mercredi 12 octobre 2011

MESSALI HADJ, LA GUERRE DE LIBÉRATION, LES ASSASSINATS, LE FLN, BOUMEDIENE... Cette histoire qui tourmente tant...

Les Algériens veulent-ils solder les comptes avec leur propre Histoire à la veille du 50e anniversaire de l'indépendance du pays?

Depuis quelques jours, les colonnes de la presse nationale foisonnent de déclarations, de propos et de témoignages qui, en d'autres circonstances, auraient pris des allures de scandale national, d'offense à la mémoire collective. Messali Hadj, le parti du FLN, le colonel Boumediene reçoivent de plein fouet ces décharges telles des rafales qui sortent tout droit d'une mémoire qui explose sous la pression du refoulement. Le premier à subir ces salves a été celui que des livres d'histoire avaient présenté comme étant le père du nationalisme algérien, le Zaïm Messali Hadj. «Faux!», rectifie-t-on.


«Messali est un traître. Les Messalistes sont des collaborateurs. Ils ont aidé l'armée coloniale à mâter le Front de libération nationale (FLN)», a tranché avant-hier, le secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), Saïd Abadou, en marge d'une conférence célébrant le 55e anniversaire de Ali Khodja. «La guerre de Libération nationale a été conduite uniquement par le FLN et son bras armé l'ALN. Le MNA est un appoint pour la France. Nous, nous ne reconnaissons que le FLN, rien que le FLN», a-t-il appuyé. Avant lui, c'était le leader du parti Ahd 54, Ali Fawzi Rebaïne. Le 3 octobre dernier, M. Rebaïne a estimé que les militants de l'ancien PPA/Mtld restés fidèles à Messali El Hadj, après le déclenchement de la Révolution, sont des traîtres. Les Messalistes sont des «traîtres qui ont travaillé avec la France et qui ne peuvent pas être nos responsables», a déclaré hier, le président de Ahd54 lors d'une conférence de presse tenue au siège de son parti à Alger. M. Rebaïne a même accusé le FLN d'avoir ouvert ses portes à ces éléments.


M. Rebaïne s'est opposé au retour des Messalistes à la vie politique du fait qu'«ils ont trahi». Le FLN, l'ex-parti unique, qui s'est recyclé depuis 1988, en a eu pour son compte également.
Saïd Abadou, encore lui, a soulevé, avant-hier, le couvercle d'un chaudron bouillonnant laissant échapper les effluves d'une bataille rangée au coeur de la famille révolutionnaire. «Le FLN aurait pu passer à un autre sigle plus proche de la réalité post-Indépendance afin de rester dans le sillage du respect de la mémoire de la Révolution» a déclaré, sans sourciller, M. Abadou.


«Malheureusement, ce n'est pas le cas pour ce dernier», a-t-il regretté ajoutant en marge de son intervention au Club du moudjahid: «Le flambeau de l'Armée de libération nationale (ALN) est passé à l'Armée nationale populaire (ANP), pour continuer dignement le combat des martyrs de la Révolution algérienne.» Saisie au vol, cette déclaration trouve un écho dans une initiative qui vient d'être lancée par le député de Bouira, Ali Brahimi, et signée par 22 députés. L'initiative est une proposition de loi visant à faire du sigle FLN un patrimoine appartenant à tous les Algériens. Cette revendication selon laquelle il fallait mettre le FLN au musée ne date pas d'aujourd'hui. Le défunt président Mohamed Boudiaf en avait fait son credo.

Le colonel Houari Boumediene, qui a régné sans partage sur le pays de 1965 à 1978, n'est pas épargné par les retrouvailles de l'Histoire. Actuellement, dans les colonnes du confrère Le Soir d'Algérie, c'est la chronique de l'une des plus sombres pages de notre histoire post-indépendance qui se décline. Le coup d'Etat manqué par Tahar Zbiri contre Boumediene. Ce feuilleton met en lumière le conflit entre l'EMG (état-major général) et le Gpra (Gouvernement provisoire de la République algérienne) et tout remonte en surface. Les coups tordus, les égoïsmes, les trahisons, les liquidations et tout le reste au moment où le peuple, épuisé par la guerre, manifestait dans les rues sous le slogan: «Sept ans barakat!»

Les Algériens veulent-ils solder les comptes avec leur propre Histoire à la veille du 50e anniversaire de l'indépendance du pays? C'est peu dire qu'ils sont tourmentés par ces réminiscences aux enjeux brûlants. Certes, les retrouvailles avec la mémoire permettent de regarder l'histoire en face, de pouvoir l'écrire, mais elles comportent d'énormes risques. Du fait qu'elle est révélatrice de sérieux problèmes, l'histoire risque de se rejouer.

Qui aurait dit qu'un livre sur le colonel Amirouche, écrit par Saïd Sadi, pouvait soulever autant de réactions violentes? D'autres l'avaient écrit bien avant nous: l'Histoire est le produit le plus dangereux que la chimie de l'intellect ait élaboré. Ses effets sont identifiés et dangereux. Elle donne des ailes et enivre les peuples, elle les fait rêver, conduit au délire, met en relief de faux souvenirs, aiguise le complexe de supériorité et titille le sentiment de persécution et entretient les plaies.

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À part ça, tout va bien!

«Tout va bien, hélas!» Abderrahmane Lounès

Il n'y a pas à dire! L'ambiance n'est pas du tout à l'optimisme. Et les nuages noirs menaçants qui se profilent au-dessus de la Bouzaréah n'y sont pour rien. Et que même s'il pleut des hallebardes, le prix de la pomme de terre nouvelle, (celle qui n'a pas encore pourri dans ces frigos qui font monter la tension sur les marchés) restera toujours au-dessus de 50 dinars. Et ce n'est pas mon député qui touche plus de quinze fois mon Snmg (hier encore, son salaire était vingt fois supérieur à la misère qu'espérait toucher ceux qui ont la chance de trouver un emploi) qui s'en plaindra, pour la bonne raison qu'il n'est pas payé pour se plaindre.

D'ailleurs, s'il se plaint, il sera sévèrement puni: il ne pourra plus se présenter aux prochaines élections sur une liste qui est sûre de passer les doigts dans le nez ou plutôt dans les yeux de ceux qui veulent chercher midi à quatorze heures. Ou alors, il ne pourra plus aller se soigner à l'étranger. Il lui sera même interdit de passer dans un autre parti, même dans celui où les élus sont obligés de verser une obole à leur charmante secrétaire générale.

La cause de ce marasme général vient d'ailleurs. La vérité est qu'il pleut toujours où c'est mouillé (c'est du moins l'avis de ceux qui ont interprété les conclusions de la dernière farce, pudiquement appelée tripartite), et que toutes les assurances, consolations et explications qui sont venues après ne satisfont plus personne. Chat échaudé craint l'eau froide! On pourrait ainsi dérouler à l'infini tous les proverbes, adages, maximes et autres aphorismes ou bons mots qui dépeignent si bien l'état d'esprit de ceux qui se sont laissés rouler longtemps dans la farine. «La ronce n'a jamais donné de figues...». La ronce est cette plante épineuse qui croît dans les terrains incultes et forme souvent d'impénétrables buissons autour de propriétés mal entretenues.

La ronce se charge surtout de la poussière des chemins et sa nature est telle qu'elle ne donne que de petits fruits qui, arrivés à maturité, ne font les délices que des petits gamins d'humeur vagabonde. C'est ainsi que le proverbe kabyle avertit qu'il ne faut pas s'attendre à ce que le sel fleurisse ou à une quelconque générosité de la part de ceux qui ont poussé les masses sur les chemins de l'austérité.

L'Algérie est riche, mais la répartition des richesses est telle que la plupart de ses habitants sont pauvres et sont en butte à tous les problèmes de l'existence: emploi, habitat, enseignement, santé, formation et... salaires. Mais il n'y a pas que le problème économique; il y a à l'origine la politique d'urbanisation: l'abandon de certains quartiers à la construction illicite, la prolifération de bidonvilles autour de la capitale due essentiellement à l'exode rural, à l'insécurité qui règne dans les campagnes et au chômage endémique.


Il faut ajouter à cela la crise du logement qui, depuis les premières années de l'Indépendance, ne frappe que les couches les plus défavorisées, et aucune recette miracle jusqu'à présent n'a été trouvée pour résorber ce déficit, véritable hydre aux multiples têtes où s'épanouit la plus ancienne des corruptions.


Le problème de la santé devient plus lancinant: tous les jours parviennent des échos de pénuries de médicaments, de fermetures de services désuets où pourrissent des équipements obsolètes. Des cancéreux agonisent aux portes de ces mouroirs où les personnels soignants laissent planer des menaces de grève face à un ministère euphorique... Tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes malgré le retour du Cnapest et autres syndicats frondeurs.


Heureusement qu'il y a des solutions pour sortir ce bon pays de ses ornières: la fermeture de tous les bistrots, n'en est-elle pas une? Ainsi, à côté des marchands à la sauvette (qui ne se sauvent plus d'ailleurs) et des taxis clandestins, nous aurons les bars clandestins ou itinérants, les distilleries clandestines... Il ne manquera au tableau que la prostitution sournoise qui, heureusement, n'existe plus dans notre pur pays. Du moins officiellement.

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Pr Bouzid, vous n'avez pas tout dit!

Ces deux derniers jours, une présidente d'association et un professeur d'oncologie sont montés au créneau pour défendre nos malades de cancer. A eux deux ils ont fait un boucan tel qu'une partie de la presse nationale et même internationale a relayé leurs cris. Comme notre journal a tiré, bien avant eux, la sonnette d'alarme (voir notre édition du 9 juin 2010 et suivantes) sur les conditions de traitement de nos malades, nous ne pouvons qu'adhérer à une meilleure prise en charge de nos cancéreux. Mais comme ce boucan tourne principalement autour de la radiothérapie qui n'est qu'une partie du protocole thérapeutique (il y a aussi la chimiothérapie et la chirurgie), on s'est légitimement posé la question de savoir pourquoi ces deux voix se sont élevées simultanément et principalement sur la radiothérapie.

, les équipements en place pour la radiothérapie sont nettement insuffisants. De ce fait, de nombreux malades obtiennent des rendez-vous très éloignés. Autant dire, dans le cas de cette maladie qui n'attend pas, qu'ils en sont privés. Le constat de carence dressé par le professeur Bouzid sur les ondes de la Chaîne III et la veille par l'association El Amel qui défend les malades du cancer, est incontestable en matière de radiothérapie. Le professeur Bouzid est le patron du service d'oncologie au Cpmc (hôpital Mustapha d'Alger) depuis de nombreuses années.

L'association El Amel existe depuis presque autant d'années. Le problème d'insuffisance en équipements de radiothérapie existe depuis la même période. Le Pr Bouzid l'a d'ailleurs confirmé. Alors comment expliquer ces deux sorties subites? Une seule raison apparaît. Ils semblent tous deux avoir (enfin!) trouvé la même solution: la prise en charge à l'étranger pour les séances de radiothérapie. A première vue, elle a l'air simple. Mais s'ils ont mis tout ce temps pour la trouver, cela doit être plus compliqué.

En effet, à quel moment du protocole intervient la radiothérapie? Avant la chimio? Pendant? Après? Avant l'intervention chirurgicale? Après? Aucune sommité médicale ne peut, à elle seule, répondre à la question puisque chaque cas de cancer est spécifique et que le protocole précis est fixé par les spécialistes, (oncologues, radiothérapeutes, chirurgiens principalement et bien d'autres spécialistes selon les cas). Chez nous, cette concertation n'est malheureusement pas toujours respectée pour ne pas dire jamais.

Chose que le Pr Bouzid a oublié de dire dans son intervention. Maintenant que nous savons que le traitement d'un malade du cancer est à plusieurs étapes, son transfert à l'étranger uniquement pour l'une de ces étapes, exige des clarifications. Qui va, par exemple, décider du dosage du rayonnement? Le conseil des médecins algériens traitant le malade ou le radiothérapeute étranger? Sachant que cet intervenant étranger n'aura pas participé au protocole thérapeutique du malade. On ne va pas en radiothérapie comme on va en station-service équilibrer les roues d'une voiture et revenir chez le mécanicien pour le moteur.

Ceci dit, la prise en charge à l'étranger a un coût. Des centaines de millions de dollars (frais d'hospitalisation à ne pas oublier). L'Etat a certainement les moyens de payer. C'est très certainement pour cette raison aussi (nous l'avons appris hier) que de nombreux centres de radiothérapie à l'étranger se frottent les mains à l'idée de ce juteux «marché» qui se profile à l'horizon. Sans aucune garantie de la «prestation de service». Qui va contrôler quoi? La défense des malades exige de nous cette question à l'oncologue, le Pr Bouzid: exposez plus clairement les modalités (médicales, s'entend) de la prise en charge à l'étranger des séances de radiothérapie que vous préconisez! Nous avons soif d'apprendre!

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EGYPTE, TUNISIE, LIBYE, MAROC, ALGÉRIE... Les islamistes à l'assaut du pouvoir

Dans ces cinq pays d'Afrique du Nord, la mouvance islamiste se tient en embuscade en vue des prochaines élections législatives, sa branche radicale se manifeste sporadiquement d'une manière extrêmement violente.

Le vent des révolutions qui a soufflé sur les pays du Maghreb et celui du pays des pharaons a ouvert une brêche dans laquelle se sont empressés de s'engouffrer les tenants de la tendance rigoriste de la religion musulmane. Elle annonce la couleur et se manifeste avec des spécificités propres à chacun de ces Etats mais l'objectif final est le même pour tous: la prise du pouvoir pour imposer la charia (l'application stricte de la loi coranique).


Certains partis légaux déjà bien ancrés dans le paysage politique jurent pourtant, par tous leurs saints, qu'ils ne transgresseront pas les Constitutions qui régissent les lois de leurs pays respectifs mais les événements récents qui secouent cette région du monde laissent plus que planer le doute sur la bonne foi affichée par les leaders de ces formations politiques. En Libye où il est pratiquement acquis qu'ils partageront le pouvoir avec le CNT (Conseil national de transition) ils ne cachent pas que la future Constitution doit reposer sur l'application de la charia.
«Nous sommes contre l'idée d'émirat islamique et pour un Etat civil où la législation serait inspirée de la charia qui fait l'unanimité chez les Libyens», a déclaré cheikh Ali Sallabi, un des leaders islamistes parmi les plus influents, qui a financé et armé en partie l'insurrection libyenne.

Ce type de discours est -t-il rassurant? Ce n'est pas l'avis des Américains qui ont joué un rôle de premier plan dans la chute du régime incarné par l'ex-guide libyen Mouamar el Gueddafi.
«L'un de leurs objectifs est de tenter d'établir une sorte d'empreinte ou de réseau interne, afin de jouer sur le long terme. Pour le moment, ils se tiennent probablement à carreau mais à long terme c'est inquiétant...» a affirmé un responsable américain de la Défense qui s'est exprimé sous le sceau de l'anonymat.

Le cas tunisien


En Tunisie, où pourtant les islamistes ne semblent pas avoir joué de rôle majeur dans le soulèvement populaire qui a mis fin au règne de près d'un quart de siècle du président Zine el Abidine Ben Ali, ils tentent de faire profil bas en attendant le moment opportun. «Notre rôle sera de participer à la réalisation des objectifs de cette révolution pacifique: ancrer un système démocratique, la justice sociale et limiter les discriminations contre les organisations interdites», a déclaré à la veille de son retour en Tunisie (le 30 janvier 2011, Ndlr), Rached Ghannouchi dont la formation politique, Ennahda, constituait la principale force d'opposition voilà deux décennies. Lors de la présentation de son programme, le 14 septembre, le leader islamiste, dont le parti est donné favori des sondages avec près de 25% des intentions de vote, a tenté de rassurer en indiquant la place que son parti compte accorder à la femme.


«Nous affirmons le droit de la femme à participer à toutes les activités de la société», a-t-il affirmé sans plus de précisions tout en soulignant qu'il s'engagerait à réduire le nombre de divorces.


Une mesure qui est directement liée à la condition de la femme tunisienne qui dispose d'un statut juridique unique dans le Monde arabe. Faut-il y voir une restriction de ses libertés? La suite des événements ne plaide pas en tous les cas en faveur de ces engagements verbaux. Une crainte confirmée par les troubles provoqués par des Salafistes qui ont envahi le 15 septembre la basilique romaine du Kef (nord-ouest du pays, Ndlr) pour la transformer en mosquée.


Dimanche dernier, ils se sont attaqués à une chaîne de télévision privée alors que la veille des intégristes armés ont envahi l'Université de Sousse qui a refusé d'incrire une étudiante en voile intégral (Niqab). A la fin du mois de juillet c'est un cinéma de Tunis qui a diffusé un film sur la laïcité qui a été ciblé. «Le climat n'est pas bon. Il y a certains partis ou courants qui font tout pour que la situation explose avant l'élection» a indiqué, inquiet, l'analyste Salah Attya.

Le chaudron égyptien


En Egypte la transition politique s'annonce sous la forme de violences confessionnelles qui constituent les germes d'une guerre civile larvée qui risque de remettre en question un processus démocratique qui s'annonce délicat dans sa mise en oeuvre.


Des affrontements entre Coptes (chrétiens d'Egypte) et forces de l'ordre ont fait 25 morts et 329 blessés le 9 octobre au Caire. Des appels au calme ont été lançés pour éviter le pire. Ahmed al-Tayyeb, grand imam d'al-Azhar a invité musulmans et chrétiens à dialoguer «afin de tenter de contenir la crise.». L'ex-chef des services égyptiens dénonce de son côté des lois religieuses discriminatoires. «Les dirigeants doivent prendre des mesures sérieuses pour traiter les problèmes à la racine, autrement cette situation peut mener à la guerre civile», a estimé Fouad Allam.


Les Frères musulmans, connus pour leur rigorisme, ont formé quatre principaux partis et s'apprêtent à affronter, en force, des élections législatives qui doivent se tenir, en principe avant la fin de l'année 2011. La victoire leur est en principe acquise avec un pas vers l'inconnu. «Rompus aux campagnes de terrain, qu'aucun réseau social ne peut remplacer, soutenus par un réseau très ramifié de banques et d'institutions caritatives, ils ne laisseraient à court terme que peu de chances aux candidats laïques (gauche, libéraux, nationalistes arabes).» a fait remarquer Pierre-Jean Luizard, chercheur au Cnrs (Groupe Sociétés, Religions, Laïcités) dans une interview accordée au quotidien Ouest France.

Transition pacifique en Algérie et au Maroc


Le Royaume chérifien, qui s'est doté d'une nouvelle Constitution qui limite partiellement les pouvoirs du roi, doit organiser des élections législatives prévues le 25 novembre. Pour contrer les islamistes, qui ont le vent en poupe, une coalition de huit partis a vu le jour.


A défaut de sondages fiables, les commentaires vont bon train sur les chances du PJD qui détient 46 sièges sur les 325 de la Chambre des représentants soit, 14,5%. Ce parti (islamiste) doit améliorer nettement ce score si le caractère de ce scrutin annoncé démocratique venait à se confirmer. Ses militants comptent ratisser large auprès des jeunes et des diplômés touchés de plein fouet par le chômage. Le PJD est donné vainqueur de ce rendez-vous électoral alors que la menace d'Al Qaîda se précise à travers le royaume. Une cellule terroriste de la nébuleuse islamiste a été récemment démantelée à Casablanca et Salé. Les élections législatives et locales qui se dérouleront en Algérie, en principe au mois de mai 2012, se tiendront sur fond de réformes engagées pour plus de démocratie et moins de restrictions des libertés. Elles porteront cependant l'empreinte des revendications sociales (logements...) et salariales. Des thèmes de campagne électorale qui feront sans doute la différence au moment de la mise du bulletin de vote dans l'urne.


Un scrutin qui devrait être marqué toutefois par une abstention record eu égard à une fracture sociale qui ne cesse de s'accroitre et des promesses non tenues par les élus vis-à-vis de leurs administrés. Une aubaine pour la mouvance islamiste légale qui tentera d'exploiter la grogne sociale qui en a découlé. Représentée par le MSP (Mouvement pour la société et pour la paix), elle ne possède cependant qu'une très faible marge de manoeuvre. Noyautée au sein d'une alliance présidentielle de circonstance et de l'éxécutif, elle traîne une réputation de formation politique compromise et opportuniste. C'est sans doute ce qui a donné plus de hardiesse à la tendance radicale (l'ex-FIS dissous) pour montrer le bout de son nez par le biais de la moralisation de la vie publique (fermeture de bars et de débits de boissons alcoolisés, chasse aux prostituées et aux non jeuneurs...)...


Ce sont là certainement les thèmes sur lesquels tenteront de surfer les intégristes des pays du Maghreb (et d'ailleurs) pour revenir au premier plan. Les élections législatives et locales qui se tiendront au plus tard dans huit mois dans cette région constitueront le meilleur baromètre pour évaluer leur percée.

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La grève, l'école et la vie

Le dos plié par le poids du cartable, le visage sommairement lavé et les yeux encore brouillés par un sommeil approximatif, ils sortent le matin pour revenir quelque temps après, pratiquement dans les mêmes dispositions physiques. Un aller-retour dans le temps dont la durée est seulement déterminée par la distance qui sépare la maison de l'école.

Depuis quatre jours, les élèves des écoles primaires prennent le chemin de l'école sans conviction pour revenir sans enthousiasme. «C'est la grève», disent les plus éveillés d'entre eux car ils savent que ça s'est décidé sans eux, peut-être bien contre eux. «Nous avons la grève», disent les plus petits, un peu comme on dit «nous avons cours» ou «nous avons histoire-géo».

Ils ne comprennent pas, alors ils font semblant d'avoir tout compris en se présentant comme partie active d'une action dont ils ne savent rien.

En sortant le matin de la maison, ils ne savent pas s'ils vont rentrer en classe ou revenir du portail. En revenant, ils ne savent pas s'il faut repartir le lendemain ou rester à la maison parce qu'ils «ont encore la gréve». En sonnant à la porte, ils ne savent pas si maman et papa vont être contents de les voir rentrer ou fulminer contre «l'irresponsabilité des enseignants et l'incurie des responsables qui prennent les enfants en otages».

En voyant ce matin son petit dernier revenir aussi vite qu'hier, cette femme s'en est tout de même un peu voulu de l'accueillir avec une mine renfrognée et beaucoup moins de tendresse que par le passé. C'est à croire qu'il y est vraiment pour quelque chose, le môme. Alors, lui revient à l'esprit ce couple d'enseignants du voisinage qui lui disaient avec beaucoup d'enthousiasme que leur quotidien s'est sensiblement amélioré.

Cet été, ils ont pris pour la première fois de vraies vacances et remboursé «par anticipation» une partie du crédit qui a servi à l'achat de la petite voiture et pensent déjà à prendre un appart plus grand avec une chambre supplémentaire pour la grande fille. Puis elle se rappelle un ministre plastronnant avoir réglé tous les problèmes avant que la voisine ne revienne de vacances pour lui dire que finalement rien n'est réglé,

que l'Atos sera payée par les petites mensualités convenues avec la banque et que la grande a encore des nuits à passer sur son lit superposé. Alors elle a pris son môme dans ses bras et l'a serré très fort : «J'espère que vous n'aurez pas grève demain» !

Slimane Laouari

Ce que pensent nos cadres et nos entrepreneurs de la situation économique nationale

Notre propos d’aujourd’hui est une simple restitution de discussions et d’échanges que nous avons pu avoir avec des cadres gestionnaires et des entrepreneurs de différents secteurs d’activité économique. Ces deux dernières semaines, l’occasion nous a été offerte de discuter, à des moments différents, avec ces cadres et ces entrepreneurs particulièrement sur l’état de notre économie nationale et les perspectives de son évolution.

Sans avoir valeur de résultats d’un sondage d’opinion réalisé dans les «règles de l’art», les remarques et observations formulées par ces gestionnaires m’ont semblé intéressantes à résumer et à restituer aux lecteurs car touchant à des problèmes réels dont souffre notre économie. Deux grandes questions revenaient à chacune de mes discussions et semblaient préoccuper particulièrement mes différents interlocuteurs.

• D’abord la question des perspectives économiques de notre pays, ensuite celle de la situation des cadres et de l’élite algérienne notamment notre jeune élite. S’agissant de l’économie, gestionnaires et entrepreneurs pensent que nous avançons dans ce domaine, «sans boussole», sans «perspectives claires» et avec de grandes difficultés de lisibilité. L’exemple qu’ils ont le plus cité est celui de l’industrie : l’Algérie, qui se caractérisait avant toute chose par son ambitieuse politique d’industrialisation et ses objectifs clairement affichés, n’a plus de politique industrielle. «Que devons-nous faire dans ce domaine pour renouer avec notre projet industriel ?» s’interrogent les entrepreneurs qui n’ont plus de repères pour leurs actions.

Un autre secteur économique les préoccupe : l’agriculture : «Quelle est exactement notre politique agricole à moyen et long terme et comment devra-t-elle s’articuler aux autres choix économiques et sociaux qui attendent d’être arrêtés, sachant que notre dépendance alimentaire ne fait que s’aggraver ?» De même, quelle stratégie devrions-nous mettre en œuvre dans le secteur de l’énergie et des hydrocarbures, mamelles nourricières du pays surtout que l’on nous annonce la fin du pétrole pour bientôt ? Est-ce que l’objectif de «maximisation des recettes de l’Etat» sans cesse répété par nos gouvernants peut remplacer l’élaboration d’une véritable stratégie pour le secteur ? De façon plus globale, cadres gestionnaires et entrepreneurs posent la question de savoir quel est le mode d’accumulation, c’est-à-dire plus simplement, la politique d’investissement que nous devons promouvoir et qui tienne compte de toutes les nouvelles données nationales et surtout mondiales. «Il ne suffit pas d’investir, il faut aussi savoir le faire, c’est-à-dire savoir choisir les secteurs et les branches les plus porteurs ainsi que les technologies les plus appropriées, notamment à l’objectif de compétitivité. »

Mes interlocuteurs ne s’expliquent pas ce «lourd silence» sur toutes ces questions et cette absence de «réflexion sérieuse sur une esquisse de développement de moyen/long terme qui puisse tracer à l’économie nationale un chemin de croissance orienté sur des objectifs précis, comme on a su le faire au début des années 70». «Nous avons bien pourtant un ministère chargé de la prospective » se sont-ils exclamés ! Mes interlocuteurs ont été sans complaisance. «Nous n’avons jamais été aussi peu imaginatifs et aussi immobiles. Est-ce que développer un pays c’est engranger des ressources financières jusqu’à ne plus savoir quoi en faire ? Est-ce que développer un pays, c’est surveiller ses équilibres financiers externes ? Et, disent-ils, «équilibres par rapport à quoi ?!» L’inquiétude chez ces forces vives de l’économie est grande face à «cette incapacité qui semble frapper ceux qui sont aux affaires et qui se plaisent «à ne regarder que le guidon» nous faisant «prendre le risque à nous tous d’aller dans le mur».

La situation économique et sociale actuelle interpelle tout le monde et exige une grande délibération sur les grandes options économiques du pays et surtout sur «les voies et moyens à même de remobiliser les Algériens sur ces nouveaux choix à arrêter». Les entrepreneurs pensent que «la résolution des questions politiques par une grande ouverture nous aidera certainement à progresser dans la construction d’une économie forte et compétitive». «De même, affirment-ils, une grande partie de ces problèmes politiques ont leur solution dans une bonne gestion de l’économie et nos décideurs ne semblent pas avoir compris cela ! Ouverture politique et progrès économiques vont de paire».

Le second problème qui inquiète beaucoup les cadres gestionnaires, beaucoup plus d’ailleurs ces derniers que les entrepreneurs, est celui qui a trait à leur situation et plus exactement à leur statut social dans leur pays. Première constatation : un nombre considérable de quadras et de quinquagénaire sortis de grandes écoles et dotés de compétences et d’expérience chèrement acquises sont purement et simplement renvoyés dans leurs logements pour être remplacés par des personnes, pas forcément plus jeunes mais surtout beaucoup moins qualifiées. Les critères de la fidélité politique et de la servilité semblent plus en vogue encore aujourd’hui qu’ils ne l’étaient du temps du parti unique. Le gâchis est bien sûr énorme et le coût que supporte le pays est lourd, très lourd.

• La seconde inquiétude qu’expriment les cadres que nous avons rencontrés est celle qui a trait à cette «saignée» de compétences nationales notamment les jeunes bardés de diplômes poussés à l’émigration «n’ayant plus rien à faire ici» de par la volonté de certaines personnes qui se sont accaparées certains centres de décision. Tous ces cadres forcés à l’émigration font partie, dans la grande majorité des cas, de l’élite algérienne et sont, de par leurs profils, accueillis sans difficulté au Canada, en France, aux USA ou encore dans les pays du Golfe.

• Troisième observation : les jeunes diplômés algériens aspirent tous à aller faire valoir leurs compétences. Pour ceux qui doutent encore de la vigilance des Algériens quant à l’évolution de leur société et qui pensent que les «forces vives» ont baissé les bras, ces discussions et ces échanges qu’on a pu avoir avec notre «technostructure» montrent bien que son silence n’est pas du défaitisme et que «la remobilisation pour remettre le paquebot Algérie en haute mer ne dépend que de la prise de conscience de ceux qui sont à la barre» pour reprendre ce que nous disait un ancien haut fonctionnaire aujourd’hui observateur attentif des souffrances de sa société.

Par Abdelmadjid Bouzidi

Chakib El Azzam !

Quel est le terrible secret que tente à tout prix de nous dissimuler
l’intégriste Hachemi Sahnouni lorsqu’il apparaît en
public ?

Une tache de vin !

Ainsi donc, il ne sera pas cité ni ne comparaîtra ! Son nom aura été effacé, gommé par magie, par magie noire du dossier Sonatrach. A ce niveau-là de tour de passepasse, je dois bien le reconnaître : en Algérie, tous les secteurs, sans exception, sont en crise, sauf celui de la prestidigitation ! Chakib Khelil ne figurera peut-être jamais dans les annales judiciaires de l’affaire Sonatrach.

Dans sa tombe, au cimetière de Machpelah Queens, à New York, le célèbre Houdini a dû pousser un immense «ahhhhh !» d’admiration devant le tour réussi par son très jeune condisciple Chakib El Azzam ! De mémoire de magiciens, on ne se souvient pas d’une telle prouesse. Comment Khelil s’est-il évadé du dossier Sonatrach ? Quand un mec se libère de ses liens, et sort libre et vivant d’un bac rempli d’eau, à la rigueur, je me dis qu’il doit y avoir un truc, une astuce que je n’ai pas réussi à déceler.

Mais là ? Oui ! Là, avec cette évasion de Chakib Khelil d’un dossier que l’on disait ficelé aux p’tits oignons, cadenassé pour éviter toute fuite ou porosité, comment at- il fait, le bougre ? Deux explications s’offrent à nous, pauvres mortels. Une explication paranormale. Chakib Ess’ahar aurait réellement des pouvoirs surnaturels qui lui permettraient de s’évaporer dans la nature sans laisser de traces.

Une sorte de transcendance rendant immatérielle la carcasse de l’ancien patron de Sonatrach et lui offrant ainsi la possibilité de se balader où bon lui semble sans apparaître, et surtout, sans être inquiété. D’ailleurs, qui sait ? Peut-être se promène-t-il en ce moment même dans la salle des pas perdus du Palais de justice, ricanant sous cape (forcément, comme Houdini, Chakib a lui aussi une cape) du tour pendable qu’il nous a joué. Mais, s’il ricane vraiment, il doit le faire à voix très basse, car aucun des témoins interrogés sur place n’a entendu de ricanement.

Sauf un, qui a dû être évacué depuis en internement psychiatrique. Pour ma part, je ne suis pas franchement adepte de l’art mystique de la dématérialisation des corps. Et donc, je pencherais plutôt pour la seconde explication. Celle de la complicité d’évasion. Oh ! Mais attention ! Je ne vise pas un simple apprenti magicien qui aurait secondé Chakib El Azzam durant son évasion spectaculaire du dossier Sonatrach.

Non ! J’ai bien conscience qu’à ce niveau-là de prestidigitation, il faut plus qu’un simple assistant magicien. En vérité, je pense plutôt à un GRAND de la magie. Un homme célèbre dont le seul nom murmuré fait peur. Une sommité de la disparition qui a déjà eu par le passé à faire preuve de tout son talent pour s’éclipser des scandales les plus tordus. A mon avis, seul celui-là a pu aider Khelil.

Quoi ? Vous voulez que je vous livre le nom de cet illustre magicien ? Ça ne va pas, non ? Vous voulez que je disparaisse à mon tour ? Oh ! Non ! Très peu pour moi, la magie ! Surtout si c’est moi qu’on place dans la fameuse boîte. Walou ! Moi, je me contente juste de fumer du thé pour rester éveillé à ce cauchemar qui, loin de disparaître, continue.

Par Hakim Laâlam

Les verts renouent avec la victoire

L’ambassadeur de France visite la prison de Serkadji : Les ambiguïtés de Xavier Driencourt

Dans tout coupable, il y a une part d’innocence. Raison pour laquelle la condamnation à mort est révoltante.» Une citation d’Albert Camus, rappelée, hier, par l’ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, alors qu’il se recueillait à la mémoire des condamnés à mort guillotinés par l’administration coloniale, à la prison de Serkadji (ex-Barberousse).

Dans le livre d’or de la prison, en plus de cette citation, il reprend également une phrase de Victor Hugo : «Partout où la peine de mort existe, la barbarie demeure. Partout où la peine de mort disparaît, la civilisation règne», comme pour inciter à l’abolition de cette condamnation encore appliquée en Algérie et rien d’autre.
Les journalistes, invités à la cérémonie durant laquelle l’ambassadeur a eu droit à la visite des lieux, ô combien symboliques, où est accrochée une longue liste de 138 condamnés à mort exécutés à Serkadji, ont bien compris que cette visite n’était pas le prélude d’une quelconque repentance ou d’une quelconque excuse pour les faits coloniaux. «Je crois je ne peux rentrer dans des discussions de ce type. Il y a les faits. Il y a les chiffres. Il y a l’histoire. Nous reconnaissons les faits. Nous reconnaissons votre histoire.

Je ne veux pas faire comme les autruches, enfouir la tête dans le sable et ne pas reconnaître le passé», dit-il. Visiblement gêné par les questions des journalistes, l’ambassadeur préfère parler du contexte dans lequel les exécutions ont eu lieu, en les qualifiant néanmoins «d’événements tragiques». Il affirme : «Il y a eu des événements tragiques ici, et sans doute, entre 1956 et 1957, l’opinion française n’était pas prête pour l’abolition de la peine de mort. Si elle l’avait été, Ahmed Zabana et Fernand Yveton seraient certainement graciés et en vie aujourd’hui. Ce qui s’est passé entre 1956 et 1957 n’a pu être possible en 1981.» Sur les appels à la repentance, le diplomate français se fait sienne la déclaration de Hachemi Djiar, ministre de la Jeunesse et des Sports, «il faut tourner la page et non pas la déchirer».

Une phrase, dit-il, qu’il avait prononcée lors de la visite, cette semaine de Jeanette Bougrab, secrétaire d’Etat française, chargée de la Jeunesse et de la Vie associative. A une question sur les propos d’Alain Juppé, son ministre des Affaires étrangères, qui avait, en juin dernier, demandé de ne plus parler de repentance, l’ambassadeur apporte une réponse des plus ambiguës. «Non seulement je suis un fonctionnaire sous les ordres de M. Juppé, mais aussi j’ai été son collaborateur direct pendant 5 ans. Ce n’est pas à moi de contredire ses déclarations», lance-t-il. Néanmoins, il revient sur les déclarations d’Alain Juppé, en précisant la portée de son message. «Au mois de juin, il (Juppé) a dit : nous ne sommes pas sur le schéma des excuses ou de la repentance. Il faut bien distinguer entre la reconnaissance et la repentance. Personne ne nie qu’il y a eu un certain nombre d’Algériens et de Français non seulement condamnés à mort, mais exécutés. Il y a la reconnaissance que nous faisons tous, vous et moi, et la repentance qui est autre chose.»


Il cite trois raisons qui ont suscité sa visite à Serkadji. La première est que la France soutient la réforme de l’administration pénitentiaire et, qu’à ce titre, il a eu à visiter d’autres prisons, dont celle de Kouba à Alger. La seconde raison est liée au fait que lundi dernier c’était la Journée internationale d’abolition de la peine de mort. «Vous savez que depuis 1981, date à laquelle la peine de mort a été abolie, la France soutient toutes les initiatives allant dans ce sens. Nous avons une longue histoire avec la peine de mort puisque nous fêtons le 190e anniversaire de la première proposition de l’abolition sous la monarchie en 1791 (…) et ce n’est qu’en 1795, que l’Assemblée nationale l’a votée. Cependant, il était prévu dans la loi qu’elle soit effective le jour où la paix régnera en Europe. Cela a pris du temps. Mais en 1981, le président Mitterrand l’a définitivement entérinée. Il est évident qu’en 1791, c’était prématuré de l’abolir. En 1981, une majorité de Français y étaient sans doute favorables.»


La troisième et dernière raison que l’ambassadeur a citée est éloquente. «Ce n’est pas innocent que je sois dans cette prison. Ici, dans cette prison, il y a eu 52 exécutions d’Algériens et de Français, comme Zabana et Yveton. 45 d’entre eux ont été exécutés durant la période où Mitterrand était ministre de la Justice (entre 1956 et 1957). Ce même Mitterrand qui, en 1981, a été le promoteur de l’abolition. C’est très symbolique. Barberousse est un lieu de mémoire pour les Algériens et pour la guerre qu’ils ont menée. Un lieu important pour l’Algérie», souligne-t-il avant de rappeler aux journalistes que la peine de mort est toujours appliquée en Algérie. «La peine de mort existe toujours.

Elle correspond à un schéma, juridique, politique et sociétal. Peut-être que ce schéma n’est pas encore atteint en Algérie qui, depuis 1992 ou 1993, n’exécute plus la condamnation à mort. Elle a souscrit à de nombreux textes internationaux en faveur d’un moratoire généralisé. Elle fait partie des 139 pays qui font partie de ce groupe. J’ai noté qu’un certain nombre d’éminents juristes algériens est pour l’abolition de cette peine. En 2004, le ministre de la Justice, l’actuel Premier ministre, Ahmed Ouyahia, s’est déclaré en faveur. En considérant qu’il y a une mondialisation des textes et que tôt ou tard, l’Algérie rejoindrait ce club des pays qui l’ont abolie, chaque chose en son temps», note le diplomate.

Salima Tlemçani

Démantèlement d’un réseau de trafiquants de devises à Alger

Ce coup de filet de la gendarmerie a permis la récupération de 10 millions de dinars et de 20 000 euros en l’espace d’une seule journée.

Un réseau de trafiquants de devises a été démantelé par les services de la section de recherche de la Gendarmerie nationale de Bab J’did, à Alger. C’est ce qu’a annoncé le responsable de ce service, lors d’un point de presse tenu hier au siège de cette institution. Ce coup de filet de ce corps de sécurité a été rendu possible suite à des informations qui leur sont parvenues et faisant état de l’existence de trois locaux qui procèdent au change de devises de différentes natures dans trois localités, notamment à Hydra, El Madania et à Birkhadem. Sur la base de ces informations, les éléments de la section de recherche de la gendarmerie ont procédé aux opérations de contrôle et de vérification concomitantes des trois locaux.

Cette perquisition inopinée dans le local qui se trouve à Hydra s’est soldée par la récupération d’une somme d’argent évaluée à plus d’un milliard de centimes et 20 000 euros en l’espace d’une seule journée. Ce local commercial, qui faisait office de restaurant, offrait un cadre idoine pour les opérations de change de devises de manière illégale. Sept clients ont été arrêtés à l’intérieur du local munis de sommes d’argent destinées au change. L’interrogatoire mené par les services de la section de recherche a abouti à la découverte d’un certain nombre de biens, dont des lots de terrain, des locaux commerciaux et des voitures, et dont les revenus mensuels du propriétaire du restaurant ne justifiaient pas toutes ces richesses. Ce qui a poussé à conclure que l’intéressé procédait au blanchiment d’argent.


Dans les localités d’El Madania et Birkhadem, près de 470 millions de centimes et 7000 euros ont été récupérés dans deux magasins de tabac et de cosmétiques qui leur servaient de couverture pour des opérations de blanchiment d’argent, à l’issue desquelles ils engrangeaient des sommes considérables. Le propriétaire d’un des magasins, qui s’est associé avec ses deux frères, achetait des produits alimentaires et des vêtements de toutes sortes de marques et des voitures de l’étranger pour les vendre dans son magasin et les utiliser ainsi dans des transactions commerciales illégales.

L’enquête de la gendarmerie a révélé l’existence de transfert illégal de devises et de blanchiment à travers l’importation de 52 véhicules par l’un des frères du propriétaire du magasin en l’espace de trois ans pour les vendre sur le sol algérien. L’enquête a également abouti à la découverte d’un riche patrimoine qui appartient aux trois frères, dont des villas et des locaux commerciaux issus de leurs transactions commerciales frauduleuses, qu’ils ont eu à effectuer.


A l’issue de toutes ces opérations, 17 personnes – dont 6 propriétaires de locaux commerciaux, 9 clients et 2 employés des impôts – ont été placées sous contrôle judiciaire.
Pour les propriétaires des magasins et les clients, ils sont accusés d’infraction à la législation liée au change et aux transferts illégaux de capitaux, association de malfaiteurs et de fraude fiscale. Quant aux employés des impôts, ils sont accusés d’exonération de baisse illégale des tarifs et de fausse déclaration d’impôts.

Meziane Cheballah

Le vieux gardien des oranges

Les électrons s’agitent dans tous les sens pendant que la matière noire avale tout. Mais pourquoi, à ce stade ultime, n’y a-t-il pas un mouvement qui fédère tous ces grévistes de la faim et de la vie, chômeurs, immolés ratés, harraga arrêtés, sous-salariés, cadres injustement emprisonnés, Kabyles, cancéreux en phase terminale, buveurs honteux, sans-logis et filles en short ? Pourquoi, alors que tous demandent en gros la même chose – un profond changement de régime et de mentalités, avec surtout, un nouveau personnel politique plus jeune, plus honnête, intelligent et créatif ? Bien sûr, le système fait en sorte que chaque catégorie soit bien à sa place, dépensant une énergie folle à briser les alliances ou les rapprochements et à casser les ponts comme un oued à El Bayadh.

D’un autre côté, il faut bien reconnaître que les forces politiques ne font pas vraiment preuve d’intelligence. Les islamistes en sont encore à traquer les bars au lieu de moraliser les sphères économiques de l’Etat, les nationalistes conservateurs à traquer la subvention et la main gauche de l’étranger, les démocrates à se compter et à parer aux infiltrations. La suspicion est d’ailleurs savamment entretenue par les polices politiques et médiatiques qui accusent les uns de travailler pour BHL, les autres pour Obama, Ahmadinedjad, Mohamed VI, le Roi Lion, Boualem IV ou Madame 5. Cet éparpillement donne l’image d’une terre survoltée où tout le monde court dans tous les sens, pendant que «âssas etchina», le vieux gardien des orangers, tape partout avec sa canne pour garder le monopole du fruit.

C’est peut-être, au fond, la bonne méthode, coup après coup, branche par branche et fruit par fruit, le gardien des orangers va plier ou abandonner devant tant d’assauts répétés et toute l’Algérie des sous-vitaminés aura enfin accès aux oranges. Oui, mais après ? Quand on aura tout mangé, on plantera des bananes.

Chawki Amari

5e anniversaire de l'assassinat de l'ex P/APW FFS de Tizi Ouzou : Le FFS s’interroge sur un "assassinat politique"

Le FFS jette un nouveau pavé dans la mare. La fédération de Tizi Ouzou du parti, qui s'apprête à commémorer, demain 12 octobre, le cinquième anniversaire de l'assassinat de l'ex‑président de l'APW de Tizi Ouzou, Rabah Aissat, a rendu publique, mardi 11 octobre, une déclaration à travers laquelle elle soulève plusieurs interrogations sur ce qu'elle qualifie d'« assassinat politique ».

« Évidemment, le crime a encore une fois été attribué au GSPC, le procès de ses assassins a été bâclé et le dossier classé dans les faits divers », écrit le FFS dans sa déclaration. Avant de s'interroger : « dans quel contexte Rabah Aissat a‑t-il été assassiné ? Qui sont les commanditaires du crime ? » « La dénonciation des élus du FFS à l'APW de Tizi Ouzou du bradage du foncier, la mise en place d'une commission d'enquête sur l'extraction illicite de sable dans l'Oued Sébaou ont-il fait que cet homme et le FFS dérangeaient ? », s’interroge encore le FFS. Pour le parti, une certitude demeure : il s'agit d'« un assassinat politique, encore un, un de plus et un de trop dans la région ».
Rabah Aissat, qui était président de l'APW de Tizi Ouzou, a été assassiné de plusieurs balles dans la soirée du 12 octobre 2006 dans un café du village où il passait la soirée du Ramadhan. Ce n’est pas la première fois qu’un assassinat attribué à des terroristes du GSPC soulève des interrogations et suscite des doutes en Kabylie.

400 policiers formés en France pour la surveillance du métro d’Alger

La première ligne du métro d’Alger, reliant la Grande Poste à Hai El Badr, sera mise en service le 1er novembre, selon l’Entreprise du métro d’Alger (EMA). Les préparatifs s’accélèrent. Le directeur général de la sûreté nationale (DGSN), Abdelghani Hamel, a procédé, mardi 11 octobre à l’inspection de l’unité de police du métro (UPM) en annonçant sa mise en service officielle, a indiqué la DGSN dans un communiqué. Cette unité composée de 400 agents, basée à la station Hai El Badr, dispose de postes dans chaque station, a ajouté la même source. Elle est appelée à couvrir les 10 stations de la gare Hai El Badr vers le terminus de la Grande Poste, sur 9,5 km, a indiqué la DGSN.

Outre les missions classiques de police, l’unité, dont les effectifs ont reçu une formation spécialisée, notamment dans le domaine du transport ferroviaire, est chargée de faire de la prévention contre toutes les formes de criminalité et vandalisme. Son rôle : sécuriser les rames du métro, les quais et l’environnement immédiat des gares et terminaux, appuyée en amont par les policiers de sûretés urbaines territorialement compétentes, selon la DGSN.
Ces policiers ont été formés spécialement en France. Ils seront appuyés par un dispositif de 244 caméras et des détecteurs d’explosifs pour prévenir les agressions et les attentats. « Les caméras fonctionneront 24 heures sur 24 et sept jours sur sept afin de transmettre toutes les images au commandement général où elles seront exploitées dans le contrôle de la circulation des voyageurs et pour une éventuelle intervention en cas d'agression ou d'acte criminel », a expliqué Djamal Boumhane, responsable de l'unité de police du métro.