jeudi 17 septembre 2009

Bande de voyous ! Vous avez fait peur à la dame !



Par Hakim Laâlam  
Email : laalamh@yahoo.fr Boumerdès. Un terroriste capturé.

Zut !

La pôv’dame ! Elle était venue donner cours le plus normalement du monde dans ce lycée réputé des hauteurs de la capitale. Vêtue d’un nikab intégral, avec la voilette sur le visage ne laissant rien filtrer, elle s’est plantée comme une tente sur l’estrade pour constater avec effarement l’ingratitude et l’intolérance intolérante des élèves, de certains de ses collègues et de beaucoup de parents d’élèves. Tous ont osé se déclarer offusqués de voir une dame – enfin, du moins ce qui semble être une dame sous le nikab blindé — occuper la chaire professorale dans un lycée. Une élève a même poussé la perfidie jusqu’à affirmer en pleurant que c’était la première fois de sa courte vie qu’elle avait en face d’elle un enseignant sans visage et sans tête. Petite nature, va ! De quoi vous plaignez-vous, toi, tes parents et les autres profs ? Du fait qu’une enseignante non identifiée, entièrement enveloppée dans un linceul noir, avec l’option capot-avant, donne cours dans une école de la République ? Pourquoi diantre tout ce beau monde dévoilé tient-il à ce point à voir le visage de cette makh'louka ? Le visage, les traits, ce n’est pas une fin en soi. Qu’ils se concentrent donc sur la voix. Oui ! La voix. Cette dame – à ce stade de l’enquête qui n’aura jamais lieu nous ne savons toujours pas avec certitude s’il s’agit d’une femme, d’un homme ou d’une quelconque autre créature mutante parachutée par un vaisseau dans ce lycée algérois — a peut- être une voix charmante, voire envoûtante. Faites donc l’effort d’évacuer de vos esprits étroits et obtus cette envie folle furieuse de matérialiser le visage de cette enseignant(e) et buvez plutôt ses paroles, bandes de cancres gâtés. Je suis sûr que fringuée comme ça, elle doit avoir un tas de trucs vachement intéressants à vous communiquer et à vous apprendre. Ça me donne presque envie de revenir sur les bancs de l’école ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L.

Poètes : vos paroles !

Ils baignent dans une sensibilité sans limites. Des aléas de la vie, ils composent des mots pour la rendre douce. Ils transforment les souffrances en rimes salvatrices, les pleurs en joie, la mort en renaissance, la misère en richesse des cœurs et d’esprits. Ce sont les poètes, les aèdes, les bardes...Imedahen ou simplement la voix d’un peuple. Par leurs mots, ils décrivent le charnel, ils scrutent les âmes sous des tableaux ornés de paroles justes, où la rime, comme un embellissement final, ouvre l’esprit à l’imagination sans frontières.

De vers en vers, la langue se délie, les idées passent telles des images, la vie inspectée dans ses fonds. Intimement liés à la vie de tous les autres, les poètes, cette force tranquille guette les rêves de tout un chacun pour le partager avec les autres.

Cette frange d’artistes, c’est elle qui a survécu à tous les changements, évolutions, progression ou régression de la société. Par le mot, ils témoignent de leurs époques. Ils signent des siècles durant, une présence effective, faite de réalisme, de créations et surtout de témoignages.

Dans notre cas, ils expriment toute une vie.

La vie de la Kabylie, faite de domination, d’héroïsme et de lutte pour sa survie, est fredonnée sous un lyrisme rigoureux. Marche vers l’existence conspuée, les poètes l’adoucirent de bonté de mots. Printemps noirci, ils chantent les fleurs d’un espoir vivace.

Ils partagent les souffrances du peuple, ils revendiquent ses envies, ils taisent ses égarements, lorsqu’ils ne les transforment pas en bonne conduite.

Don de Dame Nature, dirons-nous, ils ont eu la force de mettre le charme des langues dans des compositions sublimes où le verbe mesuré est maître des lieux. Il coule telle une fontaine intarissable dont l’eau étanche les soifs. Soif de joie, d’amour et de raison. Elle ne connaît ni frontières, ni race et encore moins une nationalité. Elle est le bien de tous les hommes.

C’est par elle qu’ils s’expriment, et pour elle, ils vouent généralement le meilleur des respects. En ermitage est vécue leur vie, ils amènent les solitudes à accepter les compagnies. S’ils se taillent des bavettes, c’est pour offrir les meilleurs mots pour atténuer les maux.

S’il leur arrive de choquer, c’est qu’ils ne voient que cette méthode pour que les vides se remplissent et que le destin en soit provoqué. Ils visent à changer les choses, oh combien de choses ont changé dés qu’ils se mettent à fredonner leurs vers.

Ce sont les poètes. Ces sculpteurs de verbes, ces dessinateurs de rêves, c’est eux qui offrent à la musique ces supports, c’est en eux que le mot danse, ….ce sont les poètes !

Par : Mohamed Mouloudj

Crimes contre l’humanité

Voilà donc un juif accusé d’antisémitisme pour avoir tout simplement dit ce qui lui semblait être la vérité. Et encore, cette vérité est une conclusion qui n’est pas la sienne, mais celle de la mission d’enquête qu’il avait présidée. Il s’agit du magistrat sud-africain Richard Goldstone, qui vient de dire au monde entier ce que l’on sait déjà, et qui avait été rapporté dès les premiers mois de cette année par des sources indépendantes. Et c’est Israël qui entend s’opposer à cette vérité et qui affirme : « Nous mobiliserons nos amis à l’ONU, notamment les Etats-Unis et divers pays européens, pour que ce rapport soit purement et simplement enterré. »

Ces pays ainsi cités iront-ils dans cette voie, alors que la mission en question avait été décidée par l’ONU, ce qui veut dire que l’organisation internationale aurait pu en être dissuadée, sinon étouffer ses conclusions ? Mais visiblement, l’ONU n’a fait que prendre le train en marche, précédée en cela par les rapports tout aussi accablants de différentes ONG, y compris israéliennes.

Cette fois, il s’agit d’un document de 574 pages qui accuse l’armée israélienne « d’actes assimilables à des crimes de guerre et peut-être, dans certaines circonstances, à des crimes contre l’humanité ». Et encore, ce rapport complète celui établi, juste après l’agression israélienne, par le rapporteur des droits de l’homme de l’ONU, l’Américain Richard Falk, froidement accueilli, sinon objet de tous les sarcasmes et même de dérision en raison de son nom, le même que celui d’un acteur bien connu.

Entre le 27 décembre 2008 et le 18 janvier dernier, la bande de Ghaza était soumise à un déluge de feu, faisant plus de 1400 victimes palestiniennes, l’essentiel d’entre elles, selon une organisation israélienne, étant des femmes et des enfants. Des armes prohibées ont été utilisées et des zones d’habitation ont été les cibles de bombardements. Même des bâtiments de l’ONU clairement identifiés n’ont pas échappé à la folie destructrice. Quant à ce qui tient lieu d’économie, il n’en reste plus grand-chose.

L’arme alimentaire, c’est ce qu’avait dénoncé, dans un précédent rapport, un autre envoyé spécial de l’ONU, l’universitaire suisse Jean Ziegler. Plus que cela, quelques mois avant de quitter son poste, l’ancien secrétaire général de l’ONU avait mis en garde contre ce qu’on appelle une guerre conventionnelle pour la simple raison que les résistants palestiniens ne disposent pas d’une armée classique et utilisent donc des moyens rudimentaires, en tout état de cause sans commune mesure avec ceux de l’occupant.

Quant à l’agitation israélienne, elle s’explique surtout par le fait que la mission recommande au Conseil des droits de l’homme de demander au secrétaire général de l’ONU de transmettre le rapport au Conseil de sécurité. M. Goldstone a suggéré que les accusations contenues dans le rapport soient communiquées à la Cour pénale internationale (CPI).

Justice serait rendue aux victimes de la barbarie, compensant le recul de pays qui se prévalaient de la compétence universelle. Tant qu’il ne s’agissait pas d’Israéliens. Et dire que ces pays ont changé leur propre loi juste pour ne pas juger les chefs israéliens. Jusqu’où ira l’ONU ?

Par T. Hocine

La presse, son syndicat, ses pauvres et l’ange de la solidarité

Le Syndicat national des journalistes lance une opération “trousseau scolaire” au bénéfice des “travailleurs à bas revenus du secteur de la presse et des médias”. Nous avons échappé au “couffin du Ramadhan”, nous voici rattrapés par le “couffin de la rentrée scolaire”.

Nos “camarades syndiqués” ont fait les choses comme il se doit, politiquement parlant, en s’adjoignant le “partenariat du ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté nationale à l’étranger”. Et puisque nous avons fait les frais d’un communiqué qui évoque le dénuement qui touche aussi notre profession, on avait le droit de savoir à qui nous devons la bonté de vouloir nous soutenir en cette difficile rentrée. Ou n’est-ce qu’un parrainage politique ?

Car cela est arrivé. À l’occasion du tarif Ramadhan initié par la compagnie de transport maritime de voyageurs, par exemple. Cette opération vise à attirer les émigrés pour une traversée vers le pays qu’ils n’auraient pas faite à un tarif plein, pour la raison simple qu’ils n’ont pas l’habitude de traverser dans ce sens en fin d’été. Mais à cinquante euros, on a toujours une raison de faire un saut au bled.

L’opération fut un succès… commercial, même si l’ENTMV reste discrète sur ses chiffres.
Or, cette initiative de gestion a été présentée par le ministre chargé de l’Émigration comme une opération de solidarité d’initiative politique. Voilà une innovation marketing qui réunit les deux caractéristiques d’être rentable et citoyenne, introduite par un staff d’entreprise économique, réduite à un simple geste de charité souveraine ! L’acte de bonne gestion qui mérite publicité est étouffé par sa reformulation caritative et politicienne.

À trop exhiber sa solidarité, le pouvoir est en train de verser dans l’activité de montreur de misère. Mais n’est-il pas plus fondamental de sauvegarder la dignité de tous les Algériens que d’en nourrir les plus affamés ? Comme des vedettes qui tentent de se racheter d’une vie de luxure, on se filme en train d’adoucir les effets de la précarité au lieu de lui faire la guerre.

La solidarité-spectacle, conjuguée à la décadence morale, est en passe de créer un Algérien végétal, heureux du simple fait de se repaître sans même se soucier de la provenance de sa nourriture. La mendicité, l’habitat de bidonville et la chasse aux droits sociaux sont devenus des métiers. Ceux qui les pratiquent le font avec une allure si altière ! Ils ont perdu la faiblesse de rougir.

Et voici que les professionnels de la presse, au lieu de recevoir des cadeaux de leur syndicat ou patron, pour leurs enfants qui rentrent à l’école, s’inscrivent au planning de la solidarité spectacle. Déjà que l’on nous traite de presse de “repas”, de “casse-croûte”, de “cadeaux”… et pas seulement verbalement comme l’a fait un Chef du gouvernement : la promesse festin est précisée dans certains cartons d’invitation à couvrir une activité ; certains “opérateurs” nous couvrent de puces et de clefs USB, et les milieux les plus éloignés des principes de Pulitzer nous remettent des “prix” !

Mais qu’a fait le syndicat, ou plutôt que n’a-t-il pas fait pour que certains d’entre nous, qui activons dans une industrie florissante, soient encore à mériter une aide parrainée par le ministère de la Solidarité ?

Par : Mustapha Hammouche

Lucarne

Les retrouvailles, le temps de la chorba, avec la Télévision nationale ne sont plus celles d’antan où les sketches au programme étaient là pour distraire avec cette touche de morale civique.

Comme chaque année et à chaque Ramadhan, la Télévision algérienne réunit autour d’elle des millions de foyers qui désertent pour un mois la centaine de chaînes étrangères.

Hélas, les retrouvailles, le temps de la chorba, avec la Télévision nationale ne sont plus celles d’antan où les sketches au programme étaient là pour distraire avec cette touche de morale civique. Les comédiens étaient vrais et la réalisation ficelée.

Depuis quelques années, le téléspectateur regarde sans grand intérêt des comédies avec des surdoses de morale mal placée, des gesticulations qui ont chassé le texte et des histoires qui dépassent l’entendement d’un enfant.
Plusieurs raisons ont fait qu’on arrive à ce résultat, notamment le fait que la télévision, qui se place dans le rôle de producteur, achète ou finance le produit sur la base d’un simple scénario quand ce n’est pas un synopsis. Au mieux, d’un épisode pilote.

Le lot est “fourgué” à la télévision à quelques jours de l’annonce du programme spécial Ramadhan. Ailleurs, la télévision est diffuseuse de programmes, rarement productrice de fictions. Ce n’est ni son rôle ni sa mission. Le résultat est que certaines sitcoms sont tournées sans scénario, ni plan de travail. Juste à l’inspiration du réalisateur-scénariste-coproducteur et acteur, si affinités. Une Eurl pour simplifier.

L’intrusion de la publicité est aujourd’hui telle dans ce créneau de prime time, qu’elle déloge les programmes quand elle ne pousse pas le téléspectateur à zapper.

Enfin, la programmation qui relève du fait du prince fait des siennes et plus grave ose aller jusqu’à la censure d’œuvre de réalisateurs connus et reconnus. Le retour de la vieille bête est ce qui est de plus dangereux. Reste le privilège de passer juste après le f’tour ou juste avant le s’hour. Ce sont les amitiés qui entrent en jeu, selon quelques réalisateurs, et non l’intérêt du produit auprès des téléspectateurs.

Devant fonctionner sur la base d’un cahier des charges, en tant qu’Epic, la télévision s’est érigée en institution, avec une position de monopole. Utilisée à outrance pour véhiculer le message officiel, elle court le risque de voir les portes se refermer sur elle pour harcèlement exagéré, mais heureusement pas forcé, depuis l’invasion des chaînes étrangères. Alors pourquoi cette obstination vaine quand il suffirait juste d’ouvrir cette lucarne aux besoins de la société.

Par :Outoudert Abrous

Le lanceur de chaussure a déclaré avoir des projets

La grande harba (XVI)

En arrivant à Yakouren, j’étais surpris de voir l’ancien chalet et son site enchanteur des années 70 transformé en centre de formation aux arts martiaux. On y enseigne aussi la «triha aux haraouas» de Mascara, la bagarre bônoise, la «aârka» de Kaïs, et la «kalba» de Fontaine fraîche. Les disciples chinois de maître Kung tfou, réalisant que l’Algérie recèle d’immenses potentialités en matière d’arts martiaux, ont adapté nos vulgaires «hrèches», les transformant en sports de haut niveau. Désormais, chaque commune avait sa section de KTA (kung tfiou alik) et les jeunes Chinois sont de plus en plus nombreux à pratiquer la discipline. Mais il n’y a pas mieux que le football.

Pour une fois, nous sommes tous d’accord ! L’émir, en abordant le sujet, nous apprend qu’il a été ramasseur de balles au stade de Hydra. Quant au piednoir, il prétend avoir plongé avec Reims du temps du légendaire Kopa. «Tu mens comme tu respires !» lui lance le terroriste. «J’ai joué, c’est trop dire ! J’étais plongeur à la buvette du stade !» Et ils se tournèrent vers moi ! En dehors des parties animées et qui se terminaient toujours par des bagarres, sur le terrain vague faisant face au domicile familial, je n’ai jamais tapé sur un vrai ballon de football. Ils me regardèrent comme si j’étais un Martien. C’est que, dans l’Algérie d’avant, on n’était pas un gosse normal si on n’avait pas une balle ronde à la place de la tête. Meriem El-Aggouna nous surprit en train de disserter sur ce sujet hautement philosophique.

Elle revenait de la laverie municipale où les expatriées chinoises décrassent les tenues de leurs maris et de leurs enfants. Elle nous remit nos vêtements étonnants de propreté et le buveur de Jack Daniel’s baissa les yeux au moment où Meriem lui tendait un caleçon troué. L’émir exhibait son «kamis» plus blanc que blanc. Il en était fier. Mais son geste allait nous coûter très cher. L’ayant vu de leur cachette et pensant que leur camarade agitait un drapeau blanc pour se rendre à l’armée, dix terroristes surgirent du néant. Ils nous encerclèrent et, en une fraction de seconde, nous ligotèrent et nous emmenèrent loin de Yakouren. «Pas possible ! Ils ont dû développer des techniques de téléportation !» hurla en ma direction le pied-noir, brutalisé par un malabar qui devait peser autant que Tata Aldjia.

Ah ! Tata Aldjia ! Ah, les temps cléments d’avant la «grande harba» ! Avec tous les problèmes que nous avions, c’était quand même la belle vie ! Certes, il y avait le gouvernement de Belkhadouyahi qui s’arrangeait toujours pour nous compliquer la vie, mais c’était rien par rapport aux souffrances actuelles ! Depuis que les 35 millions d’Algériens sont partis, il n’y a plus de problèmes pour pimenter la vie, plus de vols de portables dans les rues, plus de plaintes dans les commissariats.

Les policiers mouraient d’ennui. Une épidémie de mélancolie se propagea aux quatre coins du pays et il ne se passait pas de jour sans que l’on n’enterrât quatre ou cinq commissaires, dix inspecteurs, une trentaine d’agents de la circulation et plusieurs douzaines d’indics. Rien. Rien que le travail, la discipline… Sans ces terroristes d’El-Qaïda qui mettaient un peu d’ambiance dans les villages occupés par les Chinois, ce serait d’une monotonie à mourir ! Nous arrivâmes dans un campement qui devait se situer non loin de la mer. Car au lieu d’aller vers Azazga-Chaolin, notre destination initiale sur la route d’Alger- Péking, nous avons été détourné en direction du Nord. Nous descendîmes vers Aïn Chafa et Igoudjal.

Un barbu plus barbu que les autres nous accueillit avec un sourire sadique. Il plongea littéralement sur Meriem qu’il ligota avant de la traîner près d’une grotte. Se croyant dans un film de John Wayne, le buveur de Jack Daniel’s tenta de s’interposer. Il reçut un coup de crosse sur la nuque qui l’envoya sur le tapis. Je restai silencieux. Pourquoi s’agiter ? Il faut réfléchir. Entre temps, le BPB (barbu plus barbu), qui devait être le chef, s’adresse à ses sbires dans un arabe sorti tout droit des feuilletons historiques : «Fils de la liberté et de la dignité, fiers soldats de la foi, que Dieu bénisse ce jour où vous nous avez rapporté un gibier exceptionnel : une femme perverse et dangereuse, une diablesse que nous saurons éduquer et rendre sur le droit chemin, un traître qui essayait de nous trahir et deux espions étrangers.»

Il faut vous préciser que cette frange de terroristes, de la phalange des «combattants de la foi», elle-même issue de la scission de la Katibat El-Mout qui faisait partie des Groupes de tueurs sans frontières ; cette frange donc considère tous les anciens Algériens comme des étrangers. Il leur est reproché d’avoir fui leur pays et de ne pas avoir rejoint les rangs du terrorisme pour combattre le «taghout». Donc, j’aurai le même traitement que le buveur de Jack Daniel’s ! Les pieds- noirs et les pieds bleus de la «grande harba», c’est kif-kif pour ces tangos ! Poursuivant son speech, le BPB annonça qu’il allait s’occuper personnellement de Meriem : «Là, dans cette grotte, je vais accomplir mon devoir pour sensibiliser cette femme et la rendre pieuse.

Je ne veux pas être dérangé. Pendant ce temps-là, mes quatre femmes et mes vingt-deux épouses d’“el moutâa” quitteront la grotte. Veillez sur elles et ne vous en approchez pas. Si vous tentez quoi que ce soit, la foudre d’abattra sur vous. Et ce n’est pas le laser du 5- Juillet ! C’est une vraie foudre qui vise ceux qui ont des idées malsaines et qui regardent la femme comme un festin à consommer de préférence avant 18 ans !» Il traîna Meriem et disparut avec elle dans l’obscurité. Nous fûmes bien traités. En tout cas, mieux que l’émir, notre compagnon d’infortune. On nous servit un couscous aux lentilles.

Après la leçon de morale dispensée par le BPB à Meriem, tout le monde fut invité à rentrer dans la grotte. Là, il y avait des tapis à perte de vue. Nous fûmes ligotés et jetés sur les matelas. Cette nuit-là, je fis de drôles de cauchemars : je voyais la Sardélie éliminée de la Coupe du monde ; je voyais le buveur de Jack Daniel’s se transformer en émir égorgeant la pauvre Meriem, je voyais même l’USMA perdre son derby à Bologhine et le pire de tous, je voyais Bel Ouyahikhadem succéder à Belkhadouyahi ! Le lendemain, nous fûmes de nouveau rassemblés devant la grotte. Le BPB avait une mine superbe.

Mériem s’était mise au hidjab. Il faut dire que ça lui allait plutôt bien. Elle nous regarda en clignant des yeux. Cela veut dire qu’elle avait un plan pour prendre la clé des champs. Ne nous a-t-elle pas déjà arrachés des griffes de ce monstrueux maître des monts Kunlun ? Ne nous a-t-elle pas démontrée, au cours de notre longue errance à travers des forêts inhospitalières, qu’elle était courageuse et altruiste, prête à n’importe quoi pour nous venir en aide ?

Je sais qu’elle nous tirera d’affaires une nouvelle fois. Mais, en attendant, il faut gagner du temps et retarder le moment fatidique, celui où ils sortiront leurs couteaux pour nous égorger. Il n’y a pas d’autre issue ! Le fait qu’ils aient sous la main un traître sorti de leur propre rang va différer ce moment puisqu’ils commenceront certainement par lui… Je regarde le buveur de Jack Daniel’s. Il est plongé dans une réflexion qui l’emmène très loin d’ici :
- A quoi penses-tu ?
- J’étais en train de me dire : qu’est-ce qu’on aurait pu faire de ce pays ! Une telle immensité avec des paysages si divers, c’est le paradis sur terre et c’est surtout l’éden pour les touristes !
- En attendant, c’est l’éden pour les terroristes !
- Mais pourquoi les laisse-t-on mener la belle vie ici ? Pourquoi ne pas les déloger ? T’as vu leur patron et son harem ! Fichtre alors, il doit en avoir une cinquantaine de nanas, au moins ! Et il est pas partageux, le gars ! En plus, il a ajouté Meriem a la liste ! C’est injuste. Je suis sûr que c’est moi qu’elle aime. Vous nous aimez. Je sais que, du temps où vous étiez ici, vous vous pressiez dans nos consulats pour avoir le visa !
- Imbécile ! Maintenant, nous sommes 35 millions d’Européens. Certes, la Sardélie ne fait pas encore partie de l’Union européenne, mais ça va venir !
- Non, vous êtes sur le même pied d’égalité que les Turcs ! Parle pas de malheur ! Avec 2 ou 3 millions, c’est déjà la galère ! Si nous ouvrons nos frontières, il ne restera plus un seul habitant en Sardélie !
- Tu dis n’importe quoi ! Nous vivons bien là-bas et c’est la démocratie !»
Nous fûmes interrompus par le bras droit du BPB qui nous demanda de le suivre…

Par Maâmar FARAH

(A suivre)


Plus que quelques jours avant la fin du ramadhan

La qualité du feuilleton algérien se répercute sur l’Entv

«Les feuilletons plaisantent, les biographes mentent, les portraits flattent: le tout est faux comme une épitaphe.»
Rodolphe Töpffer

Contrairement à l’année dernière, L’Entv a diffusé six feuilletons dramatiques sur son bouquet numérique local de quatre chaînes. A savoir El Kilada (Le médaillon) de Baya El Hachemi, Weche Raykom de Mehdi Abdelhak, Djourouh El Hayet de Amar Tribèche, Darna Kdima de Lamine Merbah et Si mohand u M’hand de Arab sur la chaîne amazighe. Cette dernière diffuse même la version doublée en tamazight du feuilleton El Badra de Amar Tribèche, (Le comble). A cela s’ajoute une série comique historique signée Mustapha Belhadj, dont c’est la première production en tant que réalisateur de fiction.

Plus habitué aux plateaux de télévision et aux clips, dont les plus connus restent celui de Abdou Deriassa ou encore celui de Cheb Toufik et Hassiba Amrouche, sur le foot et l’équipe nationale, Mustapha Belhadj nous surprend avec cette production qui reste techniquement réussie. Le seul handicap demeure celui dont souffre tous les producteurs et réalisateurs: le scénario. Résultat des courses, aucun feuilleton ne l’a emporté sur l’autre. Tous les feuilletons algériens se valent et tous peuvent prétendre gagner le Fennec de la meilleure production. En comparaison avec le feuilleton de Djaâfar Gassem de 2006, aucune avancée n’a été faite sur le plan technique des feuilletons algériens.

Même plans, même séquences, mêmes figures. Certains réalisateurs utilisent même les mêmes comédiens avec qui ils ont travaillé dans des feuilletons précédents. Le manque d’imagination des producteurs et surtout des scénaristes, les ont poussés à aller dans la même conclusion: le mariage des héros du feuilleton et la mort ou la déchéance de l’anti-héros. Aucune originalité dans le récit, aucun travail de profondeur. L’essentiel pour certains, c’est de faire des feuilletons et basta.

On fabrique un feuilleton comme on fabrique à la chaîne les livres Harlequin pour les adolescentes. Tout commence par une tragédie et fini par un mariage. En regardant les feuilletons arabes, on se rend compte du fossé qui nous sépare des productions syriennes, égyptiennes et parfois même émiraties. Quand on regarde la création dans l’histoire dans le feuilleton Harb El djaouassiss (La Guerre des espions), Houdou nesbi sur la guerre du Golfe, ou encore Bab El Hara ou Khass Djidan avec Yousra et Mahmoud Kabil, on se demande parfois, jusqu ‘ à quand on va rester à ce niveau, des suiveurs et des pâles copieurs.

La faute est sans doute au niveau de L’Entv, qui ne cherche pas à améliorer la qualité des produits réalisés. L’Entv ne se doute pas que les erreurs des autres, c’est elle qui les paient en acceptant un produit insuffisant. Des produits qui souffrent aussi bien du scénario que de la qualité, de la réalisation et de la composition. Il faut réfléchir à améliorer le cahier des charges pour obtenir un meilleur produit et surtout améliorer l’image de l’Entv. Ou bien acheter comme dans le passé des feuilletons arabes pour garnir notre programme de Ramadhan.

Amira SOLTANE

Coexistence

Durant toute l’année, le cercle de vieux retraités qui se retrouvent chaque jour, à heure fixe, avec une étonnante régularité et une constante fidélité, s’élargit ou rétrécit selon les circonstances. Dès qu’un des membres de cette djemaâ greffée au coeur de la cité inhospitalière vient à s’absenter, il ne manque pas d’avertir le plus proche de ses collègues qui s’empressera de rassurer les autres sur les raisons de cette absence. Car les vieux sont sujets à l’inquiétude: dès que l’un d’eux manque à l’appel, il devient l’objet d’une attention particulière.

Cette sollicitude est apparemment dictée par le fait que les membres de cette petite communauté se sont rendu compte qu’ils sont arrivés au crépuscule de leur vie et que tôt ou tard, tour à tour, ils devront faire le grand voyage, le dernier. Mais le cercle ne se brise pas pour autant quand l’un d’eux prend sans avertir congé: un plus jeune retraité, las de musarder, vient prendre la place vacante, écoutant et enregistrant les propos empreints de sagesse et de renoncement. Ils évoquent souvent avec regret, les noms des disparus, les causes de leur départ inattendu et rappellent les divers aspects d’une vie privée et professionnelle, vantant les qualités et taisant les défauts, les fautes et les erreurs, car ils ont un profond respect pour celui qui se retrouve maintenant «entre les mains de Dieu», selon la formule consacrée.

Les vieux s’empressent de rendre visite à leur commensal retenu à la maison ou à l’hôpital par une affection quelconque: ils s’y rendent en général en groupe pour mieux affirmer leur solidarité. Cette sollicitude n’est pas la marque d’une amitié indéfectible, mais l’expression d’une solidarité chez des gens qu’un même destin a jetés là, sous le grand acacia où ils tentent de meubler, après avoir fait leurs petites courses, la vacuité d’un emploi du temps désespérément long. La preuve est qu’ils passent le plus clair de leur temps à se taquiner, à s’asticoter, à exploiter les petits défauts et les susceptibilités de chacun, comme de grands enfants. Et souvent, le petit groupe, d’apparence monolithique, connaît des fissures: deux camps s’opposent farouchement lors de joutes verbales. Il y a ceux qui cumulent des retraites normales (en euros et en dinars) et ceux qui, en plus, perçoivent une pension d’anciens moudjahidine.

C’est une guerre sans fin entre ceux qui ont réussi à temps à ficeler leur dossier et ceux qui ont dormi sur leurs lauriers ou n’ont pas réussi à trouver le troisième témoin de leurs exploits passés. Des accusations pleuvent de part et d’autre avec des qualificatifs peu élogieux: seuls l’âge et la sagesse (et aussi une petite discussion astucieusement glissée sur les exploits de l’Equipe nationale) empêchent les septuagénaires de brandir leurs cannes. Mais les duels les plus homériques se passent entre Aâmi Elhocine et Aâmi Tahar.

Le premier est un bon vivant, toujours bien habillé, qui dépense sans compter car il cumule trois pensions, et le second est pâle comme la mort, toujours vêtu comme un misérable et avare comme pas un. Pour exaspérer Aâmi Tahar, Aâmi Elhocine se plaît à étaler toute la magnificence de sa table et des mets préparés alors que pendant ce temps, Aâmi Tahar ronge son frein, ne répliquant que par des: «Les vrais hommes ne parlent pas de leur ventre!» ou «Moi, je ne travaille pas pour les toilettes...» La dispute est sérieuse puisqu’elle est entretenue par la complicité des autres qui sont ravis de voir les deux antagonistes brouillés à mort. Du moins jusqu’à l’Aïd prochain...

Selim M’SILI

Maudit lopin de terre

Omar L. et Amar L., deux frangins, se prennent au collet pour un petit terrain qui vaut de l’or en 2009. Pourtant, le contentieux lui, dure depuis...

D’abord, il est bon de signaler que l’inculpé est né en 1936 et affirme que le terrain lui a été cédé par sa mère en octobre 1972. Il a compris l’insinuation de la présidente, la magnifique Sihem Bechiri, qui lui dit: «Vous aviez bien seize ans lorsque vous aviez acheté ce terrain!»

Le représentant du ministère public, Mourad Hellal ira plus loin en soulignant qu’il n’est pas normal qu’une femme au foyer, sans revenu aucun, ait pu acquérir un terrain de mille quatre-vingt-trois mètres carrés.
«A l’époque, c’était la belle vie. Nous vivions tous autour d’une même table basse» a crié plusieurs fois Amar qui ne regardera jamais son frère aîné, Salim, durant les quatre-vingt-dix minutes de débats. D’ailleurs, ce dernier, documents à la main, a répété que c’est lui l’unique propriétaire du terrain et que les deux frères s’étaient ligués contre lui.

«C’est une opération frauduleuse montée contre l’analphabète que je suis», dit amèrement la victime. Le procureur sourit, lui qui avait une question aux deux frères présents à la barre et... «ennemis» pour un lopin de terre. «Comment voyez-vous l’avenir de vos enfants?» Il ne reçoit aucune réponse. Amar, l’inculpé, pour justifier le partage de la parcelle, affirme que cela avait été fait devant la Djemaâ en 1987.

La présidente saute sur l’occasion et demande à Amar de produire l’acte de vente établi par la défunte mère. M., le défendeur de l’inculpé, répond qu’il possède une déclaration sur l’honneur. Le prévenu ajoute en jurant que c’est son frère aîné Omar qui avait insisté pour que le terrain acquis en 1972, soit inscrit au nom de la maman. «C’est faux, c’est ma terre et personne n’y a droit», proteste Amar.

L’avocat de la victime est tout bouleversé. Il souligne qu’entre 1978 et 1984, personne n’a demandé un seul mètre carré.
Ce n’est que bien plus tard que les deux frères ont entrepris des démarches sur la base de l’appartenance du terrain à la mère, laquelle, toujours selon l’avocat, n’avait pas un «douro» à l’époque, en 1972.
La présidente, elle, parle doucement. L’expert, quant à lui, est formel: «La vente avait été réalisée au profit de Omar, la victime aujourd’hui».

L’avocat du prévenu contre-attaque et rappelle qu’en 1998, un autre expert avait conclu que la vente avait été faite au profit de la mère. Allez comprendre! «Madame, il s’agit du pénal, nous sommes poursuivis pour faux. Qu’on nous le prouve», dira le défenseur ému et plus que motivé.

La juge est impassible. Les plaidoiries seront diamétralement opposées. Celle de la partie civile a reposé sur le fait que la terre, objet du litige, est propriété exclusive de Amar. En 2002, la victime qui a eu vent du faux a déposé plainte.

La défense de l’inculpé a tourné autour de la contradiction. «Nous avions posé une question avec la permission du tribunal, au sujet de la date du dépôt de plainte.» La victime a répondu: «1994», son Conseil vient d’articuler 2002 et ce n’était pas un lapsus, a signifié le défenseur qui a demandé au juge d’appliquer la loi d’après les documents fournis.

Pour ne pas être en reste, Mourad Hellal, le représentant du parquet, a demandé l’application de l’article 222 du Code pénal qui évoque le faux sur les documents administratifs et prévoit une peine de prison ferme de six mois à trois ans et une amende de mille cinq cents dinars à quinze mille dinars. Au cours des débats, Amar, l’inculpé, lance à l’intention du magistrat que s’il est accusé de faux pour trois cents mètres carrés seulement, pourquoi ne l’aurait-il pas fait pour mille quatre-vingt-trois mètres carrés.

Si la partie civile a demandé huit cent millions de centimes en guise de réparation, la défense, elle, a demandé la relaxe, toute la relaxe. La juge est merveilleusement bien installée. Les avocats et magistrats soulignent sa rigueur. Elle prend tout son temps. Pour cela, elle retient deux axes principaux pour donner à sa mise en examen une crédibilité en cas d’appel des parties ou même d’une des parties.

Le premier axe tourne autour de l’existence d’un document validant la vente à la mère. Le second axe est formé du document fourni par la victime. Reste maintenant l’état d’esprit qui anime les trois frères (le deuxième était absent de la salle d’audience).

Quel que soit le verdict (pas encore prononcé car la juge a ordonné un complément d’informations), comment vivront ces trois frères qui formaient une même famille? L’éclatement paraît déjà consommé...pour un petit lopin de terre...

Abdellatif TOUALBIA

L’histoire, cette grande école

Ne laissons pas notre mémoire continuer à se transmettre oralement! Ne laissons pas les étrangers l’écrire à notre place et ainsi la travestir.

Aucune occasion n’est jamais de trop pour aborder l’importance de l’histoire dans la vie des peuples et des individus. Cette semaine, le projet de création d’une école nationale d’écriture de l’histoire décidée par le chef de l’Etat et annoncée lors de la réunion d’évaluation consacrée au secteur des Moudjahidine, mardi dernier, ne peut que pousser à l’optimisme. D’autant que la nouvelle coïncide avec la date de la reconnaissance par le pouvoir colonial du droit du peuple algérien à l’autodétermination après un siècle et demi d’occupation barbare.
C’était le 16 septembre 1959, en effet, que le général de Gaulle, chef de l’Etat français, dans un discours télévisé, reconnaissait officiellement et solennellement le recours à l’autodétermination des Algériens.

En fait, De Gaulle ne faisait pas de cadeau aux Algériens mais pensait plutôt à sauver la France une seconde fois du bourbier dans lequel elle s’enfonçait en Algérie. De sauver la France de cette autre puissance que constituaient les ultras d’Alger ou si vous voulez, les pieds-noirs dont le seul but était d’utiliser les moyens de la France pour s’offrir un pays qu’ils auraient, de toute façon et à terme, autonomisé. Cela, De Gaulle le savait. Il le savait si bien qu’il n’hésita pas à recourir à toutes sortes de moyens jusqu’à dépasser les limites de la légalité pour sortir son pays du piège dans lequel il était pris depuis fort longtemps. Il le fit au péril de sa vie. Plusieurs attentats ont été dirigés contre lui par les «Français» d’Algérie. Il faut dire que la guerre de Libération nationale menée depuis 5 longues années par les Algériens pour l’indépendance de leur pays, ne laissait aucun autre choix au général de Gaulle. Rien ni personne ne pouvait arrêter le cours de l’histoire qui rendait inéluctable la victoire des colonisés sur le colonisateur.

Aujourd’hui, quarante-sept ans après, les passions autour de ce sujet ne sont nullement apaisées. Il ne s’agit pas seulement de pure nostalgie mais aussi et surtout de projet contrarié et de pays à reconquérir. Pas forcément de la même manière que durant les empires coloniaux mais avec des moyens plus «modernes», plus subtils avec, comme au théâtre d’ombres et de lumières, des hommes de paille mis en avant. Des hommes de paille parmi lesquels on trouve des volontaires mais aussi des démunis culturellement. C’est là qu’apparaît toute l’importance de la connaissance de l’histoire pour chaque individu dans sa marche vers le futur. L’occasion que nous donne cette création d’une école nationale d’écriture de l’histoire, nous autorise à dire que le temps presse. Il est compté. Nous en avons trop perdu jusque-là. Des générations s’en vont, d’autres arrivent. Il faut savoir passer le flambeau. Un flambeau avec du contenant.

Or, que pouvons-nous y mettre aujourd’hui, sinon des histoires (et non l’Histoire) fabriquées à notre usage par les enfants de nos anciens occupants qui jurent qu’ils nous veulent du bien. Les voix qui s’élèvent ici et là réclamant avec insistance le rajeunissement de la classe politique dans notre pays, sont légitimes. Sauf qu’il serait naïf de croire que le monde est pavé de bonnes intentions et que ces voix (bien relayées à l’international) ne misent précisément pas sur une nouvelle classe politique qui, contrairement à ses aînés, évoluera dans un vide mémoriel abyssal, propice à cette reconquête dont on parlait plus haut. Il ne faut pas avoir la mémoire courte pour se rappeler qu’une première tentative de «rajeunissement» a déjà eu lieu en 1990. Epoque où la République a failli disparaître. Oui à la création d’une école pour écrire notre histoire. Mais il faut faire vite. Chaque enterrement d’un moudjahid c’est un pan de notre histoire qui s’en va. Ne laissons pas notre mémoire continuer à se transmettre oralement! Ne laissons pas les étrangers l’écrire à notre place et ainsi la travestir. Quarante-sept ans après, il serait, en effet, temps de nous ressaisir et de nous prendre par la main et faire oeuvre utile pour les générations montantes.

Zouhir MEBARKI

Accablant!

Accablant est le rapport d’enquête de l’ONU sur les crimes commis par Israël dans la bande de Ghaza entre le 27 décembre 2008 et le 18 janvier 2009 lors de l’agression militaire contre la population de Ghaza. La commission d’enquête de l’ONU, dirigée par le juge sud-africain, Richard Goldstone, a rendu public, mardi soir, son rapport sur l’agression israélienne contre la bande de Ghaza. Le moins qui puisse être dit est que le rapport de la commission de l’ONU est accablant contre l’Etat hébreu: les enquêteurs n’hésitant pas à indiquer que l’offensive israélienne est «assimilable à des crimes de guerre et peut-être, dans certaines circonstances, à des crimes contre l’humanité».

C’est sans doute la première fois qu’un organisme officiel, mandaté par les Nations unies, dévoile aussi clairement les soubassements de la politique de terreur qu’Israël pratique depuis 60 ans contre la population palestinienne. Le rapport Goldstone ne manqua pas de souligner ce fait indiquant: «Des attaques ont aussi été lancées par Israël avec l’intention délibérée de répandre la terreur parmi la population (...) Les opérations militaires d’Israël à Ghaza ont visé la population de Ghaza dans son ensemble, en application d’une politique globale visant à la punir et par l’utilisation d’une force disproportionnée.»

Le rapport précise d’autre part qu’«il y a eu de nombreux cas d’attaques délibérées contre des civils ou des édifices civils (individus, familles, maisons, mosquées) en violation du principe de distinction inscrit dans le droit humanitaire international, avec pour résultat des morts et des blessures graves». Il fallait bien qu’un jour quelqu’un montre, enfin, le véritable visage qui est celui d’Israël, un Etat créé de toutes pièces par les Nations unies au détriment du peuple palestinien.

Cela d’autant plus que la «communauté internationale» est au fait de ces pratiques mais n’a jamais eu le courage politique de dénoncer les brutalités et crimes commis par Israël à l’encontre de la population palestinienne, de crainte d’être accusée d’antisémitisme. C’est le mot code qui, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, tétanise l’Occident qui absout tous les crimes d’Israël, depuis le partage de la Palestine historique.

De fait, Israël n’a pas manqué de brandir hier cette accusation d’«antisémitisme» contre le «juif de service» que serait M.Goldstone. Effectivement, la classe politique, les médias, les parlementaires israéliens ont fait chorus, qui n’avaient pas hier de mots assez durs pour fustiger et brocarder le juge sud-africain, qui rejoint la longue liste de ceux mis au pilori car ils ne se laissent pas intimider par les pratiques israéliennes et disent les vérités sur ce qui se passe dans les ghettos que sont devenus les territoires palestiniens occupés.

Aussi, cette intimidation est telle que la fille du juge Goldstone, Nicole, interrogée par la radio militaire israélienne, assurait hier que son père était «un juif sioniste», comme s’il y avait lieu de défendre la probité d’un homme de loi, reconnue internationalement. Maintenant que les choses sont claires - le rapport très explicite de l’agression israélienne contre Ghaza est sur le bureau du secrétaire général de l’ONU -, les instances internationales, singulièrement la CPI, vont-elles appliquer aux dirigeants israéliens ce qu’elles font sans état d’âme à l’encontre d’autres dirigeants dans le monde à l’instar, justement, du président soudanais Omar El Bechir, contre lequel la Cour pénale internationale a lancé un mandat d’arrêt international.

La réponse est vivement attendue. Durant de longues décennies, Israël a bénéficié de l’impunité, conjuguée à la mansuétude, que lui ont octroyées les puissants, faisant de l’Etat hébreu l’unique pays au monde qui n’obéit pas au droit international et n’applique pas ses lois, faisant d’Israël un Etat hors des lois communes au reste des Etats du monde.

Karim MOHSEN

Le logement avant la tombe

Ils ont bien placés pour savoir ce qu'ils disent, les banquiers et les promoteurs immobiliers qui ont conclu que «le logement restera inaccessible à la majorité des salariés, même avec un crédit bonifié». 

Habitués à ce que ceux qui sont censés dire les choses telles qu'elles sont tournent autour du pot, gavés de formules savantes quand la situation n'exige rien d'autre que d'appeler un chat un chat, les algériens, du moins ceux qui théoriquement sont en mesure d'acquérir un logement pour peu que les moyens de paiement modernes soient possibles, savent pourtant leur douleur.

Et ils en parlent entre eux ou à d'autres. De toute façon, ils peuvent en parler à tout le monde, sauf à ceux qui sont susceptibles de localiser leur mal et éventuellement y apporter quelque soulagement. Avec des mots plus simples, il faudra bien aller plus loin que ce constat qui, pourtant, ne manque pas de pertinence : le crédit immobilier, quelle que soit sa bonification, ne servira pas à grand-chose pour des millions d'Algériens exclus du logement social et incapables d'acquérir autrement un toit pour leur famille.

D'abord pour cette raison qu'on entend rarement, mais qui n'en est pas moins évidente : les postulants au logement ont plus besoin qu'on réduise leur apport de départ plutôt qu'on baisse les taux d'intérêt à des niveaux qui, quelle que soit leur insignifiance, ne règlent pas le problème dans l'urgence.

Eh oui, les concepteurs qui font miroiter des formules à des prix théoriques plus accessibles grâce au recentrage des crédits bancaires oublient cette autre évidence : le logement est une question d'urgence pour l'écrasante majorité des prétendants. Puisqu'il faut continuer à appeler un chat un chat et que les algériens veulent des appartements tout de suite parce qu'ils n'en ont pas.

Parce qu'ils n'en ont pas, ils ne peuvent pas se permettre le «luxe» de l'épargne qui, de toute façon, est une opération impossible, parce que la plupart d'entre eux sont promis à attendre les clés du bonheur dans leur tombe.

En raison des prix excessifs, de la faiblesse des salaires moyens et du niveau du pouvoir d'achat, on ne voit pas comment économiser un minimum d'un million de dinars dans un délai que l'urgence rapproche chaque jour un peu plus.

Avec des coûts de réalisation démentiels dus au manque de performance des entreprises du secteur, la spéculation sur les matériaux de construction, l'éternel problème d'accès au foncier qui réduisent considérablement le niveau de l'offre et des méthodes de paiement archaïque, le logement n'est toujours pas loin du rêve chimérique. Les banquiers, les promoteurs et les demandeurs un peu plus sont bien placés pour le savoir.

La différence est que ces derniers n'ont pas ou et à qui le dire. Alors, ils vont continuer à en parler entre eux. Sans «risque» d'être entendus.

Slimane Laouari

Un sabot en or…

Après neuf mois de détention, le journaliste irakien, qui avait osé balancer sa paire de chaussures à la figure de W. Bush, a été libéré pour bonne conduite.

Le Premier ministre Nouri El Maliki pouvait-il enfin dormir tranquille alors que le sort de Mountathar El Zaïdi avait été scellé dans les jours qui ont suivi son arrestation ? Sûrement pas. Le prisonnier, qui avait traité l'ex-président US de «chien», n'a même pas pris le temps d'aller se reposer.

Son comité d'accueil, exclusivement sunnite, a tout préparé pour que sa libération soit célébrée comme il se doit… sous le nez et la barbe des membres de l'exécutif chiite. Le lanceur de chaussures, aussi excellent orateur, a exigé des excuses publiques de Nouri El Maliki.

Non pas parce que celui-ci se serait endormi sans se préoccuper de son sort mais pour toutes les humiliations qu'il aurait subies en détention. Coups de câbles, électrocutions, cellules insalubres et simulations de noyade, il faudrait tout un livre au prisonnier le plus célèbre d'Irak post-Saddam pour lister les méthodes de torture. A en croire son témoignage, les bourreaux de la prison d'Abou Ghrib seraient des enfants de cœur devant les siens. Ils auraient usé leurs semelles pour le faire craquer. Et pourtant, à ce que l'on sache, le journaliste rebelle n'a pas commis d'autres délits, à part celui d'agression d'un chef d'Etat en visite officielle.

Qu'est-ce qui explique donc les supplices sur lesquels il n'est pas près de passer l'éponge ? Ses tortionnaires se seraient-ils acharnés contre sa personne pour savoir s'il était naturellement sorti de ses gonds, au moment des faits, où s'il a été chargé par d'obscurs commendataires de passer à l'acte ?

Trop ravi que son programme spatial reçoive un appui supplémentaire du Congrès, alors que son successeur continue de trimer pour faire adopter sa réforme de la santé, Bush se garde de prononcer un mot sur son impérissable souvenir. Idem pour Nouri El Maliki qui observe avec amertume la constitution d'un nouveau bloc chiite dont les ténors ont fait de l'exclusion du parti Ouma un point d'honneur.

Le gouvernement d'El Maliki, à forte dominante chiite, réagira-t-elle à d'aussi graves accusations lorsque le lanceur de chaussures entamera sa tournée internationale de remerciements ? Il est attendu au Qatar où l'émir lui a promis un cheval en or et en Libye où le guide s'est engagé à le décorer.

Deux belles tribunes, parmi tant d'autres, du haut desquelles Mountathar El Zaïdi aura à dire sa haine des soi-disant libérateurs et la «démocratie de caoutchouc» qu'ils veulent à tout prix imposer aux Irakiens qui, eux, pratiquent la laïcité depuis des générations ?

Le président Obama a eu le bon sens de faire suivre les interrogatoires des suspects de terrorisme par la Maison-Blanche bien que le journaliste irakien n'en soit pas un. Cela prouverait au moins qu'exporter un modèle de démocratie, vidé de tout sens de respect du droit humain, ce n'est pas comme exporter des chaussures contrefaites.

Par Anis Djaad

Pûuuunêeeeeze !!!

Apparemment, Barkat s’est fait surprendre en ce mois de ramadan, comme s’était fait surprendre Gamal Abdenasser dans la guerre des six minutes. Barkat n’a pas vu venir l’invasion de… punaises dont fut victime le pavillon d’ophtalmologie de l’hôpital Mustapha, dans la capitale de la RADP. Comme Nasser il ne put que constater les dégâts du raid des assassins les plus moraux du monde. Sur le qui-vive, Barkat s’attendait plutôt à une attaque de la grippe cochonne que les copains de Donald Rumsfeld donnent comme imminente.

Le ministre, qui ne laisse rien au hasard, s’y préparait sérieusement et aurait commandé deux millions de doses de vaccin. Mais une attaque de punaises ? Contre un service d’ophtalmo ? Quel est le stratège qui y penserait ? Les punaises n’ont jamais été sujettes au trachome à ce qu’on sache ! Surtout que les bestioles doivent savoir et qu’elles doivent donc tenir compte du fait que le secteur de la santé se trouve en pleine réforme et que, pour des raisons hygiéniques, on interdit l’accès même aux draps que les familles ramènent à leurs malades par souci de… propreté.

Algérie News, est le seul journal à nous dire que, les faits d’armes des punaises ont abouti à l’évacuation et à la fermeture des sections femmes et enfants du service d’ophtalmologie de l’hôpital, que la literie a été brûlée et que, lorsqu’ils se présentent, les patients se font renvoyer pour… indisponibilité de places.

De nos jours, la démocratisation aidant, on vous invoque plus volontiers l’indisponibilité que l’interdit. Certains trouvent qu’on abuse du terme «indisponible» et qu’il est faux par exemple de l’appliquer comme on le fait actuellement pour les vaccins pour bébés et pour d’autres médicaments, alors qu’ils existeraient en nombre presque aussi important que les punaises.

Le manque de médicaments c’est comme l’histoire de la pauvreté, c’est une création de la presse, nous suggère-t-on. Comme si la presse avait conseillé un jour de se soigner avec la h’chicha et d’utiliser comme suppositoires de la… deglet nour. Les Serkadji de Mokhtar Feliouane deviendraient-ils plus accueillants que les CHU d’Algérie ?

Par Mohamed Zaâf

Fin du jeûne : débat subliminal

«Hélas, s’il n’était pas mort, il serait encore en vie». C’est ainsi que les soldats du maréchal de la Palice ont tenu à témoigner l’attachement et le respect qu’ils avaient pour leur chef, mort dans une célèbre bataille.Donc, bien au contraire, c’est à son corps défendant que Jacques II de Chabannes, seigneur de La Palice et tout autant maréchal de François 1er est contraint jusqu’à nos jours de traîner comme stigmate une affirmation ridicule dont il n’a jamais eu la paternité.

Et ne voilà-t-il pas qu’ici et maintenant et à quelques journées de son échéance, Ramadhan réinstalle un débat, voire une polémique sur le fait que les jeûneurs risquent de remplir un devoir religieux au rabais en «bouffant» une journée où ils en font une de trop. Pour ce que ça rapporte à ceux qui se sont serrés pendant 29 jours la ceinture et qui se verraient encore y rajouter un cran sans grosse difficulté, il n’y a franchement pas en réalité de quoi ameuter le monde.

Un jour de plus ou un jour de moins ça changerait quoi ? Ainsi, en l’espace de quarante huit heures la fameuse association Sirius se lave les mains d’un calendrier et plus grave encore fait cadeau du bébé au «…comité des croissants lunaires» qui deviendrait dès lors «…le seul à décréter ce jour». Etrange cette génuflexion d’une science exacte devant des pratiques jusque-là qualifiées d’empirisme anachronique.

«Observez le jeûne à sa vue [croissant lunaire] et rompez-le à sa vue», l’association Sirius change de cap et fait sienne cette règle coranique que si elle n’a jamais remis en cause d’une manière frontale, n’en a pas, pour le moins, alimenté le débat par procédé subliminal.

Et donc à n’en pas douter le jour «J» sera déterminé à partir d’un autre jour «J»… celui de la nuit du doute qui retrouve, parce qu’il élimine de fait la controverse installée depuis une quinzaine d’années, avec le retrait de l’association sus-évoquée toute son importance, sa magnificence, sa portée liturgique et plus particulièrement cette ancestrale habitude que le mois de Ramadhan ne le serait pas tellement pour les jeûneurs s’il n’y a pas dans l’air cette si particulière et ambiante dévotion du 29e jour.

Sauf que le Dr Loth Bonatiro est plutôt catégorique, en ce sens qu’il estime dans une autre… logique astronomique que le croissant sera visible «…dans sa deuxième mention lunaire à la Mecque et en Algérie… plus facilement à Alger» et laisse entendre par voie de conséquence que nos compatriotes doivent rompre le carême «à partir de dimanche» mais aussi parce qu’ils n’ont entamé le Ramadhan qu’à compter du 22 du mois passé il y aurait lieu de «….terminer la vraie durée du Ramadhan» qui serait alors de trente jours, d’où cette autre affirmation qui consisterait à souligner que la célébration de l’Aïd devrait se faire en fait… «lundi». A travers ces démonstrations à géométrie variable, le citoyen lambda, tripes nouées, n’attend pourtant que juste qu’on lui indique que «…c’est quand qu’il peut manger sans avoir mauvaise conscience parce qu’il aura rompu le jeûne avant terme».

«Quand c’est rugueux, ce n’est pas lisse», disait sans rire et le plus sérieusement du monde un autre illustre personnage. Or, 30 jours c’est juste un jour de plus après 29. Une peccadille pour des Algériens disposés, rien que pour mettre d’accord tout ce monde de scientifiques et de théologiens, à y aller d’une journée supplémentaire à titre de bonne volonté. Il suffirait juste qu’il leur soit demandé, car se serrer la ceinture c’est ce que nos compatriotes savent si bien faire parce qu’ils y sont rompus également en dehors du mois sacré. Autrement dit, à chaque fois que sont annoncés la rentrée scolaire, les vacances et d’autres évènements pour lesquels ils sont obligés de bourse délier.

Par Abdelhamid Lemili

Ces journaux qui attisent le feu

Au nom de la défense de l’islam et des constantes nationales, certains titres de la presse arabophone, chez nous, jouant à l’islamisme tactique, se complaisent dans une étrange campagne d’hostilité contre la Kabylie, allant jusqu’à en accuser la population d’apostasie, comme seuls les porte-voix du salafisme pur et dur osaient le faire.

Cela se passe à l’heure où cette Kabylie meurtrie commence à se stabiliser politiquement après une longue période de turbulences qui a failli provoquer une fracture. C’est le cas notamment de deux quotidiens aux relents connus qui font de l’anti-kabylisme leur leitmotiv, en sortant couramment des titres incendiaires qui commencent, dans la région, à irriter les citoyens : on les accuse tour à tour de servir de relais de l’étranger, de prosélytisme chrétien, d’intelligence avec le Mossad, et plus récemment de ne pas observer la pratique du jeûne…

Ce discours de la haine et de la discorde ne peut refléter aucune réalité sociale, ni aucun objectif politique. Aucune raison, même celle de la liberté d’expression, ne peut justifier de tels dérapages. Si l’on admet que le caractère sensationnel des sujets abordés par cette presse puisse toujours intéresser une certaine frange de lecteurs, avides de polémiques, rien ne permet aux éditeurs et aux journalistes de bafouer la conscience professionnelle de cette manière.

Et, sans faire dans le maccarthysme, les autorités doivent savoir juguler ces basses pulsions qui frisent parfois le racisme. Surtout que ces titres donnent l’impression aux lecteurs d’être des relais «privilégiés» du pouvoir. La confusion peut être ici dangereuse.

M. A.

Les nouveaux colons sont déjà là

La campagne orchestrée contre la loi de finances complémentaire ne s’est pas calmée, au contraire il semble même qu’elle passe à la vitesse supérieure. Il n’y a plus un jour où les medias ne relaient des propos alarmistes, voire catastrophistes sur le pays tout entier, son économie comme le reste. Pourquoi ? Parce que les dirigeants de ce pays ont décidé de mettre un peu d’ordre dans l’importation des produits qui pour la plupart relèvent de la consommation superflue.

On parle du crédit documentaire comme s’il s’agissait d’une entrave à la liberté du commerce alors qu’il en est l’indispensable préalable. Voilà que ces jours-ci deux événements se produisent qui amplifient la campagne. Les «patrons» se réunissent et ce qui ressort de leurs déclarations ressemble à une condamnation nette et claire de la LFC. Cela veut dire que ces nouveaux symboles de la logique économique libérale déjugent la mesure. Reda Hamiani, le chef du FCE, résume cela par une phrase : «Il ne faut ni trop ouvrir (comme ce fut le cas) ni trop fermer (comme c’est aujourd’hui le cas)».

Dans tout ce qu’il fait, autrement dit, le gouvernement se trompe. En réalité, les patrons, Hamiani en tête, sont favorables à la LFC, parce qu’elle sert en définitive leurs propres intérêts, mais ils ne veulent pas le montrer. Au contraire, ils veulent profiter de cette campagne déclenchée par des lobbies d’intérêts étrangers (dont les concessionnaires automobiles ne sont pas des moindres), et qu’ils contribuent eux-mêmes à alimenter par ailleurs, pour contraindre le gouvernement à les associer comme partenaire dans l’élaboration des lois.

Les patrons font de la politique pour sauvegarder et consolider leurs intérêts économiques, ni plus ni moins. Ils demeurent très prudents dans leurs faits et gestes, mais personne n’est dupe – dommage pour eux qu’ils s’associent à cette campagne. Le deuxième événement, rapporté par un journal électronique, qui sert de caisse de résonance audit lobby, fait état d’un rapport du concessionnaire français de la marque Diamal adressé à ses supérieurs à Paris.

Dans ce rapport, le concessionnaire traite nos dirigeants, Bouteflika et Ouyahia, de tous les noms d’oiseau. Le pays tout entier est décrit sans ménagement comme un vaste royaume pourri. Bon, ce concessionnaire peut penser ce qu’il veut, le problème n’est pas là. Le problème est que, ainsi révélé, le rapport devient un élément de la campagne contre la LFC. Un élément et un tournant, car on passe à l’offensive directe et d’une violence inouïe contre le personnel politique.

Il faut donc s’attendre à ce qu’on mette le feu à la baraque – ce «on», ce sont les nouveaux colons. Qu’on instaure des rapports de force tels que le gouvernement recule. Qu’il plie. Qu’il laisse faire les «on», qui ne veulent aucun mal à ce pays sinon prendre l’argent qu’il a et qu’il ne sait pas utiliser d’ailleurs, en échange de quelques jouets et un peu de confiseries. Nous le verrons bien assez tôt.

F.C.