mardi 1 septembre 2009

La crise selon Noam Chomsky

Aujourd’hui, on va se rassurer à l’idée que la léthargie, la démission et la décadence qui frappent l’Etat et la société ne sont pas propres à notre pays. Noam Chomsky, professeur au MIT qui à quatre-vingt ans, est un des dix universitaires les plus cités dans le monde, est d’un pessimisme sans appel : «Il n’y a plus de sentiment d’espoir»(*).

Pour lui, si la crise actuelle est d’une toute autre ampleur comparativement à celle de 1929, elle requiert toutefois des particularités psychologiques ou culturelles assez marquées : «Pendant la crise de 1929, les membres de ma famille étaient des travailleurs, tous au chômage. Mais ils avaient de l'espoir.» La crise actuelle est différente en ce sens qu’elle a produit de la démission, de la soumission, de la résignation, parfois même du nihilisme : «La période que nous vivons actuellement est beaucoup plus déprimée, il n'y a pas de sentiment d'espoir. Les gens sont des victimes, pas des agents du changement. Pour continuer le parallèle avec les années 1930, il y avait à l'époque beaucoup d'activisme. Il y a eu des sit-in dans des usines.

Dans la littérature de l'époque, on décrit les menaces sur l'appareil industriel et la montée du pouvoir politique des masses. Tout cela était très effrayant pour la classe d'affaires.» Il touche ici du doigt un aspect qu’on a souvent trop légèrement laissé passer. Qu’auraient fait les grands intérêts s’ils étaient menacés de perdre leur pouvoir à la fin des années 1980 ? Auraientils fait comme Gorbatchev et d’autres leaders d’Europe de l’Est dans cette naïveté désarmante qui les a poussés à donner les clefs d’un pouvoir chèrement acquis à leurs adversaires pour sortir honteusement par la petite porte de l’Histoire ? Bien sûr que non.

L’histoire contemporaine suggère qu’ils n’auraient pas fait dans la dentelle. En cela, avec le recul du temps, bien des chefs d’Etat du bloc soviétique, arrivés aux avant-postes (et non à l’avant-garde, comme ils le prétendaient), sont carrément passibles pour haute trahison aux intérêts non plus seulement de leurs peuples mais de l’Humanité entière. Par leur reddition, ils ont notamment, et surtout, désarmé les autres peuples. Dans le prolongement de la fin de l’idéal socialiste, l’échec du projet national a fini par installer le néolibéralisme en maître absolu. Comme le relève Noam Chomsky, «avant, c'était une lutte des deux côtés. Maintenant, il n'y a plus que les riches contre des gens désorganisés».

Il en veut pour preuve, la situation de l’industrie automobile dans son pays, les Etats-Unis : «Evidemment, les travailleurs pourraient chercher à prendre leur destin en main et produire ce dont nous avons besoin. Ils ne le font pas, non pas pour des raisons économiques, mais pour des raisons sociales. Il n'y a pas de mouvement en ce sens (…) Ce n'est pas de l'apathie, c'est du désespoir. Ils ne sont pas apathiques, ils sont au contraire très sensibles à ces questions, mais ils ne savent pas quoi faire. Après la Seconde Guerre mondiale, la classe d'affaires a endoctriné la société sur l'américanisme. Celui-ci a tout emporté... les ouvriers, les églises, les écoles, les clubs sportifs, le gouvernement. Les syndicats, les partis politiques ont été éliminés.

Il n'y a plus qu'un seul parti, celui des affaires.» En l’absence de forte résistance, la crise actuelle semble être une manifestation, une poussée de fièvre, typique de la poursuite du processus de concentration observé depuis la Première Guerre mondiale : «Je ne crois pas que les choses vont changer. L'industrie financière va sortir plus concentrée, avec quelques dégâts sociaux. Au lieu d'avoir 10 banques trop importantes pour faillir, on en aura deux. Mais le système demeure le même. Le gouvernement continue de les protéger, cela crée des incitations perverses et ils s'en sortent plus puissants que jamais. Ce qui n'est pas une surprise puisqu'ils décident des programmes politiques.» Chez nous, on crie souvent au «béni oui ouisme ».

On se rassurera à l’idée qu’il n’épargne également pas les Etats- Unis : «Lors de la dernière élection, 98 % des personnes titulaires d'un siège ont été réélues au Congrès. C'est un chiffre choquant quand on sait que le niveau d'approbation du Congrès ne dépasse pas 15 %. C'est l'une des multiples indications de la dépolitisation de notre société.» Si la publicité est habituellement un moyen de pousser à la consommation, elle est également un moyen idoine de contrôle de la société : «Elle la suscite et les gens y sont poussés par cette propagande massive que sont la publicité et le marketing. C'est une façon de contrôler les personnes. En les contraignant à s'intéresser aux choses superficielles de la vie.

Tout cela contribue à créer un sentiment de désespoir et d'aliénation.» La publicité rend, par ailleurs, compte de certaines réalités nouvelles qu’évoque Emmanuel Todd : «Regardez les pubs à la télévision, c'est le financement des obsèques, les problèmes d'érection et le cholestérol ! Les publicités en disent davantage sur nous que les sciences sociales. Et ce phénomène de vieillissement est irréversible, partout sur la planète»(**). Faute de perspectives de changement, on se consolera des faibles manifestations néonazies. Emmanuel Todd trouve un certain nombre de vertus à la paralysie sociale que nous déplorons : «Cette société molle et atomisée qui est la nôtre n'a d'ailleurs pas que des inconvénients.

Cela nous protège des folies collectives du dernier siècle. Malgré le chômage, il n'y a pas de petits bourgeois hystériques dans les rues pour réclamer un régime fasciste ou stalinien... Le niveau éducatif, qui est la variable déterminante de l'évolution d'une société, est aujourd'hui très élevé, même s'il ne progresse plus (...) Ce qui m'inquiète, c'est le vieillissement des populations et des mentalités. L'âge médian de nos sociétés s'élève à 45 ans au Japon, 44 ans en Allemagne, 40 en France et 37 aux Etats- Unis. Et l'âge médian du corps électoral est encore plus élevé, puisqu'il ne comprend pas les moins de 18 ans. Cette évolution va induire un ralentissement de la vie politique et de la pensée. Elle explique le basculement à droite de l'Europe, lors des récentes élections européennes. L'obsession sécuritaire, c'est un problème de vieux qui a peur des jeunes.»

Revenons à Noam Chomsky. Dans son analyse de la crise financière, il suggère d’apprécier à sa juste mesure la nature du processus qui y a conduit pour mieux cibler les fondamentaux. C’est en périphérie qu’elle semble faire le plus de dégâts : «A l'Ouest, quand on parle de la crise, on fait référence à la crise financière, mais c'est loin d'être la pire des crises dans le monde. La famine est bien pire. Plus de un milliard d'individus n'ont pas assez à manger et l'aide humanitaire diminue parce que les donations se tarissent. Alors, oui, on sauve les banques. Mais le choix des priorités est sidérant. »

Dans l’ensemble, Obama peine à trouver une alternative au complexe militaro-industriel, le modèle social français s’effiloche, le conservatisme japonais n’est plus qu’un vieux souvenir depuis ce dimanche. C’est peut- être du modèle économique rhénan que viendra la réponse à l’impasse anglo-saxonne. Il a pour première solide assise d’associer effectivement les salariés à la gouvernance de l’entreprise. Plus qu’ailleurs, l’aide de l’Etat a contribué à limiter les licenciements au Smig de la fléxibilité, au contraire des patrons anglosaxons qui ne font pas dans le détail des chiffres. Grosso modo, grâce à ses normes et ses restrictions, le modèle économique rhénan est à la base l’un des moins libéraux et l’un des moins ouverts aux excès du monde financier. Il semble indiquer la voie à suivre.

Par Ammar Belhimer

(*) Les Echos, 23 août 2009
(**) Visions de l'aprèscrise, La Tribune on line, 24 juillet 2009.

À nous l’oseille de la zakat !



Par Hakim Laâlam
Email : laalamh@yahoo.fr
Remaniement ministériel imminent. On s’achemine vers la suppression pure et simple du ministère de la Solidarité.

Logique !

Je suis heureux ce matin. Et je suis convaincu de ne pas être seul dans cet état. Nous devons être des millions d’Algériens et d’Algériennes à baigner dans le bonheur. Comment ne pas être heureux lorsque nous nous réveillons plus riches, hein, je vous le demande ? Jusqu’à ces dernières heures, nous n’avions pour seule richesse que les recettes pétrolières. Et encore… Pour nous rassurer, et surtout pour nous faire patienter comme il sait si bien le faire depuis un quart de siècle, le régime qui nous guide droit dans le mur nous sortait de sa manche le fabuleux chiffre magique des réserves de changes. Voilà jusque-là les seuls motifs de plaisir fantasmé que nous pouvions nous mettre sous notre dent creuse. Mais là, ce matin, en ce 1er septembre, notre bonheur est décuplé, bien réel. L’Algérie dispose maintenant d’une manne nouvelle, d’une réserve d’argent inespérée, d’un trésor tombé, non pas du ciel, mais de la sainte bouche d’un saint homme, le ministre du culte, que Dieu le bénisse. Grâce à Si Ghoulamallah, nous pouvons compter désormais sur l’argent de la zakat ! Un argent que le pouvoir prélevait dans nos poches pour le donner aux pauvres. A l’origine, c’est une destination logique, un geste fort pour venir en aide aux démunis. Mais aujourd’hui qu’il est établi, prouvé et certifié par le ministère de la croyance que l’Algérie ne compte pas de pauvres, à nouuuuuuuuuuuuus l’oseille de la zakat ! Aboule le fric ! Par ici la monnaie ! Awid leflouss ! C’est là tout l’avantage d’une Algérie sans pauvres. L’argent des pauvres revient de fait à la seule population qui peuple cette contrée, les riches. Ou, de manière plus générique, les non-démunis. Je propose de retenir à l’avenir cette expression. Et dès cette rentrée scolaire, avant la date du 13 septembre, il va falloir vite, très vite, remanier les manuels d’enseignement. Il est nécessaire qu’en géographie, en histoire et en éducation civique, nos enfants sachent que l’Algérie compte 33 millions de non-démunis. Et qu’ils retiennent surtout une date, le 26 août 2009. Ce jour-là est historique. Il consacre l’abolition officielle de la pauvreté par Ghoulamallah et la triomphale récupération du trésor de la zakat. Merci qui ? Merci Aâmi Boualem ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.


H. L.

Pendant le Ramadan, les Algériens se donnent le main

18 millions d'Algériens en Europe en 2050

Afrique : de la dictature inamovible à la “démocratie” dynastique

Au moment où Kadhafi fête le quarantième anniversaire de coup d’État et sa quarantième année de dictature, au Gabon, trois candidats se déclarent vainqueurs de l’élection présidentielle.

L’Afrique, dont les régimes rejettent parfois la démocratie au nom de ses spécificités culturelles et comme corps étranger imposé par l’Occident, semble n’avoir retenu de la colonisation que les attributs du fascisme : techniques de fraude, torture, répression de libertés, refus de l’alternance au pouvoir… À l’occasion, ils rappelleront les responsabilités du colonialisme dans notre condition actuelle, comme si l’Histoire s’était arrêtée aux années soixante et que, depuis, plus rien n’a été fait pour, et surtout contre, le développement des économies et des sociétés du continent.

En Libye, le continent est invité à célébrer et, subséquemment, à légitimer quarante ans de pouvoir personnel. L’Union africaine est opportunément convoquée à l’effet de convoquer à son tour une réunion pour tenter une fois de plus une action visant à épargner un procès pour génocide au maître de Khartoum. Le “Guide” fait ainsi tenir à l’Organisation continentale un sommet spécial sur le Darfour et sur les conflits interafricains, histoire d’avoir sous la main le maximum de chefs d’État de l’Union pour s’offrir l’aréopage d’invités que mérite la célébration d’une longévité politique surnaturelle.

Qui de l’Union africaine et de la Libye sert l’autre ? Le nombre de sommets africains organisés à Syrte et à Tripoli pour convenance aux besoins exhibitionnistes du leader libyen ne se compte plus. Ordonnateur incontesté du trésor pétrolier de son pays, il a l’argent et l’influence pour s’offrir des festivités impériales et la présence de la plupart de ses pairs.

Pendant que ses dirigeants organisent leurs jubilés d’autocongratulations et autres cérémonies “d’évaluation par les pairs”, selon la formule du “mécanisme” créé à cet effet, l’Afrique compte ses morts, ses malades et ses pauvres… indéfiniment. Ce qui n’empêchera pas leurs “représentants” de fêter un des symboles de leur désastreuse longévité sous le plus grand chapiteau du monde — au sens propre ici — conçu par le concepteur de la cérémonie d’ouverture du Mondial 1998 et de l’Euro 2008 !

Concomitamment, à Libreville, le dispositif de répression postélectorale se met en place. Il faudrait que la seconde expérience de succession filiale dans une “démocratie” africaine réussisse : les fils de Président qui attendent leur tour d’être élu à la tête du pays de papa sont nombreux : Gamal Moubarek en Égypte, Karim Wade au Sénégal et… Seif El-Islam Kadhafi en Libye, pour ne citer que les ambitions déclarées.

Mais, ailleurs aussi se laissent deviner des signes d’une ambition d’héritage parental du pouvoir. Chez nous, l’hypothèse d’une succession familiale programmée ne fait rien pour se démentir.

La pratique prolongée de la dictature dérive presque toujours vers une conception patrimoniale de la nation. Son maître n’est plus à son service ; il la possède. Et la transmet. Après l’épidémie des troisièmes mandats, le continent entame l’ère des successions familiales. Et la boucle sera bouclée : les anciennes “possessions” coloniales seront devenues des possessions personnelles. Transmissibles.

Mustapha Hammouche

Pauvreté

Des Algériens vivent malheureusement au-dessous du seuil de la pauvreté même si des ministres continuent de contester cette évidence en donnant comme arguments fallacieux les vacances des Algériens à l’étranger ou le nombre de ceux possédant un véhicule.

Les opérations de solidarité menées durant le Ramadhan aussi bien par le département de Ould-Abbès que par des bénévoles révèlent une tendance de la paupérisation qui touche de plus en plus de larges couches sociales. Chaque année, de nouveaux nécessiteux viennent frapper à la porte de la solidarité pour… manger à leur faim.

En ce mois sacré, les images qui nous viennent de l’intérieur du pays parlent d’elles-mêmes. De longues queues se forment devant les restaurants de la rahma. Même dans les régions réputées traditionnellement à l’abri de la mendicité, des citoyens n’hésitent pas par la force des choses à aller quémander un repas. Alors question à un dinar : s’agit-il de vrais ou de faux pauvres ?
Si le mot “pauvre” est banni de la terminologie officielle, la réalité est tout autre. Des Algériens vivent malheureusement au-dessous du seuil de la pauvreté même si des ministres continuent de contester cette évidence en donnant comme arguments fallacieux les vacances des Algériens à l’étranger ou le nombre de ceux possédant un véhicule.

Ni les uns et encore moins les autres ne sont pour ainsi dire assez riches pour pouvoir prétendre à un niveau de vie qui les éloignerait du cercle des moins lotis à moins que les Algériens soient condamnés à vivre misérables. Ceci d’une part. D’autre part, la logique officielle risque d’être sérieusement remise en cause par la froideur des chiffres. Ils sont combien sur les 34 millions d’Algériens à voyager ou à avoir un moyen de locomotion ? Et parmi eux, combien sont-ils à avoir acquis une voiture à crédit ? Pas assez, en tout cas, pour pouvoir crier que l’Algérie ne connaît pas de pauvreté sociale.

Il est vrai que les autorités déploient d’importants efforts en vue de venir au secours des démunis. Des budgets colossaux sont engagés chaque année. Mais force est de constater que la masse des personnes défavorisées s’agrandit davantage. Car, il faut bien admettre que même s’il y a création d’emplois en Algérie réduisant de manière relative le chômage, la cherté de la vie rattrape vite le niveau très bas des salaires et réduit presque à néant le bien-être social qu’est censé produire l’emploi.

Salim Tamani

Omerta à l’algérienne

Les organismes internationaux de lutte contre la corruption classent, depuis une dizaine d’années, l’Algérie dans le peloton de tête des pays gangrenés par ce phénomène. Les journaux algériens rapportent régulièrement des histoires de détournement de fonds, de dilapidation de deniers publics par des fonctionnaires, hauts ou petits. Un système maffieux s’est installé dans les rouages les plus élevés de l’Etat, mais il était difficile de le dénoncer faute de preuves, même si les corrompus affichent ostensiblement le fruit de leurs rapines. Il faut dire qu’à part les lampistes et des voyous à un niveau un peu plus élevé, l’impunité est devenue la règle pour les requins, surtout ceux qui ont occupé de hautes fonctions. La protection est donc garantie si le délit n’arrive pas sur la place publique.

Deux révélations viennent de défrayer la chronique sans que les gouvernants daignent donner des explications aux citoyens. Dans une de ses récentes livraisons, El Watan a révélé l’existence d’un trafic de thon rouge entre marins pêcheurs algériens et maffiosi turcs. Mais ce qui est plus grave, il annonce que dans cette affaire, le secrétaire général du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques (dirigé par le MSP) et un directeur du même ministère ont été inculpés pour complicité. Le Soir d’Algérie enfonce le clou en affirmant que ce trafic fait suite à un accord politique conclu entre le MSP et le Parti islamiste turc au pouvoir à Ankara, tous deux membres de l’Internationale des Frères musulmans.

L’autre scandale, si scandale il y a, a été révélé par El Khabar-Hebdo. Ce dernier accuse Saïd Barkat d’avoir acheté à prix d’or, à l’époque où il était ministre de l’Agriculture, du matériel agricole d’Espagne. Il lui est reproché en outre d’avoir détourné au profit de ses amis de l’aide destinée aux petits paysans et d’avoir consacré, pour la seule wilaya de Biskra, 70% du budget destiné au développement de 14 wilayas du Sud. Dans les deux cas, dont la gravité n’échappe à personne, les autorités observent un silence malsain.

Pourtant, jamais des accusations n’ont été lancées contre des personnes occupant de telles fonctions. On ne sait pas si le procureur général a ouvert des dossiers sur ces deux affaires, comme l’y oblige la loi. Les partis sont eux aussi muets alors que leur premier devoir est d’interpeller le gouvernement. Il ne faut pas s’attendre en outre que l’Assemblée nationale ou le Sénat fassent leur devoir. Ils sont bien à l’aise dans leur posture de rentiers et ils ne veulent ni déranger ni être dérangés.

Aucun des journaux n’a été interpellé par les autorités pour faire la lumière. Le ministère de le Pêche a bien envoyé une mise au point à El Watan, mais à aucun moment il n’a cherché à disculper son secrétaire général. Y a-t-il une volonté, en « haut lieu » comme on dit, pour faire oublier ces deux affaires afin de les étouffer et les classer ? Dans ce cas, il y a une preuve flagrante que la corruption constitue un mode de gouvernance pour le système. « Les chiens aboient, la caravane passe », semble être la réponse du pouvoir à ceux qui s’intéressent aux comportements maffieux.

Par Tayeb Belghiche

Le cube (23)

Le cube n’était finalement qu’un bar clandestin posé à l’envers. Ou à l’endroit selon l’angle de vue. Mais bref, au grand désespoir des lecteurs d’El Watan, soulagés d’un dénouement aussi rapide, l’histoire a pris fin selon un schéma classique. En suivant le tunnel qui relie le cube au village de Sidi Krafess, les services de sécurité ont trouvé Widad et Soad, Tchatchali, le père Bentob et Yu le Chinois. Ils en ont conclu qu’ils sortaient du trou et que chaque soir, ils se retrouvaient dedans pour de longues et condamnables beuveries païennes.

Malgré l’absence de preuves directes, de photos ou de témoins visuels, le groupe a été mis au trou, un vrai, en attendant leur jugement, bien que chacun ait nié les faits reprochés. De plus, selon une source proche des services de sécurité, un tract aurait été trouvé dans le cube, appelant à la désobéissance civile et a un soulèvement général. Widad et Soad en ont pris pour 10 ans. Rezki le pêcheur en a pris pour 25, la juge ayant considéré qu’un pêcheur doublement pêcheur méritait la peine maximale.

Le père Bentob a été relaxé vu son âge avancé. Yu le Chinois, eu égard a son statut d’étranger, n’a pas fait de prison mais a été condamné à des travaux d’utilité publique, précisément à peindre la ligne blanche tout le long de l’autoroute Est-Ouest. Une fois rattrapé à quelques kilomètres de Sidi Krafess, Soulimane a été expulsé d’Algérie, suite à un avis de recherche à valeur exécutoire lancé par Khalida Toumi.

Quant au cube, il a été scellé, mais personne n’a jugé utile de le déplacer. Aux dernières nouvelles, il est toujours sur la plage de Sidi Krafess. L’important, selon les intervenants et les observateurs, est qu’il n’y a pas de morale à cette histoire. Sauf peut-être qu’en ce mois d’août doublé d’un mois de Ramadhan, les gens sont capables de tout. Même d’écrire une longue histoire sur la base d’un cube à 5 faces.

Fin

Par Chawki Amari

Djemaï prend sa revanche sur Hadj Lakhdar

«Le plus savant est celui qui voit la fin de chaque chose.»
Proverbe arabe

Après la première semaine de Ramadhan, les audiences tant attendues commencent à tomber. Selon une enquête fournie (pour la première fois) par l’IEA (Institut d’études algériennes), société d’études média & marketing indépendante, environ 95% de la population ont regardé la télévision le premier jour de Ramadhan le samedi 22 août dernier.

Le sondage de l’IEA confirme la tendance et surtout le choix des Algériens. Et le grand vainqueur de cette semaine demeure le sitcom Djemaï Family qui enregistre la meilleure audience de la grille avec 36% d’audience soit plus de 11 millions de téléspectateurs, soit 56% des parts du marché Un très bon score, mais qui reste une performance inférieure au score enregistré par Hadj Lakhdar qui avait, l’année dernière, sur la même case séduit plus d’un Algérien sur deux. Hadj Lakhdar avait atteint 51% d’audience, 15 millions de téléspectateurs et plus de 70% de part de marché, affirme l’institut privé de sondage.

Cette saison, la situation est différente. Si Hadj Lakhdar était regardé par 15 millions d’Algériens, c’est tout simplement parce qu’il était diffusé sur les trois canaux de l’Entv en même temps (la terrestre, A3 et Canal Algérie). Ce qui a obligé les Algériens de voir Hadj Lakhdar...de force. Cette année, les deux séries sont diffusés sur deux canaux différents: A3 pour Hadj Lakhdar, la terrestre et Canal Algérie pour Djemaï family.

Le score de la «famille Djemaï» est donc très satisfaisant puisqu’il consacre le succès de la série de Djaâfar Gassem au détriment de la série de Hadj Lakhdar qui a vraiment bien démarré mais qui semble tirer sa révérence en ce mois de Ramadhan. Il est vraisemblablement sur la trace de Hal oua Ahoual. Aucun chiffre dans ce sondage n’a été donné pour le reste des programmes. Mis à part la Caméra magique et le sitcom Caméra chorba, aucun autre produit ne s’est illustré dans la grille de ce Ramadhan.

Pour ce qui est des feuilletons dramatiques, la programmation à 21h n’a pas arrangé les choses. Si la majorité des téléspectateurs sont partis aux tarawih, les quelques personnes qui regardent le programme de l’Entv au-delà de 21h, se retrouvent perdus dans le choix des quatre feuilletons programmés sur les quatre chaînes: Entv, A3, Canal Algérie et la chaîne 4 amazighe. Mais un seul programme sort du lot.

C’est celui de Amar Tribèche, Djourouh El hayat, qui malgré la complexité du scénario, le feuilleton est sauvé par la qualité parfois intéressante des comédiens comme Nidal, Adjaïmi et surtout Farida Saboundji qui reste toujours une vedette bancable. Mais la majorité des Algériens s’ accordent à dire que Djemaï Family sort du lot lors de ce mois sacré de Ramadhan. Les Algériens ont choisi la qualité, la couleur au noir et blanc, le professionnalisme à l’amateurisme, le talent à l’incapacité et enfin les Algériens ont opté pour la diversité au lieu du populisme et l’universel au lieu du régionalisme.

Amira SOLTANE

Pieds et poings liés

Il est très difficile de définir la poésie. Est-ce l’art d’exprimer ses sentiments avec rythme et mesure, ou le don de forger des images nouvelles comme d’autres feraient des tableaux de peinture? Est-ce le don de toucher avec des mots et des sonorités le coeur de ses semblables et de transmettre la flamme qui brûle intérieurement chaque être tourmenté?

Ou bien est-ce tout simplement, cette boule de verre ou cette tour d’ivoire qui constitue l’univers de cet être spécial qu’on appelle le poète? Le cliché généralement employé pour représenter «cet enfant non voulu» est celui d’un homme debout sur un promontoire, observant la tempête qui agite les flots, tord les nuages et ébouriffe le poète.

C’est le spectacle de la tourmente qui définit si bien le poète, car on dit qu’il est doté d’une plus grande sensibilité que les autres humains et, qu’inexorablement, ce qui le heurte ou l’agite, lui monte à la bouche ou à la plume...

Mais en tout cas, pour moi, le poète n’est pas isolé, ne domine pas le théâtre de la vie: il est en plein dedans, il travaille, il aime, il se bat et se débat et crie plus fort que les autres. Et c’est son cri qui le distingue des autres. Son cri est entendu même si ce n’est qu’une petite plainte, car le poète sait choisir ses mots, même si ce sont des mots de tous les jours, des noms communs pour jours anodins.

Le poète sait trouver le ton qu’il faut pour faire dresser l’oreille du plus imperméable «philistin». Comme le philosophe invente, forge des concepts pour expliquer son système, le poète cisèle les siens pour étonner (au sens étymologique du terme) l’auditeur et le lecteur. Et c’est ce don qui fait la force du poète. C’est ainsi que j’ai été frappé par la formule du poète Abderrahmane Lounès qui a osé et qui menace de répandre ses «tracts à blanc».

Vous m’avez bien compris, tracts à blanc! Une arme dangereuse de persuasion massive dont cet enfant terrible menace la fragile société! Il fallait y penser! Certains ont inventé le tonneau des Danaïdes ou l’auberge espagnole, Abderrahmane Lounès lance le tract à blanc. Voilà une astuce qui met ce trublion à l’abri des foudres de la justice: peut-on condamner celui qui distribue des tracts à blanc?

Le juge serait bien embarrassé! Il pourrait tout au plus prononcer une sentence pour «atteinte à l’hygiène publique» à moins que lesdits tracts ne soient imprimés à l’encre sympathique. Cette encre qui permet à tous les lecteurs de se mettre au diapason du poète et leur donne la possibilité de lire entre les lignes et même au-delà.

Mais vous me direz que la justice a toujours des arguments pour arrêter celui qui risque de miner la société: les chefs d’inculpation ne manquent pas. Ils sont aussi nombreux que les sujets de mécontement inscrits en filigrane sur les tracts à blanc, sujets qui ont poussé jadis le poète à distribuer ses réparties, ses révoltes, «à coups de pied et coups de poing». Mais à présent que le poète confesse ses «poèmes pieds et poings liés», n’est-ce pas un aveu que la censure est montée d’un cran? La censure sous toutes ses formes.

Selim M’SILI

Paradoxe

Le conflit israélo-palestinien est en train de faire tourner en «bourrique» la communauté internationale qui ne sait plus par quel bout prendre ce dossier. L’Occident, d’une manière générale, l’Administration démocrate, plus particulièrement, qui sont arrivés à la conclusion de l’impossibilité de tenir des négociations rationnelles entre l’Etat hébreu et les Palestiniens tant qu’Israël poursuit l’extension de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, semble faire marche arrière.

Ainsi, était donc demandé, ces derniers mois à Israël, le «gel total» de la colonisation. En effet, il est absurde de solliciter les Palestiniens à négocier la paix au moment où la puissance occupante poursuit la consolidation de sa présence dans les territoires palestiniens. Dès lors, que vont négocier les Palestiniens avec Israël quand le gouvernement israélien fait tout pour empêcher l’érection d’un Etat palestinien indépendant? Il y avait donc une logique, c’est du moins ce que l’on peut comprendre, à la demande du président américain Barack Obama, qui «exigea» des alliés israéliens des Etats-Unis, de «geler» les constructions de colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

Gel catégoriquement rejeté par le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, lequel suit une tout autre logique, selon laquelle Israël ne pouvait cohabiter avec un Etat palestinien. Sans doute qu’il faut reconnaître au chef du Likoud israélien sa franchise, il ne veut pas d’un Etat palestinien aux côtés d’Israël. Il l’a d’ailleurs dit abruptement dès son accession au pouvoir au printemps dernier, même si, dans le même temps, il se dit prêt à dialoguer avec les Palestiniens sur des questions périphériques comme «l’amélioration» des conditions sociales et économiques des territoires. Israël reste donc ferme sur sa position de refus.

Cependant, conciliants, les Occidentaux refusent de faire pression sur l’Etat hébreu. Ce qu’ils font sans état d’âme sur d’autres pays (cf; les nucléaires iranien et nord-coréen) lorsqu’ils estiment la sécurité du monde en danger. Or, c’est bien la sécurité globale non seulement de la région moyen-orientale mais plus généralement celle du monde qui est aujourd’hui en danger du fait de l’obstination d’Israël à vouloir imposer son diktat aux Palestiniens, tout en faisant fi des demandes de la «communauté internationale».

C’est tellement vrai que c’est la Maison-Blanche qui semble aujourd’hui reculer sur son exigence de «gel total» de la colonisation. En effet, c’est l’Administration démocrate qui, face au refus d’Israël, a paru faire un pas en arrière sur cette question, en estimant qu’un «gel total» de la colonisation ne représentait pas une condition préalable à une reprise des négociations de paix avec les Palestiniens.

Ce qui est tout de même curieux. Comment, en effet, peut-on négocier avec une puissance occupante au moment où celle-ci, dans le même temps, conforte sa présence humaine, matérielle et logistique par l’expansion des colonies, la consolidation du mur de séparation, la judaïsation accélérée de Jérusalem-Est? Tout cela ne milite ni pour l’organisation de véritables négociations, devant aboutir à l’édification d’un Etat palestinien indépendant, ni, a fortiori, à l’instauration de la paix dans la région du Moyen-Orient.

Face à l’irrédentisme d’Israël, qui bloque le processus et toute perspective de paix avec les Palestiniens, on pouvait à raison s’attendre à ce que les nations «influentes» saisissent le Conseil de sécurité pour qu’il statue sur le gel de la colonisation dans les territoires palestiniens. Il n’en est rien et c’est l’Occident qui, encore une fois, recule devant l’oukase d’Israël alors que l’arrêt de la colonisation est un préalable sine qua non pour la reprise des négociations. Ces dérobades ne sont que l’un des paradoxes du deux poids, deux mesures.

Karim MOHSEN

Salaires ou SNMG ?

Se cacher derrière de vagues considérations de rationalité économique pour maintenir le statu quo de l'indigence salariale, tenter d'être dans le bon ton de la compassion tout en proposant des augmentations dérisoires qui ne répondent ni aux besoins vitaux des Algériens ni aux équilibres économiques de l'Algérie, ou encore aller le plus loin dans la surenchère populiste et suggérer des salaires tellement irréalistes qu'il n'en coûte rien de les revendiquer.

Voilà trois catégories de postures quasiment systématiques à chaque fois qu'il est question de relever les salaires, ou du moins d'en parler. Les uns et les autres ont leurs arguments ou se contorsionnent pour en trouver même s'ils ont rarement convaincu. Les salaires, comme leur augmentation ne peuvent pas être envisagés en dehors des rapports à la productivité et à la performance, la compassion sert aussi à tenir le bâton par le milieu et la surenchère peut amener le minimum.

Le problème est que l'argument économique, au lieu de contribuer à l'évaluation des possibilités d'améliorer la situation sociale des salariés, est plutôt brandi comme l'arme fatale qui prolonge leur désarroi, la compassion est un sentiment qui n'a jamais rien réglé de concret et le populisme est toujours source de désillusion à l'épreuve du terrain.

De ce «débat» récurrent est exclu un partenaire majeur. Ce sont les patrons et jamais les entreprises qui sont à la table des «négociations».

Du coup, ne sont prises en considération ni les situations de réelle prospérité de certaines d'entre elles, ni les difficultés que d'autres peuvent connaître de manière permanente ou conjoncturelle. Ne comptent alors que les disponibilités, souvent politiques, des organisations patronales, le niveau de la demande ou du compromis de la centrale syndicale et la volonté des pouvoirs publics.

Pour le reste, il est quand même troublant que toutes les opinions qui s'expriment traditionnellement sur la question se focalisent sur le SNMG quand il est question de salaires.

D'abord parce qu'on ne connaît pas la proportion exacte des salariés qui sont à ce niveau de rémunération pour que ça mérite une attention aussi hégémonique, ensuite à quoi servirait un SNMG à 20 000 dinars si celui qui touchait 21 000 reste avec le même salaire ?

Comment les «propositions» peuvent-elles varier si allégrement du simple au double ? Et ceux qui sont encore payés au-dessus du SMIG officiel, y compris dans les institutions publiques, sans que leur employeur ne soit inquiété ? Et la récompense de l'effort et de la compétence ?

On ne sait pas si toutes ces questions seront à l'ordre du jour de la prochaine tripartite, mais on sait déjà que les termes du débat qui la précède se résument encore à une superposition de salaires minimums et un alignement d'évaluations du coût des besoins vitaux des ménages. Et s'il s'agissait d'être chose ?

Slimane Laouari

Les papys ne font plus de la résistance

Même les choses les plus ennuyeuses dans le monde ont une fin. Cinquante-quatre ans que les conservateurs ne se rongent plus les ongles à la veille de n'importe quelles législatives au Japon. Béni d'un formalisme aigu, l'ancestral parti libéral démocrate n'a jamais montré le moindre signe de stress, l'opposition passant à chaque sollicitation des urnes largement à côté de son sujet.

Ce remake est à noyer en mer du Japon, au bord de laquelle la Chine s'inquiète de tout exercice naval qu'entreprennent ordinairement Washington et Séoul et rage contre la visite du Dalaï Lama à Taïwan.

Conduite par le parti démocrate du Japon, la douce révolution nippone a réussi à faire sauter les verrous dont les conservateurs ont fait exprès d'égarer les clefs.

Fort d'une large majorité à la chambre des députés, celui qu'on surnom l'extraterrestre ou le Kennedy nippon ne doit avoir aucun mal à être élu à la mi-septembre lors d'une séance spéciale du parlement.

Jour de profond deuil pour les vieux conservateurs qui ont pratiqué l'art du clientélisme au plus haut niveau, à hauteur du sommet du mont Fuji-Yama. La patience a elle aussi ses pics et il a été atteint cette fois-ci. Trop c'est indigne, ont dû penser en chœur les 100 millions d'électeurs japonais.

Le fossé qui sépare les riches des pauvres a été tellement creusé qu'il n'est plus possible de mesurer son envergure. Est-ce la faute à la crise économique mondiale ? Elle s'est abattue partout, «au pays du soleil levant» ne détient pas la morose exception.

Il faut dire que chez les nippons, la bureaucratie et les passe-droits sont des «produits» qui s'arrachent comme des sushis. Aucune anormalité donc à détecter suite à cet échec mémorial des conservateurs, il n'ont fait que récolter ce qu'ils ont semé.

Tôt au tard, leur système politique devait subir cette panne sèche. Quand le taux de chômage est le plus élevé de toute l'histoire du Japon, il n'y plus rien à espérer pour ceux qui s'obstinent à croire en une éternelle longévité politique. Il a eu beau toucher du bois, le Premier ministre sortant Taro Aso doit céder son fauteuil.

Au Japon, serait-il temps que les papys délaissent définitivement la résistance et aillent profiter de leur retraite collective qu'elle soit méritée ou non ? Avis aux amateurs du parti démocrate du Japon dont le généreux programme social a séduit plus d'un Nippon.

Mais que le chef du PDJ le sache d'emblée, on ne fait pas de la politique qu'avec l'amour auquel il a convié ses concitoyens et la sagesse d'un maître de judo. La révolution est une chose, sa rentabilisation populaire, sans attraits populistes, est une autre.

Par Anis Djaad

Les petits braves et les grands absents

Au début de la deuxième dizaine du mois de septembre, deux catégories de la population retrouveront les bancs : les écoliers les chaises des écoles et les députés les fauteuils du Parlement. De prime abord, il n’y pas grand-chose qui lie les deux catégories. Les premiers, des enfants pour la plupart ou des adolescents dans le meilleur des cas, sont souvent innocents et ne sont responsables de rien. Ni de leur naissance, encore moins de la situation qu’ils vivent. Ils sont au meilleur des pronostics une richesse pour l’avenir du pays. Mais ils sont aussi, et c’est la pire des perspectives, des victimes de ce que font d’eux leurs aînés.

Et voilà que parmi leurs aînés, une catégorie qui a son mot à dire dans la conduite des affaires du pays. Ce sont donc les députés. Cela fait quand même plusieurs mois- depuis juillet officiellement- que ces «élus de la nation» n’ont eu aucune activité. Déjà que pendant les sessions du Parlement, les élus brillent par leur double absence, politique et physique. Une absence d’abord politique, puisque l’Assemblée populaire nationale est réduite à une simple caisse de résonance. Sinon, comment expliquer que des députés n’arrivent même pas à jouer leur rôle de contradicteurs -à défaut d’une opposition crédible- dans l’élaboration des lois.

A défaut de proposer, ces «honorables élus» auraient pu tenter de changer les choses existantes. Leur démission des affaires publiques, malgré l’énormité des moyens financiers mis à leur disposition, est d’autant que latente que personne désormais ne se retourne du côté du boulevard Zighout Youcef pour espérer entendre un autre son de cloche. Preuve en est que l’Assemblée a été la grande (?) absente des débats ayant porté, durant tout l’été, sur la loi de finances complémentaire pour 2009.

Il est certes établi que cette loi est promulguée par ordonnance, donc non sujette à l’arbitrage des parlementaires, mais ces derniers pouvaient tout de même participer au débat, du moins dans les médias. L’autre absence des députés est physique celle-là. C’est probablement la résultante du manque de prérogatives politiques, mais les parlementaires ont séché l’essentiel des plénières durant les exercices précédents. L’absentéisme était tellement flagrant qu’il a suscité des débats, parfois, passionnés au sein de l’opinion publique, sans toutefois toucher l’égo des concernés.

La prochaine rentrée parlementaire constituera-t-elle un évènement ? Absolument pas. Puisque et les médias et les populations savent que la représentation nationale n’a pratiquement ni valeur ni honneur. Et c’est cela le plus grave.

Ali Boukhlef

Braquage… ramadanesque !

Hier, le quotidien Akher Saa’ balançait une information très instructive pour nos gouvernants, particulièrement pour le ministre des religions. Le journal nous avisait d’un braquage à l’arme blanche qui s’est soldé par le rapt en plein jour de… 12O couffins de ramadan. Au moment de la distribution du couffin de ramadan par les autorités municipales dans les locaux de la maison des Jeunes, un groupe d’inconnus armés de couteaux s’arrangea pour semer peur et confusion dans les lieux avant de s’emparer du «butin».

Du jamais vu, une première mondiale, une action que personne n’a encore osée ailleurs, y compris dans ces contrées africaines où l’on pactise en permanence avec la famine. Après leur razzia, les assaillants se sont évanouis dans la nature sans laisser de trace. Le journal n’a pas renseigné sur leur nombre ni s’ils avaient un moyen de transport à leur disposition pour évacuer leur prise car ils n’ont comme tout le monde que deux bras chacun. D’ailleurs, des fiers à bras, Annaba ne connaît que ça et en souffre tellement ces derniers temps.

Ainsi, la commune de Sidi Ammar à Annaba n’a pas trouvé mieux que de recourir à la violence pour protester contre… la violence. La population de cette municipalité a bloqué toutes les routes donnant sur la wilaya, brûlé des pneus et marché un peu pour dénoncer l’insécurité régnante et la recrudescence de la criminalité. En matière de délinquance, Annaba ne le cède en rien aux autres villes. Bien au contraire, elle semble en progression constante et décroche facilement les galons. Désormais, on vous y braque pour de la nourriture.

Qu’on dise que la pauvreté c’est le fait de la presse n’y change absolument rien. Qu’on présente demain la criminalité comme la production d’une plume, cela ne change évidemment rien non plus. Nos rues, nos marchés, nos lieux les plus fréquentés deviennent des coupe-gorges et l’Algérien est aujourd’hui tenu de nager et garder son linge. Il doit faire attention à ses affaires, même dans la… mosquée. La foi et la loi s’appauvriraient elles aussi parce que la presse essaye de faire son boulot ?

M. Z.