mercredi 28 octobre 2009

Entretien avec Aomar Chibi de Akfadou-Production : “Cette Kabylie restera éternelle, et moi-je resterai fier d’être kabyle”

“C’est l’une des institutions qui contribue le mieux à rendre visible notre peuple et qui sait tellement nous rendre fiers”, c’est en ces termes que le producteur, Aomar Chibi, de Akfradou-Prodcution a évoqué la JS Kabylie. C’est une manière de dire que ce club n’est pas uniquement cette équipe de football, mais toute une symbolique pour la Kabylie. Sur un autre plan, Aomar nous explique le métier de producteur qui, selon lui, est une passion. Akfadou-Production, l’une des boîtes kabyles les plus connues sur la place parisienne et organisatrice de plusieurs galas, exclusivement kabyles, comme les différents Zénith. Ces galas ont permis à la chanson kabyle de s’exprimer dans l’Hexagone.

La Dépêche de Kabylie : Vous avez choisi la production musicale. Pourquoi ce choix ?

J’ai choisi ce métier à la fois par passion et par conviction. En fait, mes contactes avec l’art musical se sont faits à travers la guitare, la composition les mélodies et par l’écriture de textes. La production n’est qu’une extension de ma passion première que je poursuis aujourd’hui d’ailleurs. De plus, la production qui a un lien avec la création, me permet la réalisation de mes projets artistiques et donc culturels, et c’est en cela que je rejoins ma conviction première, la promotion de la culture amazighe. En ce qui me concerne, la musique kabyle doit se maintenir aujourd’hui dans un monde où l’on ne cesse d’affaiblir les identités régionales et culturelles. Ce sont ces deux aspects qui m’ont conduit à faire ce que je fais aujourd’hui, et je m’en réjouis.

Rares sont les producteurs qui sont, réellement artistes. D’ailleurs, plusieurs artistes se plaignent de cela. Selon vous, où réside le problème ?

Par définition, l’artiste est attaché à son art sinon, il n’en serait pas réellement un. C’est pourquoi, il faut comprendre que le chanteur souhaite travailler avec une personne qui a la même vision concernant son métier. Mais il faut savoir aussi que la production est une profession à part entière, qui a une existence indépendamment de l’art. Cela se caractérise notamment par l’activité de gestion d’un projet qui doit se concrétiser. Autrement dit, il est préférable qu’un producteur ait une âme d’artiste, ne serait-ce qu’afin qu’il s’épanouisse dans son travail. Comme c’est mon cas d’ailleurs, mais il faut prendre en compte le fait indéniable que tout un plan de la production est indépendant du domaine artistique, même si la réalisation de cet art est en toutes circonstances, le but ultime de cette activité.

Vous êtes l’organisateur de plusieurs galas, notamment en France, est-il facile de réunir autant d’artistes pour un gala dans l’Hexagone ?

Vous savez, rien n’est facile, l’organisation d’un grand Zénith comme celui du 31 octobre prochain, où on a fait venir spécialement une dizaine d’artistes d’Algérie, exige beaucoup de travail, car il faut avoir des autorisations officielles de travail en France, faire les visas, réserver les billets d’avion ainsi que les chambres d’hôtel. Aussi, placer les répétitions, les émissions de radio et de télévision etc... Tout cela est un travail supplémentaire comparé aux artistes résidant en France. Mais comme je vous l’ai souligné auparavant, on aime notre métier donc même si ce n’est pas facile, c’est paradoxalement très agréable.

Vos galas portent tous une marque, disant de proximité avec la Kabylie, “Eternelle Kabylie” par exemple. Pourquoi ?

N’en déplaise à certains, la Kabylie a été de tout temps le cœur de l’Algérie et elle le restera éternellement. La Kabylie de Cheikh Ahedad El Mokrani, de Fadma N’Sumer, de Krim Belkacem, de Amirouche. La Kabylie de Mouloud Mammeri, de Tahar Djaout, de Mohand u Yahia de Haroun Mohamed de Bessaoud, Mohand Arab…, La Kabylie de Slimane Azem, de Matoub Lounès, de Taoues Amrouche… La Kabylie de Chérif Khedam, de Takfarinas, de Ferhat Imazighen Imula, de Idir, de Zidane et de tant d’autres…

Cette Kabylie restera éternelle, et moi je resterais fier d’être kabyle.

Dans une discussion en aparté, vous avez évoqué la JSK, peut-on connaître les raisons ?

C’est l’une des institutions qui contribue le mieux à rendre visible notre peuple et qui sait tellement nous rendre fiers. C’est pourquoi, je dirai que la JSK n’est pas un club comme les autres.

Le président de ce club vient de signer un contrat de sponsoring avec un journal connu pour ses positions antikabyles, qu’est-ce que cela vous inspire ?

Il me semble qu’il existe d’autres moyens de financer ce club que de s’associer à des personnes qui ne partagent pas notre cause et s’avèrent même être néfastes pour le peuple kabyle. En outre, je dirai à M. Hanachi qu’un président de club, symbole de toute une région doit avoir beaucoup plus d’humilité, sinon à force de composer avec les infréquentables, il risque d’être contaminé.

Eternelle Kabylie aura lieu le 31 octobre au Zénith de Paris, un mot à ce propos ?

Je dirai simplement rendez-vous le 31 octobre prochain au Zénith de Paris, pour la grande fête kabyle. Merci à vous, à votre journal, tanemmirt !

Propos recueillis par Mohamed Mouloudj

Soliloque pour Nedjma

Il y a vingt ans nous quittait Yacine Kateb. On a peut-être tout dit de l'homme et de son œuvre, mais on a rarement fait attention à la chance qu'il avait. D'être né avec un poème à la bouche, il a ébloui, intrigué et agacé par la beauté et la profondeur tragiques de Soliloques. 

Ecrit dans la foulée d'une déchirure nationale, ruminé dans les rêves d'un enfant qui n'avait après tout aucune raison d'être différent de ceux de sa génération et de sa condition, «le» poème, fondateur d'une œuvre inégale, a surtout esquissé le parcours de l'homme.

Le 8 mai 1945 a été à la fois sa douleur intraitable et le sein nourricier de son œuvre. Yacine avait de la chance. D'être allé très tôt chercher dans la profondeur, pourtant très peu visible de son environnement de l'époque, les raisons de se donner une raison.

Peut-être bien qu'il n'est pas né avec cette raison, comme le poème d'ailleurs, mais ça se voyait à l'apaisement de ses quêtes que ces dernières pouvaient être à portée de main. Oui, Yacine était un homme apaisé, c'était la vie qui était agitée autour de lui pendant que l'histoire s'écrivait sur ses pas à coups de sang versé et de frustrations accumulées.

Quand vient Nedjma, qui couvait dans ses entrailles depuis la nuit des temps, il savait déjà la trajectoire de sa parole et le sens de sa vie d'homme. Par-delà ses déchirures intimes, c'est sans doute pour cela qu'il a situé cet écrit en dehors d'un débat qui ne sera jamais le sien.

Nedjma avait l'esthétique de toutes ses brisures, rendait les couleurs de ses espérances et quelque part suggérait un pan de sa folie. Roman de rupture structurelle ? Voyons.

Yacine ne s'est pas posé la question quand il l'a écrit, il ne va quand même pas devoir s'en expliquer a posteriori ? Il n'avait d'ailleurs jamais éprouvé le besoin de s'expliquer pour quoi que ce soit. Non pas par manque d'humilité, chez lui une première nature, et encore moins par manque d'arguments qui ne manquent ni dans son registre artistique ni dans les repères philosophiques de son idéal.

Et si ce débat ne le concernait pas, Yacine s'est toujours mêlé de ce qui le regarde : la liberté, la justice et la dignité humaine. Yacine avait de la chance.

D'avoir entamé un parcours d'homme et d'artiste sur une déchirure annonciatrice d'un brasier salvateur et tiré sa révérence à l'orée d'un novembre pas comme les autres. Il y a vingt ans, Yacine nous disait au revoir dans l'apaisement de son volcan, son pays, son soliloque pour Nedjma.

Slimane Laouari

Inquiets, nous ? Jamais !



Par Hakim Laâlam  
Email : laalamh@yahoo.fr

Alimentation. A quoi est allergique Bouguerra Soltani ?

Au p’tit Suisse !

Ça y est ! On est en plein dedans ! Hier déjà, dans vos journaux, vous pouviez lire «le métro d’Alger ne sera pas livré dans les délais». L’information est censée nous alarmer, nous faire réagir. Pourtant, je tiens tout de suite à rassurer ceux qui penseraient un seul instant que ce genre de nouvelles va déclencher la foudre des Algériennes et des Algériens, provoquer l’émeute ou un cataclysme social. RIEN DU TOUT ! Que toutes les autorités concernées de près, de loin, d’en haut ou d’en bas se rassurent. Ce peuple sait depuis longtemps, depuis le lancement du projet métro que celui-ci ne sera jamais livré dans les temps. Cools les amis ! On ne mettra pas le feu à la cité parce qu’une chimère se fait désirer, tarde à venir et nous fait languir. Il vient. Il vient pas. Il viendra avec un peu de retard. Il viendra avec beaucoup de retard. On s’en tape un peu le coquillard et même, dans la foulée, le tortillard ! Parce que nous savons ! Nous savons depuis tous jeunes. Nous savons un truc essentiel que nous ont appris nos parents avisés : se méfier des dates de fin de chantiers avancées par nos dirigeants éclairés à la lampe à pétrole. Lorsqu’un ministre, un premier ministre ou un président vient se planter devant nous pour nous jurer que le métro, l’autoroute, l’usine de montage de voitures algériennes ou tout autre projet va être achevé tel jour de telle année à telle heure, nous, polis à souhait, un brin polissons, mais tout de même sages et bienveillants, nous acquiesçons, nous applaudissons même à cette annonce, nous nous dirigeons ensuite vers nos cafés et places publiques pour nous y taper les cuisses et rire franchement du bon gag, du canular. D’ailleurs, à ce propos, justement, j’ai un ami retraité qui tient un journal fort amusant. Il y consigne de manière méticuleuse toutes les dates officiellement annoncées de fin de chantiers pour le métro, pour l’autoroute Est-Ouest et pour le véhicule Fatia. Ainsi, et à titre indicatif, pour le métro, il y a eu 11 dates avancées depuis 1985. 11 dates jamais respectées. Vous comprendrez alors, Messieurs, que nous ne nous émouvions plus trop d’une rame qui ne pourra pas être à quai au moment dit. Je crois même que si elle avait été à l’heure, là nous nous serions sérieusement inquiétés. Peut-être même aurions-nous carrément paniqué. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L.

Egypte-Algérie Orange TV double Canal+

«Avant de pouvoir gagner un match, il faut commencer par ne pas le perdre.»
Chuck Noll

Alors que la guerre fait rage entre ART et Al Jazeera Sport sur l’acquisition des droits de retransmission du match Egypte-Algérie, voilà que la concurrence s’est déplacée en Europe et plus précisément dans l’Hexagone. En effet Orange Sport, chaîne concurrente de Canal +, vient d’acquérir les droits du match que tout le monde attend sur le continent africain et surtout en France, l’affiche de la dernière journée des éliminatoires de la Coupe du monde 2010: Egypte-Algérie.

Orange vient ainsi doubler Canal+ sur le marché des matchs de l’EN surtout après son excellent reportage sur l’Equipe nationale. Canal+ Maghreb a raté une occasion inespérée de gagner encore des abonnés en Algérie. Voyant qu’il y a un engouement particulier de la communauté algérienne en France ajouter à cela la communauté égyptienne, Orange a décidé de mettre le paquet en achetant les droits du match.

On ignore le montant de la transaction entre le groupe français Orange affilié à France Télécom et le groupe saoudien ART. Ce qu’il faut savoir, en revanche, est qu’Orange TV, est une offre de France Télécom, commercialisée sous la marque Orange (initialement sous le nom commercial Ma Ligne TV) qui délivre des programmes de télévision par le réseau téléphonique d’Internet haut débit (xDSL).

Depuis le 3 juillet 2008, cette offre est également proposée via le satellite, à condition de disposer d’un abonnement DSL. Le bouquet TV d’Orange comprend une partie des chaînes françaises de la TNT ainsi que plusieurs dizaines de chaînes internationales. Certaines chaînes à péage peuvent être rajoutées en option, en souscrivant à un bouquet payant spécifique, classé par thématique (sport, jeunesse, musique...).

La formule exploitant les satellites Hot Bird Eutelsat ou Astra1, permet de bénéficier de plusieurs centaines d’autres chaînes en clair diffusées par l’un ou l’autre de ces opérateurs satellitaires. Orange va ainsi diffuser le match Egypte-Algérie sur une de ses télévisions, puisque Orange possède déjà sept chaînes de sport: Sport orange Event.

Profitant ainsi des clients non abonnés sur le bouquet ART en France. Il faut savoir que le match Egypte-Algérie du 14 novembre ne sera diffusé que sur la terrestre et que par conséquent, il ne sera pas possible de le voir sur les chaînes satellitaires algériennes Canal Algérie et A3, très regardées par la communauté algérienne en Europe.

Le bouquet de France Télécom, Orange, ne compte pas s’arrêter là, puisqu’il va lancer, à partir du 8 novembre, à la suite de diffusion de la finale retour de la Ligue des Champions africaine, un magazine consacré à la CAN 2010 où Pape Diouf, l’ancien président de l’OM, interviewera chaque semaine des personnalités du football africain (joueurs ou dirigeants).

Amira SOLTANE

Sarko, dernier roi de France ?

Ce n'est plus qu'une histoire de Rolex qui fait bling-bling. Le faste chez les Sarkozy s'avère être une affaire de famille. De Nicolas à Jean, la cour des rois et la cour des grands ne font plus qu'une. 

Après que le père ait choisi le palais de Versailles pour réunir députés et sénateurs, le fils a visé la présidence de l'établissement de gestion du plus grand quartier d'affaires d'Europe, la Défense et ses monumentales tours en verre. Toutefois, il y sera nommé administrateur.

Ouf, l'honneur des Sarkozy est sauvé ! Juste le temps pour le Président de s'intéresser aux bonnes feuilles consacrées au dernier roman de Fréderic Beigbeder, un roman français, et au plus jeune membre du conseil d'administration de l'Epad d'aller voir Neuilly ta mère ! au cinéma.

Parce que la tempête de critiques qui s'est abattue sur les Sarkozy n'est pas finie. A vrai dire, elle vient juste de commencer. Accusée de liens suspects avec l'opposition de gauche, une certaine presse s'en donnera à cœur joie à «casser» du Sarkozy et à passer le karcher partout où le président mettra ses pieds. De quoi faire tanguer encore longtemps le yacht de son ami milliardaire Vincent Bolloré.

Assez bon duelliste face à Dominique de Villepin, qui se veut l'unique alternative après s'en être sorti une première fois du «piège» du CPE de Jacques Chirac – le verdict dans l'affaire Clearstream est attendu le 28 janvier 2010 – le président Sarkozy maîtrisera-t-il l'art de l'esquive jusqu'au bout du combat ? Pénible exercice, les derniers «coups» d'épée portés contre sa personne ne sont pas bas mais légitimes et légaux.

D'abord, Charles Pasqua qui le met dans l'embarras en lui demandant de lever le secret-défense dans l'affaire de l'Angolagate. Un an de prison ferme contre le Corse, dont le nom a été également cité dans le scandale de violation de l'embargo irakien, vaut à traîner tous ceux qui se savaient dans la boue. Puis, le brûlant rapport que la Cour des comptes française vient de faire sortir du four.

Décidément, la France a eu la folie des grandeurs quand elle a présidé au destin semestriel de l'Europe. 175 millions d'euros de dépenses fait d'elle le plus mauvais élève du vieux continent.

De l'argent qui est parti en fumée ? Plutôt sous la douche présidentielle comme il est écrit sur les pages du rapport de la Cour des comptes.

La France d'en bas, d'en haut et d'ailleurs a eu le tournis en apprenant que le sommet de l'Union méditerranéenne, ce fantasme écologique que Nicolas Sarkozy a voulu exporter à partir du grand palais, a coûté la modique somme de 16 millions d'euros.

Et ce n'est pas fini, le détail de la facture est encore plus ahurissant. Le montant du repas de chacun des 43 chefs d'Etat présents a été de l'ordre de 5000 euros, à se demander à combien a été facturé le petit-déjeuner ? Quant à la construction du bureau et de la douche personnelle du président de la République, qui n'ont jamais servi, il faut compter plus de 245 000 euros ! Non, la France en crise et du temps des vaches ne rêve pas.

Elle semble juste en train de payer les frais de son choix… présidentiel. Car, de son vivant, même le roi Louis XIV n'aurait pas fait mieux, à jeter autant d'argent par les fenêtres. Seule dissemblance, sous le règne de Nicolas Sarkozy, les mauvais coups se rattrapent à temps voulu, au bonheur de tous les agriculteurs de France.

Par Anis Djaad

LOI DE FINANCES 2010

Le Conseil des ministres a approuvé lundi 19 octobre le projet de loi de finances 2010. Une loi de finances qui s’inscrit dans la continuité des politiques économiques mises en œuvre depuis le début de la décennie. Politique budgétaire expansionniste à fortes doses de dépenses publiques, programme d’investissements publics d’une enveloppe de 45 milliards de dollars, poursuite de la politique de rattrapage salarial : 230 milliards de dinars pour la hausse du SNMG et la mise en œuvre du nouveau système indemnitaire des fonctionnaires. Mais ce qu’il faut surtout retenir de cette loi de finances, c’est le retour de l’Etat-providence redistributeur et à forte action sociale.

Jugeons-en.
La politique sociale de l’Etat va coûter pour 2010, 1 000 milliards de dinars, soit quelque 12 milliards de dollars, et l’action sociale de l’Etat dans le cadre du budget d’équipement (amélioration des conditions de vie de la population), 1 000 milliards de dinars comme l’indiquent les deux tableaux qui suivent
Politique sociale de l’Etat (Milliards de dinars)

Subventions aux établissements
hospitaliers
473
Fonds de réserves
de retraites
37
Pensions de retraites190
Soutien des prix des céréales, lait,
eau, transports de marchandises.
260
Enfants scolarisés
de familles démunies
29
Lutte contre le chômage100

Action sociale de l’Etat (amélioration des conditions de vie de la population

Infrastructures de santé55
Habitat et urbanisme496
Alimentation en eau
et assainissement
160
Alimentation en gaz
et électricité
64
Amélioration
transports urbains
51
Encouragement
de l’emploi de jeunes
250

Ainsi sur un total de dépenses publiques de 5 860 milliards de dinars, la politique et l’action sociales de l’Etat bénéficient de 2 250 milliards de dinars. Lorsqu’on se rappelle cette phrase du président Bouteflika lancée en 1999 : «L’Etat-providence, c’est fini !», on mesure l’ampleur de la défaite des libéraux du gouvernement qui lançaient aussi à qui voulait les entendre : «L’Etat doit ôter ses mains de l’économie» ou bien encore, «les ménages algériens doivent mettre la main à la poche» pour dire leur rejet des subventions consenties par l’Etat. Ainsi, et pour revenir à la loi de finances 2010, on peut faire quatre observations :
1) Cette LF n’est adossée à aucun projet économique clair sinon cette politique conjoncturelle keynesienne de relance par la demande qui commence à montrer ses limites.
2) En guise de politique de l’emploi, cette LF poursuit dans la politique de gestion du chômage financée par la dépense publique (rendue possible grâce à la fiscalité pétrolière).
3) Nous sommes bien en présence d’un Etat redistributeur mais redistributeur d’une rente et non pas d’une valeur ajoutée créée par le travail, par l’investissement, par la productivité et la compétitivité de nos entreprises.
4) Nous avons pu connaître avec cette LF, les choix économiques et financiers de l’année 2010 avant de pouvoir connaître le contenu du plan 2010 / 2014 dans lequel est censée s’inscrire cette LF et qui semble-t-il est encore en préparation !?
Les silences de la LF 2010
1) On aurait aimé trouver dans cette loi de finances des mesures concrètes et précises de soutien à l’entreprise, un chiffrage des programmes de mise à niveau, une enveloppe financière plus consistante pour l’appui à la compétitivité industrielle (6 milliards de dinars inscrits seulement), un encouragement de l’investissement productif par des exonérations fiscales, un soutien au foncier industriel, des efforts financiers pour l’amélioration du doing business...
2) La loi de finances 2010 est silencieuse également sur le chapitre de l’aide que l’Etat doit apporter aux établissements privés d’éducation-formation lorsqu’ils sont d’excellence (à l’instar de ce qui se passe par exemple en Tunisie où l’Etat apporte son aide aux établissements privés d’enseignement supérieur contre le respect d’un cahier des charges).
3) La loi de finances 2010 ne retient aucune mesure de soutien et d’accompagnement des exportateurs hors hydrocarbures réels et potentiels.

Par Abdelmadjid Bouzidi

Le grand silence

Yazid Zerhouni, le ministre de l’Intérieur, s’est invité durant deux bonnes heures à la télé pour parler, avec force détails techniques, des projets de carte d’identité et de passeport biométriques. Un quart d’heure aurait suffi à présenter ces nouveautés, le reste du temps aurait pu être consacré à l’actualité brûlante : les émeutes violentes de Diar Echems qui remettent à l’ordre du jour la question de la précarité de l’habitat ; la tuerie de sept patriotes par les terroristes qui bat en brèche le discours sur « l’amélioration sécuritaire » et son pendant, la « réconciliation nationale » ; les victimes de plus en plus nombreuses de la grippe A dans un climat d’ignorance nationale du fléau ; les incessants scandales de corruption impliquant de grands commis de l’Etat traînés devant une justice souvent encline à ne condamner que des lampistes. Ne serait-ce sur ces quelques dossiers, il y avait matière à disserter.

M. Zerhouni aurait aussi pu dire un mot sur la saisie par la police des exemplaires du livre de Mehdi El Djezaïri, Poutakhine, à la veille du 14e SILA dont la devise est « Le roi livre ». L’ouvrage n’a pourtant pas de contenu diffamatoire au sens classique du terme, c’est simplement un cri d’indignation contre les usurpateurs de tout poil et de tout acabit, d’hier et d’aujourd’hui, de l’âme algérienne.

Cette affaire, qui commence à faire grand bruit, pose une nouvelle fois la question de la liberté d’expression dans le pays. Le ministre de l’Intérieur avait le devoir de s’y prononcer clairement, bien qu’il ne faille pas trop se faire d’illusion sur ses réponses. En fait, ce qui inquiète les citoyens aujourd’hui, c’est moins la gravité des problèmes que subit le pays que le grand silence des autorités. Leur conviction de plus en plus profonde est que l’Etat n’a plus de gouvernail : les responsables sont soit démissionnaires à tous les niveaux, y compris en très haut lieu, soit dépassés ou occupés à faire des affaires.

Les Algériens ont le sentiment d’être livrés à eux-mêmes, de ne pas être écoutés et compris par un pouvoir qui ne pense à eux que lors des grands rendez-vous électoraux. Cette conviction est alimentée par le désordre, à la limite du chaos, qui règne dans les villes et les campagnes, l’incroyable essor de l’informel, la propagation sans limites ni honte de la corruption et l’extension de la violence et de la délinquance.

Le découragement et le repli sur soi gagnent toutes les couches de la population, alors que la paupérisation s’aggrave. Le SNMG actuel ne peut nourrir une famille de quatre personnes que durant une semaine, révèle une étude du syndicat autonome de la Fonction publique... Une voix autorisée qui explique et rassure, à la télé, d’un ministre de souveraineté ou du Premier ministère ou, mieux encore du chef de l’Etat, ne serait pas de trop dans le contexte actuel de crise, au bord d’un éclatement incontrôlable.

Par Ali Bahmane

Identité: solidarité

Dans la vie politique, il y a toujours deux temps bien distincts: celui de la campagne électorale et celui de l’exercice du pouvoir. Le premier temps se caractérise par les efforts des candidats à rassembler autour d’eux, sous leur bannière ou dans le sillage de leur panache blanc, le maximum de voix d’électeurs. C’est le temps des promesses où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Il n’y a pas de limite au rêve et à «l’espérance folle qui danse...» La deuxième période, c’est-à-dire celle de l’exercice du pouvoir, est consacrée au partage du gâteau pour les heureux élus du parti majoritaire.

Les autres se contenteront de regarder et d’affûter leurs arguments. Quand un parti déjà au pouvoir prépare de nouvelles élections, l’opération est plus délicate puisqu’il ne peut plus promettre ce qu’il n’a pas pu (ou voulu) donner à la majorité de ses électeurs. C’est pour cela que toute la communication sera axée sur des valeurs abstraites sinon virtuelles puisque le concret est déjà aux mains de ceux qui pratiquent le pouvoir ou dans les coffres de leurs commanditaires.

Il n’est pas étonnant que le parti de Sarkozy, par la bouche de son ex-ministre de l’Identité nationale, Brice Hortefeux, promu ministre de l’Intérieur, mobilise les esprits en vue d’inculquer la culture du patriotisme à leurs citoyens et en premier lieu, celle de l’identité nationale. Celle-ci, très complexe est très difficile à définir puisqu’elle n’est pas perçue de la même manière par tous les citoyens d’un pays.

Elle change selon l’origine, le niveau culturel et l’appartenance sociale. Elle n’est pas la même pour le patron d’entreprise qui la mesure à l’aune de ses profits et qui n’hésite pas à délocaliser ses ateliers dès que le plancher des bénéfices est atteint, jetant dans le désarroi du chômage et de la précarité, des centaines, sinon des milliers de «ses compatriotes» plongés dans l’angoisse d’un futur incertain.

C’est ainsi que la notion d’identité nationale est différemment perçue: l’histoire commune, la langue puis la religion dans certaines cas suffisent-ils à mobiliser autour d’un drapeau et d’un hymne national ceux dont les intérêts divergent quand ils ne s’opposent pas? Faut-il rappeler que ce sont ceux qui sont d’origine «étrangère» ou dont les biens sont à l’abri dans les paradis fiscaux qui s’empressent d’entonner des slogans patriotiques et de se mettre au garde-à-vous à la moindre occasion.

Tout le monde se souvient de l’exploitation faite de la lettre du jeune communiste Guy Mocquet fusillé par les nazis. Le revers de la médaille fut que les plus grands revenus bénéficièrent aussitôt du bouclier fiscal. C’est-à-dire à un abaissement des impôts. Ce qui a fait sans doute plaisir à beaucoup de personnalités qui s’apprêtaient à changer de nationalité (monégasque ou belge) pour pouvoir voir leur compte en banque gonfler.

Les plus avisés de ces artistes ou de ces chefs d’entreprise (on parle plus souvent des premiers que des seconds) avaient changé de résidence depuis belle lurette et font souvent la navette entre Genève et Paris. Ce sont ceux qui ne font pas la différence entre identité nationale et solidarité nationale.

Selim M’SILI

L’étrange soutien international à une loi nationale

Nous en sommes déjà à la loi de finances pour 2010. Ficelée et emballée, elle attend le vote prochain des deux Chambres. Il est temps d’occuper les députés qui s’ennuient déjà et trouvent désobligeant que les ministres mettent deux ans à répondre à certaines de leurs questions orales, alors qu’eux votent, sur-le-champ, les textes qu’on leur soumet.

Mais malgré l’imminence de cette loi ‡qu’on dit du tout-social, la loi de finances complémentaire pour 2009, de son nom de code LFC 2009, prend des allures de cause nationale. C’est par rapport à elle que se sont définies les positions de forces sociales et politiques du pays.

Le pouvoir a ainsi provisoirement perdu le soutien du Forum des chefs d’entreprise qui, contrairement au reste des associations patronales, s’est élevé contre les mesures introduites par la loi en question. Et alors que le Forum revient à l’attitude prudente du soutien critique, le pouvoir a de nouveau gagné l’appui, déjà acquis, du PT. Une fois la polémique tassée, nos partenaires étrangers ont, à leur tour, compris que parler à l’Algérie
aujourd’hui, c’est lui dire qu’on est pour ou contre la LFC 2009.

Nos dirigeants aiment les soutiens à leurs initiatives controversées. Le téléphoniste Wataniya a, le premier, entrevu l’opportunité d’exploiter l’adhésion politique au programme national LFC 2009. Ce genre de parti pris devrait inquiéter plus que réjouir parce qu’il faut avoir l’intention d’investir ou l’espoir de faire des bénéfices pour ressentir le besoin de transférer des fonds. Mais l’opérateur qatari doit bien avoir ses raisons.

Mais les nouvelles du front continuent à être réconfortantes. La dernière nous vient des industriels catalans : après Nedjma, après l’ambassadeur de France qui est allé corriger, à partir de Marseille, les appréciations des opérateurs provençaux, et d’autres appuis que nous n’avons peut-être pas vu passer, c’est au tour de nos partenaires espagnols de proclamer leur adhésion à la LFC 2009.

Mais ce qui rend suspectes ces successives déclarations de sympathie, c’est qu’on ne se souvient pas d’un mouvement de soutien international pour une loi de finances qui, de surcroît, n’est que complémentaire. Ce soupçon ne peut que se consolider quand on lit au lendemain de la déclaration catalane que nos amis ibériques s’intéressent au port d’Oran. Ensuite, l’on se rappelle qu’en affaires, il n’y a rien pour rien. Au mieux, c’est gagnant-gagnant, comme disent les stratèges du business.

L’on se rappelle alors que ce n’est ni nos entreprises ni nos importateurs qui sont à l’origine des plus grands transferts ! N’est-ce pas plutôt à travers les projets publics d’équipement que voyagent nos devises ? Barrages, métros, tramways, autoroutes et… mosquée. Autant de gouffres financiers que les retards se chargeront de creuser indéfiniment.

On peut alors comprendre que nos potentiels partenaires soutiennent notre budget. Mais pourquoi s’abstiendraient-ils en effet de soutenir une politique économique qui, de toute manière, se résume à un programme de dépenses publiques ?

Par : Mustapha Hammouche

L’état civil mis à l’abri des prédateurs

Une nouvelle ère s’annonce dans la relation des citoyens algériens avec l’administration. Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, M.Yazid Zerhouni, parle de «révolution» dans cette relation. Le mot n’est pas très fort. En 2015, dans cinq petites années, les Algériens n’auront plus à renouveler leur carte d’identité ni leur passeport. Ces deux documents leur seront délivrés une seule fois dans leur vie.

Finies donc la course des guichets, les interminables queues et l’humeur massacrante des préposés! Au-delà de ces deux documents qui vont être numérisés, c’est la deuxième étape de cette «révolution» qui retiendra aujourd’hui notre attention. Il s’agit du fichier national de l’état civil. Numérisé, lui aussi, sa constitution profitera précisément de l’établissement de la carte d’identité et du passeport biométriques.

Elle en découlera plus exactement. On comprend mieux maintenant pourquoi et après avoir été maintes fois annoncée par le passé, l’opération d’informatisation de l’état civil a été à chaque fois repoussée. Un report bien pensé puisqu’il s’agissait pour le gouvernement, une fois les exigences de l’OCI posées et qu’il fallait respecter, de profiter de la banque de données qu’allaient alimenter les fichiers du PBE (passeport biométrique et électronique) et de la Cnibe (carte d’identité numérisée).

Il suffira de faire basculer les informations contenues dans le nouvel extrait de naissance spécial appelé «N°12-S» qui sera signé par le président de l’APC lui-même et exigé pour le PBE et la Cnibe pour obtenir le fichier national de l’état civil. Le recours à des logiciels simplifiera toutes ces opérations. Voilà pour l’aspect technique et organisationnel de cette numérisation. Pour les avantages attendus de cette modernisation et sans être dans les secrets de l’administration, ils sont multiples.

Ils vont de la préservation des archives de l’état civil papier dont les registres se dégradent à chaque manipulation, jusqu’à la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale. Entre les deux mille autres avantages secondaires oserions-nous dire, bien que d’importance.
Ce n’est pas sans raison qu’au plus fort de leurs actions dans notre pays, les terroristes délestaient les citoyens qu’ils agressaient de leurs papiers d’identité.

Ce n’est pas sans raison non plus que des archives d’état civil aient été brûlées par ces mêmes terroristes dans certaines communes de l’intérieur du pays. Ces raisons étaient dictées par des besoins de falsification et d’usurpation d’identité mais aussi par la volonté de destruction d’un patrimoine national où la mémoire et la sécurité sont indissociables. Moins graves mais préjudiciables sont ce qu’on a appelé plus haut les avantages secondaires. Citons au moins deux exemples.

Celui des registres du commerce qui ont pu être établis au nom de personnes décédées par des affairistes véreux. Ou encore celui des faux certificats de décès pour faire cesser une action pénale en cours devant la justice. Cette opération de numérisation peut se résumer en deux mots: c’est tout à la fois une oeuvre d’assainissement et de sécurisation à grande échelle. Notre pays s’installe durablement dans le développement.

Zouhir MEBARKI

Le nerf de la guerre

Sans vouloir baliser le débat avant même que le texte de loi sur le nouveau code communal soit débattu par les députés, Zerhouni a mis le doigt sur un aspect très important, à savoir le socle financier de l’APC. Le ministre de l’Intérieur a précisé son approche en ces termes : «il ne sert à rien de confier à une commune trop d’attributions si elle ne dispose pas de ressources ou n’est pas capable d’en mobiliser», juste après avoir déclaré que «la “véritable” réforme de la commune et du code communal est la réforme des finances et de la fiscalité locales».

L’Etat s’évertue, comme il l’a déjà fait, à effacer les dettes des communes pour ne pas laisser les élus empêtrés dans le bouclage des fins de budgets annuels, mais cela ne devrait pas signifier pour autant le recours systématique à ce soutien, sous le sceau de l’assistanat public. Il y a certes des APC totalement dépourvues de moyens financiers, mais pour la plupart, les ressources sont là, à portée de recherche et suivi.

Il suffit de savoir, d’abord vouloir, les mobiliser. Pour certaines APC, les ressources patrimoniales sont immenses, mais laissées en jachère, ainsi que les possibilités de récolter et de fructifier la fiscalité locale. Des partis réclament à cor et à cri, à juste titre d’ailleurs, une clarification, voire un renforcement de leurs prérogatives.

Mais à quoi serviraient des prérogatives très larges en l’absence de finances, surtout lorsqu’elles sont là, à côté, mais toujours inexploitées et parfois inexplorées? Sans aller jusqu’à considérer la commune comme une entreprise, dont le but lucratif constitue le seul carburant, le moment est venu pour que les élus locaux se penchent sérieusement sur les moyens de faire rentrer de l’argent dans les caisses de leur commune.

C’est aux élus de trouver, autant que faire se peut, le nerf de la guerre pour assurer le développement local. C’est là un vecteur très important et incontournable à traiter pour la réforme envisagée. Cette réforme est bien entendu d’essence politique. Sur fond de nature éminemment économique.

N.S.

Juste un effet d’annonce

Le concept d’union n’est pas à sa place quand cela concerne le Maghreb, le Monde arabe, l’Afrique et même – et surtout – la Méditerranée. Il s’agirait beaucoup plus de l’expression d’aspirations à dépasser les limites des frontières pour paraître en conformité avec les intégrations véhiculées dans le contexte de la mondialisation que d‘engagements à en faire des entités régionales cohérentes.

Dans ce contexte international où la tendance est à l’émergence de régions comme pôles de puissance, les ensembles régionaux qui peuvent ou doivent concerner l’Algérie comme choix d’arrimage à la fois politique, sécuritaire et économique ne sont pas encore disponibles pour se structurer dans cet objectif.

Des efforts sont fournis, quand même, dans le seul espace africain mais les assainissements à opérer pour y parvenir relèvent des travaux d’Hercule, dans une situation où l’accès au pouvoir n’est pas basé sur la citoyenneté, mais sur les appartenances ethniques ou communautaires.

En première lecture, il apparaît que les réunions à l’intérieur de ces espaces géographiques promettent d’y aboutir et que les représentants au sommet des Etats membres sont engagés à en faire une feuille de route en se soumettant volontairement à une obligation de résultat.
Au moment où se tiennent de telles réunions «régionales», les dirigeants des Etats concernés cèdent à chaque fois au péché de produire des déclarations à forts effets d’annonce, l’important semblant être celui de susciter des adhésions populaires. Bien au contraire, au fur et à mesure que se tiennent de telles réunions, les populations constatent qu’il n’y a pas d’avancées réelles.

28-10-2009

Sabotage ?

Ne voudrait-on pas par hasard faire échec à l’action de Christopher Ross, le représentant personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental ?

L’ambassadeur de la RASD à Alger, M. Ibrahim Ghali, a clairement averti lors d’une conférence de presse avant-hier que l’escalade marocaine au Sahara occidental, témoin d’une violation continue des droits humains, pouvait être fatale aux négociations maroco-sahraoui. La réaction du diplomate est des plus logiques face au narcissisme de Rabat.

Mais ne serait-ce pas là l’objectif final du trône ? Ne voudrait-on pas par hasard faire échec à l’action de Christopher Ross, le représentant personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental ? Sinon pourquoi l’arrestation de Tamek et de ses six compagnons et surtout la mobilisation et le tapage fait autour de l’affaire. Tamek a-t-il innové, lui dont les positions nationalistes sont connues autant que les prisons marocaines le connaissent ?

La presse marocaine n’a-t-elle pas repris maintes fois ses déclarations militantes ? En est-il à sa première rencontre avec des compatriotes des territoires libérés ? Le Maroc décide l’escalade au moment où Christopher Ross s’adonne à un travail de fourmis pour mettre toutes les chances du côté du 5e round des pourparlers entre le royaume et le Polisario.

Il avance donc avec la prudence de quelqu’un qui évolue sur de la nitroglycérine dans ce dossier virussé dès le départ par une mauvaise décolonisation. Accepterait-il de bonne grâce qu’on le fasse tourner en rond comme ce fut le cas avec ses prédécesseurs, dont le gaffeur Peter Van Walsum ?

Le Maroc, qui s’était presque fait tirer les oreilles pour avaliser sa nomination, sait parfaitement à qui il a affaire. Aussi pense-t-il qu’il a plus de chance d’entraîner le Polisario que Christopher dans l’erreur. D’où cette escalade injustifiée, irrationnelle ! Maintenant que Bush a pris une godasse et est rentré chez lui, le makhzen ne doit plus trop miser sur l’interprétation complaisante des textes onusiens.

Car toutes les résolutions mènent à l’autodétermination, de même que «tous les chemins mènent à Rome». «Kima tkhaytou, yjik saroual (couds-le comme tu veux, il t’en sortira un pantalon)», dit, pour sa part, un mot bien de chez nous. Le trône peut danser sur le rythme de la valse, du paso doble ou du a’laoui, le résultat sera le même. Le moment arrivera où il se retirera de la piste.

Par Mohamed Zaâf

Dépenses à hauteur de minaret

La Grande mosquée d’Alger ne risque-t-elle pas, par conséquent, de connaître le même sort que le métro d’Alger, lui aussi lancé dans un moment d’euphorie avant de se voir rattrapé par la chute du prix du baril et contraint à trente ans de retard ?

Adeptes du gigantisme, amateurs de grandiloquence, partisans du prestige à tout prix, vous serez servis : Alger aura sa Grande mosquée. Ceux qui croyaient que le projet était abandonné suite à un sursaut de pragmatisme, ou par la grâce de considérations économiques terre à terre induites par une crise financière qui invite plutôt à la prudence, en auront eu pour leur “excès de bons sens”.

Passons sur l’intérêt architectural, cultuel ou culturel, voire politique, peu consensuel et peu évident, d’un tel ouvrage. Les 1 216 kilomètres (plus de 1 700, en comptant les pénétrantes et les ouvrages annexes) de l’autoroute est-ouest ne sont pas encore livrés que, déjà, sont mises à mal les caisses de l’État, renflouées par un prix du baril un temps en folie mais désormais voué à la stagnation si ce n’est à la dégringolade. S’il faut rappeler ici que le budget initialement alloué à ce même projet d’autoroute a dû être multiplié par quatre, chemin faisant, on peut s’interroger sur le coût final de notre future Grande mosquée.

Il sera, à coup sûr, à la hauteur du minaret qui va surplomber le quartier de l’ex-Lavigerie. Mais avant cela, interrogeons-nous d’abord sur la faisabilité d’un tel projet. L’Algérie a-t-elle réellement les moyens de mettre en œuvre et de mener à son terme la réalisation d’un aussi coûteux édifice ?

Nos gouvernants sont évidemment mieux instruits que quiconque sur l’état de nos finances, mais à voir le budget qu’ils prévoient pour 2010, on sait au moins que le pays devra faire face, dès le prochain exercice, à des dépenses au moins équivalentes à nos recettes sur la même période. La prochaine dotation se veut en effet très sociale, histoire de concrétiser une partie des promesses faites par le chef de l’État durant sa dernière campagne électorale.

Des promesses coûteuses, très coûteuses. Mieux, l’État s’apprêterait, à en croire le ministre du commerce, à investir directement dans l’industrie agroalimentaire ! Avec un tel niveau de dépenses, il y a de quoi s’inquiéter qu’il n’y en ait déjà plus pour parachever les chantiers déjà en cours.

La Grande mosquée d’Alger ne risque-t-elle pas, par conséquent, de connaître le même sort que le métro d’Alger, lui aussi lancé dans un moment d’euphorie avant de se voir rattrapé par la chute du prix du baril et contraint à trente ans de retard ? À moins que cette mosquée dont on veut, dit-on, qu’elle soit dotée du troisième plus haut minaret du monde, soit la priorité des priorités. Ce qui appellerait d’autres questions, plus en rapport avec la religion et l’abstrait qu’avec l’économie simple et concrète.

Par : Saïd Chekri

90 % pour Ben Ali en Tunisie