dimanche 18 octobre 2009

On te prend pour qui ?

Ahmed A., ex-prof gabonais de français à Libreville et néoéboueur français à Acreville, ex-et néo-voisin de zinc au tripot «Le jeu des sept familles» commentait en ces termes le parachutage népotique imminent de Jean Sarkozy, fils homonyme du président de la République française, à la tête de l’Epad, l’un des organismes publics les plus importants d’Europe : «Ils nous prennent pour des… !» Ahmed A. n’a jamais terminé sa phrase, cette phrase-là. J’ai eu beau insister, rien. Nada ! Je l’ai travaillé au corps. Niet ! Il ne veut pas lâcher le morceau.

Je ne saurai ni ce qu’il y a derrière les points de suspension ni ce qu’il a derrière la tête. Ces trois points suspendus dans le vide sont-ils comme trois arrière-pensées qu’il ne veut pas ou ne sait pas exprimer ?… Du coup, je me retrouve encombré d’une flopée d’hypothèses. La plus simple est aussi la plus invraisemblable. Sachant qu’Ahmed A. a donné sa voix à Nicolas Sarkozy, séduit par le fameux slogan «travailler plus pour gagner plus», je me suis laissé dire comme ça qu’il est peut-être déçu du fossé abyssal que n’importe quel observateur peut constater entre les promesses du candidat et l’action du président.

Même si la distorsion entre les promesses et les actes est monnaie courante chez presque tout le monde, rarement, il est vrai, elle aura eu une telle ampleur. Mais peut-être que la supposition n’est pas la surimpression invisible de ces points de suspension. C’est même improbable car cela fait belle lurette qu’Ahmed A. est revenu de l’engouement partagé par plus de la moitié des électeurs français pour Nicolas Sarkozy.

En d’autres circonstances, il m’a fait savoir que son enthousiasme pour Sarkozy s’est brutalement cassé le nez le soir même de l’élection de ce dernier. Quand il a vu le dragueur de la France fauchée qui se lève tôt fêter sa victoire au Fouquet’s avec les nuitards de la France pleine aux as, il a tout pigé. Le coup du yacht bling-bling pour ses premières vacances d’intronisé a été la cerise sur le gâteau. Quant au reste, ce n’est que la longue déconstruction d’une illusion de changement. La chronique du sarkozysme a pris l’allure et le cours d’un long fleuve tranquille où rien ne puisse surprendre tant la surprise est démagnétisée. De Charybde en Scylla, il fallut bien qu’un jour on en arrive à quelque chose qui ressemble à la nomination du fils. Maintenant, la préoccupation d’Ahmed A., c’est de parier sur des organismes d’une importance égale à celle de l’Epad à la tête desquels les autres enfants de Nicolas Sarkozy seraient placés.

Si rien ne t’étonne, sacré Ahmed, ces points de suspension, pourquoi tu les laisses en blanc ? Euh ! Ils te prennent pour qui ou pour quoi, plus exactement ? Silence. Il ne veut rien dire. Il préfère parler d’autre chose. Aborder le même sujet, mais sous un autre angle. Par exemple, Ahmed A. refuse, en tant qu’ex-électeur de Sarkozy et néo-opposant de base, d’entrer dans le détail de la polémique. Il répugne à lire les longues et abondantes analyses des faits eux-mêmes, commentaires, réactions des uns et des autres que la presse française et internationale y consacre. Il s’étonne même qu’on accorde à ce fait autant d’importance. Le rejet a le même sens que ses points de suspension. Le message est tellement clair que ça ne mérite pas ces décodages pléthoriques.

C’est en tout cas ce que j’ai cru comprendre de son silence. Comme je voulais mordicus savoir, il me remet une tournée. Cependant, le mystère s’épaissit davantage à chacune de ses énigmatiques anecdotes : «Tu vois, me dit-il, l’autre soir, je regardais une émission à la télévision sur je ne sais plus quelle chaîne. Elle s’appelait, je crois, “L’objet du scandale” et était animée par Guillaume Durand.

Quand on fait une émission qui porte un nom pareil, on ne peut éluder cet objet du scandale qu’est la propulsion en pilotage automatique de Jean Sarkozy. Qui invite-t-il pour en parler ? Je te le donne en mille. Eh bien, Rachida Dati… Ils nous prennent vraiment pour des…» Là aussi, je ne saurai pas pour quoi Ahmed A. a l’impression d’être pris. Il a juste ajouté qu’un dicton de chez lui pourrait s’appliquer à ce cas de figure : «Qui louange la mariée ? C’est sa mère. Il y’avait même un témoin en la personne de sa tante.» Ahmed A. me laisse entendre qu’il s’est amusé, à ses heures perdues, à analyser le discours de Rachida Dati lorsqu’elle était ministre. Cet exercice lui rappelait le bon vieux temps où il était prof de français. Eh bien, elle ne pouvait dépasser quatre mots sans placer le nom de Sarkozy. Dans sa syntaxe personnelle, c’est comme une respiration, l’oxygène. La ponctuation ! Comme quoi, elle était l’analyste la plus neutre de la nomination de Jean Sarkozy.

Quoi qu’il en soit, je remets le truc sur la table car j’ai envie de savoir avant que «Le Jeu des sept famille» ne ferme. Décidemment, fort en rhétorique, il en remet une couche. «T’as vu, la seule qui en a, c’est Rama Yade. Elle monte bille en tête, et fait savoir son point de vue sur la question. Courageuse, la nana ! Et le lendemain, elle revient dessus. Elle dit que c’est le journaliste qui a mal rapporté des propos que des tas de gens ont entendu. Elle aussi, elle nous prend pour des…» Tout le monde prend mon pote pour un imbécile, un canard sauvage, un crétin de première, un attardé, un qu’apas- de-nom, un demeuré… Je peux allonger la liste des hypothèses de travail, laissée, elle aussi, en points de suspension… Mais comme il ne veut pas me laisser dormir bête, il se ravise de son silence et me souffle, au moment le plus inattendu, dans un murmure : «… Africains.» Ils nous prennent pour des Africains ! Voilà donc ce qu’il veut dire : Africains ! Je sursaute. Je ne vois pas le rapport.

Serait-ce parce que Nicolas Sarkozy a déclaré, dans un discours controversé, que les Africains ne sont pas encore entrés dans l’histoire et que, autant le dire, ils sont encore au stade préhistorique ? Oui, me dit Ahmed A. soudain loquace, chez nous, ce type de nomination népotique ne pose aucun problème. Ici, on les commente d’un sarcasme : Ali succède à Omar : c’est la succession des saisons en république bananière ! En Algérie, Saïd succédera peut-être à Abdelaziz, c’est la démocratie sous-dev. Hafez fils a pris la succession de Hafez père en Syrie. Saddam fils aurait pris la place de Saddam père si ce dernier n’avait pas été décapité par la démocratie américaine de Bush qui a trouvé plein d’armes de destruction massive dans ses neurones.

Moubarek fils est sur le starting- block, comme Kadhafi fils. Partout, dans ces royaumes-là, les fils sont nommés dans la copie locale de l’Epad en attendant mieux et plus. Et ainsi de suite. Mais alors Jean Sarkozy bombardé à 23 ans et avec à peine un bac à la conduite d’un empire comme ça, c’est quoi, ça ! Entrer dans l’histoire et patati et patata ? «Le jeu des sept familles» a déjà éteint ses feux et nous nous retrouvons, Ahmed A. et moi-même, sur la chaussée à essayer de découvrir le rapport entre la nomination du fils, l’entrée dans l’histoire du père et même les intentions du Saint-Esprit.

Par Arezki Metref

Les Vickings, les musulmans et les caricatures dans un doc

«Danemark: ce petit pays de cottage cheese et de courage.»
Bette Midler "Extrait de A view from abroad"

Au moment où les télévisions françaises sont en train de «déformer» l’image de l’Islam à travers des documentaires réalisés par des auteurs maghrébins, de nombreux documentaires sont produits et réalisés par des réalisateurs d’origine arabe et musulmane, qui tentent, un tant soit peu, d’améliorer l’image de l’Islam, entachée par l’intégrisme religieux et le terrorisme islamiste.

L’un des documentaires qui s’inscrit dans ce sens, Sauvez le pont (save the bridge), qui se présente comme la première production arabe à dimension internationale, traite des caricatures et des relations entre la Scandinavie et le monde islamique. Disponible en trois langues (arabe, français et anglais) et deux sous-titrages (allemand et suédois), ce documentaire de 30 minutes réalisé par le Marocain Mohamed Qrayim, sera diffusé sur les chaînes scandinaves avant la fin de 2009 en fonction des négociations en cours avec l’IMS (International media support), une ONG danoise spécialisée dans la promotion des médias et des cultures.

L’Allemagne a également manifesté son intérêt pour la diffusion du film dans la chaîne Dwtv à travers un programme culturel appelé Qantara qui signifie pont. Des contacts ont été entrepris avec la Turquie pour la diffusion de ce doc à travers la chaîne européenne Tgrt. Une démarche est également entreprise pour la distribution du film aux Etats-Unis à travers une importante organisation américaine appelée «Cultures on films», spécialisée dans les documentaires culturels. Dans les pays arabes, le film devra être diffusé sur de nombreuses chaînes dont Al Jazeera Documentaire et Al Aarabya.

Le documentaire traite la crise des caricatures au Danemark et aux relations historiques entre la Scandinavie et le monde islamique. Le doc tente d’analyser les relations actuelles entre ces deux entités, notamment après la crise des caricatures au Danemark. Ce documentaire revient sur les premières rencontres entre les musulmans et les Vikings à travers les récits de quelques explorateurs et les commerçants des deux côtés comme Ahmed Ibn Fadlan et Carsten Neibeur.

La première partie du film se caractérise par la participation de certains scientifiques scandinaves et certains musulmans comme un historien, un archéologue et un touriste, qui présentent à la fois les pays scandinaves et les civilisations islamiques comme les plus riches du monde. Grâce aux avis de ces personnes, le directeur essaie d’utiliser la théorie du dialogue des civilisations, considérée par beaucoup comme la principale solution de renoncer à toute forme de racisme et de terrorisme.

Dans la seconde partie, le documentaire s’attarde sur la crise née des caricatures et ses conséquences malheureuses et raconte l’expérience de certains Danois et musulmans ayant oeuvré à la promotion d’un dialogue constructif, notamment entre le Danemark et la minorité ethnique musulmane y vivant.

Enfin, il faut rappeler que les pays anglo-saxons et scandinaves, en particulier, ont été les premières nations à produire des docs et des films pour mieux faire connaître l’Islam. Le meilleur exemple est le documentaire britannique Les Suissesses d’Allah, qui montre les premières femmes occidentales en hidjab dans les années 80 en Suisse et Mohamet and Islam un doc anglais réalisé par la BBC sur l’Islam.

Amira SOLTANE

La Fitna !



Par Hakim Laâlam  
Email : laalamh@yahoo.fr

Classement FIFA. L’Algérie est classée 29e . Juste derrière l’Egypte. 

Ah ! la belle position !

Ils sont gentils à la direction de la police de minimiser les affrontements entre jeunes dans le quartier de Bab-el-Oued et de charger la presse, accusée d’exagérer de petites échauffourées entre gamins et de vouloir leur donner une dimension de guerre des gangs sur fond de couvre feu. Moi, je veux bien qu’à Bab-el-Oued, il ne s’est agi finalement que d’une petite partie de marelle qui a quelque peu enflé, mais pas vraiment grossi. Seulement voilà, dans le même temps, presque en synchro avec le communiqué de la DGSN, j’apprends que l’agression d’un homme à Boumerdès tourne à l’affrontement sanglant entre bandes rivales, qu’une partie de football se termine sur un bilan de plusieurs morts et d’une centaine de blessés, et plus loin dans le temps, qu’au printemps dernier, il aura fallu dépêcher sur Ghardaïa des ministres d’Alger pour empêcher des ratonnades à grande échelle, rédiger un traité de paix entre deux ethnies algériennes, comme l’on rédigerait un traité de bon voisinage entre deux pays en guerre. Tout cela pour dire que l’Algérie n’a jamais été aussi proche de la balkanisation que depuis qu’un homme y est venu parler de paix et nous l’agiter sous le nez à la moindre de ses apparitions guerrières. Plus brutalement dit : l’Algérie est livrée ! Livrée d’abord à elle-même. Ce qui n’est pas le moindre des dangers. Exemple le plus frappant et le plus récent, encore plus récent que les affrontements de Bab-el-Oued, celui du week-end dans les écoles. Le ministère va semble-t-il laisser aux directeurs des établissements le loisir de choisir leur plage de repos, et donc celle de nos enfants. Se rendent-ils vraiment compte de ce qu’ils font ? Ont-ils conscience du processus mortel et diabolique qu’ils enclenchent ainsi ? Faudra-t-il donc que nous allions vers des républiques autonomes, différenciables par leurs régimes de repos non analogues ? Faudra-t-il donc que l’on s’achemine vers des académies du jeudi-vendredi, et d’autres du vendredi-samedi ? Et l’école, tout comme la guerre des bandes rivales dans un quartier d’Alger, n’est que l’expression en surface d’un syndrome plus latent. Plus dramatique. La division. La fitna. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L. 

Il gèle sur le Bosphore

Il ne s'y attendait pas. Accusé de crimes de guerre, perpétrés lors de l'invasion de Ghaza, Ehud Barack s'est laissé épingler au sujet d'une tout autre affaire.

Alors que le procès pour corruption dans lequel est impliqué Ehud Olmert se poursuit à Tel-Aviv, il est reproché au transfuge du parti des travaillistes d'avoir dépensé sans compter lors de son dernier séjour à Paris. Quatre jours et quatre nuits à 180 000 euros !

La facture était trop salée pour tromper la vigilance du contrôleur de l'Etat. Parce qu'il a obtenu dernièrement une hausse de son budget, au détriment de l'Education et des affaires sociales qu'Ehud Barak peut se permettre une telle addition ? Le contribuable israélien n'est pas prêt à effacer cette ardoise, surtout, en ce temps de vaches maigres. Cependant, il ne devrait pas être inquiété.

D'ailleurs, il n'est pas le premier responsable politique israélien à avoir pioché dans les caisses de l'Etat. D'autant que ce n'est pas le moment d'acculer le ministre de la Défense, le Conseil des droits de l'homme de l'Onu a approuvé avec réserve le rapport Goldstone qui devrait être transféré au Conseil de sécurité.

L'heure est à la solidarité gouvernementale, aussi bien du côté de Tel-Aviv que du côté de Ghaza où le Hamas palestinien s'est déclaré autorité légale après son rejet de la plate-forme de réconciliation proposée par le Fatah de Mahmoud Abbas.

En attendant que les deux parties puissent parvenir un jour à une entente nationale, la Turquie d'Erdogan n'est pas disposée à reprendre langue avec son allié israélien tant qu'il n'a pas été mis fin à la tragédie humanitaire à Ghaza. Ehud Barak est prévenu, il n'assistera plus à des manœuvres militaires conjointes sauf si le «plomb durci» se met à fondre.

Mieux encore, les autorités d'Ankara lient le retour à de bonnes relations bilatérales avec l'Etat hébreu à la reprise des négociations de paix avec les Palestiniens et avec la Syrie. Sans cela, la Turquie ne procédera à aucun dégel. Même si sa ténacité va forcément déplaire à ses alliés occidentaux en général et à l'Union européenne en particulier ?

Le gouvernement d'Ankara aurait-il pu se permettre de claquer la porte au nez des Israéliens si la Turquie n'était pas cette «autoroute énergétique» dont l'Occident dépend ? Elle avait bien adressé une fin de non-recevoir à Washington quand W. Bush lui demandait de participer à la coalition étrangère en Irak.

Six ans plus tard, elle ne se prive pas d'avoir une même attitude, via sa décision de tourner provisoirement le dos à l'Etat hébreu.

Surtout que les autorités d'Ankara ont perdu un peu plus espoir quant à une prochaine adhésion de la Turquie à l'Union européenne dont le traité constitutionnel tient encore au stylo du Tchèque Vaclav Klaus. Alors que la Croatie pourrait achever ses négociations d'adhésion à l'UE d'ici à 2010, les Vingt-sept ont exigé d'Ankara plus d'efforts en matière de respect de la liberté d'expression, des libertés individuelles et collectives et une normalisation de ses relations avec Chypre…

Si la réconciliation par le football avec l'Arménie est déjà un bon score, il faudra une nette victoire face à certains dirigeants européens qui refusent la perspective d'une adhésion à part entière de la Turquie, préférant parler d'un partenariat privilégié.

Priée de poursuivre sur la voie des réformes, l'ancienne République yougoslave de Macédoine mettra-t-elle le pied en premier dans l'Union, avant la Turquie ? Chose sûre, ce n'est pas la dernière fois qu'il gèlera sur le Bosphore et l'Etat hébreu n'est pas le dernier à en payer les frais.

Par Anis Djaad

Silences et questionnements

Le Conseil des ministres de la semaine dernière n’a pas eu lieu. Et le président Bouteflika n’est pas allé inaugurer l’année universitaire à Sétif.

Comme tacitement convenu, ce genre de reports ne se commente plus. Un retard d’avion, d’accord, ça se signale avec les observations sur les effets négatifs de tels décalages ; mais un État qui sursoit à ses activités constitutionnelles, non, ça n’a pas de conséquences sur la marche du pays.

Le Premier ministre se fait discret, depuis le début de l’été. À peine une intervention remarquée par laquelle il se jurait de ne pas revenir sur les mesures contenues dans la loi de finances complémentaire. Puis presque plus rien.

Des ministres font ce qu’ils peuvent pour assurer la continuité de l’État. Mais avec quoi ? Benbouzid est déjà intervenu sur la couleur des tabliers. Mais que peut-il dire à des élèves surchargés et à des enseignants qu’il ne peut augmenter ? Et que peut-il faire avec cet étrange week-end à rebours qui commence le vendredi, s’interrompt le samedi matin pour reprendre le samedi après-midi ?

Que peut faire Louh s’il n’a rien à dire aux travailleurs que de s’en remettre encore une fois à la tripartite, cette innovation institutionnelle si lourde à se réunir, comme si elle avait été conçue pour justifier les ajournements des promesses d’augmentation du Smig ?
L’omniprésence de Ghoul, sur tous les fronts d’un chantier qui n’en paraît que plus laborieux, n’arrive pas à compenser cette impression de trêve gouvernementale.

Des questions primordiales, parfois, comme celles du Smig ou du coût de la vie, tragiques, d’autres fois, comme celles des harragas, des accidents de la routes ou du vaccin contre la grippe A, semblent indéfiniment en suspens. Souvent traitées sur le mode de l’annonce sans lendemain, le pays ne finit pas de s’installer dans la routine de la catastrophe.

Ainsi s’est-il habitué à un haut niveau de chômage, à une crise du logement structurelle, à une pénurie de transport public permanente, à une bureaucratie séculaire, à une insalubrité urbaine généralisée…

Tout se passe comme si la société avait pris la mesure du décalage entre la vie de l’État et la sienne. Contre le chômage, elle se réfugie dans la débrouille, l’économie informelle ; elle s’adapte à la pollution et l’incivisme conquérant. Elle a même commencé à faire sa police et sa justice, pas seulement dans des affaires de tribus. À Bab El-Oued comme à Tidjelabine, des expéditions punitives s’organisent pour châtier les agresseurs de “ressortissants” du quartier !

Cette discrétion de l’Exécutif, dans un contexte de marasme économique, social et sécuritaire, aggravé par le silence imposé aux relais d’opinion, ou ce qu’il en reste, donne une impression de dérive globale. “Ouin rana raïhine ?” (où allons-nous ?), se demande, entre deux matches de l’équipe nationale, le quidam.

Pour tenter de rattraper le silence officiel, tout le monde s’y met pour compenser. Le président de la FAF, le gouverneur de la Banque centrale…

Ce n’est justement pas les mots qui pourront combler l’écart qui semble se creuser entre le pouvoir et la société.

Par : Mustapha Hammouche

Le dur et le très mou

C’est une mode, plusieurs expositions et festivals ont lieu sous des tentes ou des chapiteaux. C’est le cas actuellement du festival de la bande dessinée, trop rigolo, organisé sous de jolies tentes blanches avec l’aimable concours de dessinateurs soviétiques, et ce sera bientôt le cas du Salon du livre qui sera organisé sous un chapiteau.

Pourquoi des tentes ? Les plus méchants disent que cela correspond à la nature du pays, il n’y a d’ailleurs qu’à attendre les grandes pluies et les prochaines inondations pour constater que l’Algérie habite dans une tente. Ils disent même que puisque le Salon du livre rassemblera des acrobates, des éléphants édentés, des trapézistes, des clowns et même des dompteurs de lions, il est logique de le placer sous un chapiteau, comme un cirque.

Les plus responsables invoquent par contre la tradition nomade et le retour au pastoralisme, et affirment à voix basse qu’une tente est beaucoup plus pratique en cas de dérapage, il suffit en effet de la plier avec les gens dedans pour que tout rentre dans l’ordre.

Tout cela dit, il faut quand même bien noter ce qui en Algérie est en « dur ». Les réunions des comités de soutien au Président se font dans des salles en « dur », tout comme les congrès du FLN ou du RND. La présidence est construite en « dur » et le ministère de la Défense en très dur.

Qu’est-ce qui est mou ? Tout le reste, les lois sont molles, les gens, les week-ends, les idées et les débats sont mous, tout comme l’érection de cette nouvelle génération qui peine à défendre ses intérêts.

D’ailleurs les manifestations de revendications se déroulent dans les rues car les salles en « dur » leur sont interdites et finissent généralement dans des commissariats, en dur. De l’acceptation à la prise en main de son destin, du fatalisme au choix conscient et de la mollesse à la dureté, y a-t-il un chemin ? Oui, mais il est très dur.

Par Chawki Amari

Qui arrêtera la roue de l’histoire ?

Comme le craignait Israël, le rapport de Richard Goldstone a été adopté par 25 voix sur 47, bien qu’aucun Etat européen n’ait voté en sa faveur et que le pays d’Obama ait voté contre. Cela a-t-il incité les pilleurs d’organes aux regrets ou à la repentance ? Pas du tout, et s’ils n’osent pas parler de «bienfaits», comme le font sans vergogne leurs poulains, leur Premier ministre promet de faire campagne le temps qu’il faudra pour «discréditer le discrédit», c’est-à-dire discréditer le rapport Goldstone.

Une cécité politique chronique et incha’Allah fatale. «Ki tetqaddar laqdar, tana’ma labsar (quand le destin se présente, la clairvoyance déserte)», dit un proverbe populaire de chez nous. Discréditer le discrédit ne peut rétablir le pucelage, car un précédent a bel et bien été établi et Israël l’inviolable a été bel et bien «défloré».

Quel que soit le chemin qu’on fera emprunter au rapport Goldstone, quel que soit le sort qui lui sera réservé au «machin», cet outil fabriqué sur les mesures d’un Occident en voie de céder à son tour le passage. La puissance «numéro un» de la planète n’éprouve aucune honte à dire qu’elle a voté contre le rapport parce qu’il n’était pas… équilibré.

Une argumentation de vrais … déséquilibrés car le déséquilibre est à chercher dans le bilan de l’agression de Gaza qui, doit-on le rappeler, fait état de la mort de 1 400 Palestiniens contre moins d’une vingtaine d‘israéliens. Les Américains ne votent pas dans un souci d’équité, ce ne sont que des équilibristes. Il faut se résigner à cette réalité.

A peine s’ils ne reprennent pas l’autre géniale connerie israélienne qui s’efforce à vendre une marchandise que tout le monde sait être ni saine ni loyale. Qui honnêtement peut avaler les bobards juifistes lorsqu’ils avancent que l’adoption du rapport «encourage les organisations terroristes à travers le monde» ?

Qui ignore aujourd’hui que les Israéliens sont les colonisateurs et les Palestiniens les colonisés ? Qui ignore qu’il existe une résistance qui lutte contre l’occupant sioniste et que tout peuple occupé a le droit de se défendre avec tous les moyens dont il dispose ? Qui ignore que toutes les résistances finissent tôt ou tard par vaincre ?

Par Mohamed Zaâf

La presse en question

La FNJA sort enfin de son mutisme pour rappeler à la corporation la situation socioprofessionnelle dans laquelle elle est recluse et surtout son atomisation chronique qui l’empêche de prendre conscience de sa situation afin d’agir. Depuis la disparition programmée du MJA, la presse a consommé et consumé trois syndicats qui ont jauni à force de se compromettre soit avec le pouvoir, soit avec des partis politiques.

Ce qui a d’ailleurs poussé certains confrères à se mettre sous l’aile de l’UGTA et à initier un processus qui a abouti aux assises de la Fédération nationale des journalistes algériens. Ce syndicat est décrié par les «oppositionnistes» parce que justement la FNJA est affiliée à l’UGTA. Néanmoins, la combativité d’un syndicat ne se mesure pas à sa filiation, mais à ses actes et son rapport au terrain des luttes déserté justement par ceux-là même qui jettent l’anathème sur la FNJA.

Hier, la FNJA a rendu publique une déclaration digne de toute l’attention dans la mesure où elle peut servir de plate-forme de revendications de nature à polariser et à structurer la corporation autour d’un consensus minimal. Une plate-forme en six points relatifs à la pénalisation du délit de presse, au soutien financier de la presse et aux conventions collectives, à la carte nationale de presse, aux conditions d’intégration à la profession de journaliste, à la titularisation immédiate de plus de 230 journalistes en situation précaire dans les médias publics et, enfin, au dégel du projet de logements pour les journalistes.

Ces six revendications sont, en effet, celles de toute la corporation qui est appelée à les étudier et, pourquoi pas, les enrichir et les affiner afin d’en faire une charte de combat commun pour les droits des journalistes qui ne connaissent pour l’heure que les devoirs de la profession.

La FNJA interpelle directement les pouvoirs publics et les éditeurs qui doivent assumer leurs rôles respectifs, les premiers en tant que régulateurs, législateurs et exécutifs et les seconds en tant qu’employeurs et ce, au-delà de la qualité de journaliste de la majorité d’entre eux. Il appartient donc à la corporation de se prendre en charge.

Le FNJA n’est qu’un catalyseur, n’est qu’un médium, n’est qu’un porte-parole si elle est reconnue comme telle par la majorité des journalistes et assimilés. Le vrai combat est celui que mèneraient tous les journalistes s’ils se décident à s’y engager sans retenue, sans calculs et sans préjugés.

Leurs conditions objectives et subjectives sont déplorables. Toute la corporation le sait mais hésite à se mouiller dans un combat plus que nécessaire pour préserver une profession travestie et dont les lettres de noblesse sont à reconquérir.

Car il ne s’agit pas seulement d’arracher des acquis sociaux, ce qui est aussi légitime que vital, mais aussi de réhabiliter la profession, d’informer par une remise en cause de soi et par l’assainissement des rangs de la corporation et, enfin, par la mise en place d’un Conseil d’éthique et de déontologie à même de veiller au professionnalisme des journalistes.

Par Abdelkrim Ghezali

Cessons de politiser le sport !

Quel que soit l’enjeu du match Egypte-Algérie, il ne s’agit que de football pour faire triompher le sport, dans tout ce qu’il a de plus noble, c’est-à-dire dans sa vocation d’ambassadeur de la paix et de l’amitié entre les peuples.

Cela est plus pertinent quand il s’agit de l’Egypte et de l’Algérie que lient des relations historiques faites de sacrifices mutuels et de brassages humains et culturels, et des relations présentes faites d’échanges économiques et de solidarité politique. Faut-il rappeler que les deux peuples sont africains, musulmans, arabes, et de surcroît soudés par une cause commune de liberté et de justice qui a tant coûté à la nation arabe ?

Tous ses liens, cette manifestation évidente de communauté de destin ne laissent aucune brèche possible à l’intrusion de la discorde, de l’invective et de l’inimitié, et surtout pas quand il s’agit de sport.

Certes, le rendez-vous est important et l’enjeu tout aussi important, mais il n’y a de valable, dans une telle situation pour départager les équipes des deux pays, que le mérite sportif qui, seul doit avoir le dernier mot, pour qu’en bout de parcours, l’Algérie et l’Egypte demeurent les pays frères qu’ils ont toujours été.

Politiser le sport est une voie de facilité que d’aucuns voudraient investir comme vecteur d’enjeux internes. Il est tout à fait légitime que face à l’Egypte, tout Algérien souhaite que l’équipe adverse perde la partie, et inversement du côté égyptien.

Mais personne n’est en droit de souhaiter qu’une défaite de football se transforme en défaite de tout un pays ou encore en défaite de l’éthique sportive, surtout que le monde entier nous observe.

18-10-2009
F. N

Tolérance, dites-vous ?

Depuis quelques jours, une intense campagne de promotion d’un concert occupe les médias lourds d’un pays occidental. Jusque-là, rien d’anormal, et même des chanteurs connus sont annoncés. Il faut tout de même préciser qu’il s’agit d’un « concert pour la tolérance » et que cela se passe au Maroc. Sauf à vouloir la précéder et poursuivre la mystification, les médias en question, et là on ne parlera pas des initiateurs car ceux-là ont beaucoup à dire quant à la tolérance dont il est question, auraient été plus avisés de tendre l’oreille du côté de l’ONU qui traitait le Maroc de puissance occupante du Sahara occidental, et qui rappelait avec vigueur le droit du peuple de ce territoire à l’autodétermination.

L’ONU reste tout de même la référence en restituant avec exactitude la mémoire des noms et des faits mondiaux. Ne pas pouvoir toujours défendre ses idéaux est une autre question. Mais visiblement, là n’est pas la préoccupation de ces médias même s’ils se font les complices d’une puissance qui prive tout un peuple de ses droits les plus élémentaires. Ou encore, interroger les éléments les plus en vue de ce pays, victimes de l’intolérance.

Pour rester dans le cadre de ce conflit à titre d’exemple, toutes les aberrations sont permises, comme le fait de ne pas qualifier le territoire en question, c’est-à-dire interdiction est faite d’aller utiliser les cartes de géographie les plus banales. Contre toute logique, interdiction est faite de parler du Sahara occidental comme l’indiquent tous les documents de l’ONU que l’on ne pourrait accuser de parti-pris. Il y a un lexique bien déterminé imposé à la corporation.

La seule liberté autorisée est celle qui consiste à défendre l’occupation et le déni de justice. C’est accepter de travestir la réalité telle que constatée par les organisations internationales. Tous ceux qui veulent briser ce carcan ont été privés de liberté. L’intolérance est aussi constatée par différentes ONG de défense des droits de l’homme, avec ces barrières interdisant tout simplement tout débat autour d’une série de sujets bien déterminés. Comme le souverain et sa famille.

Ceux qui croyaient pouvoir le faire se sont exposés aux pires sanctions, se rendant compte à quel point la liberté dont ils jouissaient était factice. Que dire alors de ces Sahraouis qui viennent de rencontrer d’autres Sahraouis vivant dans les camps de réfugiés en Algérie ? Eux voulaient savoir et connaître ceux qui ont été chassés en 1975 de leur territoire par l’envahisseur marocain.

L’intolérance les conduit tout droit devant un tribunal militaire, rien que cela. Et dire qu’avec tout cela, l’on va chanter la tolérance. Cela ne fait pas sérieux. C’est de la mystification. L’accepter, c’est s’en faire les complices. Cela devient du parti-pris, et les Sahraouis au moins, eux, en savent quelque chose.

Par T. Hocine

Les chantiers chroniques et le reste

On ne sait pas si les mesures visant à venir à bout des chantiers «chroniques» de nos villes sont soutenues par un projet urbanistique susceptible de redonner un visage humain à l'horreur qui nous tient lieu de cités ou il s'agit encore d'une saute d'humeur décidée par oukase.

Les Algériens sont tellement habitués à ce genre de sursaut sans lendemain que même ceux d'entre eux qui sont censés être touchés par la contrainte de ces mesures les accueillent avec des haussements d'épaules et des sourires entendus qui en disent long sur leur disponibilité à obtempérer.

C'est que par-delà l'habitude, le passif, en l'occurrence, et ce qu'il a permis comme accumulations, est difficile à combler et à intégrer dans un tissu urbain moderne et un dispositif légal appelé à mettre la ville à l'abri de la laideur et de la non-fonctionnalité. En termes plus terre à terre, on a trop et pendant trop longtemps laissé faire.

Quels que soient le degré de coercition de ces mesures et le niveau de performance du projet dont elles sont l'appoint, les dégâts pourraient bien être irrémédiables.

D'abord parce que la plus grosse part du réseau anti-urbain est l’«œuvre» de l'action publique sur des décennies et il sera quasiment impossible de s'en débarrasser, pour diverses raisons dont les implications sociales et ce qu'elles coûteront comme réparations viennent tout de suite à l'esprit.

Parce que la laideur est d'abord dans les cités dortoirs avant les villas inachevées, parce qu'elle est plus caractéristique des errements d'Etat que de l'insouciance individuelle, l'héritage devient si lourd que l'entreprise devient problématique. Rien n'empêche cependant d'arrêter le massacre, et ça et là, à la faveur de quelques nouvelles réalisations, des signes évidents d'amélioration sont visibles.

On a vu de plus en plus d'ensembles finis et de maquettes portant des projets intégrés. Cela augure-t-il pour autant d'un futur urbanistique élaboré et esthétiquement homogène ? Peut-être. Mais dans ce cas, les propriétaires de villas en éternel chantier ne doivent pas seulement être sommés de «terminer» leur construction.

On peut très bien accélérer les travaux ou les bâcler, donner un coup de cisailles à la ferraille sur les toits mais continuer à squatter les trottoirs, prévoir d'autorité des espaces commerciaux comme s'il suffisait de le décider, réduire dangereusement les chaussées et agresser la vue par des couleurs et des décors de maisons clauses.

Pour l'heure, il n'est manifestement question que de «faire la guerre aux éternels chantiers». Pas très enthousiasmant pour un renouveau urbanistique. Il serait heureux qu'on ne nous ait pas tout dit.

Slimane Laouari

Thèmes

Le directeur posa enfin la feuille sur le bureau et me fixa. Il esquissa un sourire et me dit: «Donc, vous comptez me fournir chaque jour, les états d’âme d’un couple moyen algérien qui se débat dans ses problèmes quotidiens?» C’est un peu cela... Encore que je ne prétends pas écrire un roman sur la vie quotidienne...

-Aurez-vous assez de souffle pour trouver chaque jour un thème pour alimenter une chronique?
-Oh! vous savez, la vie quotidienne est assez embarrassante pour que chacun ne puisse pas y trouver chaque jour les ingrédients nécessaires pour donner des ailes à une inspiration hésitante...

Là, je commençai à me sentir dans mon élément. J’avais le sentiment que le directeur n’assurait son rôle de directeur qu’en deux occasions: quand il recrutait quelqu’un et quand il le sanctionnait.

Quand il recrutait, il faisait montre de son professionnalisme, de sa générosité et quand il sanctionnait, il affichait sa rigueur et son omnipotence. Alors je lui déballai, comme une leçon bien apprise, tous les articles de ma panoplie: «Vous connaissez la vie quotidienne de nos concitoyens: il y a là de quoi écrire chaque jour un roman d’une navrante banalité tant les problèmes sont communs à tous les Algériens moyens.

Il y a d’abord les relations entre les deux protagonistes du drame: le couple vieillit mal et toutes les rancoeurs jadis amorties par les espérances rejaillissent. L’un d’eux devient aigri tandis que l’autre reste indulgent car il a encore dans l’esprit et dans le corps le souvenir des douces années. Et puis autour, ma foi, il y a une infinité de problèmes à traiter chaque jour. D’abord, les problèmes de la cité où vit le vieux couple: la cité est monstrueuse, hétéroclite, sale, poussiéreuse ou boueuse, selon les saisons.

Les espaces verts sont mal entretenus, les rues sont défoncées, les ordures ne sont pas enlevées tous les jours, les moustiques et les cafards pullulent. Et puis il y a le bruit. Les voisins ne sont pas commodes: il y en a qui se lèvent à quatre heures du matin et ne se font pas du tout discrets tandis que d’autres commencent à vivre à onze heures du soir.

On peut écrire des pages entières sur le manque de civisme de nos concitoyens: ceux qui jettent ordures et eaux usées par les balcons, ceux qui jettent leurs enfants dans les cages d’escalier, ceux qui sont durs d’oreille et qui partagent avec nous leurs programmes télé ou radio. Et on peut, sans exagérer, rapporter les éternels conflits entre ménagères, qui naissent chaque jour à propos de tout et de rien: disputes d’enfants, commérages. Il suffit de se rappeler les comédies italiennes: nous vivons en plein dedans.

Et dans chaque conflit, c’est l’occasion de brosser un portrait de compère et de commère. Il y a là toute une galerie à croquer, chacun avec ses caractéristiques, ses traits particuliers. Et puis, à côté, il y a le marché, l’école, la mosquée dont les haut-parleurs sont exagérément poussés. Il y a les jours de Ramadhan, les jours de football. Et puis il y a la famille...»

Selim M’SILI

Crimes économiques

Des milliers de milliards de dinars prennent des «destinations» inconnues et sortent avec une facilité déconcertante des caisses des banques, des agences postales et autres institutions financières ou étatiques du pays. Les scandales énormes que dénoncent, quasiment quotidiennement, les médias nationaux, les chiffres - toujours faramineux qui les illustrent et qui donnent le tournis - induisent nombre de questionnements.

La corruption, la dilapidation des deniers publics en Algérie ont atteint un tel degré de nocivité qu’il est devenu impossible d’ignorer, ou de continuer à ignorer ces faits qui portent atteinte à l’économie nationale, à son équilibre et à la stabilité du pays. Et ce ne sont plus les habituels délinquants qui sont pris dans le filet de la police mais, de plus en plus, de gros requins bien en place, de hauts cadres de l’Etat, théoriquement au-dessus de tout soupçon, qui font désormais les unes de la presse.

Lorsque, coup sur coup, les secrétaires généraux de deux ministères (des Travaux publics et celui de la Pêche et des Ressources halieutiques) se trouvent compromis dans des faits de prévarication et pris la main dans le sac, cela devient grave. Très grave! C’est l’Etat lui-même qui est ainsi atteint à la tête.

Ce sont des milliers de milliards de dinars qui sont ainsi soustraits au pays par des personnes indélicates dans lesquelles l’Etat a placé toute sa confiance. Le hic, c’est que ces détournements et autres dilapidations de biens publics au détriment de l’Etat ne datent ni d’hier ni d’aujourd’hui et sont presque monnaie courante, tant ces faits sont devenus récurrents et régulièrement dénoncés par la presse nationale et par des patriotes scandalisés par ce qui se passe dans les hautes sphères de l’Etat.

Il n’y a pas lieu de se cacher la vérité, lorsque la corruption déteint même sur de «très hauts» fonctionnaires de l’Etat - comme cela a été le cas pour les deux secrétaires généraux évoqués - c’est qu’il y a danger et le feu en la demeure. Mais, le plus étonnant est la passivité des «représentants» du peuple, des partis politiques et de la société civile, si l’on excepte quelques voix ténues et isolées, vite étouffées par l’immobilisme ambiant.

Comment se fait-il qu’aucun député n’ait eu, ne serait-ce que la curiosité, d’interroger le ministre de la Justice, celui de l’Intérieur ou le Premier ministre pour savoir quelle suite le gouvernement compte donner aux affaires de détournement au plus haut niveau de l’Etat, qui défraient la chronique et quelles mesures va-t-il prendre pour ce faire? Quel parti politique (majorité ou opposition) a pris sur lui de dire que trop, c’est trop et provoquer le débat sur un phénomène qui tend à se développer et à prendre des proportions alarmantes?
Même la société civile, ou ce qui en tient lieu, est restée singulièrement silencieuse, face à cette hémorragie qui met à mal les deniers de l’Etat. En attendant, les richesses ostentatoires ou acquises sans raison font florès dans un pays qui a tant à construire, tant d’emplois à créer, tant de retards structurels à rattraper, mais paralysés par manque de moyens.

Comment peut-on justifier le retard de l’annonce du découpage administratif par l’absence de moyens financiers, quand des milliers de milliards de dinars s’évaporent dans la nature pour atterrir dans les poches de particuliers, pénalisant davantage les projets de développement du pays?

Ces milliards qui disparaissent sortent bien des banques nationales et autres institutions de l’Etat, privant le pays des moyens de son décollage économique et social. Ces dilapidations et détournements des deniers publics sont des crimes économiques qui ne sauraient rester plus longtemps impunis!.

N. KRIM

LES AFFAIRES DE CORRUPTION, DILAPIDATION ET DÉTOURNEMENT DE FONDS SE MULTIPLIENT

La sonnette d’alarme est tirée, mais les représentants du peuple et les partis politiques ne semblent pas concernés par ces scandales financiers qui menacent l’économie du pays.

Les scandales financiers se suivent et se...ressemblent en Algérie. Les dilapidations, les détournements de fonds et la corruption sont devenus, apparemment, un sport national. Ces pratiques n’ont même pas épargné les grandes institutions de l’Etat. Ministères, collectivités et autres institutions financières sont secoués par des scandales divers. Au sein des institutions financières, les détournements sont quasiment entrés dans la banalité. Les exemples ne manquent pas. Les scandales de la dilapidation des deniers publics se propagent telle une traînée de poudre dans une institution aussi respectée que l’est Algérie Poste (AP). Le phénomène touche plusieurs bureaux au niveau national.

La grosse affaire qui a secoué AP reste celle du détournement de 130 millions de DA. 33 accusés ont été présentés au tribunal correctionnel de Sidi M’Hamed à Alger récemment. Ils sont accusés de spéculer dans l’attribution de marchés publics et dilapidation de biens publics avec corruption et acquittement illégal de taxes publiques, de faux et usage de faux dans des documents commerciaux et financiers ainsi que détournement de fonds publics, selon la loi 01/06 relative à la lutte contre la corruption. A ce scandale s’ajoutent les larcins signalés dans plusieurs wilayas à l’image de Djelfa, Tizi Ouzou, Bouira et dans plusieurs agences postales d’Alger. Les banques publiques n’ont pas échappé à cette nouvelle forme d’enrichissement illicite qu’est le détournement. Ces dernières années, la presse nationale a mis en exergue une cascade de scandales et de dilapidations dont les auteurs sont de hauts cadres des banques.

D’ailleurs, la justice a traité plusieurs affaires relatives à ces détournements. En effet, des cadres de la Banque nationale d’Algérie, (BNA), de la Banque algérienne de développement rural (Badr), de la Banque extérieure d’Algérie (BEA) ont été condamnés à des peines de prison maximales. Les établissements financiers ne sont pas les seuls à être touchés par ce phénomène.

De hauts fonctionnaires impliqués

La gangrène a même fait tache d’huile parmi les grandes institutions de l’Etat. Le tribunal de Béchar a prononcé des peines de prison allant de deux à huit ans de prison dans l’affaire de dilapidation de deniers publics concernant le secteur des ressources en eau de cette wilaya. Plusieurs responsables et cadres du secteur évoqué, des membres de la commission des marchés publics de la wilaya, ainsi que des entrepreneurs sont impliqués dans cette affaire de dilapidation de deniers publics et concussion. L’affaire la plus récente et la plus révélatrice de cette déliquescence des cadres de l’Etat est celle qui a touché le secteur des Travaux publics dont le secrétaire général a été accusé dans des affaires douteuses, concernant la passassion de marchés dans le grand projet de l’autoroute Est-Ouest.

Le dossier se trouve aujourd’hui entre les mains de la justice. On se rappelle, également, du grand scandale qui a secoué le ministère de l’Agriculture. Des milliards de dinars destinés au financement de projets entrant dans le cadre du développement rural ont été détournés au profit de nombreux entrepreneurs privés. Une cinquantaine de personnes était ainsi mise en examen. Elles étaient accusées de «faux et usage de faux en écriture publique, détournement de deniers publics, passation de contrats en violation avec la réglementation en vigueur et perception d’avantages illicites». On ne peut énumérer ici toutes les grandes affaires de corruption ou de dilapidation qui ont secoué le landernau, ces dernières années. Elles ont été nombreuses et indicatives de l’état d’esprit qui prévaut parmi les gestionnaires du pays.

Ces exemples illustrent parfaitement le fait que la corruption, les détournements et dilapidations outre de se propager au fil des années, prennent, malheureusement, de l’ampleur avec des conséquences alarmantes, mais semblent également être entrés dans les moeurs, au point d’en être banalisés. L’heure est grave. La sonnette d’alarme a été tirée. Qui arrêtera la saignée? Où va l’Algérie avec de tels phénomènes qui empoisonnent son économie? Ce qui est plus inquiétant est le mutisme qu’affichent les différents acteurs politico-économiques devant le danger qui menace l’assise de l’économie nationale.

A commencer par les fameux députés. Les «représentants du peuple» ne semblent pas un tant soit peu alarmés par la chose publique, ni concernés par cette question et les conséquences lourdes qu’elle pourrait avoir sur l’économie de l’Algérie. Ils ne dénoncent pas. Ils ne demandent pas des comptes, ils n’interpellent pas le gouvernement, comme c’est de leur droit et surtout de leur devoir de le faire, face à la récurrence des scandales des détournements qui mettent en porte-à-faux la sécurité même du pays.

L’omerta à l’algérienne


Leur seul et unique souci est de lever la main pour une bagatelle de 30 millions de centimes/mois. De leur côté, les partis politiques excellent dans le non-événement, ratant à chaque fois l’occasion de justifier leur existence en s’impliquant en amont et en aval pour faire barrage à tout ce qui pourrait nuire au pays. Les détournements et la dilapidation des deniers publics comptent parmi ces dangers auxquels le pays fait face. Or, ces partis politiques ne donnent signe de vie que lors des rendez-vous électoraux, afin de se rappeler au souvenir des citoyens alors même que la corruption et les détournements de fonds publics ont atteint l’alerte rouge.

D’autant plus que la majorité des cadres et des responsables des secteurs touchés par ces pratiques sont issus des partis politiques. Il suffit juste de signaler que nombre de présidents d’APC, élus sous la couverture des partis politiques, ont été arrêtés et condamnés par la justice pour corruption. La société civile, le mouvement associatif, quant à eux, s’éternisent dans leur sommeil. Inconsciente ou insouciante, la société civile se suffit seulement de dénoncer dans les cafés ce que la presse rapporte sur les sujets en question. La presse est la seule qui dénonce et qui révèle les scandales fi-nanciers.

Il est plus qu’urgent que tous ces acteurs s’impliquent pour que soit mis le holà à ces dérapages et dépassements. Le phénomène du détournement, de la dilapidation, du pot-de-vin, s’il n’est pas propre à l’Algérie, connaît néanmoins une ampleur qui fait douter du sérieux des services de l’Etat, alors qu’il est demandé aux services de sécurité, à la justice, notamment, de déployer leurs efforts et volonté pour éradiquer ce phénomène qui ternit la réputation du pays. Ce sont des milliers de milliards de dinars qui sont ainsi détournés chaque année et souvent ce sont les lampistes qui payent la note alors que les vrais corrupteurs se la coulent douce.

Tahar FATTANI

Équations

L’absence d’un véritable marché de location pénalise non seulement le citoyen, qui peut très bien louer son appartement comme c’est le cas ailleurs, mais aussi l’État qui subit la pression des demandeurs de logement qui sont de plus en plus nombreux.

quand le bâtiment va, tout va. Le gouvernement a bien compris cette équation, surtout que ce secteur, qui a survécu à la crise des années 1990 avec des milliers de pertes d’emploi, a réussi à se redéployer grâce à l’ambitieux programme de logement lancé depuis 1999.

Au-delà de la formule AADL qui a permis à des milliers d’Algériens d’accéder à leur droit au logement malgré les retards considérables dus à plusieurs facteurs, d’autres opérations mises en œuvre par les pouvoirs publics ont vu des chantiers du BTP pousser un peu partout à travers le pays. Mais cette stratégie assumée entièrement par l’État est-elle suffisante pour résorber la crise du logement et permettre en même temps au secteur du bâtiment de retrouver des normes internationales ?

Il serait difficile de répondre brièvement à cette somme d’interrogations vu la complexité du problème. Mais l’absence d’une politique d’aménagement du territoire a considérablement contribué au déséquilibre que connaît aujourd’hui le développement du tissu urbain au point où l’on constate que les programmes de logement ne sont pas équitablement répartis.

Bien entendu, l’offre et la demande jouent un rôle prépondérant dans l’étude des projets et leur répartition tient beaucoup plus de la concentration du marché de l’emploi que d’autres choses, ceci, d’une part ; d’autre part, il faudrait bien admettre que l’absence d’un véritable marché de location pénalise non seulement le citoyen, qui peut très bien louer son appartement comme c’est le cas ailleurs, mais aussi l’État qui subit la pression des demandeurs de logement qui sont de plus en plus nombreux.

Pourquoi ? Les loyers sont d’abord chers pour ne pas dire inaccessibles pour le niveau très bas des salaires en Algérie. Ensuite, il faut dire que l’administration ne protège pas suffisamment le propriétaire.

Une situation qui demeure jusqu’à présent figée. D’où le chiffre effarant qui est encore sorti du dernier recensement de la population en 2008 avec 1,5 million de logements fermés dans le pays. Et si l’on faisait en sorte de mettre une partie de ce parc dans le marché de la location, la crise du logement trouverait sans aucun doute un début de solution en attendant que le bâtiment puisse connaître sa vitesse de croisière.

Par : Salim Tamani

À ne pas manquer : Le jour d’après

Roland Emmerich met tout son savoir-faire en 2004 au service d'une fiction-catastrophe au message écologique évident. Le résultat surprend agréablement. Le climatologue Jack Hall avait prédit l'arrivée d'un autre âge de glace, mais n'avait jamais pensé que cela se produirait de son vivant.

Un changement climatique imprévu et violent à l'échelle mondiale entraîne à travers toute la planète de gigantesques ravages : inondations, grêle, tornades et températures d'une magnitude inédite. Jack a peu de temps pour convaincre le Président des États-Unis d'évacuer le pays pour sauver des millions de personnes en danger, dont son fils Sam. À New York où la température est inférieure à - 20° C, Jack entreprend une périlleuse course contre la montre pour sauver son fils...

Inspiré du livre d'Art Bell etWhitley Strieber : Le Grand dérèglement du climat (The Coming Global Superstorm), Le Jour d'après est un film catastrophe basé sur des hypothèses scientifiques mais dont certains points ont été exagérés. En effet, les événements se déroulent dans un délai extrêmement court dans le film (quelques jours) alors qu'en réalité, les scientifiques prévoient des changements climatiques sur plusieurs années, voire plusieurs siècles.

Le producteur s'est toutefois démarqué au niveau des effets spéciaux.
Ceci dit, l'un des points abordés avec justesse est la difficulté qu'il y a pour les scientifiques à se faire écouter et comprendre des politiques et des gens en général, comme on l'observe entre le vice- président et le héros-climatologue (Jack Hall), ou lorsque son fils (Sam Hall) essaye de convaincre les personnes présentes dans la bibliothèque de ne pas sortir.

Bien sûr, le film possède de nombreuses autres symboliques : le drapeau américain figé par le blizzard représente les USA qui se retrouvent eux aussi dans la tourmente, il en est de même pour la Statue de la liberté, prise dans les glaces.

On peut remarquer la ressemblance physique entre l'acteur Kenneth Welsh (vice-président Becker) et Dick Cheney (vice-président de George W. Bush). Le choix de cet acteur a été fait justement pour sa ressemblance. En bref, Le Jour d’après est un film qui fait réfléchir sans pour autant vous prendre la tête.

Par : Rédaction de Liberte

Un milliard d'êtres humains souffrent de la faim

Continuer à les démasquer

On ne reviendra jamais assez sur l’un des pires fléaux que les sociétés modernes, notamment celles dites sous-développées, connaissent, en l’occurrence la corruption. L’Algérie n’échappe pas à la règle, et la honte n’est pas que ce fléau y sévisse, mais que l’Etat ne s’y attaque pas. Or, l’Etat algérien, et les faits ainsi que les résultats pour attester de cette vérité sont là, ne fait l’économie d’aucun effort pour s’attaquer à ce type de délinquance, dite à col blanc. 

Les sommes astronomiques injectées dans le développement du pays ont, ainsi que prévu, attisé les convoitises d’une faune d’individus faite de rapaces rôdant autour des projets d’une part, et de l’autre, de fonctionnaires véreux, rendus corrompus par l’appât du gain et les privilèges de l’enrichissement illicite. La corruption est une calamité morale bien sûr, mais elle induit également des dommages collatéraux d’un préjudice indescriptible pour le pays.

Les ravages portent un coup dur à l’économie et aux finances publiques, occasionnant des trous énormes dans les budgets, mais aussi dans la réalisation des projets, la corruption s’accompagnant souvent par des défaillances graves sur lesquelles les fonctionnaires ferment les yeux en contrepartie des pots-de-vin et des dessous de table. Le fléau décline sa hideur tant dans les centres décisionnels, comme les ministères, qu’à l’échelle locale où, contrairement à une idée reçue, les sommes détournées ne sont pas moins colossales que celles mises en jeu au «centre».

Telle une hydre à sept têtes, ou un phénix renaissant de ses cendres, l’on constate qu’en dépit de toutes les affaires déjà passées par les tribunaux, qui éclaboussent les auteurs et malheureusement leurs familles, le fléau de la corruption est toujours là, redoublant de férocité au prorata des appétits décidément insatiables.

Que faire ? Ne pas lâcher prise, tout simplement, les médias ayant pour rôle de continuer à informer l’opinion publique sur ce genre de méfaits, et sur les résultats appréciables de la lutte contre la corruption. Un Etat victorieux dans son combat antiterroriste ne peut que gagner celui engagé contre cette engeance véreuse, qui tente par ses agissements nauséabonds d’éclabousser la crédibilité de ce même Etat.

N.S.