mercredi 31 août 2011

UN COUPLE ÉCHAPPE AU LYNCHAGE À LA PLACE AUDIN : Le short interdit aux filles à Alger

La jeune fille porte une tenue vestimentaire légère: un short court et c'est l'ire des passants...

En cette soirée du 27e jour de Ramadhan, Alger-centre est noir de monde. Chacun vaque à ses occupations, profitant des dernières soirées mouvementées de cette année. Les terrasses des cafétérias de la place Audin sont pleines à craquer. Impossible de trouver une place pour s'attabler. L'ambiance était à son comble et tout le monde semble satisfait. Mais subitement, tout a failli basculer et l'ambiance festive gâchée. Un couple de jeunes atterrit à la place Audin. Il est 23h40. La jeune fille porte une tenue vestimentaire légère: un short court.


Cette tenue a aussitôt provoqué l'ire des passants. Le couple est d'abord, chahuté, puis une meute de plus de 60 personnes s'est formée derrière lui. Le malheureux couple presse le pas. Mais mal lui en prit. La foule suit le couple et prend de l'ampleur au fil des mètres. Arrivé en face de la Fac centrale, le couple est totalement assiégé. Après avoir essuyé les insultes des mécontents de cette tenue vestimentaire, il a frôlé le passage à tabac et le lynchage. Il n'a dû son salut qu'à l'intervention rapide des policiers.

«Qu'est-ce qui se passe ici?», s'interroge un passant. «Tu ne vois pas ce qu'elle porte?», lui répond un autre. Cette foule était constituée pour la majorité, de jeunes et d'adolescents dont la moyenne d'âge ne dépassait pas la vingtaine. Aucun parmi eux ne porte une barbe ou un quelconque signe ostentatoire d'ordre religieux. Mieux, certains portaient des shorts courts comme celui de la jeune fille.

«Ils sont en train d'exprimer une frustration, car ne supportant pas de voir une fille porter une telle tenue», estime un curieux.

Entre-temps, le couple toujours assiégé a été sauvé in extremis par les agents de l'ordre.
Ces derniers ont installé le jeune homme dont l'âge ne dépasse pas 20 ans et la jeune fille, environ 17 ans, à l'intérieur du fourgon de la police, posté au niveau de la place Audin, en face du siège d'Air Algérie. Les policiers, pour la plupart en civil, ont intimé l'ordre aux «protestataires» de se disperser. Peine perdue, puisque ces derniers sont toujours aux aguets.

En premier lieu, on a donné un pantalon à la jeune fille, à l'intérieur même du fourgon. Mais le pire était à craindre. Finalement, on a dépêché un autre véhicule de la police qui a procédé à l'évacuation du couple, sifflé par la foule. Il est minuit. Le couple a été transporté au commissariat de police du 8e arrondissement, sis rue Didouche-Mourad.

Quelques minutes plus tard, un couple, certainement européen, a échangé un baiser, publiquement sans s'attirer la foudre des passants. Comme si de rien n'était. Certains mécontents, devinant la destination du couple évacué par la police, se sont déplacés sur ce commissariat, attendant la sortie du couple qui aurait trop tardé. A minuit donc, alors que le 28e jour du mois sacré venait juste de commencer, le pire a été évité de justesse à la place Audin, au coeur d'Alger.

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Au pied du mur

C’est dans un bain de sang, celui des militaires de l’Académie de Cherchell, que le Ramadhan 2011 s’est achevé, œuvre de kamikazes actionnés par des chefs terroristes qui ont tenu à souligner, une nouvelle fois, que toute période de jeûne en Algérie ne peut être que celle du djihad et donc du plus grand nombre de victimes. Le même scénario depuis deux décennies, l’intégrisme religieux, qui fait payer d’année en année à la société un lourd tribut pour pousser le pouvoir politique à capituler de plus en plus devant lui. Cette fois-ci, il lui est commandé d’aller bien au-delà de la Réconciliation nationale après que soit achevé le processus de libération de milliers de terroristes redevenant du jour au lendemain des citoyens à part entière, n’ayant de comptes à rendre à personne.

Le second pas devra être la réhabilitation de l’islamisme politique, en d’autres termes le retour à la légalité de l’ex-mouvance FIS. Du chemin a été franchi, en ce sens, notamment dans des contacts informels entre responsables du pouvoir et des leaders islamistes. Pour que les «progrès» soient décisifs, le régime politique devra être davantage mis à genoux par l’aggravation du climat de terreur au sein de la population, notamment par le recours systématique aux kamikazes.

Les chefs terroristes ont de nouveaux «atouts», leur présence active au niveau de la frontière algéro-sahélienne et l’arrivée massive d’armes de Libye après la chute d’El Gueddafi. En poussant l’armée algérienne à déployer des forces accrues pour faire face à la détérioration du climat politique et sécuritaire dans cette zone, les chefs terroristes affaiblissent la pression que l’ANP exerce sur eux dans les régions du pays où ils activent fortement, dans la Mitidja et en Kabylie, notamment. La balle est dans le camp du pouvoir, car le problème relève davantage du domaine politique que militaire.

Les décideurs, à leur tête Bouteflika, ont-ils la volonté de barrer la route à l’islamisme politique, vont-ils céder aux sirènes de la réhabilitation de l’ex-FIS dissous ? Sont-ils conscients aujourd’hui que la Réconciliation nationale a davantage servi l’intégrisme que ses adversaires et qu’elle n’a fait que le légitimer et lui ouvrir la perspective d’un retour à la vie politique ? A ces lancinantes interrogations qui engagent l’avenir de toute l’Algérie et la sécurité de sa population, ils devront apporter des réponses claires dans un contexte qui a foncièrement changé : c’est celui des révoltes arabes qui ont disqualifié l’islamisme politique et remis au goût du jour le concept de libertés démocratiques.

Ali Bahmane

The candidate (23)

Le sang sèche plus vite que les larmes. Après le carnage, les services de sécurité officiels sont rapidement arrivés à la Présidence et ont bouclé le secteur. Le patron de la police, probablement un sosie, a conclu à un accident de suicide collectif isolé.
- Alors, il est mort ou non ?
- Qui ?
Il est mort. Officiellement. Tout le monde est mort, les présidents comme les présidés, les décideurs comme les indécis et les vrais comme les sosies. Même le colonel Mu, un vrai, tué par sa propre balle qui a rebondi sur le bureau blindé. Seule survivante du massacre, Sarah, qui était à genoux au moment du drame, a tout raconté au journal El Watan. D’après H. Moali, qui ne croit pas à la thèse du suicide collectif, «la mort est une naissance», en ce sens où selon la tradition hindoue, tout n’est que cycles et réincarnations dans des sphères aussi occultes qu’un cabinet noir ou un édito d’El Moudjahid.
- Ne me dites pas que le président va se réincarner ?
- Dans un Algérien, un Marocain ou un Libyen ?
Sur la rue Didouche, où le cortège funèbre est passé pour une dernière communion avec la foule, le peuple s’est massé, les larmes aux yeux. La procession est descendue jusqu’à la place des Martyrs puis s’est rendue au cimetière d’El Alia.
- Mais finalement, qui est mort ?
- Je n’ai pas bien compris l’histoire.
Au cimetière, la cérémonie a été grandiose, bien que pour des raisons pratiques, tout le monde ait été enterré dans une fosse commune en marbre, rehaussée d’or massif. On n’a jamais su si on enterrait un président, un homme, un général, des décideurs. Ou un pays en entier.
- Au fait, c’est qui the candidate ?
Le docteur Mouse, présent à l’enterrement, a tenu à expliquer :
- Y a pas de sexe en anglais. Ça peut être un ou une candidate.
Oui, mais Sarah the candidate, ça sonne bien. Le rêve est permis. Bien qu’on pourrait le voir comme un pays dirigé par l’assistante d’un Américain.

The End

Chawki Amari

Les voeux de l'Aïd entre Tunisiens et Egyptiens



Le voeux de l'A

Balaie sous ta porte avant de zyeuter sous le paillasson du voisin !

Par Hakim Laâlam
Email : laalamh@yahoo.fr Un convoi de 6 Mercedes blindées en provenance de
Libye, avec à leur bord Kadhafi et sa famille, serait entré
en Algérie. Les autorités algériennes démentent fermement
: «Non ! C’est faux ! Il ne s’agissait pas de …

…Mercedes, mais d’Audi !»

Je n’y crois pas ! Alger ne serait pas encline à reconnaître le CNT libyen, parce que, dit-on ici et là, à voix basse, elle soupçonnerait cette instance provisoire d’être gangrénée par les islamistes et d’avoir des accointances avec Al-Qaïda. C’est la meilleure ! C’est l’hôpital qui se fout de la charité. C’est la charité qui se fout du couffin du Ramadan. Et c’est le couffin du Ramadan qui se languit de son papa, Djamel Ould Abbès, tout en maudissant son beau-père acariâtre, Barkat. Comment l’Algérie officielle, celle du Palais, peut-elle décemment chercher des poux verts islamistes dans la tête du CNT libyen lorsque sa propre tête à elle, sa caboche est infestée par l’intégrisme, sans que cette invasion ne suscite en elle la volonté de s’asperger de Marie Rose ? Non mais ! Les copains de Benhadj, de Abassi, de Mezrag, de Hattab, de Benhadjar et de Belkhadem qui reprochent aux libyens leur possible cousinage avec l’internationale islamiste ! Un comble ! Eh ! Oh ! Les mecs ! Faudrait penser à faire le nettoyage chez nous avant de regarder avec suspicion le paillasson du voisin tripolitain. Al-Qaïda, ses clones, ses parents proches, lointains, ses appendices idéologiques, ses ramifications multiples, tout ça, le «Pack Tango», on l’a déjà, il est en place ici, en Algérie, sans qu’on aille le chercher ailleurs. Avec, en plus, de notre part, l’hypocrisie de le traquer chez les voisins tout en feignant de se pincer le nez. Y a pas plus de frérots dans les rangs du CNT que dans ceux du FLN version l’empastillé. Y a pas plus d’intégristes dans le gouvernement transitoire libyen qu’il y en a déjà dans les travées de notre Assemblée, de notre Sénat, du parc des conseillers d’El Mouradia ou encore dans l’éducation nationale. Alors, de grâce, si le châtelain persiste à ne pas reconnaître le CNT, qu’il fasse au moins l’effort de trouver un motif moins risible de non-reconnaissance. Parce que, très franchement, l’excuse d’un CNT noyauté par les barbus, c’est de moins en moins poilant ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

Le maire, les jeunes et la loi

Pour avoir bravé l'Etat, quatre pauvres bougres souffrent le martyre. L'un d'eux est même en taule...

Sur les quatre inculpés de sit-in illégal et d'outrage au maire de Chéraga (Alger), suivis de dépassements à l'encontre de policiers dans l'exercice de leurs fonctions, il n'y a qu'un seul détenu qui a apparu tel un héros, local, surtout que ce jeune avait fait partie du comité de soutien au maire aujourd'hui plaignant, mais absent dans la salle d'audience et la défense l'a déploré!
Il est impératif de souligner que si les deux avocats Maître Nouasria Jr et Maître Aïd ont joué leur rôle pleinement, Zaïm, le procureur a été magnifique, au cours des débats où il a donné un sérieux coup de main à Joubana-Djazia Mezaâche, la sympathique et correcte présidente de la section correctionnelle du tribunal de Chéraga (cour de Blida). Il fallait l'écrire!
Durant le réquisitoire, debout le représentant du ministère public a eu l'occasion de mettre en valeur l'autorité de l'Etat. Il a rappelé que le parquet bouge sur plainte.
«Il y a eu plainte du maire de Chéraga pour trouble à l'ordre public, outrage au président de l'APC, insulte et plus grave, menace. Vous lui aviez rappelé qu'il ne lui restait que 18 mois d'immunité, après quoi vous alliez lui faire voir. Ce n'est pas une menace, ça?», a encore ajouté Zaïm qui sent qu'il tient le bon bout et il n'y va et pas de main morte. S'accrochant aux seuls faits, il affirme que le ministère ne fait pas de politique mais il examine des dossiers. «Et votre dossier est clair. Vous êtes coupables de ce qui vous est reproché!», conclut le procureur avant de requérir une peine de prison ferme de deux ans pour chacun des inculpés qui restent de marbre. Mieux, l'inculpé détenu ricane. Il a franchement l'air de s'en ficher des demandes. Ce sera alors autour de Maître Messaoud Nouasria d'entrer en scène pour un long moment d'une défense appliquée, appuyée sur une minutieuse réplique au parquetier impassible.
«Ils ne sont coupables de rien, Mme la présidente. Il y a eu des mouvements de jeunes révoltés, des SDF, des chômeurs, des démunis qui étaient d'ailleurs plus de quarante jeunes en colère. Oui, le maire s'est plaint, mais où est-il ce mardi? Pourquoi n'est-il pas venu signer et persister? Dire ce qui l'a blessé!», siffle l'avocat brun qui appuie sur l'accélérateur en rappelant les termes du maire, d'ailleurs repris par le procureur. La défense serait ravie d'entendre la victime répéter les menaces. Elle en serait incapable, car ces mots n'ont jamais été prononcés. «Mme la présidente, l'essentiel n'est pas seulement de poursuivre et rester chez soi, attendant un SMS porteur de la bonne nouvelle. Non, la justice est unique. Elle entend toutes les parties. Et le devoir du juge est de chercher la vérité toute la vérité», a ajouté le défenseur qui a dû suivre sans se fâcher le beau sourire affiché par Zaïm, le représentant du ministère public qui devait rigoler du concept que la justice se doit d'écouter tout le monde.
Maître Nouasria passe outre et achève sa plaidoirie en évoquant l'article 212 avant que le tribunal ne se prononce, loin de toute pression nuisible et nocive. Joubana-Djazia Mezaâche, la juge embellit grâce à son magnifique sourire affiché juste après la demande de relaxe des quatre inculpés rassasiés de mots.
Plaidant juste après son aînée, Maître Nassima Aïd, l'avocate de Mohammed Zaouali, un inculpé des trois non-détenus, s'était levée pour intervenir aux côtés de son client et d'emblée elle proteste que sur les quarante auteurs de sit-in, il n'y en a que quatre, ici», c'est curieux que des jeunes qui se sont déplacés à la mairie de Chéraga demander «ce que le président de la République leur a accordé généreusement, leur soit refusé par le président de l'APC», s'est écrié l'avocate qui a rappelé que ces quatre jeunes étaient aux côtés du maire alors candidat au poste de premier magistrat. Le sort a voulu qu'en guise de cadeaux de local à offrir, on a offert la taule ouvrant une parenthèse sur les institutions données par le président de la République pour ce qui est du dialogue à instaurer avec les mécontents: «Non, M. le maire a prétendu que X, Y ou Z l'a outragé. Il a donné sur la quarantaine de manifestants, il avait sur le bout des lèvres les noms et prénoms de ceux qui l'ont aidé au cours de la campagne électorale de 2007!»
Puis, l'avocate blonde effectue une inattendue sortie en plongeant la presse nationale dans le bassin des causes du soulèvement des jeunes: «Mme la présidente, ce n'est pas péjoratif du tout, ce n'est même pas négatif ce que je vous débite, mais c'est la vérité. La presse nationale avait donné les excellentes nouvelles des immenses mesures prises par le président de la République qui avait décidé l'octroi par les APC aux jeunes diplômés notamment. Alors, Mme la présidente, convenez avec moi que ce genre de nouvelles réjouit certes, mais les jeunes ont pris au mot des informations publiées solidement sur des journaux. Ce n'étaient pas des ragots, ni du bouche-à-oreille. Les jeunes ont vainement attendu et rien à l'horizon», a expliqué Maître Aïd qui revient treize secondes et demie sur l'absence de menaces et de casse.
«Oui, Mme la présidente notre jeunesse n'a jamais suivi ni Facebook, ni la CIA, ni de quelconques appels au soulèvement. Nos jeunes se soulèvent et cassent tout sur leur passage. Ceux-là ont observé un sit-in, ce qui n'est pas un délit», a sifflé le défenseur. Juste après une courte mise en examen, la juge décide une rallonge d'une semaine, histoire de démontrer au détenu que l'autorité de l'Etat est sacrée, que nul n'est censé ignorer la loi, et donc, huit nuits en prison donnent à réfléchir.
Ah! l'autorité de l'Etat bafouée!

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FONDS SOUVERAINS, RÉSERVES D'OR : Les autres opportunités pour l'Algérie

«Lorsque la vérité entrera en lutte avec le mensonge millénaire, nous aurons des ébranlements comme il n'y en eut jamais, une convulsion de tremblements de terre, un déplacement de montagnes et de vallées, tel qu'on n'en a jamais rêvé de pareils. Toutes les combinaisons de puissance de la vieille société auront alors sauté en l'air, car elles sont toutes assises sur le mensonge...» Nietzsche, (Ecce Homo)

La dégradation de la note de la dette souveraine américaine par l'agence Standard & Poor's a relancé en Algérie la polémique sur la politique de gestion des réserves de change. Le ministre des Finances a tenté de rassurer et le 2 août, le gouverneur de la Banque d'Algérie s'est lancé à son tour dans un plaidoyer où il ressort que tout va bien, les 173 milliards ou 160 milliards de dollars, c'est selon, que nous avons arrachés à la terre, sont là. Après le ministre des Finances, Karim Djoudi, c'est au tour du gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci de s'exprimer sur les réserves de change de l'Algérie. Environ 98% de ces placements, répartis entre les États-Unis et l'Europe, sont effectués en portefeuille de titres souverains (valeurs d'État) que l'Algérie avait achetés entre les années 2004 et 2007, Les placements de ces réserves à l'étranger ont rapporté 4,60 milliards de dollars en 2010, contre un rendement de 4,74 milliards de dollars en 2009. Mais, il «ne faut surtout pas confondre excès de réserves de change et excès de richesse», dira M. Laksaci, car le premier représente tout simplement l'épargne publique alors que la richesse économique provient de l'investissement, a-t-il précisé. Nous lui savons gré de cette mise au point, à savoir, que l'Algérie ne crée pas de la richesse, c'est un pays qui exploite tant bien que mal une manne imméritée qui n'est pas le fruit d'un effort de la sueur, bref de l'intelligence. Pour Luis Martinez, l'Algérie a raté son développement et se contente de distribuer la rente et calmer les foules par des dépenses sociales sans création de richesse. Ecoutons- le: «Les fondamentaux économiques (capital humain, éducation, liberté), conditions du développement économique selon l'économiste Amartya Sen, ne sont pas mis en avant en Algérie. C'est la rente qui continue de financer l'économie: de 2004 à 2009, par un plan de soutien à la relance de l'économie, et de 2009 à 2014, par une stratégie de développement d'un montant de 280 milliards de dollars. L'Algérie se retrouve confrontée aux trois mêmes défis que par le passé: premièrement, le pays ne dispose pas d'une structure politique à même de décider des choix de développement et de contrôler leurs applications. Tout est réalisé dans la plus grande opacité, si bien que des projets colossaux sont au coeur de scandales de corruption: 200 millions de dollars de pots-de-vin auraient été versés pour un projet autoroutier de 9 milliards de dollars. L'absence de contrôle étatique (la Cour des comptes, l'Inspection générale des finances et le Parlement ne remplissent pas leur fonction de surveillance) risque d'engendrer un immense gâchis. Deuxièmement, le développement basé sur les hydrocarbures accroît de nouveau la dépendance du pays au secteur pétrolier. Troisièmement, le développement économique algérien dépend entièrement des investissements d'entreprises étrangères. Résultat, ce sont des emplois perdus pour les Algériens. L'Algérie achète sa stratégie de développement, car elle n'a ni les moyens ni les outils, les idées ou les ressources humaines pour mettre en oeuvre une stratégie de diversification. Elle dispose pourtant d'un fonds de réserve de 150 milliards de dollars qui l'éloigne d'un risque financier.(...) L'économie basée ces dernières décennies sur la seule rente pétrolière a détruit le capital humain en faisant fuir les cerveaux. Cinquante ans après l'Indépendance, l'Algérie n'est pas capable de construire seule une autoroute, n'ayant pas de capacités nationales, et c'est un drame pour la population. Surtout si l'on compare le pays à la Malaisie qui a su, grâce à sa petite rente pétrolière, mettre en oeuvre une stratégie de développement de son système éducatif et de santé afin de doter le pays des outils pour asseoir sa politique de développement».(1)
Le Dr Benbitour résume encore d'une façon plus critique la situation du pays. Ecoutons-le: «La crise financière internationale vient à point nommé pour nous rappeler le prix à payer pour les pays qui se sont laissés aller à vivre au-dessus de leurs moyens sans penser à l'avenir. En réalité, l'Algérie s'est installée dans une crise structurelle grave, bien avant celle vécue par les pays développés. Lattention est actuellement focalisée sur le risque que peuvent encourir les réserves de change déposées à l'étranger. Or, ce qu'il faut bien noter, c'est que la source d'accumulation de ces réserves étant les exportations d'hydrocarbures et non l'épargne du travail des Algériens, ce sont des pertes définitives à leur naissance. (...) Comme j'ai eu à le dire à différentes occasions, l'économie algérienne se distingue par la transformation d'une réserve non renouvelable (les hydrocarbures) en une réserve volatile (les dollars déposés à l'étranger). Chaque baril de pétrole extrait du sous-sol est, au départ, une perte pour les générations futures. Cela deviendra un gain par la manière efficiente dont sont utilisées les recettes générées des ventes de ce pétrole. Que peut-on faire de ces 173 milliards $ US? Les faire fructifier pour qu'ils passent de 173 à 200 ou plus. Laisser faire et les voir perdre de leur valeur! Mais quelle conséquence pour le développement national? Rien».(2)
(...) Lorsque le niveau de réserves en devises couvre trois mois d'importations, c'est bien. Si c'est six mois, c'est excellent! Mais au-delà, c'est du gaspillage! En augmentant de façon inconsidérée des dépenses publiques, sans effet notable, sur la création de richesses et en utilisant la fiscalité pétrolière comme source principale des recettes budgétaires, l'on se trouve à extraire de plus en plus d'hydrocarbures du sous-sol. Lorsque nous parlons de 286 milliards $ US d'investissements, nous ne parlons pas d'une épargne réalisée sur des revenus permanents, renouvelables à partir de notre travail ou notre développement technologique, mais d'extraction en quelques années d'un patrimoine non renouvelable(...) Quel avenir pour les générations futures? Des réserves d'hydrocarbures sur la voie de l'épuisement. Des constructions et des infrastructures sans développement qui vont exiger plus d'exportations de ressources naturelles pour financer leur maintenance et leurs frais d'exploitation.»(2) S'agissant justement des bons du Trésor, voie choisie par l'Algérie, les T-Bonds ou Treasury Bond (bons du Trésor) sont des titres obligataires à intérêt fixe, sécurisé, émis par le gouvernement américain. L'économiste auprès de la Banque mondiale, M'hamed Hamidouche, explique que si la Banque d'Algérie garde les titres qu'elle a acquis jusqu'au terme de l'emprunt, elle pourra récupérer son capital, ce qui semble être le cas aujourd'hui puisque l'Algérie dispose d'immenses liquidités. M. Hamidouche s'interroge si la Banque d'Algérie a pensé à une stratégie d'immunisation lors de l'achat des obligations. (...) Il a d'ailleurs, considéré que le meilleur modèle de gestion des réserves est celui de la Norvège, lequel se caractérise par sa transparence. Le fonds souverain norvégien est doté d'un comité d'investissement représentant les élus pour prendre les décisions stratégiques. Il publie un rapport annuel pour rendre compte de toutes les opérations engagées et de leur rendement et transmet un compte rendu trimestriel au Parlement.(3)
De plus, les bons du Trésor ne garantissent nullement une protection à toute épreuve. Ainsi, selon un expert saoudien des marchés financiers mondiaux, Sami Ben Abdel Aziz al-Nawaser, le volume des pertes d'investissements saoudiens dans les réserves américaines, basées sur la dette américaine, est de 45 milliards de dollars, soit 20 pour cent des investissements saoudiens. Il a souligné que la crise américaine a incité les investisseurs internationaux à investir dans l'or, qui a atteint des taux record sur les marchés mondiaux. Il ajoute que l'impact de la crise américaine sur l'économie saoudienne est réel! Al-Nawasar a souligné l'importance de préparer des plans pour un désengagement progressif du riyal saoudien par rapport au dollar américain, et de trouver des canaux d'investissement pour profiter des nouveaux changements et des fluctuations financières mondiales.(4)

Les autres opportunités pour gérer la rente: l'or et les fonds souverains
Il existe de par le monde, différentes voies pour faire fructifier, à moindre risque, ses excédents financiers. Il y a d'abord, l'or valeur qui devient de plus en plus la valeur refuge dans cette situation de crise. L'or ne fait qu'augmenter; plus de 60 fois depuis 40 ans. En 2009, l'once d'or valait 900 dollars, elle est à 1800 $. Ce qui explique la frénésie actuelle au point que le président Chavez va retirer tout son or des banques occidentales pour le sécuriser ailleurs.
Les fonds souverains sont la voie la plus utilisée avec des variantes. Un fonds souverain (sovereign wealth funds), est un fonds de placements financiers (actions, obligations, etc.) détenu par un État. Les fonds souverains gèrent l'épargne nationale et l'investissent dans des placements variés (actions, obligations, immobilier, etc.). Ils sont gérés ou contrôlés par un gouvernement national; ils gèrent des actifs financiers dans une logique de plus ou moins long terme. Le premier fonds souverain, le Koweit Investment Board, créé, a été le fonds du Koweït en 1953. Il gère en 2009 entre $200 et $250 milliards d'excédents liés à l'exportation de pétrole. Forts de leurs ressources en devises ou matières premières, une quarantaine de fonds souverains gèrent aujourd'hui entre 2500 et 3500 milliards de dollars, selon les sources. Selon des estimations réalisées par Morgan Stanley en mai 2007, ces actifs pourraient s'élever à 8000 milliards de dollars en 2011 et 12.000 milliards de dollars en 2015. Les fonds les plus importants en montant sont: - Abu Dhabi (huit fonds) (ADIA, 875 milliards de $), Singapour (GIC,330 milliards de $), Norvège Fund (GPFG, 322 milliards de $); Kuwaït Investment Authority (KIA, 213 milliards de $). L'objectif commun de tous ces fonds est de transférer de la richesse aux générations suivantes. Encyclopédie Wikipédia

Le cas admirable de l'Iran
Un pays qui semble avoir trouvé le juste équilibre pour son développement est l'Iran. Malgré sa diabolisation par les médias occidentaux, qui parle, de chaos, le pays avance. Georges Stanechy avec sa lucidité coutumière et son humour décapant, nous présente le rapport fait par le FMI en aout 2011. Ecoutons-le: «A sa lecture, loin des diatribes hystériques coutumières, ce pays de 75 millions d'habitants, est un des meilleurs exemples actuels de gestion économique d'un Etat! Des experts du FMI en pleine galère! Malgré eux, au terme de mois de travaux, contraints de déconstruire les clichés de la propagande impériale, jusqu'à concéder une croissance annuelle de 3,2%. Avec des réserves en devises de 100 milliards de dollars, estimées à 109,7 milliards pour 2011/2012, pour être précis».
(...) Des finances ultra-saines, semblent se lamenter les experts. Aucun endettement auprès du FMI, ni accords spéciaux. Mieux encore: les perspectives sont bonnes avec une croissance estimée par prudence à 4,5% (la cible étant 8%), avec une inflation chutant de moitié pour se situer au niveau des pays européens de 12% dès 2011/2012. Malgré un doublement prévisible de ses importations de biens et de services, les réserves sont évaluées à 305,3 milliards de dollars en 2016/2017. L'Iran a créé 1,6 million d'emplois lors du dernier exercice et vise, pour 2012, la création de 2,5 millions d'emplois. Avec comme objectif à terme: le plein emploi... Autre nouveauté constatée dans la stratégie énergétique iranienne que je ne cesse de marteler depuis des années, «En décembre 2010, les subventions des prix de l'énergie et des produits agricoles ont été supprimées. (...) Agissant sur trois plans, avec un sens de l'organisation exceptionnel: une intense campagne de communication, une action sociale méticuleusement menée, et une redistribution soigneusement contrôlée. Les produits pétroliers, électricité, et blé, en particulier, ont subi une forte augmentation. Pendant une période transitoire, le montant économisé est redistribué aux ménages sous forme d'une allocation en espèces librement utilisable (30 milliards de dollars), aux entreprises pour activer leur restructuration et leur modernisation en termes d'économies d'énergie (15-18 milliards), et aux administrations publiques pour financer leur modernisation (10-12 milliards). Les experts du FMI, ébahis, parlent de plein succès dans la mise en place de cette réforme jusqu'à en reconnaître les avantages immédiats: amélioration de la redistribution des revenus, réduction de la pauvreté, et stimulation de la demande intérieure»
Le volet certainement le plus prometteur pour l'avenir du pays: la gestion maîtrisée de ses richesses pétrolières et gazières. Leur contrôle, dans l'indépendance de leur exploitation et la bonne affectation de leurs revenus, est considéré comme un vecteur essentiel de développement et de garantie pour les futures générations.(...) D'après ce rapport du FMI, l'Iran travaille, progresse, s'organise, prépare l'avenir.(...)».(5)
Que peut-on dire en définitive? Il nous faut arriver à freiner cette frénésie hémorragique de bradage inconsidéré du pétrole. Il nous faut extraire que ce qui est nécessaire pour notre développement. Il nous faut aller vers la sobriété énergétique à marche forcée, notamment en pratiquant la vérité des prix pour éviter la gabegie du gaspillage. Bref, il nous faut, là aussi, une stratégie énergétique adossée à un modèle flexible de prévision de consommation de recours aux énergies renouvelables. Au risque de nous répéter, notre meilleure banque c'est notre sous-sol qu'il nous faudra exploiter d'une façon rationnelle et rationnée. S'agissant des placements, l'Algérie gère actuellement ses réserves d'une façon frileuse avec une mentalité encore bloquée à Bretton Woods, loin de la sphère financière mondiale qui comporte certes, une part de risque mais qui dans le même temps, évite à l'Algérie de s'installer dans une position pantouflarde qui ne la met nullement à l'abri d'un coup dur face aux règles du jeu financières imposées par les grands pays occidentaux. Les exemples de la Norvège avec ses fonds de pension, ses achats d'immeubles dans les grandes capitales, ses achats d'entreprises multinationales sont à méditer. La nécessité de convertir une partie de nos dollars en or apparaît de plus en plus comme une nécessité. Souvenons-nous: le 15 août 1971 Nixon décide que le dollar n'est plus convertible en or. Ce fut le début de la panique boursière mais la FED a vu ses réserves d'or réévaluées de 31 $ l'once à l'époque à plus de 1800 $ soit soixante fois! D'où l'utilité séculaire de se tourner vers la valeur refuge, cette «relique barbare» dont parle Keynes. Dans tous les cas, un débat national parait incontournable. Le secret de toute bonne gouvernance est en définitive, de convertir «l'or noir» éphémère en «or humain» pérenne et ceci par un système éducatif performant.

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1.La rente pétrolière http://lessakele.over-blog.fr/20-categorie-10984450.html 12 février 2011
2.http://www.lesoirdalgerie.com/articles/ 2011/08/27/article.php?sid=122094&cid=2
3.Melissa Roumadi: Incertitudes sur les placements de l'Algérie El Watan 09.08.2011
4.http://www.alterinfo.net/L-Arabie-saoudite-perd-45-milliards-de-dollars-dans-les-obligations-americaines_b3215599.html?preaction=nl&id=2634765&idnl=95126&
5.http://www.legrandsoir.info/iran-rapport-fmi-aout-2011.html

Les supplétifs sortent de l'ombre

La couverture des activités terroristes dans notre pays par les médias occidentaux ne nous étonne plus. Ils sont dans leur rôle de chiens de garde prêts à hurler à la mort contre tout pays montré par leurs maîtres. Qu'ils n'attendent pas une quelconque revendication de l'attentat contre l'Académie militaire de Cherchell pour l'attribuer d'office au terrorisme islamisme en général et à l'Aqmi en particulier, cela se comprend aisément. Ils entrent dans la stratégie qui consiste à «encercler» l'Algérie par de multiples moyens de pression dans l'espoir de la «pousser» dans le chaos créé dans la région. Jusqu'à la chaîne TV Euronews qui affirmait que «l'Algérie, peut-être une piste dans la traque d'El Gueddafi». Et ceci malgré tous les démentis du ministère algérien des AE. Les maîtres-chiens à la recherche du moindre prétexte pour le «droit de poursuite». Depuis le mois de janvier dernier, ils ont essayé par mille et un moyens de nous pousser dans le désordre qu'ils ont organisé dans la région et dans lequel ils ont réussi à «jeter» plusieurs des pays environnants. L'Algérie résiste vaillamment et cela rend fou furieux ces maîtres-chiens. Tout le monde sait aujourd'hui que le chef des rebelles libyens, Abdelhakim Benhadj, est un responsable d'Al Qaîda. Que donc le CNT n'est qu'une marionnette agitée par les maîtres-chiens pour mettre à feu et à sang la Libye et ensuite tous les pays de la région qui ne se soumettront pas. A qui? On vous donne juste une piste et vous aurez la réponse. Après avoir tout essayé contre la Syrie (réseaux sociaux, désinformation, Conseil de sécurité, etc.) il est maintenant question, tenez-vous bien, d'armes de destruction massive que ce pays détiendrait. Et qui affirme cela? C'est l'AFP qui rapporte un article du Wall Street Journal de samedi dernier dans lequel l'ambassadeur d'Israël aux Etats-Unis, Michael Oren, a rendu publique l'information qu'il détiendrait des services d'espionnage et qui le rend inquiet au point qu' «avec l'administration américaine, nous suivons de très près la situation» précise-t-il. C'est Israël qui veut refaire le coup de l'Irak à la Syrie. Revenons dans notre pays qui se trouve d'ailleurs sur la même feuille de route que la Libye et la Syrie. Admettons que c'est Aqmi, comme il est avancé ici et là, qui aurait commis l'attentat de Cherchell. Pour quelle finalité? Pour quel programme politique, idéologique ou religieux, se bat ce groupe de criminels? Aucun. Tous les leaders algériens de la mouvance islamiste vous le diront. Les groupes sous label «AQMI» sont faits pour tuer et créer le désordre. Uniquement. Du mercenariat organisé sur le modèle de la franchise des multinationales. Qu'une minuscule partie de notre opinion publique soit tentée de subir cette désinformation et essaie de faire allégeance aux maîtres-chiens évoqués plus haut, cela relèverait du parjure pur et simple. Alors que dans le même temps, l'ambassadeur des Etats-Unis à Alger, Henry S. Ensher, déclarait la satisfaction de son pays à l'APS: «Nous respectons beaucoup le rôle de l'Algérie dans cette crise», a-t-il précisé. Un avis, un appui qui ne sont pas de trop pour les citoyens algériens qui ont, plus que jamais, conscience de la nécessité de faire barrage à toutes les tentatives des maîtres-chiens et leurs animaux contre notre pays.

Par

Au-delà des condamnations

Cette position, relayée par certains médias proches des tendances islamo-conservatrices et défendue par certains cercles en haut lieu, semble constituer, en tout cas, une sorte d’appui indirect aux résidus du terrorisme.

Washington, Londres, Paris, Rome, l’Union européenne et l’Union africaine condamnent l’attentat perpétré contre l’Académie interarmes de Cherchell. Au-delà, les grandes puissances ont réaffirmé leur soutien indéfectible à l’Algérie dans son combat contre le terrorisme islamiste avec cet accent mis par Bruxelles sur les nécessaires réformes politiques dont l’UE est prête à apporter la contribution.
Ainsi, au moment où les pays arabes, qui sont aujourd’hui le théâtre de contestation, sont mis mal à l’aise par la communauté internationale, l’Algérie continue de bénéficier d’un crédit appréciable. Il est vrai qu’en tant qu’allié stratégique de la guerre internationale contre le terrorisme, Alger ne laisse pas indifférent, d’autant qu’une conférence internationale sur ce dossier sensible est prévue les 7 et 8 septembre prochain au Palais des nations.
Le département d’État a été clair. Tout en rendant hommage aux sacrifices de l’Algérie dans sa lutte contre le terrorisme qui dure depuis plus de 20 ans, il réaffirme son engagement de soutenir le pays dans son combat “contre ceux qui cherchent à nuire à la démocratie et la liberté”.
À quelques jours de la commémoration du 10e anniversaire des attentats du 11 Septembre 2001 contre les Twin Towers, Washington ne peut tenir un autre discours que celui de l’éradication, après avoir d’ailleurs chèrement payé son ancien soutien à l’islamisme.
Mais en Algérie, force est de constater que certains cercles tentent encore de noyer le débat en demandant la réintégration de radicaux islamistes dans le jeu politique ou carrément la réhabilitation du parti dissous comme étant une fin en soi de toute réforme qui doit s’engager. Cette position, relayée par certains médias proches des tendances islamo-conservatrices et défendue par certains cercles en haut lieu, semble constituer, en tout cas, une sorte d’appui indirect aux résidus du terrorisme.
Il est vrai aussi que la guerre en Libye et l’intervention de l’Otan ont galvanisé les groupuscules du GSPC au moment où ils n’arrivaient plus à recruter. C’est dire la complexité de la situation qui appelle en urgence une attitude claire face au phénomène du terrorisme.

Salim Tamani

L’ambassadeur US à Alger, en VRP du régime

L’ambassadeur des États-Unis à Alger nous adresse, via l’APS, un plaidoyer pour “processus de réformes” dont il sait déjà qu’il “répond aux attentes et aux aspirations du peuple algérien”.
En poste en Algérie depuis moins d’un mois, Son Excellence, Henry S. Ensher, a déjà saisi nos attentes et nos aspirations et pris connaissance des réformes supposées encore en cuisine. Entre constat et mise en garde, le diplomate nous explique qu’il ne faudrait pas s’essayer à un mouvement de type “printemps arabe” pour un changement de régime : “Les Algériens ne sont pas disposés à revivre l’expérience des années 1990, marquées par la violence”, car elle serait “catastrophique pour le peuple algérien”.
L’agence officielle ajoute, dans une formulation qui ne tient ni franchement de la citation (pas de guillemets) ni de l’interprétation (puisqu’il y a ce “poursuit-il”) : qu’“ensuite, poursuit-il, il existe en Algérie des institutions qui connaissent elles-mêmes des réformes en leur sein, contrairement aux situations vécues en Tunisie, en Libye et en Égypte où l’on parlait respectivement de régime Ben Ali, Kadhafi ou Moubarak”.
Là, Excellence, ou vous en avez trop dit ou pas assez ! Quelles sont, en effet, ces institutions qui se réforment de l’intérieur ? Et si ce n’est pas le régime Bouteflika, c’est donc le régime qui ?
L’ambassadeur américain fait sienne la thèse, chère au pouvoir, de la spécificité algérienne. Celle-ci voudrait qu’une éventuelle remise en cause du système doive nécessairement déboucher sur un mouvement de terrorisme. La menace est claire : toute manifestation pour le changement de régime se retournera contre vous. Alors autant nous contenter du régime en place, d’autant qu’il nous prépare des réformes qui correspondent “aux attentes et aspirations du peuple”. Foi de l’ambassadeur des
USA ! Contrairement à Son Excellence qui, quelques heures avant l’attentat de Cherchell, trouvait que “la situation sécuritaire en Algérie est stable et favorable actuellement (aux affaires)”, nous, nous observons bien que le terrorisme n’ait pas besoin d’une prochaine révolte populaire pour continuer à faire la démonstration de sa vitalité. Il apparaît nettement que, pour les États-Unis, une dose “stable” d’insécurité n’est pas forcément défavorable au climat des affaires. Stabilité n’est pas nécessairement sécurité. ni démocratie.
Emballée dans des considérations sur notre rapport à la situation qui prévaut en Libye, sur l’impasse au Sahara occidental et sur la question de la coopération, cette apologie du régime semble être le fait d’un diplomate seul à être dans les secrets du travail d’alcôves qui doit produire une réforme encore virtuelle mais qui, déjà, “répond à nos attentes et à nos aspirations” !
On ne peut que remercier, pour sa prévenance, cet ambassadeur porteur de bonnes nouvelles réformistes. Pour nous, mais surtout pour notre régime. Si… Car tout va bien en Algérie. Et au Sahara. Tout va bien sauf pour… “les réformes économiques en cours en Algérie, particulièrement les lois sur l’investissement et le rôle de l’État” qui, selon Ensher, “font débat”.
Celui qu’on appelle “l’ambassadeur de guerre”, pour ses séjours en Irak et en Afghanistan, est-il devenu l’ambassadeur des échanges de bons procédés. Une pratique conforme à la sainte loi du marché.

Mustapha Hammouche

C'est la fin du Ramadhan (2011)



Fortunes

«L'on voit des hommes tomber d'une haute fortune par les mêmes qui les y avaient fait monter.» Jean de La Bruyère

Un assourdissant coup de klaxon suivi d'un crissement de freins et de l'insupportable bruit de tôles froissées fit se retourner les apathiques passagers: une voiture noire rutilante venant dans l'autre sens se faisait percuter par une camionnette chargée de légumes conduite par un jeune homme. «Zenga! Zenga!», s'écria un truculent personnage assis derrière le conducteur. «La vie est ainsi faite», continua le passager. «Il y a des revers de fortune pour beaucoup de gens. Un jour, on est en haut. Un jour on descend. Plus on s'élève et plus dure sera la chute! Alors, il vaut mieux être au milieu à regarder un jour ceux qui vivent mieux que soi et un autre à compatir aux misères de ceux qui sont plus malheureux que soi!» L'employé modèle pensait que la première répartie du passager assis à l'avant, faisait sûrement allusion à l'ancien maître de Tripoli qui venait de se faire déloger de sa capitale par ses opposants armés... avec cependant, un petit coup de pouce des forces de l'Otan.
L'opinion de la rue semblait partagée: certains avaient une certaine sympathie pour l'ancien maître de la Libye, pour ses retournements fantasques, pour son originalité... Il était imprévisible, contrairement à la plupart de ses collègues arabes. Il était entre Idi Amin Dada (mort en exil en Libye) et Bokassa, l'ami de Giscard d'Estaing. D'autres ne l'aimaient pas parce qu'ils le trouvaient ridicule: il donnait une mauvaise image des dirigeants arabes et il n'avait rien fait de positif pour un pays qui avait d'énormes potentialités. Et puis, cette manie de vouloir s'unir avec tous les pays voisins: avec l'Egypte, puis avec la Tunisie, puis avec les pays africains. Les Etats-Unis d'Afrique! Il faut vraiment être naïf pour croire à une telle utopie. Des pays qui ne sont pas encore sortis du tribalisme. L'employé modèle était convaincu que Moubarak a commencé à perdre le pouvoir au lendemain de la défaite de l'équipe égyptienne à Khartoum. Le pauvre! Il pensait qu'un match victorieux effacerait toutes les déceptions d'un peuple. Et puis, cette nouvelle manie des dictateurs à vouloir à tout prix fonder chacun, une dynastie: ils veulent tous voir leurs rejetons ou leurs parents leur succéder quand ils passeront la main.
D'un côté, ils n'ont pas totalement tort: toutes les dynasties ont commencé par des coups fourrés contre un quelconque pouvoir, légitime ou pas. Et les dictateurs ne sont pas pires que les émirs ou les monarques bedonnants. Mais, voilà, l'impérialisme occidental, puisque c'est lui qui dirige le monde actuellement, décerne les bons points à qui il veut. Il ose même qualifier certains despotes «d'éclairés». Ainsi, l'Otan peut se permettre d'intervenir là où elle veut, avec ou sans l'accord des Nations unies. Il faut se souvenir que c'est avec un mensonge gros comme ça que G.W Bush a détruit un pays comme l'Irak. Il s'est conduit quasiment, en dictateur pour mener «sa» croisade. L'armée de ce nouveau dictateur ne s'est pas contentée de bombarder, de tuer, de piller, mais ses services secrets ont enlevé dans la plus complète illégalité, des suspects à partir d'Etats souverains et souvent avec la complicité active des gouvernements, notamment européens ou de pays du tiers-monde à la recherche d'un effacement de dette ou de crédits complaisants...
Après l'Irak, ce fut le tour de la Serbie qui s'est vue amputée d'une province. Le Soudan n'a pas tardé à suivre le même chemin. Et maintenant c'est la Libye. Mais c'est un Sarkozy aux abois, parce qu'il n'a rien à présenter comme bilan à ses électeurs, qui a conduit les opérations contre El Gueddafi. Il avait choisi le dictateur le plus faible pour s'auréoler d'une victoire facile: «A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire!»

Par

Pourquoi Al Jazeera ne critique jamais l'Arabie Saoudite?

«On ne peut demander au pur-sang de tirer la charrue.» Cheikh Hamidou Kane "Extrait de L'Aventure ambiguë"

Al Jazeera choisit-elle les révolutions selon les pays? C'est le constat qu'on fait quand on découvre le traitement parfois ciblé de la chaîne qatarie. Après la Tunisie, l'Egypte et la Libye, cette fois c'est la Syrie. Mais d'autres pays de la péninsule arabique ne sont jamais critiqués, l'Arabie Saoudite et surtout le Bahrein. Même si il y a quelques jours, le directeur d'Al Jazeera International, Al Anstey, a défendu la diffusion d'un documentaire sur les récents troubles à Bahreïn. En effet, le reportage Shouting in the dark, qui traite des protestations populaires durement réprimées à la mi-mars par les forces gouvernementales et qui ont fait 24 morts en un mois, a irrité les autorités de ce pays. La presse bahreïnie a vivement critiqué Al Jazeera. «Les médias qataris font de la désinformation et incitent à la sédition à Bahreïn», écrivait ainsi lundi 8 août, le quotidien bahreïni Al-Watan. Pour la réalisation du documentaire: «Nous n'avons pas bénéficié d'une liberté de mouvement et les autorités bahreïnies ont refusé de nous parler», a déclaré Al Anstey dans un entretien publié dans le quotidien qatari The Peninsula. La chaîne arabe d'Al Jazeera, qui a assuré une large couverture des soulèvements en Tunisie et en Égypte, avait été critiquée par des militants bahreïnis pour sa timide couverture des troubles dans leur pays, membre comme le Qatar du Conseil de coopération du Golfe (CCG). En réalité, cette absence de couverture est essentiellement liée à sa position géopolitique. Le Qatar partage sa frontière avec l'Arabie Saoudite et le Bahreïn. Connaissant la mentalité tribale de ces deux pays, le Qatar redoute que se répète le scénario de l'invasion irakienne au Koweit et de voir débarquer dans ses rues, sans défense, l'armée saoudienne. Al Jazeera n'a jamais interrogé un responsable saoudien sur les exils forcés des deux ex-dictateurs, Mohamed Salah et surtout Ben Ali. Al Jazeera qui suit comme le lait sur le feu les événements en Arabie Saoudite redoute des irritations du Serviteur des Lieux Saints. Si Al Jazeera a épargné le Bahreïn dans son traitement révolutionnaire, c'est essentiellement pour faire plaisir à son grand protecteur, l'Arabie Saoudite. Al Jazeera est devenue une menace pour la majorité des pays arabes dans la région et une arme de destruction massive aux mains de la diplomatie qatarie. Une attaque médiatique d'Al Jazeera est, d'après les derniers coups de théâtre dans la région, plus efficace que n'importe quelle armée du monde. La chaîne qatarie a également épargné le Koweït qui est son voisin dans la région, mais garde un oeil sur tout ce qui se passe dans la région. Au XXIe siècle, une boîte d'allumettes dans le désert a eu le dessus sur plus de 40 ans de dictature dans le Monde arabe et ce n'est pas encore fini.

Amira Soltane

Le salut «majeur» d'Ali Ferzat

Kadhafi, ou El-Gueddafi comme le veut la terminologie officielle, n'est pas seulement un dictateur imbu de sa personne, il fait aussi dans l'imposture, le mensonge, et la supercherie. Sur ce registre, son plus beau coup aura été de faire croire au monde que sa fille adoptive, alors dans les langes, avait été tuée par les bombardements américains sur sa résidence en avril 1986.
Persuadé que les Libyens étaient responsables de l'attentat contre une discothèque, fréquentée par les soldats américains en Allemagne, Washington avait ordonné un bombardement de représailles sur plusieurs cibles, dont la «kheima» de Kadhafi lui-même. Tout le monde se souvient de la façon dont le dirigeant libyen avait joué les victimes éplorées, en affirmant que sa fille adoptive de six mois, Hanna, avait été tuée par une fusée américaine. Or, la récente conquête de la résidence-bunker de Kadhafi à Tripoli a dévoilé la combine avec des documents attestant que la supposée fille tuée était bien vivante. Hanna, 25 ans, officiait comme médecin dans la capitale, et elle aurait quitté la Libye, en compagnie des autres membres de la famille. Selon Al-Arabia.Net, Hanna se serait enfuie, il y a plusieurs jours, vers la Tunisie, en compagnie des trois fils de Kadhafi et de sa fille Aïcha. Ça ne nous rassure qu'à moitié, parce qu'avec une telle engeance, il faut s'attendre au pire, c'est-à-dire à les voir s'installer dans notre environnement national et patriotique. Notre gouvernement, toujours aussi éclairé à la chandelle, a démenti l'entrée en Algérie d'un convoi de Mercedes blindées, à bord desquelles aurait pu se trouver le dictateur déchu. L'information avait été diffusée par l'agence de presse égyptienne, ce qui explique un peu la promptitude de la réaction officielle de notre diplomatie, malmenée entre ses positions de principe et les sautes d'humeur du grand chef. Ce démenti qui répond à des spéculations strictement égyptiennes, et donc forcément hostiles depuis Khartoum, est d'ailleurs la seule initiative émanant du plateau des Annassers(1). On a bien essayé de nous persuader que l'Algérie observait une stricte neutralité dans le conflit interne libyen, mais en pure perte. Il y a de quoi être méfiant, surtout depuis qu'un émissaire spécial a été dépêché à Tripoli pour y proclamer le soutien du peuple algérien à Kadhafi. Je pensais être partie intégrante, et de plein droit, du peuple algérien, mais comme Bouguettaya(2) ne m'a pas consulté avant d'aller faire allégeance au «Roi d'Afrique»… Toutefois, il n'y a aucun algérien sensé qui fera mine de croire que Bouguettaya a agi de sa propre initiative, et sans l'autorisation des décideurs du moment. Donc, jouons le jeu et agissons comme si Kadhafi n'était pas parmi nous, vu qu'il n'a jamais été des nôtres. Pensons plutôt à sa pauvre fille Aïcha qui doit remplir des bassins de larmes à la vue de sa piscine envahie par des enfants, qui font déjà comme s'ils étaient chez eux. De la graine de libérateurs qui finiront sans doute par devenir ministres s'ils ne se font pas prendre au piège de la cocaïne, et d'autres produits dopants. Il paraît que d'autres se sont laissés (et fait) prendre, par ailleurs… Grandeur et décadence de Kadhafi : les amis et clients qui chantaient jadis ses louanges et profitaient de ses largesses financières le lâchent un par un. Le poète égyptien Fouad Negm a reconnu la semaine dernière sur le plateau de la chaîne Al-Kahéra Wal'Nass, qu'il avait été un supporter de Kadhafi. «J'ai été son ami, car j'admirais sa personnalité et sa folie, et parce que j'ai toujours aimé passionnément la folie. Mais je l'ai plaqué, comme une épouse le ferait avec son mari, il a détruit la Libye. Je déteste aujourd'hui la folie de Kadhafi et je n'ai plus aucune admiration pour lui. Je lui souhaite une mort rapide, ou de subir le sort de Moubarak dont ni la vie ni la mort ne veulent.» Dictateurs de tous pays (arabes), réveillez-vous ! Voilà le genre d'épitaphe qui vous attend ! Loin de nos turpitudes libyennes, le Syrien Bachar Al- Assad tient toujours tête à la contestation populaire et persiste avec le soutien résolu et indéfectible de l'Union des écrivains arabes(3). Le «Zaïm» attitré des patriotes arabistes, plumitifs, folliculaires, ou écrivains sans lecteurs, est encore plus sanguinaire que Kadhafi, dont il applique à la lettre le slogan «Beït beït, zenga zenga» (Maison par maison, ruelle par ruelle). C'est ainsi que procède Assad dans les villes insurgées qu'il nettoie au canon de char, des chars qui n'ont jamais tiré un seul projectile contre Israël. Jeudi dernier, le cruel autocrate de Damas a commis un nouveau forfait en s'attaquant au caricaturiste syrien Ali Ferzat. Le dessinateur de presse, mondialement connu, ne faisait pas de politique, mais il publiait des caricatures féroces contre le régime. Déçu par l'attitude de soumission des intellectuels et artistes syriens à l'égard du régime, il avait proposé de publier une «Liste d'infamie» comportant les noms des personnalités compromises avec le pouvoir. Ali Ferzat a été kidnappé par des hommes de main, et sauvagement battu, les agresseurs lui ont notamment écrasé les mains, pour le punir de ses dessins. C'est ainsi que le clan Assad avait procédé, il y a une trentaine d'années, avec le journaliste libanais Salim Ellouzi. Ce dernier, réfugié à Londres, avait été enlevé et assassiné à Beyrouth, où il était venu assister à l'enterrement de sa mère. Avant de le tuer, les mercenaires de Damas lui avaient coupé les doigts, signifiant par là que c'était l'homme de plume qui était visé. Il y a deux mois, c'est le chanteur de la révolution syrienne, Ibrahim Kachouche, qui a eu la gorge tranchée parce que ses chansons faisaient enrager les autorités. Quant à Ali Ferzat qui se remet de ses blessures, il se console du silence arabe en lisant les messages de soutien qui lui viennent d'Europe et d'Amérique. Sur son «blog», l'un de ses confrères caricaturistes a publié un dessin le représentant couvert de pansements sur son lit d'hôpital. Les mains sont également bandées, et à l'emplacement des doigts, on voit émerger le seul «majeur»(4), dressé comme un défi lancé à Bachar. Il y a des évènements et des jours qui ont une saveur particulière, comme celle que procure l'appel précoce d'un muezzin pressé à l'heure du «ftour».

Par Ahmed Halli

(1) Que diable ! Les Français ont bien leur «Quai d'Orsay», et je ne pense pas qu'il dispose d'une vue aussi imprenable, que ce promontoire des Annassers qui permet de voir très loin, surtout par temps clair et sans perturbations nuageuses en provenance de Libye.
(2) Cet ancien journaliste qui s'est hissé jusqu'aux travées du parlement à la force du poignet, celui relié à la main qui n'écrit pas, est la vivante illustration du mot de la sentence de Mark Twain qui disait que le journalisme mène à tout à condition d'en sortir. Nombre d'ex-confrères l'ont suivie, et ils s'en sont bien sortis, pour l'instant du moins.
(3) Une union à sens unique, à laquelle est affiliée, avec fierté, engagement et enthousiasme, l'union de nos écrivains algériens, faute de mieux dans le gotha littéraire. Aucun membre de l'Union des écrivains arabes ne peut obtenir le prix Nobel de littérature sous peine d'être expulsé, en vertu des statuts de ladite union.
(4) Pour les lecteurs intéressés, ce dessin est visible à cette adresse : http://www.ali-ferzat.com/ar/home.html Vous pouvez aussi laisser des messages de réconfort et d'amitié au caricaturiste syrien.

Ni Cirius, ni Bonatiro, c'est l'Aïd

Entre le fantasque Bonatiro et la velléitaire association Cirius, s'est engagé un combat d'arrière-garde «scientifique» sur le jour de l'Aïd. Censé tenir les algériens en haleine, le «débat» n'a pour autant pas l'air d'emballer grand monde. On devrait tout de même savoir gré au premier d'avoir tenté son coup médiatique sur un sujet pas aussi enthousiasmant et surtout pas aussi terrifiant que celui par lequel il s'est révélé au grand public.

On sait que les scientifiques stars, ça ne court déjà pas les rues dans les pays les plus développés, on le sait encore plus dans le nôtre où le statut des hommes de savoir n'a pas besoin d'être commenté. Lorsqu'il y a plus d'une décennie, il a cru pouvoir devenir célèbre en annonçant un séisme ravageur qui a horrifié les algériens avant que sa prophétie ne se révèle comme un canular de mauvais goût,

on ne connaissait pas ses véritables motivations, mais en poussant une certaine logique jusqu'au bout, on peut déduire a posteriori qu'il avait compris la «situation».

Il n'avait ni les compétences ni la logistique nécessaire pour prévoir un tremblement de terre, une science dont le stade de développement d'alors et d'aujourd'hui font passer M. Bonatiro pour un grossier charlatan et ses certitudes pour de sottes inepties.

Il devait savoir tout ça, mais il savait surtout qu'il était dans un pays où il ne risquait rien à leurrer une opinion plus encline qui plus est à gober le discours de l'approximation qu'à intégrer le raisonnement rationnel.

Il est donc devenu «célèbre», et ce qui ne gâte rien, on l'écoute encore aujourd'hui dans une polémique de mégères avec une association d'astronomie dont les états de service scientifiques doivent être de la même consistance, du moins de la même la nature que celle par laquelle elle vient de s'illustrer.

A son avantage, en prévoyant le jour de l'Aïd pour aujourd'hui, elle n'agit contre aucune règle scientifique, puisque en l'occurrence, il n'y en a aucune. Bonatiro n'a donc pas apprécié qu'on marche sur se plates bandes, convaincu que ce genre de coup relevait de sa chasse gardée.

Alors il dit que l'Aïd c'est demain, contrairement à ce qu'affirme Cirius qui, à son tour, réplique comme dans une confrontation scientifique de haut vol.

Manque de pot, l'opinion ne s'enflamme pas, installée depuis toujours dans d'autres… certitudes. Des certitudes que se partagent les rigoristes attachés aux 30 jours de jeûne ferme, les traditionalistes qui s'en remettent à la vue du croissant lunaire et ceux qui, pressés d'en finir, «espèrent donc pensent» que ce sera 29 jours. Aujourd'hui ou demain, c'est donc raté pour les deux protagonistes. Saha Aidkoum.

Slimane Laouari

Marine Le Pen à la conquête des harkis

Marine sur les traces de son père

La présidente du Front national place l'Algérie au coeur de la course à l'Elysée en 2012.

La date du 19 mars 1962 qui marque l'entrée en vigueur du cessez-le-feu en Algérie est aussi celle de la fête de la Victoire. Y attenter revient à toucher à un des symboles de la Révolution algérienne. La présidente du FN semble vouloir s'y atteler. Quitte à compliquer davantage sa position par rapport à l'Algérie. C'est à se demander de quoi seront faites les relations algéro-françaises, déjà bien tourmentées, si un jour Marine Le Pen était élue à la tête de la République française. Cela doit être apparemment, le dernier de ses soucis. Elle affiche délibérement, sa volonté à remettre en cause les accords passés et ratifiés entre l'Algérie et la France, particulièrement en ce qui concerne l'immigration. Candidate à la prochaine élection présidentielle et n'ayant plus les faveurs des sondages Marine Le Pen part à la conquête des voix des pieds-noirs et des harkis. Elle montre qu'elle est disposée à franchir un pas supplémentaire: réécrire l'Histoire en leur faveur. Effacer de la mémoire collective des dates qui constituent un repère dans l'édification de l'Etat algérien moderne. Elles marquent surtout la fin d'un empire français dont le déclin s'est amorcé par la débâcle de Diên Biên Phu, pour subir un enterrement de première classe dans les massifs du Nord Constantinois et de Kabylie: Marine Le Pen ne l'avouera pas. Elle préfère jouer sur les cordes sensibles. Celles qui ont contribué à tisser le lit de la haine, de l'intolérance et du racisme. La loi du 23 février 2005 qui glorifie la colonisation se tient en embuscade. Entre les mains de Marine Le Pen, elle deviendrait une arme de destruction massive. La dirigeante du Front national a cependant, une priorité: «J'exigerai en tout premier lieu le respect de vos morts et des cimetières que vous avez laissés là-bas. Je bannirai la date du 19 mars 1962 de l'histoire de France», a promis la pasionaria d'extrême-droite, samedi, à l'occasion d'un déplacement qui l'a conduite à Barcarès, près de Perpignan, dans les Pyrénées-Orientales. «Une date honteuse de l'histoire de France» pour une majorité de rapatriés et de harkis. Ces supplétifs de l'armée française laissés-pour-compte en 1962. Marine Le Pen leur promet d'en effacer la trace et de les rétribuer pour les services rendus à la France. Prix de la trahison envers leur patrie d'origine: l'Algérie. «Si je suis élue présidente de la République, il est bien entendu que je réglerai d'une manière définitive tous les problèmes liés à votre exode forcé, tant d'un point de vue juridique que pécuniaire ou moral», affirme t-elle à une assistance réceptive à ce type de promesses. Une générosité bien calculée: donnant-donnant. Quoi de plus naturel pour la patronne du parti d'extrême droite que de remuer le couteau dans la plaie pour séduire un électorat encore fortement sensible aux thèses de l'Algérie française. En ce sens, elle confirme qu'elle est bien la fille de son père. Si Jean-Marie Le Pen s'est illustré par ses thèses négationnistes en ce qui concerne l'Holocauste, son héritière ne fait pas non plus dans la dentelle et promet de réécrire l'Histoire de la guerre d'Algérie. Pour sans aucun doute pérenniser la tradition et suivre pas à pas le sillon tracé par son géniteur. Tel père, telle fille. Une affaire de famille vraisemblablement. Une haine de l'étranger. De l'Algérien surtout et une nostalgie d'une Algérie sous domination française dont l'occupation s'est arrêtée un jour de mars 1962. Une date qui a marqué un des plus cuisants revers infligé à une expédition militaire autant féroce que redoutable. La torture, les enfumades, les bombardements au napalm, les exécutions sommaires...ont constitué ses fers de lance. Un arsenal militaire et psychologique, qui avait pour but de réduire les Algériens au rang de sous-hommes. La dialectique s'en est emparée et a produit tout à fait le contraire de l'effet escompté. Ces méthodes ont semé les graines de la révolte qui ont conduit à l'indépendance un peuple algérien qui s'est avéré indomptable. C'est certainement ce qui est surtout resté en travers de la gorge de Marine Le Pen.

jeudi 25 août 2011

Diplomatie et dérive “systémique”

Pour réagir aux commentaires suscités par sa conduite et ses silences au long des évènements de Libye, l’Algérie a eu recours à “une source au ministère des Affaires étrangères”, si l’on en croit les organes de presse qui se sont fait les échos de cette “source”.

L’usage de l’anonymat ne peut s’expliquer que par deux possibles raisons : ou “les Affaires étrangères” n’ont pas le courage d’assumer leur propre vision de l’action (ou l’inaction) diplomatique que leur inspire la situation libyenne ; ou alors la voix masquée n’est pas une voix des Affaires étrangères, mais la voix qui parle à la place des Affaires étrangères et qui, en réalité, leur dicte leur démarche.

Dans le premier cas, cela voudrait dire que tout un département de souveraineté, avec son armée de plénipotentiaires, ses porte-parole et son réseau planétaire d’ambassades, n’ose pas dire tout haut l’analyse officielle de l’État algérien et les résolutions qu’il en tire pour encadrer son action. Cela voudrait dire aussi que les commentateurs de tout poil doivent, malgré l’anonymat, lire, dans l’intervention de la “source”, l’éclairage officiel de la République algérienne démocratique et populaire représentée, pour la circonstance, par une “gorge profonde”.

Dans le second cas, où le tuteur des Affaires étrangères ne veut pas, non plus, s’identifier, cela voudrait dire que les Affaires étrangères ignorent les raisons de leur approche, s’il y en a une, et des positions qui en découlent. Dans ce cas, la “source” n’est plus une “source” d’information proche ou issue des Affaires étrangères mais la source… d’inspiration de son action. Normal alors qu’elle vole au secours d’une institution qui ne maîtrise pas sa propre activité et qui ne sait pourquoi. De derrière le rideau, les arguments de la diplomatie nationale sont ainsi jetés à la figure de ses détracteurs et, accessoirement, transmis à l’opinion publique.

La troisième possibilité, celle où l’intervention de la “source” ne serait qu’un canular, n’est pas prise en compte. Même si l’on peut noter alors l’absence de réaction, de démenti, des Affaires étrangères qui accepteraient donc d’être représentées, dans un débat, par une “source” anonyme. Est-ce alors que les AE confirment s’être exprimées par “source” interposée ? Ou est-ce parce qu’elles prêtent, sur la foi d’une presse complaisante, une autorité à une “source” dont elles ignorent l’identité.

La presse, qui, par ailleurs, se dit en quête de sa dignité, se fait le complice d’une communication officielle clandestine et va recueillir une position d’État chez une “source” qui la donne en cachette ! Elle inflige ainsi à ses lecteurs le mépris d’être informés par une voix source qui, pour on ne sait quelle raison, refuse de se présenter à visage découvert. On ne peut reprocher sa dérive à la diplomatie nationale et participer à cette même dérive en entrant avec elle — ou avec un imposteur — dans une sorte de communication subliminale.

Une régression nationale d’une telle ampleur nécessite une convergence des effets de dérives conjuguées.
En fait, ce n’est pas la diplomatie qui est en cause. C’est seulement son tour de se révéler. Comme un autre moment d’une dérive “systémique”.

Par : Mustapha Hammouche

La blague stupide du retour impossible du FIS !

Par Hakim Laâlam
Email : laalamh@yahoo.fr Quel profil devra avoir le successeur de Kadhafi ?

Moins de cheveux et
des lunettes plus classes !

On les entendrait presque ! Qui ça ? Mais les «ouf» de soulagement. Des voix amies, des sources cousines, des «off» fraternels et des bouches à oreilles reconnus par l’AAOA, l’Agence Algérienne des ORL Associés, se sont chargés ces dernières heures de nous rassurer : non ! Contrairement à ce qui a circulé dans les couloirs mal ventilés du pays, le FIS ne sera pas ré-agréé et les anciens dirigeants du Front hirsute ne pourront plus faire de politique sous la bannière frontiste. A peine ces campagnes de «rassurage» mises en circulation, vendues en packs colorés et chatoyants, que nous nous sommes pris et surpris à souffler un peu mieux, à moins sentir une boule dans l’estomac et à différer nos promesses de prendre les armes pour défendre la république ou de tout simplement prendre la poudre d’escampette. Sauf que le bruit assourdissant de tous ces «ouf» n’arrive pas à masquer ce qui semble aussi évident que le nez rouge de Bozo le clown au milieu du visage : les islamistes ont-ils un besoin vital du retour du FIS pour exister politiquement, socialement, culturellement et économiquement ? Avec ou sans les trois lettres, FIS, l’intégrisme est au boulot en Algérie, tous les jours, inlassablement, décapant les dernières couches d’une république grabataire et incontinente. Le FIS est là, les mecs ! La devanture a changé. Les couleurs ont changé. Les sigles ont changé. Mais ça reste du Canada Dry barbu ! Lorsque Hassan Hattab oblige des juges à mentir, leur faisant dire devant témoins qu’ils ne savent pas où il se trouve, c’est l’islamisme à l’œuvre. Lorsque Madani Mezrag presse le châtelain d’El Mouradia de tenir ses promesses et son calendrier de déculottée, c’est l’islamisme à l’œuvre. Lorsque le vendeur d’épices, Benhadjar, évoque avec une précision étonnante et bientôt détonante ses contacts réguliers avec Abassi Madani et Ali Benhadj, c’est l’islamisme à l’œuvre. Lorsqu’une polyclinique est attaquée de nuit à Sour El Ghozlane, que les tangos y volent une ambulance et des cartons de médicaments, c’est l’islamisme à l’œuvre. Jamais peut-être depuis qu’il a été «dissous» le FIS n’a été aussi présent et actif qu’en cet été 2011. Alors, libre aux pousseurs de «ouf» de se soulager la poitrine et d’évacuer à petit prix leurs angoisses. Moi, le FIS, je le vois tous les jours, je le côtois à chaque instant et il me pourrit la vie en permanence. Tellement d’ailleurs que je fume du thé pour rester éveillé à ce cauchemar qui continue.

Tripoli, le jour d’après !

Le défi du CNT est de recoller les morceaux sur le mode moderne cadrant avec les vœux des accompagnateurs de la “révolution” qui ont déjà rédigé les premières factures de leur participation à l’expédition.

Tripoli tombé, une grosse incertitude sur son avenir flotte dans son ciel. Dans un sursaut de conscience, le monde planifie un scénario à l’anti-irakienne pour lui éviter le chaos. Ban Ki-moon, de sa tribune onusienne, a appelé les nouveaux maîtres de la Libye à “l’unité nationale, à la réconciliation de toutes les parties” dans ce pays qui n’a jamais été un État au sens classique du terme. Même si la coalition à l’origine de la chute de Tripoli s’active à réduire les dépenses de guerre en appelant au dégel des avoirs libyens, elle conjugue l’avenir de ce pays à un temps incertain : le CNT est trop marqué par l’ancien régime. à Obama qui voit mal Abdeljalil gérer la période transitoire, le CNT offre la garantie d’une “déclaration constitutionnelle” et, depuis, hier un calendrier électoral. Hasardeux pari que celui d’organiser des législatives et la présidentielle en moins d’une année dans ce pays a la composante sociologique hétéroclite et qui à fonctionné selon un schéma de gouvernance unique au monde.
Le défi du CNT est de recoller les morceaux sur le mode moderne cadrant avec les vœux des accompagnateurs de la “révolution” qui ont déjà rédigé les premières factures de leur participation à l’expédition.
De la réussite de cette période délicate dépend le plan global dont les contours ont été dessinés “par le président français qui se découvre une nouvelle mission divine” de libération des peuples de la dictature. Et accessoirement, à défaut de vendre son “Rafale”, Sarkozy aura le loisir de l’utiliser contre des pays inscrits dans la colonne des “à civiliser”.
Reste la donne islamiste qui semble dominer profondément l’idéologie du CNT qui a annoncé la couleur dans sa déclaration de principe. Islam religion de l’État, la charia… et “le respect des autres religions et rites” comme caution. Le CNT a contracté et assumé une alliance avec les jihadistes qui étaient la seule véritable opposition au régime de Kadhafi. Contrat qui n’est pas dénué de risque et de potentielles velléités déstabilisatrices inhérentes à la raison d’être de cette mouvance. Aqmi, qui a amplement profité du chaos libyen, peut créer une “intime” proximité pour étendre son champ d’influence et d’activité.

Par : Djilali Benyoub

Ces terres à problème

A Bir Ghbalou, les paysans se disputent l'occupation des terres d'une surface ahurissante...

Deux grandes familles de la région de Bir Ghbalou (wilaya de Bouira) se disputent un miniterritoire agricole de excusez du peu-cent quatre-vingt-cinq hectares. Une véritable fortune qui reste un énorme souci pour la justice locale.


Trois inculpés et trois victimes sont debout face à Mohammed Bezhoud, le président de la section correctionnelle du tribunal de Tablat qui a, à sa droite, bien assis sur -et dans - le siège du ministère public, le jeune et attentif Abdelhamid Yettou qui devait se morfondre depuis le temps où les adversaires dans ce dossier s'affrontent. Une tonne de documents -arrêts-jugements-procès verbaux-convocations-attestations-correspondances émanant des ministères de l'Agriculture, de l'Intérieur, de l'Urbanisme, de la Justice sans compter les policiers, les gendarmes, les huissiers, les notaires et même des coupures de canards sur ce problème qui remonte au moins à 1999 et c'est peu dire.


Etant au parfum de la guéguerre que se livrent ces voisins, cousins, inculpés, victimes et même témoins, le président avance lentement grâce au précieux concours de trois conseils: Maître Hassan Brahimi, Maître Touati et Maître Rachid Brahimi. Les trois défenseurs poseront beaucoup de questions aux antagonistes qui dominent leur sujet, sauf peut-être les jeunes héritiers qui ont pris place juste après le décès du papa. Et ce mercredi, il s'agit d'atteinte à la propriété. D'emblée, l'un après l'autre, les trois inculpés nient le délit.


«Nous sommes chez nous, sur nos terres» a affirmé le premier alors que le deuxième, le plus âgé, a déclaré que les pseudo-victimes n'ont rien à gratter: «Ils ont été depuis longtemps, délogés, renvoyés, car ils n'avaient rien à voir avec ces cent-quatre vingt-cinq hectares»


Le troisième et dernier inculpé, chevaleresque et avec beaucoup de sang-froid, va longtemps s'accrocher au procès-verbal d'installation évoqué durant l'interrogatoire par leur avocat Maître Touati, qui semble, tout comme les Brahimi, avoir appris par coeur le contentieux depuis le début des hostilités.


Saâd F., Lakhdar F., et Mohamed.L, les trois victimes vont déclarer exactement les mêmes propos mais à l'envers. Elles s'expriment en victimes spoliées mais pas en victimes expiratoires. Et comme pour effectuer une pause, ce bon ancien juge du siège va profiter d'une feinte que la loi a prévue, va faire un peu d'humour, histoire de dégeler des débats qui montaient, montaient, montaient...


Par la suite, nous aurons un autre festival de questions-réponses, bien orchestré par le juge, nullement pressé d'en finir car il devait être fixé sur le sort de ce dossier qui a connu le civil, le référé et le pénal et ce, à plusieurs reprises. C'est donc dire que la vigilance est de rigueur, on demande à prendre acte. Côté Maître Touati autour de la réponse de Lakhdar.F, à propos du fameux procès-verbal d'installation. Et Maître Touati poussera la coquetterie jusqu'à aider Bezhoud lors de la dictée de la prise d'acte. Le juge joue le fair-play. Il laisse faire tant que ces paysans restent respectueux des us et coutumes, car avec ces trois renards d'avocats, comment donc cela ne marcherait pas comme sur des roulettes? Et là, nous aurions aimé voir une autre Brahimi, Fatiha, la présidente de chambre correctionnelle de Blida, présider ces débats où son propre paternel, Maître Hassan Brahimi, tient la vedette avec le bonus de défendre des victimes d'atteinte à la propriété et tout le chapelet d'articles de loi...


D'ailleurs, les deux défenseurs des victimes décideront de ne pas trop agacer le tribunal qui connaît ce dossier sur le bout des doigts et même des orteils. Les deux conseils sortiront de leurs gibecières toutes les cartouches en vue de descendre l'oiseau en plein champ en ce début mai 2011.Quant à Maître Touati, il a plaidé comme s'il n'avait pas retenu le «son et lumière» de ses deux aînés qui avaient, rappelons-le, réclamé 100 millions de centimes à tire de dommages et intérêts. En face, on gonfle ses joues...


L'avocat des inculpés brandit avec le verbe fort, l'article 386 et ses termes secs affirmant «qu'on n'est pas devant un délit proportionnel car dans ce cas d'espèce, il n'y a pas de délit du tout».
Puis entrant dans le jargon du «civil», Maître Touati ne manque pas de rendre hommage au président qui a su conduire des débats et donc a laissé au «piquet» du procès-verbal d'installations cette pièce-maîtresse de l'affaire, les trois pseudo-victimes qui croient encore que la partie est jouée et gagnée:«Dans cette affaire, cessez de rêver», conclut-il avant que Maître Rachid Brahimi ne réplique sportivement autour de la jurisprudence évoquée par son confrère. «Nous ne sommes pas dans le cas de gens expulsés qui reviennent se réinstaller sur les terres. Non!», articule le vieil avocat dont le sourire illuminera toute la face marquée par la chaleur de cet après-midi...estival! Le dossier est mis en examen sous huitaine. Suspense...

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Copié-collé temporel

Certes, le monde est ainsi fait que, le cycle des saisons aidant, se reproduisent au fil des ans les mêmes phénomènes publics et collectifs, ici des bouchons de départ en vacances, là les ravages produits par la canicule ou les inondations, là encore les incendies ou les effets induits par les flux d’estivants ou de vacanciers d’hiver. Ces entorses à la routine et à la monotonie causent des dé-sagréments plus ou moins graves, plus ou moins bloquants, mais sachant que leur survenue est inéluctable, les sociétés s’y préparent et leurs gouvernants prennent des dispositions pour que la gêne ou le ravage soit réduit à sa portion congrue. Et chaque année, une fois l’orage passé, il s’établit un bilan, un débriefing pour voir si le dispositif mis en place a bien fonctionné, y relever et sérier les failles éventuelles et apporter les correctifs pour la saison suivante. Ces précautions et cette culture de veille sont des attitudes de gestion de la cité tout à fait normales, puisque ces problèmes sont prévisibles et la riposte à leurs dé-sagréments programmée. Il en est ainsi partout dans le monde. Mais dans leur irrépressible propension à cultiver le désir de se distinguer et de ne bien se mouvoir que dans l’exception, nos responsables font que chez nous, cela se passe autrement. D’une année à l’autre, on assiste aux mêmes phénomènes, petits tracas ou grands désastres, reproduits à l’exacte fidélité, comme dans une photocopie, à la nuance près si c’étaient des couleurs, à la virgule près si c’étaient des textes. Depuis non pas une ou deux années, mais des décennies, par exemple, tous les ramadhans pointent sur le calendrier avec leur provision inchangée de flambée des prix, ainsi que leur immuable fin chaotique à l’annonce de l’Aïd. Face à cette réédition de la même anarchie, les pouvoirs publics redoublent d’ingéniosité pour trouver la parade, mais elle ne reste valable que dans les confins de leurs communiqués. Si les citoyens, faisant contre mauvaise fortune bon cœur et prenant leur mal en patience, se sont acclimatés à l’anarchie dans les transports les jours de fête, les responsables des secteurs concernés semblent également s’être habitués aux mêmes désagréments, alors que leur rôle est justement d’éviter que cette anarchie se manifeste. Nul besoin d’être grand clerc pour imaginer des solutions les plus simples, comme celle de multiplier les moyens matériels, en y mettant le prix, évidemment, pour absorber le surcroît d’affluence et de pression les jours de l’Aïd. Par contre, l’énigme reste sans conteste les bousculades devant les bureaux de poste, le citoyen n’arrivant pas à comprendre comment et pourquoi l’Etat ne lui donne pas son propre argent. Des commerces qui ferment carrément pendant les jours de fête, les postes submergées, le chaos dans les gares et stations routières, ce copié-collé à travers les années n’a lieu qu’à la faveur de l’impunité. De là à dire que nous avons affaire à un Etat laxiste, il y a un pas que seule l’extrême complaisance empêche de franchir.

N.S.

Cécité politique

Le conflit libyen a aiguisé bien des appétits de la part de nombreux pays qui tentent de se placer au mieux de leurs intérêts dans la perspective des nouvelles institutions post-régime El Gueddafi. A mesure que le parfum de la victoire, parti de Benghazi, se répand dans l’ensemble du pays pour gagner et encenser la capitale tombée entre les mains des rebelles du CNT, les manifestations de soutien au Conseil national de transition affluent de toutes parts. Des pays qui avaient observé une attitude attentiste ou qui ont louvoyé au début du conflit en apportant un soutien discret mais actif à El Gueddafi, compte tenu de leurs relations avec le «guide» libyen et de leurs intérêts économiques dans le pays, à l’instar de la Chine et de la Russie, sont en train de recadrer leurs positions en reconnaissant à mots à peine couverts la légitimité du CNT et de son combat pour renverser le régime dictatorial d’El Gueddafi.

La course au trésor est engagée. Les Etats ayant reconnu le CNT se comptaient sur les doigts d’une main au début de la révolution, ils sont aujourd’hui une quarantaine de pays et le chiffre est sans nul doute éligible à la hausse. Il faudra s’attendre, en effet, dans les prochains jours à une cascade de reconnaissances confortées par la tournure des événements de ces dernières heures avec la déconfiture totale du régime d’El Gueddafi symbolisée par le contrôle de la capitale par les insurgés. Dans le monde arabe, hormis les monarchies du Golfe qui avaient reconnu, dès le début, le CNT, car elles avaient un compte à régler avec El Gueddafi qui ne prenait pas de gants lorsqu’il était l’homme fort de Tripoli pour prédire aux souverains arabes le même sort funeste que Saddam Hussein, les positions des autres pays arabes sont à l’avenant.

Pour d’autres considérations, géopolitiques, économiques, humaines et historiques et après s’être accommodé de l’encombrant et ombrageux personnage ménagé par les régimes en place qui ont entretenu avec El Gueddafi des relations en dents de scie au gré des humeurs du «guide», les pays du Maghreb ont pris le train presque à l’arrivée pour ceux qui ont osé franchir le pas. L’Egypte a ouvert le bal en reconnaissant le CNT il y a quelques jours, suivie de la Tunisie ; deux pays qui ont tracé la voie du printemps démocratique arabe et qui ne pouvaient pas, par conséquent, investis de cette responsabilité historique, rester en marge d’une autre révolution populaire qui est en marche à leurs frontières.

Le Maroc vient à son tour de franchir le pas en reconnaissant le CNT, se permettant même le luxe politique de doubler la mise avec la visite du ministre marocain des Affaires étrangères à Benghazi. Bien servi par la position embarrassée de l’Algérie dans le conflit libyen et le climat délétère existant entre le CNT et les autorités algériennes, Rabat se positionne et place ses billes en Libye en espérant empocher, demain, les dividendes politiques et économiques de son soutien. A cause de leur cécité politique, les responsables algériens, qui n’ont pas su s’élever à la hauteur du mouvement de l’histoire des peuples de la région, risquent de perdre un partenaire et un allié qui compte. Au plan de l’équilibre géostratégique dans la région, par rapport à l’affaire du Sahara occidental, et sur d’autres dossiers liés à la stabilité régionale et la coopération bilatérale.

Omar Berbiche

The candidate (20)

Enorme révélation au bureau carré, tous les historiques, les présidents et généraux sont en réalité morts depuis longtemps, et c’est le colonel Mu qui fait tourner la machine, avec des sosies parfaits.
- Une réalité en cache toujours une autre, c’est comme les trains, conclut le délégué aux opérations ultimes.
En réalité, la machine tourne quand même et à part cette question d’éthique, il n’y a pas de problème puisque personne, à l’exception les décideurs réunis dans le bureau carré, n’est au courant de cette gigantesque opération de doublage.
- Donc tout va bien, général ?
Le général E., qui vient de révéler n’être qu’un sosie du général E., a relevé la tête, après avoir plongé dans une réflexion en apnée :
- Oui, sauf que je ne savais pas que le président était un faux, comme moi.
Puis il a eu un doute et s’est retourné vers l’assistance :
- Qui d’entre vous est un sosie ?
Après un petit silence gêné, chacun a dû avouer qu’il était aussi un sosie. A part le colonel Mu, gérant de l’entreprise, qui annonce un peu fièrement :
- Je suis un vrai. Un vrai de vrai.
- Ça fait pas assez, trop de sosies, s’inquiète le général. Il nous faut un président vrai. Au moins le président.
Le colonel s’est retourné vers la jolie assistante du docteur Mouse :
- Sarah, tu es vraie ?
- Une vraie, oui, pas la peine de toucher, répond-elle en prenant un air faussement offusqué.
- Donc il n’y a que deux candidats à la succession, explique le général. Le colonel Mu et Sarah, ce sont les deux seuls vrais. Et comme il n’est pas question de mettre un militaire à la tête officielle du pays, ne reste que Sarah.
- Vous n’y pensez pas, s’est indigné le faux patron du Front.
C’est ainsi que Sarah a été proposée à la présidence de la République. Sauf qu’il y a déjà un président, même si c’est un sosie du président mort.
- Il faut donc tuer le sosie du président ?
- Oui. On n’a pas le choix. … A suivre

Chawki Amari

Libye, «c’était il y a longtemps et ça n’est jamais arrivé»

Par Hassane Zerrouky
Les images montrant Seif Al-Islam dans la nuit de lundi à mardi en train de démentir son arrestation et qui ont fait le tour du monde rappellent curieusement celles de Saddam Hussein saluant ses partisans le jour même où les forces américaines prenaient Bagdad. On sait ce qu’il en est advenu : Saddam n’a pu empêcher la chute de son régime. Il va de même pour Kadhafi et les siens retranchés dans le complexe fortifié de Bab Al Azizia, tombé mardi en fin d’après-midi aux mains des insurgés. Le régime de Kadhafi a donc vécu.
Celui de Abdellah Saleh au Yémen est aux abois ; quant à Bachar Al Assad, s’il continue dans la même direction, il subira tôt ou tard le même sort. Une chose est sûre : la fin politique de Kadhafi — en dépit de son appel à se battre jusqu’à la mort – marque une nouvelle étape dans les révoltes arabes et maghrébines. Mouammar Kadhafi, le plus ancien autocrate arabe, 42 ans au pouvoir, a perdu le sens des réalités à partir du moment où les capitales occidentales ont commencé à lui dérouler le tapis rouge à chacune de ses visites, tout en fermant les yeux sur son côté fantasque et les frasques de ses enfants, lui donnant ainsi l’illusion d’être un homme puissant, indéboulonnable et au-dessus des lois. Une illusion confortée de surcroît par ces félicitations et remerciements que Washington et ses alliés ne manquaient pas de lui adresser pour sa coopération contre le terrorisme islamiste et l’ouverture du marché libyen aux compagnies pétrolières occidentales. Seif Al Islam, par exemple, était reçu avec tous les égards, sa Fondation remerciée pour son rôle d’intermédiaire dans les délicates opérations de libération d’otages occidentaux. Mais Kadhafi et les siens ne savaient-ils pas qu’à la moindre occasion ces mêmes capitales l’abattraient sans coup férir ? Et c’est bien ce qu’elles ont fait au nom de la «protection » du peuple libyen ! Et c’est ce qu’elles feront demain avec ceux qui, parmi les chefs d’Etat arabes, s’accrochent à leur «koursi», manœuvrant et réprimant comme jamais pour étouffer les aspirations démocratiques de leurs peuples. Alors comment comprendre qu’en Algérie, après la vague qui a emporté Ben Ali, Moubarak, Kadhafi, et prochainement Abdellah Saleh, Bachar Al Assad, on élabore un code de l’information où sur les 15 articles le composant, dix prévoient des peines de prison pour les journalistes ! Selon El Khabar, Ahmed Ouyahia s’y serait opposé et aurait demandé la suppression de tels articles. Tant mieux si c’est vrai. La fin de Kadhafi va changer la donne politique au Maghreb et dans le monde arabe. L’Algérie est objectivement isolée. Le chaos tant souhaité en Tunisie, par certains chez nous, avec à l’arrière plan cet espoir d’un retour inespéré de Ben Ali, n’a pas eu lieu. Un retournement de situation militaire en Libye en faveur de Kadhafi, voire une solution politique qui aurait permis au guide libyen de se maintenir au pouvoir et à laquelle a œuvré l’Algérie dans le cadre de l’Union africaine, n’ont pas eu lieu. Les inquiétudes exprimées à grand renfort de publicité en Algérie sur le vol d’armes libyennes au profit de l’AQMI dans le but de discréditer les opposants à Kadhafi, n’ont eu aucun écho. Qui, en Occident, pourrait y donner du crédit alors que sur le plan interne, les autorités algériennes laissent le salafisme se propager et occuper les espaces y compris institutionnels (la TV par exemple), et ne font absolument rien pour mobiliser la population contre le terrorisme islamiste de crainte que les Algériens ne fassent le lien entre islamisme salafiste et terrorisme ! Et quand, par ailleurs, elles interdisent aux forces de progrès (quand elles ne les répriment pas) d’occuper les espaces publics et de s’exprimer sur les sujets qui préoccupent les Algériens ! Moubarak, Ben Ali, Kadhafi, Abdellah Saleh, Assad… Des despotes. Dira-t-on un jour chez nous «C’était il y a longtemps et ça n’est jamais arrivé» (Evguenia Guinzbourg, écrivaine soviétique ayant passé 21 ans dans le goulag). Aïd moubarak à tous.

DSK et ses avocats soulagés



Israël occupe la Libye

Aujourd'hui on colonise par supplétifs interposés. Comme le CNT libyen qui est en fait à la botte d'Israël via l'Elysée. Nous n'avons pas le droit de baisser notre vigilance. Le feu est à nos frontières.

C'est le dernier week-end du Ramadhan. On prépare la fête. Habits neufs, gâteaux, joie des enfants et des plus grands. Tout de suite après, ce sera la rentrée. Avec ses bons et ses mauvais côtés. Sur le plan intérieur, ce sont les réformes politiques qui seront au centre de l'actualité. Sur le plan extérieur, c'est la situation dans les pays voisins et particulièrement en Libye qui retiendra notre attention. A la fin du mois prochain est prévue la réunion de la tripartite. Comme cela paraît loin! Et peut-être sans grande importance comparé à la présence d'Israël sur nos frontières avec la Libye. Il ne faut pas se faire d'illusions. Le CNT (qui a été convoqué d'ailleurs à l'Elysée hier), c'est Sarko qui en réfère à BHL qui prend ses ordres chez Netanyahu. On en reste là pour le moment. Après les fêtes on poussera plus loin. Histoire de ne pas les gâcher. Mais il faut bien en parler tout de même. Cette année et compte tenu des événements exceptionnels qui ont touché la région Nord de l'Afrique, les revendications traditionnelles de la rentrée comme la gestion des oeuvres sociales des écoles, ou la couleur des tabliers paraissent bien dérisoires. Ce qui se passe en Libye ne peut nous laisser indifférents. Le sort de nos frères libyens, qui vivent une tragédie de plus en plus violente depuis plusieurs mois, nous interpelle. Ils ont passé un mois de Ramadhan dont ils se rappelleront toujours. Ils auront une fête de l'Aïd au goût amer. Des forces étrangères ont réussi à dresser les Libyens les uns contre les autres. A les pousser vers la guerre civile. Comme nous l'avions vécue nous-mêmes dans les années 90 avec les bombardements de l'Otan en moins. Des forces étrangères, qui s'acharnent sur notre région depuis des décennies, cela a forcément une ou des causes. Des forces étrangères qui ont tout fait pour entraver la construction de l'Union du Maghreb arabe. Des forces étrangères qui ont tout fait pour nous fourguer à la place une Union pour la Méditerranée. Un Occident qui est en butte à une grave crise économique et financière et qui cherche des moyens de s'en sortir quitte à marcher sur les cadavres des autres pays. Les reconstructions envisagées de la Tunisie et de la Libye font partie des possibles sorties de crise. Le contrôle du pétrole libyen aussi. Un peu plus bas, au Sahel, il y a également l'uranium du Niger qui fait l'objet de beaucoup de convoitises. Comme cela l'a été pour le cacao ivoirien tout récemment. Dans cet environnement, l'Algérie est encore plus convoitée que les autres. Avec son immense territoire. Ses richesses du sous-sol (minerais, hydrocarbures, or, etc.), ses richesses du sol (meilleures terres agricoles de la région), ses richesses dans l'atmosphère (énergie solaire, éolienne, etc.). Avec sa position géopolitique stratégique. Autant d'attraits pour attiser les convoitises de puissances en déclin pouvant trouver là, le ou les moyens de se refaire une santé. De relancer leur économie. De calmer les révoltes sociales dues à l'austérité imposée. Comme au bon vieux temps des empires coloniaux. A cette différence qu'aujourd'hui, on colonise différemment. Par supplétifs interposés. Comme le CNT libyen qui est en fait à la botte d'Israël via l'Elysée. Allez! on ne va pas gâcher la fête. On reparlera de tout cela juste après! Mais en attendant, nous n'avons pas le droit de baisser notre vigilance. Le feu est à nos frontières. En espérant que tous les Algériens auront le sens des responsabilités nécessaires pour hiérarchiser leurs besoins à la rentrée. Surtout pour ne pas prêter le flanc aux prédateurs qui n'attendent que la moindre occasion. Nous ne sommes pas dupes et savons que nous avons, nous aussi, nos supplétifs. C'est l'occasion de les voir «monter» à la surface. C'est l'occasion de savoir qui est qui! En attendant, bonne fête de l'Aïd à toutes et à tous!

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