lundi 26 octobre 2009

Débats autour des dernières découvertes en Afrique

Les dernières découvertes effectuées en Afrique dans les domaines de la paléontologie humaine et de la préhistoire ancienne et leurs implications sur l’évolution biologique et culturelle des premiers Hominidés, seront débattues à l’occasion de la tenue du IIe Colloque international de préhistoire, prévu à Sétif du 26 au 28 octobre 2009, sous le titre «L’Afrique, berceau de l’humanité: Découvertes récentes».

«Ce colloque, qui sera animé par d’éminents chercheurs, mettra en exergue l’importance des découvertes scientifiques faites dans notre continent», a indiqué, samedi, dans un point de presse organisé à Alger, M.Slimane Hachi, chercheur et directeur du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (Cnrpah), organisme organisateur de ce colloque, entrant dans le cadre du programme du IIe Festival culturel panafricain, organisé à Alger du 4 au 20 juillet dernier.

«Toute l’Afrique a été l’origine et le centre d’évolution de l’Homme», a rappelé M.Hachi soulignant que l’Afrique du Nord «a joué un rôle de première importance dans le peuplement du monde et a été le passage obligé des Honomidés vers le nouveau monde». «L’Afrique a toujours été un réservoir de découvertes», a poursuivi le responsable, ajoutant qu’«il est connu que l’Afrique est le berceau de l’humanité, car les plus anciens fossiles d’Hominidés, parfois accompagnés de l’outillage lithique le plus vieux au monde, ont été découverts dans le continent africain».

Il a cité dans ce sensé, le premier fossile d’hominidé découvert en 1924 à Taung (Afrique du Sud) et baptisé Australopithecus africanus, les restes d’un autre Hominidé nommé Paranthropus boisei (dans les Gorges d’Olduvai, Tanzanie), qui fut daté de 1,79 million d’années, ainsi que les autres fossiles tels que l’Australopithecus afarensis (à Afar, Ethiopie), daté de 3,4 millions d’années, le Paranthropus aethiopecus (près du Lac Turkana, Kenya), remontant à 2,6 millions d’années, le Paranthropus robustus (Afrique du Sud), daté de 2,2-1,1 millions d’années et Homo habilis (à Olduvai, Tanzanie et à Turkana, Kenya) daté de 2,3 millions d’années.

«Ces dernières trouvailles ont considérablement transformé les données actuelles et les modèles de la première évolution de l’homme en remontant l’âge des premiers Hominidés aux environ de 7 millions d’années et en prouvant que l’Afrique orientale n’était pas l’unique foyer de l’évolution de l’homme en Afrique», a indiqué, de son côté, le chercheur Mohamed Sahnouni, l’organisateur scientifique du colloque, mettant par ailleurs en exergue, les découvertes faites à Aïn Lahnèche (Sétif) et dont les résultats seront exposés lors de cette rencontre. Le Colloque sera axé sur quatre thèmes, à savoir: «Les premiers Hominidés et leur environnement», «Emergence de la technologie lithique et l’Oldowayen», «Emergence et évolution de l’Acheuléen» et «Migration des premiers Hominidés en dehors de l’Afrique».

R.C

Dream TV et Nile TV sont-elles réellement libres en Egypte?

«La populace ne peut faire que des émeutes. Pour faire une révolution, il faut le peuple.»
Victor Hugo "Extrait de Choses vues"

La guerre médiatique entre l’Egypte et l’Algérie est en train de prendre des proportions alarmantes ces derniers jours, notamment après la réaction violente de l’animateur égyptien Mustapha Abdou, qui a promis l’enfer aux Algériens le 14 novembre prochain. L’animateur a usé de sa liberté d’expression pour faire dans l’invective et l’insulte contre les Algériens au lieu de dénoncer la vie misérable des Egyptiens. Cette liberté d’expression dans Dream TV et Nile TV sert-elle seulement à insulter les Algériens? C’est semble-t-il le cas, puisque après enquête on s’est rendu compte que l’Egypte, qui prétend être «la mère des Nations arabes», Oum Edounia, avec toute son industrie cinéma, ses stars, et ses vedettes de la chanson, n’est pas un modèle arabe en matière de liberté d’expression.

Pour rappel, c’est le défunt président Gamal Abdel Nasser qui a doté l’Egypte de sa première télévision en signant un contrat avec Radio Corporation of America pour doter son pays d’un réseau de télévision. La construction de la radio et le centre de la télévision a été achevée en 1960, et la première émission de télévision égyptienne a été diffusée le 21 juillet 1960. Bien après l’installation de notre RTA (qui a été faite sans l’aide de la France), les Egyptiens avaient obtenu le 13 août 1970, le nouveau décret pour la création de l’Union de la radio et télévision égyptienne (Ertu).

Ce n’est qu’après la guerre de 1973, que la télévision a été convertie à la couleur dans le cadre du système Secam, soit seulement deux ans avant l’Algérie. La télé égyptienne est passée du Secam vers le PAL en 1992. Il faut attendre le 28 avril 1998 pour que le premier satellite égyptien, Nilesat 101, voit le jour. Le satellite a été consacré aux chaînes de télévision et d’information. Le 17 août 2000, un autre satellite Nilesat 102, a été lancé pour fournir des canaux supplémentaires. Pour meubler ses satellites d’une autre génération, l’Etat égyptien décide de créer des télévisions privées, spécialisées dans le divertissement. Dream TV 1, a été créée le 2 novembre, 2001 et appartient à l’homme d’affaires égyptien Ahmed Bahgat.

En 2002, une autre chaine El-Mehwer TV a été lancée, contrôlée actuellement par le Dr Hassan Rateb et la radio égyptienne et l’Union de la télévision. Depuis sa création, la télévision égyptienne a toujours été considérée comme la voix du gouvernement égyptien et le parti politique au pouvoir. Tant l’Ertu et les présidents des télévisions sont nommés par le ministre de l’Information. Les chaînes privées ont une liberté considérable dans le traitement de certains sujets, mais avec certaines limites.

Selon une étude réalisée par l’Institut du Caire pour les droits de l’homme (Cirs), lors de l’élection présidentielle deux chaînes publiques de télévision et des chaînes indépendantes ont consacré plus de temps pour couvrir la campagne de Moubarak que pour les neuf autres candidats. Un autre exemple de l’intervention gouvernementale dans les canaux privés a été l’interdiction du célèbre journaliste égyptien, Mohamed Hassanein Heikal, d’apparaître dans Dream TV. Alors que celui-ci est une vedette sur Al Jazeera.

Amira SOLTANE

Salon du livre et censure de livres

Un commando au domicile d’un auteur ? C’est ce qui est arrivé à Mehdi El-Djazaïri qui vient d’écrire un livre intitulé Poutakhine. Ainsi va la répression dans le pays du Sila. À l’un, on envoie la police, à l’autre, on dépêche la radio à domicile pour la promotion de l’œuvre convenable.

L’assaut contre la paperasse et les supports électroniques de Mehdi El-Djazaïri, à la veille du ronflant “Salon international du livre d’Alger” pose la question de l’utilité ou, peut-être, de la fonction d’une telle manifestation. On remarquera que la coïncidence d’un acte de censure littéraire et de la préparation du fameux salon est récurrente. Même si, cependant, les méthodes changent.

Au manuscrit de Benchicou fut appliquée ce qu’on pourrait appeler la tactique de la “défense avancée”, ce système inventé par Derouaz pour la glorieuse équipe nationale de handball de la bande à Lamdjadani. C’est loin en amont, avant son impression, qu’on intercepte le livre indésirable. C’était, disait la ministre de la Culture, pour éviter la prison à son auteur, et pour nous éviter de mauvaises fréquentations littéraires.

Cette fois-ci, l’imprimatur, qui a fait grand bruit, a été abandonné pour une espèce de post-censure… d’avant-salon.

À quoi sert donc un salon du livre dans un pays qui, plus qu’il ne pourchasse les idéologies de la haine, pourchasse l’écriture pour y déceler le conforme et le subversif ? En principe, une exposition de livres sert à encourager la lecture. Et donc… l’écriture.

Mais, apparemment, le Salon d’Alger n’a pas tout à fait cette vocation. Certes, il se vante d’accueillir les catalogues complets de grandes maisons d’éditions étrangères ; ce qui veut dire que nous sommes invités à lire tout. Tout sur la France, sur l’Europe, l’Arabie et même sur l’Au-delà. Mais sur l’Algérie, il y a d’abord la prélecture du pouvoir qui sélectionne ce qui, à notre âge, est lisible.

Ce n’est donc plus le rôle pédagogique d’un salon que joue le Sila, mais plutôt une fonction de sélection de la bibliothèque de l’Algérien. Subsidiairement, il complète la liste des manifestations de prestige, tous ces festivals, foires, colloques, symposiums budgétivores qui, pour la visibilité du régime, suppléent la défaillance en termes de réalisations.

À peine mille exemplaires de ce livre recherché ont été tirés, que déjà sont lancés à ses trousses les grands moyens ! Le test devrait être pourtant rassurant : il n’y pas de lecteurs. Si l’on excepte, la lecture des livres sacrés et des catéchismes, l’Algérien ne lit plus, sinon quelques survivants d’une espèce en voie de disparition. L’École fondamentale a fait son œuvre, et sauf des individualités, elle a produit des générations d’Algériens qui ne lisent plus et qui se contentent d’écouter et de répéter.

Pourquoi donc s’inquiéter de lecteurs quinquagénaires en sursis quand on a formé des générations sur le modèle du système : savoir réussir en montrant qu’on n’a pas d’autre idée que celle du chef.

Demandez-vous : à quoi servira le Salon du livre d’Alger, demain, quand il n’y aura rien à censurer ?

Par : Mustapha Hammouche

Le droit constitutionnel et inaliénable à de la lacrymo non périmée !



Par Hakim Laâlam  
Email : laalamh@yahoo.fr

Dernière minute ! Les autorités britanniques ont enfin tranché. Moumène Khalifa sera bien extradé vers l’Algérie. A bord d’un vol… 

… Khalifa Airways !

Vous imaginez un peu le degré de mépris ? Les Algériennes et Algériens en colère et qui sortent manifester n’ont même pas droit à des cartouches de gaz lacrymogènes aux normes ! Moi, je le prends très mal ! C’est un manque de considération flagrant. Ça veut tout simplement dire que les émeutiers de ce pays ne méritent pas de s’étouffer dignement, avec une lacrymo en cours de validité. On leur balance des gaz périmés. Je ne sais pas quelles sont les voies de recours en la matière. A qui il faut écrire, qui il faut «ameuter» pour dénoncer ce déni de droit à de la lacrymo en bonne et due forme. Je suis désolé, l’Etat et son outil répressif ne peuvent même pas invoquer la crise financière mondiale ni la chute des recettes des hydrocarbures. Il y a moins de trois mois, j’ai lu dans tous les journaux qui se respectent, et même dans ceux qui respectent les lecteurs que la DGSN avait fait acquisition de matériels de matage de la colère. Des matraques en beau cuir gainé. Des «azrayan» flambant neuf. Des cartouches de gaz et autres joyeusetés de la panoplie policière. Où est ce matériel ? Et pourquoi cette discrimination à l’encontre des manifestants de DSE, Diar Sans Echems ? Ne sont-ils pas des Algériens à part entière, égaux en droits et en devoirs ? Ils ont manifesté, osé sortir dans la rue pour dire «barakat», alors, ils ont droit, eux aussi, à des cartouches de lacrymogène certifiées en cours de validité. Cette pratique scandaleuse, c’est la porte ouverte sur toutes les dérives. Aujourd’hui, c’est le gaz lacrymo périmé. Demain, ce sera le canon à eau sans la bonne pression barre. Ce sera aussi les coups de pied au derrière des émeutiers avec des rangers usés jusqu’à la corde. Ou encore les menottes rouillées. Non ! Il faut que cela cesse ! Ce peuple a droit à plus d’égards ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L. 

Les harraga reprennent la mer

«Dix-sept candidats à l’émigration clandestine ont été interceptés dimanche à l’aube au large du littoral d’Oran au moment où ils tentaient de rejoindre la rive Nord de la Méditerranée, a-t-on appris des gardes-côtes […]. Ces migrants clandestins, âgés entre 15 et 27 ans, avaient pris le large la veille à partir d’une plage de la côte ouest de la wilaya d’Oran». Ce sont là quelques lignes tirées d’une dépêche de l’agence officielle APS datée d’hier dimanche 25 octobre. Elle est venue, comme par effraction, nous tirer d’un semblant de sommeil qui a duré le temps d’une rentrée sociale plutôt calme.

Ironie de l’Histoire, cette nouvelle «prise» survient à un moment où le film de Merzak Allouache Harraga, dédié à cette catégorie de jeunes Algériens désœuvrés et en quête d’une vie meilleure, a décroché le Palmier d’Or au festival de Valencia, en Espagne, cette terre dont ont rêvé les 17 jeunes arrêtés au large d’Oran. La gifle est donc un peu tenace en cette fin du mois d’octobre. Elle rappelle une évidence : il n’y a pas de saison idéale pour tenter chercher l’eldorado, même si la palme revient à l’été pour les conditions météorologiques avantageuses qu’il offre. Ni le froid, ni le vent, ni les marées n’empêchent désormais les jeunes, dont des adolescents, de tenter l’aventure.

Autant dire que le danger ne fait plus peur.Il est évident que dans de telles conditions, le leitmotiv qui revient le plus souvent est celui qui consiste à stigmatiser ces «brûleurs» de la mer. On a souvent mis en taule ces jeunes. On a souillé leur image et «sali» leur casier judiciaire. A-t-on seulement tenté de les comprendre ? Il y a eu des tentatives, mais c’est largement insuffisant face à l’ampleur des dégâts.

Ces jeunes qui ont échoué dans leur tentative ne sont malheureusement pas les derniers, même si leur sort est tout de même meilleur que Hamza, ce jeune qui a péri durant l’été à Annaba, où des dizaines d’autres anonymes disparus en mer. On peut tout leur reprocher. Sauf qu’ils ne sont pas fous. Car, leur seul objectif est celui de vivre. Pas comme des animaux, mais comme des humains qui vivent leurs temps.

Dans la dignité et le respect d’un jeune de XXIe siècle. Ce n’est malheureusement pas l’image qu’offrent les taudis de Diar Echems ou les bidonvilles d’Alger et de Constantine. Car même s’il est vrai que tout n’est pas noir dans ce pays, cela rappelle que beaucoup reste à faire et que tout ce qui brille n’est pas or.

Par Ali Boukhlef

Bouteflika 3, Benali 5, Mohammed 6

Dans les pays du Maghreb, une élection en suit une autre comme une grande routine monotone ou un feuilleton égyptien sans suspense, où le père de famille reste le chef du troupeau pendant que la mère pleure les moutons égarés. Dernière en date, l’élection tunisienne, sans surprise, où Zine El Abidine Benali va remporter un cinquième mandat indiscutable et indiscuté.

Qu’y a-t-il de nouveau dans la région ? L’uniformisation des processus en marche et une fin de l’histoire en cul-de-sac, partie d’une timide promesse d’ouverture à une fermeture totale dans la reconduction des équipes de videurs. Pour Mohammed 6, arrivé par accouchement après les années de plomb de son père, il a suscité un réel espoir auprès des jeunes générations progressistes, tout comme Zine Ben Ali, auteur d’un coup d’Etat médical visant à stopper le népotisme d’un Bourguiba finissant, tout comme encore Abdelaziz Bouteflika enfin arrivé sur un lit défait d’attentes profondes d’un pays trop mal géré.

Les illusions ont disparu et sont restées les certitudes, que ces trois hommes sont d’abord des hommes de pouvoir et d’appareils, sans réelles visions sur l’avenir et sans intentions de réformes profondes, préférant composer avec la corruption, le clientélisme et les jeux de Palais plutôt qu’avec leurs sociétés.

Avec des méthodes policières également réparties, avec un ennemi commun, les libertés, médiatiques, politiques, syndicales et associatives. L’avantage est pour l’instant du côté du Maroc. Pays féodal gouverné par un roi, ce dernier n’a pas à être élu et les jeux y sont plus clairs.

L’Algérie et la Tunisie devraient faire de même, installer une fois pour toutes des royaumes. Avec des rois. Une foule de sujets conditionnés est déjà prête au baise-main. Finalement pourquoi ne pas embrasser un président sur la main puisque beaucoup de gens ont déjà la bouche en avant ?

Par Chawki Amari

De la Suisse des idées

J’ai toujours éprouvé deux sentiments contradictoires envers ce pays si proche et si lointain: un sentiment fait d’admiration et un autre fait de méfiance. Je m’explique: du plus loin qu’il me souvienne, c’est toujours cette image d’épinal qui a émerveillé mon enfance qui s’abreuvait à la lecture de journaux illustrés et de bandes dessinées qui faisaient la part belle aux bandits de grand chemin et redresseurs de torts comme Robin des Bois ou Ivanhoé ou comme Guillaume Tell.

Ce héros national helvète (les Helvètes sont cette famille d’irréductibles Celtes qui n’ont jamais accepté la domination étrangère et je m’étonne que le personnage d’Astérix n’ait pas vécu dans un petit village peuplé d’irréductibles au fond de quelque vallon d’un canton reculé. Il est vrai que Goscinny n’est pas belge et que les nouveaux Astérix sont pour la plupart des artistes français qui fuient le fisc gaulois pour le plus grand bonheur de l’UBS), c’est ce prestigieux arbalétrier qui symbolise depuis des siècles la fierté et la dignité de ces montagnards: il défia le bailli nommé par l’empereur d’Autriche en refusant de se découvrir devant lui et préféra se soumettre au jugement de la flèche, le bailli l’obligea à tirer une flèche sur une pomme posée sur la tête du fils de Guillaume Tell. Il sortit, bien sûr, victorieux de cette épreuve et se vengea plus tard...

Mais, il ne faut pas oublier que Guillaume Tell était un mercenaire. Et la plupart des habitants de ces montagnes s’étaient spécialisés dans le mercenariat. Ils se mettaient au service de tous les souverains d’Europe et monnayaient leur fidélité assez chèrement. Ils assurent jusqu’à présent, d’une manière indéfectible, la garde du Vatican et des institutions de Sa Sainteté. Ils faisaient office aussi de plantons dans certaines administrations, au point que Suisse était devenu synonyme d’appariteur: «Pas d’argent, pas de Suisse!», disait Racine dans «Les Plaideurs».

Mais tout cela était vrai avant que la plus vieille démocratie (et la plus directe, la plus parfaite) ne devienne le coffre-fort du monde entier, mêlant argent propre et argent douteux ou un asile sûr aux exilés politiques comme aux dictateurs chassés par des révolutions.

C’était pour assurer à ses habitants un bien-être durable que les responsables suisses avaient choisi la confortable position d’une neutralité prospère: depuis Napoléon, aucun soldat étranger n’y avait mis les pieds. Et un Suisse me racontait d’une façon cynique la situation de la Suisse durant la Première Guerre mondiale: «Les Français nous fournissaient du fer et les Allemands de la houille et nous, nous fabriquions des armes pour les belligérants.» Cela explique en fait, la cause de la prospérité de certains pays neutres comme la Suède ou la Suisse.

Cependant, certains scandales financiers ont quelque peu écorné la réputation des banques et ouvert un peu le secret légendaire lié aux comptes suisses. Plus près de nous, c’est la vigilance et l’inflexibilité de la justice suisse qui a attiré l’attention de l’opinion mondiale: d’abord l’affaire du fils d’El Gueddafi avec le triste épisode de génuflexion devant le maître de Tripoli. Puis c’est Roman Polanski qui tombe dans le piège des accords d’extradition passés entre les USA et la Confédération.

Mais, c’est surtout le départ précipité de Bouguerra Soltani qui soulève bien plus de questions que l’interpellation du fils de ministre qui se baladait avec 24.000 euros en poche: dorénavant, tous le chefs de parti titulaires ou demandeurs d’agrément ne devront-ils pas faire un tour en Suisse? Histoire de savoir qui en sortira plus blanc que le chocolat suisse.

Selim M’SILI

Collant, l’ex-époux

Saâd O. divorce en 2006. Depuis, l’ex-épouse ne veut plus de lui à la maison de... maman.

Un balèze brun de un mètre quatre-vingt-deux centimètres sort du box accompagné du solide brigadier du tribunal de Bir Mourad Raïs (cour d’Alger). Il traîne à la cheville un chapelet d’inculpations et la victime n’est autre que l’ex-épouse, mère de trois fillettes.
La rancoeur est au rendez-vous. Magnanime, Saloua Derbouchi, la présidente de la section correctionnelle de Bir Mourad Raïs (cour d’Alger) va prendre son temps et écouter toutes les parties. Elle va même prendre du temps lorsque les deux antagonistes vont se lancer des «gerbes» d’accusation.

Des rires vont même fuser au milieu de ce véritable drame que vivent quotidiennement les couples qui ont explosé. Evidemment, dans ce lot de mots et de maux, les enfants ont été évoqués et de quelle manière, SVP. Affreux! insupportable! exécrable! Dans tous les couples et c’est connu, il y a du bruit, des scènes, des cris, des exclamations mais quel calvaire que celui vécu par cette Zina, une femme de ménage qui se lève à l’aube, sort gagner de l’argent que gaspille Saâd O. après avoir rossé madame, eng...ses petites filles! Il est allé jusqu’à balancer des morceaux de carrelage.

«Vous maintenez que tout ce que raconte la mère de vos enfants est faux. Que pensez-vous du certificat médical? Le médecin est aussi un menteur?», reprend de pleine volée Ouamara, le représentant du ministère public, qui va se marrer drôlement lorsque le détenu avait presque larmoyé en insistant auprès de la juge ainsi: «Madame la présidente, depuis le divorce et cela fait deux longues années, elle tente de me mettre dehors, alors que je n’ai pas où aller».

«Cela a fait rire» somme Derbouchi à deux reprises et à la troisième, elle l’a sommé de se taire: «Nous sommes ici pour les coups, les insultes et la maltraitance», tranche-t-elle avant que l’ex-épouse ne s’écrie dans une salle silencieuse: «Allez jeter un coup d’oeil sur la main courante du commissariat du coin. Coups, blessures, hogra, grasse matinée, veillées tardives, chômage et pour finir il m’a balancé des morceaux de carrelage», a pleuré l’épouse qui a omis de notifier le divorce en vue de l’expulser du logement appartenant à sa mère - i-e la belle-mère de Saâd O. «Je n’ai pas où aller et je vous jure que...» «Arrêtez! arrêtez! j’ai l’habitude d’entendre des épouses fraîchement divorcées me dire qu’elles n’ont pas où aller», s’exclame Saloua Derbouchi, la juge qui demande instamment à l’ex-époux de déguerpir avec les deux années de divorce prononcé et notifié. «C’est une brave femme, qui manie le balai et la serpillière, qui a besoin de respect d’autant qu’elle s’occupe même des enfants», dit la présidente, pressée d’en finir.

Avec trois fillettes, la maman trouve inacceptable cette situation du mari qui boit et à qui il arrive de ren-trer avec de la drogue à la maison. Elle demande la protection de la justice laquelle est priée d’éloigner cet énergumène de la famille qu’il pollue moralement avec ses propos grossiers et malheureux tout de même. M’henna Ouamara, le procureur se lève et attaque le 266 du Code pénal-arme blanche en sus. «Cet article va comme un gant à l’inculpé qui mérite deux ans de prison ferme et une amende de vingt mille dinars.»

L’avocate exhibe des arrière-pensées dans ce dossier dont elle soutire un jugement de divorce non notifié et ce, depuis plus de deux ans. Elle rappelle que l’ex-épouse veut à tout prix «expulser» le père de ses propres filles, du logement appartenant à la grand-mère maternelle: «Qu’un jugement définitif soit prononcé et que l’inculpé s’en aille», a encore lancé Maître Toudjine Amina, la jeune avocate qui a encore dit qu’il n’y aucun délit de violation de domicile et encore moins d’insultes, d’injures et coups car tout est basé sur de simples déclarations de l’ex-épouse. La mise en examen est décidée par une Derbouchi époustouflante...

Abdellatif TOUALBIA

PRÉVISIONS TENDUES POUR 2010

Je propose pour cette fois-ci une lecture différente du projet de loi de finances pour 2010 (LF 2010) de celle généralement développée dans la presse et autres médias. Premier élément d’analyse que je privilégie en ces temps de crise : le niveau du déficit budgétaire rapporté aux ressources du Fonds de régulation des recettes (FRR). Commençons, pour ce faire, par rappeler les prévisions de dépenses : un budget d’équipement de 3 332 milliards de DA soit 45,6 milliards de $ et un budget de fonctionnement de 2 837,9 milliards de DA soit 38,8 milliards de $. S’agissant des recettes budgétaires totales, elles s’élèveront à 3 081,5 milliards de DA, soit 42,2 milliards de $. Sur ces bases, le déficit budgétaire s’élèvera à peu de choses près au montant de ces mêmes recettes budgétaires.

Ce déficit sera compensé par le FRR qui sera fortement mis à contribution. La première conséquence qui en résultera est que les ressources du FRR seront entamées plus rapidement que prévues en début de crise. La deuxième conséquence est encore plus problématique car elle porte sur les délais de reconstitution d’une partie ou de la totalité de ces ressources, reconstitution sans laquelle il sera plus difficile de soutenir le rythme d’investissement annoncé pour les cinq prochaines années. Ce dernier point est problématique car il dépendra de la tenue des cours pétroliers durant l’année 2010 et j’aurai l’occasion d’y revenir prochainement en proposant des scenarii sur la base de simulations appropriées. D’où le fait que la question de la fiscalité ordinaire s’insère à présent dans le champ du court terme et non dans celui plus lointain de l’après-pétrole.

Dans ce registre, j’observe deux faits intéressants. D’abord celui relatif à la structure des ressources mobilisées et allouées : on commence à sortir — bien que timidement — du très classique diptyque : deux tiers de fiscalité hydrocarbures et un tiers de fiscalité ordinaire. Précisons d’abord que nous parlons là des recettes mobilisées et non pas potentielles puisque les recettes provenant de la fiscalité pétrolière sont calculées sur un prix du baril fixé à 37 $ et les excédents calculés sur la base des prix réels du marché sont versés au Fonds de régulation des recettes (FRR). Ainsi sur un total de 3 081,5 milliards de DA, 1 245,7 proviennent de la fiscalité ordinaire et 1 835,8 de la fiscalité hydrocarbures.

Cela donne un ratio de 40,4% de ressources budgétaires provenant de la fiscalité ordinaire et 59,6% de la fiscalité pétrolière. On peut mieux faire en fixant des étapes intermédiaires pour l’évolution de ce ratio : la moitié puis ensuite inverser la tendance avec un tiers de ressources fiscales pétrolières et deux tiers pour les ressources fiscales dites ordinaires. Le deuxième fait observé porte sur un autre repère dont il faudra mesurer l’évolution pluriannuelle. Il s’agit du ratio de couverture du budget de fonctionnement de l’État par les recettes fiscales ordinaires.

En fin d’exercice 2009, il sera de 47% pour redescendre à 43,8% en 2010. Cela montre que l’on fait toujours mieux lorsque la contrainte budgétaire se resserre. Ces pistes donneront probablement du grain à moudre au Conseil national de la fiscalité dont on annonce l’installation prochaine. Mais quoi qu’il en soit une contribution de plus en plus élevée de la fiscalité ordinaire dans le budget de l’État n’est pas concevable sans la diversification de l’économie nationale portée par des stratégies sectorielles et d’abord industrielles efficaces. Ainsi en Europe, les premiers signes de sortie de crise sont d’abord perceptibles dans la reprise industrielle manufacturière malgré un euro à 1,5 $.

Chez nous, cette même LF 2010 prévoit de nouveaux mécanismes d’accompagnement financier pour les PME avec une diminution de la pression fiscale. Mais la suppression de la procédure bancaire de la remise documentaire et le choix du mieux-disant en matière de concession foncière seront autant de questions ouvertes que les représentations patronales inscriront probablement à l’ordre du jour de la prochaine tripartite d’autant que leurs entreprises devront mettre la main à la poche en matière de revalorisation du SNMG pour lequel l’État a déjà fait une provision de 230 milliards de DA.

Dans le même ordre d’idées, le ministre de l’Industrie et de la Promotion des investissements annonce la mise en place prochaine de huit champions industriels en commençant par le groupe cimentier, qui devra en priorité réorganiser le marché, et de la mise à niveau de 3 000 entreprises privées. C’est toujours bon à prendre pour le secteur réel. Quant au reste du monde, loi complémentaire des finances pour 2009 ou pas, il continue à vouloir élargir par tous les moyens ses parts de marché en Algérie, à l’exemple de la Turquie qui souhaite un accord spécifique de libre-échange. C’est la loi du business. L’amitié vient après.

Par : Mustapha Mekideche

Le syndrome des peuples otages

L'écrivain égyptien Alaa Al Aswany s'est ému qu’il y ait eu peu de tapage organisé autour de l'affaire du niqab provoquée par le patron d'Al-Azhar, Mohamed Sayed Tantaoui. Lors d'une visite à l'un des instituts de l'Université, ce dernier avait ordonné à une étudiante de se démasquer en retirant son niqab. Il avait d'ailleurs joint le geste à la parole en arrachant lui même le morceau de tissu qui recouvrait le visage de la jeune fille.

Loin de s'en tenir à cet acte d'autorité, le Cheikh a cru devoir en rajouter et faire des commentaires injurieux et humiliants. «Si au moins tu étais belle !» a-t-il remarqué en découvrant le visage de la jeune fille, et il a ajouté : «Je connais la religion beaucoup mieux que ceux qui t'ont engendrée !» On aurait pu s'attendre à un sursaut d'indignation, une réaction de rejet et de colère devant le cynisme et le mépris de la plus haute autorité spirituelle de l'Egypte.

Il n'y a rien de tout cela, puisque la société égyptienne embrigadée par les islamistes n'a retenu qu'un fait de l'incident : l'annonce de l'interdiction du niqab à l'université. «Comment peut-on oublier les élections truquées, les gens réduits à boire les eaux usées, la faim et les tortures policières, pour se jeter à corps perdu dans la bataille du niqab, un faux débat qui profite seulement au pouvoir», déplore Alaa Al Aswany.

On peut se demander si l'auteur de J'aurais voulu être Egyptien est toujours dans les mêmes dispositions proclamées en titre de son livre. Il a des doutes, Aswany : est-ce que la société égyptienne n'est pas subjuguée par le pouvoir en place au point de s'y attacher et de perdre toute volonté de contestation à son égard ? L'écrivain désespéré compare, en effet, la situation du peuple à celle des otages qui subissent le syndrome de Stockholm et se prennent d'affection pour leurs geôliers.

De fait, la question qui avait agité l'Egypte naguère à propos du hidjab est revenue avec encore plus de force avec cet intitulé : «Le niqab est-il une obligation religieuse ou une coutume ?» Le mouvement des Frères musulmans, qui considère le passage du hidjab au niqab comme une progression normale vers la réislamisation de la société, a conduit la protestation. Il y a même eu des manifestations «spontanées» d'étudiantes et de femmes en niqab réclamant la «liberté» de se voiler intégralement. La polémique a donc enflé aussi bien dans la rue que sur les plateaux de télévision, opposant partisans et adversaires de l'interdiction. Une chaîne privée a même chargé un de ses journalistes de se voiler intégralement durant une journée et de se mêler ainsi à la foule.

L'opération a été un succès et les téléspectateurs ont pu suivre le reporter dans ses déplacements et ses échanges sans que la supercherie ne soit découverte. Que l'Egypte soit engagée dans un vrai ou dans un faux débat, les échanges actuels nous ramènent parfois à des années, voire des décennies en arrière, comme le constate l'hebdomadaire Rose-Al-Youssef. Pour rafraîchir sans doute les mémoires défaillantes, la revue, fondée par la féministe Fatma Al-Youssef, rappelle la surprenante histoire de la fatwa d'Al-Azhar concernant le travail des femmes.

Après la victoire de la révolution en 1952, les nouveaux dirigeants décidèrent de se baser sur un décret religieux pour donner davantage de droits aux femmes d'Egypte. Ils s'adressèrent donc à Al-Azhar, et à leur grande surprise, la commission des fatwas répondit par un édit instituant de fait l'interdiction de travailler pour les femmes. La fatwa fermait ainsi devant les femmes les portes de l'accession aux fonctions officielles et électives, comme le gouvernement ou le parlement.

Elle s'appuyait sur l'argument selon lequel la Chariaâ réservait ces fonctions exclusivement aux hommes depuis l'aube de l'Islam. Ce texte signé par le président de la commission de fatwas de l'université, Abdelfattah Anani, se référait également à un hadith à l'authenticité douteuse : «Malheur au peuple qui confie ses destinées à une femme.» Bien sûr, le nouveau régime ignora cette fatwa et s'empressa même de changer la procédure de nomination des recteurs de l'université. Faut-il ajouter que ce hadith très controversé fait partie de la littérature de base du fondamentalisme musulman.

Sur le thème du détournement d'attention, notre confrère Selim Azzouz choisit un ton plus détaché pour ne voir que des écrans de fumée dans tous ces débats proposés au peuple. Il admet, toutefois, que ces «bombes fumigènes», comme il les appelle, empoisonnent le climat de l'Egypte. Il évoque, tour à tour, les diversions que constituent les luttes de succession au sommet, la vie privée de l'opposant Aymen Nour ou les mœurs de sybarite de l'acteur Nour Chérif. Chroniqueur au quotidien londonien Al-Quds, Selim Azzouz se dit non concerné par le niqab. Il est pour la liberté, pour que celles qui veulent le porter le fassent et que celles qui n'en veulent pas soient libres de ne pas le faire.

Seulement, il ne peut s'empêcher «d'être submergé par la terreur lorsqu'une femme entièrement voilée l'aborde dans la rue». Il est vrai que le terrorisme islamiste utilise souvent ce genre d'accoutrement pour commettre ses attentats. Il sait, Selim Azzouz, que les tenants de l'Islam politique n'admettent pas de neutralité, bienveillante ou non. Il a résolu, alors, de fuir tous ces problèmes en se consacrant aux chaînes de télévision qui ne lancent pas de fumigènes.

Il n'en a trouvé que deux, dit-il : la première est la télévision officielle qui diffuse en direct les réunions du parti au pouvoir, avec Djamel Moubarek en vedette. Quand il est lassé de suivre les luttes, les compromis, les alliances entre la vieille garde et la jeune garde du parti, Selim Azzouz opte pour l'alternative Oum- Kaltoum. Il s'abandonne aux chants d'amours contrariées de la diva de la chanson arabe, et c'est sur Rotana- Zaman. Une chaîne du groupe Rotana propriété du prince saoudien Walid Ibn-Tallal. Ce dernier s'est improvisé fer de lance et vitrine de la modernisation du royaume wahhabite.

Ce n'est que dans les bureaux de Rotana et des autres compagnies du prince Walid que les femmes saoudiennes sont dévoilées et travaillent dans les mêmes bureaux que les hommes. C'est d'ailleurs au sein des sociétés de Walid Ibn Tallal que l'hebdomadaire Times est allé chercher des preuves de la modernisation de l'Arabie saoudite, sous la férule du roi Abdallah. Un sujet qui a fait bondir notre consœur Yusra Zahrane de l'hebdomadaire cairote Al- Fedjr. C'est sous ce titre révélateur «L'Arabie saoudite montre ses cheveux, l'Egypte s'enlise dans la bataille du niqab», qu'elle dit sa colère contre l'injustice du sort.

«L'Islam wahhabite saoudien nous a amené la tradition du niqab mais il ne l'a pas reprise, dit-elle. Le niqab nous est venu d'Arabie saoudite, mais il n'y est pas retourné.» Yusra Zahane tourne aussi en dérision la «liberté» dont se prévaut la ministre saoudienne de l'Education «qui ne peut même pas passer à la télévision sans la permission de son mari». Une ministre qui se conforme encore aux règles d'une société fermée.

«Une société persuadée depuis qu'elle existe qu'elle est en droit d'imposer ses valeurs à toutes les autres sociétés, et par tous les moyens possibles. Par quelle logique l'Arabie saoudite se présente-t-elle à l'Occident comme l'Etat où les femmes ont arraché leurs droits. Ceci alors que l'Islam wahhabite a extirpé tous les germes d'un Islam modéré de toutes les sociétés arabes», conclut Yusra Zahane. Vous croyez que les Saoudiens nous laisseront quand même quelques miettes de modernité à grignoter quand ils seront rassasiés ?

Par Ahmed HALLI

Triste réalité

Un double attentat, hier matin à Baghdad, vient rappeler une bien triste réalité et en même temps infliger le plus cinglant démenti au discours officiel. L’Irak vit dans la terreur depuis 2003, date à laquelle il a été envahi par l’armée américaine. Quant au discours officiel – surtout depuis le retrait encore partiel des troupes américaines et la prise en charge de la sécurité par la nouvelle armée irakienne – tout va bien, sinon que la situation est en nette amélioration. Et cela laisse franchement dubitatif.

Tout d’abord un constat : depuis qu’on parle de retrait militaire américain des villes irakiennes, en attendant leur départ prévu en 2010, on n’évoque plus ou si peu la guerre en Irak comme si elle avait cessé. Ensuite, il faut bien en convenir, par rapport à quoi, puisque l’Irak est devenu le pays de toutes les guerres.

Depuis ces dernières années, il s’est installé dans la violence de la pire manière, celle qui conduit droit vers le chaos, celle-ci ayant pris un caractère confessionnel, envoyant la mosaïque irakienne à de l’histoire ancienne. Celle que l’on évoque avec beaucoup d’amertume. Plus question de coexistence des communautés, c’est le repli sur soi, avec des entités ethniquement homogènes.

Et même là, constate-t-on, les communautés sont elles-mêmes divisées, voire s’opposent par les armes pour des raisons politiques. Pour le pouvoir, pour être plus précis. Par un malheureux raccourci, certains se laissent aller à dire que tout le monde se bat contre tout le monde. L’Irak ne sera plus l’Irak d’il y a quelques années. Pour être quoi au juste ? La question donne froid dans le dos.

Une réalité qui fait peur à beaucoup d’Irakiens, convaincus que leur pays est menacé de partition. Ce qui donne alors peu de crédit aux accusations des autorités visant aussi bien des groupes que la Syrie voisine. Et puisqu’il faut bien respecter les échéances, l’on parle malgré tout des prochaines élections prévues normalement pour le 16 janvier.

Et là, l’enjeu n’a pas échappé aux différents leaders qui ont passé en revue des semaines durant, sinon des mois les différentes manières d’accéder ou de conserver le pouvoir, alors même que le pays ne dispose pas encore de loi électorale. Il y a aussi des questions devenues récurrentes depuis la chute de l’ancien régime de Saddam Hussein, mais qui sont liées entre elles. Comme celle qui concerne l’avenir des régions.

Là, il s’agit de la ville de Kirkouk. Le Parlement a échoué à trouver un accord sur le projet de loi électorale en raison de l’âpre bataille entre Arabes et Kurdes pour le contrôle de cette région.

Pour quelle raison puisque, se plaît-on à rappeler, cette région est riche en pétrole, tout comme la partie méridionale de l’Irak, mais qui n’a pas les problèmes démographiques du nord. Pétrole, territoire et pouvoir suscitent ou entretiennent les divergences et même l’affrontement entre Irakiens. Ce sont les guerres de l’Irak.

Par T. Hocine

Un tremplin pour le progrès

Le champ des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) est le domaine où l’on peut rattraper des décennies de retard en la matière, pour peu qu’il y ait, derrière, une volonté politique, des moyens financiers conséquents et, bien entendu, une stratégie d’intégration et de transfert de savoir-faire.

L’Algérie opère aujourd’hui selon une stratégie de développement multipolaire des NTIC consistant à irriguer les champs social, économique et administratif de l’outil informatique afin de permettre, très rapidement, une optimisation de la gestion à tous les niveaux, mais aussi un accès au savoir mondialisé à la majorité des citoyens.

Autre enjeu, la diffusion du savoir et des cultures du monde au sein d’une société appelée à se confronter à une offensive internationale dans tous les domaines dans un contexte d’ouverture où, désormais, le moindre des acquis en matière de compétence et de polyvalence, c’est de savoir utiliser les nouvelles technologies, et ce quel que soit le domaine de spécialité.

Ce qui rassure, c’est que la courbe d’évolution indique que dans quelques années, soit à un horizon pas si lointain qui ne va pas au-delà de 2015, l’Algérie aura surpassé les autres pays à l’échelle sous-régionale, sachant que le défi suivant sera de soumettre les nouvelles technologies dans des domaines pointus de la recherche industrielle, universitaire et dans d’autres pôles de la pensée créative.

Qu’il s’agisse des nouvelles technologies comme marché gigantesque à investir ou des NTIC comme tremplin pour le progrès social et économique, les enjeux sont solidaires et l’Algérie a les moyens d’engager cette bataille.

26-10-2009
F. N.

Un quant à soi s’il vous plaît !

Si Sarkozy considère que la France doit cesser de demander pardon, après l’avoir fait pourtant pour bien d’autres crimes, c’est qu’il estime que la colonisation de l’Algérie ne le mérite pas. Car cette posture du président français vise l’Algérie, c’est très clair. Mais pourquoi ? Relevant du symbolique, en quoi la repentance pour des crimes commis par un système colonial aujourd’hui révolu, gênerait-elle un pays comme la France ? Il faut en rechercher les causes dans le politique et nulle part ailleurs.

On peut supposer que Sarkozy vise un électorat précis, mais l’hypothèse est hasardeuse en périodes non électorales comme c’est le cas actuellement. L’art de la politique des gouvernements français envers leur ancienne colonie consiste à créer des problèmes superflus pour les négocier ensuite contre des intérêts bien évidents. Chirac voulait un «partenariat stratégique» avec l’Algérie pour l’intégrer tout à fait à sa zone d’influence maghrébine. Il aurait pu faire un geste de repentance si, par prudence, ses interlocuteurs algériens n’avaient pas jugé plus opportun d’attendre sa succession.

Ils s’étaient contentés de dénoncer la loi sur les «bienfaits» du colonialisme pour légitimer leur prudence. Cette loi n’existait plus à l’arrivée de Sarkozy, mais l’enjeu de mémoire avait émergé. L’Algérie tenait un argument qu’elle n’entendait plus lâcher : inverser les «bienfaits» en méfaits. La repentance devenait une logique de la relation politique. Sarkozy a cru bien faire en s’emparant de cet argument pour le retourner en sa faveur. Son refus de la repentance équivaut à une carte entre ses mains qu’il ne lâchera que contre des concessions, notamment économiques, algériennes.

Ce en quoi, il se trompe. Bouteflika, tout ancien moudjahid qu’il fut, est un homme politique aussi. Il ne fera pas de concession pour obtenir une repentance dont il sait que, dans la complexité du système politique français, elle n’aurait qu’une valeur relative et symbolique. Sarkozy croit avoir en main une carte qu’il n’a pas en réalité. Bouteflika fait semblant de vouloir une carte dont il n’a que faire en réalité.

Qui est en position de force – on parle naturellement ici d’économie seulement, de ce qui détermine en dernière instance, comme dit l’autre ? Celui qui possède du vent, ou celui qui fait semblant de vouloir du vent ? Imaginons que tout à coup Sarkozy accomplisse ce geste qui lui est demandé – et par qui vraiment lui est-il demandé en fait ? Deviendrions-nous des amis ? Peu probable. Il n’y a pas d’amitié dans les relations internationales, il n’y a que des intérêts bien compris. Après la repentance, la réparation par exemple. Et après la réparation, les modalités de la réparation.

Ainsi de suite. Le piège est là, mais il n’est rien à côté de la situation où risque de se retrouver l’Algérie s’il advenait qu’elle renonce à son exigence de repentance. Autant dire qu’elle renoncerait à sa mémoire, cette mémoire qui fait que quand on n’est pas assez malin dans ce monde infesté de requins, quand on ne sait pas signer ou faire appliquer un bon contrat (voir l’épisode de la Société des eaux par exemple), il vaut mieux avoir un quant à soi comme issue de secours. Le cave se rebiffe, disait le titre d’un polar.

A. K.

La vérité rattrape toujours le mensonge

Il en aura fallu du temps pour entendre enfin une voix officielle reconnaître l’existence d’un problème qui perdure depuis l’Indépendance et qui est dû essentiellement au manque de rigueur. Pendant toutes les décennies où les ménages algériens ont souffert le martyre à cause de la pénurie d’eau, toutes les causes (sécheresse, fuites des canalisations, pannes de stations de pompage, travaux de raccordement, etc.) ont été avancées par les responsables. Chaque fois que la presse ajoutait parmi les causes, l’envasement des quelques barrages qui existaient à l’époque, les responsables s’empressaient de démentir.

Il aura donc fallu plus d’un demi-siècle pour se défaire de la politique de l’autruche. Le mérite revient au ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal qui, dans un entretien accordé hier au Quotidien d’Oran, a formellement reconnu que «le problème (de l’envasement) demeure (c’est-à-dire qu’il a toujours existé)...la seule solution contre le problème d’envasement des barrages est d’arriver...à reboiser l’ensemble des bassins versants des barrages».

Oui, il a du mérite notre ministre d’avoir dit la vérité car quand, en temps de bonne pluviométrie, les responsables de l’époque n’hésitaient pas à pérorer que les barrages sont pleins à 70% (par exemple), en réalité ces barrages ne contenaient au mieux que 20% d’eau, le reste étant de la vase. Et ainsi, de décennie en décennie, les ministres qui se sont succédé depuis l’Indépendance ont tous voulu nous mener en bateau pour masquer leur impossibilité à régler un problème aussi simple que celui de planter des arbres.

Même très simple, car il suffit d’intégrer le reboisement des bassins versants dès le démarrage des travaux de réalisation du barrage. Ce qui est loin d’être sorcier. Sauf que les barrages font partie des prérogatives d’un ministre et le reboisement relève d’un autre ministre. Tout est dit, nul besoin d’en rajouter. Pour en finir avec ce problème et si les moyens publics ne suffisent pas pour tout reboiser en temps voulu, pourquoi ne pas faire appel au volontariat? Des scouts, des pompiers, de la population...Les moyens existent. Il faut seulement aller les chercher là où ils se trouvent.

Avoir laissé le problème perdurer si longtemps uniquement pour laisser «la poussière sous le tapis» rend les prédécesseurs de M.Sellal coupables devant l’Histoire. Le retard accumulé rend aujourd’hui la facture du désenvasement faramineuse. Il est vrai que la bataille de l’eau a été gagnée par la multiplication des barrages et autres retenues collinaires depuis une décennie, il n’en demeure pas moins vrai que l’envasement a accentué la pénurie qui a prévalu durant les décennies précédentes. Maintenant que l’eau coule dans nos robinets, disons comme M.Sellal dans sa conclusion: «Il vaut mieux en rire qu’en pleurer.»

Zouhir MEBARKI

Raison

L’ambassadeur de France a fait un voyage chez lui, à Marseille, pour expliquer aux autorités locales le bien-fondé de la décision algérienne.

La loi de finances complémentaire 2009, qui a pris de court aussi bien les importateurs nationaux, les concessionnaires entre autres, que les étrangers qui commercent avec l’Algérie, semble, par miracle, convenir à tout le monde. En fait, pour le capital étranger, la raison a prévalu sur les gros sabots et les menaces à peine étouffées de leurs représentations diplomatiques accréditées chez nous.

Les intérêts sont si importants que les quelques articles restrictifs endossés par la LFC 2009 ne sont qu’une goutte d’eau dans le business général qui se chiffre en millions de dollars.
C’est dire que le bras de fer qui finalement n’en est pas un, a profité aux initiateurs de cette loi, à savoir le Premier ministre pour qui le patriotisme économique doit se situer comme la superstructure du développement national. Si sa décision a été diversement accueillie, il n’en demeure pas moins que les investisseurs réels et potentiels sont revenus à de meilleures appréciations. L’Italie et hier avec la délégation d’hommes d’affaires catalans acceptent la décision souveraine des autorités algériennes puisque eux-mêmes sont passés par ce gué.

Les Britanniques annoncent l’arrivée de leur ministre de la Défense pour un contrat d’achat d’équipement militaire, les Italiens aussi. L’ambassadeur de France a fait un voyage chez lui, à Marseille, pour expliquer aux autorités locales le bien-fondé de la décision algérienne.
C’est dire que les affaires de pays à pays doivent avoir une autre surface que celle des conteneurs et du marché à la limite de l’informel.

Les partenaires étrangers ont compris le message que si notre pays reste ouvert à l’autre, il faut que la récolte soit à la mesure de l’attente.

Il reste néanmoins à réguler le marché de l’essentiel, celui du médicament et des produits de base dont nous sommes otages, à défaut de les produire localement par le capital national.

Par : Outoudert Abrous

Le roman de Mehdi El-Djezaïri a été interdit

Le bon paierait pour les mauvais ?

Mme Louisa Hanoune du Parti des travailleurs dénonçait avant-hier le «lynchage médiatique» opéré sur l’ex-secrétaire général du ministère des Travaux publics. Accusé d’avoir touché des pots-de-vin dans le marché de l’autoroute est-ouest, M. Mohamed Bouchama est un cadre blanc comme neige. Son intégrité ne souffre aucun doute et il ne serait en réalité qu’un bouc émissaire, soutient Mme Hanoune, la seule personnalité politique algérienne qui a eu le mérite d’exprimer tout haut une pensée largement partagée dans… le silence. Mme Hanoune cite les innombrables témoignages favorables à M. Bouchama et va plus loin.

Ce sont les personnes qui sont derrière la violation du dossier de l’instruction qui ont intérêt à ce que la vérité n’éclate pas. Ce sont donc eux qui sont à mettre derrière les barreaux, disait-elle en substance. Et de rappeler les exemples dramatiques de deux cadres, dont une femme, morts en prison avant que la justice ne les absolve et prononce leur acquittement. Ce que n’a cependant pas relevé Mme Hanoune, du moins dans son intervention, c’est qu’un autre secrétaire général d’un ministère confié au MSP se trouve avoir maille à partir avec la justice, bien que jusque-là son intégrité morale n’ait jamais été chicanée ni chez nous ni ailleurs.

M. Fateh Boudamous, secrétaire général du ministère de la Pêche, lui, n’est heureusement pas en prison, le verdict du «procès du thon» l’impliquant étant reporté pour complément d’informations sur une période qui remonte à 2006. A M. Boudamous on ne reproche aucune malfaisance. Ceux qui le connaissent disent que son tort c’est d’avoir agi plus en tant qu’Algérien qu’en tant que cadre administratif, en plaçant les intérêts économiques nationaux avant les siens propres, quitte à piétiner les règlements.

Une démarche qui ne peut qu’être en harmonie avec la philosophie politico-économique de Mme Hanoune. D’autant que la nouvelle politique tracée par la RADP au secteur de la pêche rejoint fidèlement en fin de compte l’objectif initial de M. Boudamous. Une politique dont la finalité avouée est de réserver l’exploitation des ressources halieutiques nationales… aux Algériens. Serait-il juste d’être désigné par M. Yazid Zerhouni comme un repris de justice pour avoir agi précocement et… sainement ?

Par Mohamed Zaâf