mardi 6 octobre 2009

Momo ! Bienvenue au Club Med !

 
Par Hakim Laâlam  
Email : laalamh@yahoo.fr

A quoi reconnaît-on un magistrat français ?

A sa résidence secondaire au Maroc !

C’est Hattab et El-Para qui vont être contents ! Ils vont se sentir moins seuls nos deux émirs tangos fantômes. Un troisième larron va les rejoindre dans cette zone d’Algérie à la géographie si particulière, à la topographie si bizarre, au climat si unique, aux paysages si flous et si indéterminés, j’ai nommé l’A. T., l’Atlantide des Tangos. Dans cet endroit où vivent si bien Hattab et El-Para, va apparemment débarquer leur pote Mokhtar Belmokhtar. Moi, toujours aussi curieux et excité comme un puce, j’ai voulu savoir qui était ce Mokhtar Belmokhtar, tango sur le point de déposer les armes et de soulever le gros lot de l’amnistie. Bon ! Dans un premier temps, ce que j’ai découvert ne m’a pas étonné outre mesure. Je le soupçonnais déjà : les parents de Mokhtar Belmokhtar ont ou avaient certainement des qualités, mais sûrement pas celle de l’originalité. Parce que prénommer son fils Mokhtar lorsque celui-ci porte déjà le nom de Belmokhtar, on se dit «en voilà deux de parents qui ne se sont pas foulés la rate !» Mais bon, vu le calibre du monsieur, ce n’est pas cela le plus important. J’ai donc fouillé encore, et j’ai trouvé sans trop de peine le CV de M. B., alias Momo, alias Mokhtar Belmokhtar. Plutôt chargé. Lourd même. Très lourd. Le mec a été condamné à mort six fois. Il est derrière l’assassinat en 2006 de 13 douaniers dans la région d’El-Menaâ. Il est aussi directement impliqué dans l’assassinat en 1996 du commandant du secteur militaire de la wilaya de Ghardaïa. Infatigable besogneux du massacre et de l’assassinat, M. B., alias Momo, alias Mokhtar Belmokhtar, devrait donc venir poser ses frusques dans le Club Med’ des frères barbus dans les tout prochains jours. Et tout comme pour ces copains Hassan et Abderrezak, on devrait vivre le fameux scénario du tango arrêté, mais dont on ignore où il se trouve vraiment. Des juges pas au parfum le convoqueront lui aussi devant la cour, le condamneront, mais lui ne se présentera jamais, ne sera jamais présenté par quiconque, car résident VIP de l’Atlantide des Tangos. Je ne veux pas perturber la quiétude extraordinaire de ce monde à part, venir comme un cheveu même pas gras dans cette soupe si généreusement servie aux frères des montagnes, mais je pose tout de même la question qui brûle ma bouche pas encore complètement cousue : comment peut-on négocier avec Momo, Mokhtar Belmokhtar, une quelconque réédition et une amnistie alors qu’il a derrière lui l’âme encore errante et non apaisée de 13 douaniers et d’un commandant de secteur miliaire ? Et là, je ne parle que de son palmarès «officiel». Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L. 

L'école et l'hôpital

Déjà que les grèves dans l'éducation ou la santé, dans l'absolu, n'ont jamais été populaires, on se demande alors comment les parents d'élèves et plus largement l'opinion publique pouvait apprécier des débrayages aussi mal engagés et si peu expliqués.

C'est qu'entre le discours syndical - ou politique - qui en fournit les motivations socioéconomiques d'une contestation et l'effort de crédibilisation qui devrait la prolonger, il y a toujours un gouffre difficile à combler.

Première réflexion du citoyen ordinaire : l'école et la santé sont déjà assez mal loties comme elles sont pour pouvoir supporter encore l'agitation qui opérerait des coupes dans leur temps d'activité.

A cette sentence un peu facile, mais qui ne manque pas pour autant de bon sens, réagit le gréviste dont l'argument procède du même état d'esprit : la santé comme l'école ne peuvent pas s'améliorer si ceux qui y travaillent ne sont pas mis dans les meilleures conditions sociales et professionnelles.

En termes plus terre à terre, le citoyen est plus proche du mécontentement que du soutien enthousiaste face à la grève quant elle vient à se déclencher dans ces secteurs si sensibles et si proches de leur quotidien.

Pendant que des parents d'élèves ou de malades fulminent, le médecin ou le prof s'esquintent à convaincre que la grève est bénéfique pour tout le monde et regrettent que leur mouvement n'ait pas trouvé la solidarité qu'il mérite auprès d'une opinion qui, décidément ne connaît pas très bien ses intérêts.

Pourtant, les uns et les autres peuvent se retrouver autour de l'essentiel : l'école comme l'hôpital sont deux choses trop sérieuses pour être laissés à la merci de l'humeur de leur personnel ou otages de l'intransigeance de l'autorité publique.

Un de nos collègues, qui a fait hier le tour des écoles et des lycées d'Alger, nous rapporte le très peu de sérieux qui a présidé à la gestion d'une journée de contestation par ses initiateurs : des enfants livrés à la rue pendant qu'on débraye pour un statut particulier, des indemnités et l'âge de la retraite, il y a mieux pour mobiliser une opinion qui ne se mêle déjà pas souvent de ce qui la regarde.

Au même moment est tombé dans toutes les rédactions d'Algérie le communiqué pas très convaincant dans son annonce d'une «grève possible» dans le secteur de la santé.

C'était signé par un syndicat des personnels de la santé publique et le débrayage, «si tout se passe bien», aura lieu «à la fin de ce mois». Difficile de vendre une colère quand on y met si peu d'effort et de conviction. Surtout que ce n'est déjà pas évident en y déployant tout le sérieux que requiert l'entreprise.

Slimane Laouari

La vérité si je mens (3)

Ceux qui s'attaquent aux origines du Président Obama ne se cachent plus derrière leurs allusions ségrégationnistes. Elles ont tendance à devenir de plus en plus précises, l'Amérique ne sait plus faire taire ses vieux démons racistes. 

Ceux-là replongeront-ils dans leur léger sommeil si le projet de réforme de la santé venait à être déclaré mort-né ? S'ils veulent ne pas se rouler les pouces d'ici-là au jour de vote du Congrès, ils n'auront qu'à internationaliser leur haine.

L'exporter en République islamique d'Iran où une information vient de faire l'effet d'une bombe atomique. A coup sûr, ils oublieront le «bronzage» de Barack Obama. Président célèbre pour ses vœux à effacer l'Etat hébreu de la carte, à défaut de le déplacer quelque part sur le Vieux continent, Mahmoud Ahmadinejad pourrait avoir des origines juives !

C'est du moins ce que le Daily Telegraph vient de révéler dans ses colonnes. Et c'est loin d'être un canular, ce quotidien britannique n'est pas classé dans la catégorie people.

Vient-il de réussir le scoop du siècle ? Trop tôt pour le dire. Ce qui est par contre surprenant, c'est la date à laquelle sa direction a décidé de divulguer cette renversante information.

Car celle-ci aurait pu être divulguée au lendemain du meeting électoral (mars 2008) durant lequel le Président iranien avait brandi son passeport.

Il aurait fallu presque huit mois pour se rendre compte que le document cachait une véritable mine d'or. Un simple agrandissement aurait fini par dévoiler que la famille Ahmadinejad portait un autre nom, Sabourjian. Plus juif que celui-ci, ça ne devrait pas exister. Une brève mention sur le passeport du fils du Président suggérerait en outre que sa famille a changé de nom au moment de sa conversion à l'islam.

Soit juste après la naissance de Mahmoud Ahmadinejad. En effet, celui-ci n'a jamais dissimulé le fait que sa famille avait pris un autre nom lors de son déménagement à Téhéran dans les années 50, mais il n'a jamais pris la peine d'en expliquer la raison.

Toujours selon le Daily Telegraph, un blogueur, du nom de Mehdi Khazali, a été arrêté l'été dernier pour avoir osé répandre sur la toile l'idée d'une enquête sur les origines de l'ultraconservateur en chef. Si celles-ci s'avèrent être autres que chiites, cela risque de soulever non pas la vague verte mais toute la chaîne montagneuse de l'Alborz.

Déjà que les analystes se sont mis à décoder les propos anti-juifs jugés trop obsessionnels chez Mahmoud Ahmadinejad.

C'est par le biais de ses insistants assauts verbaux qu'il tenterait d'écarter toute suspicion au sujet de ses liens supposés avec les juifs.

Il n'aurait pas d'autre choix que d'enchaîner ses attaques, la moindre de ses vulnérabilités offrirait une large brèche où s'engouffreraient non seulement les tenants du réformisme mais aussi ceux de son propre camp. Info ou intox, beaucoup saisiront cette chance au vol pour démontrer que tout ce qui brille n'est pas or et tout ce qui crie n'est pas chiite.

Mais réfléchiront-ils à tête reposée au pourquoi de cette inquisition de la part d'un titre de la presse britannique, et pourquoi maintenant ? Nul n'est dupe en Occident, tout le monde sait que la prétendue dissimulation de ses origines juives lui sera fatale.

Contrairement à la levée du soi-disant secret sur l'existence de la centrale nucléaire de Qom dont Barack Obama était au courant depuis des lustres.

Finalement, cette tentative de porter le coup de grâce par les «trois mousquetaires» à Pittsburg n'a pas été fatidique pour le pouvoir de Téhéran.

Les inspecteurs de l'AIEA pourront visiter, comme bon leur semble, l'usine de Qom à partir du 25 octobre prochain, le voyage de leur patron en Iran étant qualifié de succès. Ne reste plus grand-chose pour tenter de déstabiliser le régime de Téhéran en place.

Si ce n'est prétendre que le Président Ahmadinejad pourrait être un très très lointain cousin du Président Sarkozy. Cela peut toujours servir en cours de négociations.

Par Anis Djaad

L’UMA suspendue au fait des «rois»

Lors d’une réunion à Tunis, le Conseil consultatif de l’UMA (Union du Maghreb arabe) appelait les dirigeants maghrébins à réunir «les conditions nécessaires à la tenue du conseil des chefs d’Etat dans les plus brefs délais» afin, indique-t-il, de «relancer l’action de l’UMA». Il est patent que cet appel du CC-UMA part du bon sens tant il est vrai que la construction du Grand Maghreb a connu un retard pénalisant qui, à terme, isolera cette région du continent africain, au moment où partout ailleurs la dynamique des regroupements régionaux ne se dément pas. Aux plans politique, économique, stratégique, aucun pays - alors que la mondialisation et la globalisation sont devenues une part tangible du développement humain - ne peut aujourd’hui subsister par ses seuls moyens.

A plus forte raison lorsque ces pays sont confrontés à des problématiques dont la solution requiert une volonté politique affirmée. C’est loin d’être le cas de l’UMA où ce qui manque le plus et encore et toujours, c’est la volonté politique. Cette panne de l’UMA est de fait consécutive à son acte fondateur lui-même qui stipule dans son article 6 du traité de Marrakech que «seul le Conseil de la présidence de l’UMA a le droit de prendre des décisions mais des décisions prises à l’unanimité». Explicitement, cela veut dire que toute décision qui engage le groupe doit être prise par les cinq dirigeants, des pays du Maghreb, décision assortie en outre de «l’unanimité».
Or, il n’y a plus eu de réunion au sommet de l’UMA depuis 1994 du fait du boycott par les souverains chérifiens (Hassan II d’abord, Mohammed VI ensuite) des rencontres des chefs d’Etat organisées tant à Alger, Tunis, Tripoli ou Nouakchott... Pour dire les choses crûment, le Maroc, en choisissant la politique de la chaise vide - faisant interférer un dossier (la question sahraouie) qui relève des instances de décolonisation de l’ONU dans la construction du Maghreb - a largement contribué au blocage des institutions de l’organisme maghrébin qui ne peut prendre aucune décision d’ordre politique, économique ou stratégique, engageant le Maghreb puisque l’article 6, évoqué, s’y oppose.

En verrouillant le texte fondateur de l’UMA et en laissant des dossiers pris en charge par les instances internationales, interagir dans la construction du Grand Maghreb, les dirigeants maghrébins ont perdu de vue l’impératif de l’intégration régionale, condition sine qua non pour ne pas rester en marge d’un processus de mondialisation qui écrase les pays faibles sur son passage. Sans répondant politique et économique, l’UMA n’est qu’une coquille vide. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, malgré ce constat mitigé, l’UMA fonctionne et existe par ses regroupements sectoriels (UMA des Banques, des Assurances, des Chemins de fer et plusieurs autres activités).

Mais cela reste insuffisant pour donner à l’UMA la dimension politique qui lui fait tant défaut. De fait, lorsque les décisions appartiennent à des institutions ou des organisations professionnelles, l’UMA fonctionne. C’est donc à la tête que cela ne va pas. Au moment où des regroupements régionaux en Afrique, en Europe, en Amérique latine sont arrivés à unir leurs politiques économique, diplomatique et monétaire, piliers de la nouvelle dynamique mondiale, au Maghreb on est encore suspendu au fait des «rois».

Aussi, l’engagement du Conseil consultatif de l’Union du Maghreb à «poursuivre ses efforts pour l’édification du Maghreb arabe sur des bases solides afin de relever les défis qui se posent et accélérer le rythme de la construction de l’UMA» risque fort de demeurer un voeu pieux, quand personne ne sait en réalité quand aura lieu le 8e sommet de l’UMA reporté sine die en 1994... depuis quinze ans.

N. KRIM

La vérité, si je mens!

Toutes les grandes affaires politico-maffieuses ont été portées avec plus ou moins de bonheur à l’écran. Si certaines ont été romancées, édulcorées ou additionnées de petites fictions fantaisistes, la plupart ont été rapportées avec la plus grande rigueur historique: la tentative d’assassinat de Charles de Gaulle par l’OAS, l’affaire du détournement de l’avion marocain transportant cinq membres du Gpra...

Ces tentatives d’adaptation à l’écran sont faites en général pour mettre en valeur la bonne organisation des réseaux d’information des pays de l’Ouest ou de chanter l’héroïsme des agents qui travaillent dans l’ombre pour perpétuer la mainmise occidentale sur les pays du Sud. Arte, la chaîne de télévision franco-allemande qui continue imperturbablement à conter la saga sioniste, a offert aux téléspectateurs des deux rives, la rocambolesque affaire de la capture de Klaus Barbie par les chasseurs de nazis en Amérique du Sud.

L’occasion nous a été donnée de constater que les officiers nazis, bien avant la promotion Aussaresses, donnaient des cours de maintien aux futurs tortionnaires des syndicalistes et hommes de progrès du monde latino-américain. L’implication des services de renseignements du Mossad et des autres agences de l’Otan est évidente dans les opérations consistant à conforter la tête de pont occidentale au Moyen-Orient.

Bref, c’est une histoire qui tient du roman! C’est un tout autre roman qu’auraient pu lire ou voir adapté à l’écran les citoyens du Maghreb uni si l’affaire avait abouti. On n’aurait pas pu imaginer meilleur scénario pour attirer le fondateur de l’Usfp dans un guet-apens: Marguerite Duras (Le Marin de Gibraltar, Moderato cantabile) avait été pressentie pour en écrire le scénario.

Georges Franju (Le Sang des bêtes, Les Yeux sans visage, Thomas l’imposteur) avait été contacté pour la réalisation du film. Un rendez-vous même a été pris avec Mehdi Ben Barka à la brasserie Lipp. Mais ce seront deux truands avec deux agents de la DST qui iront «cueillir» le syndicaliste et homme politique marocain qui vivait en exil.

Cette collaboration entre le milieu et les services a toujours été constante en Europe: en Italie, c’est la mafia qui a été sollicitée pour mater les paysans après 1945, et en France, le milieu marseillais a été mis à contribution pour briser les grèves de 1948. Mais dans la ténébreuse affaire de la liquidation de Ben Barka, beaucoup de soupçons ont pesé sur l’implication (dans l’écriture du scénario) du Mossad. Et les dernières informations font état du désir du général Oufkir de solliciter les services israéliens dans cette opération commanditée par le Palais royal.

Dans une interview donnée par Hassan II à une télévision française, le roi avait avoué qu’il avait, tout comme un chacun, «son jardin secret». Pour lui, il s’agissait sûrement du «verger du roi Louis». La disparition successive des principaux acteurs et témoins (Dlimi et Oufkir), l’avènement d’un roi soucieux de se donner une respectabilité n’ont pas permis à la vérité de voir le jour.

Les derniers rebondissements confirment que les intérêts liant la France au Maroc et l’importance du lobby sioniste ne permettront pas à la vérité de se manifester.

Cet intérêt de la France pour le pouvoir marocain vient d’être confirmé par l’allocation d’un fonds d’aide du ministère français de la Culture à Medi 1. CQFD.

Selim M’SILI

L’État et la recherche

A quoi peut servir une thèse de doctorat en droit sur le rôle de l’Etat dans la recherche scientifique en Algérie ? Principalement à combler le vide sidéral qui entoure l’étude des aspects normatifs et institutionnels dans le développement d’un secteur particulier. Pour des raisons liées à la prééminence de la puissance publique dans nos sociétés, aucune sphère d’activité ne peut échapper à son impulsion.

A ce jour, l’importance de la recherche scientifique ressortait fortement dans le PIB algérien en raison des fortes dépenses de prospection pétrolière et gazière. L’état des lieux reste entièrement à faire partout ailleurs. C’est ce que vient de faire avec brio Mohamed Ahmidatou dans une thèse de doctorat en droit public récemment soutenue à la faculté de droit d’Alger(*). A l’instar des autres activités socioéconomiques, la recherche scientifique nécessite une politique, une organisation et des procédures de financement. Le texte de base qui la régit actuellement est la loi n°98-11 du 22 août 1998 portant loi d’orientation et de programme à projection quinquennale sur la recherche scientifique et le développement technologique (LOPRSDT).

Cette loi a été modifiée en 2008. Pour les besoins de l’étude de la nature des instruments juridiques utilisés pour l’institutionnalisation de la recherche scientifique – comparativement aux instruments classiques utilisés dans les autres secteurs – l’auteur passe en revue son organisation générale, ses structures opérationnelles et ses organes d’administration et de gestion scientifiques. Par ailleurs, il passe au peigne fin les instruments de fonctionnement de la recherche scientifique en s’intéressant à leur financement, leur programmation et leur valorisation.

Lourdeurs, doubles emplois et court-circuitages résultent du nombre impressionnant des organes politiques et scientifiques et des structures administratives centraux de la recherche scientifique. «Les commissions parlementaires de l'Assemblée populaire nationale et du Conseil de la nation, le Conseil national de la recherche scientifique et technique (CNRST), qui est présidé par le Premier ministre et le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS) sont tous des organes politiques spécialisés dans la recherche scientifique, au regard de la nature de leurs missions». «De leur côté, l'administration centrale du MESRS et les quatre agences thématiques, à savoir l’ANDRU, l’ANDRS, l’ANVREDET et l’ANDS sont des structures administratives». «Enfin, les organes scientifiques sont constitués du Conseil national de l’évaluation (CNE), des Commissions intersectorielles de promotion, de programmation et d’évaluation de la recherche scientifique et technique (CIPPERST), des comités sectoriels permanents de la recherche scientifique et du développement technologiques (CSPRSDT), de la Conférence nationale des universités et des Conférences régionales des universités se sont des organes collégiaux délibérants composés de chercheurs et chargés, selon le cas, de l’évaluation, de la coordination, de la programmation et de la préparation de la décision dans le domaine de la recherche scientifique ».

La seule énumération de cet imbroglio finit par achever le plus téméraire des chercheurs. De là à mettre en harmonie et en action tout ce monde là dans un contexte de délabrement général, c’est une autre question. S'agissant des structures opérationnelles de la recherche scientifique, elles sont classées en deux grandes catégories : les structures dotées de la personnalité morale et celles qui n’ont pas cet attribut. Pour ne citer que les structures dotées de la personnalité morale, elles épousent à elles seules cinq types de statuts différents, en plus de quatre structures ayant pris chacune un statut particulier. Il s'agit :

- des deux formes classiques d'établissements publics, l’EPA et l’EPIC,
- de l’établissement public à caractère scientifique et technologique (EPST) ;
- de l’établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel (EPSCP), qui comprend l’Université, le Centre universitaire et l’Ecole hors université ;
- des Centres de recherche développement (CRD).

Enfin, pour ce qui est des structures ayant des statuts particuliers, l’Institut national d’études de stratégie globale (INESG), l’Académie algérienne de langue arabe (AALA), le Commissariat à l’énergie atomique (Comena) et l’Agence spatiale algérienne (ASAL), chacune d'elles possède un statut propre adapté à la nature de ses missions et notamment aux implications de celles-ci sur le plan international. Le dispositif juridique n’est pas facile à manier et semble impuissant à générer des effets structurants, une «contamination positive» à partir des îlots sur lesquels est concrètement assise aujourd’hui la petite portion dévolue, même virtuellement, à l’économie du savoir et de la connaissance.

Dans un tout autre domaine, M. Abdelkader Djeflat avait préalablement mené une réflexion autour de la question : «L’Algérie dans l’économie de la connaissance : état des lieux et perspectives ». L’objectif est d’opérer une mutation dans le régime de la croissance. Le régime actuel de la croissance est tiré par les hydrocarbures, avec une production industrielle en baisse (moins de 5% du PIB) ; les exportations hors hydrocarbures ne dépassent pas les deux milliards de dollars ; la vulnérabilité aux chocs extérieurs y est élevée et le potentiel connaissance n’y est que partiellement mobilisé.

Le défi est de lui substituer un nouveau régime de croissance tiré par le savoirfaire et l’innovation, capable d’asseoir durablement des rythmes élevés de 67 %, avec une optimisation de l’usage de l’outil de production (il tourne aujourd’hui à 45 % de ses capacités), une plus grande intégration de l’immatériel dans la production de richesses 43 % des PME n’ont aucun investissement immatériel aujourd’hui), une relance des exportations à haute valeur ajoutée technologique, l’accélération de la création d’emplois (7 nouveaux postes de travail doivent être créés à l’horizon 2020), une plus grande productivité globale des facteurs de production, etc. On attend également de l’EFC qu’elle participe à combler le déficit de croissance cumulé, en raison du lourd passif des années 1990.

Le tournant à négocier consiste ici à convertir les opportunités offertes par les revenus pétroliers en actifs d’innovation. Les quelque 20 000 chercheurs recensés constituent, à cet effet, un levier non négligeable, conjugué à l’apport même d’appoint des expatriés. Ils forment un capital savoir multiplicateur de création de valeur ajoutée. Les observations critiques persistantes portent plutôt sur des freins liés aux mentalités et aux prédations alimentées par les rentes. La première de toutes est que, pour faire bon usage des 100 milliards de dinars consentis à la recherche scientifique au titre du second plan quinquennal, il convient de dépasser la vision dominante réduisant l’innovation à la recherche/développement sur les produits physiques.

Cet aspect ne représente que l’une des trois dimensions de la question qui s’appuie également sur les volets scientifique et technologique, les innovations d’entreprises en matière entrepreunariale, de marketing, de gestion (cet aspect est plus connu sous le nom d’effet Walmart, une stratégie de management consistant à faire du profit à tous les étages). De même qu’elle recouvre le dynamisme et le génie créateur de jeunes de la classe d’âge des 25-35 ans, la «Created Class» en réhabilitant les filières scientifiques et technologiques (30 % des effectifs universitaires seulement), au détriment de celles, pléthoriques, des sciences humaines (70 %), tout en jugulant la fuite des cerveaux.

Par Ammar Belhimer

(*) Mohamed Ahmidatou, L’Etat et la recherche scientifique, thèse de doctorat en droit public sous la direction du professeur Mohamed Boussoumah, Alger 2009.

La rentrée sociale dans tous ses états

La rentrée sociale a commencé. Par une grève. Coïncidence : ce 5 octobre, qui, depuis vingt et un ans, n’a jamais été ce qu’il fut, ce ne sont plus les adolescents qui se révoltent mais leurs parents, enfin… leurs profs. La jeunesse n’a plus l’âge de la révolte, mais de la harga. Alors que leurs aînés de fonctionnaires préparaient les slogans de la protesta, eux poussaient silencieusement leurs esquifs dans les eaux calmes et tièdes de la Méditerranée en cette soirée d’anniversaire. Trois de ces barques furent interceptées à l’ouest du pays avec, à bord, une cinquantaine de fugitifs. Combien ont pu se faire la belle ?

Depuis 1988, la pédagogie de l’individualisme a transformé la société. L’Algérien peut aujourd’hui s’éloigner sans se retourner en laissant derrière lui une bombe à retardement. À peine la jeunesse peut-elle se partager un radeau de fortune, à dix, vingt ou trente, l’espace d’une traversée. Et si tout se passe bien, une fois sur la rive opposée, chacun pour soi ! Même pour faire grève, il faut mille syndicats pour une cause commune, chacun d’entre eux étant, à juste titre, suspect de défense d’intérêts spécieux.

Le pouvoir tente de suspendre la rentrée sociale en faisant du Smig l’objet d’un débat éternel. Les déclarations et les conférences se multiplient dans cette longue campagne de tapage annonciateur d’une simple réunion, mais qui commence à ressembler à une longue nuit du doute. “Avant la fin de l’année”, nous disait le ministre du Travail. Mais avant la fin de l’année, on aura connu la loi de finances pour 2010. En théorie, on ne peut construire un budget avant de connaître les niveaux de salaires des fonctionnaires ! Et donc le Smig.
Même si nous n’avons aucun indice sur les intentions sociales du pouvoir, pas un ordre de grandeur, pas une méthode de calcul de ce minimum salarial ! La tripartite c’est Kinder-surprise : le plaisir, enfantin, est dans l’œuf de chocolat ; qu’importe le contenu final !

La facilité avec laquelle les hauts salaires ont été augmentés contraste de manière écœurante avec l’accouchement apparemment si pénible d’un Smig amélioré. Pourquoi ne pas poser une règle qui organiserait les rapports entre hauts et bas salaires, comme cela se fait dans les États à gouvernance normale ? Décréter, par exemple, que le salaire le plus élevé ne doit pas valoir plus de trente fois le Smig ? (Ce n’est pas de l’humour ; même à ce tarif, ce serait un progrès social net pour le smicard !).

Le malaise social est chronique. Mais sa gestion relève de l’insouciance. En invitant les syndicats au dialogue, le jour même de la protestation, la tutelle montre que l’improvisation a été définitivement érigée en mode de gestion. Et dans la pure tradition du parti unique, le pouvoir choisira de “négocier” avec l’UGTA, syndicat “officiel”, le jour où il faudra adopter des décisions destinées à répondre aux revendications… des syndicats autonomes. En plus d’exprimer l’impréparation de la gestion sociale du pays, notre rentrée sociale sera l’occasion d’un détournement politique des luttes sociales. Du moins de ce qu’il en reste. Car en fait, la leçon est apprise : la débrouille. Mais comme on ne peut pas tous être trabendistes ou harragas, il y en a qui exigent encore de vivre du fruit de leur travail et de vivre décemment quand même.

Par : Mustapha Hammouche

Pourquoi l’Algérie n’a pas de télévision sportive

Au moment où le sport, et le football en particulier, est en train de prendre une proportion commerciale alarmante, avec des ventes de droits de télévision importants pour la Coupe du monde et la Coupe d’Europe, l’Algérie demeure le seul pays à ne pas avoir sa propre chaîne de télévision sportive et cela malgré la présence de spécialistes et de techniciens capables de relever le défi et d’assurer la couverture à plein temps dans une télévision de ce genre.

Alors que le Maroc et même la Libye possèdent leur propre télévision sportive, l’Algérie est toujours à la traîne. Mieux encore, on met au placard tout projet de télévision sportive. La première fois que quelqu’un a évoqué le projet de création de télévision ou de chaîne sportive, il a été rapidement rappelé à l’ordre. C’était Hafid Derradji qui a été limogé de son poste de directeur de l’information pour avoir évoqué dans un entretien, sa volonté de créer une chaîne sportive dédiée au football. Pourquoi le football fait-il si peur? Qu’est-ce qui empêche l’Algérie de créer une chaîne de télévision?

Cela au moment où le Maroc a fait une avancée considérable dans le domaine de l’audiovisuel sportif. Le Maroc a lancé en 2006 la chaîne Arriyadia dont 80% de ses programmes sont consacrés au sport marocain.
La Fédération marocaine lui a apporté son soutien en signant un contrat record de 18 millions d’euros sur trois ans avec la Snrt portant, notamment sur la diffusion de pas moins de quatre matchs du championnat. Arriyadia 2 diffuse ses matchs en exclusivité sur la TNT ou la terrestre. Pareil en Egypte. Nile Sports, Dream TV et Modern Masr ont déjà lancé leurs propres chaînes sportives.

Etaient également lancées Dream Sport, Modern Sport, Al Hayat, ART et Orbit. Mieux encore, Al Ahly, le club le plus populaire d’Egypte, possède sa propre chaîne et souhaite être son propre diffuseur. Même la Libye, un pays qui ne possède pas de tradition audiovisuelle, a deux chaînes sportives, Al Nadi et Libya Sport 2.
Seule la Tunisie n’a pas encore lancé sa chaîne de télévision mais ça ne saurait tarder puisqu’un projet a été déposé au niveau du gouvernement par l’ancien capitaine des Aigles de Carthage, Tarek Diab.

Par ailleurs, Hannibal TV diffuse la Coupe de Tunisie, tandis que Nessma a acquis les droits des matchs de l’OM et de plusieurs tournois internationaux de présaison. Seule l’Algérie est à la traîne avec zéro télévision sportive.

Et comme cela ne suffit pas, les journalistes sont poursuivis en conseil de discipline, pour avoir osé contredire leur rédacteur en chef. Même si on miroite le projet d’une chaîne 6, comme projet de télévision sportive, il n’en demeure pas moins que l’Algérie, qui a donné aux télévisions arabes ses meilleurs commentateurs et analystes sportifs, devra réfléchir sérieusement pour lancer ce projet afin qu’elle puisse reprendre sa place réelle dans le champ audiovisuel arabe et maghrébin.

Amira SOLTANE

Démocratiser le FMI

L’ordre financier mondial sous l’hégémonie des pays du Nord pourra-t-il sous l’influence de la doctrine libérale américaine freiner les pratiques bancaires spéculatives dont les dérives sont à l’origine de la grave dépression économique actuelle ?

Karim Djoudi, le grand argentier du pays, et Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d’Algérie, qui ont participé à Istanbul aux réunions annuelles d’automne du Fmi et de la Banque mondiale, ont réussi à faire passer le message des pays du Sud : une meilleure répartition des dividendes d’un retour à la croissance et une meilleure représentativité des pays en développement au sein du Fonds monétaire international. Ils relaient la voix des grands pays émergents comme le Brésil qui appelle à une démocratisation du fonctionnement des institutions financières issues des accords de Bretton Woods.

Le Sommet du G20 de Pittsburgh a répondu très partiellement à ces attentes : une modeste attribution de 5% des droits de vote aux pays émergents les plus dynamiques au sein du FMI. L’ordre financier mondial n’a été ainsi nullement bouleversé. On n’a distribué qu’une infime partie du gâteau. Ce système a été plutôt conforté : la prédominance des droits de vote des États-Unis au sein du Fonds n’a pas été touchée.

Dans cette nouvelle architecture financière mondiale qui se dessine, les pays pauvres ou en développement, qui forment la grande majorité des États de cette planète, continueront de subir les décisions des pays riches. Pourtant, l’hémisphère sud a le plus souffert des effets de la crise financière mondiale. En effet, la tempête financière a remis en cause les objectifs de développement humain à atteindre en 2015 dans la plupart des pays du continent africain.

En outre, le critère de représentativité selon son poids dans l’économie mondiale est discutable. Car il permet à un cercle restreint d’États de privilégier leurs propres intérêts et de placer au second rang les questions de la contribution des pays riches à la lutte contre la pauvreté dans le monde ou d’une sortie de crise élargie à l’ensemble des continents.

Par ailleurs, si le FMI a été conforté dans son rôle de régulation et de supervision du système financier international, la question de son efficacité dans la prévention des crises financières mondiales et des risques systémiques a été, nous semble-t-il, éludée. Le Fonds n’a pas réagi à temps aux premiers indices d’un krach de la finance mondiale.

Enfin, un tel ordre financier mondial sous l’hégémonie des pays du Nord pourra-t-il, sous l’influence de la doctrine libérale américaine, freiner les pratiques bancaires spéculatives, dont les dérives sont à l’origine de la grave dépression économique actuelle ?

Par :Khaled R.

Des agents de sécurité tabassent des étudiants à Boumerdès

Un Salon de l'automobile, pour qui ?

La 13ème édition du Salon international de l’automobile s’est ouverte mercredi dernier dans un contexte bien particulier : Le rêve par une bonne partie d’Algériens d’acquérir un véhicule est tombé à l’eau depuis la décision de suppression du crédit automobile. Les centaines de milliers de citoyens qui y voyaient le seul moyen d’accéder à ce moyen de transport si indispensable à leur quotidien ont déchanté de pouvoir un jour le faire. Du coup, la voiture est redevenue ce luxe inaccessible, insaisissable et si… lointain.

L’incroyable élan populaire qu’avait entraîné l’instauration du crédit automobile n’a d’égal que la longue attente de nombreux Algériens à pouvoir se permettre une des nécessités de la vie moderne. L’annulation de cette mesure qui avait fait le bonheur de tant de foyers algériens donne, désormais, une nouvelle connotation à cette manifestation économique qu’est le Salon de l’automobile en ce sens que la grande majorité de ceux auxquels elle était initialement destinée est absente : les citoyens.

Conséquemment, les banques qui s’étaient portées garantes du paiement de ce «rêve» sont absentes de cette édition dont l’affluence en a considérablement pâti en comparaison des précédentes. Ce qui était, du reste, prévisible étant donné, qu’exception faite pour les curieux, ils sont désormais beaucoup moins nombreux à pouvoir commander un véhicule et le payer cash.

Car, celui qui a les moyens de le faire n’est pas obligé d’attendre le salon pour le faire et ce n’est pas la modeste ristourne qui y sera proposée qui peut être déterminante pour lui. Et quels que soient les arguments développés par le gouvernement, le citoyen a du mal à admettre qu’il soit, encore une fois, sacrifié au nom d’une quelconque politique.

Pour le rassurer, le ministre de l’Industrie, El Hachemi Djaaboub, n’a rien trouvé de mieux que de remettre au goût du jour ce qui n’est jusqu’ici que l’illusion d’une «voiture algérienne», produite en Algérie. Car, au-delà de la légitime ambition de se lancer dans une industrie inédite et forcément rentable, il n’est pas évident d’accueillir cette énième promesse avec toute la bonne foi et la crédulité qu’elle est supposer susciter : l’infructueux épisode de l’usine de montage de voitures à Tiaret est de nature à désappointer les plus optimistes.
Lancé pendant la décennie précédente, le projet Fatia a été enterré aussi vite qu’il a vu le jour. Le crédit automobile n’ayant pas encore été lancé à l’époque, le citoyen s’est mis à rêver de cette voiture «made in Algeria» qui lui serait naturellement plus accessible que celle importée. Il finira par comprendre que cela n’est pas pour demain.

Aujourd’hui, il se retrouve dans la même situation, une décennie plus tard : on lui fait miroiter le mirage d’un projet 100% algérien dont les contours se dessinent mal pour le moment. En même temps, il voit de plus en plus s’éloigner son objet de convoitise tel qu’il l’aspire, celui importé en vagues du temps béni du crédit. Mais cela, c’est déjà… du passé.

Par Mekioussa Chekir

Tirer les leçons…

Ce n’est pas la première fois que le constat s’impose, mais la réédition des mêmes faits impose les mêmes conclusions. Il n’y a pas pire facteur de démobilisation, éclaboussant au passage une cause et la revendication qui va avec, qu’une action, une grève par exemple, qui n’est pas ou très peu suivie. Sauf, évidemment, aux yeux des syndicats initiateurs de cette grève.

De deux choses l’une : soit la journée de protestation a été mal préparée, soit les arguments avancés ne sont pas convaincants. Soit, troisième éventualité, les syndicats autonomes se sont essoufflés en cours de route, le retour des vacances n’ayant pas été aussi tonitruant qu’ils ne l’ont espéré.

Pourtant, sur ces mêmes colonnes, on avait salué le caractère «civilisé» de cette grève, dès son annonce, au moins parce qu’elle tranchait avec la sempiternelle promesse d’«illimité» qui accompagnait à chaque fois ce genre de préavis. Les syndicats sont assez grands pour tirer leurs propres conclusions sur cet échec.

Ils se doivent de regarder la réalité en face et réviser leurs formes de lutte, pour que plus jamais elles ne portent préjudice au mouvement syndical lui-même, ni aux élèves, éternellement pris en «otage», selon l’expression consacrée et de moins en moins usurpée.

A ceci près qu’il se trouvera toujours des relais pour amplifier des actions qui n’ont pas eu lieu et pour qualifier de «paralysie» une grève qui n’est suivie que par ses promoteurs. Et c’est ce genre d’intox et de mensonges qui encourage les grévistes potentiels à rééditer les mêmes erreurs, dont ils sont les seuls à essuyer les effets boomerang.

N.S.

«Combien je vous aime»

Il y a environ une semaine, le hilalien de la diplomatie marocaine évoquait à Genève le cas des camps de refugiés sahraouis chez nous. L’homme disait qu’il ne fallait pas qu’ils s’attardent plus que cela en Algérie et qu’une présence de 35 ans était déjà énorme. Dans des propositions plutôt renversantes, il invitait à leur dégoter un pays «tiers» sinon à leur appliquer une «intégration locale».

Quelqu’un a-t-il entendu dire qu’une république, serait-elle bananière, a jamais invité des populations qu’elle revendique à «aller se faire adapter ailleurs», selon le mot mémorable de Gaston Defferre, le défunt maire de la ville de Marseille ? Quel est le roi qui, au long de l’histoire, a réclamé à des gens qu’il prétend ses sujets de «s’intégrer» à une nation «antagonique». Vous aurez beau chercher dans les livres, interroger les goualas ou même les djinns, vous ne trouverez aucun exemple du genre.

Personne ne s’est montré disposé à envoyer son peuple à aller se faire voir ailleurs. Mis à part le… Maroc ! Les Franco-juifistes positiveront et diront probablement qu’il s’agit là d’un trop-plein de… démocratie. Pour notre part, nous dirons tout simplement que les populations de la Seguia El-Hamra wa Wadedhahab ne sont pas marocaines et qu’elles ne le seront aux yeux de la planète que si elles le confirmaient elles-mêmes dans une consultation libre.

Or, la confirmation n’interviendra que lorsque le sel fleurira, disent tous les petits doigts. En vérité, si le Maroc préconise avec une telle légèreté la diaspora aux Sahraouis, c’est pour la simple raison qu’il ne les perçoit pas comme d’authentiques ressortissants. Et puis, eux sont fortement contaminés par le virus républicain puisqu’ils se destinent à être des citoyens et non pas des sujets.

Pour peu qu’on leur ôte ce statut de refugié, témoin permanent de sa face hideuse, le makhzen est prêt de les voir dispersés comme il avait accepté hier de disperser le territoire et de le partager avec la Mauritanie. Y a-t-il dans le monde un Etat sensé, prêt à voir «son» territoire et «son» peuple charcutés avec sa bénédiction ? Même pas le Maroc, si l’on mettait sur le tapis ses frontières internationalement reconnues.

Par Mohamed Zaâf