mardi 16 février 2010

Polémique et Saint-Valentin sur Ness Nessma

«Une société de liberté est une société où vous êtes libre d’être impopulaire sans pour autant que votre vie soit en danger.»
Adlaï Stevenson

La petite chaîne du Grand Maghreb, Nessma TV, continue de faire polémique sur ses choix éditoriaux. Ce n’est pas L’Expression qui le dit, mais la presse et la rue tunisienne, qui commencent à en avoir marre des sujets proposés par cette télévision sans programme défini. Ainsi, sur le site Tunisie-Scope, ils affirment que Nessma TV est seulement la 9e télévision la plus regardée des Tunisiens. Tout en reconnaissant que Ness Nessma est l’émission la plus regardée sur la chaîne du Grand Maghreb, le site tunisien affirme que par rapport à ce que les frères Karoui envisageaient depuis le mois de septembre, Nessma semble loin de ses objectifs en terme d’audience avant d’ajouter qu’elle est très loin de son slogan «Enass el kol eyahtarou bi Nessma».

Mais Nessma TV fait surtout débat et polémique dans la rue et surtout dans les forums sociaux comme facebook, qui dénonce le nouveau thème du questionnaire de l’émission de Ness Nessma: «Pour ou contre le sexe avant le mariage.»

Sur facebook, le groupe Tunisie, dénonce, preuve à l’appui, la vidéo, l’attitude de la chaîne. Il accuse, notamment la télévision des Karouis d’avoir changé la question du thème: En effet, la première question était soft et avait pour thème: «Etes-vous pour ou contre les relations amoureuses avant le mariage?». Après avoir réalisé des interviews avec la jeunesse tunisoise, le réalisateur du sujet a changé la question pour devenir: «Etes-vous pour ou contre le sexe avant le mariage?». Un des intervenants s’est senti piégé et a publié une vidéo sur facebook où il montre la supercherie. Ce dernier demande à tous les interviewés de réagir pour rétablir la véritable question.

La chaîne Nessma TV a, depuis quelques temps, adopté une rubrique et fait réagir les invités sur ce sujet. La rubrique consiste à poser une question sur la société maghrébine et lancer un questionnaire. Le résultat du sondage est donné en fin d’émission. Un sondage qui nous rappelle le fameux sondage que Al Jazeera avait lancé et qui lui attiré plusieurs problèmes avec certains pays dont l’Algérie. L’une des questions qui a fait polémique même au sommet des Etats maghrébins c’est: «Etes-vous pour ou contre le service national?» La question a suscité certaines réactions hostiles surtout que les informations annoncées dans le sujet étaient erronées.

Par ailleurs, on remarque que Nessma TV qui aspire à adopter les 90 millions de téléspectateurs maghrébins se trompe de société et se montre plus destinée à une élite ou une jeunesse branchée qu’à une société maghrébine multiculturelle et conservatrice. Pour preuve, la chaîne Nessma TV a été la seule télévision arabe et musulmane à adopter et à célébrer la Saint-Valentin, la fête des amoureux. Enfin, une satisfaction pour les Karoui, Nessma TV est, selon un site tunisien, la télévision la plus regardée sur Internet par les Tunisiens. Ça promet.

Amira SOLTANE

Un chemin de fer à trois rails

On connaissait le train classique qui roule sur deux rails en faisant tchouf tchouf, avec l’homme à la casquette qui siffle les départs et son fils qui vend des sandwichs immangeables pendant les arrêts. On connaissait aussi le monorail japonais qui glisse à grande vitesse sur un seul rail central, mais personne ne connaissait le chemin de fer à trois rails. Cette étrange construction est probablement l’image qui résume le mieux la situation d’aujourd’hui. Car après les scandales Sonatrach, Travaux publics, Algérie Télécom et autres entreprises des amis associés, le prochain à venir est, selon les experts en rapinologie, celui lié aux trains et voies ferrées, idées généreuses projetées à coups de milliards de dollars et impliquant de grosses compagnies étrangères.

Ainsi, selon l’image, il aurait été prévu trois rails : deux pour faire passer les trains et un troisième pour faire passer les commissions occultes. Le train à trois rails est une véritable invention nationale en ce sens que lorsque dans le monde les commissions – en dessous de la table – tournent autour de 10%, en Algérie, elles se situent autour de 30%. Soit un tiers, soit un rail sur trois, d’où la nécessité de construire des voies ferrées à trois rails pour en garder un pour soi.

Reste la difficulté de l’opinion publique : comment expliquer aux usagers et aux citoyens qu’il y a un rail sur lequel aucun train ne passe et dont l’utilité est a priori nulle ? Les décideurs ont réfléchi trois minutes et pensé qu’il fallait faire comme d’habitude, invoquant une vague raison d’Etat. Il y a bien des plages et des zones interdites aux citoyens, des bandes d’arrêt d’autoroute uniquement réservées aux députés et sénateurs, des ruelles publiques fermées parce qu’un ministre y habite et des quartiers interdits aux chiens et aux gens normaux. Pourquoi n’y aurait-il pas un rail interdit aux trains ?

Par Chawki Amari

Renoncement

«La première chose qui m’avait découragé dans ma vie, ce n’était pas la condition très modeste de ma famille, mais les conséquences qu’elle entraînerait par la suite. Je me suis vite aperçu, d’abord en écoutant Léo Ferré et ensuite en vérifiant ses dires dans l’expérience de tous les jours, qu’il ne suffit pas d’être intelligent ou de beaucoup travailler pour réussir. J’ai très vite compris qu’il fallait faire partie d’une famille, d’un clan, d’une meute, d’un parti.»

D’ailleurs, cite-moi un élève brillant qui ait fait une carrière percutante! Aucun. Tous ceux qui promettaient sont devenus d’obscurs fonctionnaires alors que des élèves moyens ont eu des carrières enviables. Tout cela parce qu’ils étaient d’une famille qui avait un de ses membres bien placé dans les rouages de l’administration. Je ne te citerai pas de noms, mais tu les reconnaîtras. J’ai connu quatre membres d’une même famille qui n’ont accédé à des postes de responsabilité que grâce au nom qu’ils portaient.

C’est comme l’histoire des navires qui suivent un brise-glace dans le Grand Nord. Le premier qui s’est installé à ouvert la voie aux autres qui n’ont eu qu’à suivre. En kabyle, je ne te l’apprendrai pas, on appelle cela, tailler «asalu», asalu étant un chemin nouvellement créé. Et je ne te parle pas des autres manoeuvres qu’il faut exécuter pour se tailler un chemin dans cette terrible jungle: les courbettes, la flatterie, l’obéissance aveugle et servile: cela m’aurait empêché de dormir.

C’est la raison pour laquelle j’ai préféré devenir enseignant: c’est mal payé, mais au moins cela n’attire pas la convoitise des autres parce que, justement, ce n’est pas un métier rémunérateur. Et j’ai refusé de devenir directeur d’un établissement parce que cela comportait des servitudes envers l’administration et les parents d’élèves. Je vendais tous les jours mon maigre savoir sans me casser la tête, rentrant à heures fixes à la maison et m’acquittant au mieux de mes obligations familiales, d’abord en tant que fils, ensuite comme mari et père de famille. J’estime que j’ai accompli le cycle normal de la vie comme la nature et la société m’y ont astreint.

J’ai rempli mon devoir biologique en procréant et mon rôle social en exerçant une profession utile et indispensable bien que mal rémunérée. La deuxième chose qui m’a fait sursauter, c’est le divorce qui existe entre le discours ambiant et la pratique quotidienne. Tu te souviens de l’enthousiasme qu’avaient soulevé les nationalisations de tous les secteurs économiques vitaux, les mines, les hydrocarbures, les banques, les assurances.

On avait supporté avec le stoïcisme des gens qui avaient du «nif» toutes les privations, les pénuries, les restrictions. Puis, un beau matin, sans crier gare, vous recevez sur la tête une nouvelle qui vous fait chanceler et qui pulvérise toutes vos illusions: au pays des autorisations de sortie et des restrictions de devises, un haut fonctionnaire s’est fait épingler par le Mossad à l’aéroport de Tel-Aviv. Selon radio-trottoir qui avait vite fait de répandre la nouvelle à une vitesse supraluministe, ledit bonhomme revenait d’un voyage privé effectué à Osaka, au Japon.

Le ciel m’était tombé sur la tête. J’ai même eu une collègue (que Dieu ait son âme) qui a pris son billet pour Paris. Elle n’est jamais revenue et elle est morte et enterrée là-bas. Voilà les quelques raisons qui m’ont poussé à suivre toujours le côté ensoleillé de la rue.

Selim M’SILI

«UE Airlines» ne fait pas de crédit !

Que les eurodéputés ne le prennent pas mal. Si le président de la commission européenne, José Manuel Barroso, a dépensé tant d'argent sur le dos du contribuable européen en 2009 c'est parce qu'il n'est pas chef d'Etat. En conséquent, il doit payer ses billets d'avion au prix fort. 

Avec soixante six voyages, dont une dizaine à l'étranger, faites vos comptes. Pas moins de 730 230 euros de frais de missions et de primes de représentation ont ainsi servi aux déplacements et aux séjours de M. Barroso. Avec ce tas de factures bien salées, les eurodéputés regrettent-ils déjà d'avoir plébiscité le Portugais pour un second mandat à la tête de la commission européenne ?

Il n'y a pas de doute, ces chiffres vont faire grincer des dents. Davantage en Grèce où le sauvetage financier que les pays dits «grands» de l'UE ne se fera pas en un claquement de doigts.

Clause stipulée par la chancelière allemande dont une majorité de concitoyens se sont prononcés pour une expulsion pure et dure de la Grèce de la zone euro. Mais mieux vaut ne pas aller vite en besogne et clouer les autorités d'Athènes au pilori, sur le vieux continent la récession n'est pas propre à ce pays. Ce, malgré son colossal budget de la défense qui engloutit à lui seul 4,3% du PIB.

Réélu à la tête de la commission européenne, grâce à la «coalition des hypocrites», comme aime à la nommer le député vert Dany Cohn-Bendit, Barroso consacra-t-il son premier voyage en Grèce pour ne serait-ce faire semblant de s'intéresser de plus près au conflit chypriote alors que le gouvernement d'Ankara s'est récemment inquiété du traitement réservé par l'Union européenne au dossier de la candidature turque à l'UE ?

Bien sûr que nul ne trouvera à redire sur combien lui coûtera ce déplacement, il y va de l'éternelle construction politique de l'Europe.

Car l'Europe sociale, tant promise à travers les discours enchanteurs par Barroso and co, est en train de sombrer quelque part dans un grand bazar du libéralisme.

S'il ne se rendra pas au chevet de la Grèce, où est-ce que le président de la commission européenne pourrait bien aller en ce début 2010 ? Des voyages à l'étranger, les plus longs courriers possibles, justifieraient mieux ses dépenses passées, non ? Chez les mollahs d'Iran qu'à présent Hillary Clinton assimile à des dictateurs sans foi et sans loi ?

En Irak où les partis laïcs sont exclus d'office des prochaines législatives, la démocratie à l'occidentale peine à trouver ses marques ?

En Afghanistan où les alliés de la coalition ne savent pas comment faire passer la pilule de la fraude massive à la dernière présidentielle qu'à travers de vastes offensives militaires ?

En Chine populaire qui envisage d'investir sept milliards d'euros en Corée du Nord pour obliger cet allié confirmé de reprendre le chemin de la négociation ? Quelle que soit la destination que Barroso choisira, les eurodéputés ne pourront que lui souhaiter un bon vol en first class.

Par Anis Djaad

Le parfum ou la rose

Ils y trouvaient sûrement leur compte, mais ça ne diminue en rien leur mérite. «Ils», ce sont de jeunes et moins jeunes qui ont redoublé d'effort pour mettre un peu plus d'éclat en ce jour béni de la Saint Valentin, trop émoussée par la discrétion et la difficulté.

L'occasion faisant toujours le larron, elle a aussi, une fois n'est pas coutume, fait de gais lurons dans les rues d'Alger et sûrement des autres grandes villes du pays. On les a vus, ces jeunes et moins jeunes, le panier de roses nonchalamment accroché au bras, allant vers les couples, le rire vrai et le verbe facile, les «inciter» à l'amour dont les fleurs proposées étaient bien évidemment le plus bel intermédiaire.

D'autres, plus entreprenants, avaient multiplié les offres. Des parfums, de menus bijoux et d'autres objets qui pouvaient bien faire l'affaire pour le cadeau de l'amour.

L'on ne saura sans doute jamais si vraiment ces boutiquiers de la rue avaient offert quelque chose à leurs femmes ou copines, mais on sait qu'ils ont déployé des trésors d'arguments pour que d'autres le fassent. Mais c'est déjà ça de pris chez cette humanité vivant de bric et de broc, dont on sait qu'elle cache en son ventre le meilleur et le pire.

Qu'on leur prenne une rose cellophanée ou un chaînon de toc, volontiers ou à l'usure, ils auront mérité leur journée et sûrement plus que ça. Pour vous avoir convaincu de mettre la main à la poche, dégrisé un instant fugace de votre vie ou simplement arraché un sourire de sympathie pour tant de persévérance. Ils ont du toupet, ces jeunes et moins jeunes au panier de la Saint Valentin, puisqu'ils vont jusqu'à vous faire la leçon.

Et ils savent s'y prendre, puisqu'ils vous demandent rarement d'acheter, mais simplement d'aimer, ou à la limite, offrir. Le parfum ou la rose, à moins que ne soit les deux.

Quand le soir venu, ils iront «bouffer l'argent des tulipes», comme le disait merveilleusement Nazim Hikmet dans l'un de ses poèmes, ils auront en plus le bonheur qu'en ce jour béni de la Saint Valentin, ils ont sorti le meilleur d'eux-mêmes.

Les autres, ceux qui ont mis la main à la poche, volontiers ou travaillés au corps, se souviendront de ce jeune exubérant qui leur a collé un petit quelque chose à offrir. La vie est faite aussi de ces petites choses-là. Le jour des amoureux et les autres jours.

Slimane Lahouari

Colonisation : Les Algériens exigent toujours des excuses de Sarkozy

Après le pétrole, le néant

À Oran, le ministre de l’Énergie a réinventé l’artifice de Boumediene, celui des institutions qui survivent aux hommes et aux évènements : “Les cadres partent mais les institutions restent, d’autres hommes et d’autres cadres sont là pour prendre la relève et continuent à travailler !”

Le scandale de Sonatrach, dont nous ignorons, pour l’heure, l’ampleur réelle, ne devrait susciter aucune inquiétude. Mais, surtout, aucun blâme à l’endroit des responsables du secteur énergétique.

“L’État perçoit des redevances et des rentrées financières importantes grâce à nous.” Sans plus de précision sur ce “nous” nourricier, Khelil insinue-t-il que le pays lui doit, à ce “nous”, sa relative santé financière ? Et que ce qui compte, c’est que “nous” est toujours là pour que l’Algérie puisse “percevoir des redevances et des rentrées financières importantes”. Les institutions – pérennes –, c’est donc “nous” !

Presque au même moment, un expert nous expliquait que l’Algérie était plongée dans une surconsommation frénétique de ses ressources en hydrocarbures. “Sonatrach épuise rapidement les réserves pétrolières du pays”, constate Mourad Prieure, directeur de son propre cabinet de Strategy Consulting.

On s’en doutait un peu, rien qu’à observer la communication de Sonatrach : il n’y en a que pour les périmètres “concédés pour la recherche et l’exploitation” et les découvertes de “nouveaux gisements”. Cette frénésie de l’exploration, de la perforation et du siphonage systématique du sous-sol national semble tourner au vampirisme minier sans que cela ne se traduise dans quelque mouvement de développement économique ou social de l’Algérie.

La recherche et le bradage du moindre filon minier sont devenus une raison d’État, ne laissant “nulle place où la main ne passe et repasse”. Le Hoggar s’est révélé prometteur en métaux précieux et son labourage a commencé ; il y a deux ou trois ans, le littoral était balayé par les spectromètres d’un bateau-laboratoire à la recherche d’éventuels gisements off shore… Comme pour rassurer sur la pérennité de la manne, le ministre confiait, dernièrement, que le nord du pays recelait ses gisements. Bientôt, on sondera le Jardin d’Essais.

À peine un projet de métro qui, depuis un quart de siècle, avance à une vitesse de limace, un autre d’autoroute qui se réalise en ligne discontinue et d’autres chantiers alibis avec presque chacun son lot de malversations par lesquelles s’échappe la rente pétrolière.

Les scandales financiers accompagnent le pompage soutenu des ressources souterraines, un peu comme si la prévarication constituait le premier effet de cette frénétique exploitation du sous-sol national.

Il y a donc de fortes chances qu’après le départ des hommes, les institutions restent, mais pas les ressources ! Il n’y aura alors pas beaucoup d’hommes pour remplacer les hommes, dans une Algérie sans pétrole, sans rente, sans “fonds spécial” pour “motiver” les cadres, et surtout sans développement.

Quand on aura vendu tout le pétrole et bu toute l’eau de la nappe phréatique, on aura réussi à créer un désert sous le désert ! Et avec un peu de malchance sous la mer et sous la plaine. La rente, c’est le contre-développement. Et le pays de l’après-pétrole que nous prépare le système rentier ressemblera à l’univers de Mad Max. Un désert pollué et parsemé de puits et de derricks désaffectés.

Par : Mustapha Hammouche

Même pas un mot de remerciement !

Selon Le Soir d’Algérie, 560 tonnes de thon relâchées en Méditerranée.

Et pas qu’en Méditerranée, les frangines !

Je trouve qu’Obama est un ingrat ! Un ingrat doublé d’un mufle. Et pas que lui, au demeurant. Sont aussi ingrats et mufles que lui les sénateurs du Maryland, de Virginie, du New Jersey, de Washington et d’un tas d’autres localités américaines. Comment ça se fait, ya aâdjaba ? Pas une lettre, pas une seule lettre de remerciements à l’Algérie ? Après tout ce qu’ont fait pour eux certains de nos compatriotes ? C’est une honte !

Alors que tous les Etats-Unis sombraient dans la crise financière la plus violente depuis le crash boursier de 1929, alors que des millions de foyers ricains se retrouvaient à la rue et des maisons somptueuses mises en vente mais ne trouvant aucun repreneur faute de liquidités, des Algériens courageux, téméraires et entreprenants, ont acheté, à tour de bras, quantité de maisons américaines de très haut standing.

C’est un peu, c’est même beaucoup grâce à ces Algériens-là, venus au secours de l’immobilier américain au bord du gouffre, que l’économie américaine a pu remonter la pente aussi vite. Pourtant, ces compatriotes qui se sont portés acquéreurs de bien immobiliers aux Etats-Unis n’avaient pas que ça à faire.

Pour nombre d’entre eux, ils ont des charges officielles lourdes ici même, en Algérie. Ils sont censés cravacher dur comme fer à booster l’économie algérienne en priorité. Malgré cela, malgré leur agenda harassant et leurs plannings démentiels, nos frères, nos honorables frères, ont pris sur leur temps hyperprécieux, ont pris sur eux pour investir dans le sauvetage de pans entiers de l’immobilier américain.

Et quoi ? Rien en retour ! Pas une petite bafouille de remerciements. Même pas un petit discours de reconnaissance contrite d’Obama au Congrès pour l’aide inespérée apportée par des Algériens à l’Amérique. Je suis déçu. Mais sûrement moins déçu que mes frères propriétaires au Maryland, en Virginie, dans le New Jersey et à Washington.

Eux doivent être sûrement traumatisés d’avoir placé autant d’argent dans une contrée peuplée d’autant d’ingrats. Oui ! Sûrement ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

Par Hakim Laâlam

L’économie et le juge

Le droit réserve bien des surprises aux politiques dans les Etats où la séparation des pouvoirs est une réalité tangible de la construction institutionnelle. Le gouvernement noir-jaune, de centre-droit (CDU-Parti libéral) d’Angela Merkel vient d’en faire l’amère expérience avec une récente décision de la Cour constitutionnelle basée à Karlsruhe (ouest) : dans un jugement rendu ce mardi, elle juge insuffisant, inhumain et, surtout, anticonstitutionnel, le régime d'allocations sociales dont bénéficient les citoyens allemands les plus démunis.

Les juges de Karlsruhe — la gardienne de la loi fondamentale allemande, qui fait office de Constitution — étaient saisis de trois cas de familles qui contestaient le barème des aides allouées pour leurs enfants, mais la Cour a souhaité élargir sa décision en statuant sur l'ensemble du système Hartz IV, l’équivalent allemand du RMI français Politiquement, la chancelière donne l’impression de s’en laver les mains : après tout, les gardiens de la loi fondamentale ont farouchement réagi à une réforme libérale de l'ancien chancelier social-démocrate, Gerhardt Schröder, auteur du système, généralement connu sous le nom de Hartz VI, et évincé du pouvoir en septembre dernier après quatorze ans de règne Cinq ans plus tard, les juges de la Cour constitutionnelle rejoignent ainsi, par un biais inattendu, les mouvements de grève contre ce système d’allocations, moins favorable, qui fusionne l’aide sociale et les allocations aux chômeurs de longue durée en un forfait mensuel de 359 euros.

Jusqu'à la réforme rouge-vert, les victimes du chômage bénéficiaient de trois dispositifs : primo, l'assurance chômage d'une durée maximale de douze mois (et de trente-deux mois pour les plus de 57 ans), financée par cotisations et calculée sur la base des derniers salaires ; secundo, l'assistance chômage (l'Arbeitslosenhilfe), une allocation de solidarité pour les chômeurs de longue durée, versée sans limite temporelle et financée par l'impôt ; tertio, l'aide sociale financée par les communes et calculée sur la base des besoins estimés (logement, chauffage, etc.). La principale disposition de la loi Hartz IV avait conduit à supprimer l'assistance chômage en la fusionnant avec l'aide sociale pour donner naissance à «l'allocation chômage II», plus couramment appelée Hartz IV.

C’est ce système que vient de mettre à terre la Cour constitutionnelle en considérant qu’il «est incompatible avec l'article 1, paragraphe 1, de la loi fondamentale», qui garantit «le droit à une existence digne», selon les termes de son président Hans-Jürgen Papier. Celui-ci ajoute : «Les règles en vigueur ne suffisent pas au regard de la Constitution. Ces règles sont inconstitutionnelles.» La Cour a jugé qu'il incombe à l'Etat de garantir à chacun «un minimum de participation à la vie sociale et culturelle» du pays.

Or, le barème actuel ne prévoit aucune activité socio-éducative pour les enfants Les juges ont estimé que le montant des allocations a été fixé «de façon arbitraire», sans «fondement méthodique». Ils ont cité en exemple l'absence d'un forfait pour l'achat de livres scolaires, de cahiers, ou encore d'une calculatrice. Les juges dénoncent le fait que le barème pour les enfants ne soit qu'un pourcentage du barème adulte (60 à 80 % selon l'âge, soit entre 215 et 287 euros) qui ne tient pas compte «des besoins spécifiques» comme des couches pour nourrissons ou des vêtements à renouveler pour cause de croissance Mon collègue et ami, Gero Neugebauer, professeur à l’Université libre de Berlin, dont j’ai sollicité l’avis à la lecture du jugement, me rappelle que «la Cour constitutionnelle a statué sur une mesure qui date de la coalition rouge-vert de 2004.

Le point particulier est l'allocation que perçoit de l’Etat une famille dont le père et/ou la mère est au chômage et qui compte en son sein des enfants qui vont à l'école. Habituellement, les sans-emploi reçoivent 359 euros, plus le loyer de l’appartement et 70 % de ce montant pour chaque enfant à charge. Le chiffre avait été fixé par le gouvernement. Ils ont passé en revue les statistiques et pris pour base l’allocation qu’un démuni perçoit en un mois diminuée de 20 %. De cette façon, l'enfant reçoit moins d'argent, mais sa situation particulière n’a pas été prise en compte, en tant que personne qui grandit, qui a besoin de biens spécifiques (livres, etc.) pour son éducation et d'autres choses, et dont une personne adulte peut se passer. La Cour a décidé que les enfants âgés de 6 à 16 ans devraient recevoir une attention spéciale ».

Mais au-delà des barèmes pour enfants, la Cour constitutionnelle a choisi de statuer sur tout le système Hartz IV, qui fut l'une des réformes majeures du gouvernement du social-démocrate Gerhard Schröder (1998- 2005) et probablement la plus controversée : l’année dernière, les tribunaux ont enregistré 194 000 plaintes. La Cour a donné jusqu'au 31 décembre 2010 au gouvernement pour qu'il repense son mode de calcul des allocations de façon «transparente et appropriée», et non plus «à l'aveugle».

Selon le jugement de la Cour constitutionnelle, le législateur doit, pour garantir un revenu minimum «humainement digne» (menschenwürdig), conformément à l'article 1 de la loi fondamentale, fixer des montants dont le calcul doit être fait sur la base de procédures «transparentes et appropriées» concourant à la prise en compte des besoins réels. Gero Neugebauer : «La Cour a blâmé la coalition rouge-vert parce qu'elle a perdu de vue des valeurs fondamentales de la social-démocratie — la justice sociale et la sécurité sociale — et parce qu’elle a eu recours à une méthode contestée de “tondeuse à gazon” : toutes les choses doivent être égales.

La conséquence la plus importante est, cependant, que le gouvernement est maintenant obligé de fixer, conformément à un critère, qui a été oublié dans la politique : la dignité humaine. » La méthode actuelle, qui repose sur des évaluations forfaitaires des besoins, n'est, aux yeux de la Cour, pas illégitime : elle consiste, à partir d'un panel de 60 000 ménages, à énumérer et à évaluer les principaux postes de consommation des 20 % des ménages les plus pauvres et à fixer des taux de prise en charge. Elle conduit à verser une allocation (hors suppléments pour le loyer et le chauffage) de 359 euros (2009) au chef de ménage et de 323 euros pour le/la conjoint(e).

Les conséquences financières de cette révision sont lourdes : 6,7 millions d'Allemands bénéficient des allocations Hartz IV pour lesquelles l’Etat a déboursé, en 2009, un peu plus de 45 milliards d'euros, une charge déjà lourde dans les comptes de la première économie européenne qui connaît son plus grave déficit de l'après-guerre. La ministre du Travail et des Affaires sociales, Ursula von der Leyen, acquiesce : «Ce jugement est incontestable et la société va devoir payer, c'est clair.» Selon les projections, si l'actuelle allocation de 359 euros par mois pour un adulte est relevée par exemple à 420 euros, il en coûtera 10 milliards d'euros de plus par an à l'Etat.

Sur le plan politique, la décision jouera comme un effet de recentrage : elle aiguisera les contradictions entre conservateurs et libéraux au sein d'un gouvernement déjà très divisé sur la question chérie de toutes les droites : les réductions d'impôts. Ainsi, le chef du Parti libéral et membre du gouvernement, Guido Westerwelle, a déjà mis en garde contre les «risques de décadence» liés à une «société d'assistance». Par contre, les organisations sociales ont applaudi la décision de Karlsruhe, comme la confédération syndicale DGB qui réclame «un programme contre la pauvreté. »

Pour sa part, le porte-parole du ministère des Finances, Michael Offer, est plus serein : il estime que le jugement de Karlsruhe n'impliquerait «pas nécessairement» une augmentation des aides : le jugement ne dit rien de la hauteur des barèmes (futurs), il exige seulement un calcul transparent et «on ne peut pas prédire les conséquences financières ». L'arrêt de la Cour soulève, en effet, une question récurrente, pas nécessairement propre à l’Allemagne, liée au mode de fixation du seuil de pauvreté et, conséquemment, des barèmes requis pour la contenir.

C’est ce que les statisticiens connaissent sous le nom des échelles d'équivalence de revenu, avec pour paramètres fondamentaux la composition des ménages et le poids respectif des membres de la famille. La première idée de base est que des personnes réunies sous le même toit réalisent des économies d'échelle dans la consommation (elles ont besoin d’une seule cuisinière, d’un seul chauffage, par exemple), qui permet à la personne supplémentaire de subvenir à ses besoins à moindre frais que si elle vivait seule. L’autre idée, soulignée par l’arrêt, est que les besoins varient avec l'âge.

Par Ammar Belhimer

Le mépris des médiocres

Deux corps très sensibles du pays, l’éducation nationale et la santé, sont très malades. Ils souffrent tous les deux de grèves récurrentes qui ont un impact négatif sur la société. Dans les deux cas, ce sont des revendications salariales qui sont à l’origine du malaise. Nos enseignants vivent dans des conditions exécrables avec des retraites misérables, ce qui se répercute très négativement sur la qualité de l’enseignement et, par voie de conséquence, sur le niveau des élèves. Depuis des années, ils ne vivent que de promesses, ce qui fait qu’ils ne font plus confiance au Pouvoir, lequel est fermé au dialogue et, surtout, n’aime pas agir sous la contrainte.

Malheureusement, si le problème n’est pas réglé rapidement, l’année blanche sera inévitable. D’ores et déjà, les élèves sont perturbés par ces mouvements de grève et par un système d’enseignement qui a fait d’eux des cobayes. Le cas des praticiens de la santé est encore plus dramatique. Ils sont plus que méprisés par les dirigeants de ce pays. Ils sont les plus mal payés de tout le Maghreb, au point qu’on trouve des spécialistes de qualité qui n’ont même pas de logement. A cause de la politique gouvernementale, la médecine algérienne, qui était performante et respectée dans les milieux médicaux internationaux, est désormais à la traîne à cause des conditions de travail offertes.

Un ministre de la Santé des années 1990 a même reconnu que nos hôpitaux sont devenus des mouroirs. Humiliés, nos médecins trouvent du respect hors des frontières et ils font le bonheur des hôpitaux de France et d’ailleurs ; ceux qui sont restés, mus par l’amour de leur patrie, demandent au moins le minimum vital et un peu de considération. Malheureusement, la réponse est celle d’un pouvoir intolérant, qui n’admet pas la contestation sociale parce qu’elle risque de prendre des tournures politiques avec des risques pour la survie du système.

Ne connaissant que la violence comme moyen de négociation, les gouvernants sont allés jusqu’à bastonner ce qui nous reste comme symboles de science et de savoir. Il est vrai que ce système n’aime pas les hommes compétents et intègres et préfère baigner dans la médiocrité. Pourtant, l’Etat a les moyens de répondre à des revendications légitimes, surtout que nos hôpitaux subissent depuis deux mois des contrecoups dramatiques. Il est vrai que ce Pouvoir préfère le clientélisme. Il aime entretenir des structures budgétivores qui ne servent guère l’intérêt national et ce, pour se donner une façade démocratique. L’intérêt supérieur de l’Algérie, son avenir, ne font pas partie de ses soucis.

Par Tayeb Belghiche

Défilé de personnalités officielles et de parlementaires américains en Algérie

Mamelle sacrée

Le pétrole et le gaz, richesses non renouvelables qui constituent la mamelle nourricière sacrée des Algériens, sont malheureusement en train d’être bradés.

Les affaires de corruption qui viennent d’éclabousser le géant Sonatrach ont, quelque part, quelque chose de bénéfique. Ce scandale, car c’en est un, en plus des interrogations que le citoyen se pose et du degré des implications au sein des décideurs, renvoie à la politique énergétique menée par l’actuel ministre du secteur. Ce dernier maintient mordicus que sa stratégie est la bonne. Pour preuve, les réserves de change en surliquidités.

Ce raisonnement trop facile ne va pas jusqu’au bout de la problématique. Pour un baril vendu, quelle est la part qui revient aux majors compagnies ? Et si le marché n’était pas aussi juteux jusqu’à en arriver aux empoignades, l’investissement étranger dans ce domaine connaîtrait le même sort que celui réservé aux autres secteurs. C’est à dire : rien si ce ne sont des promesses.

Le pétrole et le gaz, richesses non renouvelables qui constituent la mamelle nourricière sacrée des Algériens, sont malheureusement en train d’être bradés, même si c’est au prix fort, à des pays émergents qui les utilisent à la vraie création de richesses (recherche, technologie, know how, emplois) qu’ils nous revendent clés en main. Nous avons, à vrai dire, une politique énergétique dont le seul à s’en vanter reste le ministre de tutelle après qu’il eut échoué dans la privatisation de ce patrimoine de tous les Algériens même si le nombre inconsidéré des concessions cédées le réconforte quelque peu auprès des multinationales. C’est presque une privatisation qui ne dit pas son nom.

Nombre d’observateurs ont essayé de tirer la sonnette d’alarme à commencer par l’ancien Premier ministre, Ahmed Benbitour, qui se désolait de l’existence d’un peuple pauvre dans un pays riche. Effectivement, la rente pétrolière, expression entrée dans l’usage, ne profite pas à la création de richesses. On ne voit pas venir, par exemple, un tissu de PME/PMI autour de ces deux produits.

L’aval a pris le devant sur l’activité amont et la vente du brut de façon déraisonnée amenuise rapidement les réserves et nous rend tributaires des produits finis que l’Algérie achète grâce aux recettes de ce même brut.

Si cela était compréhensible dans les années 1970/80, il est aberrant que l’on continue aujourd’hui d’alimenter en énergie les usines étrangères qui fabriquent pour nous des produits finis, sans haute technologie, que l’initiative algérienne peut prendre en charge pour peu qu’on lui fasse confiance.

Par : Outoudert Abrous