vendredi 7 octobre 2011

Colloque d'El Watan sur les révoltes arabes tenu à Alger du 23 au 25 Septembre 2011


Editorial de Omar Belhouchet, directeur de... par elwatanvideo

Editorial de Omar Belhouchet, directeur de publication d'El Watan par elwatanvideo


Djamel Guerid par elwatanvideo

Intervention du Professeur Djamel Guerid au premier panel du colloque sur les révolutions arabes organisé par El Watan et l'Université Paris VIII.


Omar Carlier par elwatanvideo

Omar Carlier, Historien, Professeur à l'Université Paris Diderot a été le premier intervenant au colloque organisé par El watan et l'Université Paris VIII, à la salle Cosmos de Riadh El Feth à Alger, du 23 au 25 Septembre 2011, ayant pour thème "Le printemps arabe : entre révolution et contre-révoltion ?".


Youssef Bellal par elwatanvideo

Intervention de Youssef Bellal, politologue marocain, chercheur à la Columbia University, au colloque sur les révoltes arabes organisé par El Watan et l'Université Paris VIII, à la salle Cosmos de Riadh El Feth, les 23, 24 et 25 Septembre 2011


Hugh Roberts par elwatanvideo

Intervention du politologue britannique Hugh Roberts, Professeur à la Tufts University et ancien directeur du projet Afrique du Nord de l’International Crisis Group (ICG), au colloque sur les révoltes arabes, organisé par El Watan et l'Université Paris VIII à la salle Cosmos de Ryadh El feth du 23 au 25 septembre 2011. Son intervention a pour titre : "Entre révolution et contre-révolution : la problématique de la légitimité dans les révoltes récentes en Afrique du Nord à la lumière du cas libyen".


Salam Kawakibi par elwatanvideo

Intervention de Salam Kawakibi, directeur de recherche à Arab Reform Initiative (ARI) de Paris, au colloque sur les révoltes arabes, organisé par El Watan et l'Université Paris VIII à la salle cosmos de Riadh El Feth à Alger du 23 au 25 Septembre 2011.


Pascal Ménoret par elwatanvideo

Intervention de Pascal Ménoret, professeur assistant à la New York University d’Abu Dhabi, au colloque organisé par El watan et l'Université Paris VIII, sur les révoltes arabes, à la salle Cosmos de Riadh El feth, Alger, du 23 au 25 Septembre 2011.


Cloture du Colloque d'El Watan par elwatanvideo

Interventions de l'historien Mohamed Harbi et Omar Belhouchet, directeur d'El Watan, à la cloture du colloque sur les révoltes arabes, organisé par El Watan et l'Université Paris VIII, à la salle Cosmos de Riadh El Feth à Alger, du 23 au 25 Septembre 2011.

Algérie : Les débits de boisons alcoolisée ciblés

Le dragon d’Octobre

Donnant de l’argent à tort et à travers, payant des baltaguia, effaçant les dettes des entreprises et octroyant des marchés publics accélérés en gré à gré sans respect des procédures, le régime n’en finit pas de ruser pour acheter de la paix au présent avec l’argent du futur. Ses timides réformes constituent l’autre pan de l’opération «nous pas bouger», comme s’il s’agissait de réparer une fenêtre cassée par un émeutier alors qu’il faudrait changer le cadre de la fenêtre, la façade en entier et l’émeutier, voire toute la maison et ses propriétaires.
Il y a 60 ans, Didouche Mourad entrait à 20 ans dans la lutte pour en finir avec un système profondément injuste.

Didouche est mort en héros et est aujourd’hui une rue sur laquelle beaucoup marchent sur leurs espoirs déçus ou errent le long de rêves inachevés. Il y a 20 ans, d’autres jeunes tentaient l’action, en Octobre 1988, et même s’il n’y avait évidemment pas le même sens qu’une lutte pour l’indépendance, des acquis ont été arrachés pour remodeler un régime sur la base d’une profonde libéralisation.
Octobre n’est aujourd’hui qu’un mois dans un calendrier rampant où rien ne bouge et les deux rêves de jours meilleurs se sont effondrés par gravitation.

Sauf que pour la première fois depuis 1988, décideurs et officiels ont été obligés de reconnaître les événements d’Octobre comme une étape décisive dans l’avènement d’un changement de système. Pour se défendre contre la contagion des révoltes dans les pays arabes et pour se disculper, ils ont été unanimes à dire qu’il n’y aurait pas de révolution en Algérie parce c’est déjà fait : il y a eu Octobre 1988. On pourrait donc les prendre au mot et revendiquer un nouvel octobre devant les décevantes réformes proposées et l’inamovibilité déclarée du système. Un nouvel octobre sans casse et sans Stan Smith. Les Algériens sont bien chaussés, grand acquis de 1962 et 1988.

Chawki Amari

Internet : l’Algérie sur la RN 4 pour longtemps encore

L’Algérie se retrouve en 2011 pour internet dans la même situation que pour la téléphonie mobile avant l’ouverture du secteur à la concurrence en 2002. Monopole de fait d’Algérie Télécom sur l’ADSL. Incapacité à déployer une offre nationale de connexion à haut débit. 50% des habitants de la commune de Souidania, qui héberge à Rahmania le Cyber Park vaisseau amiral du web-économie algérien…, n’ont pas de téléphone fixe.

Donc pas de connexion haut débit. Même le palliatif système D de la formule Athir – CDMA radioélectrique –, lancé en 2007, ne fonctionne plus. Les BTS (bornes) sont en panne et abandonnées. Tout comme les clients. Le déploiement de la solution MSAN de très haut débit (triple play), présenté comme la panacée, a déjà six mois de retard dans le pays. Algérie Télécom n’y arrive pas. Et n’a aucune raison de faire vite. Seule au monde. Le rapport Pando Networks sur les vitesses de téléchargement dans le monde évalue un total de 27 millions de téléchargements depuis 20 millions d’ordinateurs dans 224 pays.

Pour l’ensemble du territoire, la vitesse du débit situe l’Algérie dans la moyenne mondiale avec 114 kilobits/seconde, mais lorsque l’analyse est plus fine, elle devient infamante pour l’opérateur historique (jurassique) national. La vitesse la plus basse mesurée dans une grande ville du monde est… Alger avec 56 kbps. Taux de pénétration d’internet famélique - inférieure à 15% des ménages en 2010-, qualité de services désastreuse avec le plus bas débit du monde enregistré à Alger… le monopole de Algérie Télécom sur l’espace-temps de la connectivité coûte très cher à la productivité du travail national. Comme pour la téléphonie mobile lancée seulement avec l’arrivée de nouveaux opérateurs à partir de 2002. Pour le comprendre, il faut juste comparer l’efficacité des transports routiers avant et après l’autoroute Est-Ouest.

Avec le service internet actuel, le pays circule toujours sur la RN4 entre Alger et Oran… et s’arrête à Oued Fodda pour les brochettes. A qui la faute ? Au management politique en premier. Internet est d’abord lié à la performance du réseau et des prestations du téléphone fixe. Toutes les autres formules non filaires viennent en soutien. Le gouvernement Bouteflika I a, accordons-lui cela, tenté de créer de la concurrence sur le téléphone fixe comme il l’a fait pour le mobile. Mais l’échec de la seconde licence du fixe – Lacom détenue par Orascom et Egypte Télécom – a laissé sans réaction Bouteflika II fin 2006. La faillite de Epaad trois ans plus tard a fini de restaurer le retour à la case de départ. Devant une gouvernance Bouteflika III cette fois ouvertement hostile à la multiplicité des opérateurs.

Virage complet sur la dynamique des TIC qui vaut à l’Algérie d’être aujourd’hui le pays le plus retardataire de l’Afrique du Nord dans ce domaine décisif de la compétition économique mondiale. Dans un tel contexte, il ne faut surtout pas que l’opinion soit encore leurrée. Le lancement – extrêmement tardif lui aussi - de la licence de téléphonie 3G ne va pas permettre de rattraper le gap numérique algérien. Tout juste de le maquiller. Les abonnés qui en auront les moyens financiers bénéficieront de internet sur leurs terminaux mobiles.

L’essentiel du trafic continue à se faire sur le réseau filaire partout dans le monde ou l’internet mobile (3 g et 4 g) a été lancé depuis bientôt une décennie. Même si l’avenir ergonomique et commercial de l’internet mobile est colossal. Les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont, finalement, le secteur où la crispation chauvine du président Bouteflika depuis 2006 (affaire Orascom Construction) a fait les plus grands dégâts. Palpables en kilobits-seconde. La feuille de route du début était la bonne. Concurrence des opérateurs sur le mobile et sur le fixe, soutien à l’émergence des providers d’internet – il n’en reste plus que 3 – ouverture du capital de Algérie-Télécom à un partenaire technologique international afin d’assurer la remontée de filière technique.

Ou alors un contrat de délégation de gestion comme pour l’eau à Alger. Il est vrai que personne n’est encore sorti dans des émeutes pour une connexion internet interrompue deux jours durant. Mais les emplois perdus, ou pas créés, tous les jours à cause de la connectivité scandaleuse du pays, elle, est une formidable matrice d’émeutes.

El Kadi Ihsane

Parle à mon foie, ma tête est malade !

Que faut-il pour lancer une bonne télé privée ? Un tas de…

… billets de 2 000 dinars !

La dernière sortie de H’mimed aura eu le mérite de nous rassurer. Les autorités de ce pays, à tous les étages du Palais et de ses annexes, s’occupent comme il le faut de nous. Je dois même dire qu’elles le font de manière organisée et rationnelle. Ainsi, H’mimed est en charge de notre foie. Il veille jalousement à le préserver de tout risque de cirrhose. Ghoulamallah, le ministre du culte, a, lui, pour mission de veiller sur notre foi. Une tâche qu’il remplit consciencieusement grâce à une armée d’imams au foie sain et à la langue souvent bien pendue, surtout le vendredi. Barkat s’occupe, pour sa part, de nos estomacs. Plus particulièrement durant le Ramadan, puisque le bon docteur confectionne et livre des couffins chargés de victuailles et d’amertume pour ceux qui les attendent dans les queues devant les mairies. Tou, le ministre des tunnels vides et des transports millimétrés, prend soin de nos jambes. En ne livrant que des bouts de tram et en retardant au maximum le métro, il nous force ainsi à solliciter encore et encore nos guibolles, favorisant leur vascularisation et diminuant donc les risques de phlébite. Amar Ghoul, estimant à juste titre que la marche seule ne suffit pas à nous garder en bonne santé, s’est mis à construire des autoroutes. De belles, de grandes, de larges autoroutes que nous nous empressons de couper, de barrer, d’enflammer avec des pneus et sur lesquelles nous jouons comme des fous à «cours après moi que je t’attrape» avec des policiers tout aussi joueurs et potaches que nous. Grâce à lui, en plus de marcher comme nous le prescrit Tou, nous courons dans tous les sens, comme des dératés. Pour finir souvent au commissariat. Et là, c’est Daho Ould Kablia qui nous chouchoute. Ah ! Daho ! Lui, c’est la partie massage et kinésithérapie de choc. Avec quelle vigueur il secoue nos os, les réveillant, les tordant dans tous les sens, les malaxant jusqu’à en faire de la pâte molle. Oh ! Bien sûr ! Les petites natures feront bien remarquer que ces séances se soldent souvent par des bleus sur tout le corps, mais ce qu’elles omettent fort malhonnêtement de préciser, c’est qu’une peau qui bleuit au contact de vigoureuses mains masseuses, c’est un signe de réactivité, de bonne sensibilité du derme et des terminaisons nerveuses. Et comment ne pas évoquer ici celui qui, du plus haut des étages du Palais, prend soin de nos cœurs. Il les fait battre comme personne ! Il les stimule à tout-va. Il les emballe. Il en accélère et en ralentit le mouvement comme un véritable chef d’orchestre. Un jour, il nous aime ! Et nos cœurs s’enflamment. Un jour, il nous insulte ! Et notre tension s’affaisse. Un autre jour, il nous lance «ça y est ! Je m’en vais et vous laisse à votre médiocrité !» Et nos cœurs se pincent d’effroi. Résultat de ce rodéo des cœurs, nos ventricules fonctionnent à plein régime et se ventilent au diable vauvert. Ne croyez pas qu’il s’agit là de maltraitance. Non ! C’est de l’amour ! Un amour sans relâche. Un amour assidu. Un amour fou ! Tellement fou qu’au prochain remaniement, il faudra prévoir un ministre psychiatre pour s’occuper aussi de nos têtes. De nos fantasmes. Et éviter que ne s’en réalise un principalement. Celui qui nous voit décimer toute cette équipe de gentils médecins et foutre le feu à la clinique. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

Par Hakim Laâlam

Missiles sol-air, mais que faisait l’Otan ?

C’est quand même extraordinaire cette histoire de disparition de 10 000 missiles sol-air des arsenaux libyens ! Qui le dit ? L’Otan. Plus précisément le président du comité militaire de l'Otan, l'amiral italien Giampaolo di Paola, lors d’une rencontre avec un groupe de députés du Bundestag (Parlement allemand) ! Cet honorable officier, cité par le Spiegel, craint que ces armes ne réapparaissent «n'importe où, du Kenya jusqu'à Kunduz» en Afghanistan !

S’exprimant samedi dernier sur les stocks d'armes de Kadhafi, Mohamed Hadia, responsable de l'armement du Conseil national de transition (CNT), a reconnu avoir perdu la trace d'au moins 5 000 missiles sol-air sur les 20 000 munitions achetées par le Guide à la Bulgarie et à l'ex-Union soviétique. Ajoutant, sans craindre le ridicule, que « malheureusement, il est possible que certains de ces missiles soient tombés entre de mauvaises mains». Tiens donc ! Du coup, l’Otan, ce bras armé de l’Occident, a sonné l’alerte générale. Pour l’Algérie, qui a du mal à expliquer le retard mis à reconnaître le CNT alors que Kadhafi et ses rejetons avaient pris la clé des champs, cette histoire de disparition de missiles est tombée à point nommé. Tout juste si nos dirigeants ne se sont pas écriés : «On vous l’avait bien dit, la chute de Kadhafi a ouvert la boîte de Pandore» ! Mais bon, l’Aqmi existait bien à l’époque du régime du bon Mouammar !

Et ce dernier, histoire de titiller son voisin algérien, fermait souvent les yeux sur l’activisme d’Al Qaïda aux frontières sud de la Libye ! Il faut savoir que le régime libyen voyait alors d’un mauvais œil la mise en place d’un commandement militaire unifié regroupant l’Algérie et les pays du Sahel pour traquer l’Aqmi. Plus grave – voir l’article d’ El Watan du 25 avril – Mouammar Kadhafi, que certains cercles dirigeants semblent regretter, n’a-t-il pas instrumentalisé le GIA contre le pouvoir de Liamine Zeroual ? Sur ordre de Kadhafi, les forces libyennes n’ont-elles pas, selon les confidences d’un ancien gradé de l’ANP cité par El Watan, violé la frontière algérienne en octobre 1997 avant d’être contraintes de reculer suite à la riposte de cette même ANP ?

Reste que si l’Algérie avait pris la mesure de ce qui se passait en Libye, à savoir que «Kadhafi c’est fini», on n’en serait pas là aujourd’hui : elle aurait pu, sans attendre la chute du Guide, jouer de son influence pour aider à sécuriser la situation libyenne et limiter, à défaut de l’empêcher totalement, le trafic d’armes résultant du pillage des arsenaux libyens. Car c’est sa sécurité nationale qui était en jeu ! Mais revenons à l’Otan. A qui cette organisation veut-elle faire croire qu’elle ignorait la réalité libyenne en intervenant dans ce pays ?

Il est en effet difficilement pensable que le bras armé des puissances occidentales ait fait montre d’un tel amateurisme en Libye. D’autant, c’est aujourd’hui admis, que des forces spéciales britanniques et françaises ont encadré et conseillé les «insurgés» libyens. Bien plus, s’étant assuré la maîtrise du ciel, les avions espions de l’Otan – avions radars Awacs, drones – et satellites scrutaient de jour comme de nuit le sol libyen. Chaque mouvement des forces de Kadhafi était repéré et ses troupes mises hors de combat ! Dès lors, comment 10 000 missiles, même portés à dos d’homme, ont-ils pu quitter le territoire libyen comme des lettres mises à la poste ? On ne sait pas si ces armes sont parvenues aux mains de l’Aqmi.

Toutefois, selon plusieurs quotidiens nationaux, l’ANP a renforcé son dispositif sécuritaire aux frontières est du pays. Car en Libye, la situation sur le court terme demeure incertaine. Tourné vers la situation interne, le CNT, qui doit d’abord en finir avec les «résidus kadhafistes», aplanir ses divergences internes, mettre en place des structures étatiques «provisoires» pour répondre aux urgences, n’est pas en mesure aujourd’hui, ni sur le court terme, de sécuriser le territoire libyen.

Par Hassane Zerrouky

Et maintenant, les pitbulls !

Ils agressent maintenant avec des pitbulls. On ne connaît pas le prix d'un pitbull, mais on sait qu'en posséder un est un luxe qui n'est pas à la portée des modestes bourses. On connaît aussi «l'autre prix», puisque de futés criminels utilisent cette race de chiens, inconnue chez nous il n'y a pas encore longtemps, pour régler des comptes ou détrousser de paisibles citoyens sans défense.

L'horreur. Ils doivent coûter cher, ces chiens. Ils sont à la mode et ne mangent que de la viande, paraît-il. Mais c'est un bon «investissement» qui doit rapporter.

On ne lésine pas sur le prix quand il s'agit d'acquérir un outil de travail performant. ça s'appelle la modernisation des moyens d'action. Les temps sont durs pour tout le monde. Tellement durs que les victimes faciles, les physiquement faibles et les psychologiquement fragiles se mettent à la résistance.

Avant, il suffisait de leur dire : «c'est une agression !» et ils se mettaient à trembler comme des feuilles en vidant les poches et en jurant qu'il n'y a rien de caché dans les chaussettes. Puis, on est passé à la «planche», cette technique qu'on croyait infaillible avant de se faire de moins en moins efficace.

Puis la bombe lacrymogène, mais il paraît qu'il y en a de plus en plus qui «en redemandent» en montrant des aisselles prêtes à se faire arroser de ce «parfum» un peu fort. Vieil instrument mais jamais dépassé, le couteau faisait encore recette il n'y a pas si longtemps, mais les temps étant de plus en plus durs et la résistance de plus en plus problématique, les travailleurs ont constaté que les petites lames ne faisaient plus peur.

Désormais il faut donner des coups, faire couler le sang, prendre le risque de tuer, alors qu'il suffisait autrefois de montrer le bout du canif ou de faire claquer le cran d'arrêt pour se faire tout remettre. L'épée alors, il faut terroriser, prendre et partir sans laisser de trace.

Trop encombrant tout de même et puis ça rappelle les «autres». Les voleurs-agresseurs ne font pas de politique, ils travaillent et ils ont souci de la performance. De la discrétion aussi. Mais comment diable sont-ils passés aux pitbulls ?

Ils sont le contraire de la discrétion, ils n'ont pas encore fait leurs preuves, ils coutent cher, ils ne mangent que de la viande et ils sont trop proches des dobermans pour tenir la… politique à distance respectable !

Slimane Laouari

Israël ne veut pas de la paix!

On a appris, hier, que Tel-Aviv a donné son accord pour la construction de 1100 nouveaux logements à Jérusalem. Paris a, sans équivoque, qualifié cette décision de «provocation» tandis que d'autres pays ont été plus mesurés.

Il y a dans la démarche du pouvoir israélien une volonté suicidaire de défier le monde entier. On a appris, hier, que le gouvernement de ce pays a donné son accord pour la construction de 1100 nouveaux logements à Jérusalem. C'est une façon de rejeter purement et simplement le processus de paix. «Je ne pense pas qu'il y ait quelque chose de nouveau. Nous planifions à Jérusalem, nous construisons à Jérusalem, un point c'est tout, de la même façon que les gouvernements israéliens l'ont fait depuis la fin de la guerre de 1967», a déclaré, hier, Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien dans une interview au Jérusalem Post.

Toutes les réponses sont contenues dans cette déclaration. Pas de gel des implantations que Mahmoud Abbas pose comme préalable à la reprise des négociations avec l'Etat hébreu. Pas de retour aux frontières de 1967 comme proposé par le président américain Barack Obama. Israël ne veut pas de la paix et cela depuis toujours. La situation de guerre permanente l'arrange.

C'est ainsi qu'il compte atteindre l'objectif du Grand Israël que tout le monde a tendance, ou fait semblant, à oublier. Il ne lâchera pas sa position de petit pays «victime» de ses voisins arabes qui «l'encerclent» sur toutes ses frontières. Comme il «fructifie» la Shoah depuis 60 ans en culpabilisant toutes les nations qui s'aviseraient de trouver à redire sur ses exactions contre le peuple palestinien en n'épargnant ni hommes, ni femmes, ni vieillards, ni enfants.

De la haine à l'état pur. L'annonce des nouvelles constructions a aussi pour but de dire toute la considération qu'ont les dirigeants israéliens sur la reconnaissance ou non, à l'ONU, de l'Etat palestinien. Comme il n'a jamais d'ailleurs reconnu une quelconque de ses résolutions depuis 1948. Tout ce mépris, toute cette arrogance qu'on peut mettre au compte d'une délinquance politique qui n'a pas son pareil dans l'histoire de l'humanité.

Un «petit» pays qui défie la planète toute entière. Et les puissants de ce monde qui font semblant de désapprouver sans se faire écouter. Saeb Erekat, le chef des négociateurs palestiniens, l'a bien dit en déclarant qu'avec «ces nouvelles colonies Israël dit 1100 «non» à la reprise des négociations, à la solution à deux Etats, donc les Américains, les Européens, les Russes et l'ONU sont confrontés à 1100 «non» de la part de Netanyahu: son gouvernement a choisi les colonies et pas la paix». Nous ajoutons que quand on ne veut pas la paix, on cherche forcément la guerre. Hillary Clinton se déclare «déçue» par cette annonce. Encore heureux. Londres appelle Israël à revenir sur sa décision. Quel angélisme. Catherine Asthon, chef de la diplomatie européenne, «regrette» ces nouvelles constructions. Quelle fermeté. Et Abbas qui continue à demander «un gel complet» de la colonisation. Quel rêveur.

Contre toute attente, c'est Paris, par la voix du Quai d'Orsay, qui fait preuve de plus de lucidité en qualifiant ces nouveaux logements de «provocation» d'Israël. Et c'est bien de cela, malheureusement, qu'il s'agit. Comme pour aller dans le sens de la position française, l'ambassadrice d'Israël en Russie, Dorit Golender, confirme que «dans la situation actuelle, Israël est prêt à toute évolution des événements, y compris une escalade des tensions sur les territoires contrôlés par les Palestiniens».

Une nouvelle confrontation dans la région ne semble pas être bien loin. Deux scénarios seulement se présentent devant une telle situation. Sachant que le monde ne connaîtra la paix qu'avec le règlement du conflit israélo-palestinien, ou bien tous les pays se liguent pour faire plier Israël sinon la preuve sera donnée que c'est bien Israël qui dicte ses volontés sur les cinq continents. En d'autres termes ou le monde «se couche» et se laisse «mener» par Tel-Aviv et à son bon vouloir, ou alors il se ressaisit et maîtrise l'Etat rebelle dans l'intérêt bien compris de l'humanité toute entière.

Pour l'instant, c'est le premier scénario qui se déroule. S'il n'est pas contrarié à temps, l'histoire que nous laisserons aux futures générations sera peu glorieuse pour le genre humain. Il n'est surtout pas dit, dans ce cas, que ces futures générations ne se soulèveront pas pour laver l'affront fait à leurs aînés. Nous serions alors, actuellement, dans une nouvelle guerre de cent ans. Pas de quoi être fiers devant l'histoire!

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UNE COMMISSION VIENT D'ÊTRE INSTALLÉE AU MINISTÈRE DES AFFAIRES RELIGIEUSES Qui pousse au retour des anciens du FIS?

Les observateurs s'étonnent sur la récurrence de ce dossier que le Premier ministre a pourtant tranché, il y a quelques jours.

Les diverses manoeuvres sur l'amnistie générale des activistes de l'ex-FIS dissous se font de plus en plus pressantes. C'est le responsable de la cellule de communication du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs, Ada Fellah qui vient de jeter un véritable pavé dans la mare. Ce chargé de communication au département de Bouabdallah Ghlamallah, également ex-député et membre du conseil consultatif du mouvement Ennahda, s'est confié à la presse arabophone pour faire la promotion du nouveau projet en préparation.

Il a annoncé la création, en compagnie d'autres personnes, de ce qu'ils appellent «le comité d'accueil des exilés de l'ex-FIS dissous», littéralement en arabe «Ladjenat istikbal Al Maghdhoubin aâlayhoum» durant les années 1990.


Les membres dudit comité comptent dérouler le tapis rouge à plusieurs responsables de l'ex-FIS dissous en exil à l'étranger, ainsi que certains anciens militaires vivant dans la même situation. Il s'agit entres autres, de l'ex responsable du FIS dissous Anouar Haddam.

«Ces personnes ont le droit de humer l'air de leur pays», justifie-t-il en omettant que Anouar Haddam, ancien président de la délégation parlementaire du FIS à l'étranger, est présenté comme l'un des plus «durs» de la tendance et proche du Groupe islamique armé (GIA). Ce dernier aurait même revendiqué, en 1995, le sanglant attentat du commissariat central à Alger, qui a coûté la vie à 42 personnes. Comme il aurait approuvé les assassinats du professeur Mahfoudh Boucebci, éminent psychiatre et sommité mondiale dans le domaine médical, de l'ancien ministre de l'Enseignement supérieur, le professeur Djilali Liabès et d'autres journalistes et intellectuels.

Auparavant c'était Abdelaziz Belkhadem, qui l'a invité officiellement à rentrer au pays avant de se ressaisir en octobre 2005. Ce membre de la direction du FIS dissous, élu député durant les élections législatives avortées de 1991 à Tlemcen, est sur le coup d'un mandat d'arrêt international lancé par Interpol sur la demande des autorités algériennes. Il a déclaré récemment, au journal El Khabar, que «son proche retour en Algérie s'inscrit dans le cadre d'un changement pacifique du régime politique paralysé, devenu un fardeau onéreux pour l'Algérie».

Le comité installé mardi dernier sous l'autorité du ministère des Affaires religieuses, devait comprendre également comme cofondateurs, entre autres, un ex-officier de l'Armée et d'autres personnes de l'ouest du pays. Pour le besoin de la diversion, on cite d'autres personnes à l'image d'Anouar Abdelmalek réfugié politique en France et qui était derrière l'affaire Bouguerra Soltani. Ce dernier avait déposé une plainte pénale contre le président du MSP auprès de l'Office des juges d'instruction du canton de Fribourg en Suisse pour torture qu'il lui aurait fait subir en 2005. Ce journaliste écrivain, nie le fait que son retour ait été précédé par une quelconque négociation avec les autorités algériennes. On cite également le nom de Hicham Aboud, ancien militaire. Ce dernier a, lui aussi, affirmé que «son retour n'est pas le résultat de négociations engagées avec une partie ou une autre au pouvoir»


Certains milieux opportunistes et proches des islamistes on fait de la question d'amnistie générale leur cheval de bataille. Ces manigances de pur acabit qui se relaient, omettent-elles plus souvent de parler du droit des 200.000 victimes qu'a coûté à l'Algérie l'aventurisme assassin de ces personnes qu'on veut amnistier aujourd'hui? Après la sortie ambiguë et tonitruante du président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh), Me Farouk Ksentini, qui a ardemment réitéré sa plaidoirie par la voix d'une certaine presse, pour une amnistie générale en faveur des terroristes, le sujet vient d'être remis au goût du jour par le responsable de la communication au... ministère des Affaires religieuses.
Il est clair que ce ressassement constant, se produit alors que l'APN est en train d'examiner une réforme portant loi sur les partis politiques. Et ce fait, une certaine tendance parmi les sympathisants invétérés, issus des réseaux de salafistes et des milieux islamo-conservateurs, ne cesse de pousser en faveur de l'amnistie générale qui permettrait aux cadres de l'ex-FIS, actuellement interdits d'activité, de fonder un parti politique.


Cependant, ce forcing sur un dossier, qu'on croyait plié par les dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, demeure énigmatique. Cela est d'autant plus intrigant que les plus hautes autorités du pays se sont exprimées sur la question dont le Premier ministre Ahmed Ouyahia. Il y a quelques jours, Me Ksentini a avancé qu'il «ne voit pas pourquoi l'amnistie ne s'appliquerait pas en Algérie, dès lors que d'autres pays qui ont vécu des drames l'ont adoptée». Non! a tranché pour sa part, le Premier ministre Ahmed Ouyahia. Ce dernier a démenti «solennellement», vendredi dernier à Alger, l'information sur l'existence d'une amnistie générale pour les terroristes, telle que rapportée par certains titres de la presse.

M. Ouyahia, catégorique, a indiqué, lors d'un point de presse animé à l'issue des travaux de la tripartite (gouvernement-syndicat-patronat). «Faux, faux, sur toute la ligne, je la démens le plus solennellement du monde». Sur un autre plan, se présentant comme étant les initiateurs du «Réveil libre des enfants des mosquées d'Algérie», les anciens prédicateurs de l'ex-Front islamique du salut (FIS) graciés encouragent, depuis quelques jours, de prétendus comités des quartiers populaires à signer des pétitions de protestation et à les déposer auprès des autorités concernées pour exiger la fermeture «définitive» des débits de boissons alcoolisées, qui ont été saccagés par des jeunes issus des quartiers populaires et défavorisés, manipulés et chauffés à blanc par ceux qui ne rechignent pas à faire du prosélytisme outrancier.

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23 ANS APRÈS LE 5 OCTOBRE 1988 Nos jeunes imprégnés d'images de sang

L'Algérie a certes commencé sa révolution depuis longtemps, mais est-elle arrivée à son aboutissement?

L'Algérie a célébré hier l'anniversaire des événements d'Octobre 1988. Le tout dans un double contexte. Celui des révolutions arabes et celui du débat sur la poursuite des réformes politiques dans le pays. Beaucoup de voix se sont élevées depuis janvier dernier pour donner des leçons à l'Algérie, prétendant la guider sur le sentier révolutionnaire qu'elle a pourtant emprunté depuis 23 ans. Dès 1989, une nouvelle Constitution a été adoptée. Elle a été suivie par la promulgation de nombreuses lois ouvrant le champ politique et médiatique. L'article 40 de la Constitution a institué le multipartisme et la loi sur l'information a donné naissance, sous l'impulsion de Mouloud Hamrouche, à la presse indépendante. Des années plus tard, des leçons ont bien été tirées de ces réformes. La révision de la Constitution est annoncée pour l'année prochaine alors qu'en ce moment même, sept projets de loi sont discutés à différents niveaux des institutions politiques. Il est surtout question d'ouverture du champ audiovisuel au privé et une surveillance plus accrue du processus électoral. La représentation de la femme et le renforcement du mouvement associatif font partie des objectifs de ces réformes.

Autant d'acquis qui n'ont pu être engrangés pendant la tragédie nationale suite à l'entrée fracassante des islamistes dans le jeu politique. Une rupture du processus électoral au début des années 1990, l'état d'urgence et l'effusion de sang avec ses 200.000 morts ont donné un coup de frein à la marche de l'Algérie vers une véritable vie démocratique.

Ce déficit sera-t-il rattrapé par les prochaines échéances électorales? Les législatives et le choix des élus locaux à l'APC et à l'APW seront pour l'année prochaine alors qu'en 2014, il y aura un grand rendez-vous politique avec la présidentielle. Y aura-t-il des trouble-fête? Des islamistes ou du moins des anciens leaders continuent de nourrir le projet de reconstituer l'ex-FIS. Ce danger du retour des islamistes ou de leur arrivée au pouvoir n'est pas seulement une menace pour l'Algérie. Il guette l'ensemble du Monde arabe. Les islamistes tunisiens, libyens, syriens, yéménites et égyptiens affûtent leurs armes. S'il partagent un même dessein, celui d'instaurer un Etat théocratique, leurs plans d'action diffèrent. Il se trouve même des islamistes qui se réclament partisans d'un régime démocratique mais pour mieux lui tordre le cou une fois au pouvoir, à l'image de ce qui se passe en Syrie tandis qu'en Egypte, le projet d'un tel Etat est avoué publiquement.

Ces éléments sont parmi d'autres les ingrédients qui font planer des menaces de guerres civiles augmentant du coup la vulnérabilité aux frontières de l'Algérie ainsi que celle de ses partenaires au Moyen-Orient. Ces signaux peu encourageants n'empêchent pas les Algériens de continuer à s'indigner. Il y a peu de monde qui rejette le constat selon lequel le pays est au milieu du gué et qu'une crise frappe effectivement ses institutions. Pour ne pas laisser l'indignation se transformer en révolte, des réponses politiques et économiques continuent d'être proposées.
Les lois de finances successives ne cessent d'inscrire au chapitre des dépenses des montants astronomiques pour faire face aux demandes des travailleurs en augmentant les indemnités et les salaires. Même les patrons bénéficient d'effacement de dettes alors que les demandeurs d'emploi bénéficient de crédits à un taux avantageux.


Les jeunes d'aujourd'hui sont nés sous le règne de Boumediene et ont grandi sous celui de Chadli: ils ne sont donc plus sensibles au discours politique. Ce qu'ils veulent, c'est du concret. C'est-à-dire le travail et le logement. Les étudiants d'aujourd'hui n'ont même pas vécu l'époque de Chadli et les événements d'octobre. On peut même spécifier qu'ils sont nés en pleine tourmente du début des années 1990. En souvenir, ils n'ont retenu que l'effusion de sang et les scènes de destruction. Leur psychisme est imprégné de scènes de violence. Curieusement, c'est un point commun qu'ils partagent avec leurs aînés ayant vécu la guerre de Libération. 23 ans après Octobre 1988, le civisme est peut-être l'une des vertus qui manquent le plus à l'Algérien.
Le phénomène prend tout son sens lorsque est constaté le fossé qui sépare le citoyen des gouvernants. C'est une donne que les réformes successives n'ont pas pu régler. D'où les soulèvements vécus dans plusieurs wilayas en quelques mois au début de l'année.

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Front audiovisuel arabe anti-Al-Jazeera

«Donne un cheval à celui qui dit la vérité, il en aura besoin pour s'enfuir» Proverbe arabe

Décidément, le monde médiatique et audiovisuel arabe est en train de bouger à une vitesse vertigineuse. On crée des télévisions dans le Monde arabe plus que dans le monde occidental.
Alors que le P-DG d'Al Jazeera, Waddah Khanfar, a démissionné et a été remplacé par le gendre de l'émir du Qatar, pour des raisons encore inéxpliquées, le paysage audiovisuel arabe est en pleine ébullition au Moyen-Orient. En plus des petites chaînes créées ici et là en Égypte et en Irak, deux nouvelles chaînes vont, en effet, voir le jour en 2012. La première et sans doute la plus attendue par Al Jazeera, Al Mayadeen (littéralement les «places» en arabe, allusion aux places qui ont symbolisé les révolutions dans le Monde arabe) qui sera lancée depuis Beyrouth par deux anciens d'Al Jazeera, Ghassan Ben Jeddou, le correspondant de la chaîne au Liban jusqu'au printemps dernier, et le producteur Sami Kleib, qui a travaillé également en France pour RMC-Moyen-Orient et RFI. Selon certaines informations déjà divulguées par les experts de l'audiovisuel arabe, Al-Mayadeen sera une chaîne d'informations en continu qui compte «mettre fin à la propagande d'Al Jazeera». Ghassan Ben Jeddou, qui est d'origine tunisienne, avait quitté Al Jazeera pour dénoncer la manipulation de la rue arabe. La seconde chaîne, basée elle aussi à Beyrouth, appartient à l'homme politique irakien, Ahmed Chalabi, ex-allié des Américains pour renverser Saddam Hussein en 2003. Cette chaîne couvrira surtout la zone Iran-Irak-Syrie-Turquie, pays avec lesquels l'ancien protégé du Pentagone est en contact pour créer une grande zone de libre-échange au Moyen-Orient. Enfin, une troisième chaine devrait voir le jour dans la région, en 2012. Ce sera SkyNews Arabia, la première chaîne info en langue étrangère (en l'occurrence en arabe) du réseau britannique British Sky Broadcasting. Cela intervient après l'annonce du lancement d'une nouvelle chaîne initiée par le milliardaire saoudien Walid Ben Talal (neveu du roi d'Arabie Saoudite). Homme d'affaires présent dans de multiples secteurs dont les médias et qui détient 5,5% de News Corporation, le groupe de la famille Murdoch, Walid Ben Talal compte lui aussi contester le leadership d'Al Jazeera et lancer Al Arab, sa propre chaine d'information en continu qui contribuera à la promotion de la liberté d'expression dans le Monde arabe. Walid Ben Talal a d'ores et déjà annoncé un accord avec Bloomberg LP, dans le cadre duquel Bloomberg sponsorisera la création de cinq heures de programme d'infos financière et économique qui seront diffusées tout au long de la journée sur Al Arab. Même si ces chaînes sont financées et dirigées par des personnes aux parcours totalement différents, leur objectif reste unique et commun. C'est de créer un front audiovisuel anti-Al Jazeera pour stopper la chute de l'ancien Monde arabe: la Syrie, le Yémen et l'Arabie Saoudite.

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L'égalité

«Les hommes naissent bien dans l'égalité mais ils ne sauraient y demeurer.» Montesquieu


L'égalité entre tous les citoyens, celle qui est inscrite en toutes lettres dans une Constitution maintes fois remaniée, serait-elle un vain mot? Les salariés l'apprennent chaque jour un peu plus à leurs dépens.

C'est ainsi qu'à la veille de cette tripartite que tout le monde attendait avec espoir, les travailleurs et les anciens travailleurs, c'est à dire ceux qui ont pris une retraite «normale», à 80% d'un salaire de base plusieurs fois dévalué par une inflation galopante, ou ceux qui ont été dégraissés au temps du démantèlement des entreprises publiques et qui doivent se contenter d'un pourcentage d'un salaire qui ne correspond plus à rien depuis déjà une dizaine d'austères ramadhans. C'est ainsi que dans les discussions animées qu'osent entretenir, entre deux parties de dominos, certains crânes blanchis et certaines têtes chenues ont émis le souhait de voir la prime de la femme au foyer substantiellement revalorisée, car le bruit a couru depuis longtemps que certains fonctionnaires vernis touchaient depuis fort longtemps une allocation qui était comprise entre 4000 et 5000 dinars. Et si jamais vous vous aventurez à relever que nos tendres moitiés, celles qui s'étaient dépouillées de leurs pauvres bijoux pour alimenter un Fonds de solidarité nationale pour permettre à ceux qui avaient pris le pouvoir par les armes de faire mener à cet Etat un train de vie respectable, sont aussi inégales entre elles que leurs conjoints malchanceux, on vous répondra que chaque catégorie sociale a sa caisse.

Ainsi, il y a des catégories sociales pour lesquelles les caisses de l'Etat sont de véritables cornes d'abondance et d'autres pour lesquelles ce sont des mamelles sèches. Donc, cinquante années après l'été de la discorde, il n'est plus question de solidarité nationale. Certains seront branchés directement sur les puits de pétrole tandis que d'autres le sont sur le FMI, la Banque Mondiale et la crise économique générée par les subprimes et la dette grecque. Donc, les travailleurs les plus modestes, ceux dont leurs salaires ne sont pas indexés sur le Snmg devront attendre une décision charitable comme ces mendiants qui assiègent les entrées de mosquées, des restaurants et des boulangeries. Et la politique salariale des gouvernements algériens a toujours été la même, même quand les importations dépendaient de sociétés nationales, il fallait toujours attendre le geste auguste du Semeur. Dans les années 1970, l'inflation galopante avait conduit le gouvernement Boumediene à prendre un décret gelant les salaires. Certains directeurs d'entreprise se sont mis alors à gonfler les primes pour attirer vers eux les travailleurs qui avaient la malchance d'opérer dans des entreprises vivant de subventions. Il était même arrivé à l'entreprise où j'avais échoué, de différer le paiement des salaires parce que la «tranche» ministérielle n'était pas débloquée. Et il faut rendre hommage à l'inventivité de certains directeurs qui «empruntaient» à la banque de quoi faire patienter leurs salariés dont beaucoup ont commencé à faire du nomadisme.


Le SGT était arrivé à point pour calmer les esprits, mais ses travaux ont tellement traîné en longueur qu'il était tombé en désuétude sous les coups des tenants du libéralisme, ceux qui, dans les journaux payés par le contribuable, accusaient les travailleurs d'être des rentiers. C'était sous l'ère des restructurations qui allaient mettre des entreprises viables à la portée des charognards, ceux qui contrôlent à présent les prix des produits de première nécessité. Et le Syndicat, me direz-vous, dans tout cela? Il participe avec fierté aux tripartites stériles.

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La came «sucrée» d'Adrar

Sedira, le juge de Rouiba, a été attentif aux quatre plaidoiries d'où nous ne relevons que la détention et point de commercialisation.

La coutume qui veut qu'un avocat peut rendre une visite de courtoisie à un juge du siège le jour de l'audience, avait été respectée encore ce dimanche. Les avocats concernés par une grave affaire de trafic de drogue que la loi peut punir par la perpet s'étaient rendus chez Sedira, le président de la section correctionnelle du tribunal de Rouiba (cour de Boumerdès) en vue de le saluer avant la grande bataille qui s'annonce rude car pour la défense, point de trafic de drogue via la commercialisation.


En effet, les faits remontent au 27 septembre 2011. C'est un flagrant délit. Il est question de la réception d'un colis de dattes «deglet Ennour» où l'on découvrit une centaine de grammes de drogue traitée.

Cela suffit aux gendarmes d'entrer dans leurs gros sabots pour s'envoler vers la loi n°04-18 du 25 décembre 2004 relative à la prévention et à la répression de l'usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes, une loi qui a déjà près de sept longues années d'application quotidienne sans pour cela que le fléau se mette dans ses petits souliers. Nous craignons, devant l'échec de l'action de cette arme de dissuasion massive, que le législateur change de redingote et aille carrément vers la «légalisation de came.»

Espérons que non, ya Allah! même si cette fois, la drogue avait été introduite dans un colis contenant des douceurs naturelles d'Adrar, comme pour éloigner tout doute sur le contenu réel de la boîte parvenue du Grand Sud. Et ici, Maître Rabah, Maître Kamel Siam, Maître Mourad Taleb ainsi que leur aîné, ce vieux renard de Maître Benouadah Lamouri avaient décidé, à l'unanimité, d'aller vers un petit oui... à la détention de came mais vers un immense «non!» à la commercialisation, un très grave délit sévèrement puni et qui est pour aujourd'hui la perpet (dixit Sedfira, le président).

L'essentiel aura été la sérénité des débats grâce à un bon président souverain, honnête et courageux et un procureur loyal, attentif et surtout à cheval sur la loi n° 04-18 du 25 décembre 2004.

Les détenus s'exprimaient entre les mâchoires, la trouille les empêchant de répondre clairement et à haute voix aux nombreuses questions de Sedira, le juge de Rouiba (cour de Boumerdès). Ils arriveront tout de même à dire l'essentiel du délit malgré la menace du lourd verdict qui les attend, si les faits étaient avérés. Un à un, les trois inculpés étalent leurs vérités ou ce qu'ils considèrent comme telle.

Calmement et comme s'il avait toute la journée pour entendre les quatre jeunes dealers, le président s'applique à écouter et prendre de temps à autre des notes qui peuvent servir lors de la mise en examen à l'issue des débats.

Les avocats, eux, assistent comme s'ils étaient dans une cérémonie plutôt lugubre. Le premier inculpé né en 1969, entre dans les dédales des déplacements entre Blida, Alger en train en vue de se plaindre du vol d'un engin à qui il tenait.

Le magistrat laisse dire l'inculpé car il voulait faire le lien entre la demande de l'adversaire de l'inculpé - le désistement autour de la plainte et le trafic de drogue. Le récit est long.
Le juge attend la suite et prend acte avec satisfaction des dires de l'inculpé qui avoue avoir reçu des gendarmes arrivés en trombe «me passer une paire de menottes en me précisant que la caméra m'avait surpris en train de déposer la came sur les lieux de la découverte».

Maître Benouadah Lamouri posera deux grandes questions relatives au dépôt de plaintes autour du vol de bijoux dont il avait été l'objet. «Oui, je me suis plaint à Corso et à Boudouaou, reconnaît l'inculpé que le co-détenu appuie dans ses réponses. D'ailleurs, à l'issue de l'audience, le juge infligera un dix-huit mois ferme aux deux premiers inculpés et la relaxe pour le troisième.
Mohamed Riad Belaroui, le procureur se lève et prend acte de la facilité avec laquelle les faits avaient été reconnus, malgré la tentative de diversion de l'inculpé qui était allé puiser cette histoire de vol de bijoux et de dépôt de plaintes «et il n'a jamais précisé à quel niveau les fameuses plaintes avaient été déposées», martèle le représentant du ministère public qui précisera que les quatre-vingt-treize grammes de came avaient été découverts dans une boîte de dattes venue du Sud. Il réclamera «dix ans d'emprisonnement pour les deux premiers inculpés qui allaient chuter de peur anticipée, et l'application de la loi pour le troisième inculpé».

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NOUS VIVONS EN DETTE ÉCOLOGIQUE DEPUIS LE 27 SEPTEMBRE L'avenir est-il à la géo-ingénierie ou au chaos?

«Un humanisme bien ordonné ne commence pas par soi-même, mais place le monde avant la vie, la vie avant l'homme, le respect des autres êtres avant l'amour-propre». Claude Lévi-Strauss

Il est connu que nous consommons plus que ce que la Terre peut produire en une année. Depuis quelque temps, il y a comme une conspiration du silence de la part des pays industrialisés et émergents pour ne pas parler des dégâts actuels et imminents des changements climatiques. Pendant ce temps-là, le climat devient erratique. La biodiversité rétrécit. La publication de l'overshoot day me donne l'opportunité d'attirer l'attention sur le fait que la détérioration risque d'être irréversible. Dans cette publication après la présentation du footprint, nous donnerons quelques pistes proposées pour s'en sortir... Comme chaque année, on évalue la consommation humaine par rapport à ce que met la Terre à notre disposition. Les Terriens vivent à crédit pour finir l'année, et cela commence tous les ans un peu plus tôt. La date établie par Global Footprint Network arrivait début novembre en 2000 et tombe maintenant fin septembre. Pour répondre à leurs besoins, les hommes épuisent désormais la planète sans lui permettre de renouveler ses ressources. Les habitants de notre bonne vieille planète Terre ont consommé au 27 septembre tout ce que la planète est capable de fournir en une année. Pour terminer la dite année, ils compromettent le renouvellement des ressources naturelles, coupant plus d'arbres qu'ils n'en replantent, pêchant sans permettre aux stocks de poissons de freiner leur baisse. Le cap a été franchi dans les années 70.(1)


Aveuglée par un humanisme contre-productif, source d'irrespect écologique et d'un infini gaspillage, l'humanité vit à crédit et consomme annuellement une planète et demie, soit nettement plus que ce que la Terre est en capacité de lui offrir. Selon «Global Footprint Network», le jour du dépassement global, ou jour de la dette écologique (Earth Overshoot Day), avance irrévocablement chaque année. En 1987, nous vivions à crédit dès le 17 décembre, en 2007 dès le 26 octobre, en 2010 le 21 août, en 2011 le 27 septembre! Selon les chiffres de «Global Footprint Network», il faudrait entre 1,2 et 1,5 Terre pour permettre de nourrir la planète. Mais tous les hommes n'ont pas les mêmes appétits: les habitants des Etats-Unis consomment 5 planètes quand ceux de l'Inde vivent avec moins d'une moitié. Ce jour fatidique du dépassement est la date dans l'année où, théoriquement, les ressources renouvelables de la planète pour ladite année auraient été consommées. Au-delà, l'humanité puise dans les réserves naturelles planétaires d'une façon non réversible, si bien qu'à terme, la raréfaction des ressources condamnera l'humanité à un incontournable rationnement (2).

La civilisation du déclin

De tout temps, l'homme a été avide d'énergie pour satisfaire ses besoins... sans trop utiliser la sienne! De la maîtrise du feu au paléolithique à la non-maîtrise du nucléaire à Fukushima, le rapport de l'homme à l'énergie fut toujours placé sous le signe de la domination, économique, sociale ou politique. Or, il est clair aujourd'hui que la course à la puissance énergétique est indissociable du chronomètre de la Terre et de la manière dont les hommes sauront prendre en compte ses limites. Quelles options reste-t-il? Après le feu et la machine à vapeur, une troisième révolution énergétique semble aujourd'hui inéluctable. Pour Sabine Rabourdin, le concept d'énergie prend aussi des connotations multiples: l'un entendra «chaleur, électricité, transport», quand l'autre pourra aussi bien entendre «pétrole, uranium, panneaux solaires, communication», ou bien «enjeux géopolitiques, factures à payer, puissance, effet de serre, énergie vitale...». Toute la matière, tous les échanges sont des formes d'énergie. Aussi peut-on la considérer comme le socle des sociétés humaines.(3)

L'homme de la révolution industrielle a pu consommer quotidiennement 20.000 Kcal. Aujourd'hui, dans les pays industrialisés, il consomme jusqu'à 230.000 Kcal/jour si l'on inclut toutes les formes d'énergie utilisées quotidiennement (chauffage, déplacement, production, alimentation, etc.). Nous avons abouti à une société de puissance qui ne connaît pas de limites à sa volonté de croissance. Mais cette croissance repose sur la consommation démesurée d'énergies fossiles. Des limites se sont enfin imposées à nous: elles viennent des ressources qui se tarissent, des risques et des pollutions qui ont atteint un seuil nuisible. La catastrophe nucléaire de Fukushima a aussi créé une faille dans la confiance envers les machines thermo-industrielles. C'est à partir de là que nous pouvons explorer les voies qui s'offrent à nous pour construire la transition vers cette nouvelle «révolution énergétique».(4)

Les gouvernements, obnubilés par une boulimie énergétique, ont un comportement énigmatique. D'un côté, on parle de changements climatiques, de la nécessité d'aller vers des énergies renouvelables pour ne pas dépasser le seuil de non-retour en termes de changements climatiques. De l'autre, une véritable frénésie s'est emparée des pays industrialisés pour traquer la moindre bulle de gaz et même la moindre goutte de pétrole.(5)

Que faut-il faire?

Dans ce cadre, un nouveau regain est donné au carbone et donc à la pollution. C'est le cas de l'exploitation irrationnelle des gaz de schiste aux Etats-Unis et qui fait des émules en Europe et...en Algérie. Cependant en France, suite à l'interdiction de la technique controversée de la fracturation hydraulique, le gouvernement va abroger les trois permis exclusifs de recherche accordés à Schuepbach et Total. La ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet a expliqué que «Total annonce aussi vouloir continuer à rechercher du gaz de schiste avec des techniques qui ne sont pas la fracturation hydraulique, or on sait aujourd'hui que ces techniques ne sont pas opérationnelles.(6)

Justement, la même compagnie Total qui se voit confier l'exploitation de gaz de schiste dans le Sud-Est algérien sachant les dangers de cette technique, l'entreprise et les pouvoirs publics n'ont pas cru bon de faire un audit d'une technique controversée (2000 produits chimiques injectés, 14.000 m3 par forage, danger de sismique et destruction totale de l'environnement devant une société civile atone et considérée comme quantité négligeable.

Innombrables sont les indicateurs qui nous alarment d'une surchauffe de la planète, d'un épuisement gravissime d'une Terre sur-occupée et surexploitée: bouleversement global du climat, mort biologique des sols suite aux abus d'usages productivistes et courtermistes, pollutions sans cesse plus irréversibles, recul effarant des autres espèces dont nous occupons indument les niches, déclin d'une biodiversité pourtant salutaire à l'humanité, déforestation sur tous les continents, épuisement des mers et des océans, tarissement de toutes les ressources dont la grande majorité n'est pas renouvelable...Ce sont les signes avant-coureurs d'un effondrement. Comme le déclare Mathis Wackernagel, président de Global Footprint Network: «Une reconstruction à long terme ne peut réussir que si elle est conduite avec une réduction systématique à notre dépendance aux ressources.» «Nous sommes conscients que nous vivons au-dessus des moyens de la planète. De nombreuses solutions sont disponibles et permettent de s'attaquer au problème: nouvelles technologies, aménagement urbain, éco-constructions, réforme fiscale écologique, régimes faibles en viande, calcul du cycle de vie des produits, etc.»(7)
La géo-ingénierie présentée comme la solution miracle désigne les efforts visant à stabiliser le système climatique en gérant directement le bilan énergétique de la Terre...Pour Paul Joseph Crutzen, le prix Nobel de chimie 1995, nous avons quitté l'holocène tardif qui existe depuis 10.000 ans et nous sommes entrés depuis deux cents ans dans une nouvelle ère terrestre: «L'anthropocène», où l'homme modifie la biosphère mais aussi la géologie planétaire. De gigantesques bouleversements terrestres d'origine humaine sont survenus; il s'agit d'abord, de l'accroissement de la population, la disparition de nombreuses espèces d'animaux et de plantes à un rythme 100 à 1000 fois supérieur qu'au cours de l'évolution. Les hommes utilisent 50% des réserves en eau douce, respirent 15% de l'oxygène émettent 200% de SO2 et 30%de CO2 contribuant malgré les climato-sceptiques à une aggravation de l'effet de serre et à un alarmant relèvement du niveau de la mer! Le prix Nobel a la solution: il propose d'imiter le volcan Pinatubo dont les énormes rejets de gaz soufrés ont diminué la température de la terre de 0,5 °C, en envoyant des millions de tonnes de soufre chaque année. Pour lui, c'est une opération possible de géo-ingénierie. Elle perpétue la logique de l'anthropocène en transformant l'atmosphère et le climat terrestre. Ces propositions sont combattues par plusieurs spécialistes qui pensent que l'homme joue une fois de plus à l'apprenti sorcier; c'est l'avis de James Hansen de la Nasa, qui le premier a modélisé l'effet de serre pour qui cela devrait être le dernier recours de l'humanité. Il est vrai que de petites opérations cosmétiques comme le fait de faire pleuvoir sur «commande» comme l'a fait la Chine pour les Jeux olympiques de Pékin, ne doivent pas faire illusion. Comme le pense la climatologue Catherine Gauthier: «Les Chinois le savent bien,c'est d'abord en empêchant les voitures de rouler, en ralentissant les émissions que la situation va s'améliorer.» (8)

Sortir du nucléaire sans revenir à la bougie?

Des «études qui sont tout sauf utopiques présentent des scénarios qui tiennent la route et qui, justement, permettent d'aller d'une façon rationnelle vers les énergies non carbonées. Ainsi, en France, l'association Négawatt-créée en 2001- a rendu son scénario pour la période 2011-2050. Il prévoit la fin de l'atome à l'horizon 2033 et ce, sans sacrifier au confort actuel.: «Avec 75% d'électricité d'origine nucléaire, la France serait pieds et poings liés, assurent certains. Négawatt, qui a rendu son nouveau scénario, dit tout le contraire. Elaborer un scénario pour la période 2011-2050. Une feuille de route susceptible de donner à la France les moyens de participer comme il se doit à l'effort de réduction de gaz à effet de serre et de limiter l'augmentation de la température du globe à 2°C. Comment éviter un retour à la bougie et aux peaux de bêtes sans cracher du CO2 dans l'atmosphère? Jusqu'ici beaucoup brandissaient en guise de solution la carte nucléaire. Négawatt table sur une sortie du nucléaire à l'horizon 2033. L'association table sur plusieurs outils. D'abord la sobriété et l'efficacité énergétiques. Encouragées par une fiscalité attractive notamment dans le bâtiment ou la mobilité, elles pourraient réduire la demande en énergie primaire de 65% à l'horizon 2050. Les énergies renouvelables enfin. Boostées par un prix des fossiles en forte croissance, encouragées par une baisse du coût de production, les énergies renouvelables pourraient représenter 91% du bilan énergétique en 2050. Les émissions de CO2 seront alors divisées par 16 et la production nucléaire arrêtée dès 2033 (9)

Dans les pays industrialisés, on pense que nous sommes nombreux et que la Terre ne pourra nourrir 9 milliards de Terriens en 2050, sauf si l'immense majorité consomme comme les Somaliens et une immense minorité comme les Américains, le rapport étant de 1 à 50. Ce que consomme un Américain en une semaine est consommé par un Somalien en une année. Cela n'empêche pas de parler du qualitatif, le Bonheur Intérieur Brut en lieu et place de PIB comme le propose Stiglitz. Rien n'arrête en fait, le ridicule! Même aux Nations unies un eugénisme déguisé reprenant les thèses du Club de Rome est proposé «L'effort à long terme nécessaire pour maintenir un bien-être collectif qui soit en équilibre avec l'atmosphère et le climat exigera en fin de compte des modes viables de consommation et de production, qui ne peuvent être atteints et maintenus que si la population mondiale ne dépasse pas un chiffre écologiquement viable».

Rapport 2009 du Fonds des Nations unies pour la Population.Nous préférons pour notre part la sentence sans appel du professeur Albert Jacquart: «Procréer était autrefois un devoir; c'est aujourd'hui un droit limité»; «S'il y a déjà des hommes de trop sur cette Terre, ces hommes de trop sont ceux qui se montrent exigeants, autrement dit ce sont des gens de l'Occident». Albert Jacquard: «Allez parler du bonheur au Somalien, l'Ethiopien qui galère au quotidien pour survivre, quel serait son bonheur! «Frédéric Denhez dénonce l'oligarchie qui gouverne le monde et entretient l'addiction au carbone. Il écrit: «La recherche du «mieux», du mieux-vivre, du mieux-bouger, du mieux-manger, du mieux-vieillir, du mieux-travailler qui hystérise notre société et fait le bonheur des coaches et des bureaux d'études ne sera pas bouleversée demain par la quête obsessionnelle du mieux-carbone. Au contraire, elle sera plus encore enfermée dans quelques mains. A moins que le citoyen se réveille, que l'Etat retrouve ses racines, que la société réapprenne le sens du collectif: notre avenir, qui dépendra de l'état de nos biens communs, au premier chef la composition de notre atmosphère, ne peut pas être approprié, car il nous appartient. La dictature du carbone doit être l'aiguillon de notre réveil sociopolitique, pas celui de l'oligarchie qui fait profil bas depuis le début de la crise.» Pourtant Il existe des solutions raisonnables que les pays développés peuvent adopter sans diminuer l'attrait d'une vie simple qui n'est pas indexée sur 8 tep/an. C'est peut- être cela le nouveau bonheur brut pour tout le monde. En fait comme le pense Hervé le Treut climatologue membre du Giec: «La géo-ingénierie apparaît comme dernier rêve de Prométhée. Nous avons appris que nous ne sommes pas les maîtres et possesseurs de la nature mais l'inverse. Non, nous sommes entièrement dépendants de notre environnement. Nous sommes des créatures terrestres menacées comme les autres espèces, pas les conquérants de l'univers.» Tout est dit. A nous de choisir entre le chaos et la sobriété énergétique.

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1.A partir du 27 septembre, les Terriens vivent à crédit Le Nouvel Observateur 27.09.11
2.http://cdurable.info/Credit-Terre-le-Jour-du-depassement-global-est-arrive.html
3.David Naulin 26 septembre 2011 http://cdurable.info/vers-une-nouvelle-revolution-energetique-Sabine-Rabourdin.html
4.Sabin Rabourdin: Vers une nouvelle révolution énergétique Le Cavalier Bleu 22.09.2011
5.C.E.Chitour: Gaz de schiste: Miracle ou calamité écol? Mondialisation.ca, 27.01.2011
6.http://lexpansion.lexpress.fr/entreprise/les-permis-exclusifs-de-recherche-de-gaz-de-schiste-abroges_263957.html?xtor=EPR-175
7.http://cdurable.info/Earth-Overshoot-Day-Ressources-naturelles-Humanite-vit-a-credit,2785.html
8.Frederic Joignot: Ils veulent mettre la Terre sous cloche. Le Monde 27 octbre 2007
9.http://www.terraeco.net/Sortir-du-nucleaire-sans-revenir-a,19453.html
10.Frédéric Denhez: La dictature du carbone - Editions Fayard, septembre 2011

FORGER UN CITOYEN ÉQUILIBRÉ Le but de la civilisation musulmane

La force d'une société c'est avant tout ses ressources humaines.

En ce jeudi de l'après-Ramadhan, continuons plus que jamais à nous interroger sur l'essentiel: l'éducation, la formation d'un citoyen équilibré, responsable et utile à son pays. La civilisation musulmane a progressé sur la base de travaux de plusieurs catégories de savants: comme les scientifiques, les théologiens, les philosophes, les mystiques et les fuqaha.

Parfois, le savant en question pouvait réunir en sa personne plusieurs de ses spécialités, comme Ibn Rochd, Ibn Sina ou Al Biruni. Les sociétés musulmanes ont connu l'âge d'or lorsqu'elles réussirent à forger un type d'homme équilibré, instruit et au comportement noble. La civilisation musulmane a été universelle, du fait qu'elle n'a rien négligé, ni la condition humaine terrestre, ni l'éducation du caractère et de l'âme, pour humaniser, élever et guider.

L'ignorance et la mauvaise intention font dire des contrevérités aux islamophobes anciens ou néo-orientalistes: que l'esprit scientifique et les progrès modernes sont étrangers à la religion musulmane.

Des chercheurs de culture musulmane, influencés par l'esprit positiviste, historiciste et antireligieux, et prétextant du fait que toute société est capable de produire de la science par-delà la religion et l'ethnie, considèrent que les découvertes et avancées des scientifiques musulmans classiques n'ont rien à voir avec la religion. Certes, nul n'a le monopole de la vérité et le champ scientifique est spécifique, indépendant, pourtant il n'y a pas de hasard.

Nul ne peut faire abstraction du contexte et des normes qui structuraient l'esprit à l'époque, tout comme nul ne peut réfuter le fait que la culture coranique, la voie prophétique et l'esprit spirituel musulman bien compris favorisent de manière profonde et singulière la réflexion, l'amour du savoir et l'exercice libre de la raison.

Il faut nous garder des faux débats et garder le cap sur la singularité. Car ce que la civilisation musulmane a singulièrement apporté, comme acquis pour toute l'humanité, ce n'est pas seulement des découvertes techniques et scientifiques décisives, c'est surtout un type d'humain équilibré et total: un être à la fois religieux, raisonnable et naturel, sans confusion, ni opposition, sur la base de l'exemple du Prophète (Qsssl).

La force d'une société c'est avant tout ses ressources humaines, le modèle de citoyen produit. C'est cela qui est perdu de vue, par les uns et les autres.

Abu-Hamed al-Ghazali (XIe-XIIe siècles)

Un des plus grands penseurs musulmans (XIe-XIIe siècles), qui représente la ligne médiane est Abu-Hamed al-Ghazali. Il a insisté sur la nécessité de réaliser l'homo-islamicus, celui de la civilité, de la juste mesure, de la modération, de la communauté médiane.

Sa vie et son oeuvre ont oscillé entre les exigences du monde, de la pédagogie, de la vie sociale liée à l'engagement et celles de la relation verticale, intérieure, mystique, qu'illumine une des idées maîtresses du Coran, à savoir que la vie de l'au-delà est meilleure que celle d'ici-bas.
Ghazali est connu pour son célèbre traité de «Réfutation de la spéculation philosophique», auquel, plus tard, Averroès a répondu. Pour Al-Ghazali, le problème ce n'est pas en soi la philosophie, mais le fait qu'elle peut nier des dimensions essentielles de l'homme. On peut accéder librement et scientifiquement à l'universalité de la vérité par le raisonnement, à condition de ne pas nier les finalités, l'éclairage et les repères du Révélé.

C'est dans ce sens qu'Al-Ghazali a réfléchi à la question du rapport entre foi et raison. À la fin de sa vie, dans son ouvrage «La Délivrance de l'erreur», il reconnaît que «chacune des facultés de la perception humaine a été créée pour que l'homme puisse connaître le monde des choses existantes».

Cela signifie que s'ouvrir au monde est inscrit dans la nature positive de l'être humain, même si cela nécessite une grande attention à l'égard de ce monde, de l'étrangeté de l'autre, de tout ce qui est. «Je désire, ajoute Al-Ghazali, m'améliorer et améliorer les autres; je demande à Dieu de m'améliorer, puis d'améliorer les autres à travers moi.»

Al-Ghazali a passé sa vie tiraillé entre le besoin de partager avec les autres, de débattre rationnellement, et le souci de s'intérioriser en privilégiant la recherche de la communication avec l'invisible qui est en nous, saveur de la vérité de l'âme. Entre ce besoin de sociabilité et ce souci de purification intérieure, il y a réciprocité, variation, simultanéité, et non pas parallélisme, opposition, divergence.


L'oeuvre monumentale d'Al-Ghazali a, en fin de compte, pour désir de se conformer au Révélé sans nier le travail de la raison. Une de ses maximes essentielles a trait à la question de la validité de la vérité, qui ne doit pas être définie en fonction de celui qui parle: «Les gens reconnaissent la vérité en prenant pour critères les hommes et ne reconnaissent pas les hommes en prenant pour critère la vérité; c'est là le comble de l'égarement.» C'est l'expression d'une logique universelle. Al-Ghazali pose ainsi comme principe la reconnaissance de l'universalité possible en chacun.

Ibn Bajja (Avempace), Saragosse, XIIe siècle


Ibn Bajja, autre penseur, initialement médecin, traita de la question-clé: celle de l'éducation du musulman. La force d'un pays c'est d'abord, le civisme de ses citoyens. Après plusieurs commentaires de traités scientifiques et métaphysiques d'Aristote, il écrit un texte de philosophie politique et morale, La Lettre d'adieu adressée à l'un de ses amis. Il s'agit d'une épître qui traite de la formation du musulman, du but de l'existence en société et de la connaissance. Elle est citée dans la version latine des oeuvres d'Averroès. Dans ce texte marqué par un humanisme religieux, Avempace affirme que la connaissance des réalités peut et doit être facilitée par la raison et la sociabilité de l'individu. Par la suite, dans une oeuvre majeure, il aborde de front la question de l'éducation de l'âme et de l'individu pris comme un être singulier. Ce texte exceptionnel s'intitule Le Régime du solitaire (Tadbir al moutawahid).


Selon l'auteur, sachant que l'Islam est venu surtout pour éduquer, le comportement vertueux, le civisme, la pureté morale et le bel agir conduisent à la civilisation, à la félicité. Les progrès matériels et scientifiques sont vitaux, mais pour produire une société équilibrée cela doit s'articuler avec l'éthique et un mode d'être ouvert sur les finalités et non point fermé.

Ce chemin passe par l'épanouissement de la capacité de l'intelligence humaine à s'ouvrir sur les dimensions fondamentales de l'humain: son âme et sa raison, sa patrie et le monde. La préoccupation d'Ibn Bajja est de savoir comment accéder à la compréhension autonome de la vérité et participer à la production de connaissances bénéfiques.

Compte tenu des contraintes historiques de l'époque, Ibn Bajja tenta de répondre à cette question en réfléchissant à des thèmes tout à la fois métaphysiques, physiques, et éthiques. De ce fait, il s'engagea dans une vaste polémique contre les conceptions de Ptolémée et les théories sur l'astronomie en cours à l'époque.

Le Régime du solitaire, qui montre l'être humain à la recherche du bonheur sur terre et du salut dans l'au-delà, laissa une empreinte réelle sur les autres penseurs arabes. Il imprima à la philosophie politique une doctrine qui fonde sa validité, du fait que l'effort de raisonnement et d'ouverture en direction des autres cultures universelles, peut conduire à la connaissance de soi et à l'approche du Tout Autre.

C'est une sorte d'esquisse de la société équilibrée, fière de ses racines et ouverte sur le monde, où chaque individu peut réaliser la plénitude de l'existence humaine. Comme le dit Ibn Bajja: «Ce sont les solitaires qui font d'authentiques personnes solidaires.»

Respecter le travail scientifique et l'autre dans sa différence signifie, pour lui, reconnaître que chacun de nous est singulier et solitaire et, en même temps capable de progresser.

Ibn Bajja précise que tant que les membres de la société et de la communauté humaine n'auront pas adopté les moeurs de ces solitaires bien éduqués, ils resteront des étrangers dans leurs familles et dans leurs milieux. Pour ce philosophe, le «solitaire» ne confond pas le soi et l'autre; il n'abolit pas cette frontière, tout en gardant le cap sur l'ouverture foncière à la différence, en vue de permettre à l'intellect humain de comprendre, en quelque sorte, l'essence de l'homme.

À lire Ibn Bajja nous voyons que l'objectif de l'ouverture, c'est que l'homme se garde de tout excès, de tout extrémisme et de tout déséquilibre. Pour cela il doit se connaître, se saisir d'abord lui-même comme être apte à comprendre la réalité concrète du monde: «Lorsque l'intellect, précise-t-il, est en acte (...) il ne pense pas d'autre être que lui-même, mais il se pense lui-même sans abstraction.»


Sur ce point, il s'agit d'une phénoménologie de l'esprit, mais aussi d'une théorie de la connaissance, d'une porte ouverte sur la question de savoir, comment penser la complexité de la vie, la diversité du monde, l'altérité et l'étrangeté de la différence, l'individu et la société. Comment assumer le monde moderne: en réalisant l'équilibre entre des dimensions plurielles et unitaires. Etre, éduquer, civiliser et vivre son temps, c'est apprendre à bien se conduire, avec soi-même et les autres, et articuler des valeurs spécifiques avec des valeurs universelles.
Forger un type d'homme équilibré, instruit et au comportement noble, qui s'attache au bien commun, but de la spiritualité musulmane, relève de la responsabilité de tous, à commencer par l'école.

Par

LES SECRETS DE L'EXTRÊME DE NOUR-EDDINE MAMOUZI Rahma ou les bourgeons de l'espoir

Le désert en notre âme est parfois peut-être plus sauvage que celui qui assaille les esprits dans les espaces illimités de l'exil.

Il y a tant de choses à apprendre de l'inconnu. Même dans la déception tout comme dans la fascination, même dans le mystère tout comme dans l'impossible, même dans le drame tout comme dans le bonheur, même dans l'extrême tout comme dans le sentiment exacerbé, les secrets ne sont en définitive que l'évidence de notre propre croyance. Cette subtile réflexion, qu'il n'est sans doute pas donné à tous de dénouer, est étayée avec délicatesse et ferveur dans un récit intitulé Les Secrets de l'extrême (*) de Nour-Eddine Mamouzi.


Cet auteur, qui a l'expérience de l'humain, professionnellement parlant (par ses études universitaires et par ses divers séjours au Moyen-Orient et en Extrême- Orient), s'adonne totalement à une sorte d'exorcisme personnel où se mêle la foi dans la vie immédiate pour comprendre le sens de la vie. L'homme, qui est-il? que doit-il faire? que peut-il faire? Et c'est dans le passé et dans sa vie intérieure qu'il va l'apprendre. Voilà donc un cheminement mi-philosophique, mi-mystique, mi-littéraire - tout compte fait humain - qui éclairerait, soutiendrait, vivifierait son existence entière... Dieu et l'homme, la morale inséparable de la religion dont elle-même les racines sont dans la nature humaine, le bonheur de la découverte de la condition humaine face à ses devoirs, à ses droits et à sa destinée, tout cet ensemble de préoccupations éveille l'intérêt d'explorer l'Extrême et d'en connaître les Secrets.

Nour-Eddine Mamouzi nous propose une réflexion d'un humanisme élevé où toutes les douleurs pourraient trouver une réponse intellectuelle apaisante. Il s'adresse aux êtres doués de raison. Sans doute, la patience, la volonté, la culture,... la morale pratique, celle qui érige et dirige l'être humain vers l'Absolu Possible, cela globalement constitue une richesse pour l'esprit inventif, une réussite tangible de la fortitude face aux mauvaises ombres du monde actuel. Nous l'avons certes déjà apprécié amplement dans ses oeuvres précédentes Les Chemins de la nuit (2009) et L'autre rive de mes réminiscences (2010), le rêve qu'il fait est celui-là même que nous faisons, et avec lui nous disons fortement «Qui ne cultive pas le rêve, détruit son idéal».

Qu'est-ce donc que ce récit-rêve, et non pas, à mon sens «un roman»? Une allégorie, au vrai illustre, une vision générale d'il y a douze mille ans.

Nour-Eddine Mamouzi nous fait pénétrer dans les circonvolutions de l'Histoire et nous fait partager les nostalgies de ses personnages en quête de vérité d'un passé incommensurable. Et c'est par l'âme revivifiée et par la sainteté pure que l'on accède à l'Extrême du sacré. Mais ce sacré prend des aspects et revêt des tenues toujours de circonstance et toujours il est à l'extrême pointe de la condition humaine, - ce qui fait passer le courant divin dans la société formée par l'Histoire. Voici donc l'heure où commence l'Histoire de Rahma, le personnage légendaire, acteur et narrateur virtuel d'un monde de douleur où les âmes sont égarées et où le désert, quelque nom qu'il porte, nous prévient de la nature de cette solitude et de cette sérénité dont Dieu est le seul Agent rédempteur.

Dans Les Secrets de l'extrême l'âme trouve, en quelque sorte, sa raison d'être. L'idée développée par Mamouzi est complexe, et c'est justement par là qu'elle est intéressante: l'homme seul peut-il se faire et donc évoluer? Dans ce cas précis, la prière serait-elle une «clé» essentielle pour «accéder à la paix intérieure»? Le mystère perce dès lors que l'on cherche une solution humaine.

L'histoire nous donne de grands exemples d'hommes ayant eu recours au désert pour «comprendre le mystère divin»: la retraite a favorisé le développement de la pensée et la prière a ouvert des voies d'une splendeur multiple qui ont notamment permis à Saint-Exupéry de faire l'éloge du bédouin, c'est-à-dire là où l'homme sauve l'homme, l'Humanité n'est pas une vaine utopie. «C'est que, écrit Mamouzi, les valeurs du désert sont inusables: solidarité, hospitalité, générosité, humanité et humilité.» L'éloge de la vie bédouine a du sens! L'auteur essaie de nous convaincre de l'importance de ces «secrets de l'extrême» qu'il dénombre et analyse dans son «roman» avec des personnages en situation permanente face au destin qui les confronte sans cesse en des actes empreints de signes spirituels et temporels laissant ainsi à l'analyste le devoir de relever avec précision et enthousiasme «les secrets de l'Extrême».

Tout au long du «roman», l'imaginaire creuse des sillons à suivre en méditant sur l'homme rongé par la dualité «Bien et Mal» et les deux grands espaces dans lesquels il évolue: le ciel et le désert... Ainsi commence l'histoire: «Sur les Hautes Plaines, rien n'échappe au visiteur. La campagne est tellement proche des regards, qu'on a l'impression qu'elle est à portée de main. Il n'est pas un lieu où les paysans sont absents. Tous vivent en harmonie avec la nature. Mais la folie des hommes a fondé sa foi sur le mal. Dans un petit village implanté dans un massif forestier, un vieux sage demeurait sans nouvelles de son fils Abdelkader, disparu dans les sentiers de la terreur, en ne donnant plus signe de vie. Rahma, ce vieux sage, filait le dos courbé par une fatalité inconnue dans l'attente des desseins impénétrables de la providence...» Il est bientôt rejoint par son vieil ami Salem.

L'aventure de l'apprentissage humain va se déployer en vingt chapitres précédés de «L'éclair imaginaire d'une âme qui voyage» et suivis par «L'épilogue d'une longue marche».
Ici l'ambition de l'auteur est louable, car sa fiction est riche en péripéties historiques et en résolutions morales et éducatives. Cependant, je le répète: il n'a pas besoin de servants quelque grands que soient ces littérateurs pour nous convaincre de l'intérêt à lire Les Secrets de l'extrême que je considère comme une oeuvre utile et totalement algérienne.

Par


(*) Les Secrets de l'extrême de Nour-Eddine Mamouzi, Éditions Zyriab, Alger, 2011, 222 pages.

Dilem Jeudi, 06 Octobre 2011 , Édition N°5813


Dilem Jeudi, 06 Octobre 2011 , Édition N°5813

Solidarité bien ordonnée…

La solidarité intergénérationnelle, qui est le fondement même de la retraite, doit, par conséquent, s’exprimer par une meilleure équité dans la répartition de la rente pétrolière : seule mamelle nourricière de l’Algérie.La fédération nationale des travailleurs retraités n’est pas du tout contente des décisions de la dernière tripartite dont elle attendait pourtant un geste fort.

Sa colère, à la mesure de ses attentes alimentées par les promesses de Sidi-Saïd d’arracher une augmentation du montant des pensions, elle l’a exprimée hier dans un long communiqué sanctionnant la réunion de son secrétariat fédéral. La FNTR s’interroge sur la volte-face des “représentants du pouvoir” qui ont escamoté la question des retraites, pourtant prévue à l’ordre du jour. Une interrogation légitime, d’autant plus que le gouvernement lui-même avait reconnu la situation précaire des retraités, victimes d’une inflation structurelle qui rend aujourd’hui dérisoires leurs maigres pensions.

La mauvaise humeur de la FNTR est légitime à plus d’un titre. cependant, elle doit avoir raison, car le Premier ministre, lors de sa conférence de presse qui avait suivi la tripartite, avait promis “un geste de solidarité” à l’égard de cette catégorie sociale.

Le groupe de travail UGTA/gouvernement, devant faire des propositions, est déjà mis en place et doit entamer son travail aujourd’hui. Suite à quoi le Conseil des ministres prendra des décisions pour donner corps à ce geste de solidarité. Et le plus tôt serait le mieux pour les retraités qui n’en peuvent plus et qui ne comprennent pas non plus que, par ailleurs, des augmentations à tout-va sont accordées aux actifs.

La solidarité intergénérationnelle, qui est le fondement même de la retraite, doit, par conséquent, s’exprimer par une meilleure équité dans la répartition de la rente pétrolière : seule mamelle nourricière de l’Algérie. Il est vrai que la retraite est un problème planétaire qui touche même les pays affichant une croissance à deux chiffres. Chacun de ces pays y va de sa stratégie pour pérenniser le système. Et l’Algérie doit, à son tour, trouver les mécanismes idoines pour que les retraités ne soient plus une variante d’ajustement dans le cadre des équilibres budgétaires. Question de solidarité nationale.

Ouali Omar

Premier résultat de Halilhodzic

“Il paraît que même au gouvernement, on a parlé de ça”, s’est étonné Halilhodzic, entraîneur de l’équipe algérienne de football, agacé par les réactions insistantes à la non-sélection de Ziani.

Le problème, c’est que cela n’étonnerait personne. Les places, dans les représentations nationales, ont toutes le même statut : qu’il s’agisse d’ambassades, de centres culturels, de délégations d’Air Algérie ou de Sonatrach, elles sont conçues comme des points de collecte de la rente attribuable aux seuls membres des clans. Objets de luttes et de marchandages, leur attribution renseigne sur l’état des rapports de force entre clans.

L’impératif de compétition empêche les clans d’appliquer aux délégations culturelles et sportives le même mode de nomination que celui qui régente les missions diplomatiques, économiques et culturelles. Mais, chaque fois que cela est possible, on favorise la star officielle. Des manifestations “genre” “Année de l’Algérie en… tel pays” ou “Alger, capitale de tel art”, cela sert surtout à cela. En sport, l’exigence de résultat étant encore plus pressante, le procédé est moins aisé. Alors, les clans font la démarche inverse : ils essaient de s’apprivoiser l’élite établie et de normaliser politiquement leurs comportement et discours : comme cette sélection qui est allée jusqu’à médiatiser sa pratique collective de la prière sous la conduite de l’imam improvisé Achiou. En pays de “réconciliation nationale”, on ne change pas une équipe qui prie. Faute de gagner.

La presse, qui s’accoutume si aisément des hommes dont elle dénonce les résultats, contribue de toute son énergie à l’immobilisme. Elle se scandalise de l’état de l’école et s’accommode de la longévité pluridécennale de son ministre ; elle s’ahurit de l’effacement diplomatique du pays et ne voit pas que nos grandes ambassades sont devenues des retraites dorées à de vieux compagnons de route ; elle s’étonne du piteux état du championnat mais ne remarque pas que les “grands” clubs sont devenus des repaires d’affairistes et des machines à blanchir l’argent. Fidèle à elle-même, elle interpelle un entraîneur national, venu changer les choses d’une équipe qui, jusqu’ici, faisait couler plus d’encre, de salive et d’euros que de sueur, sur l’absence d’un cacique du onze officiel.

On le voit : le mercato intéresse plus que le championnat. Quand, en début de saison, Halilhodzic allait à la pêche au talent, pour dénicher, entre autres, un jeune transfuge harrachi du RCG Oran, les journaux faisaient la revue des montants de transferts et les entraîneurs en étaient encore à négocier leurs émoluments.

On ne peut encore faire une équipe nationale de niveau continental, pour la raison basique que les joueurs ne tiennent pas physiquement le temps d’un match. Les gens importants ont, privilège culturel, le droit de ne pas travailler. C’est même un cas de lèse-majesté d’observer que l’effort fourni par une personnalité, dirigeant ou vedette, n’est pas à la mesure de ses prétentions. L’avènement de cet entraîneur, s’il ne peut pour l’heure se mesurer à l’aune de résultats techniques, a déjà ce mérite : renvoyer chacun à son rôle. C’est un premier bon résultat de ce changement.

M. H.

musthammouche@yahoo.fr