jeudi 29 septembre 2011

Abderrazak Dourari : «La politique linguistique a inculqué la haine de soi»

Abderrazak Dourari est professeur en sciences du langage. Il dirige actuellement le Centre national pédagogique et linguistique pour l’enseignement de tamazight au ministère de l’Education nationale. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Les Malaises de la société algérienne, crise de langue, crise d’identité (paru aux éditions Casbah), Cultures populaires, culture nationale (l’Harmattan, Paris 2002) ainsi qu’un essai à paraître prochainement de présentation critique des «théories linguistiques de F. de Saussure à Chomsky».

-Comment expliquer aujourd’hui que beaucoup de jeunes n’arrivent plus à établir une phrase structurée, en arabe comme en français ?

Les Algériens s’expriment bien dans leurs langues maternelles (tamazight et arabe algérien) même si celles-ci évoluent comme partout dans le monde sous l’influence linguistique des autres langues, comme l’arabe scolaire, le français, l’espagnol ou même parfois l’anglais à un degré moindre.La langue arabe scolaire et le français, tout en ayant un statut particulier pour nous, ne sont pas nos langues maternelles et, à ce titre, elles sont acquises, bien ou mal, grâce ou à cause de l’école et de tout le système éducatif du primaire au doctorat. Cependant, la non-maîtrise aujourd’hui avérée des langues (où on a vu des traducteurs supposés maîtriser trois langues n’en maîtriser absolument aucune) révèle un aspect important de la déliquescence du système éducatif algérien sous-encadré et permissif, qui privilégie l’ordre public au savoir.

Contrairement aux années 1970 où le niveau universitaire était très élevé (il y avait même des enseignants américains, anglais, indiens, pakistanais, français… de très haut niveau) grâce à un niveau d’exigence scientifique correct – car la règle était claire : ce n’était pas à l’université de descendre pour prendre en charge ceux qui traînaient, mais c’était bien à ces derniers de s’élever au niveau d’exigence des universités dans tous les domaines du savoir. Les cycles infra-universitaires recevaient par conséquent un encadrement universitaire de qualité et eux donnaient un enseignement de qualité à leurs élèves…

-Le processus d’arabisation enclenché dans les années 1970 a-t-il brouillé les repères ?

La politique linguistique d’arabisation est l’une des plus absurdes et destructrices menées par un gouvernement dans le monde. On la voulait comme une opération magique. Du jour au lendemain, on voulait que tout le monde, y compris les analphabètes, parle l’arabe scolaire ! On se rappelle les débats sur «l’arabisation progressive et progressiste» pour les uns et «l’arabisation totale et immédiate» des autres.

Ce fut cette dernière qui fut menée tambour battant par les passionnés du parti unique et qui est au principe du désastre linguistique et culturel qu’on commence à reconnaître aujourd’hui. Cette politique s’est attaquée aux langues algériennes (arabe algérien et tamazight) avec autant de férocité qu’à la langue française, tant et si bien qu’elle a complexé tous les locuteurs et brisé tous les ressorts sociétaux de maîtrise de la langue française – outil indispensable pour le lien avec la rationalité et le savoir moderne.

Pour couronner le tout, cette politique n’a pas permis une meilleure maîtrise de la langue arabe scolaire, loin s’en faut, car elle a consisté essentiellement à inculquer et diffuser de manière cellulaire le conservatisme religieux et l’irrationalisme dans toutes ses formes y compris celui du style des zaouïas combattues naguère par l’association des oulémas musulmans algériens. Tant que les lycées étaient bilingues, on continuait à enseigner les idées fondatrices du mouvement du siècle des lumières et de la raison universelle, mais la politique d’arabisation précipita la fermeture de tout accès à ces enseignements dont la mentalité algérienne avait besoin et replongea celle-ci dans la tradition archaïque et le fatalisme.

On le sait maintenant, la politique d’arabisation a réussi à rendre l’esprit de nos enfants sensible à l’islamisme – idéologie la plus rétrograde de nos jours – au point de se constituer chair à canon (kamikazes) pour la défendre. Cette politique linguistique a inculqué, y compris à l’élite au pouvoir, fabriquée par le parti unique, la haine de soi qui les pousse jusqu’à se fabriquer des ancêtres en Arabie ou au Yémen. Comme si les gens pouvaient choisir leurs parents et leur lieu de naissance !

-Est-il possible de déterminer la langue que parlent les Algériens ?

Les Algériens parlent leurs langues maternelles – variétés de tamazight et de l’arabe algérien très mal servies par l’Etat en matière de prise en charge institutionnelle et éducative. Dans le domaine institutionnel, le français garde, à côté de l’arabe scolaire, une bonne place dans les domaines élaborés (législation, comptabilité, finances, études universitaires, littérature…) au moins comme source de documentation. Les doctorants en langue arabe scolaire préfèrent se rendre en France pour mieux connaître la langue arabe car le monde arabe a depuis longtemps quitté la bataille de la rationalité et du savoir, et quasiment rien ne se produit plus dans cette langue : ni le pain ni même la grammaire arabe ou les études islamiques qui sont meilleures en allemand, en anglais et en français…
La posture intellectuelle imprimée aux universités et au système éducatif est celle du combat contre l’esprit critique au profit d’une posture apologétique et du culte des ancêtres mythiques («as saslaf as salih», disent-ils).

-La dépréciation du savoir et de la compétence induite par la transformation des universités fabrique de faux diplômes, voués à soutenir les élites au pouvoir, à déprécier aussi la compétence dans la société et dans le marché de l’emploi dominé par l’allégeance, la rente, l’enrichissement le plus rapide et par tous les moyens. Pourquoi alors faire semblant de persister à vouloir que les Algériens fassent des efforts pour apprendre les langues ?

Cela dit, le français reste la langue seconde du domaine formel la moins atteinte et la plus répandue dans le tissu social algérien ; c’est dans cette langue qu’il est possible de bâtir une reconquête de nos capacités expressives linguistiques et scientifiques.

-Les Algériens utilisent un langage parlé flamboyant d’inventivité, usant de néologismes inattendus. Mais leur capacité à tenir une discussion dans une langue soutenue est très limitée. Quelle est votre analyse ?

En matière de création néologique, les Algériens ne sont pas les seuls, en ce sens que tous les locuteurs du monde entier essaient de se mettre à jour eu égard à des idées et produits diffusés dans l’espace sociétal et auxquels ils font face dialectiquement. Il n’y a pas d’autre alternative aux innovations et aux néologismes. Avec les NTIC, qui sont devenues aujourd’hui invasives dans tous les interstices de la société, toutes les langues inventent…
Les échanges interculturels, la diffusion des idées, la relativisation des mœurs et des systèmes d’organisation politique se mondialisent et les perceptions, les représentations sociales et culturelles changent… C’est ce que refusent de comprendre les régimes autocratiques arabes et leurs alliés objectifs, les mouvements politiques régressifs qui, paradoxalement, usent des moyens produits de la raison humaine pointue pour diffuser et inculquer les idées de régression intellectuelle. Les cloisonnements nationaliste, linguistique, ethnique, moral… sautent et de nouvelles valeurs naissent et s’installent progressivement. L’enjeu n’est pas du tout national mais bien inter-national (le trait d’union est intentionnel).

Pour tenir une discussion soutenue, comme vous dites, il ne suffit pas seulement de maîtriser une langue du savoir ; il faut aussi disposer d’un niveau de savoir suffisant. Ce sont là nos deux échecs les plus patents et les plus pathétiques. On est derniers en matière de savoir théologique et on est derniers aussi en matière de savoir scientifique. On ne maîtrise pas la langue arabe scolaire et classique pour se tirer d’affaire en théologie et on ne maîtrise pas non plus les langues étrangères pour se tirer d’affaire dans le domaine du savoir scientifique rationnel. On refuse d’entendre ce qui se passe ailleurs (surdité) et on refuse de parler nous-mêmes (mutité).

-L’écart entre les quartiers populaires et les zones résidentielles semble s’accentuer. Peut-on parler de «fracture linguistique» ?

Encore une fois, les Algériens parlent d’abord algérien. A ce niveau, il n’y a pas de hiatus. L’écart dont vous parlez provient de l’écart dans les moyens dont disposent les différentes classes sociales algériennes. Les classes supérieures, du fait de leurs moyens importants et de la proximité qu’elles ont avec les élites au pouvoir, voyagent dans le monde et voient ce qui s’y passe. Elles n’accordent aucun sérieux aux déclarations grandiloquentes des gens du pouvoir qui sont les premiers à avoir mis leur progéniture dans les écoles étrangères, tout en déclarant aux gens des classes inférieures que le système éducatif algérien est le meilleur de la planète, les poussant à verser dans une défense fanatique de la politique d’arabisation qui a brisé cette belle langue arabe scolaire avant briser les langues étrangères.Les enfants de ces classes supérieures, habitant les quartiers huppés, ont logiquement continué à apprendre et à parler le français même à un âge très précoce.

Toutes ces incohérences nous mènent à penser que seule une politique linguistique, éducative et culturelle fondée sur la raison (et non pas sur la passion) et sur les enseignements de l’histoire, visant l’ensemble du corps social et non pas une infime partie, peut tirer notre société et notre nation vers des horizons sereins. Seule une politique universitaire où le champ du savoir est autonomisé de la phagocytose politicienne peut, à terme, faire reprendre à notre système universitaire son rôle de pépinière du savoir et de cadres compétents.

Amel Blidi

Les salaires mirobolants de ceux qui nous gouvernent !

La tripartite (gouvernement-UGTA-patronat) qui se tiendra ce jeudi à Alger prévoit dans son agenda de traiter de l’augmentation du Salaire national minimum garanti (SNMG). Une augmentation de 2000 à 3000 DA n’est pas à écarter, comme c’est de coutume lors des dernières tripartites.

Des augmentations insignifiantes qui seront présentées comme importantes et qui seront, bien entendu, vite rattrapées par la hausse récurrente et généralisée des prix. Le gouvernement et ses partenaires invoqueront, comme d’habitude, la nécessité d’ajuster les salaires selon la productivité et expliqueront que les travailleurs algériens sont bien rémunérés quand la richesse produite reste dérisoire.Des affirmations qui sont, par ailleurs, justes, mais dans un autre contexte autre que celui d’une économie de rente qui caractérise notre pays.Des affirmations, tout aussi justes, lorsqu’elles sont appliquées, d’abord, et aussi, par les décideurs et tous ceux qui font ou défont les lois ou les exécutent. Et en scrutant le train de vie de l’Etat, l’on se rend compte que la rigueur et l’austérité sont réservées exclusivement à la masse des travailleurs. Sinon, comment expliquer des salaires mirobolants pour les hauts cadres de l’Etat, défiant toutes les lois économiques !

Le Premier ministre, qui présidera la tripartite, a un salaire net de 500 000 DA, selon des sources au ministère des Finances, soit près de 34 fois le SNMG, et le chef de l’Etat, qui validera en dernier ressort les décisions prises, a un salaire mensuel de 800 000 DA, soit 54 fois le SNMG ! A titre comparatif, le salaire mensuel du président français est de près de 20 000 euros, soit 14 fois le SMIC (13 65 euros) et des voix de l’opposition promettent déjà de le réduire de 20 à 30% en cas victoire lors de la présidentielle de 2012. Un ministre français touche quant à lui 11000 euros, soit 8 fois le SMIC quand nos ministres s’offrent des salaires moyens de 350 000 DA, soit près de 24 fois le SNMG.

Outre les prises en charge multiples, gratuité du logement, véhicule, repas, déplacements et autres avantages, qui se justifient, par ailleurs, certains usent et abusent des commissions pour arrondir les fins de mois, comme en attestent les multiples procès et scandales liés à la corruption et dont la presse nationale en fait souvent état ces derniers temps.
De l’avis de nombreux analystes et financiers du pays, le train de vie de l’Etat algérien est toujours aussi fastueux au moment où de larges couches de la société sombrent dans la précarité et la pauvreté. Les couches moyennes sont plus que jamais laminées par la hausse vertigineuses des prix. Depuis 2004, des augmentations de 100% ont étés accordées aux parlementaires et de même pour les fonctionnaires et hauts cadres de l’Etat depuis 2008.

Un secrétaire d’Etat touche actuellement 270 000 DA et un secrétaire général d’une institution 210 000 DA, au moment où la fiscalité ordinaire en dehors des hydrocarbures (1.500 milliards de dinars) n’arrive même pas à couvrir la masse salariale des fonctionnaires, au nombre de 1 500 000, environ. Et comme la répartition des budgets n’obéit à aucune logique économique et ne découle d’aucune richesse produite, autant alors redistribuer la rente de manière plus équilibrée. Une redistribution qui obéit actuellement à des considérations politiques et de confortement des positions acquises des uns et des autres comme en attestent les augmentations pour les parlementaires en 2004 pour les besoins d’un acquiescement général lors de la révision constitutionnelle qui a cassé le verrou de la limitation des mandats.

Pour une institution comme l’APN, dont le président est rémunéré comme un ministre ou le président du Sénat qui s’offre quelque 600 000 DA, de quelle «productivité» peut-on affubler ces deux institutions lorsque leurs locataires ne font qu’avaliser les lois de l’Exécutif et qu’aucune commission d’enquête sérieuse n’a vu le jour sur les innombrables cas de corruption qui ont vu le jour. C’est dire que la question des salaires doit être prise dans sa globalité et à tous les niveaux pour la cohérence des justificatifs qui s’annoncent. Le train de vie de l’Etat ne doit pas s’éloigner de celui des Algériens et l’idée de l’uniformisation des véhicules prise l’année dernière peut en constituer un premier pas vers cette rigueur dans la gestion des deniers publics.

Mahmoud Mamart

mardi 20 septembre 2011

L'AMBASSADEUR DE FRANCE, XAVIER DRIENCOURT, À PARTIR DE RELIZANE «L'Algérie n'est pas la Tunisie»

«Il n'y a pas de soutien français prononcé en faveur du Maroc», a déclaré le représentant diplomatique de la France à Alger.

«La France et son gouvernement sont du côté de l'Algérie et suivent de près ce qui se passe ici», a indiqué l'ambassadeur Xavier Driencourt lors de la conférence de presse qu'il a animée hier à Relizane.


Voilà une déclaration qui résume tout l'intérêt réservé par la France à l'Algérie, notamment ces derniers temps marqués par les chamboulements politiques qui prévalent dans plusieurs pays arabes. A partir de ce point de vue, le représentant diplomatique de la France à Alger a mis fin à toutes les supputations colportées par la rue et les moins avertis.

«On ne peut pas comparer l'Algérie à la Tunisie ni à la Libye ou l'Egypte», a-t-il expliqué. Xavier Driencourt n'a pas été avare en déclarations. Dans sa rencontre avec les journalistes, il a développé autant de sujets de l'heure dont celui de l'avenir des relations algéro-françaises.
Selon le diplomate, celles-ci sont soutenues par une dynamique importante en matière d'investissements. Les grands projets de partenariat et de coopération mutuelle sont plus que révélateurs de cette évidence. «L'avenir des relations algéro-françaises est radieux car nous avons beaucoup de choses en commun et ce, dans tous les domaines», a-t-il argumenté. «Pour preuve, a-t-il ajouté, le ministre français de la Culture, Fréderic

Mitterand, se rendra dans un prochain avenir, en Algérie et prendra part au Salon du livre». L'Algérie fêtera, dans moins d'une année, le 50e anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale. Cette date se veut être un nouveau souffle dans les relations algéro-françaises. Mais, quelques embûches, dues notamment aux nostalgiques de l'Algérie française viennent, encore une fois, faire des vagues dans l'eau. L'ambassadeur croit dur comme fer que la réconciliation entre les deux pays est tributaire de la volonté des hommes.

«Nous devons être des hommes de bonne volonté», a-t-il appelé ajoutant que «nous (la France, Ndlr) sommes indirectement concernés et je crois que les deux pays veulent faire de cette date (50e anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie) un départ pour la réconciliation». Sur un autre registre, le diplomate qui est revenu sur le rôle que la France joue dans le conflit du Sahara occidental précisera qu' «il n y a pas de soutien français prononcé en faveur du Maroc». Sur sa lancée, il dira que «nous soutenons le plan onusien de Christophe Ross et les efforts des Nations unies». Là encore, l'ambassadeur français à Alger a mis fin à autant de surenchères qui ont alimenté ces derniers temps les débats locaux, régionaux et même internationaux.

Dans cette suite de déclarations, Xavier Driencourt a, sans le dire explicitement, rappelé que la seule politique défendue par la France quant au dossier du Sahara occidental, est le retour à la légalité internationale. Cela laisse supposer que ce conflit doit être traité par l'institution habilitée à le faire, l'ONU. En substance, il dira qu'«il n'y a pas de tropisme particulier en faveur du Maroc».

L'historien MOHAMED HARBI à “Liberté” “Le système est dans une impasse politique”

Professeur de sociologie et d’histoire à l’université de Paris VIII, puis à Paris V et VII, puis maître de conférences à l’université de Paris VIII, Mohamed Harbi a bien voulu, à travers cet entretien, livrer quelques impressions sur le sens et la portée du colloque dédié au père du nationalisme algérien.

Liberté : Par rapport au colloque organisé en 2000 à l’initiative de quelques membres de la société civile et placé sous le patronage du président de la République, quels éléments historiques nouveaux a apporté celui de 2011 ?
Mohamed Harbi : D’abord une bonne partie des participants n’est pas la même que celle du colloque antécédent. Depuis ce moment-là, il y a énormément d’éléments nouveaux qui sont intervenus qui permettent ou qui obligent à se poser des questions d’une autre manière. Et donc de réviser certains épisodes qui ont brouillé le regard des historiens et des acteurs. Parce que la brouille du regard des acteurs est beaucoup plus importante que le regard des historiens puisque ces derniers parlent de ce qui a été, alors que les acteurs, eux, parlent de ce qu’ils ont fait. Par exemple, comme élément nouveau, j’ai le compte rendu d’une conférence de Boudiaf donnée aux militants du PRS (Parti de la révolution socialiste) dans laquelle il révèle un certain nombre d’éléments nouveaux sur l’attitude de différents personnages au moment de la crise. Il explique comment alors une bonne partie des membres de l’OS avaient pris position pour Messali une fois la crise déclenchée, ont changé leur opinion à partir du moment où il est intervenu. Or, son opinion à lui était déterminée par le caractère de la crise qui a eu lieu en France et non pas simplement par l’ensemble des données de la crise.

Dans votre conférence, vous avez mis en évidence le fait que Messali Hadj a prôné à un certain moment la lutte armée alors que certains courants estiment au contraire qu’il n’a jamais envisagé cette voie ?
Effectivement, Messali Hadj était pour la lutte armée. J’ai expliqué que j’avais le témoignage de Moussa Boulkeroua qui était à l’époque le responsable de la fédération de France. Il m’a affirmé qu’au moment où il était parti en Orient et qu’il était venu précipitamment à Paris pour suivre une conférence des nations unies en rapport avec un certain nombre de délégués de pays arabes, il a été appelé par Messali pour transmettre un message urgent à Benkhedda. Quel était le contenu de ce message ? : c’était le fait de choisir un certain nombre de militants pour les envoyer au Caire contacter l’émir Abdelkrim et être affectés à des stages militaires dans des académies arabes. Et cela devait être fait dans la perspective d’organiser un encadrement pour des opérations militaires en Algérie. Le parti restant, le cœur de l’entreprise, les militaires agissant en accord avec le parti et la population. C’est donc une différence d’approche dans la conduite de la guerre que celle qui a eu lieu avec les fondateurs du FLN. Je peux d’ailleurs rappeler une opération du même type, c’est celle de Bourguiba. Au moment où les négociations du gouvernement Chenikh, qui était appuyé par le néo-destour, ont échoué, il a décidé lui de passer à la lutte armée. Il a tenu un rassemblement populaire et voilà ce qu’il a dit : “nous allons passer à la lutte armée, ne perdez pas la tête, nous allons combattre une grande puissance et donc il n’est pas question de victoire militaire, notre victoire sera politique, nous allons amener la France à nous reconnaître comme interlocuteur, à discuter avec nous et à revoir le statut de la Tunisie pour aller vers l’indépendance.” L’attitude et la manière dont Messali envisageait la lutte armée étaient exactement les mêmes que celles de Bourguiba.

Depuis l’annonce de la nouvelle loi sur les partis, des voix s’élèvent pour réclamer la remise sur les rails du PPA fondé par Messali Hadj. Selon vous, ce vieux parti pourra-t-il aujourd’hui revenir sur la scène politique et y résister ?
La réponse n’est pas de mon ressort, elle est du ressort des anciens messalistes. Mais si j’avais été, moi, un ancien messaliste, je dirais que le PPA a accompli sa mission et qu’on en reste là. C’est exactement comme le FLN dont la fin de mission aurait dû lui être notifiée en 1962.

Face aux mouvements populaires de contestation qui embrasent les pays arabes, l’Algérie, selon vous, risque-t-elle d’en être affectée ?
Je pense que l’Algérie a un système qui est dans une impasse politique, mais que la porte n’est pas définitivement fermée à des changements. La société espère que le pouvoir en place fera en sorte que l’impasse dans laquelle nous sommes ne mène pas à des aventures.

Anouar Haddam annonce son retour prochain en Algérie

Anouar Haddam se prépare à revenir en Algérie. L’ancien dirigeant de l’ex‑FIS, en exil aux États‑Unis depuis 1992, a décidé de rentrer au pays, a‑t‑il affirmé dimanche soir dans une déclaration à TSA. « J’ai décidé de rentrer chez moi en Algérie, en dépit du refus des autorités de répondre à ma demande formulée le 25 août 2006 de bénéficier des dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale », a expliqué M. Haddam.

L’ancien responsable du FIS (dissous) n’a pas précisé la date de son retour en Algérie. « J’annoncerai moimême la date du retour », a‑t‑il seulement dit. L’ancien président de la délégation de l’ex‑FIS à l’étranger veut ainsi mettre le gouvernement algérien devant le fait accompli. « Tout Algérien a le droit de rentrer dans son pays », se défend‑il. M. Haddam affirme soutenir un changement « politique consensuel et pacifique » en Algérie. « Le changement est inévitable », a‑t‑il dit.
M. Haddam devait rentrer une première fois au pays en 2005, suite à une invitation lancée par Abdelaziz Belkhadem, à l’époque ministre d’État sans portefeuille. Mais il a renoncé à rentrer, après avoir donné son accord pour un retour en Algérie. Anouar Haddam était parmi les principaux dirigeants de l'ex‑FIS en Algérie, avant de diriger le parti à l’étranger après son exil aux États‑Unis.
L’annonce de M. Haddam intervient dans un contexte marqué par un débat en Algérie sur le retour à l’activité politique des dirigeants de l’ex‑FIS. Les autorités continuent d’entretenir le flou sur leurs intentions dans ce dossier. Jeudi, dans une déclaration à TSA, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme (CNCPPDH) a déclaré qu’il « ne pense pas que le président Bouteflika soit contre le retour des dirigeants du parti islamiste dissous sur la scène politique ». Mais Farouk Ksentini n’a pas précisé qui, au sein du pouvoir, s’oppose au retour des chouyoukhs de l’ex‑FIS qui cherchent à activer dans la politique en Algérie, près de vingt ans après la dissolution de leur parti.

ENTV : les deux présentateurs vedettes du JT de 20 heures écartés

Karim Boussalem et Farida Belkacem ne présenteront plus le journal de 20 heures de l’ENTV. Les deux présentateurs vedettes ont été écartés de la présentation du rendez‑vous de 20 heures. Selon nos informations, cette décision a été prise à la demande de la présidence de la République. Pour cette dernière, les deux journalistes, notamment Karim Boussalem, auraient traité mollement et froidement les sujets liés aux réformes annoncées par le chef de l’État en avril dernier. Ils n’auraient pas su les mettre en valeur pour convaincre l’opinion publique nationale. La présidence de la République s’implique souvent directement dans la gestion de l’ENTV, surtout le journal de 20 heures.

Karim Boussalem, qui présentait le journal de l’ENTV depuis plus de 10 ans, était à l’antenne pour tous les grands évènements d’information et les sujets politiques couverts par l’Unique. Désormais, il devrait poursuivre sa carrière sur une autre chaîne de télévision. Probablement à l’étranger mais pourquoi pas en Algérie, avec l’une des nombreuses nouvelles chaînes de télévision annoncées dans le cadre de l’ouverture de l’audiovisuel !

vendredi 16 septembre 2011

Affaire des "moines de Tibhirine" : Un documentaire français accusent les services de renseignement algériens

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Un livre et un documentaire français accusent les services de renseignement algériens

Quinze ans après les faits, l’affaire de l’assassinat des moines de Tibehirine, en 1996, continue de susciter l'intérêt des médias français. Un livre et un documentaire, tous deux intitulés « Le crime de Tibehirine », signés du journaliste Jean‑Baptiste Rivoire, apportent une nouvelle version des évènements. De nouveaux témoignages d’anciens membres des services algériens et d’islamistes y mettent en cause ces mêmes services dans la mort des moines. Le documentaire sera diffusé le 19 septembre sur la chaîne française Canal +.

Ainsi, selon un ancien lieutenant qui se fait appeler « Kamel », les chefs des services de renseignement algériens ont demandé à un petit groupe d’agents infiltrés au sein du GIA d’enlever les moines avec un groupe d’islamistes qui, eux, n’étaient pas au courant de la manipulation. Toute l’opération aurait été décidée en mars 1996 au cours d’une réunion au CTRI de Blida en présence du général Smaïl Lamari, responsable du contre‑espionnage. Un autre témoin, « Rachid », qui dit avoir été membre de ce groupe ayant enlevé les moines, raconte l’opération.
De courts extraits du documentaire sont déjà visibles sur le site internet de la chaîne. L’un d’entre eux montre un dissident du DRS, Karim Moulaï, qui affirme avoir été en poste à Ben Aknoun au moment des faits. Selon sa version, l’exécution des moines a été organisée et réalisée par les services de sécurité algériens, au CTRI de Blida entre le 25 et le 27 avril 1996. « Ils ont été tués un mois après leur kidnapping, parce qu’après une réunion de crise à Blida, ils (les patrons des services algériens, ndlr) n’avaient plus le choix, (…) ils n’avaient plus d’échappatoire. S’ils les libéraient, ils auraient pu parler. Ils avaient certainement compris qu’ils n’étaient pas entre les mains du GIA ». Il affirme que ce sont certains des membres du commando, envoyé par les services algériens depuis une caserne de Ben Aknoun, qui lui ont raconté l’opération. « Ils ne m’ont rien dit avant, ils m’ont parlé après. On l’a fait, on les a tués (…) à l’intérieur du CTRI de Blida », ajoute‑t‑il.
Selon le livre et le documentaire, les services de renseignement algériens ont organisé toute cette opération pour trois raisons : contraindre les moines à quitter la région, discréditer les islamistes et obtenir la reconnaissance de la France en faisant libérer les otages par l’armée algérienne.
Mais interrogé par l’AFP, Patrick Baudouin, l’avocat des parties civiles dans l’enquête qui se tient en France, s’est montré réservé face à ces révélations, impossibles à vérifier. « Ces éléments doivent être accueillis avec beaucoup d'intérêt mais aussi précaution et prudence. Le grand intérêt de cet ouvrage est, j'espère, qu'il va ouvrir la voie à de nouvelles investigations judiciaires », a‑t‑il dit. « Une nouvelle fois, la vérité assénée depuis l'origine par les autorités algériennes sur l'enlèvement, la séquestration et l'exécution des moines par les islamistes est battue en brèche », a‑t‑il ajouté.
L'enquête sur l'assassinat des moines avait été relancée en 2009, après le témoignage de l'ancien chef de la DGSE à l'ambassade d'Alger, le général Buchwalter, qui avait affirmé que les moines étaient morts suite à une bavure de l'armée algérienne. Depuis, d'autres témoignages, notamment celui de l'ancien officier du DRS Abdelkader Tigha, ont remis en cause la thèse officielle, celle de l'enlèvement et de l'assassinat des moines par le GIA.

mercredi 14 septembre 2011

DECODAGES Une litanie : mais développez donc l’entreprise !

Le 29 septembre se tient la 15e tripartite (en fait la 14e bis qui fait suite à celle ouverte le 28 mai 2011 et qui était consacrée exclusivement à l’entreprise). La tripartite de cette fin de mois traitera de questions sociales mais pas seulement. Elle doit faire le point sur les conclusions auxquelles sont parvenus les huit groupes de travail mis en place le 28 mai et qui étaient chargés d’arrêter des mesures concrètes visant à aider l’entreprise algérienne à aller de l’avant.
L’impression que laissent entrevoir les organisations patronales est que ces groupes de travail n’ont pas beaucoup avancé et pour ceux qui ont progressé dans leur réflexion, les mesures qu’ils ont arrêtées (et qui ont été le fait des administrations centrales concernées) sont loin de faire l’unanimité. Citons à titre d’exemple le groupe chargé de traiter le dossier de la dette des entreprises et qui a abouti à la mise en place de conditionnalités (à respecter par les entreprises) pires que celles arrêtées par le FMI lors du rééchelonnement d’une dette extérieure d’un pays ! Attendons de voir ce qui sortira de la réunion du 29 septembre et nous pourrons alors mieux évaluer l’intention du gouvernement quant à la mise en œuvre de cette fameuse politique de l’offre que tous les entrepreneurs (publics et privés) attendent.

L’urgence est toujours à la mise en œuvre d’une politique économique favorable à l’entreprise

Ce régime de croissance économique mis en œuvre actuellement dans notre pays n’est pas efficace. La croissance hors hydrocarbures est certes positive mais elle est molle, c’est-à-dire en deçà des ressources engagées. Elle est du même coup très coûteuse. De plus, du point de vue des moteurs de cette croissance, seule la dépense publique agit. De même, du point de vue des acteurs de la croissance, l'ambiguïté est grande et les hésitations nombreuses entre un retour pur et simple aux entreprises publiques des années 70 et un pas, qu’on n’ose pas encore franchir, vers un soutien franc aux entreprises privées et leur accompagnement dans une dynamique d’investissement, de production et d’exportation. Question : dans le domaine de l’industrie par exemple : faut-il se lancer aujourd’hui dans la construction de grands groupes industriels publics spécialisés à l’image de celui qui vient d’être constitué dans la branche ciment ? Des grands groupes publics pour aller vers quoi ? L’industrie mondiale est déjà en proie à de grandes batailles de compétitivité et de gain de parts de marché et les protagonistes sont des champions mondiaux (non pas publics mais à capitaux privés, faut-il le rappeler), en perpétuelle restructuration, délocalisation, externalisation, champions mondiaux qu’il sera bien difficile de concurrencer. Notre «nouvelle» option industrielle vraisemblablement inspirée de l’expérience sud-coréenne des «chabols» (qui a démarré, voilà près de 40 ans !) peut-elle se payer le luxe de refaire l’histoire et échouer une nouvelle fois surtout que le contexte industriel mondial est aujourd’hui encore plus difficile, évoluant à un rythme très rapide. Nous ne pouvons plus reprendre notre industrialisation là où elle s’est arrêtée avec la restructuration organique des entreprises de Abdelhamid Brahimi. Ce modèle des années 70 ne peut plus être rattrapé 30 ans plus tard ! Combien de temps nous faudrait-il pour construire des grands groupes performants, et pourra-t-on le faire avec des entreprises publiques dont on sait maintenant qu’elles ne peuvent pas être gérées sous contrainte d’efficacité à cause, notamment, de leur exposition aux inévitables immixtions du pouvoir politique et les objectifs sociaux qu’il leur fixe. Ne vaudrait-il pas mieux chercher à ouvrir le capital de nos entreprises publiques industrielles dans le cadre d’une stratégie d’intégration aux chaînes de valeur internationales dont les grands champions mondiaux localisent aujourd’hui des segments entiers sur différents sites (et dans différents pays) par des stratégies d’externalisation, d’outsourcing et que les pays émergents cherchent à accueillir en rivalisant d’ingéniosité. L’Algérie a déjà une expérience en matière de grands groupes industriels publics. Rappelons-nous : notre industrie manufacturière tout entière était organisée pour l’essentiel en une dizaine de grands groupes : Sonacome, Sonelec, SNMC, Sonic, SNS, Sogedia, Snic… On insistait à l’époque déjà sur l’effet taille pour aider nos grandes sociétés nationales à devenir des champions même dans le cadre d’une gestion étatique et planifiée. Cette dynamique, dont on ne saura jamais si elle allait réussir ou pas, a été cassée par la fameuse restructuration organique des entreprises publiques du début des années 80. Aujourd’hui, bien évidemment, le contexte national mais surtout mondial a complètement changé et le rythme d’évolution infernal imposé par les multinationales à l’industrie mondiale a complètement déclassé la démarche adoptée dans les années 70. Il faut que nos décideurs en prennent acte.

Une nouvelle stratégie industrielle

A l’ère de «l’entreprise sans usine», de l’outsourcing, de la sous-traitance et des «call centers», devrions-nous en Algérie revenir à l’industrialisation de type soviétique organisée en grands combinats et recherchant l’effet taille ? Devrions-nous solliciter comme acteur principal du développement, d’abord l’Etat malgré l’inefficacité dont il fait preuve, ici et ailleurs, en matière de gestion sous contrainte ? Ne devrions-nous pas aller plutôt à la petite et moyenne entreprise plus flexible, plus innovante pour peu que l’Etat la soutienne, l’accompagne et l’anime ? Ne devrions-nous pas libérer les initiatives, développer l’esprit d’entreprise, mobiliser les capacités entrepreneuriales privées ?

Mettre en œuvre un véritable «plan PMI privées»

L’Algérie attend toujours sa stratégie PMI privées adossée à une politique économique qui soutient les petites et moyennes entreprises et les aide à devenir des entreprises à forte croissance innovantes et compétitives à la fois sur le marché intérieur et sur les marchés d’exportation. Combien de fois n’avons-nous rappelé cette attente ! Une stratégie PMI privées c’est une série de mesures et d’actions en faveur de la petite et moyenne entreprise qui ne sauraient se limiter à l’actuel programme de mise à niveau bien timide ni être confiées à la seule actuelle division «PME» au sein du ministère de l’Industrie. Nous avons déjà eu à présenter les plans américains et français en faveur des petites et moyennes entreprises. Nous les rappelons une nouvelle fois, espérant toujours éveiller quelque réaction positive chez nos «policy-makers» mais prenant aussi le risque de dire et redire une litanie ! C’est en 1953 que le gouvernement américain adopte et met en œuvre un programme dédié à la petite entreprise, qui stipule : «Le gouvernement doit aider, conseiller et protéger dans toute la mesure du possible, les intérêts de la petite entreprise.» Ainsi «le libéralisme économique n’est pas toujours là où on l’attend». C’est le gouvernement américain qui a mis en place de nombreuses aides en faveur des petites entreprises privées et créé l’administration des petites entreprises (SBA) employant trois mille agents et dirigée par un membre du cabinet du président américain, administration chargée de l’application d’un programme d’aides à la petite entreprise. Ces aides touchent à quatre volets :
1)- L’accès aux marchés publics : La loi impose que les marchés publics inférieurs à 100 000 dollars soient mis de côté pour être réservés aux petites entreprises. Ainsi, 62 milliards de dollars de marchés publics sont attribués annuellement aux petites entreprises sur un total de 200 milliards de dollars passés par l’Etat fédéral. La SBA délivre pour ce faire, et à ce titre, aux PME un certificat de compétence qui atteste de leur capacité à soumissionner.
2)- La défense des PME Au sein de la SBA, il y a un bureau de défense de la PME («Office of Advocary») mandaté pour être «les yeux et les oreilles» des PME. Ce bureau propose des dispositions en faveur des PME. Il est aussi le porteparole des PME quand elles rencontrent des difficultés.
3)- La formation, le conseil, l'assistance La SBA développe de très nombreuses actions pour former et conseiller les chefs d’entreprise. Il a été mis en place 57 centres de développement dédiés à ces missions. 13 000 formateurs, essentiellement d’anciens dirigeants d’entreprise à la retraite, exercent dans ce cadre.
4)- Les aides au financement Le gouvernement américain, par l’intermédiaire de la SBA, met en place des programmes financiers qui répondent aux besoins des petites entreprises.
Il s’agit principalement de garanties de prêts (quelque 11 milliards de dollars annuellement) et de soutien à l’industrie du capital risque par le biais du programme SBIC (Small Business Investment Act). Le Small Business Act» a largement contribué au développement des PME et les USA disposent de 22 millions de petites entreprises qui emploient 52% de la population active et contribuent pour 50% du PIB. Ces PME ont créé, depuis 1993, 10 millions d’emplois nouveaux. Pour sa part et s’inspirant de l’expérience américaine, la France a mis en œuvre en juillet 2006, un plan dédié aussi aux PME (de 20 à 249 salariés). Les décideurs français ont constaté une faible croissance des PME et ont pu identifier trois problèmes.

1- Pour atteindre ses objectifs de croissance, une PME innovante doit recruter. Le marché du travail étant en France peu flexible, l’entreprise a peur de prendre trop de risques.
2- Il n’y a pas d’encouragement fiscal pour soutenir les PME qui veulent augmenter leur taille et développer leur potentiel de croissance.
3- Les banques ne suivent pas et n’assistent pas les PME en croissance qui rencontrent de nouvelles contraintes et qui souffrent de délais de paiement trop lents. L’objectif du «Plan PME» en France est de travailler à faire émerger des PME innovantes et compétitives par un accompagnement de l’Etat. Il y a alors de la part de l’Etat :
1/ Un soutien financier à l’innovation
2/ Une assistance conseil Plus concrètement, le «plan PME» concerne les entreprises qui ont une croissance annuelle de leurs chiffres d’affaires d’au moins 20% pendant 4 ans en partant d’une base minimale de 100 000 $ de chiffres d’affaires. Les mesures concrètes d’aide à ces PME sont :
1- Gel de l’impôt sur les sociétés
2- Possibilités de décaler le paiement des cotisations sociales des salariés nouvellement embauchés.
3- Remboursement immédiat du crédit d’impôt recherche. De plus, un soutien financier public est accordé aux PME innovantes. Des «Small Business Investment Company» (SBIC) inspirés des modèles américain et anglais) qui rassemblent pouvoirs publics et opérateurs privés, assistent financièrement les PME dont les délais de paiement, trop longs, freinent considérablement les capacités de développement. Les ressources des SBIC sont constituées de capitaux collectés par emprunts obligataires dont les intérêts sont garantis par l’Etat. De plus, les banques et les compagnies d’assurances font des apports.
Il y a assurément quelque source d’inspiration pour l’Algérie dont les PME, pourtant moteurs incontestables de croissance, d’innovation et de compétitivité, sont complètement plombées par manque de stratégie des pouvoirs publics.

Le manuel du parfait comportement face à 174 milliards de dollars !

Premier signe d’un réchauffement entre l’Algérie et le CNT libyen.
Alger envoie une mission médicale à Tripoli. Des médecins…

… accoucheurs !

Maintenant que le gouverneur de la Banque d’Algérie l’a confirmé, que c’est officiel, nous pouvons enfin le prendre pour… argent comptant. A la fin juin 2011, l’Algérie (c’est comme ça qu’il a dit lui) disposait de 173, 91 milliards de dollars de réserves. En clair, deux choses : d’abord si ce chiffre a été arrêté à juin 2011, c’est qu’aujourd’hui, en septembre 2011, deux mois après, nous sommes encore plus riches. Je subodore même que nous avons vaillamment franchi la barre psychologique des 174 milliards de dollars. Ensuite, seconde constatation qui saute aux yeux dans un bruit terrible de pièces d’or, le pays n’a jamais été aussi riche depuis 1962, l’indépendance et le début de la fin. Maintenant, c’est pas tout ! Qu’allons-nous faire avec ces 174 milliards de dollars sur les bras ? D’abord, vérifier qu’ils sont bien sur nos bras, et pas sur d’autres bras pas forcément amicaux ni partageurs. Pour l’heure, je dois bien l’avouer, je ne sens pas vraiment le poids de ces 174 milliards sur mes bras. Mais je dois bien l’admettre, je ne suis pas un étalon de mesure fiable. Je souffre d’arthrose, mes terminaisons nerveuses se nécrosent de plus en plus, rendant mes bras et mes avant-bras de moins en moins sensibles au poids, à la charge. Si parmi vous, amis lectrices et lecteurs, il s’en trouve qui sont sains, ne souffrent pas de rhumatismes des bras ravageurs et qui sentent bien eux le poids des 174 milliards de dollars sur leurs bras, qu’ils me le disent, ça me rassurerait ! Mais ne perdons pas le fil de notre tête-à-tête avec les 174 milliards de dollars. Quand vous faites face à un tel tas de billets, quelle attitude adopter ? Le vouvoiement, bien sûr ! Il faut apprendre à vouvoyer. Ne vous inquiétez surtout pas de choquer, autour de vous chacun comprendra que vouvoyer 174 milliards de dollars, c’est la moindre des choses que nous puissions faire. Et ensuite ? Une fois que vous avez appris à vouvoyer 174 milliards de dollars, que faites-vous ? Prendre des photos. N’hésitez pas à prendre des photos. Et si votre appareil est muni de la fonction vidéo, filmez aussi ! C’est plus prudent. Pour la postérité surtout. Car il n’est pas dit que vous vous retrouviez à l’avenir dans cette posture, assis en face de 174 milliards de dollars. Alors, autant garder des traces. Vos petits-enfants, en fouillant dans les coffres à souvenirs de la famille, pourront toujours dire «tiens ! Là, tu vois, c’est grand-père en face d’un tas de dollars en train de les vouvoyer !» Ça sera toujours ça comme héritage aux générations futures ! En priant tout de même très fort pour que vos petits-enfants ne souffrent pas, comme vous, d’arthrose aiguë aux bras. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.


H. L.

Les masques sont tombés

“La charia islamique” sera le socle de leur législation et de leur Constitution. Un slogan déjà entendu ailleurs (l’ex-FIS en a fait un programme politique en Algérie) et qui doit faire méditer l’ONU et les puissances occidentales sur le chèque en blanc politique signé en faveur du CNT.

Ça y est. C’est dit. “L’islam sera la principale source de législation en Libye.” Cette annonce du CNT confirme les craintes de la communauté internationale sur le devenir démocratique d’une Libye qui bascule en émirat.
Le CNT a choisi son modèle et on hésite encore à choisir entre l’Afghanistan ou le Pakistan. Ce qui est pour les plus lucides, la même chose. Après avoir été présentés comme l’alternative démocratique à Kadhafi, une sorte de “combattants de la liberté” version maghrébine, les nouveaux dirigeants libyens sont revenus, tranquillement, au projet de société qu’ils préparaient et qu’ils ont proposé aux Libyens. “La charia islamique” sera le socle de leur législation et de leur Constitution. Un slogan déjà entendu ailleurs (l’ex-FIS en a fait un programme politique en Algérie) et qui doit faire méditer l’ONU et les puissances occidentales sur le chèque en blanc politique signé en faveur du CNT.

C’est Moustapha Abouljalil, ex-ministre de la Justice de Kadhafi et ancien signataire des billets d’écrou des opposants libyens qui l’a annoncé. Abouljalil qui, pour ceux qui ne connaissent pas, est un habitué des rapports d’Amnesty International sur les cas de torture en Libye. Cette annonce est une confirmation. Pour les libertés, individuelles ou collectives, pour le statut de la femme libyenne ou pour le respect des droits de l’Homme, il faudra dorénavant contacter BHL dans son arrondissement chic de Paris. À force d’avoir survendu le CNT au président Sarkozy ou à Israël, c’est Paris qui se retrouve piégé avec la pire équation géopolitique qui soit. Un État islamique à 3 heures de vol de Paris. Ce qui contredit la doctrine diplomatique française au Maghreb depuis l’avènement de la droite française au pouvoir.

Que faire maintenant que les masques sont tombés ? Ben, il faut assumer les conséquences. Bombardé de critiques, Alger avait prévenu les plus téméraires de la véritable nature du nouveau pouvoir libyen. Paris a beau minimisé le flux des armes, la force d’Aqmi au Sahel ou les dérives racistes du CNT contre les Touareg et les noirs de Libye, rien n’y fait. L’obsession libyenne de l’Élysée a accouché d’un monstre qui va s’émanciper doucement de la tutelle occidentale. L’ONU commence à s’en convaincre en invoquant le fait que “la nouvelle Constitution libyenne ne respecte pas les changements modernes”. Washington aussi réalise le bourbier islamiste qui est en train de s’agrandir en se disant : “Ému du sort des migrants et réfugiés d'Afrique noire en Libye.”

Voilà, maintenant, que le CNT a annoncé la couleur, il n’y a qu’à trouver où mettre les concepts de démocratie, des libertés et de laïcité dans un dépôt de Tripoli sous la surveillance zélée d’Abdelkader Benhaj, le qaidiste du CNT. Car, c’est la Libye qui va traverser une époque d’obscurantisme terrible. Mais à l’Otan, où on sait relativiser, on doit penser comme l’a écrit un internaute français : “Qu'il soit islamique, démocratique, laïc, totalitaire, le pétrole a le même pouvoir de combustion pour faire avancer nos bagnoles.”

Mounir Boudjema

L’impossible réforme : la démonstration du Conseil des ministres

En s’engageant sur des réformes “approfondies”, le pouvoir s’est embarqué dans une drôle de galère. D’autant qu’il semble en avoir fait sa carte de visite, celle qui lui permet de ne pas être traité en dictature résiduelle d’Afrique du Nord.

Par les temps qui courent, on ne peut appeler réformes n’importe quelle retouche à une législation qui fonde l’arbitraire, si tant est que la législation devienne, par on ne sait quel miracle, contraignante pour le pouvoir. Jusqu’ici, la loi existait aussi : mais, qui peut dire par quel mystérieux circuit s’octroyait un agrément de publication ou se refusait l’homologation d’un parti politique ?

Le pouvoir est donc en train de concevoir des réformes, son Parlement devra les enrichir ; il devra ensuite les mettre en œuvre sous le contrôle de sa justice. Cela fait beaucoup d’institutions dont le fonctionnement démocratique et l’attribut d’indépendance sont établis !

Quant à l’essence démocratique de ses réformes, l’Exécutif qui, en toute circonstance, ne manque jamais de revendiquer ses réalisations, s’en lave les mains : les projets de loi en cours de finalisation sont présentés comme inspirés des “propositions pertinentes” des partis et personnalités consultés ou ayant déposé des avis écrits. Le gouvernement se met, par là, en position de faire partager la parenté des réformes aux représentants de la classe politique et de la société civile consultés.

Le laborieux Conseil des ministres qui vient d’entériner les projets de texte sur l’information, les partis et les associations démontre l’hésitation d’un gouvernement qui, loin d’être résolu dans sa volonté de réforme, patine à s’accorder avec lui-même. Non pas que les conditions de l’exercice des droits politiques, civiques et du droit à l’information demandent à être réinventés, mais certainement parce que le pouvoir n’a pas encore résolu la question de la dose d’ouverture qui lui permettrait de présenter ses réformes comme conformes au standard des avancées démocratiques attendues.

Le statu quo dans le traitement des partis politiques et des associations renvoie l’organisation de la vie politique au sur-place. Avant l’avènement de l’État de droit, c’est-à-dire l’État où le pouvoir n’est pas au-dessus de la loi et où la justice est indépendante, le pouvoir pense rassurer sur la liberté d’association en instituant, pour les initiateurs de partis politiques, le recours au Conseil d’État. Si le monopole de publicité institutionnelle n’est pas préalablement démantelé, la libération légale de l’exercice de la presse écrite est annulée par la répartition politique du budget de promotion des institutions et des entreprises publiques.

L’irrésolution réformatrice apparaît nettement dans l’ajournement de la question cruciale de l’ouverture de l’espace audiovisuel en attendant une “loi spécifique” : le niveau d’ouverture toléré n’était pas présentable et le niveau présentable ne pouvait être exhibé comme l’expression de l’ouverture prônée.

La lourdeur dans la conduite des réformes et la timidité qu’on peut lire dans les éléments de réforme rendus publics confirment l’impossibilité structurelle de réformes conduites de l’intérieur en Algérie : il en va de la survie du régime et de l’existence du système.

Mustapha Hammouche

Ouverture du champs audiovisuel en Algérie

Le Saoudien Al Walid lance une chaîne de télévision pour faire face à Al Jazeera

«Il y a des silences qui sont de dangereux explosifs!» Daniel Pennac

Le milliardaire saoudien Al Walid ben Talal lancera en 2012 une nouvelle chaîne de télévision d'informations en continu, Al Arab, et cela pour stopper la pression et l'hégémonie d'Al Jazeera. Lors d'une conférence de presse au siège de son groupe Kingdom Holding, le prince Al Walid, neveu du roi d'Arabie Saoudite et propriétaire de plusieurs groupes internationaux dont l'hôtel Georges V à Paris, a déclaré que cette opération vise à accompagner le «Printemps arabe» et contribuer à la promotion de la liberté d'expression dans le Monde arabe».


Il ajoute que «la région connaît des changements dramatiques, en passe de se poursuivre et de provoquer des développements importants, qu'Al Arab va accompagner», avant d'ajouter qu'Al Arab entend contribuer à «la promotion de la liberté d'expression et de la presse dans le monde arabe» par une couverture «objective, équilibrée et crédible» de l'actualité régionale. Visiblement très sensible aux campagnes de manipulation et déstabilisation d'Al Jazeera dans le Monde arabe, le prince Al Walid entend prendre ses dispositions et éviter que son pays, l'Arabie Saoudite, soit touchée par la vague de la Révolution arabe.


La nouvelle chaîne réservera une tranche quotidienne de cinq heures aux informations économiques et financières, qu'elle confectionnera en collaboration avec le groupe américain Bloomberg LP en vertu de l'accord conclu entre les deux parties. Al Arab, dotée d'un réseau de journalistes du Monde arabe, entrera en compétition avec les deux chaînes régionales qui dominent déjà le secteur dans le Monde arabe: la chaîne qatarie Al Jazeera et Al Arabiya émettent de Dubaï à capitaux saoudiens. Son siège n'a pas été encore choisi: Manama, Doha, Dubaï, Abou Dhabi ou Beyrouth figurent parmi les villes pouvant abriter la nouvelle chaîne qui sera, selon le communiqué, indépendante de Rotana, le groupe régional de divertissement du prince Al Walid, lequel avait vendu 9% de ses actions au géant des médias News Corporation de Rupert Murdoch.


Le Saoudien Jamal Khashoggi, un vétéran de la presse saoudienne, proche des Al Fayçal, une branche de la famille régnante en Arabie Saoudite, dirigera Al Arab. En mai 2010, il avait dû démissionner de son poste de rédacteur en chef de l'influent quotidien saoudien Al Watan dont il avait fait une tribune progressiste, et ce, après la parution d'un article critiquant le salafisme qui avait suscité des remous dans les milieux conservateurs. Il est clair que cette nouvelle télévision vise à apaiser la tension médiatique qui est très forte dans le Monde arabe et qui a poussé à l'ouverture du champ audiovisuel dans certains pays, considéré comme fermé telles la Tunisie, la Mauritanie et aujourd'hui l'Algérie.

Amira Soltane

Le patronat, pour quoi faire ?

La «tripartite» est pour la fin du mois. Encore une fois, rien n'indique que l'économie sera à l'ordre du jour, encore moins l'entreprise. Un économiste qui ne manque pas de lucidité disait, il y a quelques années, sur un ton dépité que l'Algérie était le seul pays où on ne parle jamais de l'entreprise. Dans l'espace où il s'exprimait, il aurait pourtant pu être question du sujet et même n'être question que de ça.

Dans la salle, il y avait de respectables capitaines d'industries, des experts qui ne manquent pas de compétence et de liberté de ton et des politiques qui n'ont pas la réputation de garder leur langue dans la poche. Paradoxalement, ce jour-là aussi, l'entreprise a suscité très peu d'intérêt parmi l'assistance qui avait pourtant applaudi à tout rompre le brave économiste désespéré qui a fini par lâcher en aparté que si on n'en parlait pas dans un espace aussi libre qu'éclairé, c'est qu'il n'y avait rien à dire sur la «question».

La tripartite aura lieu dans quelques jours, il ne sera pas (encore) question d'économie, encore moins d'entreprises et manifestement ça ne dérange pas outre mesure le patronat qui s'y prépare avec un énigmatique enthousiasme. Il en est ainsi de la Confédération des industriels et des producteurs algériens (Cipa). On ne sait pas si la «cession» de son conseil national, prévu dans quelques jours, est spécialement programmé pour discuter de la tripartite, mais on sait qu'il en sera largement question.

L'un de ses animateurs va même plus loin en déclarant que «le caractère social» de ce rendez-vous n'est pas fait pour décourager les opérateurs économiques qui vont évaluer les résultats de la précédente tripartite, pourtant aussi «social» que la prochaine, avant d'élaborer l’état des lieux et propositions. Pour l'état des lieux, on sait.

On n'a peut-être pas besoin d'être patron pour savoir que la situation n'est pas très brillante, qu'il n'y a aucune stratégie de développement cohérente et que «l'outil de production est bloqué depuis des décennies» en raison des problèmes qui s'accumulent et de l'«absence de solutions» !

On sait beaucoup moins pour les «propositions», mais on peut en deviner ce qu'on en fera. Il n'y a qu'à demander aux autres «partenaires sociaux» et aux représentants du gouvernement ce qu'ils attendent du patronat en l'invitant à ces «négociations». Et vous ne serez pas surpris d'apprendre qu'il ne sera question que de SNMG et de retraites. Et depuis quand, le SNMG, les autres salaires et les retraites sont-ils liés à la production et à l'entreprise pour que les patrons viennent en discuter ?

Slimane Laouari

TÉLÉVISIONS PRIVÉES : Mehri, Rahim et Haddad en piste

L’ouverture au privé de l’audiovisuel se précise de plus en plus. Certains candidats n’ont pas tardé à se faire connaître, alors que d’autres ont opté pour la discrétion. Les groupes en lice sont nombreux. Mais dans le milieu d’affaires, on parle du groupe ETRHB d'Ali Haddad, du groupe Mehri ou encore celui que préside l’homme d’affaires Rahim du groupe Arcofina.

Abder Bettache - Alger (Le Soir) -Avant même que le gouvernement n’annonce officiellement sa volonté d’élaborer une loi spécifique pour consacrer l’ouverture de l’audiovisuel au privé, des informations font état de démarches et tractations menées par des hommes d’affaires pour se lancer dans le projet audiovisuel. Le groupe ETRHB semble avoir pris plusieurs longueurs d’avance sur ses futurs concurrents. Depuis le 25 août dernier, un site web – www.dzairwebtv.com – a été lancé. Une stratégie mise en place, expliquent des spécialistes de l’audiovisuel, «dans une perspective de la création d’une chaîne de télévision». M. Yacine Titem, le directeur de l’agence Lotus Média, accompagnatrice du projet, évite de parler explicitement de «lancement d’une chaîne de télévision» pour le compte du groupe Haddad. «On ne peut rien vous confirmer», s’est-il contenté de dire. Mais «la mission qu’on nous a confiée est celle de mettre en place une TV web». En effet, cette dernière, étant une chaîne généraliste, a entamé sa diffusion en ligne. «Vivez la télé autrement» est le slogan de dzairwebtv.com. Des émissions sportives, telles que «Café des sports» ou encore «Dzaïr foot» sont à l’affiche du site. D’autres émissions à caractère culturel et social sont prévues dans la grille de lancement. L’émission intitulée «Le 1/4 d’heure de célébrités» constitue l’une des prochaines attractions.
Un rêve de trente ans pour Djilali Mehri
Le décor mis en place est identique à celui des plateaux de télévision. Un effort qui dénote que dzairwebtv s’inscrit dans une perspective de lancement d’une chaîne de télévision. «C’est une lecture qu’on pourra faire. Mais pour le moment rien n’est officiel», ajoute M. Titem. L’homme d’affaires Djilali Mehri ne cache pas pour sa part son enthousiasme quant à la prochaine ouverture du champ audiovisuel au secteur privé. «C’est une annonce qui constitue sans nul doute une avancée prometteuse dans la voie du renforcement des libertés publiques et de la démocratie dans notre pays», a-t-il indiqué. Et d’ajouter : «C’est un rêve que je caresse depuis trente ans. Cela fait longtemps que je m’y intéresse. J’attends cela avec impatience. A l’occasion de la tenue d’un symposium maghrébin les 11 et 12 mai 2006 à El Oued, j’avais déjà exprimé le désir de m’investir dans ce secteur d‘activité. Une activité dédiée en particulier à la culture, aux arts, à la musique de notre pays, ainsi qu’au sport, loisirs et tourisme. C’est dire que j’accueille avec joie cette initiative de nos autorités et je m’emploierai à m’y associer et à soutenir un investissement de mon groupe pour le plus grand intérêt de mon pays.» Le représentant exclusif de la chaîne hôtelière du groupe Accor en Algérie a tracé, lui, les contours de son futur investissement. «Il faut maintenant attendre la publication du cahier des charges régissant cette activité».
Le groupe Rahim dans l’attente des textes
Pour Djilali Mehri, «l’Algérie aura beaucoup à gagner en ouvrant le champ de l’audiovisuel». «Nous allons actualiser notre étude et nous comptons faire de ce projet un véritable support de l’épanouissement touristique, culturel, sportif et social de notre pays. On est, certes, en retard dans ce domaine, mais on peut facilement se rattraper. La télévision est un moyen approprié pour présenter au monde l’Algérie. Je vous le répète, c’est un rêve qui date de trente ans», ajoute notre interlocuteur, qui précise que son projet de création de chaîne de télévision aura une dimension maghrébine, un projet antérieur à la chaîne tunisienne Nessma TV. Le groupe Arcofina, que dirige l’homme d’affaires Rahim, propriétaire du projet la Médina d’Alger, dont l’hôtel Hilton, la tour ABC ou encore le projet Ardis est annoncé comme porteur d’un «important » projet de création d’une chaîne de télévision. Une information démentie par l’entourage immédiat de M. Rahim, qui a indiqué que «le projet n’est pas à l’ordre du jour». Selon la direction de communication du groupe Arcofina, citant son secrétaire général «le groupe Rahim n’est nullement sur le point de lancer une chaîne de télévision». «Pour le moment, le projet n’est pas à l’ordre du jour pour le groupe Arcofina. Le champ de l’audiovisuel est pour l’instant fermé. Le jour où il sera ouvert, on verra. On attend les textes pour mieux voir.» Une explication qui laisse penser que le groupe Arcofina, considéré comme l’une des entités économiques privées les plus actives en Algérie, est intéressé par l’expérience audiovisuelle.
Beur TV se recentre sur Alger ?
Dans la foulée de cette importante mutation que connaîtra le champ audiovisuel en Algérie, la chaîne de télévision française Beur TV n’est pas en reste. Se présentant notamment comme la première «chaîne de télévision privée à destination des Français d’origine maghrébine, de Maghrébins vivant en France (…) mais aussi aux populations issues de l’immigration des pays du sud de la Méditerranée et vivant en France», Beur TV compte se repositionner et se redéployer. Selon des sources concordantes, la chaîne de télévision Beur TV compte faire d’Alger son principal siège dans la région du Maghreb. Autrement dit, si Beur TV délocalise sur Alger, elle sera en pole position pour entamer son expérience algérienne de l’audiovisuel. Beur TV est conventionnée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel français depuis le 8 janvier 2002. Elle a obtenu l’agrément du CNC en juin 2003 et débutera sa diffusion le 3 mars 2003. Cela étant, il est à noter que dans le document portant perspective d’ouverture du champ audiovisuel, le ministère de la Communication justifie la fin du monopole de l’Etat sur la télévision en indiquant que, «l’ouverture de l’audiovisuel au privé paraît incontournable au regard du développement des technologies de l’information et de la communication». «Le caractère sensible du secteur de l’audiovisuel, qui a un impact déterminant sur l’opinion publique, impose une loi spécifique pour cette activité», ont ajouté les services du ministère, qui précisent dans le même document, que «l’audiovisuel, la presse électronique, les sondages et la publicité ne figurent pas dans le nouveau code de l’information du fait que ces activités présentent des spécificités nécessitant des textes séparés».

A. B.

Bouteflika s’explique sur le FIS

«Mais que pourrais-je avoir comme problème avec Sid Ahmed Ghozali ? Ou avec Amara Benyounès ? Ou avec Mohamed Saïd ? Ou je ne sais qui encore ?». C’est Bouteflika qui parle. C’était lundi lors de la réunion du Conseil des ministres, selon des confidences d’une source très bien informée.

Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - «Eh bien aucun», répondait Bouteflika à sa propre question. «Mais si j’avais donné mon accord pour ces personnes, je devais également le faire pour les gens de l’AIS. Madani Mezrag aussi a déposé une demande pour constituer un parti» ! Silence religieux, bien sûr comme à chaque fois que Bouteflika prend la parole et tous les membres du gouvernement attendent la suite. «Il est hors de question, mais alors hors de question de permettre aux gens qui ont mis le pays à feu et à sang de revenir sous quelque forme que ce soit sur la scène politique. » Il s’explique encore : «Vous savez pourquoi nous étions bloqués sur cette question jusque-là ? Parce que nous avons un vide juridique.» A ce moment, tout le monde aura compris. C’était lui qui avait instruit Ouyahia d’imposer un article explicite dans la nouvelle loi sur les partis politiques concernant les éléments de l’ex-FIS. Une question qui n’avait pas fait l’unanimité au sein du gouvernement qui avait consacré pas moins de cinq réunions à la loi sur les partis. Certains ministres, notamment du MSP, s’opposaient à cet article, expliquant que cela reviendrait à remuer le couteau dans la plaie et que, de toute les façons, la charte pour la paix et la réconciliation nationale avait définitivement tranché sur cette question. En face, Ouyahia, soutenu par Belkhadem et la majorité des ministres insistant au contraire sur la nécessité d’introduire cet article. «A la quatrième réunion, Ouyahia est venu avec un document préparé par ses services», nous confie notre source. Ce document préparé par les services du Premier ministère et dont nous avons une copie, est intitulé tout bonnement : «La question du parti dissous dans la nouvelle loi organique sur les partis politiques». Il commence par évoquer «la situation actuelle». En fait, c’est un rappel cinglant de la disposition de la charte «(…) le peuple algérien ne peut oublier les tragiques conséquences de l’odieuse instrumentalisation des préceptes de l’Islam, religion de l’Etat. Il affirme son droit de se protéger de toute répétition de telles dérives et décide, souverainement, d’interdire aux responsables de cette instrumentalisation de la religion, toute possibilité d’exercice d’une activité politique, et ce, sous quelque couverture que ce soit. Le peuple algérien souverain décide également que le droit à l’exercice d’une activité politique ne saurait être reconnu à quiconque ayant participé à des actions terroristes (…)». Le document de Ouyahia précise juste après que «cette volonté souveraine du peuple a été reproduite dans l’ordonnance n°06.01 du 27 février 2006, portant mise en œuvre de la charte pour la paix et la réconciliation nationale (…). La révision de la loi organique relative aux partis politiques doit à présent, lit-on encore dans ce document, prendre en charge cette position. Cela est d’autant plus nécessaire que, dans le cas contraire, l’adoption de la nouvelle loi organique sur les partis entraînerait alors l’abrogation de l’article 26 de l’ordonnance du 27 février 2006, et donc remise en cause de la décision exprimée par le peuple à travers son approbation massive de la Charte (…)». Le document du Premier ministre passe ensuite à un deuxième chapitre, intitulé «Options pour un article sur cette question, dans le projet de loi relative aux partis politiques». Et elles seront deux propositions. La première «consiste à reproduire intégralement le libellé de l’article 26 de l’ordonnance de février 2006 (…) Cependant, prévient encore le document, le choix de cette option reviendrait à bannir de la vie politique tous les éléments ayant pris part à la tragédie nationale, et cela pourrait s’avérer une position extrême». Par «position extrême», et selon notre source, on entend l’application dudit article «sur non seulement la base de l’ex-FIS mais les trois millions d’électeurs du FIS en 1992».
«Des militants FIS, vous en avez tous»
D’ailleurs, en Conseil des ministres, Bouteflika, évoquant cette question, fera remarquer que «de toutes les manières, d’anciens militants du FIS, vous en avez déjà tous ! On y trouve au FLN, au RND, au Hamas (ancienne appellation du MSP, Ndlr) et même chez Louisa Hanoune» ! En fait, nous révèle toujours notre source, «les divergences au sein du gouvernement ne concernent pas les anciens dirigeants du FIS, les repentis ou les militants de ce parti. Sur ce point, tout le monde est d’accord. Les divergences concernent seulement la base du parti dissous». Le document de Ouyahia propose la solution dans «l’option n°2. Cette seconde option, précise le document, viserait à sauvegarder la position décidée par le peuple d’interdire le retour du parti dissous ainsi que de ses principales figures sur la scène politique. Dans cet esprit, l’article 3 bis du projet de loi organique relative aux partis politiques se lirait comme suit : le droit de fonder un parti politique ou de prendre part à la fondation d’un parti politique est interdit pour toute personne responsable de l’instrumentalisation de la religion ayant conduit à la tragédie nationale. Ce droit est interdit également à quiconque ayant participé à des actions terroristes, refuse de reconnaître sa responsabilité dans la conception et la mise en œuvre d’une politique prônant la violence contre la Nation et les institutions de l’Etat». Au final, c’est cette proposition que l’on a retenue, tant au niveau du gouvernement que dimanche dernier en Conseil des ministres. C’est désormais l’article 4 de la loi sur les partis politiques. Avec un ajout de taille, toutefois, fait sur proposition de Noureddine Yazid Zerhouni. L’article qui enterre le FIS se décline donc comme suit : «Le droit de fonder un parti politique ou de prendre part à la fondation d’un parti politique ou (l’ajout de Zerhouni ndlr) d’assumer une responsabilité au sein d’un parti politique (….).» Ce faisant, la voie est désormais ouverte pour l’agrément des nouveaux partis…
«Nous n’avons pas de télévision»
Autre dossier qui avait particulièrement «passionné» Bouteflika au cours de la réunion du Conseil des ministres, le nouveau code de l’information. «Le ministre de la Communication l’avait présenté dimanche. A la fin de la présentation, le président prend la parole. «Ecoutez, ce texte est trop sensible pour le traiter à la légère. Nous sommes un peu fatigués et je préfère que nous le traitions demain», nous confie notre source. Et le lendemain lundi, à l’ouverture des travaux, Bouteflika se distinguera par une sortie pour le moins surprenante : «Ecoutez ! Nous n’avons pas de télévision ! Notre télévision n’est même pas classée. Sur ce terrain, nous sommes complètement désarmés, dépassés ! Nous sommes agressés de partout et nous n’avons rien pour nous défendre !» Devant des ministres médusés, Bouteflika s’adressera au ministre de la Communication : «Ecoutez, ce texte n’est qu’un texte. Il ne sera d’aucune utilité sans des décisions et des mesures effectives. Vous avez carte blanche pour cela, mais il faut redresser le secteur !» Il ne s’arrête pas là : «Et puis, même notre presse écrite est médiocre ! Il faut remédier à tout cela» ! On croirait entendre parler un chef de l’opposition !

K. A.