L’économie marocaine, bien évidemment, subit, elle aussi, actuellement, les méfaits de la crise économique mondiale. Le Maroc est affecté à travers quatre principaux canaux de transmission (cf. «Le Maroc face à la crise.» Institut royal des études stratégiques - 2009 - doc. Ronéo) :
1/ Le premier concerne les secteurs exportateurs
Ces secteurs subissent la contraction de la demande étrangère adressée au Maroc sous l’effet du tassement de l’activité et de la consommation dans les principales économies partenaires. Les exportations marocaines ont déjà connu, à fin mars 2009, une diminution de - 5 % par rapport à l’année 2008.
2/ Le deuxième canal de transmission est lié à la baisse des recettes touristiques
Entre juillet 2008 et mars 2009, les recettes du tourisme ont baissé de - 14 % sous l’effet de la réduction des dépenses des ménages dans les principaux pays émetteurs de touristes. La concurrence régionale et internationale en matière d’offres touristiques, qui s’est intensifiée a, aussi, eu un impact négatif sur les recettes de voyages du Maroc.
3/ Le troisième canal a trait au ralentissement des transferts des Marocains résidant à l’étranger (les MRE).
Ces transferts ont baissé de - 11 % durant la même période. Cette baisse des transferts des MRE est due au repli de l’activité dans leurs pays de résidence et par le chômage, notamment dans les secteurs du bâtiment et de l’automobile qui emploient beaucoup de main-d’œuvre étrangère. Les marchés marocains des biens de consommation et du logement s’en ressentent fortement durant cette année 2009.
4/Le quatrième canal de transmission de la crise est lié à la contraction des IDE
Les investissements et prêts privés étrangers ont baissé de - 36 % sous l’effet de la montée des incertitudes, des difficultés de financement à l’échelle mondiale et des reports de projets d'investissements.
Impact des canaux de transmission de la crise (mars 2008 - mars 2009)
Exportations - 5%
Recettes MRE - 11%
Tourisme - 14%
IDE - 36%
Ces quatre canaux de transmission de la crise ont entraîné sur la période allant de juillet 2008 à mars 2009 une perte de 28 milliards de dirhams par rapport à la même période, un an auparavant, soit une baisse de - 13 % (cf. Le rapport déjà cité : «Le Maroc face à la crise financière et économique mondiale » op. cit. p. 18 et 19).
Les mesures de riposte à la crise
Il faut signaler en tout premier lieu la présence d’amortisseurs de la crise. Il y a d’abord la bonne campagne agricole 2009 : l’agriculture enregistrerait une croissance de 22 %.
- En second lieu, le rapport susmentionné signale la tendance à la modération des prix des matières premières et de l’énergie, ce qui va atténuer la pression sur les finances publiques.
- Par ailleurs, la demande intérieure devrait continuer à être soutenue par le crédit et compenserait la baisse de la demande extérieure. Mais les réponses du Maroc à la crise, c’est surtout la mise en en place, en février 2009, d’un comité de veille stratégique public-privé qui a pour mission «de mettre en place des mécanismes de concertation et de réactivité en prise directe avec les réalités du terrain et de définir des mesures appropriées, ciblées et pro-actives». Les premières mesures arrêtées par ce comité concernent l’accompagnement des entreprises les plus touchées dans les secteurs du textile, du cuir et des équipements automobiles. De même, l’Etat aide financièrement les entreprises marocaines dans leurs activités de prospection et d’assurances à l’export. L’Etat marocain a aussi arrêté une enveloppe financière de soutien au secteur touristique, secteur stratégique s’il en est pour le Maroc. Toutes ces mesures, qui restent, faut-il le rappeler, des mesures conjoncturelles destinées à soutenir le tissu productif en période de crise, visent à atténuer les effets de la crise économique mondiale sur le Maroc dont l’économie connaîtra tout de même une baisse du taux de croissance qui sera pour l’année 2009 de 3 % contre une moyenne annuelle de 5 % durant la période 2004-2008. De même, la balance des paiements courants sera fragilisée. La crise actuelle a mis en relief, selon les autorités marocaines, «l’érosion de la compétitivité de l’économie nationale». La productivité des entreprises et la qualité du capital humain restent insuffisantes. Le marché intérieur doit se développer par une politique de promotion des classes moyennes et un tissu d’entreprises compétitives. Le rapport des autorités marocains sur l’impact de la crise sur l’économie marocaine souligne que «la crise actuelle a mis en exergue des déficiences structurelles antérieures à la crise qui affectent l’économie nationale. Parmi elles figurent la soutenabilité budgétaire limitée, la faible compétitivité de l’économie, l’aggravation de l’étroitesse du marché intérieur ou, encore, les dysfonctionnements intermittents, mais majeurs, en termes de gestion des dossiers stratégiques et de gouvernance». Belle lucidité qui devrait inspirer les rapports divers sur l’économie algérienne produits par nos institutions !
Par Abdelmadjid Bouzidi
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