mercredi 4 novembre 2009

Dream change de traitement sur l’Algérie

«Aime et publie-le; hais et cache-le.»
Proverbe égyptien

«Il faut vivre pour voir cela», dira ma grand-mère. Je suis tombée des nues en découvrant un reportage sur la chaîne Dream, la télévision égyptienne privée qui s’est illustrée par un acharnement médiatique sans précédent contre l’Algérie, depuis quelque temps. Il semblerait que cette chaîne ait reçu des instructions fermes d’en haut pour cesser sa campagne de dénigrement contre le peuple et l’Etat algériens. Dream a été amené à diffuser un reportage faisant les louanges de la star du ballon rond algérien Lakhdar Belloumi. L’émission El Hakika (la vérité) de Dream a effacé toutes les insultes des journalistes et animateurs égyptiens contre le peuple algérien, en réalisant, à partir de Mascara, un documentaire avec l’ancien Ballon d’or algérien en personne. Des images étonnantes qui n’étaient pas possibles, il y a quelques jours seulement.

L’émission avait visiblement comme objectif de rapprocher les deux peuples. Le reporter de Dream est allé même jusqu’à organiser un rendez-vous téléphonique entre Belloumi et le médecin égyptien, Ahmed Abdelmoumen, 20 ans après l’incident du Caire, où l’international algérien avait été accusé par le médecin égyptien de lui avoir crevé un oeil. Cette affaire avait conduit Belloumi à être condamné et poursuivi par Interpol. C’est la première fois depuis le règlement et depuis l’éclatement de cette affaire, il y a tout juste 20 ans, que l’international algérien discute pour la première fois, par téléphone, avec le médecin égyptien et a présenté une nouvelle fois ses excuses devant les caméras de Dream. La chaîne a également montré le document officiel du règlement judiciaire de cette affaire, mettant l’accent sur les parfaites relations entre l’égypte et l’Algérie.

Tout au long de ce reportage en faveur de la star algérienne, on voyait les scènes de liesse après la victoire contre l’Egypte. Même l’Entv n’aurait pas été capable de faire un tel reportage. L’objectif de ce dernier était visiblement de blanchir plus que le blanc, Belloumi de cette affaire. Le plus étonnant, est que c’est une chaîne de télévision égyptienne, et plus est, c’est Dream, qui le fait, alors que le contexte sportif et politique est actuellement électrique.

Ce changement de traitement de l’information de la part des médias audiovisuels égyptiens intervient 24 heures après la conversation téléphonique entre les ministres des Affaires étrangères algérien, Mourad Medelci, et égyptien, Ahmed Aboul Gheït.
Les diplomates des deux pays ont convenu qu’un tel traitement médiatique contribuerait «à calmer les esprits des supporteurs et du public des deux équipes». Ceci au moment où une conférence de presse était organisée conjointement par des journalistes égyptiens et algériens pour mettre un terme à cette guerre médiatique sans limite. Comme quoi, ça ne sert à rien de crier puisqu’on a toujours un maître auquel il faut toujours obéir.

Amira SOLTANE

Djaballah veut recoller les morceaux

Les clivages politiques risquent de constituer un obstacle pour toute initiative de rapprochement entre les deux parties.

Après l’effritement, les islamistes cherchent à se réunifier. Dans cette logique émergent d’ores et déjà deux mouvements. Il s’agit du Mouvement pour la prédication et le changement (MPC) de M.Abdelmadjid Menasra et de la nouvelle formation en gestation de M.Abdallah Djaballah. Ces derniers jours, les deux hommes ont été aperçus ensemble. Alors, simples rencontres ou tractations en vue d’une alliance?

Joint hier par téléphone, M.Aziz Mansour, membre du MPC, a déclaré: «Nous sommes prêts à travailler avec toute formation portant un projet national fiable.» Ainsi, le responsable du MPC n’a pas exclu l’éventualité d’un rapprochement entre les deux parties. Pour plus d’éclaircissements, nos multiples tentatives de joindre M.Abdelmadjid Menasra, membre du MPC, sont restées vaines. Pour rappel, ces groupes sont le résultat de deux fractures. Le premier est né d’une scission au sein du Mouvement pour la société et la paix (MSP). Le second a repris à son compte les structures de la branche «historique d’El Islah». Issu d’une division au sein du mouvement En Nahda, le mouvement El Islah s’est à son tour scindé en deux tendances.

La première, conduite par M.Djahid Younsi, a suivi une logique participationniste aux échéances électorales. Laquelle logique a montré l’étendue de l’opposition entre les deux parties. Celle de M.Djahid Younsi reconnue par l’Administration. Et celle de M.Abdallah Djaballah se prévalant d’une légitimité historique. L’illustration est donnée lors des présidentielles précédentes. D’un côté M.Djahid Younsi a participé à l’échéance. Durant sa campagne électorale, ce dernier avait soutenu que «le changement» ne pouvait venir que par l’urne. De l’autre, M.Djaballah avait qualifié l’élection de «mascarade». Pour lui, le changement ne pouvait venir que par «l’unification des forces vives de la nation». L’unification, voici le mot d’ordre qui revient comme un leitmotiv chez les dirigeants islamistes. Ces derniers temps, les appels se sont multipliés dans ce sens. Le dernier en date est celui lancé par Abdallah Djaballah.

Dans une conférence animée, lundi à Alger, le chef islamiste avait déclaré sa préférence pour un pole islamiste unifié. A la lumière de ces données, ce dernier avait précisé que «le processus de la réunification du Mouvement En Nahda n’est que suspendu». Ces derniers mois, les partisans de M.Djaballah et la direction actuelle d’En Nahda ont mené des tractations intenses en vue de réunifier les rangs du mouvement. Ces tractations se sont soldées par la mise en place d’une commission mixte. Comprenant 5 membres de chaque partie, cette commission a travaillé sur trois sujets: la plate-forme politique, les statuts et les modalités de l’organisation d’un congrès. Seulement, le processus a connu un temps d’arrêt. «La direction actuelle d’En Nahda veut garder la mouture actuelle des statuts». avait déclaré M.Djaballah. Cela dit, le chef islamiste a précisé que le processus des négociations n’était pas interrompu. Se voulant rassembleur, M.Djaballah a annoncé la création d’un nouveau parti politique pour fin décembre prochain. Selon son initiateur, cette formation politique serait ouverte à des tendances autres que le courant islamiste. Doucement mais sûrement, l’opposant islamiste avance sur l’échiquier politique.

En l’absence d’un pôle démocratique, M.Djaballah propose une alternative islamiste «ouverte». Une telle probabilité n’est pas à écarter. D’autant plus que M.Djaballah évolue sur un terrain qu’il connaît. Pour rappel, ce dernier a été le fondateur du mouvement En Nahda.
En connaissance de cause, M.Djaballah qualifie de «socle sur lequel s’est fait l’éveil islamique». Une division au sein de ce mouvement a amené le chef islamiste à fonder El Islah. Une nouvelle fois, il se retrouve sur le fil du rasoir. El Islah est fractionné en deux branches. M.Djahid Younsi conduit l’aile légaliste. «Les historiques», quant à eux, restent fidèles à M.Djaballah. A partir de ses structures, ce dernier veut créer un nouveau parti politique.
Pour faire peau neuve, le vieux briscard avance une nouvelle donne: la fédération des courants de l’opposition sous la bannière islamiste. C’est dire que la scène politique risque de s’animer durant les jours à venir. Une question: le courant islamiste est-il capable de dépasser les clivages politiques qui le minent?

Mohamed Sadek LOUCIF

Jacques Chirac règle ses comptes

Le livre promet d’être un best-seller

Il foudroie Giscard d’Estaing et Balladur, il ne s’attarde pas sur Sarkozy, mais rend hommage à son prédécesseur et adversaire, François Mitterrand.

Dans son livre, dont des extraits ont été rapportés dans le journal français, Le Parisien, l’ancien président de la République française, Jacques Chirac, règle ses comptes avec les vieux briscards du monde politique de l’Hexagone.

«Chirac dit tout le mal qu’il pense de Giscard et de Balladur. Il évoque la rancune tenace que lui voue Valéry Giscard d’Estaing, rappelle la trahison d’Edouard Balladur en 1995. Cependant, il rend hommage à Mitterrand», a rapporté le journal français. Cet ouvrage intitulé Chaque pas doit être un but (Nil Editions), dont le premier tome paraîtra ce jeudi, promet déjà d’être un best-seller de la littérature politique française. L’ancien président est partout, à toutes les pages et dans toutes les rubriques du livre.

Côté ombre et côté lumière. Côté justice et côté politique. Jamais on avait autant parlé de lui depuis qu’il a quitté l’Elysée. «Un jour, Giscard assurera avoir jeté la rancune à la rivière. Mais ce jour-là, la rivière devait être à sec, tant cette rancune est demeurée tenace et comme inépuisable. En démocratie, la défaite d’un homme est rarement une perte irréparable», ajoute-t-il. «J’avais confiance en Edouard Balladur», souligne aussi M.Chirac, rappelant qu’un accord politique, «ayant aussi valeur de contrat moral», avait été conclu entre les deux hommes.

«Au fond de moi, j’ai encore peine à croire que le Premier ministre soit en train de trahir ses engagements», dit-il. «Je n’aurai jamais d’explication d’homme à homme avec Edouard Balladur.» Dans ces extraits publiés par Le Parisien, Jacques Chirac évoque également son successeur Nicolas Sarkozy, qui a été «le premier à s’éloigner» en 1995. «Cette première défection ne me laisse pas indifférent. Nicolas Sarkozy est à mes yeux bien plus qu’un simple collaborateur», explique-t-il. «Je l’avais remarqué à l’occasion d’un de nos meetings.

Je lui demandai de venir travailler à mes côtés, ce qu’il fit aussitôt, prenant part efficacement à toutes mes campagnes, avec cette volonté, qui ne l’a pas quitté, de se rendre indispensable, d’être toujours là, nerveux, empressé, avide d’agir et se distinguant par un sens indéniable de la communication», salue M.Chirac. Ainsi, il ne s’attarde pas sur le personnage de Nicolas Sarkozy, il passe très vite.

Pour en savoir (peut-être) plus de ce que Chirac pense de son successeur, il faudra attendre le second tome. Devenu depuis quelques mois l’homme politique le plus populaire de France, Chirac va affronter cette semaine le regard des Français qui aiment ce père de la nation, qu’il est devenu, mais approuvent massivement, selon un sondage, son renvoi devant la justice au nom de l’égalité des citoyens.

On craignait un récit sans aspérités de la vie de Chirac, de sa naissance en 1932 à son élection à l’Elysée, en 1995. En fait, Chirac le secret, Chirac «l’énigme», comme a pu dire un jour de lui sa propre fille Claude, le prince de la langue de bois, celui qui réservait ses mots cruels au cercle de ses intimes, a décidé de se lâcher un peu. En distribuant ses coups, mais en les mesurant. La principale victime de ce règlement de comptes?

Valéry Giscard d’Estaing, bien sûr, le président que Chirac a largement contribué à faire battre en 1981. Mais il n’épargne pas non plus Edouard Balladur, qui n’a jamais été son ami de trente ans.

L’ancien président français est actuellement au centre d’une polémique. La semaine dernière, il a été renvoyé devant le tribunal correctionnel de Paris où il devrait normalement comparaître (sans doute pas avant 2011) pour «abus de confiance» et «détournement de fonds publics» portant sur 21 emplois fictifs à la mairie de Paris, sous son long «règne» de 1977 à 1995.

Nabil BELBEY

Hors-jeu

L’entretien téléphonique qu’ont eu lundi les deux chefs de la diplomatie algérienne et égyptienne, MM. Mourad Medelci et son homologue Ahmed Abou El Gheit, est passé presque inaperçu. Il fut présenté comme un contact ordinaire, de routine entrant dans le cadre des relations de coopération entre les deux pays.

A l’issue de leur entretien axé essentiellement sur le match Algérie-Egypte, prévu le 14 novembre, et entrant dans le cadre de la qualification au prochain Mondial en Afrique du Sud, les deux chefs des diplomaties des deux pays ont mis l’accent sur « le caractère sportif et fraternel » de ce derby tout en appelant « à préserver et à renforcer les liens fraternels et historiques ainsi que les intérêts communs et les relations privilégiées qui unissent l’Algérie et l’Egypte ». Des assurances furent données à M. Medelci en vue de garantir toutes les conditions de sécurité et de séjour aux supporters et à la délégation sportive algérienne qui se déplaceront au Caire. Ce genre de procédé qui voit un match de football déborder de son cadre naturel – le sport – pour prendre des contours politiques est plutôt rare dans les annales du sport.

Des matchs décisifs, au même stade de la compétition et avec le même enjeu, engageant de grandes nations de football, se sont déroulés dans un cadre strictement sportif, dans un fair-play exemplaire et loin de cette pression psychologique digne des expéditions guerrières entretenue par des déclarations de responsables de la Fédération égyptienne de football et par certains médias de ce pays.

Une pression qui nourrit de légitimes inquiétudes au sein des supporters des Verts et du staff technique de l’équipe nationale et d’une manière générale de l’opinion algérienne. Les forces en présence sont tellement inégales – 2000 fans de l’équipe nationale contre 80 000 supporters de l’équipe égyptienne auxquels il faudra ajouter toute la pression de l’environnement, la rue égyptienne et les médias survoltés – qu’il n’y a aucune raison objective de craindre des débordements du côté algérien.

Si d’aventure cette rencontre venait à déraper et que des comportements contraires à l’éthique sportive et aux règlements de la FIFA sont enregistrés avant, pendant et après le match, non seulement les instances sportives internationales devraient en tirer toutes les conséquences tel que prévu par les textes et règlements de la Fédération internationale de football, mais au-delà, la responsabilité première incombera aux autorités égyptiennes pour n’avoir pas été à la hauteur de l’événement. Pour avoir laissé faire, tiré les ficelles dans l’ombre ou, hypothèse saugrenue, en se montrant incapables d’assurer les conditions requises pour encadrer cette rencontre.

Connaissant la toute puissance du régime égyptien qui règne d’une main de fer sur le pays, on a du mal à imaginer qu’il ne puisse pas gérer un match de football alors qu’il fait la démonstration au quotidien de sa capacité à faire face à des mouvements de contestation sociaux et politiques autrement plus sensibles.

Hosni Moubarak qui s’apprête à transmettre le flambeau à son fils a un besoin pressant de la qualification au Mondial de l’Egypte qui sera versé au bilan de son règne, lequel, le moins que l’on puisse dire, n’a pas été jalonné que par des succès. Alors que peuvent valoir dans ce contexte les assurances données par la partie égyptienne ? Un coup pas aussi franc que cela !

Par Omar Berbiche

LE OFFSHORE : Le site Algérie totalement absent

Le offshore désigne l’ensemble des délocalisations de services. Dans le domaine de l’informatique, il est devenu une pratique répandue. Il s’étend de plus en plus à toutes les fonctions supports de l’entreprise : l’ingénierie, les ressources humaines, la comptabilité, les centres d’appels. La première fonction touchée a été l’informatique. Les développements de logiciels se font en Inde, en Roumanie ou au Maroc, tandis que l’analyse des besoins et la définition de la solution technique sont réalisées dans les pays occidentaux, au plus proche de l’utilisateur final.

Les Etats-Unis restent le principal destinataire des exportations informatiques en provenance des pays à bas coûts de main-d’œuvre. Parmi ces derniers, c’est l’Inde qui s’impose comme leader incontesté du offshore avec 65% de parts de marché en profitant d’une jeunesse nombreuse, anglophone et ayant reçu des formations d’ingénieurs de très bon niveau. L’Inde, avec ses 450 000 diplômés ingénieurs par an et seulement 4 heures et demie de décalage horaire par rapport à l’Europe, reste la candidate idéale et imbattable pour recevoir aussi, à l’avenir, les activités délocalisées des entreprises européennes.
Pourquoi les entreprises optent-elles pour le offshore ?

Les entreprises sont poussées au offshore par l’appât de perspectives de réduction colossale de leurs coûts. Et c’est l’arbitrage salarial qui reste le moteur principal du offshore. Ainsi, l’informaticien indien est payé six fois moins cher que son homologue français. Des études récentes parlent même de dix fois moins cher pour un employé dans les services de comptabilité ou les ressources humaines. (cf «le offshore, un phénomène de mode» in «La Gazette des sociétés et des techniques» Ecole des mines - n°46 - 2008).

Sur la base des expériences offshore recensées, un projet offshore permet de réaliser quelque 30% d’économies pour des fonctions telles que l’informatique ou l’ingénierie et plus de 50% en moyenne pour des fonctions telles que la comptabilité ou les ressources humaines. Le offshore soulève pour le dirigeant d’entreprise un certain nombre de questions dont deux restent particulièrement cruciales. 1°) Faut-il faire appel à un prestataire local pour son opération offshore ou bien monter son propre centre dans un pays à faible coût de main-d’œuvre ?

L’étude que nous avons citée révèle que dans un cas sur deux, l’entreprise décide de faire appel à un sous-traitant spécialisé dans la production des services qu’elle veut délocaliser. 2°) La seconde question qui taraude les dirigeants des centres offshore est celle qui a trait à l’inflation salariale et au turn over. L’étude montre qu’en Inde par exemple, les salaires ont augmenté de 15% entre 2006 et 2007 et que chaque année, 20% des effectifs quittent l’entreprise. Du point de vue du pays de l’entreprise qui délocalise, il se pose un problème de pertes d’emplois. Le offshore, nouvelle manifestation de la mondialisation de l’économie, menace des emplois de service qui, jusque-là, étaient protégés.

Pour la France par exemple, un rapport du Sénat estime à 40 000 le nombre d’emplois perdus par an à cause du offshore (durant la période 2006-2010). Ce même rapport précise que 80% des emplois «perdus» pour cause de offshore seraient en fait des emplois «non créés», un autre inconvénient du processus offshore a trait à la moindre maîtrise de la part de l’entreprise qui délocalise des activités envoyées en offshore, surtout lorsque l’activité est réalisée par un sous-traitant. De même, les entreprises qui délocalisent prennent un risque sur leur image de marque plus important que lorsque l’activité reste en onshore car estime l’étude citée «le discours des grands prestataires de services est souvent trompeur en vendant des ressources humaines capables de «tout faire, mieux, plus vite et moins cher».
Ceci étant, le phénomène offshore reste un phénomène réel, pérenne et structurant. En Inde par exemple, il connaît une croissance annuelle de 30%. Il se développe aussi en Europe de l’Est et au Maghreb (Maroc et Tunisie) et l’étude citée souligne que «le offshore reste rentable pendant au moins 20 ans et ce, malgré les effets de rattrapage des salaires». Pour les pays du Sud qui font face à une concurrence très dure des pays du Nord plus développés, plus performants, plus compétitifs, cette nouvelle stratégie d’offshoring, des grandes firmes internationales offre de bonnes opportunités d’intégrer positivement le processus de mondialisation de l’économie mais pour devenir un site d’accueil, le pays du sud doit faire de gros efforts de formation de ses cadres, d’amélioration de ses infrastructures, de développement de ses Tic, d’assouplissement de son climat d’affaires. C’est précisément dans tous ces domaines que l’Algérie est à la traîne et ce n’est assurément pas dans le retour aux sociétés nationales et au modèle d’industrialisation des années 70 que nous trouverons notre bonheur.

Par Abdelmadjid Bouzidi

Le ''Foehn'' de Mouloud Mammeri sur les planches du théâtre de Bgayet

Mouloud Mammeri, l’homme éternel de la littérature, a été à l’honneur ce dimanche, sur les planches du Théâtre de Bgayet, et cela à travers la pièce inédite, "Le Foehn" mise en scène par Djamel Abdelli.

Nouée autour de la thématique de la guerre d'Indépendance et soutenue par une superbe interprétation des comédiens, qui tout en étant facétieux, ont su rendre la gravité du contexte historique et la chronique a captivé et ému le public présent dans la salle de théâtre. Sous un décor pourtant loin de l'ambiance des tranchées ou des casernes où l’histoire du "Foehn" s’est déroulée au temps de la colonisation française. La pièce raconte l’histoire d’un jeune résistant, arrêté au moment même où, il s'apprêtait à commettre un attentat contre un officier de l'armée coloniale. En effet, la tragédie “le Foehn” se passe à l’aube. Tarik, un jeune fidaï algérois, rentre chez sa mère Zohra à La Casbah, peu après, la levée du couvre-feu imposée par les autorités coloniales. Il simule d’être saoul pour ne pas être intercepté par la patrouille des soldats coloniaux alors qu’il rentrait d’une réunion de cellule de partisans ayant programmé l’assassinat du commandant Brudeau, un colon irréductible.

Devant superviser l’attentat, il fait ses adieux à sa sœur Aïni en évitant de revoir sa vieille mère toujours angoissée et inquiète. Pendant que le colon commandant, discute avec sa fille Brigitte une avocate humaniste, pour l’informer du piège qu’il veut tendre à Abane Ramdane pour l’arrêter et le neutraliser, en capturant le fidaï Tarik, pour essayer de le retourner contre les siens.

Emprisonné, torturé, humilié, il finit "ses épreuves" auprès de sa cible manquée qui l'interrogera vainement afin de lui soutirer des aveux. Peine perdue. Tarik tint bon, bien que se sachant voué au peloton d'exécution. De guerre lasse, et au terme d'une parodie de procès, son bourreau finit en effet, par donner l'ordre de le passer par les armes.

D’une scène à l’autre, les comédiens du dramaturge Omar Fetmouche, ont ramené le public présent aux moments de l'amplitude de la révolution qui a soufflé comme un foehn, ce vent du sud qui sévit principalement dans les Alpes en Suisse ; le colonialisme a perdu le sens de la mesure. Il est devenu fou à l'image du procès mis en place pour juger Tarik et de la fin à laquelle a eu droit son bourreau. Il a tout simplement perdu la tête.

Toutefois, "le Foehn" écrit dans sa première version en 1957 et réécrit à nouveau par ce maître de la littérature, ultérieurement pendant son exil en 1958, interroge non seulement l'histoire mais aborde l'aspect manichéen voire philosophique de la vie. Déclamée, alternativement en kabyle et en français, cette sublime pièce de théâtre mise en scène par Djamel Abdelli et que Mouloud Mammeri a consacré à la guerre d’Algérie reste l’une des grandes pièces adaptées par l’univers théâtral amazigh.

Ouerdia Sait

De la prospérité de la corruption

Le procureur général d’Alger s’est voulu rassurant en déclarant que la répression judiciaire des faits de malversation est effective. “Je ne suis pas d’accord avec ceux qui prétendent que le parquet général est frileux par rapport à la procédure d’autosaisine qui diffère du déclenchement de l’action publique qui se base, elle, sur une plainte. Pas plus tard qu’hier, j’ai signé l’ouverture d’une enquête sur le foncier à Alger”, a déclaré le magistrat. C’est, avec la promesse présidentielle d’un comité ad hoc, la seconde bonne nouvelle en matière de lutte contre la corruption. Malheureusement, l’histoire de la gestion des deniers publics est parsemée d’annonces rassurantes.

D’ailleurs, le procureur général a pris soin de préciser les limites de la compétence de sa juridiction. Elle ne peut pas se pencher de son propre chef sur les affaires qui impliquent les hauts responsables. “Cela dépasse mes compétences. La loi est claire sur cette question qui relève des privilèges de juridiction sur lesquelles se penche la Cour suprême”.

Il n’est donc pas possible de lui opposer l’affaire BRC, dissoute en même temps que l’entreprise du même nom. Il n’est pas non plus possible de lui opposer l’affaire du PNDRA. Celle-ci défraie la chronique depuis de nombreux mois, sans qu’elle ne provoque la moindre mise au point, mais aussi sans qu’elle ne provoque la moindre réaction institutionnelle.
Avec l’affaire Khalifa, nous apprîmes, profanes juristes, le diktat de “l’arrêt de renvoi” : le juge ne peut rien changer à l’accusation qui y est consignée. Cette interdiction de se détacher de la lettre de l’arrêt de renvoi a été ainsi formulée par la présidente de la cour de Blida : “Vous êtes entré en témoin, vous sortirez en témoin.”

Le risque, avec ce principe de “privilèges de juridiction” qui désarment les cours et tribunaux face aux forfaits éventuels des hauts responsables, c’est qu’il puisse s’établir une justice de la corruption et une justice de la corruption des hauts dignitaires. Ce ne serait alors qu’un alibi de lutte contre la corruption. L’actualité est pourtant éloquente.

C’est, en effet, dans les plus gros budgets de la nation — l’autoroute Est-Ouest, le métro, le développement de l’agriculture, la gestion des ressources halieutiques — supposés être surveillés par les plus hauts niveaux de responsabilité, que semblent sévir l’avidité et la corruption. Si la présomption d’innocence, dans ces affaires en particulier comme dans d’autres, doit être de mise, il reste qu’il n’y a pas de fumée sans feu et que le pillage des ressources nationales n’épargne même pas les projets les plus emblématiques du pays.

La corruption et le détournement ne sont pas des crimes ordinaires, des crimes “de société”. Ils impliquent le commis de l’État dans son rapport à l’État. Ils expriment le type de légitimité et le type de motivation qui président aux carrières de pouvoir, c’est-à-dire la nature de l’État.

C’est donc là une question éminemment politique en ce qu’elle dépend de la volonté politique plus que de l’efficacité des services de répression et de l’appareil judiciaire. L’expression ravageuse de la corruption ou sa répression dépend moins de l’efficacité policière ou judiciaire que du mode de gouvernance.

Par : Mustapha Hammouche

Les milices vous saluent M’sieur !



Par Hakim Laâlam  
Email : laalamh@yahoo.fr

Aggravation de la crise interne au MSP. Soltani et Mokri sont à couteaux tirés. 

Couteaux suisses ?

Tout de même ! Qu’est-ce que les temps changent ! Qu’il est assourdissant ce bruit de vestes retournées. Hier encore, des villageois qui auraient pris les armes pour défendre leur village, leur dignité, auraient été traités de milices armées par le régime, de groupes paramilitaires chargés des basses œuvres de l’ANP et de son bras intelligent, le DRS. Aujourd’hui, les habitants d’Iflissen sont des héros. Hier, juste hier, il y a à peine une poignée d’années et deux mandatures d’échecs successifs, on leur aurait accolé dédaigneusement le label meurtrier de seigneurs de guerre, de machines à tuer, mues par la soif du sang et de l’argent. Alors que les étendards sont mis au vent un peu partout, alors que les podiums censés accueillir les nouveaux champions de la dignité retrouvée sont montés à la hâte, me revient en mémoire cette phrase prononcée par le premier magistrat du pays. Dans son habit de frais procureur, il avait tranché : «Dans cette guerre, il n’y a ni vainqueur ni vaincu. Nous ne sommes ni avec ceux-ci ni avec ceux-là. Les belligérants doivent cesser l’effusion de sang !» Les belligérants, khouya ! Voilà l’inconvénient des mots, des discours écrits et lus en public. Et voilà surtout l’inconvénient avec les gens dont on n’a pas réussi à atrophier la mémoire. Nous nous souvenons ! Et le plus triste, le plus douloureux des souvenirs, c’est qu’il n’y a pas si longtemps de cela, vous aviez qualifié les patriotes et les terroristes de «belligérants», décrétant au passage le match nul. Alors, aujourd’hui, que se passe-t-il, Monsieur l’arbitre ? La guerre aurait-elle repris à l’insu de votre plein gré irrité ? Allez ! Wallah que je ne vais pas m’en priver. Petit moment d’autosatisfaction pour ceux, dont nous qui n’avons pas changé d’un iota notre discours. Qui avons gardé irréversible notre veste. Redisons-le aujourd’hui, à l’heure des héros d’Iflissen, comme nous l’avions dit à l’heure des «milices armées du régime», naguère : un bon terroriste est un terroriste mort. Et le meilleur des repentirs pour un émir et pour ses troupes, c’est de finir au bout de la baïonnette d’un militaire ou d’un patriote. C’est assez clair, comme ça ? Sinon, j’en rajoute une couche. En la matière, y a qu’à demander, car «le cœur est plein» et il ne demande qu’à être vidé. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L. 

Les insoutenables revirements de Washington

Lors de sa tournée au Moyen-Orient, la secrétaire d’Etat américaine aux affaires étrangères, Hillary Clinton, a commis deux maladresses. La première en affirmant que la question de la colonisation n’était pas «constituer un préalable à la reprise des négociations» entre Israéliens et Palestiniens. La deuxième est relative au conflit au Sahara occidental. Parce que, une fois de plus, la secrétaire d’Etat a entretenu un flou, pouvant être préjudiciable, sur une question aussi sensible que le conflit au Sahara occidental. «La politique des Etats-Unis vis-à-vis de cette question n’a pas changé», a-t-elle dit avant-hier à Marrakech, (Maroc), lors d’une conférence de presse.

La déclaration peut paraître normale si elle n’a pas donné lieu à différentes lectures des médias internationaux. Les Marocains y voient, en effet, un soutien ferme à leur proposition de «large autonomie» que les Sahraouis ont rejetée. Le flou est d’autant plus grand que Barack Obama, dont l’élection, il y a tout juste une année, avait suscité des espoirs dans toute la région, avait exprimé, il y a quelques mois, sa volonté de voir le dossier avancer. Mieux, le journal espagnol El Païs avait même révélé que le président américain avait sommé le roi du Maroc à faire des concessions pour aller vers une solution définitive du conflit. Mais à voir de près, l’administration américaine n’en est pas à sa première contradiction.

Cela fait, en effet, plusieurs mois que Barack Obama répète, dans toutes ses déclarations, que la paix au Proche-Orient n’est pas possible sans l’arrêt de la construction des colonies israéliennes ou, tout au moins, leur gel. La position n’a jamais plu, bien évidemment, à l’Etat sioniste. On a même épilogué dans des journaux hébreux et américains sur une crise dans les relations entre Tel-Aviv et Washington. La situation est restée en l’état jusqu’au revirement de Hillary Clinton, la semaine dernière.

Le plus grave est encore cet autre contre-pied de la secrétaire d’Etat lors de la réunion de Marrakech sur la paix au Proche-Orient. Elle a soutenu, encore une fois, que «la poursuite des colonies est une atteinte au processus de paix».Là, les choses prennent une toute autre tournure. C’est toute la politique américaine qui prend un coup. Autrement dit, l’administration Obama, qui a suscité des espoirs dans le monde entier, notamment après le fameux discours du Caire où le locataire de la Maison Blanche avait tendu la main au monde arabo-musulman, perd peu à peu de sa crédibilité.

Une crédibilité déjà sérieusement entamée dans les conflits irakien et afghan.Cela peut paraître un vœu pieux. Mais l’administration américaine a intérêt à ne pas décevoir. D’abord dans le dossier palestinien, puisque Obama s’y est jeté corps et âme, mais aussi dans d’autres conflits comme celui du Sahara occidental qui ne peut être dissocié de la problématique de la décolonisation. Sur toutes ces questions, et sur d’autres encore, les Américains ont montré de bonnes intentions, l’administration américaine a le devoir de trancher. Dans le cas contraire, Obama ne sera, au meilleur des cas, qu’une copie conforme de ses prédécesseurs.

Par Ali Boukhlef

A qui assurer la primauté ?

Nous ne sommes pas dans un champ politique fragmenté où des partis négocient une alliance pour pouvoir gouverner. Les partis qui doivent se coaliser sont perçus comme ayant reçu des instructions pour le faire et nous ne sommes pas dans une situation où des alliances de conjoncture se font et se défont avec toutes les implications sur le gouvernement.

Mais le Parlement remplit-il l’obligation constitutionnelle de contrôle de l’action gouvernementale, son rôle de médiateur qui le mettrait lui-même au contact de la réalité du terrain ? Sachant que sa mission d‘aider le gouvernement à mieux comprendre la situation est déjà complexe.

Serait-ce parce que l’Alliance dispose de la majorité que le débat demeure absent dans l’enceinte du Parlement, et que l’opposition soit réduite à son impuissance législative ? L’Alliance est-elle une construction fondée sur des idées rapprochées ou d’intérêts ? Les populations aimeraient bien que les députés votent selon leur conscience au lieu d’obéir à des consignes et de substituer leur intime conviction aux instructions de leurs partis.

Dès lors, point n’est besoin de rendre le gouvernement responsable devant le Parlement. C’est toujours, dans ce cas, une pure comédie qu’un gouvernement en arrive à poser la question de confiance, à part que cela puisse procéder de l’intention de voir se «confirmer» une légitimité que ne mettent en débat que l’opposition et la presse.

Le mode de scrutin de liste ne serait pas à même de libérer la conscience des députés et leurs initiatives, puisque les électeurs ont appelés à exprimer leurs préférences aux partis et non pas aux députés.

S. I.

Les «Fidèles» en mouvement

L’ex-sénateur Djamal Eddine Habibi dit vouloir redorer son blason au père naturel de tous nos partis, le FLN, comme il entend arracher l’Algérie aux griffes de ses prédateurs : des pseudo-politiques aux gangs de la maffia politico-financière en passant par les réseaux narcotrafiquants. Djamal Eddine Habibi préside actuellement aux destinées du «Mouvement des Fidèles», une formation en gestation qui aurait réussi récemment à ouvrir 16 bureaux dans diverses wilayas en seulement… un mois.

Dans un communiqué publié à l’occasion des festivités du 1er Novembre, le MF parle de sa détermination à «réhabiliter» le FLN, après les dégâts postindépendance que lui auraient causé les infiltrés et autres traîtres. De plus, l’organisation de M. Habibi se dit foncièrement contre toute idée d’envoyer le FLN au musée. Et là, elle se distingue, puisque jamais auparavant pareille position n’a été exprimée par ne serait-ce qu’un groupe scout. Aucune formation politique ne prenait le parti du FLN lorsqu’il recevait des coups, alors que ceux qui lui en donnaient le faisaient avec plus de méchanceté, plus de plaisir que la France n’en avait elle-même à l’époque des «événements».

Mais quand le MF se propose de récupérer les vrais principes du Front authentique on ne peut que penser que la tâche est autrement ardue. Où peut-on récupérer des principes qui ne savaient pas ce que le mot échec voulait dire mais qu’on a pour notre malheur égarés ? Dans les objets trouvés ?

Dans les archives de la guerre d’indépendance internées en France ? Faudra-t-il penser à créer à cet effet une commission nationale, comme pour l’histoire de la corruption ? M. Habibi sera peut-être contre, lui qui parle de la vanité du projet portant création d’une commission nationale pour la lutte contre la corruption.

Un projet qui n’est en réalité qu’une preuve de l’échec des institutions de l’Etat à faire face aux corrompus, nous dit le MF. Peut-être qu’il ne fallait pas surseoir à la visite de Hortefeux, qu’il fallait plutôt lui dérouler le tapis rouge pour qu’il nous aide à percer la botte secrète des corrompus de chez lui, les nôtres n’étant finalement que des légataires. Hizb franca serait-il un peu moins qu’un mythe ?

Par Mohamed Zaâf

Hommes au miroir des médias

Je l’avais bien écrit un jour: on ne retient du portrait de quelqu’un que ce que l’on veut retenir et en général que les traits qui conviennent à l’appréciation, à la sympathie ou à l’idée que l’on se fait du sujet. Il est vrai que la subjectivité joue un rôle important dans la lecture de l’image d’un personnage, surtout si le personnage en question a une dimension historique, que cela soit du point de vue politique, littéraire ou artistique.

Or, un portrait est non seulement en pleins et déliés, mais aussi il offre des zones éclairées, un large front qui renvoie la lumière ou des zones d’ombre sur un profil en contre-jour. C’est dire combien est important le point de vue où l’on se trouve. La célébration d’un anniversaire historique comme le Premier Novembre est l’occasion pour la plupart des médias de sortir de leurs tiroirs le portrait d’un héros méconnu ou oublié. Il faut dire que la galerie de personnages attachants est impressionnante.

Cependant, quand on veut restituer le parcours d’un homme, qu’il soit politique ou autre, il faut en saisir toutes les étapes. Quand c’est un homme qui a fait partie des équipes officielles dirigeantes, il est facile d’en cerner les contours: les pages des journaux, les séquences JT ou d’émissions TV, les brochures émises par certaines institutions officielles sont d’une aide conséquente.

Mais quand il s’agit d’une personnalité qui s’est toujours retranchée dans une réserve à cause de sa modestie et de son humilité, la tâche est un peu plus ardue: c’est le cas de certaines personnalités comme Mostefa Lacheraf, Bachir Hadj-Ali et Ali Zamoum. Chacun de ces trois personnages a eu un destin particulier face aux médias officiels: si le premier a eu une production littéraire notable, il s’est montré toujours méfiant envers les médias bien qu’il ait occupé des fonctions officielles. Le deuxième a été complètement boycotté et il est devenu un acteur marginal, inconnu de la grande majorité du public.

Quant à Ali Zamoum, il n’a pas eu de chance du tout malgré les postes officiels importants qu’il a assumés. Né dans la maison du 1er Novembre 1954 à Ighil Imoula en 33, il s’engagea très jeune au côté de son frère dans le Mouvement nationaliste. Il fut fait prisonnier en février 1955 et connut les geôles françaises. Ayant contracté la tuberculose, il fut longtemps soigné à l’hôpital en France où il entra en contact avec des Français de France.

Après le cessez-le-feu, il devint l’adjoint du colonel Mohand Oulhadj qu’il quittera pour une raison qu’il explique dans son autobiographie: Thamourth Imazighen. Nommé préfet de Tizi Ouzou, il démissionnera lors des affrontements fratricides de 63-64. Il sera nommé ensuite directeur du complexe textile de Draâ Ben Khedda où il laissera un souvenir indélébile chez des travailleurs qui le considéraient comme un frère. D’ailleurs, ne conseillera-t-il pas aux futures victimes de la «restructuration», de créer une section syndicale pour défendre leurs intérêts. Un directeur de ce calibre ne peut avoir que des ennuis avec son ministre de l’Industrie.

C’est ainsi que Mohamed Saïd Mazouzi s’empressa d’exploiter ses qualités humaines et son désintéressement dans un des départements du ministère du Travail et des Affaires sociales. On connaît le rôle qu’il joua dans la carrière du théâtre de Kateb Yacine. Le portrait serait complet si l’Entv avait pu conserver le film entamé par Bouamari.

Selim M’SILI

Ceux qui ne se révoltent pas

Le ministre de l’Education nationale, Boubekeur Benbouzid, s’attaque à la direction générale de la Fonction publique en l’accusant de bloquer les recrutements. Le ministère des Travaux publics s’en remet à la police judiciaire à propos des dépassements de la Sonelgaz et de la Seaal. La «grippe bureaucratique» n’a pas épargné la Sntf qui explique les retards de certains de ses chantiers par des contraintes administratives.

A son tour, la Sonelgaz, par la voix de son président-directeur général, Noureddine Bouterfa, confie qu’elle souffre de la bureaucratie locale. On aurait fait la sourde oreille, au besoin, on aurait même sollicité le fameux sésame de «la main de l’étranger» si ces critiques venaient d’un quelconque investisseur ou d’une entreprise étrangère. Mais là, la complainte vient de l’intérieur du pays et de la part d’entreprises publiques et par-dessus tout stratégiques.

Quand des mastodontes de l’envergure de la Sonelgaz et de la Sntf plient le genou devant le mur invisible de la bureaucratie typiquement de chez nous, il y a de quoi s’inquiéter même en ressuscitant Don Quichotte. De cette bureaucratie, on n’en connaît que les manifestations, c’est-à-dire les résultats finaux, souvent dévastateurs. Le reste du phénomène est incolore, inodore et invisible, c’est du vent.

Que dira le simple citoyen face à une pareille machine destructrice quand des entreprises avec leurs structures, leur armée de fonctionnaires et leurs budgets, des P-DG avec leurs conseillers et leurs avocats en pâtissent? Il ne restera pas beaucoup de solutions au citoyen pour se plaindre: la démission totale, la résignation, la rue ou tourner le dos au pays, c’est-à-dire la harga. Selon les tranches d’âge, les Algériens ont recours alors à ces trois modes d’action en attendant de réinventer une nouvelle façon de faire.

On assiste alors à des manifestations de citoyens qui ferment des rues, des APC et des daïras et parfois même à des émeutes. Souvent on laisse faire, c’est une soupape, il faut bien que le citoyen respire, se défoule. Mais à force d’ouvrir les soupapes, on risque d’actionner le moteur des révoltes par effet d’entraînement. On comptabilise chaque jour que Dieu fait des vagues de jeunes et parfois même de vieux qui affrontent les dangers de la mer dans l’espoir d’aller vivre sous des cieux plus cléments.

Et pour les moins téméraires, c’est la résignation. Cette résignation est telle que parfois elle se confond avec démission. On ne s’émeut plus devant des scandales financiers et la dilapidation des richesses du pays. Chaque jour, les manchettes des quotidiens font état d’actes de corruption et de détournement de centaines de milliards de dinars. Dieu, protège-nous de la bureaucratie et la corruption on s’en accommode.

Brahim TAKHEROUBT

“Pékin Express” s'installe en Amérique du Sud

Les télé-stoppeurs de M6 reprennent du service, la chaîne donnera bientôt le coup d'envoi de la cinquième saison de Pékin Express. Après l'Asie du Sud-Est et l'Indonésie et sa fameuse route des dragons, Pékin Express devrait changer de continent pour son édition 2010.
Pékin Express est un jeu télévisé de télé-réalité, diffusé sur M6 en France depuis 2006 et présenté par Stéphane Rotenberg. Il s'agit d'une adaptation de l'émission hollando-belge Peking Express inventée en 2004.

Le principe n'est pas sans rappeler d'autres jeux comme The Amazing Race ou La Course autour du monde, où les candidats sont également lâchés dans un pays inconnu.
Vingt candidats, par équipe de deux personnes, s'affrontent dans une course à travers un continent ou une région du globe.

Ils disposent pour cela de seulement 1 euro par jour et par personne, ils doivent donc compter sur une tactique et faire appel à la population locale pour être pris en voiture, nourris et hébergés.

D'après le magazine Télé 7 jours, l'émission devrait revenir dans un continent déjà exploré lors de sa troisième saison : l'Amérique du Sud. Les candidats auront néanmoins l'occasion de découvrir de nouveau pays comme l'Equateur, le Chili ou encore l'Argentine. Le tournage de l'émission a débuté la semaine dernière. Stéphane Rotenberg et les candidats sont pour l'instant à Quito, en Équateur.

Ils devront ensuite descendre l'Amérique du Sud pour atteindre Ushuaïa, la capitale de la célèbre Terre de Feu, en Argentine.

Le présentateur Stéphane Rotenberg sera encore de la partie pour accueillir les candidats à l'issue des différentes étapes de ce périple. De nouvelles règles et épreuves seraient déjà en préparation pour animer cette nouvelle édition. Le programme devrait par ailleurs être diffusé comme à l'accoutumée au printemps prochain et proposera aux téléspectateurs de suivre ce voyage, aux paysages souvent mémorables, aux confins des hauts plateaux de l'Amérique latine.

Par : Rédaction de Liberte

Interventionnisme

Le bilan d’une année de diplomatie n’est pas à la hauteur des attentes même si les promesses non encore tenues du président Obama lui ont curieusement valu prématurément le prix Nobel de la paix.

Les États-Unis d’Amérique ont encore une fois perdu l’occasion d’éviter de s’ingérer dans une affaire qui ne les concerne pas. Le forum du futur, qui vient de se tenir dans la ville marocaine de Marrakech, a donné un avant-goût de ce que l’on savait déjà. Que les Américains n’ont pas décidé de renoncer à leur politique interventionniste, et malgré le discours dit historique de Barack Obama du 4 juin au Caire, l’Administration US continue de fonctionner comme le souhaitent les décideurs du complexe militaro-industriel et du lobby juif.

Dans l’affaire du Sahara occidental, la secrétaire d’État, Hillary Clinton, a déjà voté. C’est un oui inconditionnel au projet d’autonomie marocain pour cette ancienne colonie espagnole occupée par l’Armée royale depuis 1975.

Ainsi, bien que le dossier de décolonisation du Sahara occidental soit pris en charge par les Nations unies, qui ont décidé d’y organiser un référendum d’autodétermination et qu’un envoyé spécial, Christopher Ross, soit désigné pour mener cette dure mission, Washington prend de court les initiatives de paix onusiennes et relance du coup les menaces d’une reprise de la lutte armée dans la région.

Paradoxalement, c’est au moment où les pays du Maghreb attendent des gestes de bonne volonté afin de relancer la coopération économique et politique, surtout, que l’on parle aujourd’hui d’une nouvelle initiative semblable à celle “d’Eizenstat”, la position d’Hillary Clinton met fin aux espoirs suscités par l’élection d’Obama qui boucle aujourd’hui une année à la tête de la Maison-Blanche.

Le bilan d’une année de diplomatie n’est pas à la hauteur des attentes même si les promesses non encore tenues du président Obama lui ont curieusement valu prématurément le prix Nobel de la paix.

Ainsi, dans le conflit du Proche-Orient que son prédécesseur démocrate, en l’occurrence Bill Clinton, a essayé de régler par le biais des accords d’Oslo de 1993, Obama n’a pas jugé nécessaire de remettre au goût du jour cette louable initiative qui avait permis de jeter les bases pour la création d’un État palestinien. Bien au contraire, il a “exigé” des pays arabes de faire un geste en vue d’une normalisation des relations avec Israël. Que faut-il alors attendre de plus ?

Par : Salim Tamani

Alerte à la grippe porcine dans les établissements scolaires

Timechrit à Taguemount Azouz : Quand la fête est synonyme de partage et de piété

Même si elle n’est pas organisée à la même fréquence, depuis quelques années déjà, Timechrit demeure une fête ancestrale inhérente à la vie et l’histoire des Kabyles.

Elle consiste à sacrifier des bovins, pour permettre à tous les habitants du village de partager le même repas.

Une fête où la différence sociale est abolie, l’espace d’une journée.

À chaque région son rendez-vous. Timechit appelée aussi Taouzaât dans certaines localités, célèbre pour certains les fêtes religieuses. Elle coïncide d’ailleurs souvent avec Thaâchourth ou El Mouloud.

Telle l‘offrande d’Anzar, elle était aussi organisée dans le but d’éloigner les malheurs telle la sécheresse. Elle servait, dans le temps, à invoquer Dieu d’accorder aux villageois un hiver des plus pluvieux.

Le rituel était souvent associé à la période des grandes semailles, notamment de blé. C’était la période que choisissaient les notables du village de Taguemounbt Azouz, un des plus grands villages de crêtes entre les plaines de Tizi-Ouzou et des Ouadhias, pour organiser Timechrit. C’est d’ailleurs, samedi dernier que s’est tenue Timechrit 2009 à Taguemount Azouz. Si dans ce village, on tient à Timechrit, on ne réussit pas à en garder la fréquence pour autant. En 2008, on n’a pas réussi à organiser le rituel. Aucune raison n’est avancée pour justifier ce trou. Cette année, Timechrit est, donc, célébrée, comme à l’accoutumée à Herthadem, une partie de l’automne consacrée pour le début des grands semis et annonciatrice de la saison agraire. Elle est appelée aussi «Thabourth Ousseguass».

Dans le temps, aucun grain ne pouvait être servie avant Timechrit. Et aucun travail champêtre n’était entrepris avant cette fête. Et c’était Akherouv N’Athoukerou qui était en charge d’organiser cet événement.

Ce sont eux aussi qui donnent le coup d’envoi des semis. On ne semait ni on ne plantait, donc, qu’après le sacrifice de Timechrit et qu’Akherouv n’Athoukerou ait répandu les premières semences (Thifellahin). Timechrit, synonyme de partage, d’égalité et de bonté était également un symbole précurseur de la prospérité des récoltes. A Taguemount Azouz, Timechrit se tient toujours à la même période mais ne précède aucun événement précis, si ce n’est la préparation des champs d’oliviers à la récolte d’hiver. On choisit généralement les jours fériés pour permettre aux Algérois et autres habitants de la ville d’assister au rituel tant attendu.

La population est d’une telle importance que Timechrit se tient dans deux endroits différents.

Les familles sont, donc, répartie en deux groupes, selon Ekhervane ; Athchemloul et Athoukerou, en l’occurrence.

Les premiers procèdent au sacrifice des bêtes au niveau de Tizi-Asker au centre du village. Les seconds, fideles aux traditions, élisent domicile au niveau de Thaourirth Bougni, un des multiples saints du village.

Comme dans le temps, les femmes préparent toujours, à la veille de Timechrit le fameux «Aghroum akourane», des galettes, à la forme rectangulaire, préparées à base de semoule, sel et huile d’olive à volonté, du moins pour les plus réussies! Si on tente des économies, les galettes n’ont pas le même goût, ni le même fondant. Aghroum Akourane et Thazerth (figues sèches) servent de repas aux hommes et enfants qui participent à l’événement. Les femmes ne sont pas admises à Timechrit. Elles se contentent d’attendre la «Touna», c'est-à-dire la part destinée à leur famille, pour la préparation du repas de Timechrit.

A chacun son menu !

Couscous ou berkoukes ? Chaque famille a son propre menu. On attend souvent les parts pour préparer le repas de Timechrit, le soir même.

Pour ceux qui habitent loin du village, on attend souvent le lendemain pour sa préparation. «J’ai roulé mon couscous hier soir et j’ai préparé Thaghediwth ce matin. Il ne reste plus que la viande pour continuer à préparer ma sauce. J’espère que Timechrit finira tôt pour qu’on puisse manger le repas ce soir. Sinon je serai obligée de faire appel à ma cocotte minute !

Ce ne sera pas un repas purement traditionnel que s’il est cuit à la manière d’avant», nous confie Saâdia, 48 ans. Hayet, sa belle-sœur qui habite en ville, avoue avoir préparé un repas de substitution au cas où le partage de timechrit ne se fasse pas tôt. «Je suis convaincue que je n’aurai ma part que tard dans la journée. Et ce n’est pas en rentrant au-delà de 18 heures que je préparerai mon couscous.

C’est pour cela que j’ai préparé une sauce tomate, tôt ce matin. Pâtes au programme de la journée de Timechrit ! Je préparerai mon couscous demain. Mon mari a hâte !», nous confie Hayet qui attend la prochaine Timechrit pour faire une grande waâda. Elle prévoit d’envoyer son fils qui aura bouclé ses deux années, pour assister au prochain rendez-vous de cette fête ancestrale qui perdure depuis des décennies. Pour Nna Fadhma, le programme est le même depuis quelques années. le repas aussi. «Nous avons décidé de réunir toute la famille pour partager le repas de Timechrit. Mes deux enfants mariés ont ramené leurs femmes et enfants ce matin et sont partis ramener leurs Tounas.

Ces dernières serviront au repas familial de ce soir. Pour nous Timechrit est comme l’Aïd. Nous devons nous réunir pour que cet événement ait du goût. Mon fils aîné habite Alger. C’est une occasion pour moi de les voir lui et sa petite famille. C’est moi qui m’occupe de rouler El Berkoukes (un couscous au grain épais) et des galettes que mes enfants emmènent tôt le matin. Mes belles-filles s’occupent de la sauce et des beignets. Un de mes petits-enfants participe pour la première fois à Timechrit. Nous préparons, donc, Lesfendj pour célébrer cet événement», nous raconte Nna Fadhma, une septuagénaire du village. Nna Fadhma attend également la tête de bœuf que son fils lui a promis pour l’occasion.

Timechrit… une fête pour les enfants !

Pour les enfants qui participent pour la première fois à Timechrit, c’est un jour de fête où ils sont traités comme des petits princes. Comme pour la première Thiseouikth N’ Laïdh, on marque la première participation d’un garçon à Timechrit avec l’acquisition d’une tête de bœuf. Ces dernières sont mises aux enchères dans le souci d’éviter le favoritisme.

C’est le mieux disant qui y a droit. La tête de bœuf est préparée à l’ancienne, avec un couscous ou un berkoukes. Cette waâda est répartie en plats entre les parents et voisins et nécessiteux. Pour éviter le «favoritisme», certaines familles préfèrent envoyer cette waâda à la place du village, histoire de faire bénéficier le maximum de personnes, notamment parmi les nécessiteux. Des beignets sont préparés pour célébrer l’événement. Pourquoi des beignets ? Mais tout simplement pour ce que cela représente comme symboliques. Comme les beignets montent et gonflent grâce à la levure que la pâte contient tout simplement, la vie du petit est destinée à un avenir des plus florissants. « Adhifthi Am Lesfendj», nous dit Nna Fadhma pour souhaiter une vie prospère pour son petit-fils. On évite, donc, tout ce qui est crêpes (Thghrifine), feuilleté de pâte (Lemsemen). Dans certaines familles c’est le garçon concerné par la fête qui coupe le premier morceau de chair extraite de la tête de bœuf. C’est également lui qui y goûte le premier. Nna Fadhma a voulu également que ce soit son petit-fils qui préside la table le soir de Timechrit. «Je lui cède ma place aujourd’hui.

C’est sa fête. Il comprendra ses responsabilités dorénavant. Il appréciera son rôle à l’avenir», ajoutera bien Nna fadhma qui nous explique que les enfants qui participent pour la première fois à Timechrit sont appelés à contribuer activement pour celle d’après. C’est pour cela que pour certaines familles, le garçon ne va à Timechrit que quand il est en mesure, physiquement, de travailler. Car Timechrit n’est pas seulement un jour de fête. C’est également un jour de besogne auquel tous les hommes doivent prendre part.

Timechrit… une question d’organisation

Timechrit est donc un jour exceptionnel où riches et moins nantis sont au même rang. S’ils ont droit à la même part, ils doivent aussi contribuer de la même manière. Il faut dire que toute aide est la bienvenue. Les spectateurs ne sont d’ailleurs pas les bienvenus. D’ailleurs dans certains villages, on préfère engager des bouchers. Histoire d’aller plus vite et éviter les iniquités dans les efforts. Car c’est la seule injustice qu’il puisse y avoir à Timechrit, cette dernière étant symbole d’équité sociale. A Taguemount Azouz, il a été question de se passer le mot. On ne vient pas pour se croiser les bras et regarder les autres travailler. Il ne suffit pas de payer sa cotisation. Il est impératif que tout le monde se sente concerné par l’évènement et y contribue activement. Surtout qu’on n’y laisse ni bras ni jambe! Le message était, notamment destiné aux gens qui habitent hors village. Certains, heureusement pas tous, n’ont de lien avec Timechrit que le jour où ils côtisent et à la fin de la besogne quand ils vont chercher leurs parts. Cette année, il a été remarqué une grande affluence dès vendredi après-midi. Le message est certainement passé. Et c’est tant mieux. Rappelons que les cotisations ont débuté il y a plus de deux mois. La recette a permis l’acquisition de 12 bœufs pour l’ensemble du village. Comme partout ailleurs en Kabylie, à Taguemount Azouz on continue à organiser Timechrit, selon la tradition. A l’approche de cette fête, les responsables des Ikhervanes donnent le mot lors de la réunion du village. Les cotisations, 1000 DA par Touna, sont récoltés. Chaque famille désigne un responsable. Ce sont ces derniers qui s’occupent de l’achat des bœufs. Le jour “J”, les bœufs sont égorgés et dépecés. Les morceaux répartis en Touna. Le nombre de morceaux de viande doit être égal d’une Touna à une autre. Les familles nombreuses ont la possibilité de demander plus d’une Touna. Certaines familles demandent plusieurs Tounas en plus qu’elles laissent pour les nécessiteux. Dans certaines localités, ce sont les riches du village qui font un don d’argent à Tadjmaït, constituée des notables du village. Cette dernière prend en charge l’opération d’achat de bœufs.

Par : Samia Ayouni B.