mercredi 16 septembre 2009

Un cadeau sous vide

Des mois que la voix du barbu le plus recherché au monde ne s'échappe plus par la cheminée de la grotte qu'il partage avec Ayman El Thawahiri. Les djihadistes s'attendaient à un cadeau explosif et ce sont des palabres auxquelles ils ont eu droit.

Quel gâchis ! Ben Laden leur avait pourtant promis une belle surprise. Aurait-il eu un quelconque contretemps qui justifierait sa haute trahison à l'égard de ses sujets sanguinaires ? Ceux qui ont rêvé d'un second 11 septembre sont forcément déçus, inconsolables. Ils ont dû se contenter d'un message audio d'Oussama, un mixage d'évidences ressassées et de fritures exaspérantes.

Rien de concret, l'orateur n'a pas annoncé une prochaine attaque du musée, flambant neuf, érigé à la mémoire des 3000 victimes du World Trade Center. Dommage, regrette-t-on dans les cercles djihadistes et à leur périphérie. Le respecté Ben Laden aurait dû parce qu'il n'avait pas grand-chose à leur souffler.

Car, si c'est pour rappeler que les attentats du 11 septembre sont une réponse appropriée au soutien indéfectible de Washington à l'Etat hébreu, même l'idiot du village est au courant.

Quant à demander au peuple américain de faire pression sur son gouvernement pour qu'il cesse son appui aveugle à Tel-Aviv, cela relève tout bêtement du ridicule. D'autant que le président Obama a affirmé en personne que les Israéliens sont souverains chez eux (en territoires palestiniens occupés) et qu'ils ont tout à fait le droit de prendre les décisions qu'ils jugent nécessaires.

A tel point que Benyamin Netanyahu amuse sa galerie sioniste en déclarant que la partie Est d'Al Qods n'a jamais été occupée. En des termes plus sérieux, il n'est pas question de geler la colonisation que cela plaise ou non à l'effacée communauté internationale.

Compter sur le peuple américain pour exercer d'éventuelles pressions sur l'administration Obama (le lectorat juif aux Etats-Unis a toujours voté démocrates) reviendrait à croire en la longue trêve que Ben Laden proposait aux néoconservateurs de l'ex-gouvernement républicain de W. Bush.

Mais si Ben Laden se dit déterminé à poursuivre sa guerre d'usure jusqu'à ce que l'Amérique s'effondre, à l'image de l'empire soviétique en Afghanistan, pourquoi demande-t-il au sauveur peuple américain de lui tendre la main ? Ne supporte-t-il plus sa vie d'homme des grottes ou se résigne-t-il à présent à haïr ce choc des civilisations qui, à bien réfléchir, n'a que trop duré ?

Le condamné à survivre à des années lumières de la civilisation se chercherait un corridor ultrasécurisé qui ne le conduirait pas droit vers la petite porte quoiqu'il soit conscient qu'un jour ou l'autre il devra en franchir le seuil. Dès lors qu'il n'a pas réédité son exploit barbare de 2001, les djihadistes lui en veulent-ils à mort ?

A force de réécouter ses diatribes, tantôt menaçantes tantôt conciliantes, ils finiront bien par comprendre que leur chef n'est plus en mesure de tenir ses plus modiques promesses et de ne plus pouvoir leur offrir de cadeaux.

Anis Djaad

Il pleut, c'est toujours dangereux

Il a encore plu et il va encore pleuvoir à l'ouest du pays. L'automne vient de frapper à nos portes sur le calendrier mais il fait encore assez chaud pour que soient tenues à distance respectable les appréhensions d'un changement dans le ciel, qui n'est jamais sans péril.

L'été a été particulièrement caniculaire et il n'a peut-être pas tout à fait tiré sa révérence pour que les esprits s'installent définitivement dans une autre saison.

Mais les caprices du temps sont parfois imprévisibles et les catastrophes aussi. On sait depuis longtemps qu'un malheur ne vient jamais seul, avant de découvrir, dans la douleur, qu'il n'arrive jamais par hasard. Des pluies de fin d'été, qui auraient pu faire la joie d'ados offrant au ciel leurs poitrines nues dans un mélange de défi et d'insouciance, ont fait des dégâts. Pire, il y a eu morts d'hommes.

Bien sûr, la nature est ainsi faite et le niveau de maîtrise auquel est parvenue la technologie en la matière est encore loin d'éloigner tous ses dangers, y compris dans les pays les plus développés. Mais on ne meurt pas «comme ça», sans que les survivants ne posent de questions.

Les mêmes, depuis des années, chaque année. On pose les mêmes questions parce qu'on meurt pour les mêmes raisons : des systèmes d'évacuation obsolètes ou inexistants, des habitations précaires qu'on n'a pas fini d'éradiquer, des moyens de secours archaïques, un niveau de prévision proche de celui de Madame soleil et une prévention au petit bonheur la chance.

Il y a eu Bab El Oued et on a dit «plus jamais ça». Et il y a encore eu ça. Djanet et puis Ghardaïa. On en a peut-être oublié entre les deux.

Tous les drames n'ont heureusement pas tous atteint la même ampleur, mais il n'y a pas de seuil tolérable dans la mort, a fortiori quand on sait que c'est largement évitable.

Il a encore plus la semaine passée et il y a eu d'autres morts, d'autres pauvres qui ne pouvaient quand même pas affronter le ciel tous seuls.

Parce que de Ghardaïa, on n'a même pas tiré la plus piètre des consolations. Comme Bab El Oued, la pentapole miraculée du M'Zab n'a même pas servi à ce à quoi servent les tragédies : prévenir et pourquoi pas éviter d'autres. Il a plu il y a une semaine sur la steppe et il pleut encore depuis hier. Sérieusement, d'après les prévisions qu'on est obligé, une fois n'est pas coutume, de croire.

Slimane Laouari

Ahlan wa sahlan wa marhaba

Hier, la Fédération des journalistes algériens a agréablement surpris son monde en annonçant la présence de Donald Boström à Alger. Donald Boström, c’est ce chevalier de la presse suédoise qui osa braver les foudres d’Israël et raconter sans détour son côté Dracula. Dans son téméraire article publié par le journal Aftonbladet, Boström révéla au monde un immonde trafic international d’organes dont Israël était le centre.

La soldatesque de «l’armée la plus morale du monde» charcutait ses victimes palestiniennes pour les piller de leurs organes qu’elle plaçait auprès de ses réseaux actifs dans le monde, aux Etats-Unis et au Maroc notamment, pour les écouler au noir à leur pesant d’or. Boström raconta comment il fut lui-même témoin d’atteinte au corps sur un lanceur de pierres palestinien de 19 ans, Bilal Ahmed Ghanan, tué froidement. Bien sûr, tout ça n’a pas plu aux Israéliens.

Ils firent tout un tintamarre, mais pour rien. Pour une fois, ils se trouvèrent devant un os. La Suède refusa de se faire toute petite à l’instar des «Grands» d’Occident. Non seulement elle se refusa de s’en prendre à Aftonbladet ou à son journaliste comme on essayait de le lui dicter, mais elle dit poliment mer... aux sinistres sharonnards. Comment ne pas rester admiratif devant cette attitude lorsqu’on voit les pays d’Obama, de Merkel ou des Napoléon jubiler lorsque Tel-Aviv leur tire l’oreille ?

Alger, qui avait déjà goûté par le passé au plaisir d’accueillir Dieudonné, un autre brave a qui l’on veut accoler l’étiquette de l’antisémite, ne pouvait que rendre hommage à Bolstöm. Chose dont s’acquitte la Fédération des journalistes qui a pris l’heureuse initiative de créer un prix international –sanctionnant annuellement la meilleure enquête journalistique – et de le décerner à Donald Bostöm. Sauf que notre Fédération ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin et qu’il faudrait qu’elle pense à honorer l’autre journaliste qui a l’entière sympathie des hommes libres dans le monde. Elle devrait penser à inviter Mountazer Al-Zaïdi, cet émérite lanceur de… godasses.

Par Mohamed Zaâf

Le naturel d’une courbe

Une courbe est une ligne qui monte, se stabilise, descend pour remonter de plus belle ou dégringole encore plus bas. Ça dépend des données qui la définissent dans l’espace et le temps. Elle représente souvent la variation d’une grandeur quelconque en fonction d’une ou plusieurs autres variables bien définies. En théorie les courbes peuvent être des droites qui montent ou descendent exclusivement, mais dans la vie l’allure d’une courbe n’est jamais constante. Tout se transforme. Les rapports changent à chaque instant.

C’est cette prédisposition instantanée des choses à la modification, cette possibilité perpétuelle de bouleversement qui fait la vie et l’espoir. Une courbe qui ne fait que monter est, par conséquent, peu naturelle. C’est peut-être le qualificatif qui traduit le mieux à la tendance du marché national de l’alimentaire depuis le début du mois de Ramadhan. Çà ne fait que monter. La cherté des produits de première nécessité est visiblement simulée.

La forte pression spéculative et la main mise sur les circuits de distribution des vivres se font vivement sentir. D’ordinaire, après la fièvre compréhensible des premiers jours, les choses reviennent progressivement à une certaine normalité à laquelle on finit, tous, par s’accommoder. Même si ce semblant d’équilibre n’arrangeait pas tout à fait les petites bourses, les consommateurs réussissent cependant à tirer, plus ou moins bien, leur épingle du jeu. Cette fois, c’est complètement différent.

La mercuriale n’a pas connu de baisse notable. Bien au contraire, sa tendance globale est franchement haussière. Pour calmer les craintes des ménages, la tutelle avait prévu, au tout début, un fléchissement rapide des prix à la faveur d’une amélioration progressive de l’approvisionnement. Finalement, rien de tel. Les fruits et légumes, les viandes et les friandises atteignent aujourd’hui des sommets jamais égalés auparavant. C’est carrément hors de portée même pour les bourses moyennes.

Le foie ou la crevette tutoient, désormais, le caviar. Malgré toutes les dénonciations exprimées çà et là, malgré les quelques tentatives de régulation initiées par les pouvoirs publics, les spéculateurs ont tenu «bon» cette fois en allant jusqu’au bout de leur logique usurière. L’agressif exploit qu’ils viennent ainsi de réaliser leur confère une force et une certaine autorité sur le marché.

C’est d’autant plus inquiétant que le pouvoir d’achat des Algériens ne cesse de fondre comme neige au soleil à la veille d’une rentrée sociale qui s’annonce morose. L’Etat est interpellé pour soustraire le marché à l’emprise de ces réseaux, à la limite maffieux, et en garantir aussi le contrôle le plus strict. Evidemment, il n’est pas juste que des intermédiaires s’érigent entre le producteur et le consommateur pour prendre le beurre et l’argent du beurre.

Il n’est pas normal que le poulet, vendu à 200 dinars au poulailler, puisse atteindre le double sur l’étal d’une boucherie. Cette marge est beaucoup trop grande pour qu’elle soit justifiée par la liberté des prix. Çà s’appelle de l’arnaque. Et la loi doit punir ce genre de délits.

Par Kamel Amghar

Politique spectacle

Nos ministres ont compris qu’il valait mieux être servis par une politique de « com » comme on dit, plutôt que par une obligation de résultat à laquelle personne ne songerait à les rappeler, pas même le président de la République et encore moins l’APN ou le Sénat. Et ce ne sont pas les communiqués fleuves, lus au JT de 20 heures, à l’issue de ces « audiences » de ministres par le chef de l’Etat, qui prouveront le contraire. D’ailleurs, les téléspectateurs l’auront sans doute deviné qu’en fait d’audience, cela se limite à un rapport d’activités transmis par les bons soins du ministre concerné à la Présidence épluché par des conseillers auxquels revient la tâche de formuler les recommandations présidentielles.

De ces « audiences », la télévision ne transmet qu’un plan fixe, une photo du siège de la présidence de la République à El Mouradia. Nos ministres ont bien saisi l’impact que cela peut avoir sur les citoyens et l’opinion, tant et si bien qu’ils ne bougent plus sans la présence des caméras de l’ENTV. Ils nous rappellent ces fameux « gouals » d’antan, ces conteurs des places publiques et des marchés qui nous racontaient un monde merveilleux, fabuleux.

Aujourd’hui, la place publique ou le marché ont cédé la place à cette « caisse à merveilles » qu’est le petit écran. Tout est sujet à spectacle pour le « prime time » de 20 heures de l’ENTV, comme l’ont montré les événements de ces derniers jours ; jusqu’à la rentrée scolaire de cette année que l’inamovible ministre de l’Education nationale, Boubekeur Benbouzid, a préféré « ouvrir » cette fois-ci à partir du palais de la culture de Kouba à Alger.

La mise en scène conçue par les services du ministère est allée jusqu’à ramener des élèves qui n’avaient rien à voir avec les écoliers que l’on veut obliger, à partir de cette année, à porter des blouses bleue ou rose. Pour la circonstance et devant un parterre de ministres et de responsables, les potaches, qui devaient assister à un cours inaugural sur la grippe A, étaient de blanc vêtus et coiffés à la manière des étudiants anglo-saxons d’une coiffe tout aussi immaculée qui n’a rien de commun avec ce que l’on voit à la sortie de nos écoles.

Trop, c’est trop. Mais cette mise en scène avec beaucoup de choses surfaites valait sans doute mieux pour le ministre que d’avoir à affronter sur le terrain des classes surchargées - elles le seront pour de nombreuses années encore - des parents d’élèves en colère et des adjoints de l’éducation en grève et mécontents de leur situation. Profitant de l’occasion et des caméras présentes, son collègue de la Santé, M. Barkat, a profité pour annoncer qu’il allait importer 20 millions de doses de vaccin contre la grippe A.

Un effet d’annonce qui laisse sceptique plus d’un, quand on sait qu’en réalité, on est déjà en rupture de stock pour les médicaments d’urgence et que la situation risque de s’aggraver avec les nouvelles dispositions financières fixées par la loi de finances complémentaire 2009. On pourrait multiplier à l’envi ces prestations télévisuelles aux heures de grande écoute.

L’inauguration du moindre tronçon autoroutier par le ministre des Travaux publics insistant sur les délais devient prétexte pour figurer au prime time de l’ENTV, alors que des informations rapportées par la presse indépendante font état de grève dans les entreprises de réalisation, ponctuées par un travail bâclé dans la réalisation de certains axes, sans doute pour plaire au ministre et être dans les délais.

Tandis que les citoyens appréhendent les premières pluies et les risques d’inondation que pourrait provoquer l’absence d’avaloirs, d’ouvrage de drainage des eaux pluviales, par ailleurs ceci ne semble pas attirer l’attention de M. Ghoul. On comprend aisément pourquoi le pouvoir politique n’est pas près de « lâcher » la télévision et ne veut pas autoriser de sitôt le privé à créer des chaînes de télé. Pour lui, ce serait prendre ainsi le risque de voir les Algériens « zapper » ce spectacle politique de mauvais goût.

Par Reda Bekkat

Message artistique à Hadj Lakhdar

On dit: «La critique est aisée...», parfois on aimerait pouvoir dire: «Si la critique se taisait...».
Vincent Roca "Extrait de la chronique La Ford vous siéra"

La bataille artistique et médiatique entre Hadj Lakhdar et Souilah est lancée. Le cercle culturel initié par Djazaïr News a créé un précédent. Les deux hommes qui étaient programmés lors d’une rencontre avec la presse, ne se sont finalement pas rencontrés. Seul Lakhdar Boukhers a tenu à y aller pour affronter les questions directes et indirectes des journalistes. Le cercle Djzaïrnews a osé installer ce que l’Entv était incapable de faire: une rencontre, débat-critique sur le programme de l’Entv.

Une rencontre média et producteurs où on critique ouvertement et sans tabou le programme de l’Unique. Pour le moment, la direction de l’Entv ne réagit pas aux nombreuses critiques sur la programmation et sur la qualité des produits. La presse, notamment arabophone, multiplie les reportages et les enquêtes sur le programme Ramadhan 2008/2009, mettant les artistes les uns contre les autres.

Mais au milieu de cette Berezina, Hadj Lakhdar et Souileh comptent les points. Lakhdar Boukhers fait face à de vives critiques aussi bien de la part des professionnels de l’audiovisuel que des artistes. La plus audacieuse est venue de Biyouna, qui a déclaré que la série Souk Hadj Lakhdar était un condensé de personnes qui crient pour ne rien dire. A cela s’ajoutent les critiques de l’Association des commerçants algériens qui accusent Lakhdar Boukhers de donner une image funeste des commerçants locaux.

C’est donc pour faire face aux critiques multiples et de toutes parts, que Boukhers a accepté de donner la réplique à la manière de Pain et chocolat I de Nino Manfredi, aux journalistes, toujours à l’affût de ses activités. L’année dernière, Lakhdar Boukhers avait évité la presse comme la peste, pour ne pas répondre aux critiques déjà lourdes de l’époque: l’image de la femme dans la série Imaret Hadj Lakhdar.

Il avait même raté l’avant-première de son film Lakhdar et la bureaucratie pour ne pas faire les frais des plumes pointues. Cette année, Hadj Lakhdar, conscient du danger de son éventuelle disparition du petit écran, a décidé de faire campagne pour l’amélioration de son image dans le paysage audiovisuel algérien au moment où Souilah avait la tête collée au sol et au ciel avec la série des tarawihs.

Mais Souileh et sa famille Djemaï; qui récoltent les bons points avec des messages de soutien en masse sur Facebook, sur les forums et sur les sites blogs en tout genre, a obligé la télévision à reprogrammer sur A3, la fameuse série de Djaâffar Gassem. Au même moment, Hadj Lakhdar crée un boucan sur Canal Algérie, alors que la série Caméra chorba, qui a instauré le régionalisme en montrant la famille algérienne sous différentes coutumes, est venue jouer les trouble-fêtes avec ses 13 mn de passage.

Lakhdar Boukhers a néanmoins affirmé que le journal L’Expression et plus particulièrement Amira Soltane, font partie de l’axe de son malheur. Mais nous disons à Lakhdar: «Vous êtes un comique de valeur dans le paysage culturel algérien, mais à un moment de votre carrière, vous avez été berné et aveuglé par l’opulence et la décadence de l’argent et qu’il faut revenir à cette qualité qui faisait votre force artistique: l’humanisme, la simplicité et l’honnêteté artistique.»

Amira SOLTANE

La rentrée du père

Noureddine est un ancien camarade de lycée. Nous avions passé cinq années sur les mêmes bancs du lycée où nous avions promené notre ennui entre les déclinaisons latines et les équations à plusieurs inconnues.

Noureddine a le malheur d’habiter la même cité populeuse et populaire que moi. Et moi, j’ai la chance de le rencontrer de temps à autre, sur le chemin de l’inévitable marché où tout le monde se rend au moins une fois par jour pour se faire rançonner.

Noureddine est, contrairement à moi, complètement introverti: il n’est pas du genre à laisser paraître ses sentiments. Il n’est pas exubérant et sans être froid, il est très réservé. D’ailleurs, il a choisi un métier qui convient à son tempérament: professeur d’architecture.

Pourtant, un jour de septembre comme celui-ci, maussade et chaud, il me confia alors que je lui demandai ses impressions sur la rentrée: «C’est maintenant que je me sens vraiment vieux!» Il n’avait pas tort de le dire parce qu’il avait perdu ses cheveux très tôt et son caillou brillant lui donnait un peu plus que son âge.

«Figure-toi que je viens d’inscrire mon premier fils à l’école. Cela fait une drôle d’impression de me retrouver tout d’un coup ‘‘de l’autre côté’’, dans le camp des parents d’élèves. Cela fait une drôle d’impression! Comme une nouvelle responsabilité à assumer! Dire que pendant des années, je me suis contenté de me présenter à l’école avec mon cartable et mon tablier neuf sans penser à tous les soucis que cela pouvait engendrer à mes pauvres parents.

C’est maintenant que je me sens vraiment dans leur peau et il y a comme un malaise. Dire que je devrais de temps en temps venir discuter avec l’institutrice et m’enquérir des progrès de mon rejeton. Je vis déjà cela comme une lourde corvée.»

Je le rassurai en lui disant que tout cela est dans l’ordre naturel des choses et comme le disait un vieil ami de mon père qui citait Robert Lamoureux (le seul Français qu’il jugeait digne d’être cité): «La vie, chacun son tour.» «C’est le cycle naturel des choses! Pense au moins à la chance qu’a ton fils! Il a un père qui a un certain niveau intellectuel, qui est passé par l’école, le lycée, l’université et qui a assez de bagages pour discuter avec les enseignants ou même le directeur d’école.

Compare un peu à la situation inconfortable de nos parents quand nous avions atteint l’âge d’aller à l’école: ils étaient pauvres, analphabètes et ils étaient même complexés de se retrouver devant l’instituteur! Ils ne parlaient pas le même langage et n’étaient pas du tout issus du même milieu, à part quelques rares exceptions, bien sûr.

Alors, le directeur, lui, leur inspirait même beaucoup de respect. Ils considéraient sa parole comme une vérité officielle...»

Noureddine n’était pas du tout rassuré. Il reprit sur le ton de la confidence: «Tu sais, ce qui m’inquiète et m’indispose en même temps, c’est de voir des barbus et des femmes en hidjab dans une cour d’école! De notre temps, il n’y en avait pas!»

Selim M’SILI

Renault et le syndrome du mur

La Fédération internationale de l’automobile a rassuré, hier, le directeur de Renault face à l’accusation de son pilote de formule 1, Nelson Piquet Jr. Elle lui promet tout simplement ce qu’elle appelle «l’immunité» alors qu’elle lui offre en réalité l’impunité. Une offre qu’elle assortit à une condition, une seule: que le directeur de Renault dise la vérité, rien que la vérité.

C’est tout. Alors M.Pat Symonds (c’est ainsi que s’appelle le directeur de Renault en question) dites-la, cette vérité! Vous n’avez plus rien à craindre même si vous avouez avoir ordonné à Piquet de foncer sur le mur pour favoriser la victoire d’Alonso au Grand prix de Singapour en 2008! Vous ne risquez rien de la FIA, elle roule pour vous. Tant pis pour Piquet père et fils, les pôvres, cela leur apprendra où mettre dorénavant les pieds! Vouloir se mesurer à Renault, non mais? En voilà des façons! Les coups fourrés dans les sports de compétition mondiale ne sont pas des jeux pour enfants.

Il faut avoir fait tous ses «vaccins». Ceux de l’entourloupe, de la triche et de l’esbroufe réunis pour prétendre se mesurer aux dirigeants actuels de Renault. Ils sont tellement forts ces dirigeants que celui qui représente la firme en Algérie n’a rien trouvé de mieux à servir aux journalistes qui lui demandaient pourquoi ses patrons avaient subitement décidé d’annuler leur investissement en Algérie, que cette débilité: «Connaissez-vous un équipementier automobile en Algérie qui sache fabriquer une pièce selon les normes?».

Débilité parce que ces «équipementiers» devaient certainement exister lorsque Renault avait une première fois annoncé son investissement avant de faire volte-face. Ce n’est qu’à ce moment-là que ces «équipementiers» ont disparu. Il ne faut pas rigoler, ces messieurs de Renault étudient sérieusement leur dossier avant de décider. La preuve? Ces messieurs viennent de réussir leur affaire du siècle. Ils vont produire des voitures électriques en Israël. Pour un carnet de commande de 35.000 promesses d’achat.

La décision est prise malgré tout. Malgré aussi l’absence des bornes de recharges (stations-service spécifiques) donc de réseau de distribution. 35.000 véhicules méritent l’investissement, alors qu’en 6 mois seulement de cette année Renault a écoulé en Algérie 31.000 véhicules. Quand on vous disait qu’ils sont sérieux chez Renault. Ils n’investissent que là où il faut. D’ailleurs, ils viennent d’agréer leur 55e distributeur à Alger. Pour Renault, notre pays n’est bon que pour y déverser sa camelote fabriquée dans les ex-pays de l’Est.

A vrai dire, le renoncement de Renault à investir en Algérie s’explique: il s’intègre dans la stratégie du «syndrome du mur» très chère à la marque. Parlez, MM de Renault-Algérie, dites la vérité et nous vous promettons «l’immunité». Dites-nous que vous êtes de ceux qui pousseraient bien volontiers notre économie droit dans le mur? Nous le savons si bien que nous sommes de plus en plus nombreux à ne pas supporter la vue de votre losange sur nos routes.

Zouhir MEBARKI

Ce port qui nous étouffe

“Il n’y aura pas de report (de la décision d’éloigner d’Alger le débarquement des véhicules).” Inauguré par le président de la République à propos de sa démarche de réconciliation avec les terroristes, c’est un style de communication officielle fait de bravade qui commence à constituer l’identité de la gouvernance nationale.

Le Chef du gouvernement vient d’illustrer cette promptitude à la défiance devant la contestation même la plus raisonnable. “Nous n’allons pas faire marche arrière”, a-t-il rétorqué, dès sa première apparition de la rentrée, au sujet de la loi de finances complémentaire pour 2009.

Ce réflexe de raidissement est plus significatif de l’embarras que de l’assurance de décideurs moins enclins à s’appuyer sur une démarche prospective qu’à tester des solutions improvisées. C’est certainement pour cette raison qu’ils commencent par déclamer la position de principe avant de recourir à l’argument de gestion.
La raison de “l’intérêt du pays” évoquée par Ouyahia, pour insinuer que les mesures introduites par la LFC sont indiscutables, commande en principe toutes les actions du gouvernement. Elle vaut pour quelque chose et son contraire. La preuve, cela n’a pas empêché le gouvernement de suggérer aux banques de pallier son erreur par des espèces de crédits-tampons.

De même, le problème des “700 millions de dollars que l’État algérien paie chaque année aux armateurs comme dédommagement aux bateaux qui restent en rade”, que soulève Amar Tou pour expliquer sa décision, justifie cette solution comme il en a justifié bien d’autres avant et qui ont échoué. De l’activité “sept jours sur sept”, présentée à l’époque par le ministre du Commerce à “la voie spéciale” imaginée par le ministre des Travaux publics, en décembre dernier, en passant par le travail de nuit…

Même la concession à Dubai World Port a été légitimée comme une solution de rationalisation de l’exploitation du terminal à conteneurs. Mais, apparemment, pour DWP, la démarche se limite à faire table rase de tout autre opérateur. à part cette déportation programmée des intervenants et des activités extra-conteneurs, le “plus” apporté en termes de fluidité du transit ne saute pas aux yeux.

Et pourtant, le ministre décide de refouler les marchandises non conteneurisées pour désengorger un port asphyxié par la lenteur du transit de conteneurs ! Il a manqué peut-être une politique d’aménagement pour dispenser le gouvernement d’un dispatching autoritaire, forcément coûteux, des marchandises importées sur les ports du pays. Il a toujours manqué un vrai plan de modernisation de la gestion du port d’Alger en particulier. Le développement, ce ne sont pas des enveloppes financières.

La mesure Tou paraît irréaliste. En attendant d’en connaître toutes les implications, on peut déjà en imaginer quelques-unes. Le surplus de transport routier peut devenir prohibitif pour certains articles. Le transport de voyageurs, socialement indispensable à notre émigration : c’est le transport pour le compte de concessionnaires qui permet à l’ENTMV une tarification étudiée pour les citoyens passagers.

Ou alors, en étouffant Alger et ses entreprises pour laisser respirer son port, s’agit-il d’essayer et de voir ensuite pour les dérogations ? Et ainsi rapatrier des activités réglementairement bannies du port d’Alger.

Par : Mustapha Hammouche

Démons

Elle est partout : dans de nombreux quartiers livrés à la merci des gangs ; sur les routes avec son lot de morts hebdomadaires ; dans les enceintes sportives où les hooligans sèment la terreur ; en milieu professionnel avec la prolifération des grèves ; en famille où l’on s’étripe pour de banales histoires d’héritage et autres affaires d’honneur.

Les habitants de Dergana, à l’est d’Alger, n’en reviennent pas. Lundi, ils ont été témoins d’une véritable bataille rangée avec des épées et des barres à mines entre deux bandes rivales. Les choses n’auraient certainement pas pris cette tournure dramatique, avec plusieurs blessés dont des cas de coma, si les services de l’ordre appelés à intervenir n’avaient pas laissé faire.

Mais au-delà de ce qu’on pourrait considérer comme une défaillance des services de sécurité, c’est d’observer que ce qui s’est passé à Dergana, le quartier de Hassan Hattab, faut-il le rappeler pour la petite histoire, est loin d’être un cas isolé. C’est, au contraire, la énième manifestation d’un phénomène récurrent qui prend des proportions terrifiantes : la violence devenue le moyen d’expression privilégié des Algériens.

Elle est partout : dans de nombreux quartiers livrés à la merci des gangs ; sur les routes avec son lot de morts hebdomadaires ; dans les enceintes sportives où les hooligans sèment la terreur ; en milieu professionnel avec la prolifération des grèves ; en famille où l’on s’étripe pour de banales histoires d’héritage et autres affaires d’honneur.

Cette violence “facile”, au sens où le passage à l’acte est devenu quelque chose de banal, est la conséquence des années de terrorisme, comme l’expliquait dernièrement le Pr Ridouh dans un long entretien.

Avec toutes les pressions, toutes les frustrations que vivent au quotidien les citoyens, c’est autant de facteurs qui représentent des appels d’air pour un surcroît de violence dans notre société, aujourd’hui sérieusement menacée dans sa stabilité.

Certes, la police et la gendarmerie sont les garants de cette stabilité, mais au-delà des moyens répressifs qui ne sont qu’une réponse conjoncturelle, un traitement symptomatique, c’est la promotion de la culture du dialogue et la multiplication des canaux de communication qu’il faut pour exorciser les démons qui nous habitent.

Par :Omar Ouali

Le lanceur de chaussure contre Bush libéré

Dieu qu’ils m’ont manqué !



Par Hakim Laâlam
Email : laalamh@yahoo.fr
En tournée d’inspection à Blida, Benbouzid a déclaré : «Tout n’est pas noir dans le secteur de l’éducation. » Je suis tout à fait d’accord ! Tout n’est pas noir. Y a aussi du…

…rose, du bleu...

Un événement majeur est passé quasiment inaperçu. Trop occupés que nous étions avec ces histoires de tabliers et de farandole des couleurs, nous nous sommes rendus coupables d’un grand ratage. Alors, soyons humbles et redonnons à cet événement éclipsé la place qui doit être la sienne dans le concert polyphonique de nos préoccupations quotidiennes : LE SENAT A ADOPTE LUNDI A UNE ECRASANTE MAJORITE LA LOI DE FINANCES COMPLEMENTAIRE 2009. Je vous avais prévenus ! Il s’agissait bien d’un méga-moment. Le retour des députés et sénateurs leveurs de bras. On ne peut décemment rater de tels shows, on ne peut en aucun cas les passer sous silence. Tout le pays, patrons et petits emprunteurs, a débattu férocement de cette LFC 2009, des candidats à un crédit à la consommation ont clamsé, victimes de crise cardiaque à l’annonce de la suppression des formules financières en usage jusqu’alors, et les députés et sénateurs, eux, entrent dans leurs salles de levage des mimines, imperturbables, imperméables, insubmersibles aux larmes et aux détresses citoyennes et font la seule chose qu’ils sachent faire avec un professionnalisme exemplaire : dire oui ! Dire d’accord ! Dire enaâm ! J’avoue, avec un petit pincement au cœur, que ces «messes du oui» m’ont manqué cet été. Ne plus voir 3 mois durant une forêt de bras s’agiter vers les cieux étoilés de l’APN et du Sénat, ne plus bénéficier du spectacle unique d’un journal télévisé s’ouvrant sur l’inénarrable séance de gymnastique parlementaire dont la particularité est de fortifier les épaules, les bras et les comptes en banque, cela a provoqué en moi un manque. C’est dans ce genre de situations, en pleine privation que l’on se rend compte que l’on est devenu addict, accroc. J’ai failli y passer ! Je ne dois mon salut de drogué qu’au retour in extremis de mes sauveurs, les élus du peuple. Merci aux députés et aux sénateurs pour ce sauvetage, pour ce geste, pour cette main tendue. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L.

Le journaliste irakien lanceur de chaussures accueilli en héros à sa sortie de prison

L’indonésie montre la voie

Cela fait plus de vingt ans que le discours politique en Algérie — et pas seulement le discours politique — souligne le caractère vulnérable de l’économie nationale, trop dépendante des hydrocarbures et de la volatilité de leurs prix sur les marchés mondiaux (volatilité de plus en plus importante maintenant que les spéculateurs s’y mettent). Il faut sortir du tout-pétrole rappelle sans cesse Bouteflika, appel repris régulièrement par ses différents Premiers ministres.

Oui mais encore ? Comment faire concrètement ?

L’analyse de l’expérience indonésienne est de ce point de vue pleine d’enseignements. En 1985, le pétrole et le gaz assurent à l'Indonésie 80 % de ses recettes globales d’exportation. La société pétrolière publique Pertamina est un Etat dans un Etat. EN 2008, soit quelque vingt ans après, le secteur des hydrocarbures ne représente plus que 11 % du PIB contre 30 % en 1980, et l’Indonésie se retire de l’Opep, à laquelle elle a adhéré en 1962, étant incapable de respecter ses quotas. La production hydrocarbures a diminué et depuis 2004, le pays importe une partie de ses besoins en pétrole brut et en produits raffinés. En 2008, l’économie indonésienne présente un tout autre profil : les industries manufacturières représentent 27 % du PIB, l’agriculture 13 % et les services, notamment les transports et les télécommunications, connaissent une croissance forte à l’instar du tourisme.

L’Indonésie a réussi à sortir du tout-pétrole

C’est le contre-choc pétrolier de 1986 et l’effondrement des recettes d’exportation qui s’en est suivi qui ont contraint l’Indonésie à la mise en œuvre d’un programme de réformes économiques et financières et d’ouverture aux capitaux et investissements étrangers, notamment japonais, confirmant par là que c’est en situation de crise que les réformes ont le plus de chances de réussir. La diversification des exportations se développe et la croissance économique, bien que lente, affiche tout de même régulièrement un taux annuel de 5 %. Il faut, cependant, préciser tout de suite que l’ouverture économique de l'Indonésie a lieu sous le contrôle de l’Etat qui a gardé les leviers de guidage et de pilotage de l’économie et continue d’être producteur et investisseur, le cas de l'Indonésie confirmant, par là, les caractéristiques d’un «modèle asiatique » de développement (Malaisie, Corée du Sud, Inde, Chine... ont toutes accordé un rôle économique éminent à l’Etat).

1) Un secteur manufacturier dynamique

Les industries manufacturières en Indonésie affichent un taux de croissance annuel moyen de + 10 %. La valeur ajoutée du secteur manufaturier se répartit ainsi :

(2006 - 2008)
V. A. par branches
Agroalimentaire 33 %
Habillement, textile, cuir 9%
Papier, bois, ameublement 7 %
Raffinage 11 %
Matériaux de const. 14 %
Sidérurgie 0,3 %
Ind. mécanique 13 %
Epqpt de transport 6 %
Electronique 3 %

Les industries manufacturières ont exporté en 2006 pour une valeur de 62,1 milliards de dollars sur un total des exportations de 108,8 milliards de dollars, soit 55 % des exportations totales (les hydrocarbures ne représentent plus d’exportations significatives : 10 % du PIB)
*Le second poste de création de richesses en Indonésie est l’agriculture. Dès 1973 et le premier choc pétrolier, le président Suharto surnommé «le père du développement », décide de «semer son pétrole» et affecte une partie des recettes d’exportation des hydrocarbures en financement du secteur agricole (la rizicultire) avec comme objectif atteint : l’autosuffisance. Mais aussi l’huile de palme, hévéa, contreplaqués produits dans de grandes plantations. L'Indonésie est aussi un grand pays touristique. Elle a aussi développé une économie de services performante.

2) La situation financière

Malgré la baisse des recettes d’exportation des hydrocarbures et au contraire une hausse de la facture des importations de pétrole brut et de produits raffinés, la situation financière de l’Indonésie est soutenable :
• Un processus de désendettement a été engagé, et entre 1997 et 2007, la dette extérieure est passée de 60 % à 31 % du PIB et le service de la dette de 41 % des exportations à 13 %.

• Les réserves de devises sont passées de 21 milliards à 57 milliards de dollars en dix ans.

• Le solde commercial hors pétrole et gaz a été en 2007 de 27 milliards de dollars et le solde commercial de 33 milliards de dollars. Il faut quand même rappeler que l’Indonésie est encore un grand exportateur de gaz.

• En matière d’entrées nettes de capitaux étrangers, la situation est favorable et l’attractivité du site Indonésie reste bonne malgré un mauvais climat des affaires.

Le stock d’investissements directs étrangers est de 10,5 milliards de dollars en provenance des Etats-Unis et de 7,5 milliards de dollars en provenance du Japon. Les autres investisseurs sont l’Inde, la Malaisie, la Chine. Et il faut souligner que la politique du pays en matière d’IDE n’est pas libérale et reste très contraignante pour les investisseurs. L’Indonésie occupe la 123e place dans le classement «climat des affaires» de la Banque mondiale. La crise mondiale actuelle reste pour l’instant d’un faible impact sur l’économie indonésienne. Deux raisons essentielles à cette faible sensibilité à l’extérieur.

1 - La croissance économique est tirée principalement par la demande intérieure soutenue par une politique de transferts sociaux et de subventions de l’Etat et surtout d’aide aux classes moyennes urbaines qui maintiennent la consommation interne à un haut niveau.

2 - Les exportations sont diversifiées : produits manufacturés, matières premières, produits agricoles.
En conclusion, on peut souligner le fait que l’Indonésie, pays pétrolier et gazier, est parvenu à sortir son économie du toutpétrole et à changer de régime de croissance par une politique volontariste de réformes structurelles. La croissance économique de ces dix dernières années a été de 5 % en moyenne annuelle et les prévisions pour les cinq prochaines années la fixent à 6,5 % par an. Bien évidemment, l’économie indonésienne traîne encore des handicaps. Quatre problèmes attendent d’être réglés.

1 - La croissance est molle et reste tirée par la consommation
2 - Il y a une faiblesse de l’investissement de l’Etat qui consacre son aide au soutien à la consommation
3 - L’investissement privé est insuffisant pour cause de mauvais climat des affaires, notamment mauvaise intermédiation bancaire
4 - Il y a un déficit en infrastructure de base qui risque de freiner encore plus la croissance.

Par Abdelmadjid Bouzidi

Il pleut toujours où c’est mouillé

Avec le nombre impressionnant de logements réalisés et de bâtiments édifiés ces dernières années, on est fondé à croire que la crise de logement est derrière nous. Or, force est de reconnaître que c’est loin d’être le cas. Pour y accéder, c’est la croix et la bannière, surtout pour le citoyen dépourvu des deux capitaux nécessaires comme sésames pour l’accès au seuil, le capital financier et le capital piston.

Des trois pièces continuent à abriter trois familles, et des «jeunes de quarante ans» poursuivent leur carrière de célibataires, faute de toit. Nombreux sont ceux qui ont carrément perdu l’espoir de bénéficier de ce droit pourtant basique qu’est celui d’habiter un logement plus ou moins décent. Et pourtant, il faut reconnaître qu’aujourd’hui, il existe des dispositifs qui, par le passé, tenaient du rêve, à savoir les crédits et autres formules promotionnelles et de facilités de paiement, pour que l’espoir de se loger ne soit plus une utopie.

Les placards publicitaires témoignent de ces «offres» multiples, à cette nuance près qu’elles restent inabordables, même pour les cadres moyens. En d’autres termes, le dicton «il pleut toujours où c’est mouillé» (on ne donne qu’aux riches) se vérifie pleinement dans ces «offres».

En même temps, l’Etat fait tout ce qu’il peut, c’est-à-dire le maximum, sinon plus, pour construire à tour de bras, tout en encourageant des formules telles que le logement participatif, location-vente ou logement rural, entre autres, pour résoudre cette crise. Les chantiers poussent comme des champignons, tandis que les cérémonies de remise de clef sont quotidiennes.

Alors qu’est-ce qui se passe, pourquoi le problème ne s’extirpe-t-il pas du long terme ? Encore et toujours, parce qu’une mafia s’est incrustée dans les distributions, pour acquérir à bas prix des logements sociaux, pour ensuite les revendre au prix fort, à des nécessiteux, réels ceux-là. C’est là le blocage, c’est donc là qu’il faut faire le ménage.

N.S.