samedi 26 septembre 2009

Des hestoires onusiennes

L'assemblée générale de l'Onu s'est révélée être un baromètre fiable des tensions internationales qui retardent un retour vers le multilatéralisme, resté trop longtemps le parent pauvre sous l'ère Bush.

Depuis son installation, l'administration démocrate tente d'y remédier mais sans succès tangibles. Parce que l'Onu a plaidé pour un monde dénucléarisé que celui-ci va le devenir dans les prochaines années ?

Trop tôt pour le dire même si la course à l'atome semble avoir encore de longues distances devant elle. Autant pour les conflits régionaux qui persistent, les protagonistes se refusant aux moindres concessions pour avancer sur le chemin de la paix. Et ce n'est pas à Benyamin Netanyahu que l'on va apprendre le refrain.

Tout en assurant que l'Etat hébreu veut la paix avec les Palestiniens, le gouvernement de Tel-Aviv a fait semblant d'ignorer la dernière résolution de l'AIEA qui lui a réclamé plus de transparence sur son arsenal nucléaire militaire.
Mieux encore.

Du haut de la tribune onusienne, le Premier ministre israélien a appelé le monde à agir contre la République islamique d'Iran qui ne menacerait pas que la sécurité d'Israël mais la sécurité mondiale. Benyamin Netanyahu, qui n'est pas près de geler la colonisation, s'est-il acharné un peu plus contre les mollahs après l'écoute du discours négationniste du président Ahmadinejad que pas moins de douze délégations ont jugé nécessaire de boycotter ?

Les autorités de Tel-Aviv tiennent de quoi inciter les alliés occidentaux pour qu'ils ne relâchent pas la pression sur Téhéran. Dans une lettre adressée récemment au partant Mohamed El Baradeï, directeur de l'Agence internationale de l'énergie nucléaire, les Iraniens ont reconnu l'existence d'un second site d'enrichissement de l'uranium.

Cependant, ce franc jeu ne serait pas de nature à servir les ambitions nucléaires de la République islamique à court terme.

Le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini, dont le pays occupe la présidence tournante du G8, a accordé un délai de trois mois à l'Iran pour qu'elle montre définitivement patte blanche. Dépassé ce sursis, qui permettrait d'ultimes négociations autour de la dernière offre faite par les mollahs, ceux-là devront s'attendre à des sanctions massives de la part de l'Occident.

Voire de la Russie, espère tant Paris. D'autant que le Kremlin ne peut plus avoir de doutes sur les véritables objectifs qu'a constitué le bouclier antimissiles US en Europe jusqu'au jour de l'annonce de sa profonde modification. En dernier, seule la menace iranienne subsisterait.

D'où la nécessité de s'unir pour la réduire en cendres. Et ce ne sont pas les quelques malentendus entre Occidentaux, apparus durant l'assemblée générale de l'Onu, qui vont plomber cette volonté affichée. Quoique qu'un «incident» a mis la puce à l'oreille de la presse britannique.

A s'en tenir à ses comptes rendus, le président Obama aurait snobé volontairement Gordon Brown dont les services ont demandé à cinq reprises à Washington pour qu'une rencontre officielle entre les deux hommes soit organisée en marge du sommet. Barack Obama aurait préféré s'entretenir en tête-à-tête avec les dirigeants du Japon, de la Chine et de la Russie.

Un refroidissement historique des relations entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni ou la preuve que l'Europe est en train de devenir une «quantité négligeable», comme le soutiennent certains éminents analystes ? Parmi les «raisons» de ce dos-à-dos, évoquées par les médias britanniques, la libération de l'ex-agent libyen que le président américain avait qualifié d'erreur.

Le guide de la Jamahiriya, qui a planté sa tente non loin de New York, n'est pas revenu sur l'accueil réservé au héros El Magrahi.

Il s'est attaqué à l'hypocrisie qui sévit à l'Onu et dont la charte occulte l'emploi de la force même quand l'objectif commun est loin d'être réuni. Il a préconisé la création du G100 où les petits pays auront leur mot à dire et des guerres à éviter, préventives soient-elles.

Par Anis Djaad

Quel lien entre le Prophète Mohammed (Qsssl) et le film de Audiard?

«Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie et dans sa maison.»
[Saint Mathieu]

En regardant hier au cinéma, le film Le Prophète de Jacques Audiard, je me suis posé la question: «Peut-on illustrer le prophète Mohammed (Qsssl), sans le préciser et surtout sans créer la polémique comme celle des caricatures, dans un film?» Alors que la polémique du film a enflé du côté des Corses, puisque le film offre une image négative des Corses ou du moins une image peu reluisante. Le film qui est une idée originale d’un jeune scénariste algérien Abdel Raouf Dafri, auteur notamment de La Commune, produit par Canal + sur l’univers violent de la Banlieue mais aussi du script de Mesrine: L’Instinct de Mort et Mesrine: L’Ennemi public N°1 de Jean-François Richet, ne se présente pas comme un film religieux malgré le titre.

Abdel Raouf Dafri a réussi à assembler sans créer la polémique, l’univers de la prison en France en assimilant le parcours d’un détenu à un prophète, en l’occurrence Mohammed (Qsssl). Condamné à six ans de prison, Malik El Djebena, 19 ans (magnifiquement interprété par Tahar Rahim), ne sait ni lire ni écrire. A son arrivée en Centrale, seul au monde, jeune et fragile, il est très vite mis sous la coupe d’un groupe de prisonniers corses qui fait régner sa loi dans la prison. Le jeune homme apprend vite.

Au fil des «missions», il s’endurcit et gagne la confiance des Corses. La force du film dont la mise en scène est sobre, réside dans l’interprétation forte de ses comédiens, notamment Tahar Rahim et Niels Arestrup qui joue le rôle de César Luciani, le parrain des Corses. Le film s’attaque indirectement à l’Islam à travers l’organisation des détenus islamistes dans la prison. Mais au fil des séquences, on se rend compte que le scénariste a voulu coller les qualités du Prophète Mohammed (Qsssl) au personnage de Malik.

D’abord il ne sait ni lire ni écrire comme le Prophète, il est doué pour les affaires, courageux et se présente comme un grand combattant en allant seul, tuer quatre personnes dans un véhicule blindé et surtout libérer un chef de la maffia en lui offrant un ennemi qui voulait sa mort et surtout il est sincère et prévoit les choses avant leur arrivée. Mais la scène la plus significative reste celle de l’ange qui apparaît à Malik et lui récite les premiers versets de la première sourate du Coran envoyé par Dieu: Sourat Al-aâlak. Le réalisateur est allé même inscrire en arabe sur le plan le mot Iqra, pour mieux transmettre le message de cette illustration non déclarée de Mohammed (Qsssl).

Enfin l’autre scène significative, c’est quand Malik a fini par quitter le camp des Corses pour diriger le camp des musulmans dans la prison en finançant, notamment la mosquée. La scène finale du film est aussi représentative de la montée en puissance de Malik au même titre que le prophete Mohammed (Qsssl) en l’an 600. Ainsi on montre Malik, quittant la prison soutenant dans ses bras la veuve et son enfant. Celle-ci a hérité après la mort de son mari, d’une grande fortune et d’une caravane de 4x4 (comme le Prophète qui avait épousé Khadidja une veuve qui possédait une caravane de biens et de chameaux).

Si la critique et la presse française n’y ont vu que du feu, nous avons, de notre côté, décrypté ses sous-entendus des messages sémantiques du scénariste franco-algérien Abdel Raouf Dafri qui, en voulant coller les traits de caractères du Prophète, a su éviter la polémique née de ce film et qui s’est, pour le moment, concentrée sur le conflit entre les Arabes et les Corses. Bravo pour le slalom des non-dits religieux et bonjour la polémique!.

Amira SOLTANE

Nous, c’est pas n’importe qui !



Par Hakim Laâlam
Email : laalamh@yahoo.fr
Rahmani reçu par Schwarzenegger.

Arnold et Willy

Je suis scandalisé par le traitement discriminatoire dont a souffert la pourtant remarquable, extraordinaire et déterminante participation de l’Algérie au dernier sommet des chefs d’Etat de la planète aux Etats-Unis. C’est de la hogra médiatique ! Pourtant, tout-Pittsburg ne vibrait que des battements de cils de la délégation algérienne. Je le sentais bien, moi, Obama lorsqu’il s’est adressé aux participants. Il donnait l’air de rayonner, d’assurer un maximum ses phrases, mais au fond, je voyais qu’il cherchait désespérément des yeux l’approbation d’Abdekka. A chaque fois qu’un président ou qu’un roi montait à la tribune, se plaçait derrière le pupitre, réglait la hauteur des micros et entamait son discours par des remerciements aux pays présents à ce sommet, je sentais – et vous aussi, j’en suis sûr —que cet hommage globalisant était en fait plus particulièrement destiné à l’Algérie. Non ! Assurément, ce G20 américain aura confirmé notre définitif, indiscutable, scellé et non négociable retour sur la scène internationale. Je serais tenté de dire «heureusement !» Eh oui, d’entre toutes les promesses électorales du candidat Boutef’ en 1999, c’est celle-là, celle de redonner à l’Algérie sa place dans le concert des nations, qui a été tenue. Nous comptons, enfin ! Nous pesons, enfin ! Combien, exactement, je ne pourrais vous le dire, n’ayant pas encore reçu les chiffres de l’ONPM, l’Office national des poids et mesures, mais l’essentiel est que nous soyons convaincus que nous comptons et que nous pesons. Totalement convaincus. Convaincus à ras bord. Convaincus, entre nous, binat’na ! D’ailleurs, je n’ose imaginer sur quelle déconfiture aurait abouti ce sommet des 20 plus grandes puissances de la planète si la plus importante d’entre elles s’était absentée, l’Algérie. Notre seule présence a sauvé ce sommet. Exactement comme elle l’a fait pour l’élection à la tête de l’Unesco. Bravo aâlina et 5 dans les yeux des envieux ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L.

Le blé et nos scepticismes

La production céréalière algérienne a plus que triplé en une année. De 17 millions de quintaux pour la saison passée, elle est passée à plus de 60 millions. En attendant que soient détaillée cette récolte exceptionnelle, il faudra sûrement l'apprécier d'abord en tant que telle.

On sait d'abord que la proportion d'orge, la localisation régionale des terres qui ont réussi les meilleures performances, la part de la pluviométrie et les procédés qui ont concouru dans cette production peuvent, une fois connus, relativiser la performance.

Mais ces facteurs sont loin de pouvoir être déterminants dans l'analyse des raisons qui ont permis cette récolte. Si les observateurs avertis savent qu'une fertilité hors normes, pour ne pas dire artificielle, est possible sur un temps et des superficies réduits, ils savent aussi que la production céréalière algérienne de cette année, quand bien même elle susciterait des interrogations sceptiques sommes toutes naturelles en raison de son ampleur, ne peut pas avoir été le résultat d'heureuses coïncidences météorologiques conjuguées à quelque volontarisme de conjoncture.

Les exemples en la matière ne manquent pas et l'Arabie Saoudite en a donné l'exemple parfait en réussissant de belles cultures de laboratoire qui sont destinées à rehausser son prestige et tempérer un tant soit peu son image peu reluisante d'énorme fût de pétrole.

Mais l'Arabie Saoudite a les moyens de sa «politique» en supportant de produire du blé à des dizaines de fois son prix sur le marché mondial, quitte, en exagérant un peu la caricature, à l'arroser avec des fontes d'icebergs ramenés du pôle nord. L'Algérie ne peut pas se permettre de tels caprices, et pour tout dire elle n'y a jamais songé, en dépit d'une politique agricole qui a rarement été un exemple de réussite.

On peut avoir fait de mauvais choix, mais on sait qu'on ne peut pas s'amuser avec les cultures stratégiques. L'autosuffisance est un objectif maintenant au moins assez vieux pour ne pas avoir permis d'intégrer les voies et les moyens d'y parvenir.

Et pour une fois qu'une mesure concrète d'encouragement de la production a donné des résultats, on ne va quand même pas chercher des raisons de déchanter. Il faudra bien sûr se garder de jubiler pour une production d'une année qui, sans être «artificielle», peut décliner.

En plus, l'Etat ne peut pas se permettre pour longtemps de rapprocher ses prix d'achat chez les producteurs des cours du marché mondial. Une mesure d'intéressement sonnante et trébuchante pour un temps ne peut pas se substituer à une politique globale de production.

Sinon, il serait plus confortable de continuer à acheter le blé canadien ou français. En définitive, seule l'augmentation encore et encore de la production peut assurer notre consommation et, pourquoi pas, d'exporter. Tout compte fait, nous ne sommes qu'à un million de tonnes de l'autosuffisance et rien n'interdit d'autres ambitions, en dehors de nos scepticismes légendaires.

Slimane Laouari

Laisser-aller

Les habitudes sont tenaces: elles tiennent lieu souvent de seconde nature au point qu’on les attribue la plupart du temps aux gènes. Chaque année, le mois de Ramadhan offre à nos concitoyens l’occasion de donner libre cours à leurs plus féroces appétits: c’est à qui consommera le plus de produits qui, le reste de l’année, peuplent les fantasmes d’une population anémiée par une hausse effrénée des prix et anesthésiée par une stagnation des revenus. Mais l’hyperactivité gastronomique et le gaspillage qui en découle ne sont pas, hélas, les deux mauvais côtés de ce mois censé être celui de la pondération, de l’introspection et de l’ascétisme.

A côté, se développent une nonchalance, un laisser-aller, un absentéisme qui réduisent ces services publics au strict minimum. Il faut compter en plus sur le développement d’une violence inouïe qui illustre la dégradation des rapports humains: ce n’est qu’après qu’on sourit à l’inanité des causes qui ont provoqué le déferlement de colère, d’injures ou de coups. «Bah! dit-on, c’est le Ramadhan!», l’excuse est vite trouvée pour expliquer le manque flagrant de civisme qui, le reste de l’année, n’est pas la vertu cardinale de nos concitoyens, mais qui atteint son paroxysme durant ces jours de privation et de frustration.

Et ce ne sont ni les causeries religieuses au coin du feu ou du tube cathodique, ni les génuflexions répétées qui adouciront les moeurs de gens réduits à la seule fonction digestive. Le mal est ailleurs! Mais où? Dans l’absence flagrante de l’Etat régulateur, modérateur et dissuasif? Ou bien, est-il tapi au fond de nos gènes comme une tare héréditaire? Toujours est-il que les effets négatifs enregistrés durant ce second mois de congé annuel sont perceptibles dans l’environnement: l’enlèvement des ordures ménagères est considérablement ralenti dans les cités de banlieue et seuls les grandes artères de la capitale et les quartiers huppés gardent leur aspect habituel.

Cependant, les citoyens, qui évitent d’avoir affaire aux services publics durant ce mois pour ne pas avoir à subir la mauvaise humeur d’agents privés de café, de cigarette matinale ou de sommeil (ah! le sommeil, me direz-vous, est la plus grande victime dans ces cités surpeuplées où les habitants deviennent de tardifs noctambules et où les haut-parleurs de mosquées...), déchantent souvent au lendemain des jours de fête: si cette année, on trouve encore du pain sur la voie publique ou dans certaines boulangeries, la plupart des services publics ont tourné avec le service minimum.

Des cafés, des restaurants sont restés fermés: la plupart des travailleurs de base y officiant viennent de l’intérieur du pays et profitent des fêtes de l’Aïd pour passer quelques jours supplémentaires avec leurs familles. Quant à certains services commerciaux d’entreprises publiques, ils ont simplement ouvert, avec un effectif minimum pour les mêmes raisons citées plus haut. Il en est de même pour certains services qui ont mis à profit le mois estival pour faire des opérations d’entretien: les travaux n’ayant pas été achevés, leur fermeture dictée par les retards de chantiers est prolongée sine die. Alors, cinq semaines de congé seront-elles suffisantes pour redonner le moral au travail. Pas sûr!

Selim M’SILI

Écriture de l’Histoire : l’ONM nouveau censeur ?

Sans la positive curiosité de quelques journalistes, l’information serait passée inaperçue. Une nouvelle aux conséquences fâcheuses pour la liberté d’expression en général et le magistère des historiens en particulier. Les rares journaux à en avoir rendu compte et surtout commenté s’étaient d’ailleurs arrêtés sur son caractère foncièrement antidémocratique (1). Mais tout d’abord que l’on se rassure.

Si la presse dans sa majorité n’en avait pas parlé, la faute était imputable au pouvoir qui, communiquant tellement mal, est devenu indécryptable. Même son agence de presse officielle n’est pas en reste qui répercute sur son «fil» une littérature bureaucratique compassée sans même se donner la peine professionnelle de l’éclairer par des exergues de soutien. Glissons donc sur cette insignifiance notoire de sa communication et arrêtons nous sur la proposition quasi indécente que vient de faire le chef de l’Etat au ministre des Moudjahidine lors de son récent «oral».

Ainsi a-t-il été question d’affecter à ce département et à sa filiale, l’ONM, le monopole de la supervision de travaux historiques relatifs au mouvement national. Autrement dit, le sceau exclusif de l’imprimatur sur un domaine relevant de la recherche universitaire. Une énorme atteinte à la fois au pré-carré académique et un détournement du domaine immatériel de la mémoire collective qui, dans tous les cas de figure, relève de la propriété publique. Pour peu qu’en haut lieu l’on parvienne à mettre en place cette singulière institution censitaire alors il faudra craindre, comme autrefois, pour le destin du moindre opus.

En commençant par le réexamen du passé, dont on sait qu’il est une source inépuisable de controverses, le pouvoir ne pourra qu’étendre sa tentation de l’auto-daté à toutes les œuvres de l’esprit. Alors que l’on pensait, au lendemain d’octobre 1988, qu’il allait devenir enfin possible de s’interroger sans passion sur le passé de ce pays et que les présupposés idéologiques allaient s’effacer et libérer l’histoire de son carcan mystificateur, nous revoilà revenus aux inquiétudes d’antan parce que les règles que l’on prépare ont tout simplement été exhumées des vieux placards de la pensée unique.

Contraindre les historiens es-compétences à devenir des faussaires et, au mieux, à passer sous silence les moins héroïques des événements du passé, c’est ce qui constituera la ligne rouge de leurs futurs travaux. Finis, bientôt, les scrupules du chercheur soumettant à la «question» le moindre document avant de l’authentifier. Place, bientôt, aux notaires de l’Histoire plus disposés à verser dans la geste épique qu’à délivrer des messages sobres et objectifs. Ces clercs qui s’empêcheront d’interpréter par euxmêmes et préféreront transcrire et, pis encore, transfigurer les faits. Ainsi l’on s’efforcera de brider les travaux les plus compromettants relatifs à des méfaits d’acteurs que l’on a pourtant «panthéonisés» pour le bon usage du régime.

Car enfin de quelle autorité intellectuelle pourrait se prévaloir l’ONM au point de se voir investir de cette mission ? Elle dont la réputation est politiquement sulfureuse, de quelle nature est son onction éthique pour attendre d’elle qu’elle se hisse au-dessus de contingences du présent et éconduire les préposés à l’instrumentation ? A son sujet, son long, très long, compagnonnage avec tous les pouvoirs a fini par la discréditer. Peuplée de gérontes — comment peut-il en être autrement ? —, n’a-telle pas exercé les pressions les moins justifiables contre la moindre critique atteignant le pouvoir du moment ?

De Boumediène à Bouteflika en passant par Chadli, Boudiaf, Kafi et Zeroual, elle monnaya au prix fort sa disponibilité avec la morgue patriotique en prime. Prompte à témoigner à décharge dans tous les procès mettant en cause le régime en place, elle les gratifia finalement de tous de superlatifs patriotiques. Maintes fois aussi, elle désigna à la vindicte des opposants qu’elle n’eut aucun état d’âme à qualifier d’aventuriers antinationalistes. Par obédience sectaire, elle n’hésitera pas à jeter la suspicion sur le passé de véritables compagnons d’armes tout à la fois pour demeurer dans les bonnes grâces du régime qui le lui a demandé et dans le même temps «tuer» politiquement un témoin de leurs turpitudes.

Le propos est sans aucun doute féroce mais est-il pour autant injuste dans sa signification globale ? L’immunité attachée au passé de ses sympathisants n’est pas étrangère à son éloignement des préoccupations du pays pour ne s’y intéresser qu’à sa proximité avec les pouvoirs. Abusée jusqu’à s’organiser en «société à responsabilité illimitée », au sein même de la communauté nationale, n’estelle pas plutôt semblable à une «loge maçonnique» qu’à une amicale des rescapés de l’enfer, uniquement soucieuse d’entretenir le grand souvenir ? Et cela loin des calculs et des appétits de pouvoir. Hélas, ce devoir de mémoire qui lui échoit depuis une quarantaine d’années n’a-t-il pas été mis au service des pouvoirs politiques qui sanctifièrent qui ils voulaient et raturèrent les noms de certains autres.

Pour l’anecdote, demandez à Ali Kafi, son ex-secrétaire général, qui tout au long de ses mandats ignora superbement Boudiaf jusqu’au jour où il se retrouvera parmi ses assesseurs au HCE puis devint son successeur, demandez-lui donc si une seule fois il a eu à évoquer le nom de ce commandeur de 54 lors des multiples célébrations qu’il présida auparavant ! C’est dire que l’ingratitude même dans le souvenir y était une règle. Démonétisant ce qui restait, après octobre 1988, de rectitude morale encore attachée à sa vocation peut-elle aujourd’hui, en l’an 2009, s’autoriser un autre viol de la mémoire historique de ce pays en prétendant savoir la promouvoir ?

Certes ce n’est d’abord pas à elle d’adresser la question et qu’il faudra se tourner vers le chef de l’Etat pour le questionner sur ses retentions, mais enfin l’on pouvait bien imaginer que le premier mandataire des anciens combattants fit enfin preuve d’humilité (patriotique celle-ci) pour décliner une telle mission. Rien de cela n’a eu lieu au cours de cet oral de Ramadan. Le ministre a pris simplement acte de la proposition présidentielle.

A leur tour, les chercheurs doivent en réfuter par avance les arrière-pensées qui sous-tendent la promotion d’une histoire officielle. C’est-à- dire le retour à l’exaltation sans retenue et à l’instruction civique étriquée avec pour unique souci de gommer les aspérités peu convenables pour le régime. Ainsi donc, les manuels d’histoire de nos petits enfants attendront encore longtemps avant de devenir des sources de connaissance du passé.

Par Boubakeur Hamidechi

(1) Seul El-Watanlui consacra un article en dernière page où l’on pouvait lire les avis de deux historiens : Omar Carlier et Daho Djerbal.

Les Algériens se rabattent sur les voitures d'occasion

Le chemin de l’autosuffisance

Nous sommes sur la bonne voie. Nous commençons à produire ce que nous consommons. Enfin, presque. Pour les céréales cela vient d’être confirmé. Le ministère de l’Agriculture a annoncé jeudi dernier que la récolte 2008/2009 est de 6,1 millions de tonnes. Nos besoins sont estimés annuellement entre 6 et 8 millions de tonnes. Ce qui explique le programme d’importation de l’Oaic. L’office a acheté à l’étranger en juillet dernier, 500.000 tonnes qui s‘ajoutent aux 150.000 tonnes achetées un mois auparavant.

Ce qui donne un stock de 7 millions de tonnes environ. Ce qui est «appréciable» pour reprendre le terme du rapport du ministère. Sans plus. Pas de quoi dormir sur nos lauriers et croire que l’on peut «se remettre au lit». Pour plusieurs raisons. La première est évidemment d’ordre démographique. La seconde est que nous sommes l’un des plus grands consommateurs de céréales au monde. 200 kilos par an et par habitant. Il ne faut pas oublier enfin le rôle majeur de la pluviométrie qui est loin d’être constant d’une année à l’autre. Donc, nous sommes certes sur la bonne voie, mais nous ne sommes pas encore «arrivés».

Ce n’est pas d’un sprint de 100 mètres qu’il s’agit mais d’une course de fond. Des moyens, beaucoup de moyens ont été consentis par l’Etat. Financiers et matériels. On serait tentés de dire aussi humains puisque des emplois ont pu être ainsi créés. Cette participation de l’Etat doit se poursuivre avec un accent particulier pour la recherche et la formation. Elle doit se poursuivre comme doivent être évitées les «fausses joies» que veulent nous donner nos statisticiens comme ceux du Cnis (Centre national de l’informatique et des statistiques).

Ils viennent de nous apprendre que notre facture d’importation en produits alimentaires a baissé. Ils précisent qu’elle est passée de «749 millions de dollars en août 2008 à 402 millions de dollars le même mois en 2009, soit une baisse de 46,33%». Soit. Mais sans mentionner les quantités importées. Sans préciser non plus les fluctuations du marché international où les céréales et le lait ont connu des chutes de prix assez conséquentes. Ce qui veut dire qu’on peut avoir payé moins cher la même quantité ou plus.

Ce qui ne veut surtout pas dire que nous avons produit plus de produits alimentaires. Nous en sommes à nous réjouir de la production de céréales, de la pomme de terre aussi et de manière plus générale, des fruits et légumes, nonobstant leur distribution qui laisse à désirer. Ce qui n’est pas le cas pour le lait par exemple. Ni pour les légumes secs.

Des informations comme celles du Cnis sont pour le moins déplacées voire carrément négatives par l’effet démobilisateur qu’elles peuvent entraîner. Nous sommes sur la bonne voie, avons-nous dit, mais nous n’avons pas encore atteint l’autosuffisance alimentaire. Nous avons gagné «une bataille» mais pas encore «la guerre». Il y a du chemin à parcourir encore. Gardons la tête froide et maintenons le cap. Produisons encore et encore!

Zouhir MEBARKI

La sécurité a été renforcée à l'aéroport d'Alger

Savoir pourquoi

Aura-t-il tout ou peu dit sur la question ? Ksentini qui a entamé une véritable campagne auprès de l’opinion publique nationale en faveur de ce projet dont il n’a pas encore défini les contours et les objectifs, sait que sa mise en œuvre sera difficile voire impossible.

Farouk Ksentini a félicité le leader libyen pour avoir enfin libéré les prisonniers algériens détenus et même torturés pendant des années dans les geôles libyennes. Le président de la commission nationale consultative de la promotion et de la protection des droits de l’homme a évité de commenter le chantage à la Al-Kadhafi qui, dans l’affaire des prisonniers algériens, n’a pas respecté les règles d’amitié et de bon voisinage avec l’Algérie. Ksentini avance comme argument l’absence de prérogatives de sa commission dans ce genre de conflit. Et dans le cas où la torture serait avérée, la commission n’y pourrait pas grand-chose sauf la déplorer.

Mais le sujet, qui a largement marqué l’intervention de Farouk Ksentini, a été l’amnistie générale qu’il considère inévitable “pour redonner un nouveau souffle à la réconciliation nationale”.

Aura-t-il tout ou peu dit sur la question ? Ksentini, qui a entamé une véritable campagne auprès de l’opinion publique nationale en faveur de ce projet, dont il n’a pas encore défini les contours et les objectifs, sait que sa mise en œuvre sera difficile, voire impossible.

En effet, si le président de la République, en l’évoquant pour la première et seule fois quelques jours avant sa réélection, a bien signifié un certain nombre de conditions en vue de son éventuelle réalisation, c’est que le projet de l’amnistie générale, cher aux partis islamistes, exige un retour définitif à une situation sécuritaire assainie avec “zéro” attentat où les algériens pourront voyager de jour comme de nuit dans les endroits les plus reculés sans craindre quoi que ce soit.

Il est vrai, en revanche, que la situation sécuritaire a connu d’importantes améliorations grâce à une mobilisation des services de sécurité qui ont pu venir à bout des groupes terroristes soumis à d’intenses pressions aussi bien internes qu’externes après le démantèlement des réseaux de financement et de soutien un peu partout dans la région maghrébine.

La concorde civile ainsi que la Charte pour la paix et la réconciliation nationale ont permis de ramener sur le droit chemin des milliers d’Algériens égarés sur les routes du fanatisme. Ceux qui ont refusé et continuent de tuer leurs frères et sœurs au nom de l’islam, ou pour servir les visées occultes et dangereuses du terrorisme international, accepteront-ils demain de déposer les armes ?

Par :Salim Tamani

On s’en doutait !

Pourquoi des noms aussi illustres risqueraient-ils une crédibilité qu’ils ont si bien préservée jusqu’à présent alors que la politique partisane n’est plus à l’honneur dans le pays ?

M. Abdelhamid Mehri, l’ancien secrétaire général du FLN, a catégoriquement démenti les informations de presse le désignant parmi les participants à une conférence nationale annoncée par les «fidèles à l’ALN/FLN» pour le 30 octobre prochain, c’est-à-dire la veille de la commémoration du déclenchement de la guerre de libération contre la France coloniale. Le démenti était bien sûr attendu par les observateurs qui, avouent-ils, voient mal l’homme s’amuser à redresser le FLN et la «famille révolutionnaire» de… l’extérieur.

Ni d’ailleurs Mohamed Salah Yahiaoui, l’autre ancien SG du FLN donné avec le commandant Lakhdar Bouregaa et le colonel Youssef Khatib, de la Wilaya IV historique, comme partie prenante d’une action que d’aucuns perçoivent comme la préparation du coup d’Etat le moins discret et probablement le plus rigolo de l’histoire de l’humanité. Pourquoi des noms aussi illustres risqueraient-ils une crédibilité qu’ils ont si bien préservée jusqu’à présent alors que la politique partisane n’est plus à l’honneur dans le pays ?

Les partis politiques ne font plus la décision ! Ni même l’événement. La une des journaux est plus occupée par les patrons d’entreprises que par les chefs de partis politiques. Leurs articles font parler plus d’experts économiques ou de diplomates étrangers que des personnalités politiques. Aujourd’hui, ce sont bel et bien l’informel, le banditisme, la violence et la harga qui, en plus de la misère, logent à la une de nos journaux.

Les partis politiques, qui généralement ne comptent pas sur les cotisations, n’ont plus que des positions bateau à exprimer. Et il leur faut parfois plonger dans l’excentricité jusqu’à défendre les… harkis et leurs parrains pour se distinguer et attirer ainsi quelque peu l’attention. Cette situation plaît-elle en Algérie ? Il est évident que non ! Il est évident que les Algériens aspirent à mieux.

Pour rectifier le tir, M. Mehri, qui ne désespère pas, nous invite à privilégier «les idées, les programmes et les positions politiques clairvoyantes» plutôt que les conflits et les rivalités individuelles. Un sage conseil dispensé à quelques encablures du congrès du FLN, le parti à… abattre.

Par Mohamed Zaâf
Un gourou pour Bouteflika

Les milieux d’affaires algériens s’inquièteraient de la visite de Bouteflika à Chavez. Pourquoi donc ? Parce que cette visite n’aurait rien à voir avec le prochain sommet Afrique-Amérique latine, ni d’ailleurs avec les relations entre l’Algérie et le Venezuela. Il s’agit en fait, selon certains medias «très perspicaces», de la rencontre entre un élève et son mentor. L’élève, c’est le président algérien, et le mentor, c’est le président vénézuélien. On rappelle volontiers que chaque fois que le premier a rencontré le second, il a pris des décisions importantes. Sur la politique des hydrocarbures, l’économie, la libéralisation, le rôle des banques, la LFC…

Ainsi, tout ce qui est fait chez nous provient d’Amérique, mais pas de l’Amérique à laquelle on pense, bien au contraire. Les milieux d’affaires seraient inquiets précisément parce que Bouteflika est entraîné, selon eux, dans une politique contre l’Amérique à laquelle on pense, voyez-vous. Sous influence idéologique, nous serions devenus un simple satellite d’un pays à peu près de notre dimension.

Mais à quoi correspond donc une idée ? Ni plus ni moins qu’à ajouter un argument supplémentaire à la campagne menée contre les mesures prises dans la loi de finances complémentaire. Après le louvoiement de Redha Hamiani, président du FCE, qui souffle du froid et du chaud contre le gouvernement à qui il réclame le statut de partenaire pour son association, après que les autres organisations patronales déclarent soutenir la LFC, quand ils ne préfèrent pas se taire, après, enfin, que Issad Rebrab affirme, en toute indépendance, son adhésion nette et entière à la nouvelle politique économique, il ne reste plus que les milieux d’affaires étrangers.
A-t-on besoin de décrypter leurs positions ? Bien sûr que non. Ils sont contre la LFC en gros et en détails. Ils le disent rarement eux-mêmes car ils ont les relais médiatiques nécessaires pour cela. Leur campagne n’a pas cessé depuis l’annonce des nouvelles mesures gouvernementales. On a tout entendu : les Algériens sont dans une situation «catastrophique», «le marché automobile s’effondre» (comme s’il existait autrement que sous forme de souk), «désormais, le pays n’importera plus ce dont ses citoyens et son économie ont besoin pour vivre» (plus le mensonge est gros… disait Goebbels), «toute l’Algérie est en régression à cause de la LFC» etc.

On a tout entendu, et on entendra davantage les prochaines semaines et les prochains mois. Comme par exemple que le gouvernement est en train de renoncer à ses propres décisions ou qu’il va le faire à l’occasion de la loi de finances 2010. Mais cette trouvaille d’un président algérien sous influence de son homologue vénézuelien, et qui va rechercher aussi loin sa source d’inspiration, dépasse toutes les autres.

La vérité est pourtant simple : les milieux d’affaires étrangers en question ne veulent pas qu’un pays comme le nôtre tente de mener une politique indépendante. Que la LFC soit critiquable, qui en douterait ? Ce n’est ni le Coran ni la Bible. Mais il faut montrer en quoi elle l’est vraiment, et non chercher des gourous au Venezuela.

Aïssa Khelladi