributions ! Regardez- les comment ils ont cessé de grandir dans leur propre estime en concédant le peu qui leur reste de dignité juste pour plaider leur cause auprès de quelques «chefaillons» de l’administration ! Signe des temps de grand malheur, ils viennent tous des strates paisibles et laborieuses de la société.

Ouvriers, petits fonctionnaires sans relations influentes et trentenaires à peine intégrés au monde du travail, ils partagent en commun le «mauvais» profil auprès des réseaux de trafiquants du logement social. Anecdotiquement chaque province du pays possède sa mafia en col blanc qui filtre à son profit les listings ponctuels des heureux bénéficiaires d’un «chez soi». Une activité parallèle rémunératrice aussi bien pour certains élus locaux que pour quelques fonctionnaires d’autorité et sans scrupules.

Un sport national qui se pratique dans les bureaux feutrés des mairies et des daïras mais dont sont justement exclus ceux qui ont eu le plus besoin. Sommées d’attendre indéfiniment le prochain quota, les catégories sociales en question patienteront vainement. Et pour cause entre les « recommandations » secrètes qui caractérisent le népotisme et les traficotages de toutes sortes conclus par des pots-de-vin, il n’y a pas de place pour les solliciteurs ne sachant du «droit» que la voie légale. De cela et de bien d’autres dérèglements de la justice et de l’équité, le pouvoir politique en connaît parfaitement les mécanismes.

Le laxisme dans lequel il se complait s’apparente par conséquent de plus en plus à de la fuite en avant. Celle qui accélère, après chaque soulèvement spontané des populations, la rupture de la confiance en l’Etat. Un délitement qui prépare son effondrement. Les brasiers qui s’allument et se multiplient à la faveur du moindre déni de justice ne sont-ils pas autant de démentis à ses explications réductrices ?

La montée en puissance de la colère et la radicalisation des contestations, qu’elles soient corporatistes (enseignants) ou tribales (le M’zab), sont des indicateurs fiables pour attester du recul de l’Etat et du retour au premier plan de la société civile. A cran elle est de nos jours acculée à faire le pire des constats : celui de l’insondable échec des politiques successives du régime. En voulant chaque fois expliquer les fièvres sociales par des causes secondaires, le pouvoir dédramatise comme il peut. Sacrifiant ici un maire, là un chef de daïra ou même un wali, il abuse des fusibles quand c’est le compteur de la gouvernance qui est une cause.

Or la panne est désormais tellement évidente qu’il a peu de marge pour «retourner» l’opinion à son profit. Une désobéissance civique comme celle qui vient d’exploser au cœur de la capitale est une signature qui doit le mettre en garde. Qu’un wali tatillon et un maire imprévoyant fussent à l’origine du désastre de Diar Echems ne doit pas occulter le feu roulant de la contestation embrasant l’ensemble du pays. La seule explication est nécessairement résumée par le vocable «divorce ».

Celui qui signifie la rupture de confiance dans le pacte politique passé entre les «électeurs» et les dirigeants. En s’affranchissant petit à petit des devoirs induits par l’ordre et la loi, une bonne part de la société manifeste justement contre les incessantes dérives de l’éthique d’Etat. L’interconnexion des institutions et de l’affairisme ayant atteint un seuil intolérable, le pays ne pouvait que sombrer dans la remise en cause radicale. C'est-à-dire le rejet par la violence des attributs mêmes de l’Etat !

La peur, transcendée par le désespoir, l’on n’hésite plus à en découdre violement pour se faire entendre, enfin. La rue et ses affrontements ne sont plus des exutoires mais des tribunes en l’absence de médiation politique (les partis) dans l’espace public. Parfois même cette rue ne s’embarrasse guère de revendications claires pour bouger.

Comme quoi elle est aussi capable de faire du déficit de doléances le meilleur manifeste pour le changement. Plus qu’un paradoxe qui ne gène uniquement que les ratiocineurs, ces «occupations» seraient annonciatrices de quelques lendemains terribles. Face à ces non-dits «limpides» combien faut-il encore d’émeutes pour que le message parvienne à destination ?

Par Boubakeur Hamidechi

Ce qui attend l’Entv en novembre prochain

«Il ne peut y avoir de révolution que là où il y a conscience.»
Jean Jaurès

De nombreux téléspectateurs algériens ont pu remarquer que l’Entv est en train, depuis le Ramadhan, de rediffuser les feuilletons et quelques programmes de la grille du mois sacré et cela en raison de l’absence de produit algérien prêt à diffuser. La nouvelle grille de l’Entv n’a pas commencé et ne risque pas de débuter avant le mois de décembre ou janvier prochain, puisque la direction de la production vient seulement de donner les dates d’enregistrement aux cinq producteurs privés des émissions de divertissement de l’Unique. Cinq producteurs privés sur les 80 entreprises de production existant en Algérie ont obtenu le visa de production d’émissions de divertissement.

Pour le reste, 15 producteurs ont été retenus par la nouvelle direction pour la réalisation de documentaires sur la révolution et qui seront diffusés à partir du mois de novembre prochain. Des productions qui devraient être envoyées le 15 octobre à l’Entv, mais seulement six productions sur 15 ont été livrées, les autres productions sont bloquées en raison de quelque retard administratif. Ce qui est sûr est que ces productions sont la première commande officielle du nouveau DG de l’Entv Abdelkader Lalmi.

Il a installé, pour cela, une commission de lecture des projets composée de responsables de programmation de la production et de membres de la direction. Il est question de sujets assez nouveaux comme la presse, le cinéma, le Malg, les prisonniers durant la guerre de Libération nationale ou encore des portraits d’importantes figures de la révolution. Le nouveau DG n’a eu aucun contact avec les producteurs, et encore moins sur le choix des sujets. Il veut ainsi se démarquer de son prédécesseur qui avait l’oeil et le dernier mot sur toutes productions. Le choix des docs sur la révolution est néanmoins insuffisant puisque les sujets sur la révolution manquent de fiction.

A chaque anniversaire de la révolution, on programme des films des années 70 et 80, qui ont été vus et revus. En attendant la diffusion à la télévision du film Mostefa Benboulaïd que la télévision a co- produit, l’Entv diffusera néanmoins à partir du mois de novembre, un feuilleton historique sur le personnage de Aïssat Idir. C’est également le seul feuilleton sur la révolution, puisque le feuilleton Silane de Ahmed Rachedi était, à la base un téléfilm, qui a été scindé en plusieurs parties, comme ce fut le cas pour le film de Benamar Bakhti Bouaamama, diffusé également sous forme de feuilleton.

Pour les producteurs et les réalisateurs, la réalisation d’un film sur la révolution est lourde et demande plusieurs moyens financiers et humains. C’est essentiellement pour cette raison qu’un producteur a renoncé à terminer la production de son documentaire conclu avec la télévision.

Reste maintenant à savoir quelle sera la qualité des productions présentées par les réalisateurs pour ce 1er Novembre et qui n’ont pas eu le temps de bien travailler leur tournage et leur montage, car le manque de temps a toujours été l’ennemi des créateurs algériens.

Amira SOLTANE

Mosta, la halte tragique

C'est un club sans grands moyens, mais bien ancré dans sa ville : Mostaganem. Il reste encore à cette cité respirant de la mer et sentant le jasmin un pan de goût et d'humanité que le béton et la cupidité arriviste n'ont pas encore pris comme c'est le cas dans la majorité de nos villes.

Il y a encore des platanes et quelques terrasses et ces visages qui chassent l'angoisse à coups de sourire des grands seigneurs. Mostaganem n'a peut-être pas un grand club de foot, mais elle a eu Khedda, Sirat et Kaki. Elle a toujours El Ichara et Bouadjadj, Salamandre et Stidia. «Mosta».

Mosta résiste à la bêtise sans totalement se mettre à l'abri de l'agression. Connue pour son théâtre et ses plages, c'est son équipe de foot qui fait parler d'elle.

C'est un club sans grande prétention, ni moyens, mais il lui arrive de rêver de titres de gloire. Il paraît que cette année pourrait être la bonne. Rien n'a vraiment changé dans ce club qui n'a attiré ni nouvelles stars ni sponsors, mais on a tellement bien entamé la saison qu'on se surprend avec la tête dans les étoiles.

Accéder à l'élite pour ce club qui n'a que son ancrage aurait été un beau pied au derrière des certitudes arrogantes de l'argent, mais les miracles se font de plus en plus rares dans cette jungle impitoyablement compartimentée qu'est le foot. Mais rien n'empêche de rêver.

Un début de saison inespéré et l'appétit qui vient toujours en mangeant peuvent toujours bousculer l'ordre des choses. C'est dans cette euphorie que le club de Mosta a débarqué à Alger, les pieds sur terre et le cœur assez gros pour un énième exploit. Dans ce bus brinquebalant qui a rendu l'âme aux abords de Chéraga, des jeunes footballeurs et leur encadrement passaient en revue les espoirs possibles d'une ville qui garde encore ses platanes et ses terrasses ombragées.

Puis survint la «panne». Arrivés à pied au stade avec une heure de retard et des corps déjà en sueur, ils ont été cherchés dans leurs ultimes ressources un match nul aux relents d'impossible exploit. Repartis entassés dans des «taxis collectifs», ils ne savaient pas qu'ils étaient encore loin du bout de leur peine.

Oued Fodha. Une halte dans une gargote améliorée pour un dîner d'enfer. Des repas dont il fallait négocier le prix, des mots malheureux entre un responsable du club et le gargotier, et un drame innommable. Des coups de feu et de sabre surgis de nulle part.

Deux joueurs aux membres inférieurs meurtris par le plomb et un garde matériel au crâne fondu par une lame. Tragique. On ne joue plus. Mosta descend de son nuage comme ses footballeurs sont descendus d'un bus pris d'une crise d'asthme aiguë.

On ne joue plus, mais le rêve n'est pas terminé. Mosta a toujours Kaki et Khedda, elle a même une équipe de foot encore capable de beaux coups de pied au derrière de la bêtise.

Slimane Laouari

Tout le monde torture, personne n’avoue

Par un étrange renversement de situation dont seul le système politique algérien a le secret, un islamiste, Bouguerra Soltani, est accusé d’avoir torturé un militaire, Nouar Abdelmalek, ce dernier ayant été accusé d’avoir confectionné un dossier impliquant le ministre dans une affaire de recrutement en Afghanistan.

On connaissait le cas de militaires accusés d’avoir torturé des islamistes, et ils sont nombreux, mais le cas inverse est assez rare, notamment à l’époque où les faits remontent, entre 2001 et 2005, où la réconciliation n’était officiellement pas encore mise en application. En attendant le dénouement de cette nouvelle affaire d’un Algérien torturé par l’Etat algérien, on peut s’étonner (ou pas) qu’il y ait autant de personnalités politiques algériennes au pouvoir poursuivies par les justices internationales pour des crimes commis dans leur pays.

Pour M. Soltani et comme les autres avant lui, le même schéma s’est mis en place : crime, plainte puis fuite organisée de l’accusé vers son pays. Comme des délinquants, un nombre important de dirigeants algériens sont recherchés partout sauf chez eux, paradis fiscal et asile politique géant pour justiciables, ce qui en dit long sur la nature du régime qui gouverne le pays et sur ses méthodes.

Juste une précision dans l’affaire Nouar Abdelmalek. Ce militaire a été emmené à la brigade de gendarmerie de Beni Messous où il a été torturé, puis au centre de la police de Châteauneuf où il a encore été torturé, sous la supervision de M. Soltani, selon l’accusation, en qualité de chef d’un parti politique au pouvoir.

Dans cette triste affaire, les islamistes, les gendarmes et les policiers ont donc concouru à torturer un militaire. Le monde à l’envers ? Non, le monde tout court d’une Algérie qui marche sur la tête et torture ses enfants, paradoxalement pour ne pas que la vérité soit avouée.

Par Chawki Amari

Grogne sociale et gouvernance

Le logement demeure au cœur de la grogne sociale et le catalyseur de fortes poussées de fièvre qui, malheureusement, entraînent des saccages, font des blessés et amènent à des arrestations. Les résultats cumulés qui s’alimentent les uns les autres travaillent à creuser encore plus le fossé entre les élus, l’administration, d’un côté et les Algériens de l’autre. Il ne s’agit en aucune façon de «complots ourdis», de «voyous à l’ouvrage» ou d’une autre fuite en avant. La crise du logement est réelle. Le nombre de bidonvilles qui encerclent les villes est bien réel. Les pauvres existent en grand nombre dans le pays. Le dire, c’est déjà amorcer un dialogue entre adultes.

Ce qui facilite les explosions sociales, les grèves ou les tentatives de marches est connu parfaitement.

Les passerelles entre des citoyens non logés ou bien honteusement «autorisés» à survivre dans un bidonville, une cave ou dans un trou quelconque, ne sont pas les mêmes en Algérie et dans une démocratie «normale». Le maire et l’administration de proximité ne sont pas crédibles aux yeux des gens et surtout parce qu’ils n’ont ni pouvoir ni moyens et très souvent peu de légitimité. Les maires affirment à qui veut l’entendre qu’ils ne peuvent rien pour l’emploi, le logement, le transport, l’école, etc. Alors, il faudrait introduire dans les futurs codes des maires qui ont les moyens et qui le peuvent, forts d’une victoire électorale indiscutable. Sinon, les mêmes causes produiront les mêmes effets, partout.

La dernière décision prise en matière de logement est venue in extremis corriger «la pulsion» aberrante qui n’accordait de crédit immobilier qu’aux seuls fonctionnaires. On avait ainsi légalisé deux collèges. Le premier serait garni de ceux qui travaillent «pour et chez l’Etat» et le second regroupait tout le reste. Comment faire mieux pour créer des fractures explosives entre Algériens, entre l’Etat et la société ? Difficile à faire. Corrigés, les crédits immobiliers à 1% concernent désormais tous les citoyens qui veulent contracter un prêt pour se loger. Et c’est une décision à saluer car elle fédère les emprunteurs au lieu de les diviser.

Cependant, les meilleures décisions sur le papier, l’annonce de programmes et de longues listes de projets, si elles sont nécessaires et participent de l’information propre à l’Exécutif, ne sont nullement suffisantes dans le climat actuel. Ebahis par l’énormité des scandales financiers, déroutés par la libre pratique du week-end, choqués par le coût de la vie, l’anarchie des transports, les inondations désormais attendues à la moindre averse, entassés dans des favelas «intouchables» parce qu’elles seraient politiquement difficiles à éradiquer faute des logements desquels seraient interdits les F1 et F2, les Algériens sont mûrs pour des changements.

Ils le sont et espèrent une autre gouvernance, une communication audiovisuelle honnête, proche de ceux d’en bas, des élus légitimes, compétents et riches en moyens comme le sont ceux des villes d’Europe, des Etats-Unis, du Japon, des pays scandinaves, etc. Toutes les réformes qui ne seront pas rentables du jour au lendemain, bien explicitées dans la transparence seraient assurément acceptées et accompagnées par les jeunes. Mais qui va parler aux jeunes ?

Par Abdou B.

Hymne à une chanson

Dans la fabrication de tout produit, il y a un secret. Un secret de recette qui relève de l’alchimie ou simplement un mystère qui demeure longtemps inexplicable quand le produit relève du domaine de l’art. Il y a des oeuvres artistiques qui touchent ainsi un public très large et cela pendant de longues années, surmontant les modes et triomphant de l’usure du temps. Ce succès est si frappant que des poètes ou des spécialistes ont tenté d’expliquer le phénomène, chacun à sa manière.

Le poète invoquera les muses qui ont présidé à la naissance de l’oeuvre artistique et les professeurs tenteront d’analyser. La chanson, qui a été longtemps considérée (à tort) comme un art mineur bien qu’elle s’adresse au tréfonds de l’âme humaine, ne fait pas exception. La chanson est composée de deux vecteurs: la musique qui est un art universel qui se rit des frontières et le texte poétique qui localise l’oeuvre dans un espace culturel donné.

En général, la chanson (comme l’a expliqué avec une très grande sensibilité Henri Salvador dans une de ses douces mélodies) naît dans l’esprit d’un artiste tourmenté pour vivre ensuite une carrière selon sa bonne ou mauvaise fortune: l’arrangeur, les interprètes et les adaptations constitueront les étapes de sa vie. Certaines auront une vie très courte: le temps d’une mode ou d’une génération tandis que d’autres, fort rares traversent l’histoire. C’est le cas de la Paloma, chanson nostalgique née dans l’esprit d’un compositeur basque, Sebastian Iradier qui l’avait faite à l’occasion d’un séjour à Cuba.

Si les Haïtiens (selon Malraux) sont tous des peintres, les Cubains sont chanteurs et danseurs pas excellence et ce n’est pas un hasard si le terreau de l’île de la Liberté avait favorisé la naissance de cette perle.

Elle sortit de l’écrin d’une âme tourmentée par un amour fugitif rencontré par hasard et exprime l’intensité du déchirement provoqué par la séparation de deux amoureux. Cette chanson quitta momentanément Cuba pour prendre le chemin inverse des révolutionnaires castristes; elle débarqua aux Mexique lors de la guerre d’intervention quand Napoléon III tenta d’imposer Maximilien comme empereur du Mexique. L’engouement de celui-ci pour cette chanson vaudra à la Paloma, la naissance d’une véritable légende et l’adaptation en de couplets pamphlétaires contre l’empereur.

Les patriotes et révolutionnaires mexicains vont vite adopter l’air nostalgique pour le transformer en rythme revendicatif: l’interprète contemporaine Eugemo Léon, chanteuse engagée, va dénoncer le bourrage des urnes (fréquent au Mexique) ou les tourments de ce pays qui n’arrive pas à vivre une pleine démocratie bien que voisin des USA (on peut remarquer que les artistes engagés, comme Matoub Lounès, savent retourner contre leurs adversaires politiques leurs propres armes).

La chanson sera adaptée dans tous les pays du monde et connaîtra mille versions, fera naître mille anecdotes fructueuses. Elle sera plus représentative de la richesse culturelle de l’humanité que l’ONU. En Allemagne, elle exprimera l’attachement d’un marin à la mer, et provoquera la colère de Goebbels car l’adaptation finira par la phrase: «Toute histoire a une fin.»

Or, les nazis prévoyaient un Reich qui devait durer 1000 ans, mais ce documentaire ne serait pas digne d’Arte si on n’y glissait pas une petite anecdote sur les camps de concentration: la Paloma était jouée par un orchestre de jeunes juifs déportés pour accompagner ceux qui étaient conduits à la chambre à gaz... Enfin! en Roumanie, elle accompagnera les enterrements et fera couler beaucoup de larmes.

A Zanzibar, elle sera utilisée (en swahili dans le texte) comme la chanson de clôture des soirées de noces et accompagnera les époux vers le lit nuptial et les invités vers la sortie (c’est un peu le «beqa oua aâla khir» de nos chanteurs chaabis), l’artiste local (un profil d’une statue de l’île de Pâques) deviendra, grâce à elle, une célébrité. La chanson connaîtra tant d’adaptations et de versions (Elvis Presley, Mireille Mathieu) que des collectionneurs s’échinent à réunir tous les enregistrements. Enfin, elle émeut toujours les âmes sensibles. «J’étais une bonne chanson», aurait conclu Henri Salvador.

Selim M’SILI

Horreur du vide!

«La nature a horreur du vide», dit-on. Chez nous, un logement éternellement fermé, est souvent l’objet de bris de serrure, son ouverture et son occupation devant le... vide...
C’est devenu presque une coutume que d’assister épisodiquement à un procès mettant en cause un chef de famille poursuivi par un organisme logeur dont parfois la passivité est dénoncée du bout des lèvres par les représentants du ministère public, pour avoir acquis un logement dans des conditions sombres, pour ne pas écrire louches.

Hadja R. A. l’a appris à ses dépens. «Vous êtes ici, dit la présidente, car l’organisme vous reproche d’avoir acquis une demeure en seconde main dans des conditions que la loi réprouve», balance la magistrate.

-C’est mon logement. Je l’ai payé avec la sueur d’un labeur quotidien. Je n’ai commis aucun délit. Le logement que j’ai acheté était neuf. Aucune famille ne l’avait occupé, répond avec beaucoup de tristesse la dame visiblement tombée du ciel car elle avait compris que la somme déboursée allait s’évanouir.

Et ici, nous dénonçons à travers ces lignes l’indigne comportement de sinistres individus qui sont poursuivis et qui évitent de constituer un défenseur. Ils sont là, aux aguets, épiant et proposant une grosse somme d’argent pour «toucher» un magistrat au lieu de verser cette somme à un avocat qui, lui, verse un pourcentage aux impôts, donc à Monseigneur Trésor public.

Et cette histoire de cette vieille résidente de Bir Mourad Raïs est là pour nous prouver encore une fois qu’il existe aussi une autre (encore) catégorie de citoyens «cupides» qui paient à l’avance ou par versements un appartement d’une valeur de plus de six cent millions, le tiers de la valeur réelle.

Allez sensibiliser ces gens et tenez leur tous les langages, ils ne vous suivront jamais car ces gens ont la profonde conviction qu’ils ont réalisé une belle affaire et ce ne sont pas ces «prêches» qui peuvent les dissuader. Bechiri, la juge, l’a précisé à la bonne dame qui a d’ailleurs bénéficié de la passivité de l’office plaignant. Et grande fut la surprise de l’assistance qui venait d’apprendre par la bouche de la représentante de l’Opgi que cet appartement n’avait jamais été attribué avant que cette dame ne l’occupât dans les conditions précisées en début de chronique.

Le regard fixe de la présidente avait ceci de particulier et semblait même être plein de reproches vis-à-vis de ces administrations qui, une fois, coincées, se rabattent sur la fragile branche «Justice» pour sauver les meubles. Vous vous rendez compte! Un Opgi en pleine capitale qui avait en 2009 un appartement vide jamais recensé! Epuisant! Démoralisant! Eclatant! Bon, bref! Puisque c’est fait, c’est fait, le reste...

Le verdict est allé droit à une relaxe car la dame n’a commis aucun délit. Elle a acquis cet appartement avec son argent. La suite pour les déboutés, peut aboutir au... civil, cette longue piste à histoires à n’en pas finir.

Abdellatif TOUALBIA

L’Algérie requise pour la paix mondiale

Voilà encore une nouvelle qui va «mettre en boule» nos détracteurs d’ici et d’ailleurs. Les Etats-Unis, par la voix de leur sous-secrétaire d’Etat pour le Moyen-Orient, Jeffrey Feltman, qui vient de nous rendre visite, sollicitent la médiation de l’Algérie dans l’affaire du «nucléaire iranien».

Un dossier lourd, très lourd. Un dossier qui comporte l’important volet de cette interminable guerre au Moyen-Orient qui oppose les Palestiniens à Israël et qui hypothèque la paix dans le monde entier. Et si les Etats-Unis demandent l’aide de l’Algérie, c’est qu’ils reconnaissent déjà que notre pays a réussi à se faire une bonne place sur l’échiquier mondial.
Dire qu’il y a à peine une décennie, nous étions des «pestiférés» mis en quarantaine par tout le monde. Comment ne pas être fiers, une fois de plus, du travail accompli par le Président Bouteflika qui a rétabli la place de l’Algérie dans le concert des nations?

Ceci dit, ce nouveau défi dans lequel les grandes puissances veulent impliquer l’Algérie, est autrement plus difficile à relever que tous les autres. Il faut rappeler, en effet, que notre pays est passé maître dans les médiations réussies dans différents conflits. De l’accord d’Alger en 1975 entre l’Irak de Saddam Hussein et l’Iran du Shah, qui a mis fin à leur guerre par Kurdes interposés, jusqu’à l’accord de cessez-le-feu signé en juillet 2008 (toujours à Alger) entre les autorités maliennes et les Touareg en passant par l’accord de paix entre l’Ethiopie et l’Erythrée signé en décembre 2000 (encore à Alger) et on en passe.

Autant de médiations réussies qui incitent la communauté internationale à se tourner vers Alger pour se donner plus de chance à résoudre des conflits de plus en plus complexes. Comme c’est le cas dans l’affaire du «nucléaire iranien». Même si les grandes puissances sont impliquées dans ce conflit, il est clair qu’il oppose en premier chef Israël à l’Iran.

Le tour de force de l’Algérie dans la médiation sera de faire aboutir le dossier tout en n’ayant pas de relations diplomatiques avec l’un des belligérants, en l’occurrence l’Etat hébreu. Il est clair aussi que toute solution à un conflit passe par des concessions de part et d’autre. Il s’agira donc pour l’Algérie de convaincre les uns et les autres de la justesse des droits que peut revendiquer chacun des pays concernés.

De les persuader à abandonner certaines de leurs positions qui font fi des droits de l’autre. D’amener la communauté internationale, également impliquée dans la recherche d’une solution, à mettre le doigt sur «la plaie» qui fait mal et qui bloque le processus de normalisation. La partie sera rude. Les Etats-Unis et les autres grandes puissances le savent. C’est pourquoi leur choix d’en appeler l’Algérie nous comble de fierté.

Comme il oblige tous les Algériens sincères à participer à cette restauration de l’image de notre pays aux yeux de la communauté internationale. Comment? En s’interdisant le dénigrement. En s’efforçant de faire passer l’intérêt national au-dessus de l’intérêt personnel. De faire preuve de solidarité dans tous les actes qui dépassent nos frontières. L’attachement viscéral que nous portons à notre dignité prouve que nous en sommes capables.

Zouhir MEBARKI

Espace souverain

Devant l’APN, le ministre des Finances, qui aurait pu bomber le torse en annonçant les chiffres plus que réconfortants de la dette publique, passée au-dessous du seuil du 1% du PIB, n’a pas versé dans le triomphalisme.

Depuis la LFC, on l’a souvent vu monter au créneau pour expliquer, expliciter et clarifier les tenants et aboutissants de ce document et ce week-end, il a continué sur la lancée du travail de levée des ambiguïtés, en abordant le budget alloué au Smig, tel qu’annoncé dans la loi de finances 2010.

Karim Djoudi a fait œuvre de pédagogie en précisant que la somme annoncée est «une provision et non pas une dépense». C’est un signal fort qu’il adresse, au nom du gouvernement bien sûr, aux partenaires sociaux, syndicats et patronat, ainsi qu’à l’opinion publique en général, en rappelant que, contrairement à l’idée avancée récemment, la tripartite est toujours non seulement utile mais encore souveraine. Mieux, il précisera que les négociations et les résolutions qui en émaneront pourront faire réviser à la hausse (ou à la baisse, pourquoi pas) la valeur du prochain Smig.

Il est vrai que par un réflexe légitime, l’annonce du chiffre global a suscité des réactions d’hostilité de la part de syndicats autonomes. Cette clarification est venue à point nommé pour calmer les esprits.

Elle est venue surtout rappeler que si l’Etat a mis en place une instance de dialogue telle que la tripartite, qui parvient à concilier les intérêts apparemment contradictoires du patronat, des syndicats et du gouvernement, ce n’est pas pour «s’amuser» aujourd’hui à la saborder en lui ôtant toute crédibilité.

Au contraire, une telle déclaration rappelle ce que lui confère sa vraie nature : un espace irremplaçable de dialogue et de concertation. Et d’évitement de problèmes sur le front social, dont l’Algérie est toujours gagnante à faire l’économie.

N.S.

Traitement en amont des crises

De même que la condamnation à mort n’a pas fini par l’extinction des crimes passibles de cette condamnation, l’usage de la force publique après la survenance d’une crise locale qui se traduit par des émeutes n’est pas le seul traitement à appliquer. D‘ailleurs, quand les forces de sécurité interviennent, cela signifie qu’il est déjà trop tard.

Les germes de la crise ont été portés à maturité. La solution ne réside ni au niveau des forces de sécurité ni au niveau des jeunes émeutiers. Les menaces majeures résident dans l’absence de traitement en amont des facteurs de crise et de celle des élus et des partis, également en amont de la crise.

Il y a bien eu l’annonce de la création d’un comté national opérationnel d’aide à la prise de décision, et cela concerne surtout la prévention par le biais d’analyses fondées sur les informations fournies par les réseaux d’alerte.

Pourtant, il n’apparaît pas - en tout cas pas encore -, que ce comité opérationnel le soit réellement, car on n’entend pas parler, peut-être qu’il ne serait pas perçu que les menaces majeures puissent provenir des manifestations de colère et peut-être serait-il estimé que jamais les conditions d’un embrasement national généralisé ne pourraient être réunies.

Les vulnérabilités du pays par rapport à de telles menaces résideraient dans la conviction des populations qu’il n’y aurait pas de politique fondée sur le dialogue permanent comme instrument stratégique de prévention et même de traitement curatif.

Dans tous les pays du monde, les jeunes sont «radioactifs» et dans toutes les démocraties, les forces de l’ordre n’usent pas des armes à feu contre les émeutiers.

S. I.

Serment

Au-delà de la douleur et de l’émotion légitimes qu’il a provoquées dans la région, cet énième acte terroriste, parce qu’il est justement différent des précédents par le nombre de victimes et le choix du lieu et du temps de l’exécution, pose bien des interrogations.

La Kabylie, entre Maâtkas et les Ouadhias, a été jeudi matin le théâtre d’un attentat terroriste spectaculaire. Sept Patriotes, chargés d’assurer la protection des travailleurs canadiens de SNC-Lavalin, y ont trouvé malheureusement la mort. Cela fait des mois que la région n’a pas connu un tel acte, dont l’ampleur n’a d’égale que la lâcheté de ses auteurs.
Mais au-delà de la douleur et de l’émotion légitimes qu’il a provoquées dans la région, cet énième acte terroriste, parce qu’il est justement différent des précédents par le nombre de victimes et le choix du lieu et du temps de l’exécution, pose bien des interrogations.

Car jusque-là, la Kabylie, par sa configuration topographique avec ses collines boisées, propices à des déplacements à moindres risques, a surtout servi de zone de repli aux groupes islamistes armés qui y perpétuent cependant de façon cyclique des attentats. Mais plus par nécessité de survie. Surtout pour récupérer des armes et pour lever des fonds à travers le racket et les enlèvements.

Dès lors, on se demande si l’embuscade de jeudi matin n’est pas le signe d’un changement de stratégie de la part des groupes terroristes en cherchant à transformer désormais la région en théâtre d’opérations. Car, paradoxalement, c’est dans cette région que la pression des forces de sécurité, à travers notamment la multiplication des ratissages avec des moyens logistiques lourds, est forte. En témoigne d’ailleurs le nombre de terroristes abattus. Pas moins d’une cinquantaine depuis le début de l’année, selon un simple décompte.

Et si changement de stratégie il y a, il ne peut être interprété que comme le signe avant-coureur d’une fin annoncée. C’est Sun Tsé, l’auteur de L’Art de la guerre qui écrivait au 15e siècle déjà que l’ennemi qui met le feu dans cet ultime retranchement, c’est le prélude à sa reddition.

Les Patriotes, qui avaient pris les armes dans les années quatre-vingt-dix pour organiser la résistance, n’avaient-ils pas fait le serment que la Kabylie serait le tombeau du terrorisme en Algérie ?

Par : Omar Ouali

Nouvelle tuerie en Kabylie

Les «séquestrés» en débat

Le président Bouteflika a souligné à Kampala que l'Algérie "continue de fournir secours, protection et assistance aux réfugiés sahraouis, en attendant que cette question puisse trouver une solution définitive qui ouvrira la voie à leur retour dans leur pays aujourd'hui occupé". Bouteflika appelle un chat un chat. Le Sahara occidental, propriété des Sahraouis autant que la Palestine appartient aux Palestiniens, est un pays occupé. Et si nos hôtes refusent de vivre les affres de l'occupation marocaine, ce n'est pas l'hospitalière Algérie qui risque de les renvoyer dans les griffes du bourreau.

Pour Bouteflika, président de la RADP, les entraves marocaines au plan de règlement onusien sont une violation du droit du peuple sahraoui à choisir librement et démocratiquement son destin. Pour les Marocains, dans la Hamada de Tindouf, il n'y a pas de refugiés sahraouis mais des séquestrés que les méchants algériens retiennent par la force. Bizarrement, les Marocains n'ont a aucun moment parlé du "séquestré volontaire" qui a décidé voilà deux années de quitter la "douce France", son pays, pour venir partager avec les Sahraouis leurs dures conditions dans les camps de la Hamada.

Récemment, l'homme a même agrémenté son séjour d'une grève de la faim pour protester contre l'appui de Paris à l'occupation marocaine. Il en voulait à la France d'avoir empêché, en avril dernier, une résolution du Conseil de sécurité sur l'élargissement des compétences de la MINURSO à la surveillance des droits de l'homme dans les territoires occupés du Sahara occidental.

Car le Maroc, qu'on nous présente comme l'as de la démocratie, des libertés et de la tolérance, est en fait un pays qui viole plus que jamais les droits humains, comme le révèle la répression sauvage et les arrestations de gens juste parce qu'ils rencontrent les leurs là ou ils peuvent le faire. A Kampala, le président sahraoui était édifiant. Il réclamait du Maroc qu'il mette un terme à ses violations des droits de l'homme et qu'il libère le "groupe des 7" que Rabat compte traduire devant la cour martiale. "Chassez le naturel, il revient au galop." Il est vrai que sur la question des droits humains, Rabat a fait illusion.

Par Mohamed Zaâf