vendredi 20 mai 2011

La balade des réformes politiques

Bensalah a commencé ses consultations, ses invitations, tout au moins, en vue de traduire les réformes politiques que se souhaite l’Algérie.
La mise sur pied de la commission traduit la soudaine volonté du Président qui, au milieu de son troisième mandat, a décidé de faire accéder le pays à un régime démocratique.
Lors de son dernier Conseil des ministres, Bouteflika a averti que les prochaines élections seront transparentes. Un peu comme pour mettre en garde le sérail qui doit, enfin, apprendre à s’accommoder du verdict des urnes.
Inutile de se poser la question de savoir pourquoi ce qui sera possible à partir de 2012 et les années suivantes, ne l’était pas depuis 1999. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Mais la nécessité de faire évoluer le système politique national et les changements que suppose cette évolution n’ont pas besoin d’être cherchés dans une consultation ciblée.
C’est vrai que la pression pour un changement politique n’est pas explicitée, étouffée qu’elle est par la répression et diluée dans une interprétation strictement sociale de la protestation. La méthodologie choisie par le pouvoir pour promouvoir les réformes politiques tend, elle-même, d’abord à lui faire gagner du temps. La promesse de démocratie n’est pas nouvelle pour qu’elle puisse revêtir quelque crédit et emporter quelque adhésion des forces qui appellent à la démocratisation effective de la vie publique. De plus, le pouvoir qui a durablement usé de la fraude, de la fausse promesse, de l’autocratie et de la répression se présente comme l’animateur de cette réforme.
De fait, il se retrouvera à se consulter lui-même, quitte à susciter la participation de sa traditionnelle clientèle qu’il présentera comme autant de contributions externes au régime. Les forces véritablement structurées avec les moyens de l’état, et l’autorité que leur confèrent leurs positions dans un paysage politique et social, dessiné par le pouvoir, seront seules à exprimer leur vision des réformes. Des réformes qui, nécessairement, doivent leur assurer la maîtrise de la décision et, in fine, du mode de répartition de la rente.
Car, enfin, bien faire, dans l’état actuel des choses, c’est commencer par soumettre l’action politique à la volonté populaire, par mettre fin à l’emprise de l’armée sur le contrôle des institutions, restituer les symboles de la Révolution, comme le sigle FLN, à la propriété collective du peuple algérien et par prohiber la fraude électorale.
La composition même de la commission interdit d’espérer que de tels tabous puissent même être abordés. On peut tout concéder à cette commission sauf une indépendance politique ou une volonté de rupture, l’une et l’autre largement compromises par la position institutionnelle de ses membres.
La “réconciliation nationale”, qui constitue le plus grand retournement politique, depuis l’Indépendance, n’a pas demandé autant de conciliabules nationaux. Pendant que l’islamisme profite d’actes politiques concrets, comme la libération annoncée des derniers terroristes encore emprisonnés, on veut enliser une nouvelle fois la question de la démocratie dans des pérégrinations passe-temps. étrangement, les concessions aux intégristes s’avèrent aisément concevables tandis que la moindre avancée démocratique doit forcément s’éterniser dans de byzantines négociations.
Les réformes ne viendront pas de ce côté-là où on veut les noyer.

M. H.
musthammouche@yahoo.fr

Un médecin dans une cour d’école

Il aura tout essayé. D’abord, de contenir la colère des médecins en faisant appel à la police. Puis, par un vrai-faux dialogue, de désamorcer la contestation. Puis, troisième étape, des augmentations de salaire, puis de l’intoxication, non alimentaire, en invoquant un accord qui n’a pas été validé par les représentants syndicaux, et aurait même envoyé des SMS pour faire croire que la grève a été arrêtée. Où en est-il aujourd’hui ? Au stade final, celui de la menace, salariale d’abord, par des ponctions obligatoires sur salaire, et judiciaire ensuite, avec, pourquoi pas, quelques médecins en prison.

Cette interaction entre un groupe social et un responsable peut, hélas ! être généralisée à l’ensemble de la relation qui prévaut entre gouvernés et gouvernants. Les premiers veulent plus et mieux, les seconds ne veulent rien, à part maintenir le statu quo, et les dernières déclarations du ministre de la Santé n’arrangent rien, accuser les médecins d’agir pour des intérêts occultes étant une allégation dépassée, connue comme arme pour décrédibiliser un mouvement. Tout comme dire que «la récréation est terminée», croyant ainsi en finir avec cette grève en sonnant une cloche introuvable pour la reprise des cours.

Pour le ministre et pour l’ensemble du personnel politique, une grève est une récréation, un chahut de gamins qui s’amusent entre deux cours, et les Algériens, même aussi instruits qu’un médecin, sont à l’école et leurs instituteurs sont les gouvernants chargés de leur expliquer la vie. Finalement, le ministre aura eu l’effet contraire, immédiatement après ses déclarations, les médecins, se sentant touchés, ont décidé de maintenir la grève. Le ministre n’aura donc rien gagné. Par contre, s’il se considère comme un instituteur d’écoliers turbulents, il devrait réaliser que s’il touche à l’un d’entre eux, des milliers de parents d’élèves l’attendront à la sortie.

Chawki Amari

Quid du terrorisme légal ?

Les ministres des Affaires étrangères d'Algérie, du Mali, du Niger et de la Mauritanie prévoient de se réunir vendredi prochain à Bamako, pour discuter de questions liées à la paix, à la sécurité et au développement de la sous-région, indiquait hier l'agence APS.

Des objectifs contrariés par une guerre civile en Libye, invoquée pour justifier une ingérence étrangère aux retombées revigorantes pour un terrorisme qui cause déjà suffisamment de soucis sécuritaires aux pays de la région.

Une guerre qui risque de réduire quasiment à néant les efforts déployés jusqu'ici pour tarir les sources d'approvisionnement en armes et en argent des groupes armés qui squattent le Sahel. "Sans la paix et la stabilité, il n'y aura pas de développement", rappelait M. Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires africaines et maghrébines, dans des propos rapportés par APS.

Mais comment parvenir à la paix et à la stabilité quand les puissants de ce monde s'arrangent pour venir guerroyer, tuer et détruire légalement au nom d'une prétendue protection des populations civiles, qu'on refuse bassement depuis des décennies aux Sahraouis et bien avant eux aux Palestiniens ? La réunion de Bamako discutera-t-elle de cette ingérence refusée dans la région, à l'exception de la frange compradore des insurgés libyens ?

Une ingérence d'essence occidentale dont les tenants s'arrangent contre tout entendement à faire durer le plaisir, refusant toutes les propositions de paix avancées de par le monde.

Des propositions pourtant mesurées, capables de sortir la Libye sœur de sa crise, n'étaient les prétentions du zaïmisme régional tricolore. Un zaïmisme qui non content de venir nous semer la m… dans la région et plus bas pousse l'outrecuidance jusqu'à soumettre le chef de la diplomatie de la RADP à un interrogatoire téléphonique sur les activités de nos… concessionnaires. Il n'y manquait que… la gégène. Plutôt ridicule, mais surtout insupportable !

En Afrique, et particulièrement dans notre région, Paris adopte une attitude de plus en plus hégémonique qui ne favorise ni la paix ni la stabilité. La France - et c'est là un constat - est présente partout là où il y a le sang, la destruction, là où règnent l'intrigue et le coup d'Etat. Il serait peut-être judicieux de considérer cette donne à Bamako !

Mohamed Zaaf

Négociations

A ces négociations, les syndicats et le patronat joueront sur du velours, aussi paradoxal que cela puisse paraître. La partie qui sera le plus mal à l’aise sera celle des représentants du gouvernement.

Sur fond de contestation générale dans presque tous les secteurs confondus, l’invitation du président de la République à tenir une tripartite pousse les différentes parties prenantes à ce round de négociations, à affiner leurs propositions et à fourbir leurs armes. Ce ne sera pas une rencontre comme on a l’habitude d’en voir, comme celles qui se terminent par une photo souvenir sur le perron du Palais du gouvernement.

L’environnement social n’est plus le même, les révolutions chez les voisins ne sont pas encore apaisées pour ne plus craindre la contagion, les rues de la capitale sont tous les jours occupées et les nombreux sit-in donnent le tournis aux forces de l’ordre qui ne savent plus quel quartier isoler ou quelle marche juguler. En un mot, ceux qui sont invités à cette rencontre savent ce qui en est attendu et que l’affaire ne se résume pas à apparaître au JT de 20 heures.

à ces négociations, les syndicats et le patronat joueront sur du velours, aussi paradoxal que cela puisse paraître. La partie qui sera le plus mal à l’aise sera celle des représentants du gouvernement. Ce dernier se trouve sur une corde raide qu’il a lui-même tendue et qu’il a maintenue ainsi par des restrictions à tout-va, des visions réduites et autres critiques infondées, quelquefois gratuites, contre des opérateurs qu’on voue aux gémonies, qu’on accable de tous les maux pour en faire de parfaits boucs-émissaires, en raison du simple fait qu’ils sont nationaux et entreprenants. La liberté d’entreprendre est pourtant inscrite dans la Constitution, texte fondamental du pays. à moins que l’émergence d’initiatives nouvelles dans tous les secteurs ne soit appréhendée comme une réduction du pouvoir des gouvernants. Cette absence de confiance dans les compétences nationales finira par entraîner nos dirigeants vers une putrescence de l’état dont ils seront les seuls responsables.

Même l’UGTA semble vouloir se débarrasser de ses vieux réflexes de filiale du pouvoir, et quand elle met en avant la priorité à la production nationale, d’une part, et à la préservation du pouvoir d’achat, d’autre part, elle lance un signe plutôt encourageant et cela correspond à ce que devrait être le patriotisme en matière économique et sociale.

Le patronat, lassé d’être mené en bateau le temps d’une plénière, veut aller en force à ces négociations, une force qu’il tire de sa part dans la création de richesses et d’emplois. Il reste persuadé que la réduction du chômage endémique qui sévit passera par l’entreprise et non plus par l’état qui doit remplir d’abord sa mission de régulation et de contrôle, au moyen des lois et seulement des lois. Il est aussi persuadé que son esprit d’initiative et sa conviction finiront, tôt ou tard, par orienter les bloqueurs de routes vers un avenir meilleur, ces millions de jeunes qui attendent de pouvoir donner un sens à leur vie. Et à leur algérianité.

Outoudert Abrous

Les «consensus savants» au secours de l’Algérie en panne

Un pays qui ne sait pas converger explose». La phrase est de Taïeb Hafsi, professeur de HEC Montréal, qui s’est investi corps et âme ces derniers temps pour diffuser en Algérie la connaissance accumulée sur le management de la complexité. L’heure est donc à la convergence. Des initiatives se multiplient pour proposer une expertise sur la réforme, le développement. Le think tank «défendre l’entreprise» soutenu par trois mécènes - Cevital, le groupe Benamor et le groupe Hasnaoui - veut rendre l’Etat «bienveillant» pour l’entreprise. Nabni, ce groupe qui propose 100 mesures à mettre en œuvre entre le 5 juillet 2011 et le 5 juillet 2012 part implicitement du principe, que l’action doit transcender les clivages politiques et sociaux classiques. Un ouvrage collectif publié par les éditions Casbah «Le développement économique de l’Algérie, expériences et perspectives», procède du même esprit. Converger à la lumière des consensus savants. Les îlots de la connaissance doivent être consolidés. Pour faire puissance. Interagir avec les institutions.

Les refonder. La transition démocratique de 1988-1992 a été l’affaire des politiques. Celle qui commence en Algérie sous le double effet du printemps politique arabe et du printemps social local, pourrait être celle des élites. Ahmed Benbitour, intervenant lors de l’une des tables rondes de présentation du livre cité, a parlé d’une nouvelle opportunité pour les élites qui ont raté le rendez-vous du 1er novembre 1954». La question affleure. Le pouvoir est-il prêt à laisser les clés de la transition aux élites qui s’organisent et revendiquent d’être, enfin, entendues ? La part des Algériens de la diaspora dans ce mouvement de production d’idées, de suggestion de pilotage du changement, est décisive. L’Algérie est un gros exportateur de ressources humaines qualifiées. 2011 marque un retour de balancier, coïncidant avec une demande sociale. L’échec politique a du bon.

Il réhabilite le besoin de l’expertise. Le chantier est immense, les chiffres impitoyables. Un seul résume l’impasse. 77% des revenus budgétaires de l’Etat sont toujours le fruit de l’exportation de ressources naturelles non renouvelables. Après dix années d’appel incantatoire à la diversité de l’économie. Ce qui met l’Algérie dans la case intermédiaire entre les pays tirés par les facteurs (économie primaire) et les pays tirés par l’efficience (économie intermédiaire). Loin de la case des pays tirés par l’innovation. Le rapport sur l’état de la connaissance de l’Unesco de novembre 2010 est accablant. Encore plus préoccupante qu’un gros dessous de table sur le contrat de l’autoroute Est-Ouest. L’Algérie s’est inscrite durablement dans le schéma ancien. Celui qui comptabilise la richesse nationale sous l’angle de l’accumulation matérielle. Nombre de publications par million d’habitants ? Nombre de dépôts de brevets ? Classement des universités ? Le développement de l’Algérie est l’histoire d’une «entropie à rallonge».

Un désordre intérieur permanent des trajectoires, des énergies, des politiques. «Les Japonais disent, peu importe où l’on va. L’essentiel est d’y aller tous ensemble», rappelle Taïeb Hafsi. La fin de «la malédiction des ressources», expression de Ahmed Benbitour, rendrait la convergence nationale obligatoire. 16 ans pour le pétrole, 25 ans pour le gaz naturel. Les deux horizons de la vie de l’exportation. La situation est donc sérieuse. Mais le paradigme ancien est toujours là. Le président Bouteflika, ou ses fondés de pouvoir, arbitrent les options technologiques des TIC, les choix de politiques énergétiques, les filières techniques du renouvelable, les contenus pédagogiques des réformes scolaires, la gestion du taux directeur de la Banque d’Algérie, les incitations du code des investissements, la stratégie capitalistique à l’international de Sonatrach. Conséquence, il n’arbitre rien. C’est la dernière variante de l’hyper-concentration du politique. Les élites savantes veulent rationaliser le management en Algérie. En transcendant, par les consensus construits, le clivage de la société réelle. Naïfs ? Peut- être pas finalement. Le discours est nouveau. Il n’a pas encore été «snipé» par Ahmed Ouyahia. Un bon début.

El Kadi Ihsane

Les élus seront fichés

La création d´un fichier des élus et des candidats serait sur les tablettes du gouvernement. Les futures lois sur les partis et les élections devraient comporter des dispositions allant dans ce sens.

Elle sont inspirées directement du droit français. Le fichier est destiné à permettre le suivi des candidatures déposées et des mandats et fonctions exercés par les élus en vue de l´information des citoyens.

La centralisation des résultats des scrutins et le suivi des titulaires successifs des mandats parlementaires et des fonctions exécutives locales sont aussi visés. Parmi les informations enregistrées, figure la nuance politique des élus et des candidats, établie en fonction d´une grille préétablie portée à leur connaissance au moment du dépôt de candidature.

Le train est en marche

Ould Abbès appréhende les révolutions arabes au point qu´il craint d´en être la victime. Médecins et étudiants ne voudraient pas moins que sa peau, à en croire ses déclarations à la presse. 122 séances de négociations n´ont pas suffi pour convaincre les médecins à cesser leur mouvement de grève. Mais n´y a-t-il vraiment pas d´autres enseignements à tirer de ces mouvements que celui de congédier un ministre? Qu´attend-on pour parler de gouvernance dans cette période de transition au Maghreb et au Moyen-Orient?

Si on ne le fait pas, et tout de suite, d´autres ne manqueront pas de sauter sur l´occasion pour nous dicter leurs recettes. En Tunisie, le train est déjà en marche. L´Institut français de coopération et l´Agence française de développement, organisent dès demain, un Forum de la société civile. Un séminaire sur la réforme de la police a aussi été organisé à l´initiative de la Fédération internationale des Ligues des droits de l´homme en association avec le syndicat des journalistes tunisiens sur un thème non dénué de connotation hautement politique. «Pour une police démocratique». En Belgique, en Italie, aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde, les think tanks sont en action et l´Algérie est dans leur agenda.

Même Benoît XVI n´a pas hésité à recevoir hier le nouveau chef de la Ligue arabe, l´Egyptien Nabil El Arabi, élu il y a seulement trois jours, pour un entretien sur le Maghreb et le Moyen-Orient confrontés aux révolutions. Aujourd´hui, Alain Juppé déjeune avec le groupe des ambassadeurs africains à Paris. Sécurité, crises, démocratie sont au menu.

La raison essentielle qui a dicté cet intérêt est le désir de participer, à leur manière, à l´analyse du thème des révolutions arabes qui concerne aussi notre pays, comme l´attestent certains observateurs. Les pays limitrophes comme la Tunisie ou la Libye ne sont pas les seuls à être touchés, même si de nombreuses voix s´élèvent pour affirmer que le cas de l´Algérie ne se prête pas à la comparaison étant donné que le vent de la démocratie a soufflé sur cette terre depuis déjà deux décennies. Mais les blocages subsistent, comme le reconnaît le président de l´APN.

Devant cet aveu, il est légitime de s´attendre à ce que des mécanismes et des programmes susceptibles de rétablir la confiance avec le citoyen soient abordés lors des débats sur les réformes politiques. Les universitaires et les hommes politiques commencent déjà à donner leurs avis sur la question. Les échanges de points de vue permettront de mieux comprendre les enjeux de ces transformations sur les populations locales mais aussi sur les relations des pays concernés avec leurs voisins du nord de la Méditerranée ou des nations du Moyen-Orient et d´Afrique.

Il s´agit certes de pouvoir déceler les conséquences de ces transformations sur les institutions élues et sur le comportement des citoyens qui aspirent à davantage de démocratie. Il ne faut pas omettre, cependant, le fait que ces mutations ne seront pas sans effet sur les relations internationales. Sur le plan intérieur, électeurs et institutions élues ainsi que la société civile n´ont pas tardé à demander une plus grande participation à la prise de décision.

C´est l´un des moyens de contrôler l´action des institutions de l´Etat (gouvernement, Parlement et justice). Le tout devrait conduire à l´exigence d´une meilleure gouvernance et les citoyens ont hâte d´assimiler les expériences conduisant à ces réalisations. Il s´agira surtout de connaître les conditions dans lesquelles se déroulera cette transition.

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Le feuilleton DSK à New York efface le film sur Sarkozy à Cannes

«Dans la guerre contre le crime à New York, les plus redoutables prédateurs sont poursuivis par les inspecteurs de la Section criminelle. Voici leur histoire...»

Ça devait être le film qui allait attirer les médias et faire le buzz à Cannes, le film La Conquête de Xavier Durringer a été effacé par l´épisode de DSK à New York, au grand bonheur de Nicolas Sarkozy.

Faute d´une fiction politique on a eu droit à un fait divers politique fiction, créé par DSK, et qui nous rappelle la série New York, section criminelle (Law & Order: Criminal Intent). Une série télévisée américaine à succès créée par Dick Wolf et René Balcer et diffusée entre le 30 septembre 2001 et le 21 mai 2007 sur la NBC et à partir d´octobre 2007 sur USA Network. Cette série met en scène une unité d´élite chargée d´enquêter sur des meurtres extrêmement violents en cernant la psychologie des meurtriers.

A l´inverse, énormément de séries se déroulant à New York mais en réalité tournées en studio à Hollywood, New York, section criminelle, comme toutes les séries new-yorkaises produites par Dick Wolf, est entièrement tournée dans New York même. Cette ville qui constituera un décor pour l´affaire DSK pour un bon bout de temps dans les médias français.

Un fait divers américain qui efface un bon film français construit pour abattre Sarkozy qui finalement va rebondir dans les sondages surtout après l´annonce de la venue d´un nouveau locataire. «La Conquête» devait montrer les cinq dernières années de l´ascension de Nicolas Sarkozy vers la magistrature suprême. C´est même le premier long métrage en France à oser montrer des responsables actuellement en exercice.

Même si son réalisateur prend la précaution de lancer un avertissement: «Ce film s´inspire de faits et de personnages réels mais demeure une oeuvre de fiction». On y découvrira les meilleures répliques des hommes politiques de Chirac à Sarkozy en passant par De Villepin. «La Conquête» a raté sa mission d´attirer les projecteurs de Cannes et de la presse, il sera à coup sûr, relégué à la seconde, voire la troisieme place des sujets importants au JT de 20h.

Le film sera sauvé par l´interprétation de Denis Podalydès, campant avec finesse et avec une tendresse l´animal politique qui s´était préparé toute sa vie à mener ce combat. Florence Pernel qui joue une Cécilia qui porte son mari vers le pouvoir, le conseille en tout, puis tombe amoureuse du publicitaire Richard Attias. Mais là, l´histoire d´amour prend tout son sens face à la bêtise ou l´erreur humaine du viol.

Ce qui est sûr est que Cannes est déjà prête pour un nouveau film politique l´année prochaîne intitulé «La décente» de DSK qui contraste avec la conquête de Sarkozy.

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La soif du mâle

«Il y a deux sortes de justices: vous avez l´avocat qui connaît bien la loi et l´avocat qui connaît bien le juge.» Coluche

Je ne fais pas allusion à ce très beau film d´Orson Welles bien que celui-ci sera évoqué, mais la nouvelle est tombée comme une bombe sur les diverses places que compte la société, soulevant des nuages d´interrogations dans les milieux politiques, des retombées sensibles dans les milieux financiers, provoquant des ricanements dans les milieux de la droite française et plongeant dans la consternation et la stupéfaction les derniers naïfs qui croient encore aux idées de progrès du parti socialiste français. Comme vous l´avez deviné, je parle de l´affaire DSK qui vient de déclencher un véritable buzz médiatique.

Il y a quelques semaines encore, un député de l´UMP, interrogé sur un plateau de télévision, avait failli être accusé d´antisémitisme pour avoir déclaré que «DSK ne lui paraissait pas catholique». Il voulait parler du candidat socialiste qui avait des goûts de luxe...Du luxe à la luxure, il n´y avait que deux lettres alors que les moeurs politiques françaises tentaient d´étouffer comme d´habitude les histoires de «bagatelle», quand les accusations étaient portées contre des puissants.

Mais, aux Etats-Unis où le libertinage côtoie allègrement le puritanisme, on ne badine pas avec la morale officielle, surtout avec les histoires de violence faites aux femmes. Après les échecs politiques français sur la scène internationale, un autre coup terrible est porté à l´image du pays des Droits de l´Homme. Cela a permis aux spécialistes des méandres de la psychologie humaine de sortir et de gloser sur le thème du pouvoir et du sexe dans le genre: «Les jeux du sexe et du pouvoir sont si étroitement liés qu´il semble presque impossible de les séparer.

Leurs interactions ont souvent été décrites, mais presque toujours du point de vue masculin...Sous le haut patronage de Zeus, maître de l´Olympe et coureur infatigable, l´appétit sexuel des grandes figures masculines de l´Histoire est devenu presque proverbial. En France, de Henri IV le «Vert galant» à François Mitterrand en passant par Louis XIV et son cortège de favorites, la gourmandise des hommes de pouvoir est non seulement assumée mais presque érigée au rang de fierté nationale, d´élément de notre patrimoine. Pour autant, l´hypersexualité des hommes de pouvoir n´a rien d´une particularité française. Qu´on songe, pour s´en convaincre, à Henri VIII d´Angleterre dont les remariages successifs (il eut 6 épouses en tout) ont conduit à la rupture avec le Vatican et à la naissance de l´anglicanisme, ou, plus récemment, aux aventures aussi célèbres que nombreuses d´un John Fitzgerald Kennedy. D´après les biographes, le sex-appeal de Marilyn Monroe a régné partout sans partage... sauf dans la couche de JFK.» (Internet)

Comme on peut le voir, il ne faut pas remonter à l´Antiquité romaine pour s´apercevoir qu´il existe encore des Néron, des Caligula ou des Héliogabale...Le président Felix Faure poussa le dernier soupir dans les bras de sa maîtresse...

On est bien loin de l´image rassurante et digne que pouvait donner un chef d´Etat comme le général de Gaulle. Tous ses successeurs ont eu, à des degrés divers, connu la rumeur ou ont vu leur vie privée exposée sur la scène publique. L´explosion des canaux de communication a rendu les alcôves aussi secrètes que les allées du Jardin du Luxembourg. Et en consultant la Toile, on peut tout de suite s´apercevoir que l´Elysée et Matignon ne sont pas loin de Sodome et Gomorrhe.

Cependant, dans l´affaire DSK, il y aurait eu violence. En attendant que la justice se prononce, tout accusé est présumé innocent. Mais, on peut tout de suite penser à un complot ourdi par les groupes financiers qui se disputent le marché français. Voici ce qui arriva à Orson Welles qui s´était attaqué au magnat de la presse W.R.Hearst, dans son film Citizen Kane: invité à donner une conférence dans une université du Middle West, il prit une chambre d´hôtel dans la ville. Le soir en rentrant, il trouva devant son hôtel un policier débonnaire qui lui déclara amicalement: «Ne montez pas, Monsieur Welles, «ils» ont mis une gamine dans votre lit...»
Koulchi moumkin!

Est-ce vraiment le coupable?

Ismaïl B. est un retraité qui a revendu le 3 janvier son véhicule. Le 15 du même mois, quelqu´un en descend et joue du couteau...

En allant sur les faits qui remontent à janvier 2007, Oudina, la présidente de la septième chambre pénale d´Alger a eu une attitude digne d´une magistrate qui se porte bien sur le plan du respect des procédures et de la loi. Et cette affaire d´agression au couteau qui a valu une longue balafre sur la joue de la victime, traîne depuis exactement cinquante-deux mois! Du jamais-vu. Déjà au tribunal de Bir Mourad Raïs, la présidente n´a pas pris de gants en renvoyant à plusieurs reprises les débats qui finiront bien par avoir lieu en l´absence de la victime. Ismaïl B., soixante-quatre ans, donc soixante moins quelques mois au moment des faits, nie l´inculpation pour une seule raison: le numéro d´immatriculation de la voiture où se trouvait l´agresseur est celui de sa voiture revendue depuis belle lurette. «Comment peut-on expliquer que ce père de famille, retraité bien rangé puisse être l´auteur de coups et blessures donnés à la traître avec délit de fuite en voiture?» s´était déjà exclamé Maître Hamlaoui Benchouche, l´avocat de Baraki devant la juge Akila Boucha, qui en parquetière ligotée par l´indivisibilité du siège, a demandé une peine d´emprisonnement ferme de un an pour coups et blessures volontaires avec délit de fuite.
La juge de l´époque n´ira pas par quatre chemins et s´en tiendra aux réquisitions du ministère public de Bir Mourad Raïs. Un an ferme. Le pauvre Ismaïl.B., vacilla. Il a cru recevoir un toit en ardoises sur la tête. Il interjeta appel. Nous sommes en 2011. Mohammed Regad avait déjà renvoyé à quatre reprises le procès jusqu´à ce que la victime veuille se déplacer pour constater la gravité de la cicatrice de la balafre. Une fois, il y eut le renvoi automatique de la première comparution. La deuxième fois, le juge a exigé la présence de la victime qui serait en soins. Une troisième fois, la composition correctionnelle renvoya l´audience espérant que le prochain rendez-vous soit le bon. Le 11 mai 2011, Ismaïl B. le prévenu était là à la barre, debout tel un ministre attendant le début d´une réunion tant sa tenue vestimentaire faisait plaisir à voir. Entourée de Nadia Bouhamidi et Saïd Brahimi, Oudina appelle les parties. La victime est absente. Son avocat marmonne l´excuse que nous n´avions pas attendue! La juge passe outre et décide d´en finir. Nourredine Lasnami, le procureur général, fait la moue après avoir parcouru un document. Il lève la tête et suit avec un vif intérêt l´intervention de la victime d´erreur d´appréciation des faits, en l´occurrence Ismaïl B., qui est debout, la tête haute, le regard fixant le trio de magistrats et surtout Oudina qui venait d´assister à une chute, au fond de la salle, d´une maman qui venait d´apprendre le malheureux verdict de cinq ans d´emprisonnement ferme pour une histoire de détention de drogue, une quantité si indésirable aux yeux de la loi que la sentence du tribunal a été reconduite sans état d´âme. Et avant de chuter, la vieille femme avait maudit la justice et tous les juges avec le commentaire: «Je me fiche des autres détenus s´ils ont écopé d´une peine plus lourde. Moi, c´est le sort de mon Kamel qui me brûle le foie.» Elle donnera l´ordre aux vingt policiers de service de faire évacuer cette perturbatrice de l´audience et tout rentra dans l´ordre, de quoi travailler dans la sérénité qu´adorent Oudina, Bouamrane, Derrar et autres Kherabi, Bekki...
Ismaïl B., s´est défendu avec beaucoup d´émotion, car cette affaire a fait que son fiston unique prenne un petit congé, quitte Paris et ses lumières pour venir soutenir le papa. D´ailleurs, c´est ce geste filial qu l´a aidé à bien s´exprimer à la barre. Maître Rachid Chadjaâ, son avocat, fera mieux. Il s´en prendra à la victime qui a tout fait pour émouvoir la cour et ses juges. «On parle de graves blessures au visage, oui, c´est peut-être vrai. Mais on ne nous a pas ramené un seul témoin qui a vu mon client l´agresser à l´arme blanche. Pourquoi refuse-t-elle de se présenter à la justice? Le coupable court toujours et mon client souffre le martyre pour un délit qu´il n´a jamais commis», a récité Maître Chadjaâ qui a regretté auparavant les ratés de l´enquête préliminaire tout comme les dérobades de la victime qui avait pourtant dit aux policiers que ce n´était pas Ismaïl B., l´agresseur, mais un jeune de la vingtaine dépassée. Voilà ce que Oudina doit trancher.

Par

B. B., mieux que tous les livres d’histoire !

Par Hakim Laâlam
Email : laalamh@yahoo.fr Christine Lagarde devrait remplacer DSK à la tête du FMI.
Panique chez les…

… hommes de ménage new-yorkais !

Finalement, Ben Bella aura rendu un fier service aux jeunes d’Algérie. Tous les enfants de ce pays qui ne connaissent l’histoire de leur nation «libérée» qu’à travers les épopées transcrites à l’encre sympathique dans des livres d’histoire enveloppés dans du papier guimauve. Le premier Président de l’Algérie indépendante doit être ici remercié. In vivo, en live, mieux que tous les manuels d’histoire écrits ou à écrire, il a montré aux jeunes générations pourquoi l’Algérie a échoué. Sa démonstration est d’ailleurs frappante de conviction. Voilà, c’est cela l’échec de notre pays. A l’échelle affligeante d’une interview, vous pouvez, chers compatriotes qui n’avez pas vécu l’indépendance, enfin comprendre pourquoi ça n’a pas marché. Pourquoi ça ne pouvait pas marcher. Parce qu’y avait ça. Y avait ça, et y avait des clones de ça. Une série fournie, nombreuse et presque surnaturellement immortelle de clones de B. B. Il ne peut pas y avoir de mystères indéfiniment. S’il y a eu échec, s’il y a échec aujourd’hui, la raison vous en est donnée de manière presque «pédagogique». C’est cette indigence-là, cette incompétence crasse, cette arrogance sans bornes, cette suffisance sans limites et ce mépris incommensurable qui ont prétendu lancer l’Algérie dans le concert des nations. Avec ce genre de «lanceurs », vous comprenez mieux aujourd’hui le crash lamentable, jeunes compatriotes de tous horizons, de toutes conditions. L’énigme est levée. Nous ne sommes pas les victimes d’une quelconque malédiction lancée par un quelconque prêtre nous maudissant du pont du bateau qui l’éloignait du port, en 1962. Nous ne sommes pas non plus victimes d’un mauvais sort balancé par la chouwafa de De Gaulle nous promettant les ténèbres pour toujours. Non ! Nous sommes victimes de ça. De cette engeance à qui le pays a été confié à l’aube naissante de nos vies. Allah ghaleb ! C’est sous vos yeux. Lisez B. B. Relisez B. B. Y a même pas besoin d’explication. Tout est dans le texte. Dramatiquement dans le texte. Merci quand même, H’mimed ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

DE LA DIGNITÉ HUMAINE À LA DIGNITÉ DES PEUPLES : La faute des intouchables et des institutions

«Selon que vous soyez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir»
(La Fontaine «Les Animaux malades de la peste»).

Un coup de tonnerre dans un ciel sans nuage! C´est ainsi que l´on pourrait interpréter l´annonce de l´arrestation puis la décision de la justice américaine de maintenir en détention Dominique Strauss-Kahn. Ancien ministre de Lionel Jospin en France, ce professeur d´économie né au Maroc, fut nommé en novembre 2007 directeur général du FMI.
L´image est forte et à la hauteur du crime reproché, symbolisant en une fraction de seconde la très haute idée de l´égalité que se font les Etats-Unis: l´omnipotent, l´intouchable Dominique Strauss-Kahn est apparu, hier soir à 23h, les traits tirés, menotté, les mains dans le dos, sous escorte policière Une humiliation suprême qui a fait vaciller de son piédestal un puissant parmi les puissants, jouisseur invétéré et notoire, qui jouissait de tout et, notamment d´une impunité inacceptable depuis de nombreuses années. Un traitement de faveur que la police américaine a allègrement piétiné, en l´exposant sous les feux des projecteurs. A mille lieues de l´omerta à la française, qui protège, étouffe, et pire, absout, depuis la nuit des temps, avec une complicité bienveillante, les double, voire triple vies de nos grands hommes, les dédouanant de tous leurs secrets d´alcôve même s´ils virent au drame, l´intégrité des autorités américaines, qui ne fléchit pas devant les princes du monde, force le respect.(1)
Jean Daniel abonde dans le même sens. «Nous avons assisté, écrit-il, à l´organisation médiatique d´une mise à mort, comme dans une corrida où l´on sait que le taureau va mourir, sauf qu´il n´y avait cette fois, aucun torero qui prenne des risques. Strauss-Kahn donnait bien l´impression d´un taureau blessé qui met un genou à terre et attend l´estocade. (...) Voilà comment l´on transforme, salit et déshonore des principes qui ont eu leur noblesse. C´était au contraire une inégalité savamment organisée et appliquée. La transparence? Mais laquelle? (...) L´année dernière, j´ai eu l´impression que s´ouvrait un fossé entre le peuple américain et nous. J´ai même pensé que nous n´appartenons pas à la même civilisation.»(2) Rien que ça! il y a là motif à déclarer la guerre à l´Amérique qui nous envie. Plus que la gravité des faits dont DSK est inculpé, ce dont il ne semble pas concerné par le sort de la jeune fille, lui l´humaniste à compassion variable. Remuant pour les besoins de la cause, le marécage de la persécution. Certains vont plus loin, ne résistant pas à voir des complots partout et une vengeance non assouvie, certains hommes politiques et journalistes sont allés jusqu´à accuser la justice américaine de régler ses comptes aves la douce France. Nous lisons dans un post: «Sans présumer de la culpabilité ou de l´innocence de Dominique Strauss-Kahn, il y a maintenant quelque chose de profondément choquant dans l´attitude de la justice américaine. Jack Lang a donné son sentiment là-dessus: «Il n´est pas impensable qu´il y a de la part de certains magistrats, le procureur en particulier ou la juge, la volonté de se payer un Français, un Français qui plus est connu. On a le sentiment d´un acharnement médiatico-judiciaire, d´un lynchage». La justice américaine s´est chargée de lui rappeler qu´il n´était rien, juste un Français arrogant, ce qui outre-Atlantique est un pléonasme, et, après une exécution médiatique dans les règles, après que l´image de la déchéance a fait le tour du monde.(3)
Le son de cloche est totalement différent dans d´autres pays européens. A titre d´exemple, Pierre Ruetschi fait un portrait sans concession de DSK. Nous le lisons: «Médiatiques, financières ou encore politiques: les conséquences de l´affaire Strauss-Kahn sont sans mesure. Triste destin que celui du patron du FMI, qui se croyait visiblement trop important pour être inquiété. DSK inaugure l´ère du scandale mondial. Rarement les supposées déviances d´un seul homme n´auront eu un impact politico-économique d´une telle puissance, et cela alors que les faits ne sont pas encore établis. Comme s´il avait fallu le scandale, propagé à la vitesse sidérante des nouveaux médias, pour dévoiler le formidable pouvoir d´un seul homme aux casquettes multiples. (...) A quoi il convient enfin d´ajouter les relations de défiance qui menacent de s´installer entre Paris et Washington. Les Américains, confortés dans la vision la plus méprisable qu´ils peuvent avoir des Frenchies, auront humilié la France, en livrant DSK aux caméras dans une mise en scène spectaculaire à laquelle pas un média ne résiste. En lui refusant la libération sous caution, ils confirment. Les déviances sexuelles prêtées à un seul homme pourraient donc dérégler le climat mondial comme le battement d´ailes du papillon peut provoquer le chaos, la poésie en moins. S´il était jaugé à la mesure des banques, DSK aurait été jugé too big to fail, trop gros pour s´effondrer. Et serait donc sauvé. (...) Mais l´affaire pourrait aussi être petite, simplement minable et sordide.(...) A ce stade, une seule certitude: «He´s fried», il est cuit comme disent les Américains, politiquement mort. Ce sont les précédents et ses trop nombreuses casseroles, resurgissant avec un effet dévastateur, qui l´ont fait tomber. Pas les préjugés».(4)

L´arrogance des puissants et les traitements médiatiques différenciés
Qu´en est-il de la dignité de la personne qui se dit outragée? Personne n´en parle parmi les biens, pensants; toute la sollicitude va à DSK. Seules des associations féministes ont déploré mardi le peu de place faite à la victime présumée dans les réactions à l´inculpation de DSK: «Dominique Strauss-Kahn est présumé innocent», mais «jeter le soupçon sur les propos de la plaignante est également grave». Ce qui m´a le plus interpellé c´est l´abscence d´empathie vis-à-vis de la victime. A croire qu´elle n´existre pas, qu´elle ne souffre pas. Il ne lui est même pas accordé le bénéfice du doute. Pour les lobbys de l´information et de la politique, elle a tort car DSK: ne peut pas avoir tort. Indexant une affaire en fait, simplement crapuleuse si les faits étaient avérés, sur un complot mondial sur l´homme le plus puissant du monde après Obama-dixit, une de ses laudatrices.
Pourtant, être arrêté, traduit en justice n´est pas nouveau et ne donne pas lieu à protestation quand il s´agit des damnés de la terre. Quand des dirigeants africains sont arrêtés, ils n´ont eu droit à aucune retenue de la part des médias. Le cas de Charles Taylor détenu, Ben Ali et Moubarak avilis par leurs peuples sous l´oeil ravi des médias et de l´Occident, le slogan «dégage» étant devenu une marque déposée avec sa traduction en arabe «Irhale». Personne ne s´est offusqué de voir le président Gbagbo en tricot de peau demandant une serviette pour s´essuyer après avoir été brutalisé ainsi que sa femme. On trouve cela normal quant aux cas de Omar el Bechir et El Guedaffi. Ils attendent d´être jugés par le TPI. Mieux, un ancien officier allemand de 94 ans est traîné sur une civière au tribunal pour être jugé. Demandant à être dispensé du procès, on l´accuse de simulation...
Le cas le plus douloureux est celui de Saddam capturé dans une cache. Les médias occidentaux aux ordres, ne se sont pas privés de photographier Saddam sous tous les angles, hirsute, hagard, obligé devant les caméras d´ouvrir la bouche pour laisser un médecin farfouiller dans sa dentition à la recherche d´une dent cariée.. Le film de sa pendaison est une insulte à la dignité humaine, le tournage en principe interdit l´a été fait à dessein pour montrer urbi et orbi comment le lion de Babylone se liquéfie devant la mort. Il n´en fut rien. Saddam regarda la mort en face, il refusa la cagoule, il eut le courage et la force de lire la chahada dans une atmosphère irréelle, des chiites lui promettant l´enfer. Ce crime, dont la responsabilité est celle de l´Occident et de ses bourreaux irakiens, rappelons-le, s´est déroulé le jour de l´Aïd el adha, donnant à penser, dans l´imaginaire musulman, au sacrifice du mouton. Enfin, on ne peut pas ne pas évoquer le cas Ben Laden dont on nous dit qu´il a été immergé. L´Occident s´est illustré tout au long de son parcours de colonisateur par des meurtres et des pendaisons; la pendaison de Omar el Mokhar en est aussi un exemple mais elle ne fut pas mondialisée comme c´est le cas maintenant
On le voit, nous nageons en France en plein «apartheid»; d´un côté, les puissants, intouchables, à qui on peut permettre tout. De l´autre les sans-grade que l´on peut exhiber comme des animaux de foire, et à ce propos, l´Occident européen a une grande expérience des zoos humains qui ont égayé tout au long du XIXe et même XXe siècle la mélancolie des Européens au point qu´un certain Geoffroy de Saint Hilaire, directeur du Jardin d´acclimatation, exposait au voyeurisme des Parisiens, des villages entiers de Noirs d´Afrique derrière des grilles. La dignité humaine est ainsi problématisée dans les pays qui se veulent les chantres des droits de l´homme blanc.
Cependant, même cette arrogance des grands en Europe est dénoncée. Pour Michela Marzano, professeur de philosophie morale à l´Université Paris Descartes, «les citoyens ont baissé la garde vis-à-vis de l´attitude des élites». J´ai le sentiment qu´apparaît une corrélation entre l´homme de pouvoir et le sentiment d´impunité. Et cela, c´est nouveau en démocratie. Comme si le seul fait d´occuper un poste de responsabilité légitimait toutes sortes de conduites, et en particulier vis-à-vis des femmes. La position sociale d´un homme rendrait légitime l´utilisation de la violence et de la contrainte? C´est évidemment inacceptable. (...) En France ou en Italie, les citoyens ont baissé la garde et perdu leur «vigilance». Montesquieu ajoutait que «tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser (...) il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir».(..) (5)
Pour Michela Morzano, aux Etats-Unis c´est différent; il existe aux Etats-Unis des garde-fous réels pour la protection de l´égalité et de la liberté substantielles des citoyens. C´est à l´honneur de ce pays. On considère par exemple qu´une femme de chambre a exactement les mêmes droits qu´un important homme politique. (...) Les Américains sont très sensibles au contraire, aux abus de pouvoir. Comme le soulignait déjà Tocqueville, c´est le propre d´une véritable société démocratique de garantir l´égalité entre le président des Etats-Unis et une simple femme de chambre».(5)

Le FMI broie la dignité des peuples
On l´aura compris, la justice est la même, une, aux Etats-Unis Cela prouve une chose à mettre à l´actif des Etats-Unis c´est que dans ce pays, personne n´est au-dessus des lois. En 1807 Thomas Jefferson, président des Etats-Unis, fut jugé comme un simple citoyen bien plus tard dans les années soixante-dix du XXe siècle; un autre président,Richard Nixon, dut démissionner pour avoir menti au peuple américain.
Il est une autre dignité que nous devons ne pas oublier, c´est celle des peuples. L´affaire DSK nous amène à faire l´inventaire des méfaits de l´institution qu´il dirigeait, Il faut cependant, se souvenir que le FMI que l´on présente comme le remède pour les pays en difficulté, a toujours trainé une réputation sulfureuse méritée. Cela n´a pas changé malgré les laudateurs actuels qui louent la politique humaniste de DSK allant même jusqu´à insinuer que c´est pour cela qu´il est tombé. Pour le Cadtm, le FMI n´est pas l´institution qui aide les pays en crise, c´est au contraire celle qui impose des programmes draconiens d´austérité et qui défend un modèle économique structurellement générateur de pauvreté. (...) Profondément antidémocratique, puisque les pays les plus riches disposent de plus de la moitié des voix au sein du conseil d´administration, le FMI est en fait, un instrument des grandes puissances pour veiller au maintien du système capitaliste et aux intérêts des grandes sociétés transnationales. (...) Partout, le FMI prétend que l´initiative et les intérêts privés doivent être soutenus par les politiques des pouvoirs publics au détriment des politiques sociales. Partout, il donne raison aux banquiers contre les intérêts des peuples. Partout, il favorise le creusement spectaculaire des inégalités, le développement de la corruption, le maintien des peuples dans la soumission au néolibéralisme. (...) Le FMI en tant qu´institution doit aussi être poursuivi en justice pour les violations multiples des droits humains fondamentaux qu´il a commis et qu´il continue de commettre dans de nombreux pays.(6)
Pour le site Attac, l´histoire retiendra peut-être que le plus grand complot qui ait été fomenté à la charnière des XXe et XXIe siècles aura été de plonger le monde dans une crise monumentale, parce qu´elle est sociale, économique, financière et écologique. Le FMI et toutes les institutions soeurs comme la Banque mondiale et l´OMC, les directoires autoproclamés comme le G8 et le G20, tous ont mené et mènent des politiques qui mettent à genoux les peuples. (...) Le FMI et l´Union européenne n´ont pas sauvé la Grèce, ils l´ont assommée. Ils n´ont pas sauvé l´Irlande et le Portugal, ils ont conforté leurs gouvernements dans la volonté de ceux-ci de faire payer la crise aux victimes de la crise et non à leurs fautifs. Voilà la nouvelle essentielle de ce week-end: le FMI met le monde à terre et, avec de telles politiques, les classes dominantes veulent se l´approprier définitivement. Le FMI est un symbole: celui de l´argent, celui du pouvoir, celui de l´arrogance, celui du mépris. C´est ce symbole-là qu´il faut rejeter».(7)
Dans son dernier ouvrage, Georges Corm fait justement, le procès de la mondialisation comme étant le fossoyeur des solidarités qui rentraient dans les prérogatives de l´Etat-Nation. «(...) Il y a une formidable concentration de pouvoir politique, financier et économique, mais aussi médiatique, aux mains de quelques dirigeants politiques ou économiques et directeurs d´agences de financement et de fonds de placements et de banques. (...) L´ industrie publicitaire´´ est le bras armé de ce système qui nous emprisonne. Il coûte 400 milliards de dollars par an qui sont payés par les victimes du système, c´est-à-dire les consommateurs. Vous imaginez ce qui pourrait être accompli avec cette somme dans le domaine des protections sociales qui se réduisent partout comme une peau de chagrin sous l´effet de l´idéologie néolibérale? (...)»(8) Malgré ses limites, sur l´État-Nation qui «exprime le désir d´une collectivité humaine d´être maîtresse de son destin par des mécanismes de représentation de ses membres et le contrôle des actes de ses dirigeants élus afin d´assurer la conformité et l´intérêt de la collectivité et de tous ses membres». Il faut démondialiser selon le mot de Corm. L´Etat retrouvera alors sa légitimité.(9)
L´affaire DSK est un tournant. Il est à espérer que la dignité humaine et la dignité des peuples ne soient pas des slogans creux. La justice doit être faite, c´est à ce prix qu´il y aura la paix dans le monde.

Par

1.DSK, le puissant déchu Nouvel Obs. 16 mai 2011
2.Jean Daniel: Affaire DSK: l´organisation d´une mise à mort, Nouvel Obs. 17.05.2011
3.http://www.lepost.fr/article/2011/05/17/2497060_affaire-dsk-.html
4.Pierre Ruetschi. DSK au coeur d´un scandale planétaire Tribune de Genève 17.05.2011
5.Michela Marzano. Par Eve Roger. Le Nouvel Observateur. 17.05.2011
6.Cadtm: DSK: en finir avec le FMI qui défend un système capitaliste. 16.05.2011
7.Attac France, Paris, Le FMI met le monde à terre. 17 mai 2011
8.Entretien avec Georges Corm Quotidien Al Balad. Beyrouth. 2 Décembre 2010
9.C.E.Chitour http://www.mondialisation. ca/index.php?context=va&aid=22928

LE DÉFI DU SAVOIR : La formation continue

L’UFC est une université qui se voulait de la deuxième chance.

Le plus grand des défis de notre temps est celui de produire du savoir, domaine des compétences scientifiques et techniques. Dans les pays économiquement développés, il ne s´agit pas seulement de se former au savoir, mais de le produire et de l´actualiser sans cesse. Maîtriser le développement dépend en premier lieu de la capacité à forger des compétences et élever en permanence leur niveau. La gestion du développement de la compétence et du management sous forme de formation continue est devenue une science fondamentale pour renforcer le développement.

Il s´agit, à la demande des institutions, des entreprises, des organisations et des universités, de les aider à concevoir et mettre en place les programmes et dispositifs de gestion de développement des ressources humaines et des compétences. Des pays développés, notamment avec peu ou pas de ressources naturelles, comme le Japon, mettent l´accent sur cet aspect clé de la formation continue lié au capital humain. Ce principe a prévalu lors de la création de l´Université de la Formation Continue dans notre pays en 1989, tout en liant cette dimension d´ouverture à la question de la justice sociale. L´UFC est une université qui se voulait de la deuxième chance et de l´adéquation formation-emploi. Construire et renforcer les compétences individuelles et collectives au profit des entreprises, des organisations et des universités, passent par le principe cardinal de donner la priorité au savoir tout le long de la vie, en tenant compte de la justice sociale. C´est une approche de la compétence sous forme de réponses à des questions posées par les aspirations des concernés et la réalité et non point seulement sur la base de théories et du simple profit. Une des questions majeures est celle du lien entre stratégie de gestion des ressources humaines et démarche pratique pour garantir l´élévation dans la hiérarchie sociale.

Il s´agit de favoriser les compétences, les construire, les renforcer et les développer sur la base de critères objectifs, clairs, dans la transparence. Un des points essentiels est de passer du niveau individuel au niveau collectif de compétence. Apprendre à étudier hors des contraintes classiques et travailler en équipe pluridisciplinaire est important, car nul n´a le monopole de la connaissance. Développer la compétence collective, des entreprises et établissements du savoir, pour mettre en oeuvre une gestion cohérente est une des clés du développement.

La deuxième chance et l´adéquation formation-emploi

Des spécialistes du management estiment que la compétence individuelle et collective est un «savoir agir», pas seulement savoir ou connaître. Cette méthode de la faisabilité est à comprendre comme une combinaison de savoirs divers mobilisés en situation de travail ou de recherche scientifique, qui dépasse le simple savoir-faire. La compétence n´est pas un état acquis une fois pour toutes, mais un processus évolutif, qui doit prendre en com-pte les circonstances, la dimension organisationnelle, d´où l´importance de la formation continue.
La notion de compétence scientifique et collective mérite d´être approfondie dans le cadre des formations, des échanges et débats, chacun partage et consolide son expérience. Une compétence n´existe pas en soi, elle se rapporte à une famille d´activités, de niveaux et de situations et doit être revisitée et confrontée aux évolutions. Il ne sert à rien d´avoir des connaissances si on ne sait pas agir avec compétence selon le contexte et les objectifs. L´expérience est une des conditions du progrès, si on sait actualiser ses connaissances.

A partir des années 90, dans les pays marqués par l´économie de marché et la recherche scientifique, les entreprises et les organisations font de plus en plus attention à la formation continue et multiforme du personnel, en particulier ceux qui ont une influence directe sur les performances, la compétitivité et de création de valeur, donc sur le développement. L´intérêt porté actuellement sur la mise à jour du savoir agir, dans les dispositifs de gestion des compétences, a pour but d´aboutir à une logique de compétence évolutive. Tout ce qui est figé est voué à l´échec, ou à tout le moins à une baisse de l´efficacité.

Une personne doit être capable de s´adapter et de traiter un ensemble de situations professionnelles, c´est-à-dire d´agir avec compétence et mesure, selon l´évolution des contraintes, du contexte et de gestion des ressources. Pour des chercheurs, la compétence individuelle et collective consiste à avoir des capacités permettant la résolution des problèmes posés, afin de réagir à des situations données. Savoir agir pour valoriser les ressources est une combinaison de savoirs divers, mobilisée en situation de travail, qui dépasse le simple savoir-faire. La compétence devient un processus qui prend en compte une dimension organisationnelle et contextuelle. C´est pourquoi la notion de compétence collective est un critère qui permet de ne pas prétendre à tout savoir. La formation continue vise à répondre à ce besoin.

Pour des experts en management, acquérir un «savoir agir» n´est pas l´accumulation de divers savoirs, mais leur alliance ou combinaison, c´est à dire savoir écouter, mobiliser, intégrer et mettre en pratique des connaissances de soi et d´autrui. La notion de compétence a évolué, d´où l´importance de prendre en compte les nouvelles données par la formation continue. Elle doit être théorique et pratique, individuelle et collective. Aujourd´hui dans le monde, les entreprises se préoccupent de plus en plus des compétences des employeurs, de ce fait la formation continue et permanente revêt un aspect incontournable.

L´enseignement pour toute la vie

Pour renforcer les progrès, la création de centres de recyclage, de perfectionnement, d´apprentissage et de formation qualifiante à la carte, est devenue une nécessité. C´est ce qui permet l´adaptation et l´enseignement pour toute la vie. Les entreprises et les organisations doivent se soucier d´une nouvelle forme de compétences, celle liée au caractère de l´évolution des métiers afin de produire des richesses et des idées adaptées à la société de l´économie du savoir.

Une des questions reste celle du lien entre stratégie de développement économique et scientifique et démarche de formation continue pour valoriser les compétences. Comment consolider et favoriser les compétences, les construire, et les développer, afin notamment que l´adéquation formation emploi soit assurée? Comment «passer» du niveau individuel au niveau collectif, du niveau théorique à la dimension pratique? Comment produire de la compétence à la pointe des découvertes et méthodes modernes et non pas seulement se former? Comment rendre compte de la perméabilité entre compétence individuelle et compétence collective pour développer les compétences de l´entreprise ou de l´Université?

Pour cela une entreprise doit favoriser la formation continue, la concertation et la mobilité pour atteindre des objectifs de développement. Afin de former un professionnel compètent, à qui on peut faire confiance pour innover, qui prend des décisions pertinentes dans des situations complexes et non pas quelqu´un d´isolé qui n´intervient pas, la priorité doit être celle de la formation continue.

Un chercheur scientifique, qui anticipe et ne laisse échapper aucune dimension importante de la situation problématique ou de la demande client, est celui qui doit apprendre à reconnaître les travailleurs rigoureux et disciplinés, même s´ils ne sont pas perçus comme tels par les autres. Le travailleur compétent, selon des experts en ressources humaines, est celui qui apprend en permanence pour mettre en oeuvre des pratiques professionnelles pertinentes et qui mobilise des ressources appropriées en respectant l´intérêt général.

Un professionnel de la production scientifique doit tirer des leçons de son expérience pour s´adapter, transposer, enseigner, transmettre, et agir avec un sens élevé de l´éthique. L´idée dans la recherche scientifique au service du développement consiste à former en termes exponentiels des compétences individuelles et collectives. Tout en favorisant la qualité de l´innovation et l´économie de la variété et de la diversification. C´est ce qui permet de susciter la synergie et de mettre en complémentarité deux ou plusieurs compétences. Cette méthode objective et critères scientifiques permettent de valoriser le capital humain, y compris la main-d´oeuvre compétente afin de faire face à la concurrence et au marché mondialisé.
Une entreprise performante est celle qui est dotée d´un capital humain qui s´adapte, dispose d´un savoir agir, d´un sens de la mesure et d´une efficacité par rapport aux autres entreprises. C´est la formation continue qui peut faciliter de déboucher sur l´innovation, un enjeu important face aux défis de la mondialisation. Les Universités et les entreprises sont dans l´obligation d´être des prestataires de qualités.

La qualité est devenue incontournable, la quantité étant l´autre critère. La compétence se juge parfois face aux imprévus et aux situations nouvelles. En conséquence, avoir des compétences ce n´est pas seulement comprendre et interpréter une situation, mais c´est aussi faire face aux imprévus, s´adapter, gérer les moments de crise et s´avoir prendre des initiatives qui pacifient les relations sociales et de travail.

Le concept de compétence et de savoir agir est actuellement utilisé par les responsables en ressources humaines, mais les entreprises et les universités ont besoin d´un concept qui soit en accord avec l´évolution des contextes et des situations de travail. Dans le cadre de l´économie de marché et du souci de performance, il se base sur «le savoir agir» relevant d´un processus de prise en compte de la dimension humaine qui bénéficie de la formation continue. Les types de formation théoriques, pratiques, spécialisées, généralistes, individuelles, collectives, en alternance ou épisodiques, stages et perfectionnements, seront les réponses à une situation professionnelle donnée.

Articuler toutes ces dimensions est un art et une science et non pas seulement le fait d´additionner des compétences.

Il s´agit de d´adapter, compléter et fusionner des acquis, expériences et savoirs, afin d´aboutir à des résultats propices, c´est-à-dire à une «compétence réelle» liée à l´évolution des métiers.
La compétence réelle et efficiente sera double: individuelle et collective, théorique et pratique, sur la base de l´exercice de la raison logique liée au réel. Les énergies existent, les valoriser de manière continue est de l´ordre du bon sens, pour progresser.

(*)Professeur des Universités
www.mustapha-cherif

LA VOIE DES ANCÊTRES (LECTURE DU SOMMEIL DU JUSTE) DE DJOHER AMHIS-OUKSEL : Un plaidoyer pour l’humanisme


Condamné, Arezki s’adresse à son juge requis par le système judiciaire colonial: «Vous pouvez dormir, monsieur le juge: il est bon, après tout, que le sommeil du Juste suive le sommeil de la Justice.»

Pour une lecture juste et profitable de la grande oeuvre de Mouloud Mammeri, Djoher Amhis-Ouksel nous propose «Une lecture de «Le Sommeil du Juste» sous le titre La Voie des ancêtres (*).
Lire ou relire Le Sommeil du Juste de notre immense et regretté écrivain Mouloud Mammeri, c´est faire revivre son équitable pensée d´homme de culture et son amour indéfectible pour sa terre, celle que lui ont léguée, à lui et à nous tous, la communauté des ancêtres bâtisseurs de l´Algérie d´aujourd´hui. Que disent les ancêtres? Ils recommandent, à quiconque aime son pays, de suivre la voie tracée par le temps, fixée par les hommes et embellie par l´idéal primordial des générations successives. Mais cette idée, pourtant culturelle et éminemment humaine et nationale, a été contrariée par ceux que le réel dérange, ceux que l´ignorance vaniteuse nourrit et que l´ambition dangereuse dévore. Les personnages du Sommeil du Juste évoluent à une époque où le remords n´existe pas, car la conscience de l´autorité administrative, sous le régime colonial, n´a aucune épaisseur humaine. Le roman de Mouloud Mammeri, Le Sommeil du Juste, publié en 1952 (peu de temps après La Colline oubliée) est, à la fois un appel à la lucidité de l´Algérien face à l´injustice coloniale et un réquisitoire contre les violences meurtrières de la bête qui s´éveille significativement dans la carapace sur mesure du colonisateur.
Pour comprendre l´histoire que raconte Mammeri, l´anthropologue et le linguiste, il est indispensable de remonter à l´origine des faits historiques, aux initiateurs lointains de l´idée de l´identité: les Ancêtres aux racines pures et simples, les Ancêtres qui parlent à chacun de nous, peu importe d´où part l´appel, peu importe d´où il vient, puisqu´il a le ton de la voix et l´humain souci de l´Algérien à vivre librement son algérianité pleine et entière. La voie des Ancêtres est ainsi tracée, est ainsi comprise et d´autant qu´elle prend de la consistance pour lutter contre l´ennemi dévastateur du pays et destructeur de la société algérienne. Le Sommeil du Juste explique, par le drame d´une région et par le drame d´une famille et par le drame d´un pays spolié, dominé, colonisé, le prodigieux et émouvant sursaut de conscience populaire, progressivement puis soudainement explosé par l´effet d´une volonté de libération nationale. Généralement, on donne informellement ainsi le sujet de ce drame: «Nous sommes dans les années quarante. Une affaire de famille et de vengeance dans la montagne kabyle. Le premier des fils du patriarche sauve l´honneur en exécutant le rival, tandis que Slimane, autre fils (nationaliste), et le troisième, Arezki, revenant après la campagne d´Italie, sont de coeur avec lui. La personnalité de cet Arezki opérant une prise de conscience est particulièrement attachante. La guerre de libération est ici en préparation dans les esprits.» Le roman, s´il en est - car ici la réalité submerge souvent la fiction -, décrit avec une précision bouleversante la société algérienne colonisée, meurtrie par le conflit de la Seconde Guerre mondiale qui n´est pas le sien et qui plus est ne la libère pas de l´oppressante domination française. Il s´agit là d´un «roman ancré dans une réalité historique très précise».
En pédagogue expérimentée, Djoher Amhis-Ouksel essaie de mettre à la portée du lecteur non averti, au jeune en particulier, tout l´intérêt de ce roman aux accents forts et instructifs, mêlés d´humour sobre et d´intelligence brillante. Elle suit scrupuleusement le découpage de l´oeuvre et nous conduit pas à pas vers le coeur du sujet: Le Sommeil du Juste nécessite cette méthodique approche pour se consacrer à la délicatesse de l´esprit tolérant de Mouloud Mammeri. Les quatre parties du roman (Le père, Le fils, L´autre, Tous au vert paradis) sont délimitées et abordées tour à tour; on pourrait ainsi mesurer la grande compétence de Mouloud Mammeri à démystifier, a contrario, «la société dans laquelle il vit». On indique avec minutie l´époque («On était en 1940»), les personnages (Le père, ancré dans la tradition et qui pense détenir une vérité immuable; La fratrie, composée de quatre personnes: Arezki, «par qui le scandale arrive», Mohand, ayant contracté la tuberculose en France, époux de Mékioussa, a trois enfants; Slimane, le jeune frère nationaliste, «qui avait une fois de plus exposé sur la place» l´argument des dominos; Tamazouzt et Toudert, le cousin.). D´autres éléments structurels renforcent la puissance de l´oeuvre qui entend convaincre de la prise de conscience des conditions de vie de l´époque et de l´échec cruel de la belle vie que procurerait l´émigration. Il faut, à cela, encore ajouter l´ancrage social, par exemple, «La misère pousse les habitants à émigrer; des coutumes archaïques; le père est investi d´un grand pouvoir; la guerre est perçue comme porteuse d´espoir, une providence; une remise en cause des valeurs reçues; le rôle de régulation des «plus vieux d´Ighzer»; le rôle du Komisar, «il commande toute la commune».»
Djoher Amhis-Ouksel analyse le roman tout en le développant avec la rigueur des protagonistes à dénoncer le colonialisme. La voix de l´écrivain devient intransigeante, dès qu´il s´agit de dire l´autre vérité, parfois trop généreusement excusée, lorsqu´il est fait allusion au «missionnaire»: «Il apporte, le plus souvent, avec la meilleure foi du monde, la bonne parole et les grands principes à des hommes dont la vie est un déni quotidien. [...] Le colonialisme ne libère pas, il contraint; il n´élève pas, il opprime; il n´exalte pas, il désespère ou stérilise; il ne fait pas communier, il divise, il isole, il emmure chaque homme dans une solitude sans espoir.» Oui, ainsi que l´écrit Djoher Amhis-Ouksel: «Mouloud Mammeri est profondément enraciné dans une culture millénaire; il s´est ouvert, sans reniement à toutes les autres cultures, persuadé qu´»un homme se pèse à son poids d´humanité».» Mammeri a eu le temps de préciser, par ailleurs, sa vocation d´écrivain qui «est justement de toujours rappeler les hommes à leur humanité et de toujours appeler les hommes vers une réalisation plus entière de leur humanité». Thème important à méditer d´urgence par le temps qui court!
La Voie des ancêtres que Djoher Amhis-Ouksel a pieusement soulignée dans le roman Le Sommeil du Juste de Mouloud Mammeri, éveille bellement le lecteur à découvrir et à comprendre l´art de l´un de nos plus grands écrivains.

Par

(*) La Voie des ancêtres (Une lecture de «Le Sommeil du Juste» de Mouloud Mammeri) de Djoher Amhis-Ouksel, Casbah Éditions, coll. Empreintes, Alger, 2010, 126 pages.

Strauss Kahn, le «gorille», Israël et la Libye

«Gare au gorille», chantait Georges Brassens ! Cet animal, au demeurant sympathique, est réputé pour ses performances sexuelles. Certes Strauss-Kahn, connu pour ses frasques extraconjugales, n’est pas l’animal décrit par le célèbre chanteur français. Et la jeune femme de chambre, qui s’est dit victime d’une tentative de viol, ne connaît pas Brassens ! Mais bon, comme un démon en réveille d’autres, les ennuis du directeur du FMI sont loin d’être finis. Voilà que la romancière française Tristane Banon, 31 ans, qui a raconté en 2007 sur les plateaux de la chaîne télé Paris Première, comment un homme politique français (Strauss-Kahn) avait tenté de la violer en 2002, se rappelle à son souvenir neuf ans après les faits !

Curieux ! En bref, si les accusations contre le patron du FMI se confirmaient, c’en serait fini pour celui qui était présenté comme l’homme le plus puissant de la planète. Aujourd’hui, il est en prison. Triste pour ses amis socialistes, choqués par l’image d’un présidentiable menotté comme un vulgaire malfrat. La France est de fait humiliée. Au regard de Washington, on le savait déjà, elle pèse peu. Pendant que cette affaire de viol mobilise les milieux médiatiques et politiques de la planète, l’armée israélienne ouvrait le feu sur des Palestiniens commémorant la Nakba, date de la création d’Israël. Dix ont été tués à la frontière séparant le Liban d’Israël. Quatre autres ont été tués par balles sur le Golan syrien. Plusieurs dizaines ont été blessés par balles et éclats d’obus à Ghaza. Comme à son habitude, Washington a appelé son allié israélien à la «retenue» ! Les pays arabes n’ont rien dit et les capitales occidentales – faut-il s’en étonner ? – aucune capitale occidentale n’a condamné le carnage commis par Israël sur des personnes qui manifestaient sans armes sur des territoires – le Liban et la Syrie – qui ne sont pas sous administration israélienne.

Ce carnage commis par les forces israéliennes a fait la «Une» de nombreux médias arabes. Mais bon, dans d’autres circonstances, un tel crime, car c’en est un, aurait scandalisé l’opinion internationale. Il se trouve qu’Israël n’a pas tué plus de personnes que ne le font actuellement certains régimes arabes contre leurs propres peuples. Comment expliquer par exemple que le régime de Bachar Al-Assad autorise pour la première fois des Palestiniens à manifester dans le Golan alors que, par ailleurs, il fait tirer sur ses administrés qui demandent une démocratisation de la société. Même cas de figure au Yémen, où les protestataires sont réprimés dans le sang par le pouvoir d’Ali Abdallah Saleh ! Faut-il rappeler l’intervention militaro-policière saoudienne soutenue par les autres monarchies du Golfe pour sauver le régime de Bahreïn, alors que ces mêmes monarchies exigent le départ de Kadhafi ? Venons-en à la Libye.

Non pour défendre un régime indéfendable sur le fond et la forme comme l’a fait ce dirigeant du FLN qui s’est rendu à Tripoli soutenir le pouvoir de Kadhafi, accréditant ainsi par son geste un soutien de l’Algérie à l’autocrate libyen, mais pour souligner combien la poursuite de cette guerre civile constitue à terme une menace pour l’Algérie. Je suis stupéfait de lire et d’entendre en Algérie des nationaux appuyer l’intervention de l’Otan en Libye. Soyons clairs, la solidarité avec le peuple libyen pour en finir avec une dictature sanguinaire ne doit pas nous aveugler au point d’ignorer que l’Otan, bras armé de l’Occident, n’est pas une armée de libération nationale.

Une fois le régime libyen abattu, l’Otan va s’installer durablement en Libye sous prétexte d’assurer la sécurité et la stabilité indispensables pour que la transition démocratique réussisse. A partir de là, rien ne peut l’empêcher de prétexter de la menace que fait peser l’Aqmi dans la région pour élargir sa mission au Sahel et pourquoi pas dans le Sud algérien. Washington le fait déjà au Pakistan, il peut le faire en Algérie. Il y a deux ans à peine, la Maison Blanche cherchait un pays maghrébin pour installer l’Africom, cette sorte d’Otan destinée à sécuriser le continent africain. Ce sera sans doute la Libye «libérée» qui accueillera cette force ! Bonjour les dégâts !

Par Hassane Zerrouky

Les médias, DSK et Berlusconi

Le personnel médiatico-politique français est mobilisé pour défendre DSK. Pas un mot sur les souffrances de la victime, une jeune femme noire du Bronx. Exception faite de Gisèle Halimi qui s´est offusquée publiquement...

Nous n´allons juger ni l´un ni l´autre. Mais les cas de ces deux personnalités méritent d´être comparés. Pour faire apparaître clairement le rôle des milieux politico-médiatiques en position dominante dans la diffusion des informations. Alors quelle est la différence entre Silvio Berlusconi, président du Conseil italien, et Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI et qui allait, à coup sûr, devenir le président de la République française en 2012? Mais commençons par les similitudes. Tous deux sont présentés comme fortunés et ayant des moeurs étriquées.
Avec une longueur d´avance pour DSK, qui ajoute, dans le quotidien français Libération du 16 mai dernier, une troisième obsession:

«Sa judéité». Tous deux commencent une carrière politique à huit ans d´intervalle. DSK en 1986 en étant élu député et Berlusconi en 1994, année où il crée son parti politique «Forza Italia» («Allez l´Italie»). Depuis, ils intéressent donc les médias et partant l´opinion publique. La portée de ces médias est planétaire. Et là commencent les différences de traitement qu´accordent ces médias aux deux personnalités. Berlusconi est descendu en flammes après avoir conquis le pouvoir en Italie, tandis que DSK est encensé pour conquérir le pouvoir en France. Berlusconi est épié dans sa vie privée tandis que celle de DSK est «protégée» par tous les journalistes. Difficile pour le non-initié (et même pour des journalistes du Sud obnubilés par les «leçons» des médias occidentaux) de comprendre cette différence. Aujourd´hui, il est plus facile de l´expliquer.

Le dernier scandale dont Berlusconi a fait les frais remonte au 14 janvier dernier (il a sur sa «carte de visite» depuis son accession au pouvoir, 24 procès dont quatre sont encore en cours). Il est accusé de détournement de mineure. La presse se déchaîne contre lui. Il est présenté comme un dépravé indigne des fonctions qu´il occupe. La victime, une danseuse de cabaret, est «récompensée» et propulsée star du showbiz. La dernière «affaire» de DSK remonte à quelques jours et a eu lieu dans un hôtel de New York. Le DG du FMI et à «deux doigts» de la présidence française, agresse une femme de ménage qui dépose plainte. Il est arrêté quelques heures plus tard à bord de l´avion, 10 minutes avant son décollage pour Paris. Le personnel médiatico-politique français au complet s´est mobilisé pour le défendre. Pas un mot sur les souffrances subies par la victime, une jeune femme noire du Bronx. A peine si de victime elle n´est pas devenue accusée. Exception faite de Gisèle Halimi qui s´est offusquée publiquement de ce traitement médiatique ségrégationniste.

L´ancien ministre Jack Lang va jusqu´à dire qu´«il n´y a pas mort d´homme». Façon de dire que l´agression commise par DSK n´en est pas une. La presse, tous titres confondus, ne s´attarde pas trop à rappeler que le DG du FMI n´en est pas à sa première affaire du même genre. Très peu rappellent, sans trop insister, l´affaire, vite étouffée, qu´il a eue (en 2008) dès son entrée en fonction au FMI avec la responsable du département Afrique. Mieux, une journaliste française, encouragée par la rigueur de la justice américaine, vient de déposer une plainte contre DSK pour l´avoir agressée en... 2002. Et si elle a gardé le silence depuis, c´est, dit-elle, par peur des représailles. Sa plainte n´intéresse pas la presse qui en fait l´impasse.

Les frasques de DSK, récidiviste, étaient connues de tout le milieu politico-médiatique français depuis des décennies. Mais personne n´a osé défier l´omerta. Encore heureux que l´homme soit détenu par la première puissance mondiale, sinon le pouvoir français aurait «roulé des mécaniques» comme il l´a fait avec le Mexique pour la kidnappeuse française qui y est détenue. Et dire que DSK obsédé par «le fric, les femmes et sa judéité» a failli prendre le pouvoir en France. Quand ces mêmes milieux politico-médiatiques vocifèrent contre la diffusion des images d´un DSK menotté et les trouvent «injustement humiliantes». Ils oublient celles de Saddam Hussein «ausculté» la bouche ouverte comme on le fait pour les animaux. Ils oublient le «procès» et le meurtre du couple Ceausescu en direct. Ils oublient celles de Laurent Gbagbo arrêté en sous-vêtements.

On comprend mieux maintenant la différence qu´il y a entre DSK et Berlusconi. Et bien d´autres!

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Le tourisme, version slogans

Il n’est un secret pour personne que le tourisme algérien n’est pas compétitif devant ceux des voisins. Ce n’est pourtant pas le potentiel qui manque pour une véritable industrie du tourisme. Mais plutôt l’absence d’une politique de mise en valeur des atouts du pays. Si le tourisme algérien n’arrive pas à rivaliser avec ceux de la Tunisie, du Maroc et de l’Egypte - trois pays en pleine incertitude politique et sécuritaire -, c’est que «la destination Algérie» est un véritable mensonge.

Cela a été vérifié au mois d’avril dernier à l’occasion du salon «Siaha 2011» qu’avait abrité la ville d’Oran. Le rendez-vous a été marqué par un forcing des opérateurs tunisiens, venus jouer la carte de rattrapage d’un tourisme mis à rude épreuve par un contexte politique d’une transition ouverte à tous les scénarios. Les Tunisiens savaient, par exemple, que 78 000 Algériens se sont rendus en Tunisie entre le 1er janvier et le 30 mars 2011.

Un chiffre bien maigre par rapport à ceux des saisons précédentes. Cela ne les a pas empêchés de se fixer des objectifs chiffrés. Ils s’attendent à recevoir 350 000 touristes algériens entre juin et juillet. Cet objectif peut être raté. Il a cependant le mérite d’être affiché et détaillé. Un mode de travail qu’on ne trouve pas chez les responsables du secteur en Algérie. Chez nous, on vend des slogans.La 12ème édition du Salon international du tourisme et des voyages (Sitev 2011), inaugurée hier à Alger, a eu son slogan pompeux.

Le salon est organisé sous le thème «la promotion touristique des régions». L’édition de 2010 a été labellisée «le développement du tourisme national et son impact sur la promotion du tourisme international». On a ainsi du mal à déceler une connexion, sinon une quelconque continuité, entre les deux rendez-vous censés devoir mener vers un même objectif. Il s’agit en réalité d’une succession de mensonges.Sans le mensonge des officiels et l’aveuglement des rentiers, il est loisible de constater qu’aucun élément n’indique que la supposée politique nationale de tourisme est susceptible de réussir aussi bien pour le tourisme local que pour l’attractivité des étrangers.

Même pour une échéance lointaine puisque le gouvernement nous parle de 2025 tout en ignorant de quoi sera fait l’été 2011.Prenant goût au «tourisme des mots», les organisateurs de la présente édition du Sitev nous rappellent les cinq «dynamiques» du Schéma directeur de l’aménagement touristique (Sdat). Il s’agit de la promotion de l’image, du plan qualité tourisme, de la transversalité, du financement et de l’investissement. Faute de politique sectorielle qui tiendrait compte des atouts multiples du pays, on «bâtit» une succession de slogans pour un tourisme inexistant.

Par Amirouche Yazid

On ne fait pas du tourisme avec du leben

Hier, s’est ouvert le salon du tourisme et des voyages (Sitev) et cette activité est à inscrire au palmarès des innombrables colloques, séminaires, expos et autres manifestations qu’arborent au fronton de leur bilan annuel les responsables, locaux et centraux, du secteur. Certes, la tentation à laquelle il faut se garder de succomber est celle de ressasser l’éternel constat sur l’état, pas reluisant du tout, du tourisme en Algérie mais il reste des évidences dont la mise sous embargo tient au mieux de la complaisance, au pire du mensonge par omission.


Asséner à longueur d’année l’annonce de projets hyper ambitieux, avec leur lot de nombre d’hôtels et de lits et répéter avec insistance «la nécessité de promouvoir la destination Algérie» n’a pour le moment reçu aucun écho de la part du véritable et seul étalon de mesure, le nombre de touristes étrangers séjournant dans notre pays. La situation sécuritaire, nettement améliorée, ne constitue plus cet épouvantail qui rebutait l’intention même de lorgner du côté de chez nous, les atouts naturels comptent parmi les plus beaux de la région et la volonté politique de réhabiliter le secteur n’est pas en reste.


Donc où se situe la panne ? A la fois nulle part et partout, mais dans cette formule galvaudée, force est d’opter pour la deuxième partie, à savoir au niveau de l’approche générale, dans la culture est-on tenté d’ajouter. Autrement dit, une question de mentalité, et pas seulement celle des citoyens. Lorsque les pouvoirs publics ne réagissent presque pas lorsque des énergumènes s’attaquent à un des rares lieux du tourisme en Algérie, qui accueille tous ceux qui préfèrent le tourisme local, notamment les familles, ce lieu étant Tichy, c’est le tapis rouge déroulé devant des «descentes punitives» similaires.


D’ailleurs, quelques jours plus tard, il y a eu récidive dans les mêmes environs. Pense-t-on sérieusement accueillir les touristes étrangers, donc occidentaux, en continuant à fermer les bars dans la capitale, là où un étranger passe nécessairement, non pas pour s’enivrer mais juste pour se dé-saltérer ? Pense-t-on sérieusement ériger un tourisme qui fasse concurrence à nos voisins en fermant les lieux de loisir, notamment ceux nocturnes, alors que le loisir est le carburant et la pulsion première du touriste. On ne fait pas du tourisme avec du leben, messieurs les responsables du tourisme. Lorsque les lieux de vacances potentiels deviennent des repoussoirs même pour les Algériens, il est permis de douter que les étrangers soient assez masochistes pour s’enthousiasmer en faveur de la «destination Algérie».


N.S.

Dialogue et concertation

Hier, dans son intervention devant les représentants des fédérations, Abdelmadjid Sidi Saïd a revisité le travail accompli par l’UGTA depuis le 8e congrès de juin 1990. Une synthèse des résultats obtenus depuis près de deux décennies où l’union a été au charbon pour porter les revendications des travailleurs et de leurs familles ainsi que celles des retraités. Le patron de l’instance a estimé qu’il s’agit d’un travail solidaire destiné à faire avancer, malgré les difficultés rencontrées, l’action syndicale au quotidien au profit des travailleurs.

Il a fait valoir l’équation du dialogue et de la concertation comme étant celle qui a véhiculé la recherche de solutions aux multiples revendications relatives au pouvoir d’achat, aux conditions de travail et à la situation socioprofessionnelle. Il est vrai d’ailleurs que ce partenaire syndical, de loin le plus représentatif puisqu’il compte pas moins de 1,7 million d’adhérents, a été présent sur plusieurs fronts, dont, dernièrement, celui du complexe ArcellorMittal où il a réussi à trouver une issue au conflit opposant les métallurgistes à la direction.

Pour Sidi Saïd, en toute objectivité, l’arbre de l’UGTA est généreux et permet aux arbustes autour de lui de proliférer. Question chiffres, l’organisation syndicale a pris part, de concert avec le gouvernement et le patronat, à treize tripartites entre 1991 et 2009, à quatorze bipartites avec le gouvernement entre 1990 et 2007 et à deux autres bipartites avec le patronat en 2006 et 2010.

Cela dit, elle aura sûrement un rôle d’équilibre à jouer lors des prochaines réunions triangulaires de 28 mai 2011 et du mois de septembre. La première rencontre d’ordre économique sera sans doute une occasion pour elle de faire valoir des propositions pour améliorer la rentabilité de l’outil économique national et donc de la productivité nationale.


L’UGTA veut également trouver des instruments pour conforter le pouvoir d’achat des travailleurs algériens bien qu’elle insiste sur les acquis déjà enregistrés. Pour Sidi Saïd, il s’agira de trouver une solution à la spéculation qui fait que lorsqu’on revoit les salaires à la hausse, il y a un effet inverse qui fait que les prix des produits augmentent.

Néanmoins, ajoute-t-il, il ne faut pas nier les bonnes volontés des pouvoirs publics qui font que des avancées conséquentes en matière d’augmentations salariales sont enregistrés Par exemple, illustrera-t-il, des salaires de 58.000 DA sont passés à près de 190.000 DA. Par rapport à cela, «nous avons progressé à hauteur de 60 % sur le dossier des salaires». Enfin, au moment où les rendez-vous des deux tripartites pointent à l’horizon, le premier responsable de l’UGTA annonce la stratégie syndicale qui sera adoptée.

N. H