dimanche 25 octobre 2009

BOUDJEMAÂ KARÈCHE : «L’état du cinéma algérien est terriblement triste»

Ancien directeur de la Cinémathèque algérienne et cinéphile convaincu, il fait un diagnostic désolant sur le cinéma national.

Ancien directeur de la Cinémathèque d’Alger, figure emblématique du cinéma algérien, Boudjemaâ Karèche a été l’invité du Café littéraire de Béjaïa, en marge de la 3e édition de «Béjaïa. Doc - les rencontres du film documentaires», qui s’est tenu du 20 au 23 octobre dernier.

Venu prendre part à ces rencontres qui rendaient un hommage à Ali Zammoum, le grand fan de Jean-Luc Godard a fait une halte au Café littéraire pour nous parler de son dernier ouvrage Juste un mot, composé d’anecdotes, d’hommages aux personnes aimées et côtoyées. En marge de ce rendez-vous littéraire, Boudj, comme aiment l’appeler ses amis, a bien voulu répondre modestement à nos questions.

L’Expression: En général, on adapte des ouvrages littéraires en films de cinéma, vous, vous faites l’inverse, après toute une vie dans le cinéma, vous voilà dans la littérature. Un commentaire...
Boudjemaâ Karèche: Je n’ai jamais été cinéaste, j’étais tout juste un fonctionnaire du cinéma. En 2004, on m’avait signifié qu’on n’avait plus besoin de moi comme directeur de la Cinémathèque algérienne, me demandant de rester chez moi, chose que j’ai exécutée en restant à la maison. Une fois chez moi, j’ai décidé alors de m’occuper et de meubler mon temps, en versant dans l’écriture.

On s’attendait à vous voir derrière une caméra et vous récidivez avec un autre livre Juste un mot
Mon premier livre n’est pas un livre sur le cinéma, c’est un livre sur ma vie de fonctionnaire à la cinémathèque. Après quarante ans à côtoyer le cinéma, j’ai fini par comprendre que ce n’est pas facile de faire un film. Faire un film, c’est une merveille. J’ai passé toute ma vie à regarder des films, et je suis incapable d’en faire un. Le cinéma c’est un métier fabuleux et très difficile à la fois. Comme mon premier livre, le deuxième intitulé Juste un mot, a toujours une relation avec ma vie. Je n’ai jamais dit que je suis écrivain, j’écris des petits textes sur les gens, les films et les lieux que j’ai aimés et que j’aime toujours.

On remarque aisément que vous peinez à vous détacher du cinéma dans les débats...
Ce sont les gens qui m’amènent à parler du cinéma même si j’ai décidé de ne plus en parler parce que je ne veux pas devenir donneur de leçons. C’est aussi un signe de sympathie à mon égard, ça veut dire qu’on ne m’a pas oublié.

Et si on vous demande de faire un constat sur l’état du cinéma aujourd’hui?
C’est terrible, c’est triste. On ne peut pas faire de cinéma sans salles. Le cinéma c’est le chemin vers les salles et l’inverse est juste aussi. Donc, il n’y a pas de cinéma pour faire un constat. Que cherchent les jeunes, c’est d’être beau, et le cinéma participe activement à rendre les gens beaux dans l’esprit, et le physique.
On a tous rêvé de James Dean, Marlon Brando pour les garçons, Marilyn Monroe et autres pour les filles...Qu’en est-il de la jeunesse d’aujourd’hui?

Quelles en sont les causes à votre avis?
C’est général c’est le mépris de la culture. Le mal est profond et touche tous les domaines, malheureusement, il n’y a pas que le cinéma.

Si on vous demande de schématiser graphiquement le cinéma algérien, où se situe la courbe ascendante, le pic et la courbe descendante?
C’est clair, le pic, sans contestation aucune, c’était en 1975. Pourquoi? Nous avions enregistré 44 millions d’entrées au niveau national sur 20 millions d’habitants, et couronnés par la Palme d’or de Lakhdar Hamina à Cannes. Les années 70 caractérisent l’épanouissement de notre cinéma, pour le voir régresser à partir des années 80 avec la crise de la dette, pour enfin assister à son achèvement durant la tragédie nationale.

Vous avez déclaré que le Panaf de 1969 a bouleversé votre vie. Si on faisait le parallèle avec le Panaf 2009?
Le Panaf 2009, je n’en parle même pas, je ne connais pas, je ne l’ai pas vécu. Pour moi, le seul Panaf est celui de 1969 qui a évidemment changé ma vie. J’ai une licence en droit, le droit public en plus, pour être fonctionnaire de l’Etat dans la justice. Moi, qui n’étais pas cinéphile à l’époque, je rentre en plein dedans pendant dix jours, grâce à Ahmed Hocine à qui je rends hommage encore une fois pour m’avoir fait découvrir le cinéma et les cinéastes africains. Depuis, ma vie a changé pour devenir administrateur à la cinémathèque et finir par la diriger par la suite.

Quelle thématique vous attire dans le cinéma et quels sont les films qui vous ont marqué?
La thématique c’est l’homme, l’être humain, tout se fait autour de lui, comme disait Sembene Ousmane, le cinéma c’est mon école du soir. Sinon pour les films, il y en a beaucoup, ceux de Sembene Ousmane, Godard, Chahine....

Quels sont vos projets dans le cinéma et autres domaines?
Le cinéma, c’est fini, basta! Je suis à la maison et j’essaie de contribuer modestement avec l’écriture. Je suis sur un troisième livre sur les cinéastes et les précurseurs du cinéma africain. Je vais rendre hommage à ces gens pour leur grandeur, tellement ils ont cru au cinéma comme les hommes qui ont cru aux indépendances africaines, malgré le manque de moyens sur tous les plans.

Quel conseil pourriez-vous donner à la nouvelle génération?
Croyez en quelque chose, soyez compétents et foncez dans la vie. Il faut lire beaucoup de
livres sans se faire une fixation sur un examen car si on est cultivé, le diplôme vient tout seul. Et surtout allez voir des films.

Propos recueillis par Boualem CHOUALI

Algérie : Le SNMG doit être porté à 38 000 DA

Alors que le gouvernement s’apprête à majorer de quelques centaines de dinars le SNMG, la politique des salaires en Algérie est déjà dépassée par le temps. Le salaire minimum garanti actuel ne suffit qu’à couvrir une semaine des dépenses d’un père de famille de quatre personnes. Selon une étude comparative sur le pouvoir d’achat dans les trois pays du Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie) réalisée par l’Intersyndicale de la Fonction publique, le niveau de vie des Algériens reste le plus bas. « Selon la richesse de chaque pays, normalement le niveau de vie des Algériens serait deux fois mieux que celui des Marocains et doublement mieux que celui des Tunisiens », notent les réalisateurs de cette étude, en faisant une comparaison des données macroéconomiques de chaque pays. L’étude conclut que le niveau de vie des travailleurs dans les trois pays reste au-dessous de la moyenne. Mais celui des Algériens est encore pire : le smicard ne peut assurer les besoins de sa famille que pendant une semaine et les travailleurs, qui perçoivent des salaires moyens (15 000 à 25 000 DA), ne peuvent survivre que 10 jours.

Seuls les salariés classés dans la catégorie B (des personnes qui perçoivent des salaires allant de 25 000 à 60 000 DA) arrivent à joindre les deux bouts en limitant leurs dépenses au strict minimum. « L’indice de parité du pouvoir d’achat (PPA) nous renseigne que le niveau de vie dans les trois pays est très faible », note-t-on dans la conclusion de cette enquête. Le SNMG algérien ne couvre, selon le même document, que 26% des besoins minimums des smicards contre 32% pour les Marocains et 15% pour les Tunisiens. D’où, expliquent les représentants de l’intersyndicale, la nécessité de porter le SNMG à 38 000 DA en prenant en considération le prix moyen des produits sur le marché national et la force du travail des citoyens. « C’est le salaire qui devrait être assuré à tous les Algériens », lance Salem Sadali, secrétaire général du Satef. La classe moyenne en Algérie ou ce qui en reste n’est pas mieux lotie. Son revenu mensuel ne couvre que 52% de ses besoins contre 64% pour les Marocains et 51% pour les Tunisiens. « Comment font les travailleurs algériens pour survivre ? », s’interroge encore Idir Achour porte-parole du CLA. En convertissant les salaires minimums des travailleurs dans les trois pays, l’étude relève que le SNMG algérien est le plus bas dans la région du Maghreb avec seulement 98,15 euros (taux de change officiel).

Le SNMG algérien est le plus bas dans la région

L’écart est énorme avec les SMIG marocain (178,45 euros) et tunisiens (130 euro). La demande d’une revalorisation conséquente du SNMG, expliquent les représentants de l’intersyndicale, n’est pas fictive. Elle est calculée, selon eux, sur la base des besoins vitaux des familles. Ainsi, un père de famille a besoin de 14 200 DA pour la nutrition, 8000 DA au minimum pour le loyer et l’énergie, 7500 pour des frais divers et 8600 DA pour la prise en charge de 2 à 3 enfants. Faisant une lecture des résultats de cette étude, M. Boudiba, représentant du Cnapest, critique la politique salariale en Algérie. « La valeur du dinar ne cesse de dégringoler. Elle ne s’est jamais stabilisée depuis 1991. En revanche, il y a une stagnation de la politique salariale. A tout cela, il faut ajouter le plus haut taux d’inflation et la multiplication des taxes », déclare-t-il. Ce dernier relève aussi l’absence d’une instance officielle qui se chargera de la politique salariale. M. Boudiba affirme, dans ce sens, qu’« il y a une volonté d’éliminer la classe moyenne en Algérie ».

Par Madjid Makedhi

La meilleure police du monde

A quelques jours du Salon du livre d’Alger, un roman – une fiction sur les harraga sans rapport avec l’actualité gouvernementale – est arrêté dans sa fabrication à l’imprimerie par la police alors qu’il se vend déjà dans les librairies. Quelques jours après, la police débarque dans l’appartement de son auteur avec un mandat de perquisition pour tout fouiller, à la recherche de quelque interdit supplémentaire qui serait caché sous le matelas.

Renseignements pris et lus, ce livre n’a pas grand-chose de subversif, à part qu’il rappelle que le Club des Pins est un club fermé de l’intérieur et que l’Algérie n’est pas un pays très démocratique, même vu de l’extérieur. Bien sûr, le ministère de la Culture et celui de l’Intérieur n’ont pas daigné fournir d’explications sur ces procédés dignes de la Corée du Nord version 1960 et continuent de faire danser les plus dociles pour le premier, et de faire chanter le reste de la population pour le second.

L’Etat brillant encore par son absence dans cette affaire, la question qui se pose est : les ministères concernés sont-ils au courant de cette opération combinée interdiction-descente ? Oui, s’ils lisent les journaux. Non, s’ils n’ont jamais lu de livre. Ce qui ne règle pas la question du livre algérien ; peut-on interdire un roman sans savoir qu’il existe ?

Cette question absurde a une réponse absurde, oui, on peut interdire ce qui n’existe pas pour ne pas qu’il puisse exister. L’ironie de cette triste histoire est que l’auteur de ce roman sur les harraga a préféré quitter son pays comme un harrag pour éviter d’éventuelles suites, arrestation, voire torture et camps du Sud.

S’il avait écrit un livre sur la mort, l’aurait-on tué ou se serait-il suicidé ? S’il avait écrit un livre sur la corruption, le ministère aurait-il essayé de le corrompre ? Et s’il avait écrit un livre sur le sexe, que lui aurait fait l’Etat.

Par Chawki Amari

Le symptôme Diar Echams

C’est à La Cité du soleil, l’œuvre de Mouloud Mammeri, que m’ont fait penser les émeutes de Diar Echams, les maisons du soleil. A la réflexion, rien à voir. D’accord ! Encore que !... La façon dont est – mal – gérée Persépolis, l’Etat emblématique dans l’œuvre, montre bien que Mammeri tenait à ce qu’on reconnaisse, derrière la parabole, un pays réel ayant à voir avec l’Algérie. Plutôt beaucoup. Mais pas seulement !

Qui aurait à voir, en fait, avec tous ces régimes folkloriques qui font tout le contraire de ce qu’exige la bonne et équitable gouvernance. Autoritarisme militarisé. Mépris presque colonial des plus vulnérables, traités comme jadis étaient considérés les «indigènes ». Etc. Diar Echams. Des émeutes ont mis, ces derniers jours, ce réservoir de colère contre l’injustice sous les feux des projecteurs. Une explosion à la mèche courte. Brève. Arrêtée à temps. Heureusement car Alger se serait embrasée si Zerhouni n’avait pas fait des promesses de relogement que l’Etat a intérêt à tenir, et largement les moyens de faire.

Encore des émeutes ? Hélas, elles sont devenues le seul moyen d’expression autorisé, accessible, et même le seul efficace ! Mais ce ne sont pas n’importe quelles émeutes. Si tant est qu’il y ait une hiérarchie dans ces histoires-là ! Celles-ci se passent à Alger. Au cœur du cœur. A un vol de caillou de la présidence de la République. Dans un quartier qui, un moment, avec Riadh El Feth et tout le tralala moderniste qu’il était censé représenter, était propulsé sous la loupe des plus désespérés. Pour tout cela, ça fait désordre. Ça floute le panorama. A l’aube des années 1980, pour construire ce machin qui se dresse comme un doigt levé vers on ne sait quel scepticisme, on a dû raser un bidonville, chancre au cœur d’Alger, sans se soucier de reloger ses occupants.

Colère déjà en ces années où le libéralisme lâchant bride commençait à laisser sur la paille des millions de gens, parmi les plus déshérités, les plus vulnérables. Ceux-là qui, pour se faire entendre, n’ont que la rue à occuper et leurs poitrines à opposer aux bombes lacrymogènes et parfois aux balles réelles. Près de trente ans et vingt et un ans après les événements d’octobre 1988 qui ont touché ces quartiers sacrifiés, ça pète de nouveau. Comme jadis, c’est le ras-le-bol. La coupe est pleine. Plus pleine encore qu’il y a trente ans car bien des désillusions sont passées. Les 40 000 habitants de Diar Echams sont abonnés à la misère. Comme à une fatalité. Ça se voit à l'œil nu.

Pour cela, il suffit de poser un regard sur ces bâtiments déglingués, ravalés, rallongés à qui mieux mieux, menaçant ruines, dont pas le moindre centimètre n’est gaspillé. On vit même dans les couloirs des immeubles. Rien ne semble pouvoir changer le cours du destin. Ces habitants – et des millions d’autres à travers l’Algérie – sont un peu comme les intouchables, voués à être maintenus dans la misère, transmissible de père en fils comme, de l’autre côté, est transmissible la fortune, la puissance et la gloire du trabendo et de l’illégitimité. Favela ? Pis encore… Immeubles lépreux. Promiscuité.

Taux de chômage explosif. Désespérance. De quoi te fabriquer les harraga les plus déterminés ! De ceux qui n’ont plus rien à perdre ! Ceux parmi les habitants de Diar Echems qui, dans leur jeunesse, ont combattu pour l’indépendance du pays ne doivent pas en croire leurs yeux. Ils sont au moins aussi mal logés et aussi mal traités que du temps de la colonisation. Sauf que, maintenant, ils sont censés être dans un pays indépendant. HLM ? «Habitants des logements misérables», ironise quelqu’un devant un journaliste. 27 m2 : superficie de l’appartement le plus spacieux. 11 ou 12 personnes au moins s’y bousculent. Ça fait dans le 2,5 m2 par personne. Les prisonniers ont droit à 4 m2 chacun.

Les otages de la misère de Diar Echams en ont deux fois moins que les taulards. Ne parlons pas des normes de l’OMS qui recommandent au moins 12 m2 par personne comme seuil de décence. Les normes de confort, ceux qui tiennent le gouvernail les appliquent certes. Mais pour eux-mêmes et leur clientèle. L’immense majorité ? Faut s’écraser ! Dans tous les sens du terme. Non seulement, accepter sa condition de piétiné mais n’avoir aucune possibilité d’exprimer son mécontentement.

Quand on réduit les plus défavorisés à une masse informe de mahgourine et que, de surcroît, on ferme tout champ d’expression politique afin que les intérêts des uns et des autres s’affrontent par le débat, c’est comme si l’on verrouillait décisivement la cocotte-minute. Il ne lui reste plus qu’une sortie : l’explosion. Elle a déflagré à Diar Echems. Mais il reste des milliers de Diar Echams à Alger et à travers toute l’Algérie. La politique de répression et de diabolisation menée par le pouvoir conduit à l’affrontement, le rapport des forces, l’usage de la violence. Ça s’est vérifié à Diar Echams. Dès que les émeutes ont éclaté, un responsable les a imputées à des «voyous». Façon classique de délégitimer une revendication. Mais aussi une insulte ajoutée à de la souffrance. Diar Echams n’est qu'un symptôme. La douleur qu’il annonce pourrait être redoutable.

Par Arezki Metref

Gazage de populations !



Par Hakim Laâlam  
Email : laalamh@yahoo.fr

Faut pas croire ! Tous nos hommes politiques ne sont pas assoiffés de postes et d’avantages. 
Prenez Bouguerra Soltani. Demain, on lui proposerait d’être ambassadeur à…

…Genève, eh bien, il refuserait !

Au plus fort des émeutes de DSE, Diar Sans Echems, le régime de bananes surgelées qui nous gouverne annonçait un truc qualifié d’important. Alors que les fumées de gaz lacrymogènes périmés ne s’étaient pas encore dispersés au-dessus de DSE, d’un grand bâtiment en verre construit à quelques encablures de là a fusé un communiqué urgent : les équipes de Sonatrach viennent de faire une découverte d’hydrocarbures dans le bassin d’Illizi, lors d’un forage dans le puits de Tamdanet 301. Tam 301 pour les intimes. Très honnêtement, je ne sais pas qui décide du timing de diffusion de ce genre de communiqués, de qui les programme, et en fonction de quel planning. Mais celui qui a pris cette décision-là précisément, celle d’annoncer une nouvelle découverte de gaz alors que les brigades anti-émeutes en balançaient tout plein, du gaz sur des citoyens de la capitale, celui-là mérite une mention spéciale. Il a tout compris en matière de paix sociale, d’équilibres, de management des susceptibilités et des colères populaires. On peut juste lui reprocher de n’avoir pas été plus loin dans sa stratégie «lumineuse» de communication. Eh oui ! Plutôt qu’un simple communiqué, forcément publié le lendemain seulement, il aurait pu demander sur-le-champ à une flottille de voitures équipées de mégaphones de sillonner dès jeudi les quartiers de Diar Sans Echems en diffusant à fond, via des haut-parleurs, la nouvelle de la découverte d’hydrocarbures à Illizi. Ça aurait sûrement aidé à calmer les choses et à apaiser les esprits. Car pour des zombies qui vivent à 17 dans 24 m2 sans une seule fenêtre pour respirer, ça aide énormément de savoir que les locataires de la commune voisine vont encore s’en mettre plein les pognes. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L.

Pourquoi Al Jazeera est la meilleure télévision arabe

«Une foi n’est tolérable que si elle est tolérante.»
Gisèle Halimi

La chaîne Al Jazeera, détentrice des droits TV pour la Ligue des Champions dans le monde arabe, a retransmis le match d’un club israélien, en l’occurrence Maccabi Haïfa contre Bayern Munich. Une première pour un média arabe. C’est la première fois qu’une télévision arabe retransmet une rencontre de C1 disputée par une équipe israélienne. Le match était commenté en anglais. Jamais auparavant un match impliquant un club israélien ou l’équipe d’Israël, quelle que soit la compétition, n’a été diffusé sur une chaîne arabe. Jusqu’à l’année dernière, les droits télévisés de la Ligue des Champions étaient détenus par le bouquet à capitaux saoudiens ART. Mais la chaîne saoudienne n’avait jamais diffusé un match impliquant une équipe israélienne.

Al Jazeera l’a fait. La chaîne qatarie a dépassé ce complexe arabe, qui fait qu’aucune image des sportifs israéliens n’est diffusée sur une chaîne arabe. Même durant les défilés des équipes nationales lors des jeux internationaux, les délégations israéliennes et leur drapeau ne sont jamais montrés sur une télévision arabe. Il se trouve même que les sportifs arabes refusent à chaque fois d’affronter des adversaires israéliens, au risque d’être exclus de la compétition. C’est ce qui s’est passé pour un Algérien et un Egyptien. D’ailleurs, curieusement, les Israéliens ont demandé à être inclus dans des compétions européennes alors qu’ils se trouvent en Moyen-Orient et cela afin d’éviter d’être confrontés à des adversaires syriens, iraniens, libanais, irakiens ou jordaniens.

Si Al Jazeera a accepté de diffuer un match d’une équipe israélienne, c’est parce qu’il existe plusieurs Palestiniens dans l’équipe et qu’elle n’a pas de complexe à montrer ou à donner la parole ou l’image à des Israéliens. Même du temps de la guerre de Ghaza ou du Liban, Al Jazeera avait donné la parole à des militaires et des responsables israéliens.

Des Israéliens qui étaient même demandeurs puisqu’ils savent qu’ils seront plus écoutés sur cette chaîne. Pour elle, c’est une manière de montrer aussi la présence et les prestations des Arabes au sein de l’équipe israélienne. Cette attitude d’indifférence a été déjà appliquée pour ce qui des équipes sud-africaines à cause de l’apartheid.

Et pourtant, dans ces équipes, il y avait de nombreux athlètes de couleur. Après l’arrivée de Mandela au pouvoir, on a levé l’interdiction de participer aux compétitions internationales aux Sud- Africains et aujourd’hui, on organise même une Coupe du Monde pour donner l’exemple de tolérance et de démocratie sportive qui avance.

Et sur ce point, Al Jazeera a démontré, une nouvelle fois qu’elle dépasse les autres télévisions, non pas par la qualité de ses programmes ou la compétence de ses journalistes, mais surtout par la mentalité, l’ouverture et la diplomatie des ses dirigeants.

Amira SOLTANE

Le lait et le pain

D'archimilliardaires algériens, ceux qui ne paient pas les impôts, ceux dont la fortune provient d'activités informelles ou de la rapine, des trafiquants de drogue, de cigarettes de contrebande ou d'alcools frelatés, se paient tous les jours que Dieu fait le lait et le pain subventionnés par le trésor public au même titre 

– et surtout au même prix que le chômeur en détresse, le compressé sans espoir de retravailler un jour, la veuve et l'orphelin sans héritage, le survivant du filet social et le «SNGiste» dont les enfants ne se nourrissent précisément que de pain et de lait.

Le pays hérite des pesanteurs socioéconomiques anachroniques dont il n'arrive pas à se libérer. Pourtant, repenser la solidarité nationale par les mesures les plus évidentes en la matière ne procède pas d'une grande audace susceptible de toucher à quelque équilibre dont l'équation serait trop sensible pour être bousculée.

La politique de subvention des produits de base, telle qu'elle a toujours été pratiquée, ne répond ni à une logique de justice ni à une rationalité économique.

Les exemples n'ont jamais manqué en l'occurrence quant à l'efficacité de l'option et son impact sur le pouvoir d'achat de ceux à qui elle est censée être destinée au premier chef : les algériens les plus socialement démunis.

Des boulangers font stock de farine au prix soutenu par l'Etat pour en faire un produit de spéculation ou exclusivement réservé à la pâtisserie.

D'autres «décident», par le fait accompli ou le grossier subterfuge, de l'augmentation cyclique du prix de la baguette. Les fabricants de yaourts, de biscuits, de chocolat, de pâtes et de cosmétiques paient le lait subventionné au même prix que les autres.

Plus grave, le lait et la farine, ainsi que tous les produits qui en dérivent, prennent tous les jours la direction de l'est ou de l'ouest vers des pays dont les politiques ne sont pas aussi généreuses que la nôtre, alimentant – c'est vraiment le cas de le dire – de sordides trafics sur le dos des «pauvres» algériens qui sont finalement les derniers à bénéficier d'un choix inexplicablement maintenu en leur nom.

Organiser la solidarité nationale peut pourtant emprunter d'autres sentiers, même si la force de l'habitude et de l'illusion fait qu'on ne peut pas attendre de la suppression éventuelle de ces subventions et les conséquences directes qui en découleraient, qu'elle soit très populaire.

Il faut donc convaincre par des mesures d'accompagnement qui sont en fait les leviers d'une autre politique. Celle d'un revenu digne qui permettrait l'accès au pain et au lait à tous et mettrait ces produits de base à l'abri du profit illégal et injuste.

Pour cela il faudra peut-être commencer par les faire payer à leur prix réel aux plus nantis.

Slimane Laouari

Putsch contre l’olympisme

Le président de la commission électorale du Comité olympique algérien enfonce encore une fois le clou au mépris de la charte et de l’esprit olympiques. Manifestement, la volonté des putschistes semble avoir la peau dure au risque de compromettre le devenir du mouvement sportif national uniquement pour satisfaire des appétits personnels trop voraces. Depuis quelques années, les structures du mouvement sportif algérien sont prises en otages par des énergumènes qui ne s’intéressent ni au sport, ni à l’image du pays sur la scène internationale, ni à cette jeunesse prête à porter au firmament l’emblème national pour peu que les prédateurs s’écartent de la scène sportive.

Un effort a été engagé pour remettre le sport national sur les rails. Des élections ont été tenues par les différentes fédérations afin d’arriver à une représentativité conforme aux règles démocratiques élémentaires et de rendre aux différentes disciplines leurs lettres de noblesse piétinées et bafouées par des indus occupants et des rapaces. Aujourd’hui, c’est au tour du Comité olympique algérien de renouveler ses instances. Cette échéance, reportée à plusieurs reprises, semble proche.

Cette perspective salutaire pour le mouvement sportif national éveille des appétits incontrôlables et qui s’aiguisent de jour en jour au mépris de l’intérêt national. Des putschistes de tout bord ont soudainement découvert les statuts du COA et décidé en dehors de toute légalité de s’y conformer. Afin d’avoir la mainmise sur les destinées du mouvement sportif, de l’olympisme, ces charognards se substituent à l’assemblée générale, seule habilité à accepter ou à exclure des membres, et décident d’évincer onze femmes parce qu’elles ne sont pas acquises à leurs calculs d’épicier.

Une commission devant préparer l’élection du COA décide ainsi à la place de l’assemblée générale sous le faux prétexte de vouloir se conformer aux statuts, sachant toutefois que les statuts du CIO priment sur ceux du COA en matière de jurisprudence ; sachant que le président de la République a instruit toutes les structures et instances officielles et institutions pour renforcer la représentation féminine qui doit être effective et non de la simple figuration ; sachant, enfin, que ces décisions risquent de menacer sérieusement la participation du mouvement sportif national aux compétitions internationale, y compris à la Coupe du monde.

Pourtant, des personnalités sportives nationales ont lancé maints appels et saisi aussi bien les instances olympiques nationales qu’internationales afin justement de préserver l’esprit olympique, la représentativité démocratique et la compétence, mais en vain. Le putschisme menace l’olympisme.

Par Abdelkrim Ghezali

Ni tête ni queue

La nouvelle page web de la Maison-Blanche aurait pu faire sensation tant elle permet désormais au public américain de donner son avis sur n'importe quel sujet. Débattre de la réforme de la santé que les Républicains continuent de refuser à Barack Obama, dire si la grippe A

est une urgence nationale comme le pense le président démocrate ou expliquer pourquoi le copilote d'un avion US a oublié d'atterrir. Mais sur le net, il y a des pages qui font vite de balayer d'autres.

On aurait pu penser à celles diffusées sur Twitter quand l'Amérique cherchait à donner des preuves en images de l'ampleur de la répression du régime iranien contre les réformistes du camp de Moussavi.

Celle qui fait tabac en ce moment nous parvient des Pays-Bas où il est rassurant de savoir que les digues artificielles n'ont pas cédé face à la grogne des eaux.

Il s'agit d'une vidéo postée par un groupe de jeunes marocains néerlandais montrant ce qu'il pourrait advenir des Pays-Bas si la forte communauté marocaine venait à repartir chez elle. Seul pépin, le film, intitulé La tête ou la queue, est accompagné d'une question qui s'avèrera celle qui tue :

«Que pensez-vous du départ des Marocains ?» En une seule journée, 71% des 13 500 internautes ont répondu : «Bien qu'ils s'en aillent !» Le groupe de jeunes anonymes aura beau expliquer son succès aigre-doux quant à la relance du débat sur l'immigration sous un nouvel angle, le mal est dit. Reste à savoir si ce sondage reflète la pensée sournoise de la majorité des Néerlandais.

En attendant un sondage national réalisé par un institut un peu plus sérieux, ce mauvais coup de boomerang tourne à l'avantage de la droite populiste et de son leader, Geert Wilders. Lui aussi aime-t-il les immigrés chez eux, pour reprendre les propos xénophobes de Jean-Marie Le Pen ?

Auteur d'une vidéo anti-Islam, rien à voir avec les caricatures de la presse danoise, il a juré d'expulser tous les étrangers qui refusent de s'intégrer.

Seuls ceux qui respectent les lois de la République à partir de leurs infâmes cités ghettoïsées seront invités à rester ? La question peut être renvoyée sur la toile aussi bien pour lui que pour le Britannique Nick Griffin, le leader de l'extrême droite, qui, sur la BBC, a cru défoncer des portes ouvertes alors que le racisme les a toujours traversées en courant d'air.

Ou aux responsables du parti national démocrate suédois dont le nationalisme renvoie désespérément à l'ère des Vikings.

Mais inutile de titiller le nationalisme à chacun d'eux par un courriel nominatif puisque l'extrême droite européenne est en train de s'organiser pour faire front uni contre les institutions européennes.

Baptisé «Alliance des mouvements nationaux européens», ce groupement fait le forcing pour devenir un parti européen officiel.

Qui pourrait l'en empêcher au moment de l'enregistrement à Bruxelles ou à Strasbourg ? Les Vingt-sept qui continuent de «s'agglutiner» au stylo or du président tchèque en attendant qu'il se décide à ratifier le texte simplifié de la Constitution européenne ?

L'Union européenne risque de ne pas pouvoir faire grand-chose si les formations nationalistes d'Autriche, de Grande-Bretagne, d'Espagne et du Portugal rejoignent l'alliance qui compte déjà pas moins de cinq partis. A ce rythme, ce n'est plus le Royaume-Uni qui ressemble à la France d'il y a 25 ans mais l'Europe toute entière. La faute à la crise ? Stupide d'y croire.

Par Anis Djaad

Le rose et le noir

Il n’y a que les sanglants attentats qui nous rappellent qu’il y a des Patriotes. Des Patriotes, d’un côté, et des terroristes, de l’autre.

Sinon, l’image officielle, universellement et complaisamment adoptée par les Algériens, c’est qu’il n’y a qu’un grand peuple fraternisant en train de récupérer les quelques “égarés” qui tardent à reprendre leur place parmi le troupeau.

Et de ces Patriotes qui, étrangement, portent des armes en plein mouvement de réconciliation, on vient d’en perdre sept sur un chemin vicinal de Kabylie. Comme tous les attentats commis dans cette atmosphère de réconciliation, il ne faut surtout pas que ce dernier serve à établir la réalité d’un terrorisme islamiste nocif.

Le ministre de l’Intérieur étant occupé à réprimer les émeutes de citoyens ordinaires, ce sont nos confrères qui se chargeront de répercuter l’analyse du jour : ce serait, paraît-il, la pénurie d’armement qui les pousse à attaquer des Patriotes… Pas pour les éliminer, mais pour simplement récupérer leurs fusils !

On lira sûrement d’autres méditations de ce calibre dont la seule finalité est de colmater les fondements illusoires de l’arrangement. Le tout est qu’il faille, quoiqu’il arrive, maintenir la production d’arguments légitimant l’impunité des terroristes.

Dans cette démarche, la mort des soldats ou de Patriotes pris en embuscade prend l’allure d’évènement intrus qui vient perturber le tableau surréaliste de la “paix retrouvée”. L’expression journalistique traduit bien ce rejet de l’évènement vers une dimension locale : “Attentat de Souk El-Thenine : la population sous le choc”, titre-t-on. C’est ainsi qu’on traite les indices révélateurs d’échec dans notre pays : chaque tragédie est réduite à un point noir dans le tableau globalement rose du pays.

C’est valable pour les questions sécuritaires, mais aussi pour les retards de chantiers, pour les licenciements, les grèves, les émeutes, les accidents de la route, les feux de forêt, les inondations, les médicaments qui manquent, les départs de harragas… Et la liste n’est pas exhaustive. Si on la complétait, il ne resterait du rose que dans le discours magique des officiels.

Mais la fuite en avant n’arrange pas que le pouvoir. Le consensus réside justement dans la conviction largement partagée que le péril terroriste, s’il touche des lieux éloignés, des lieux-dits qui plus est, et surtout des catégories identifiées, comme les Patriotes et les hommes en uniforme qui s’y aventurent, la masse se sent elle aussi protégée.
Souk El-Thenine ou Koudiat Acerdoune, c’est où déjà ?

Quand le pouvoir se réjouissait d’avoir sécurisé Alger et barricadait ses institutions et résidences, il inaugurait cette conception navale du terrorisme : toujours vérifier que votre position vous éloigne des écueils dont la mer regorge.

La masse se met aussi à épouser cette pensée : comme l’enfer, le terrorisme, c’est les autres, au-delà de la ville et de l’autoroute. La réconciliation n’a pas prévu ce cas de sept ou huit Patriotes livrés à l’embuscade dans un fourgon sur une route communale du Djurdjura.
Il ne rentre donc pas en considération dans le bilan politique. Ici, la vie continue. La réconciliation aussi.

Par : Mustapha Hammouche

Le retour du pétrole

Les prix du pétrole qui se sont installés au-dessus de la barre des 60 dollars le baril depuis le début du mois de juin de cette année ont connu une progression régulière jusqu’à atteindre le seuil des 80 dollars le baril, il y a quelques jours. Le brent dont le prix est le plus proche du Sahara Blend algérien a atteint une moyenne appréciable durant les 4 derniers mois avec 68,55 dollars le baril au mois de juin, 64,61 dollars au mois de juillet, 72,84 dollars au mois d’août et 67,39 au mois de septembre. Ces niveaux ont permis au prix moyen, durant les 9 premiers mois de l’année 2009, d’être tout près des 60 dollars le baril avec 57,35 dollars.

Vu le niveau du prix du brent durant le mois d’octobre, la moyenne devrait se situer autour des 60 dollars le baril pour les dix premiers mois de l’année. Ce qui est un niveau appréciable dans la mesure où si la tendance se maintient, le prix du pétrole algérien retrouvera pour cette année le niveau de l’année 2006 ou le prix du Sahara Blend était à 65,85 dollars le baril avec des recettes de l’ordre de 53,61 milliards de dollars et avec de meilleures perspectives pour 2010.

Toutefois, les exportations d’hydrocarbures pour cette année 2009 vont enregistrer une baisse par rapport aux exportations de 2006 à cause de l’application des décisions de réduction de la production décidées par l’Opep en 2008. Le manque à gagner pourrait être de 15% environ, ce qui donnerait des recettes nettement au-dessus des 40 milliards de dollars.
Ce retour des prix du pétrole, s’il permet d’entrevoir sereinement la poursuite du programme des investissements avec une enveloppe de 150 milliards de dollars, pourrait encore générer certains comportements qui sont devenus structurels comme le gaspillage à travers le train de vie de l’Etat ou la corruption qui gangrène les programmes lancés par l’Etat. Avec les gros scandales révélés dans le secteur bancaire au milieu des années 2000, l’opinion pensait que le pire était passé. Or, elle découvre que la corruption et les détournements se sont greffés dans certains contrats à travers les révisions régulières des coûts des opérations.

Ces actes qui sont orchestrés à un niveau élevé de responsabilité de l’Etat renseigne sur la gravité du phénomène de la corruption. On n’est plus au niveau du bureau d’un président d’APC qui ordonne une réfection des trottoirs, mais au sein d’institutions étatiques qui gèrent des contrats de plusieurs milliards de dollars avec à la clé des surcoûts préjudiciables au Trésor et l’organisation de la fuite des capitaux.

Par Liès Sahar

Les larmes de... Saâdane

Pour pallier leur impéritie et leurrer les supporters, les responsables égyptiens ne trouvent pas d’autre échappatoire que celle de vouer leur adversaire et voisin aux gémonies.

L’Égypte, ce grand pays qui se dit être le cœur du monde arabe, perd les pédales tant ses repères qui peinent à sortir du passé semblent vaciller devant un environnement en perpétuel changement. Il tangue dangereusement face à l’écueil Algérie pour un match de football.

L’équipe des Pharaons, qui a marqué le continent et l’a représenté dignement ces dernières années, fait cette erreur d’appréciation : ils pensent qu’ils sont éternels comme leurs ancêtres. Avec cette différence : ils pensent doublement faux. D’une part, une équipe se renouvelle et ne vit pas indéfiniment sur ses lauriers. D’autre part, son prochain adversaire a pour nom Algérie, un pays respectable, à plus d’un titre.

Pour pallier leur impéritie et leurrer les supporters, les responsables égyptiens ne trouvent pas d’autre échappatoire que celle de vouer leur adversaire et voisin aux gémonies.
Les médias égyptiens, appelés au secours d’une équipe en méforme, se livrent, toute honte bue, à un tohu-bohu médiatique qui frise l’hystérie, en prenant pour cible l’Algérie, ses responsables, ses joueurs, son peuple et ses symboles. Du jamais-vu ! Même après la débâcle de 1967.

Les médias, tous supports confondus, sont lancés dans la curée avant le coup de sifflet de l’arbitre pour un match de 90 minutes, lequel, même s’il revêt une importance capitale pour le moral des deux peuples et un répit pour leurs dirigeants, ne doit pas connaître des dépassements touchant à la dignité et à l’intégrité des Algériens. Malheureusement, c’est ce qui est en train de se passer sur la quinzaine de chaînes satellitaires de notre voisin, et en boucle.

En Algérie, la Télévision nationale et ses chaînes thématiques, relevant du secteur public, restent dans les normes de la respectabilité. La presse écrite qui n’arrive pas en Égypte si ce n’est via Internet n’a pas versé dans l’insulte et la calomnie. Il y eut d’ailleurs cette intervention du ministre de la Communication qui a appelé à dépassionner la prochaine joute algéro-égyptienne au Caire.

Guerre ouverte ou guerre psychologique, les Égyptiens se trompent de date et d’endroit. Il n’y aura de confrontation que sur le rectangle vert et l’on en reparlera sûrement après le match, lorsqu’on verra les larmes de… joie de Saâdane, de ses poulains et de leurs supporters.

Par : Outoudert Abrous

Tunisie : Trois candidats se présentent contre Ben Ali

Service public

Du temps de l’édification du socialisme spécifique, du centralisme «démocratique» et du parti unique, tous étaient unanimes: les institutions devaient être au service du citoyen et de l’idéologie dominante sous la conduite éclairée du grand timonier qui était à la barre du «Titanic». Ceux qui étaient contre cette vision monolithique étaient traités de suppôts du colonialisme et de l’impérialisme quand ce n’était pas des réactionnaires ou des fous bons pour la camisole.

Et de toutes les institutions visées, la télévision entretenait des polémiques sans fin dans les débats publics ou privés. Le petit écran devait-il être au service de la grande masse ignorante et analphabète ou simplement au service d’une élite intellectuelle? Devait-il servir à informer et à éduquer un peuple tout juste sorti de la nuit coloniale (il y a de ces formules qui vous laissent baba!

Quand on pense à la comparaison qu’on peut faire entre la nuit coloniale et les ténèbres de l’intégrisme!) ou simplement être au service de l’équipe dirigeante, être un outil de promotion des «réalisations» du régime avec un mince alibi du divertissement? Tout cela pour dire que la télévision est un jouet dangereux qu’on ne peut laisser aux mains des démocrates, ceux-là mêmes qui veulent montrer la vérité toute nue à un peuple qui n’est pas préparé à cela.

Les yeux habitués à l’obscurité aveugle ne peuvent supporter l’éblouissement aveuglant de la vérité. C’est la raison pour laquelle, les régimes du Tiers-Monde s’empressent de tenir le monopole d’une chaîne de télévision et quand, sous des pressions extérieures ou pour des questions de prestige, ils consentent à en créer d’autres, ce ne sont en général que de tristes clones de l’Unique.

Et pendant que les citoyens des pays développés ont l’embarras du choix des chaînes, le sujet du Sud égrène tristement son ennui devant un écran terne et sans joie. Mais est-ce à dire que la télévision est un service public neutre et objectif dans les pays dits démocratiques? Si l’on observe la qualité des débats politiques ou philosophiques, les polémiques soulevées à propos de tout et de rien, des frasques des gens du pouvoir ou des délits des gens du commun, on ne peut faire abstraction de tout l’arsenal de la rhétorique qui consiste à édulcorer les actions de certains par d’habiles euphémismes ou à obscurcir le trait des autres par une insistance douteuse.

C’est cette inégalité de traitement qui fait la différence entre les gens inféodés au pouvoir et ceux qui sont dans l’opposition. C’est la raison pour laquelle les responsables sont pointilleux quant au choix des directeurs, des journalistes et des animateurs d’émission. Parmi ces derniers, les préférés sont ceux qui caressent dans le sens du poil.

Celui qui est passé maître dans cet art et qui bat des records de longévité sur le petit écran, c’est évidemment Michel Drucker, personnage assez sympathique au premier abord. Il vient d’offrir une planche de salut dans sa dernière émission de Vivement dimanche à une personnalité du monde de la culture, qui, en d’autres temps, aurait passé pour un personnage au-dessus de tout soupçon s’il n’avait commis dans son livre La Mauvaise vie, des passages mal appréciés par une grande partie de l’opinion publique et c’est l’opposition qui a commencé à tirer à boulets rouges sur le personnage controversé, d’autant plus que le neveu de Mitterrand a été récupéré par l’habile Sarkozy qui lui a offert le portefeuille de la culture.

Ce n’est pas par hasard si Michel Drucker l’invite à Vivement dimanche pour lui permettre d’emboucher la trompette et de faire résonner la grosse caisse pour se défendre et vilipender en même temps ses détracteurs. Des invités de choix viendront lui passer la pommade tandis qu’un reportage rapidement bricolé, fera état d’une journée «chargée» du ministre de la Culture. Sans oublier que ce ministère est un commanditaire potentiel important, on peut douter à juste titre du service public de France2.

Selim M’SILI

Effet boule de neige

S’il y a un fait qui a maintenant éclaté au grand jour - à l’aune des retombées de la devenue fameuse loi de finances complémentaire 2009 (LFC) - c’est bien celui, combien instructif, qui montre jusqu’à quel point la manne du pays a plus fait vivre et «fructifier» nos partenaires étrangers que réellement contribué à l’émergence d’une autosuffisance nationale qui nous mettrait à l’abri de la dépendance de l’étranger, dans tous les secteurs de la production. On pressentait un peu que «l’import-import» algérien faisait vivre des franges importantes du commerce européen et turc, voire américain et chinois.

Mais de là à supposer qu’une loi algérienne de régulation des importations pouvait avoir une corrélation aussi directe et des retombées aussi «négatives» pour les exportateurs européens, qui l’eut imaginé? C’est pourtant le cas pour le grand port français de Marseille, touché de plein fouet par les mesures correctives (LFC 2009) prises par le gouvernement. Il faut dire aussi que Marseille vivait et se développait quasi uniquement grâce au commerce avec les ports algériens. Le port provençal souffre ainsi de la nouvelle situation créée par la LFC 2009 jusqu’à faire dire au secrétaire d’Etat français au Commerce, Hervé Novelli, qu’Alger «faisait fausse route».

Passons sur l’immixtion impromptue du ministre français dans une question de souveraineté nationale, mais relevons qu’est mis en lumière la large dépendance de certaines régions françaises de leurs exportations vers l’Algérie. Or, il se trouve que les producteurs et sous-traitants provençaux, tous secteurs confondus, ont mis à profit l’inertie de notre potentiel agroalimentaire, notamment en raison du recours de l’Algérie à l’importation tous azimuts, pour vivre presque exclusivement de leur commerce avec l’Algérie, devenant, au fil du temps, un obstacle patent au développement de la production nationale.

Importations qui, si elles font vivre, souvent grassement, nos fournisseurs, asphyxient les capacités de production de l’Algérie l’empêchant d’atteindre son autosuffisance alors qu’elle est dépendante aujourd’hui à 80% de l’importation toutes catégories confondues. Dès lors, il est normal que l’Algérie, à l’instar du reste du monde, notamment les pays industrialisés, protége d’abord son industrie et son agriculture en pleine restructuration, incapables de répondre aux besoins des consommateurs et de faire face à la concurrence étrangère. Ne pas tenir compte de cette donne c’était partir à l’aventure sans filet de secours. En réalité, longtemps cela a été le cas.

D’ailleurs, l’OMC exigeait de l’Algérie, pour son adhésion à l’organisation du commerce mondial, l’ouverture totale de son marché aux produits étrangers, comme le démantèlement tarifaire douanier, quand beaucoup de pays occidentaux luttaient bec et ongles, pour préserver les privilèges de leurs agriculteurs et industriels. L’affaire de la LFC met en fait, à mal ces mêmes agriculteurs, industriels et autres marchands de voitures dont le négoce fructueux était totalement tourné vers l’Algérie. Evidemment, au détriment du développement de notre propre production nationale.

L’interdépendance de l’Algérie avec ses partenaires étrangers suppose que les deux parties y trouvent leur compte. Est-ce le cas? Nous n’en jurerons pas, tant l’Algérie est devenue un dépotoir de tous les produits bas de gamme, fabriqués en Europe, en Chine et même aux Etats-Unis et autres contrées lointaines. D’ailleurs, le terme «Taiwan» est très significatif et est synonyme de tous ces produits frelatés ou de contrefaçon qui inondent le pays. Si la LFC réussit à mettre un terme à ces dérives, il faut sans doute s’en féliciter et c’est grand bien pour l’Algérie.

N. KRIM

Justice contre intox

L’affaire Khalifa ne cesse d’alimenter les discussions, et entre propos sur son extradition et le report de celle-ci, on oublie presque que ledit scandale a fait des victimes, connues sous le nom générique de «clients spoliés». Elles continuent à réclamer que justice soit faite. Le fait même que l’Etat poursuive ses démarches, par le biais légal évidemment, pour ramener le principal accusé en ses terres, devrait suffire à réconforter et ces victimes, et l’opinion publique de façon générale.

Si l’affaire s’est révélée comme un immense scandale, impliquant des personnalités importantes, ce qui a fait jaser ceux qui estiment que l’Etat était en cause, c’est ce même Etat qui a engagé de façon ferme, résolue et sans relâche des poursuites contre le «golden boy» déchu de son statut.

Ceux qui doutent en ont pour leurs frais. Malheureusement, cet épisode n’a pas provoqué l’arrêt des malversations, actes de corruption et autres pratiques financières frauduleuses, ainsi qu’en témoignent les récentes affaires à l’origine de l’interpellation d’importants cadres de ministères et de sociétés nationales.

Mais encore une fois, se pose un problème, s’articulant autour de l’introduction du doute à chaque fois qu’un cadre supérieur est pris la main dans le sac. S’il est normal et logique que les avocats, qui sont dans leur rôle, le défendent en usant de tous les arguments pour disculper leur client, il est navrant que des leaders politiques s’ingèrent dans la brèche et reviennent ressasser la formule éculée et usée jusqu’à la corde du «fusible».

Mais que l’inculpé ait agi en solitaire, par des «actes isolés» ou avec la complicité de tout un réseau d’autres responsables, c’est à la justice et à elle seule de trancher. C’est ce que ne semblent pas avoir compris ces leaders politiques. A moins qu’au contraire, ils aient très bien compris l’enjeu de l’intox, et qu’ils en usent et abusent à leur guise.

N. S.

A l’origine, la classe politique

Dans ce contexte de rareté des consensus, il y en a eu au moins un : c’est la classe politique qui est en majorité responsable du transfert des virus vers la société, ensuite de la substitution des armes aux urnes, de la dénaturation du champ politique, du risque avéré de la rupture de la cohésion nationale et fatalement de la double impossibilité de la relance de l’économie et de l’amortissement des frustrations sociales, économiques et politiques des populations.

Evoquer la responsabilité de la classe politique ne revient pas fatalement à individualiser les responsabilités car, à travers le temps, celles-ci sont devenues pratiquement collectives, bien qu’il y en ait qui préfèrent coller des noms à des événements qui ont produit des implications sur le devenir politique du pays.

Il s’agirait plutôt de tenter d’identifier d’autres pistes de réflexions qui ne sont pas empruntées pour le moment. Les causes de l’inaboutissement des politiques d’actions mises en œuvre par les pouvoirs successifs sont ripées vers des «entourages» dont il faudrait se débarrasser.

Ensuite, entreprendre des réformes et procéder à des coupes dans la classe politique tout en assurant la promotion de «nouvelles figures» qui seraient porteuses de nouvelles idées. Quels seraient les défis à relever et qui ne passeraient pas par la mise à niveau des personnels politiques quand à ce concept de mise à niveau n’est lié que l’aspect économique?

Les retombées de toute élection montrent que les fractures politiques ne sont pas encore soudées, chaque camp étant en permanence emmuré dans ses convictions, et rejetant sur l’autre camp la responsabilité de tous les maux.

La transparence sinon l’émeute !

Monsieur Noureddine Yazid Zerhouni, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales de la RADP, assure que les autorités ont «les moyens de reloger les véritables habitants de Diar Echems», mais que l’opération de relogement doit se dérouler «dans un climat serein et organisé». Aussi, conseille-t-il aux émeutiers de Diar Echems de «ne pas se laisser influencer» par les manipulateurs et de «faire preuve de patience».

Des propos qui iraient probablement comme un gant aux locataires des quartiers cossus des hauts d’Alger, mais qui écorchent les oreilles des «bidonvillois», ces g(h)âchis devenus la lie de l’Algérie qui se dessine. Dans le cas de ceux-là, tous les conseils sonnent mal. Tous les arguments fondent comme beurre au soleil face aux plaintes de gens – qui sont autant algériens que vous et moi – lorsqu’ils vous assurent que chez eux l’exigüité des lieux fait qu’on dort à tour de rôle et qu’on est contraint d’aller enfiler son pantalon dans… les toilettes. Puis, dans le cas de Diar Echems, les autorités ne semblent prévoir de solution que pour «les véritables habitants» de la cité.

Les autres seraient-ils de faux habitants ? De faux Algériens, peut-être ? Le bidonville de Diar Echems n’est-il pas cette extension naturelle de la cité que le génie populaire désigne ironiquement sous le vocable «le compartiment»? Chez nous en Algérie, la crise du logement s’hérite désormais de père en fils et s’étend jusqu’aux morts dans le cas de certains de nos cimetières.

Entre-temps, l’Etat est occupé à compter l’argent des Algériens qu’on détourne si facilement et à dénoncer les… repris de justice, ce produit pur sucre du système. Des «repris de justice» apparemment conscients qu’on détourne leurs logements plus vite qu’on ne détourne leur argent.

Revoir le rôle des associations de quartier ne fera que compliquer le problème si la distribution du logement ne s’effectue pas selon des critères reconnus équitables et dans une transparence absolue.

Et éviter d’associer les concernés à l’opération ne fera que confirmer les préférences pour la pêche en eau trouble. Beaucoup de candidats aux municipales ne se sont-ils pas, de leurs propres aveux, présentés aux élections juste pour décrocher… un logement.

Par Mohamed Zaâf

La transparence sinon l’émeute !

Monsieur Noureddine Yazid Zerhouni, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales de la RADP, assure que les autorités ont «les moyens de reloger les véritables habitants de Diar Echems», mais que l’opération de relogement doit se dérouler «dans un climat serein et organisé». Aussi, conseille-t-il aux émeutiers de Diar Echems de «ne pas se laisser influencer» par les manipulateurs et de «faire preuve de patience».

Des propos qui iraient probablement comme un gant aux locataires des quartiers cossus des hauts d’Alger, mais qui écorchent les oreilles des «bidonvillois», ces g(h)âchis devenus la lie de l’Algérie qui se dessine. Dans le cas de ceux-là, tous les conseils sonnent mal. Tous les arguments fondent comme beurre au soleil face aux plaintes de gens – qui sont autant algériens que vous et moi – lorsqu’ils vous assurent que chez eux l’exigüité des lieux fait qu’on dort à tour de rôle et qu’on est contraint d’aller enfiler son pantalon dans… les toilettes. Puis, dans le cas de Diar Echems, les autorités ne semblent prévoir de solution que pour «les véritables habitants» de la cité.

Les autres seraient-ils de faux habitants ? De faux Algériens, peut-être ? Le bidonville de Diar Echems n’est-il pas cette extension naturelle de la cité que le génie populaire désigne ironiquement sous le vocable «le compartiment»? Chez nous en Algérie, la crise du logement s’hérite désormais de père en fils et s’étend jusqu’aux morts dans le cas de certains de nos cimetières.

Entre-temps, l’Etat est occupé à compter l’argent des Algériens qu’on détourne si facilement et à dénoncer les… repris de justice, ce produit pur sucre du système. Des «repris de justice» apparemment conscients qu’on détourne leurs logements plus vite qu’on ne détourne leur argent.

Revoir le rôle des associations de quartier ne fera que compliquer le problème si la distribution du logement ne s’effectue pas selon des critères reconnus équitables et dans une transparence absolue.

Et éviter d’associer les concernés à l’opération ne fera que confirmer les préférences pour la pêche en eau trouble. Beaucoup de candidats aux municipales ne se sont-ils pas, de leurs propres aveux, présentés aux élections juste pour décrocher… un logement.

Par Mohamed Zaâf