jeudi 5 novembre 2009

Le message du FMI

Le FMI vient de conclure à l’échec de la politique économique du gouvernement Bouteflika, comme presque aucune force politique opposante locale n’avait osé le formuler. Son représentant, Joël Toujas-Bernaté, chef de division au département Moyen-Orient et Asie centrale, a en effet qualifié, mardi à Alger, d’« inquiétant » le taux de chômage chez les jeunes Algériens qui a atteint les cimes de 25%. Surprenant ! Les chiffres sont aussi scandaleux que l’intérêt subit du FMI pour l’emploi est étonnant.

Depuis quand, en effet, cette institution financière jumelle de la Banque mondiale s’intéressait à la question de l’emploi comme si elle l’avait inscrite en credo à l’agenda de ses priorités ? On eût cru un instant que ce Fonds a changé de vocation. Pourtant non. En fait, à travers son constat, le FMI a voulu montrer qu’« on reconnaît l’arbre à ses fruits » et, partant, que la politique économique suivie par l’équipe dirigeante a échoué dans sa bataille contre le chômage.

Il s’agit là ainsi d’un discours qui tranche avec les fausses assurances du gouvernement. Mais pis encore, à y regarder de plus près, cette sortie du responsable de cette institution n’est ni plus ni moins qu’un désaveu à toute la politique économique mise en place jusqu’ici. Pourquoi ?

Car il faut dire surtout qu’il est difficile de ne pas conclure à une cinglante remise en cause de toute une politique lorsque, après près d’une décennie d’embellie financière, il est prouvé que l’objectif de l’emploi n’a pas été atteint quand bien même l’inflation, cet autre élément faisant partie des objectifs finaux de toute politique, n’est pas non plus contenue dans des proportions acceptables.

C’est dire ainsi l’échec cuisant d’une politique économique qui n’a réussi ni à créer de l’emploi ni à maîtriser l’inflation, source de dégradation du pouvoir d’achat à tout le moins. Mais comme il va sans dire surtout que l’institution de Strauss-Kahn ne fait pas dans le social, est-il possible alors de conclure à ce que le message de cette institution, qui se veut du reste sibyllin, veuille bien sonner comme un appel lancé aux officiels pour une autre politique ?

Il est en tout cas difficile de ne pas voir dans ce discours une volonté de substituer à la politique de relance budgétaire appliquée jusque-là par l’Exécutif une autre politique, monétariste celle-ci.

Quoi qu’il en soit, il reste à faire remarquer que si en Algérie, il est question de changer une politique qui échoue à l’instigation d’une institution financière internationale, sous d’autres cieux, dans les démocraties occidentales, on en vient à changer d’équipe pour changer de politique. Chez nous, on garde la même équipe et on recommence. D’où, c’est sûr, nos échecs récurrents !

Par Ali Benyahia

Mauvais accords et fausses notes

Après des semaines à faire plier l'Europe, le président tchèque, Vaclav Klaus, a daigné enfin ratifier le traité de Lisbonne. Il faut dire qu'il a obtenu ce qu'il voulait, une dérogation liée à la charte des droits fondamentaux. 

On imagine l'immense soulagement qui a suivi chez les Vingt-sept, le projet de texte de la Constitution traîne sur les bureaux depuis une bonne dizaine d'années.

L'odyssée bruxelloise est-elle vraiment finie telle perçue par l'actuelle présidence suédoise de l'UE ? Si tout va bien, le traité devra entrer en vigueur le 1er décembre.

Reste, bien sûr, à trouver les deux oiseaux rares qui devront s'installer aux postes de premier président stable de l'union et de chef de la diplomatie. Si rien n'a filtré sur le maintien ou non de Javier Solana à la tête du second, les consultations vont bon train en ce qui concerne le premier.

D'autant que la candidature est plus ouverte depuis que l'ancien Premier ministre britannique, Tony Blair, a dû mettre fin à ses rêves à vendre l'image de l'Europe dans le monde.

Tout a joué en sa défaveur. En plus du fait que le Royaume-Uni n'est ni dans la zone euro et de l'espace Schengen, le passé sale» de va-t-en-guerre de «Tony» a fini par le rattraper. Une fois les deux hauts représentants aux commandes, l'Europe des Vingt-sept cessera-t-elle une fois pour toutes de souffrir de maux et de pannes sèches qui ont fait qu'elle accuse tant de retard ?

Pour bon nombre de fins analystes des questions européennes, l'UE n'est pas suffisamment fédéralisée dans les domaines de la diplomatie et de la sécurité.

Ses membres auraient beau corriger leurs lacunes, il restera toujours quelque chose à faire. La faute reviendrait à une poignée de souverainistes qui sonnent la charge à chaque fois que l'Europe reprend un épais dossier international à la première page.

Avant qu'il ne se remette à souffler fort sur Copenhague, les Vingt-sept testeront-ils leurs capacités d'union diplomatique ? L'appel de l'Amérique qui vient de retentir sur le vieux continent est une bonne occasion pour qu'ils accordent leurs violons.

Refusant toute renégociation de l'accord de l'AIEA sur le nucléaire iranien, Barack Obama, nouvellement surnommé le stratège à temps partiel, a invité l'Union européenne à travailler en étroite collaboration avec les Etats-Unis afin de s'assurer que les mollahs respectent les règles de jeu.

Aurait-il été préférable à ses yeux que le discours d'Angela Merkel sur l'Holocauste devant le Congrès US (réponse au négationnisme du président Ahmadinejad ?) et le voyage en Russie du chef de la diplomatie britannique aient été mieux coordonnés pour exhiber devant la République islamique la solidité du bloc USA-UE ?

Il faut à tout prix éviter les mauvais accords qui produisent nécessairement des mauvaises notes. Bien que cela puisse paraître anodin - la légitimité est à recueillir parmi son peuple -, les nombreuses félicitations adressées en même temps au président Hamid Karzaï ont été les bienvenues.

Certes, Washington aurait préféré que les Européens se décident à envoyer des troupes supplémentaires en Afghanistan au lieu de mettre Obama dans l'embarras mais mieux vaut de tels gestes qui réfléchissent une certaine union que le néant.

C'est dire que l'Europe doit à présent carburer à plein régime si elle ne veut pas voir son allié américain passer des alliances avec la Chine ou autres puissances émergentes.

Par Anis Djaad

La grande harba (XXII)

A Taihzou (ex-Tizi-Ouzou), les citoyens chinois s’organisent contre les tangos. Sous la conduite d’un certain Mao Jamé Yabdik, ils sollicitent des autorités armes et munitions et constituent des groupes d’autodéfense. Parallèlement, ils comprennent qu’il faut moderniser la société, multiplier partout les activités culturelles et aiguiser le sens civique, seule condition d’échapper à l’intégrisme… Nous sommes arrêtés par une patrouille mais, grâce au génie du buveur de Jack Daniel’s, nous échappons à une arrestation certaine. Nous filons vers le train…

Alors que je m’attendais à découvrir une nouvelle gare ultramoderne, ce fut l’ancienne station délabrée qui nous accueillit. Il y avait des agents partout. Nous nous séparâmes et Meriem El Aggouna fut chargée d’acheter les billets. Nous attendîmes quelques minutes qui nous semblèrent une éternité, puis la rame apparut. Fichtre, alors ! A la place du TGV dont on nous parlait tant, ce fut une vieille locomotive à charbon, chapardée dans je ne sais quel musée, qui montra le bout de son nez, haletant déjà, s’essoufflant comme tata Aldjia sur les pentes de sa nouvelle dechra de Sardélie.

Une grande banderole était hissée tout à fait en haut de la machine. Ecrite en chinois, elle remerciait les masses laborieuses d’avoir triomphé de l’impérialisme en réparant la locomotive baptisée «Dragon de feu», selon un voyageur qui connaissait aussi bien le chinois que le kabyle ! Mais, allezvous me dire, et toi, tu comprends le kabyle ? Je ne suis pas menteur et, à part «azul», «aghroum», «tafounest», «amokrane», «ameziane », «aberkane», «amelal», je suis parfaitement analphabète dans cette langue nationale. Et dire que mon père et toute sa tribu ne parlaient que berbère !

Je suis un mauvais fils, mais passons… Ce Chinois, diplômé en traduction sino-berbère, nous servit d’interprète. Ancien mineur dans un gisement de charbon du nord de la Chine, il était venu dans le cadre du premier transfert des 30 millions de Chinois en Algérie. Il avait tout fait pour s’installer en Kabylie car, tout enfant déjà, il adorait cette région. A l’école de son village, on lui bourrait le crâne avec la lutte des masses et la dictature du prolétariat mais, dès que l’on abordait la Révolution algérienne, son cœur se mettait à palpiter.

«C’était émouvant de voir, dans des courts métrages, très mal filmés, mais portant le sceau de la vérité et l’empreinte de l’engagement Révolutionnaire, ces femmes et ces hommes démunis, n’ayant pour seule arme que leur courage, aller au combat avec une conviction et une détermination rarement vues…» Le Pied-noir dormait sur le banc public d’à côté, sinon il aurait hurlé et cela aurait attiré la gendarmerie qui rôdait autour de nous… Lui, il avait une autre conception de l’histoire de cette révolution et un jour que je lui disais que la France aurait dû s’excuser pour ses crimes en Algérie, il me répondit avec un calme olympien : «Et ça te regarde en quoi, toi, le Sardèle ?

Quand on fuit son pays à bord d’une barque, on n’a pas le droit de porter ce type de jugement…» J’étais furieux parce qu’il avait drôlement raison. Je lui répondis aussi sèchement : «Hélas, c’est tout ce que j’ai trouvé pour fuir. Toi, tu avais plus de chance que moi, tu as fui dans un grand bateau…» Il se tut et il me sembla qu’il pleurait en silence : «Quand comprendrez-vous enfin que cette terre est aussi la mienne, puisque j’y suis né ; mon père, mon grand-père y sont nés ! Est-ce de ma faute si l’histoire a été ainsi faite et pourquoi devrais-je payer pour des délits commis par les autres…» ? Un haut parleur débita ce qui semblait être des ordres au milieu d’une musique martiale. Le Chinois traducteur nous invita à monter dans le train. Les wagons étaient propres et bien décorés.

Du velours rouge courait sur toutes les banquettes et cela donnait de la chaleur aux cabines recouvertes de bois et de miroirs. Nous nous y installâmes et refermâmes la porte de peur que les agents de sécurité nous découvrent avant le départ. La rame s’ébranla à 21 heures pile. Bientôt, ce fut la nuit noire. La cadence augmenta et, à la sortie de Taihzou, la vieille locomotive nous montra ce dont elle était capable. Ce n’était pas le TGV, mais elle crachait du feu et roulait tellement vite qu’elle brûla la gare de Dengzhiou (ex-Draâ-Ben-Khadda), ce qui souleva l’ire des voyageurs stationnés sur les quais qui s’en prirent au pauvre chef de gare. Ce dernier ne dut son salut qu’à l’apparition de sa femme, qui avait mis une citrouille sur sa tête, faisant une peur bleue aux pauvres gars. Nous avions oublié que c’était Halloween !

Et nous ne savions pas que les Chinois célébraient cette fête… lugubre. Nous attaquions maintenant les petites collines de Bozhou (ex Bordj-Menaïel) où le train s’arrêtera cette fois-ci, de peur de créer des troubles dans la ville. Ah ! Bordj-Menaïel ! Elle avait une grande équipe de football qui s’appela d’ailleurs, à un certain moment, «Génération des Couteaux de Bordj Menaïel». Ça n’avait rien à voir avec les Menaïlis que je connaissais et qui étaient pacifiques et accueillants. D’ailleurs, une fois débarqués en Sardélie, ils créèrent une cité qui ressemblait, comme deux gouttes d’eau, à leur ancienne ville, mais furent malheureux de ne pas avoir les Issers à côté.

Le Pied-noir me proposa d’aller faire un tour au barrestaurant. Nous traversâmes plusieurs wagons avant d’arriver à bon port. Dans les 3e classes, c’était la pagaille. Des voyageurs étaient assis par terre. Une vieille dame avait allumé une «tabouna» et préparait de la galette. Une autre s’était mise à traire une chèvre qu’elle cachait dans les toilettes. Une troisième fourrait des «m’hadjeb » qui dégageaient un arôme à vous faire agresser la cuisinière. Des gamins jouaient au ballon et prenaient un grand plaisir à viser un patriarche qui dormait sur une natte, tout près de la porte du wagon. Un shoot splendide et hop ! Le pauvre vieux fut envoyé dans l’autre monde.

Mais, comme c’était Halloween, il revint, très pâle, les yeux rougis, pour hanter les gamins qui, affolés, couraient de wagon en wagon… Il y avait même une jeune Chinoise du nom de «Lune de Miel» qui vendait ses charmes à des ouvriers au prix imbattable de 14 dinars-yuen. Nous arrivâmes enfin au barrestaurant. Le Pied-noir commanda du Jack Daniel’s et fut heureux d’en trouver enfin. La société nationale des chemins de fer algéro-chinois avait trouvé ridicule de refuser de l’alcool à un peuple qui n’était plus musulman. Je pris un l’ben «Allbrau» d’El Kseur et le barman nous servit une excellente kémia de boulettes de viande de serpent hachée et arrosée de jus de citrouille… Depuis que je le fréquentais, je n’avais jamais vu le Pied-noir aussi heureux :

- C’est à cause de ce tordboyaux ?
- Non. Et puis, ce n’est pas du tord-boyaux. C’est un nectar. C’est à cause d’Alger-Peking…
- Quoi Alger-Peking ?
- C’est ma ville. Je ne te l’ai jamais dit. Mes parents sont enterrés à Saint-Eugène. J’y suis né. Mais, comme il n’y a plus d’Algériens, je ne sais pas comment je vais vivre ma première rencontre avec ma ville depuis 1962…
- Ah bon ! Tu les aimes maintenant les Algériens ?
- Et que penses-tu que je faisais en Sardélie ? Tu m’as bien rencontré à l’aéroport de Sidi Cagliari ? J’étais allé voir ces anciens Algériens, sentir l’odeur de leur cuisine, écouter les vociférations de leurs ménagères, me mêler à leurs foules dans les souks bigarrés au charme inoubliable. Tu sais quoi, Sardèle de mes…, je ne sais pas ce que tu ferais toi, mais si l’Algérie gagne et se qualifie pour le Mondial, j’achèterais tous les feux d’artifice des Chinois et le ciel de Saint-Eugène sera en fête le 14 novembre…

- Tu oublies que je suis un ancien Algérien… maintenant que ce train file à travers les forêts de Tianshu (ex-Thénia), je la sens, l’odeur profonde de mon pays. Algérie, mon amour, «nebghik» malgré «la grande harba»…

Légèrement éméché, le pied-noir se leva comme s’il allait entonner la Marseillaise et cria : «One, Two, Three». Les voyageurs, le barman, le dame qui cuisinait et toutes les autres, «Lune de Miel», le conducteur, les contrôleurs, le fantôme, les gamins, tous se mirent à chanter : «One, Two, Three».

Au bout de la nuit, la gare de Tianshu scintillait de mille lumières sous le ciel étoilé…

A suivre

Par Maâmar FARAH

LE ROI LIVRE : Choses vues

L’Algérie, à l’instar des autres capitales, a son Salon du livre

«Jadis, on nous vola nos noms. D’estampilles humiliantes on oblitéra nos noms de vérité. Sentez-vous la douleur d’un homme de ne savoir pas de quel nom il s’appelle? A quoi son nom l’appelle?» «De noms de gloire je veux couvrir vos noms d’esclaves, de noms d’orgueil nos noms d’infamie, de noms de rachat nos noms d’orphelins.»
Aimé Césaire. Le Roi Christophe

Le Salon du livre, malgré des perturbations de toutes sortes, a tenu ses promesses: on peut remercier les organisateurs d’avoir tenu tête et d’avoir concrétisé cette belle utopie. Il s’est tenu: le rituel est sauf. L’Algérie, à l’instar des autres capitales, a son Salon du livre comme elle a son Salon de l’automobile, comme elle aura, si Dieu veut et si les promesses sont tenues, son métro, un vrai métro.

Pour ce qui est du contenu et de l’intensité de cet apport aux Algériens, c’est une autre histoire. J’ai constaté une absence de flammes. Il me semble que les éditeurs ont assuré le minimum syndical sans état d’âme. J’ai vu des gens déambuler et des stands vides; bref ce n’est pas la grande foule, notamment chez les éditeurs à production majoritairement francophone. J’ai vu beaucoup de jeunes s’intéresser aux fascicules pour enfants, mais généralement sans acheter d’ouvrages. Par contre, les stands qui font dans le «Livre religieux» ne désemplissaient pas! Faut-il s’en réjouir ou s’en affliger. Cet engouement apparent pour le sacré sera t-il durablement structurel ou est-il un phénomène passager? Il existe comme une frontière invisible entre le sacré et le profane, entre le livre en langue arabe et le livre en français. La frontière n’est pas entre ceux qui lisent et les autres, elle est entre deux idéologies, deux modes de vie. A tort ou à raison c’est selon, les livres en français rappellent pour les arabisants la colonisation de la France, l’ennemi et, par voie de conséquence, l’adversaire de l’intérieur représenté par les francophones.

Un clivage entretenu

Force est de constater que près de cinquante ans après l’Indépendance, le clivage est savamment entretenu pour le plus grand malheur de la nation algérienne qui se cherche encore. Il n’est que de voir comment chaque camp mobilise -sans le dire- ses troupes constituées d’un côté par les francophones qui ont choisi -et on les comprend de le faire- de vivre en France mais d’exister en Algérie à travers justement cette doxa qui veut que tout ce qui vient de l’extérieur est meilleur que ce qui existe ici. Du côté des arabophones, c’est la même chose: on s’accroche à une métropole moyen-orientale dont on se sent plus proche que de ses propres concitoyens. L’Algérie de 2009 ne s’est pas encore réconciliée avec elle-même et le thème de l’identité nationale exploité pour des manoeuvres électoralistes en France, devrait chez nous, être une préoccupation de nos dirigeants...

On continue encore à les encenser outre mesure au détriment de ceux qui, à demeure, entretiennent fébrilement la flamme du savoir mais n’ont pas les relais médiatiques pour exister. C’est un fait, la réputation d’un auteur en Algérie n’est pas dans l’absolu, indexé sur son apport, sa singularité, bref son génie, mais en grande partie sur ses relais. Le fait de vivre en France, par exemple, confère à son auteur une aura réelle ou supposée qui brouille la valeur intrinsèque de l’individu. On en vient alors à publier en Algérie - c’est pas cher mais à vivre en France. Quant au fil des Salons on fait l’apologie des mêmes sans qu’il n’y ait réellement du nouveau, il y a danger de sclérose et surtout de découragement.
La désaffection pour la lecture est due en grande partie à l’inaccessibilité du livre du fait de son prix. En fait, il n’y a pas, au sens où nous l’entendons, de politique du livre. Il est vrai qu’un Algérien est plus d’accord pour acheter une carte téléphonique que pour acheter un livre. Nous devons cela naturellement à l’éducation, ceci est un autre débat. Pour en revenir au Livre, il n’y a pas d’après nous cette soif de lecture qui fait qu’on lit partout. L’Irak, un pays cultivé et qui a été démoli, est un exemple pour le monde arabe. On dit que les «Livres sont conçus en Egypte, édités au Liban et lus en Irak».

Dans notre pays, il n’y a pas une volonté réelle de faire bouger les choses. Il n’y a pas de politiques d’encouragement des éditeurs et des auteurs, au contraire, n’importe quel livre -surtout dans le domaine scientifique- promis au pilon dans le pays d’origine, est vendu en Algérie avec le label «Made in...». Pendant ce temps-là, les éditeurs galèrent pour créer de leur propre main un Livre avec le maquis des taxes lourdes dont sont dispensés, curieusement, les importateurs. Comment voulons-nous encourager la production intellectuelle si on ne donne pas les moyens aux éditeurs qui produisent in situ? Nous produisons environ 1000 titres par an. C’est dérisoire! Dans les pays culturellement développés, ce sont des dizaines de milliers de titres produits à des dizaines de milliers d’exemplaires. Ici l’édition ne dépasse rarement pas les 2000 à 3000 exemplaires. Imaginons pour fixer les idées que les 800 milliards dépensés pour le Festival panafricain l’aient été pour booster le livre. Nous avons plus de 1500 communes. L’Etat peut décider à fond perdu de doter chaque commune d’une grande bibliothèque en lui attribuant 10 exemplaires de chaque ouvrage édité. Imaginez le poumon que cela sera pour l’édition algérienne! La politique de diffusion de la connaissance est naturellement aussi du ressort des communes qui se doivent d’avoir un plan d’épanouissement culturel multiforme. Avec l’argent du Panaf, nous augmenterons la capacité culturelle du pays de dizaines de millions d’ouvrages chaque année, on parlera alors de société cultivée. Il faut naturellement que l’école fasse aimer le livre à l’enfant. La responsabilité de l’Education est totale.

Dany Boone, interrogé un jour sur la lecture, affirmait que personne ne l’avait informé qu’il fallait aller à la ligne quand la ligne était terminée, il s’étonnait alors de ne pas comprendre le sens du texte puisqu’il lisait sur la page suivante à la même ligne...Plus sérieusement, on peut définir la lecture comme l’activité de déchiffrement et de compréhension d’une information écrite. C’est aussi et surtout une porte d’accès privilégiée à la culture. La meilleure façon de partager le bonheur de lire dit-on, est de faire la lecture aux élèves, non comme une récompense mais comme un rituel. Un livre renferme, une fois lu, trois histoires: l’histoire de l’auteur, celle du prescripteur, et celle du lecteur. Ces trois histoires peuvent se ressembler, jamais se confondre. La lecture nous permet de nous évader, nous autorise le «partout» et le «toujours» alors que notre existence est soumise au «ici» et au «maintenant». Les enfants sont capables de lire des choses difficiles qu’ils ne comprennent pas immédiatement. Si on les prive de cet effort-là, en leur donnant seulement des choses faciles, très «sucrées», on les coupe de ce matériau qui travaille sur la longue distance. La littérature ouvre à l’infini cette possibilité d’interaction avec les autres et nous enrichit donc infiniment.

Qu’est-ce que la lecture?

Pour Milan Kundera, le roman n’examine pas la réalité mais l’existence. Et l’existence n’est pas ce qui s’est passé, l’existence est le champ des possibilités humaines. Au fond, s’interroge Jorge Luis Borges: qu’est-ce qu’un livre si nous ne l’ouvrons pas? Un simple cube de papier et de cuir avec des feuilles; mais si nous le lisons, il se passe quelque chose d’étrange, je crois qu’il change à chaque fois. Mieux encore, pour Hubert Nyssen, il y a une musique à entendre en lisant. (1) Pour [...] on a beau le saisir par les yeux, un texte reste lettre morte «si on ne l’entend pas». Lire, c’est d’abord [...] donner - ou plutôt restituer - au texte sa dimension musicale. [...] toute littérature est traduction. Et traduction à son tour, la lecture que l’on en fait...D’où cet autre sentiment selon lequel on n’en aura jamais fini avec les textes que l’on aime, car ils rebondissent d’interprétation en interprétation...(2)

«Rappelez-vous tout simplement, écrit Paul Valéry, comme les Lettres s’introduisent dans notre Vie. Dans l’âge le plus tendre, à peine cesse-t-on de nous chanter la chanson qui fait le nouveau-né sourire et s’endormir, l’ère des contes s’ouvre. L’enfant les boit comme il buvait son lait. Il exige la suite et la répétition des merveille; il est un public impitoyable et excellent. Dieu sait que d’heures j’ai perdues pour abreuver de magiciens, de monstres, de pirates et de fées, des petits qui criaient: Encore! à leur père épuisé!... Mais enfin, le temps vient que l’on sait lire, - événement capital -, le troisième événement capital de notre vie. Le premier fut d’apprendre à voir; le second, d’apprendre à marcher; le troisième est celui-ci, la lecture, et nous voici en possession du trésor de l’esprit universel.»(3)

«Bientôt nous sommes captifs de la lecture, enchaînés par la facilité qu’elle nous offre de connaître, d’épouser sans effort quantité de destins extraordinaires, d’éprouver des sensations puissantes par l’esprit, de courir des aventures prodigieuses et sans conséquence, d’agir sans agir, de former enfin des pensées plus belles et plus profondes que les nôtres et qui ne nous coûtent presque rien; - et, en somme, d’ajouter une infinité d’émotions, d’expériences fictives, de remarques qui ne sont pas de nous, à ce que nous sommes et à ce que nous pouvons être...»(3)

«De même que, sous le sommeil, il arrive, dit-on, que nous croyons vivre toute une existence, cependant que l’horloge ne compte que quelques secondes, - ainsi, par l’artifice de la lecture, il se peut qu’une heure nous fasse épuiser toute une vie; ou bien, par l’opération mystérieuse d’un poème, quelques instants qui eussent été sans lui des instants sans valeur, tout insignifiants, se changent en une durée merveilleusement mesurée et ornée, qui devient un joyau de notre âme; et parfois, une sorte de formule magique, un talisman -, que conserve en soi notre coeur, et qu’il représente à notre pensée dans les moments d’émotion ou d’enchantement où elle ne se trouve pas d’expression assez pure ou assez puissante de ce qui l’élève ou l’emporte.»(3)

Ce beau texte me rappelle une obligation que nous avions à «l’Ecole», c’est de lire un livre par mois que nous devions résumer et lire à nos camarades dans la séance de lecture. Il est vrai que nos instituteurs avaient le goût des livres. J’ai le souvenir d’un maître qui nous lisait des histoires aussi incompréhensibles que merveilleuses, nous tenait en haleine et c’était pour lui un moyen radical de ramener le calme dans la classe. Nous étions tellement transportés par l’imagination, que nous prenions part dans le récit. Le lecteur idéal ne reconstruit pas une histoire; il la recrée. Le lecteur idéal ne suit pas une histoire: il y participe.

(*) Ecole nationale polytechnique
(*) Ecole d´ingénieurs Toulouse

1.Jorge Luis Borges, Conférences, Ed. Gallimard, Folio Essais, 1985
2. Hubert Nyssen: http://www.gilles-jobin.org/citations/index.php?P=n&au=374
3.Paul Valéry, Discours prononcé à la maison d’éducation de la Légion d’Honneur de Saint-Denis (1932), in Oeuvres, t. 1, Gallimard, Pléiade, p. 1421-1422

Pr Chems Eddine CHITOUR (*)

Sursaut salvateur

Un évènement très important s’est déroulé ces derniers jours, qui mérite un meilleur traitement analytique. Le kidnapping s’est installé en Kabylie comme un crime presque routinier avec, à quelques nuances près, la même catégorie de victimes, les mêmes ravisseurs, en l’occurrence des terroristes, et le même dénouement heureux, la libération de la personne enlevée après paiement d’une rançon.

On aurait pu ajouter «avec la passivité de la population», choquée mais se contentant d’un soutien moral, si cette fois-ci le processus ne s’était pas déroulé suivant le scénario désormais classique. N’en pouvant plus de rester les bras croisés et d’assister sans réagir à l’enlèvement d’un des leurs, si ce n’est participer à la cotisation pour amasser la rançon, les villageois d’Isselladjen (d’où est originaire le propriétaire du motel enlevé) se sont souvenus que, comme tous les Algériens, ils sont des hommes de dignité et d’honneur, et que leur passivité ne fait qu’encourager ces actes criminels de rapts.

Cette fois donc, ils se sont mobilisés et ne se sont pas laissés faire, criant haut et fort leur colère et manifestant leur conviction que cette fois «ça ne passera pas». Le commerçant enlevé a été donc remis en liberté et tout est mal qui finit bien. Pour les forces de sécurité, qui bien entendu déploient à chaque fois d’intenses efforts en pourchassant les ravisseurs, cette mobilisation citoyenne est d’un apport considérable, appelant une meilleure coordination.

En tout état de cause, s’il fallait une preuve, cet épisode de mobilisation populaire en est une tangible. C’est là un résultat concret, sur le principe que la contribution de la population dans le combat contre les ravisseurs en particulier et dans la lutte antiterroriste en général sont toujours payants et s’avèrent nécessaires. L’objectif concerne la collectivité entière, appelant donc une mobilisation collective.

N.S.

Pas de cause pour les terroristes

Il y a souvent de ces moments où, pour ce qui concerne des événements majeurs et donc des thérapies adéquates que cela implique, on procède irrationnellement à l’emploi de concepts dont on fait volontiers l’économie de l’explicitation de leurs contenus. On parle souvent de retour à la paix mais jamais de rétablissement de l’ordre public. On parlait souvent de terrorisme, mais voilà qu’on substitue le concept de violence au concept de terrorisme. Mais on parle également de lutte contre le terrorisme.

Alors, il y a encore beaucoup de brouillard. Pourquoi répéter que la paix est revenue ou reviendra si on ne dit pas un mot sur l’ordre public ? Lorsqu’on parle de paix, on admet que l’enjeu est politique, et lorsqu’on parle d’amnistie générale, on reconnaît encore plus que l’enjeu est politique, le problème étant que ceux qui ont pris les armes pour commettre des attentats croient qu’ils luttent pour une cause politique, telle que leurs commanditaires le leur ont fait savoir, jusqu’au moment où ceux-là rejoignent la Réconciliation nationale ou se font abattre par les forces de sécurité.

Lorsque le ministre de l’Intérieur dit que les terroristes n’ont que deux options à leur disposition – se rendre ou bien se suicider –, cela est à comprendre sous deux angles : que l’Etat refuse irréversiblement de leur accorder la moindre chance d’une réintégration politique, conformément à l’esprit de la Charte.

Continuer la lutte veut signifier que la paix n’est pas encore de retour et si on ne reconnaît pas qu’il s’agit d’une lutte pour une cause politique, on n’a plus à parler de rétablissement ou de retour de la paix, mais plutôt de rétablissement de l’ordre public.

S. I.

L'humanitaire ou le fait accompli colonial

Le militant sahraoui des droits de l'homme Brahim Dahane, détenu dans une prison marocaine, vient de remporter le prix suédois «Per Angers» pour l'année 2009 pour ses efforts dans la défense des droits de l'homme au Sahara occidental, nous apprend l'agence de presse sahraouie SPS, reprise par l'APS.

La commission internationale des juristes, qui décerne ce prix créé par le gouvernement suédois estime quant à elle que «le militant Brahim Dahane, actuellement détenu au Maroc, a risqué sa vie en recourant à des moyens pacifiques pour défendre les droits de l'homme au Sahara occidental».

Ironie de l'histoire, le directeur du «forum Histoire vivante» et président du jury, Frank Axel, a révélé dans la foulée que la commission avait retenu le nom de Brahim Dahane depuis le mois de septembre mais elle ne s'attendait pas à ce qu'il soit de nouveau incarcéré !».

Ni le très respectable président du jury, ni l'honorable institution qu'il dirige, ni le gouvernement suédois dont on connaît l'attachement légendaire aux valeurs humaines les plus nobles, ne sont soupçonnables de complicité dans le jeu trouble qui consiste à faire diversion sur la nature de la question sahraouie.

Le débat est pourtant aussi vieux que l'histoire des colonisations et le Sahara occidental est un problème de décolonisation, des fois qu'il serait encore utile de le rappeler.

Si les services de sécurité se permettent d'arrêter un sahraoui, «quand bien même» il serait un militant des droits de l'homme, et le jeter en prison cycliquement, c'est d'abord parce que le Maroc occupe son pays en violation de toutes les règles internationales.

Tout comme les réfugiés sahraouis sont régulièrement guettés par une catastrophe alimentaire et sanitaire parce qu'ils ont été contraints à l'exil et chassés de leurs terres dans l'une des plus honteuses expéditions guerrières de la fin du siècle.

Les organisations humanitaires et le réseau associatif international solidaire avec les sahraouis peuvent certes s'en tenir à leur stricte vocation.

Elles ne doivent cependant pas contribuer, par mégarde ou à dessein, à pervertir la nature d'un problème en amplifiant la «question humanitaire» au détriment de l'essentiel, c'est-à-dire la matrice politique d'une tragédie qui n'arrête pas d'interpeller la conscience du monde.

Si l'aide humanitaire et la dénonciation des atteintes aux droits de l'homme sont incapables de prolonger l'impact de leur action vers le droit des sahraouis à l'autodétermination, elles aideront d'une manière ou d'une autre au maintien du statu quo : le fait accompli de l'occupation.

Slimane Laouari

Quelqu’un aurait-il croisé Abderrezak ?


Par Hakim Laâlam  
Email : laalamh@yahoo.fr

Hillary Clinton : «Ma position n’a pas changé». 

Pauvre Bill !

C’est fou cette propension qu’a l’Algérie à perdre ses prisonniers. Et pas n’importe lesquels. Pas un petit voleur d’autoradios. Non ! Pensez-vous ! Nous, quand on perd un détenu, on fait dans le gros calibre, le pedigree lourd, le casier-bottin, si vous voyez ce que je veux dire. Tenez ! Hier encore, je lisais cet aveu presque désespéré du procureur général près la Cour d’Alger : «Nous n’avons aucun détenu du nom de Amari Saïfi dans les prisons d’Alger». Pour ceux qui ne le sauraient pas et aussi pour ceux qui le savaient, mais qui, à la suite des épisodes scabreux de ce mauvais film auraient quelque peu perdu le fil, je rappelle que Amari Saïfi, c’est le doux nom sous lequel se blottit langoureusement Abderrezak El Para, un mec qui est à la douceur ce qu’est l’industrie algérienne aux recettes hors hydrocarbures. Annoncé par les plus hautes autorités sécuritaires du pays comme arrêté et mis au frais, Abderrezak El Para est porté disparu. Mazette ! Comment ont-ils fait pour le paumer, le frère tango ? C’est d’autant plus intrigant que l’hirsute émir est frappé d’un lourd handicap. Il est unijambiste. Ce n’est pas de la discrimination physique que de rappeler qu’il est plutôt délicat de prendre la poudre d’escampette des geôles algériennes sur une patte, surtout lorsqu’on porte ce sobriquet d’El Para. Qu’on vienne me dire «Zut ! On a perdu Hassan Hattab !» à la rigueur, je comprendrais, Hattab jouissant de toutes ses capacités physiques. Mais un détenu ne pouvant se mouvoir que sur béquilles et qui disparaît ainsi au nez et à la barbe de tout ce que compte ce pays comme magistrats et comme forces de sécurité, nous sommes là dans la 3e dimension ! Mais au fait, maintenant que j’y pense : le procureur général sait-il au moins où se trouve Hassan Hattab ? Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L. 

ENLÈVEMENT, VIOL, PSYCHOTROPES, OR, DROGUE, ARMES ET AGRESSIONS : 52 personnes arrêtées en 4 jours

L’une des deux jeunes filles enlevées le 1er novembre dernier à Hennaya (Tlemcen) a été violée par l’un des ravisseurs. Le réseau de malfaiteurs, qui agressaient les passagers de la RN18 b, à Médéa, a été démantelé. Parmi les assaillants appréhendés, figurent deux femmes.

Cinquante-deux personnes ont été arrêtées et sept autres sont activement recherchées par la Gendarmerie nationale ; tel est le bilan des activités de lutte contre la criminalité et la délinquance du 1er au 4 novembre. Ces individus sont impliqués dans divers crimes et délits, comme les enlèvements, le viol, le trafic de drogue, d’armes et de psychotropes, association de malfaiteurs et agressions à main armée.

Dans l’affaire liée à l’enlèvement des deux jeunes filles (H. H., 21 ans et D. S. 17 ans) à Hennaya (Tlemcen), qui a, par ailleurs, connu un dénouement rapide grâce aux investigations des gendarmes, l’une des victimes a déclaré avoir été violée par l’un de ses ravisseurs. Les deux personnes incriminées sont actuellement activement recherchées. Aussi, note le Commandement de la Gendarmerie nationale (CGN), le réseau de malfaiteurs qui agressait à main armée les passagers sur la RN18 b, à Médéa, a été démantelé lors d’une opération menée par les gendarmes de Béni Slimane. Deux femmes faisaient partie de cette association de malfaiteurs qui sévissaient à hauteur du douar Ouled Allal.

Selon le même bilan, 5 autres complices sont présentement en fuite et recherchés par les services de sécurité. Une autre affaire similaire a également été élucidée dans la wilaya de Djelfa où 7 personnes ont été arrêtées pour vol qualifié, recel (1 véhicule de marque Renault Clio) sur la personne de L. R., 31 ans, résidant à Boussaâda, à M’sila. À Mostaganem, Jijel et Sétif, ce sont 13 personnes, dont des dealers, qui ont été appréhendées pour trafic de psychotropes et de résine de cannabis. Près de 500 comprimés et des petites quantités de kif traité destinées à être écoulées sur le marché local ont été saisis par les gendarmes qui ont, en parallèle, ouvert des enquêtes pour déterminer la provenance de cette marchandise.

Dans le même registre, 4 personnes, impliquées dans le trafic d’armes et de munitions ont été arrêtées par la section de recherches d’Oum El-Bouaghi. Bilan de l’enquête préliminaire : 1 pistolet automatique de marque Beretta, 1 chargeur et 50 cartouches de différents calibres. Leur origine, mais aussi leur destination feront l’objet d’une enquête poussée qui déterminera notamment si elles n’ont pas été subtilisées à des agents de l’ordre et destinées à alimenter le terrorisme.

En outre, près de 10 véhicules de tourisme et de transport de marchandises ont été interceptés par les gendarmes, notamment pour acheminement de marchandises sans facture et contrebande, transport de matériaux de construction, comme le rond à béton, de produits agroalimentaires, mais aussi d’or non poinçonné. La saisie de carburant figure également dans ce bilan exhaustif avec la récupération de près de 8 000 litres de gasoil aux frontières de Boukanoune, El-Abed, El-Djorf, dans la wilaya de Tlemcen, et Abdallah, El-Khenig et Bourenane, dans la région de Tébessa.

Toujours sur les bandes frontalières, les éléments des gardes-frontières (GGF) de Meridja (Béchar) et Goulita (Tébessa) ont récupéré 372 têtes d’ovins abandonnées par les contrebandiers spécialisés dans le trafic du cheptel en direction de la Tunisie et du Maroc. D’autres affaires liées à la contrebande ont été traitées par les gendarmes dans plusieurs régions du pays avec des saisies record d’articles d’habillement, de rond à béton et de gasoil. Signalons, enfin, que la Gendarmerie nationale de Sidi Bel-Abbès a arrêté 4 personnes impliquées dans l’abattage sans autorisation, vol et recel de plants, dont le pin d’Alep.

Par : Farid Belgacem

Argent et politique, une vieille histoire d’amour

“L’argent pourrit la politique.” C’est Belkhadem qui vient d’en faire la découverte et la révélation.

Le chef de l’ex-parti unique se plaint du fait que les places de sénateurs se vendent.
Où est le problème, pourrait-on se demander, si les sièges du Conseil de la nation se vendent, dans un pays rentier où tout se vend : les diplômes, les papiers d’état civil, les logements sociaux, les postes d’emploi… ?

Dans ce rapport contre nature, soyons clairs, ce n’est peut-être pas l’argent qui a commencé. L’histoire politico-financière de notre pays atteste plutôt de l’œuvre corruptrice de la politique.

Rappelons-nous : sans remonter au mystère du trésor du FLN, et bien avant que notre économie ne redécouvre le marché, le socialisme “spécifique”, ne pouvant souffrir le capitalisme exploiteur des travailleurs, nous imposait un système rentier exploiteur autoritaire des ressources nationales. La responsabilité, c’est le pouvoir de prélever sur le patrimoine national un appartement par-ci, un terrain par-là, un véhicule par là-bas. Une classe de familles privilégiées se formait et s’amplifiait au fil du temps pour prospérer, chacune en fonction de son niveau d’autorité, à l’ombre d’un socialisme qui enfermait les travailleurs et les cadres dans le carcan de la GSE et le monde rural dans l’illusion de la révolution agraire. Ce processus de formation de fortunes politiques fut même formellement légitimé par cette formule présidentielle, authentique ou pas, mais restée significativement célèbre : “Celui qui travaille dans le miel suce son doigt.”

L’article 120 servait de déclaration d’allégeance et de droit d’entrée dans un système prometteur pour ses adeptes. Le refus d’intégration au parti unique équivalait à l’exclusion. Faire dépendre toute ambition sociale du rapport au pouvoir : telle est la recette par laquelle la politique soumettait la société. Et qui hypothéquera l’évolution démocratique de notre pays tant que le pétrole peut encore financer le mépris national du travail et du mérite. L’essayer, c’est l’adopter ! Malgré l’avènement du multipartisme, la recette fait encore… fortune : il suffisait d’assujettir les partis et la société civile à un supra-pouvoir et d’en faire de simples voies d’obédience. Plusieurs articles 120 au lieu d’un.

Pourquoi, en effet, l’argent viendrait à la politique s’il n’y avait pas la bureaucratie, le passe-droit, la corruption et le trafic d’influence pour l’y obliger ? Et pourquoi la politique irait à l’argent si elle était contenue à son rôle par un État de droit ? Voyez-vous un riche homme d’affaires venir soudoyer un responsable si le fisc, la justice et toutes les institutions auxquelles il a affaire échappaient à tout usage politique ? Voyez-vous un cupide arriviste s’engager en politique si celle-ci n’était permissive aux manigances mafieuses ?

Cette histoire d’OPA sur les sièges parlementaires, c’est simplement la boucle qui est bouclée. Le cycle infernal est entretenu par le couple infernal : on veut faire de la politique parce qu’avec la politique on peut faire de l’argent. Et, inversement, avec de l’argent on peut faire de la politique. On voit bien qui des deux pourrit l’autre.

Par : Mustapha Hammouche

“Liberté” au caire pour l’avant-match : Avec les algériens d’égypte avant le 14 novembre

Quoi de plus logique que de connaître la situation des Algériens au Caire dès le début d’un séjour chez Oum Dounia ! Approcher tant que possible des Algériens résidents ou de passage. Pour commencer, se rendre au siège de l’ambassade d’Algérie était plus qu’indiqué.

situé au Zamalek (exactement à la rue Brasil), quartier réputé, tout au moins au passé, pour être le “Hydra” de la capitale égyptienne, la “maison DZ” paraissait bien vide.
Mis à part les employés et les diplomates rencontrés dans la grande villa, nous n’avions pas rencontré d’autres “catégories”. Ce n’était finalement qu’une question de “porte”. Pour voir du “mouvement”, il fallait faire le tour de la villa pour rentrer au consulat qui se trouve au sous-sol de l’ambassade. Sur place, il y avait beaucoup d’animation avec des employés qui speed, des bureaux avec des tonnes de paperasse. La bureaucratie nous suit même au pied des pyramides. “Rien à voir avec le match Égypte-Algérie” du 14 novembre, comme nous le dira un des employés. “Pour le moment, nous n’avons rien de précis sur les billets d’entrée que nous devons recevoir dans le cadre du quota algérien. On nous a dit qu’on en aura 2 000, mais c’est le flou total, et donc il n’y a aucune activité dans ce sens jusqu’à nouvel ordre”.

Les étudiants entre déception et enthousiasme

Dans le hall, une dizaine de personnes attendaient patiemment qu’on les appelle. La plupart sont des jeunes étudiants. Mohamed-Lamine, 23 ans, et Zakaria, 24 ans, ne sont en Égypte que depuis un mois et ils se sont inscrits dans la même université, celle d’Alexandrie pour des études en droit. C’est avec leurs propres moyens qu’ils se sont retrouvés ici. “Pour parfaire ma formation et être au plus près des ténors des sciences humaines qui se trouvent au Caire”, nous dira en premier Zakaria qui ne cachera pas son enthousiasme également. “Je suis plus que motivé pour avancer dans mes études, et ce que j’ai trouvé jusqu’à maintenant ici me satisfait malgré les petits problèmes qui sont tout à fait normaux”.

D’ailleurs, les deux ne tariront pas d’éloges sur les membres de l’ambassade. “Nous étions pourtant isolés dans une salle et personne n’écoutait ce qu’on se disait”, en soulignant presque à l’unisson : “On nous a facilité la tâche au maximum depuis le début, et c’est une grande surprise pour nous. Si seulement notre administration au bled faisait la même chose, ce serait vraiment extra.” Les deux jeunes étaient également d’accord sur l’accueil chaleureux des Égyptiens depuis leur arrivée. Ce tableau idyllique, assez surprenant au passage, s’est un peu estompé en discutant avec Salaheddine. Âgé de 28 ans, il était beaucoup moins enthousiaste que les autres. “Je viens de terminer mes études à l’Institut de recherches et d’études arabes relevant de la Ligue arabe après quatre années de dur labeur, et je vais quitter l’Égypte dès jeudi prochain, sans regret ; je ne crois pas que je reviendrai un jour.”

Avec beaucoup d’humour, il nous relatera plusieurs anecdotes depuis le début de son séjour chez les “autochtones”, avec des propos alliant remontrance et désolation. “Je suis venu ici par mes propres moyens et je suis loin d’être riche. Je travaille pendant mes vacances et avec cet argent, je rentre ici pour poursuivre mes études. Et c’est comme ça depuis quatre ans. Malgré mon statut d’étudiant, j’ai eu beaucoup de mal à survivre ici, surtout que tout est argent dans ce pays. Il faut tout le temps être sur ses gardes et cela pour n’importe quelle activité. Tous attendent de recevoir de l’argent de vous dès qu’ils sont au courant que vous êtes étranger”. Il ajoutera à propos des relations entre les deux peuples. “Je vais vous dire moi pourquoi les Égyptiens se méfient souvent de nous. Tout le monde pense que c’est seulement une question de football, pourtant c’est loin d’être le cas. C’est tout simplement parce que les Algériens ont appris rapidement à les connaître et au fil du temps, ils ne peuvent plus utiliser leur baratin qui est une très grande spécialité chez eux. Ils veulent être malins et nous, on a su découvrir leur manège ; par contre les autres touristes tombent très souvent dans le piège.” Toutefois, sur le ton d’une confidence, il ne cache pas qu’il est loin d’être “innocent” dans ce qu’il a vécu. “Il ne faut pas aussi penser qu’ils sont mauvais, au contraire ils sont très accueillants, mais c’est plus de la roublardise qu’autre chose, et moi je n’aime pas ça. D’ailleurs, ils ne se bagarrent jamais ni entre eux, ni avec nous, et c’est plutôt nous qui provoquons du grabuge, souvent. Moi-même je me suis bagarré au moins trois fois ici au grand étonnement des Égyptiens”.

En revenant sur les péripéties qu’il a vécues lui et des centaines d’autres étudiants, issus du même institut, concernant les nombreuses actions de protestation ces derniers mois devant l’ambassade ou même devant le ministère de l’Enseignement supérieur à Alger, pour protester contre le refus du ministère algérien de reconnaître leurs diplômes, il déclare que “je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi ils nous posent tellement de problèmes. Nous avons choisi les études et non el-harga et nous n’avons rien demandé. C’est avec notre débrouillardise que nous avons étudié ici, sans bourse ni aide, et voilà qu’ils ne se souviennent de nous que pour nous poser des problèmes”.

Avant de quitter l’ambassade, il n’oubliera pas de nous lancer avec le sourire. “Je suis impatient de rentrer au pays”. Mohamed-Lamine et Zakaria ne voulaient pas, de leur côté, nous “lâcher” sans parler du fameux match du 14 novembre. “Nous y serons inch Allah. Nous sommes déterminés à y aller et on n’attend que les billets et d’ailleurs plusieurs d’entre nous autres étudiants sommes en train de mettre les maillots de Ziani ou de Bouguerra en allant aux cours pour montrer que nous sommes tout aussi chauvins qu’eux (les Égyptiens, ndlr)”.

Ils ont tenu tout de même à préciser que pour le match, ils n’ont pas eu de problème avec les Égyptiens. “Jusqu’à maintenant, on ne fait que rigoler autour des pronostics avec eux, même si l’on sent que la pression monte de plus en plus chez eux ; d’ailleurs à chaque fois, ils nous répètent le même conseil : ne venez surtout pas au stade ! Mais cela ne nous fait pas peur évidement”.

La majorité aux algériennes

Cependant, les Algériens d’Égypte ne sont pas que des étudiants. Si on les estime à 5 000 environ, “ils font tous des allers et retours réguliers et c’est pourquoi on ne les considère pas vraiment dans nos statistiques ici”, nous indiquera un des diplomates algériens. “Il y a environ 2 000 résidents en Égypte et la plupart sont des femmes qui se sont mariées avec des Égyptiens”. Une majorité qui s’explique, selon les Algériens, par le fait qu’elles font connaissance avec leur mari en Algérie même. “Ce sont essentiellement les expatriés égyptiens qui travaillent chez nous et qui reviennent à chaque fois avec une femme dans leurs bagages, et comme nous avons beaucoup d’Égyptiens…”

Cependant, la situation est souvent “tachée” pour nos concitoyennes, comme nous le racontera un des Algériens rencontré au consulat. “En Algérie, elles sont au début ébahies par le niveau de vie de l’Égyptien dont elle tombe amoureuse avec tous les avantages qu’ils ont sur leur lieu de travail, mais dès quelles viennent en Égypte, c’est la déception totale. J’ai vu très souvent des Algériennes rentrer ici pour faire les démarches de divorce et rentrer au pays.”

Le menuisier copte du GPRA

Autre lieu DZ au Caire. Le Centre culturel algérien se trouvant à la rue Bank-Misr, au centre de la ville. C’est sur place que se rencontrent souvent les Algériens, essentiellement les étudiants, surtout pendant le Ramadhan pour passer leurs soirées ou encore pour le f’tour.

Personne sur les lieux. On nous indique le local d’un certain ammi Ïwade, menuisier du côté du quartier de Kasr El-Nil, qui connaîtrait bien la “maison” depuis plus d’une quarantaine d’années. Sur place, nous l’avons retrouvé en train de discuter avec un autre vieux autour d’un thé. Dès que nous lui avons dit que nous sommes venus d’Algérie, il s’est mis debout et a accouru vers nous prenant dans ses bras en criant presque : “Al-Gazaïr balade chouhada wa rigala (l’Algérie, pays des martyrs et des hommes, ndlr)”. Édenté et ayant beaucoup de mal à entendre, ce copte, qui doit avoir dépassé les 70 ans, nous invita à nous asseoir dans son atelier où il y avait sur un mur un grand tableau de la Vierge Marie ; il nous raconta ses relations avec les Algériens. “Je vous ai toujours admirés vous les Algériens avant même votre indépendance. Là où se trouve actuellement votre centre culturel il y avait en 1961 ou 1962 le siège de votre gouvernement provisoire, et un jour un des responsables du gouvernement est venu me voir pour faire une commande de tables et de chaises. J’ai accepté évidemment, mais j’ai tout de même demandé un contrat pour que je puisse être sûr d’être payé, ce qui est une démarche naturelle. La réponse de cet officiel m’a plus que surpris, et je ne l’ai jamais oublié. Il m’avait dit que chez lui, la parole valait tous les millions de contrats qui puissent exister et que je serai payé rubis sur l’ongle. Il a tenu parole et je lui ai fait un excellent travail.” Il faut aussi préciser que mis à part l’ambassade et le Centre culturel algérien (uniquement pendant le Ramadhan), il n’y a pas d’endroits spécifiques où se regroupent les Algériens au Caire. Les étudiants sont ainsi éparpillés dans plusieurs quartiers de la ville de plus de 17 millions d’habitants. Chacun selon ses moyens financiers en louant des appartements souvent en colocation dont le prix varie du double au triple selon le quartier. Tous doivent néanmoins s’acclimater avec le rendez-vous du 14 novembre. Il suffit qu’un Égyptien sache que vous êtes algérien pour que lui, et tous ceux qui sont à ses côtés, disent en chœur : “Ha nikssabkoum yawme (on vous battra) le 14 prochain”.

Par : Salim Koudil

L’Entv zappe le film posthume de Michael Jackson

«L’erreur est humaine, le pardon divin.»
Alexander Pope "Extrait de Essai sur la critique"

Au moment où toutes les télévisions de la planète ont fait un accueil triomphal au documentaire sur Michael Jackson, This Is It, sorti dans le monde le 28 octobre 2009, il a été zappé à l’Entv, jetant cet événement, à la fois musical et cinématographique, aux calendes grecques. Mieux, l’Entv a parlé dans les titres internationaux de cet événement qui a mobilisé tous les médias du monde dès la matinée du 28 octobre, mais a oublié d’envoyer une équipe pour filmer au moins une image de la présentation du documentaire à Alger. Et pourtant, l’Algérie était, pour une fois, à la page de l’événement et les organisateurs Euro Rscg avaient choisi de diffuser le documentaire en même temps que toutes les capitales du monde.

Les organisateurs étaient aux petits soins, et même si on a préféré éviter d’envoyer des invitations pour ne pas créer l’émeute, la salle au niveau de l’Oref était archicomble.
Pourquoi donc la Télévision ou même ses extensions au 21 boulevard des Martyrs ne s’est pas intéressée, alors que sa première mission en tant que média public est de rapporter l’information? Pourquoi on fait un sujet sur un artiste peintre qui n’est même pas connu dans son quartier, sur une chanteuse qui débute ou sur un poète qui rêve en solo et ne pas faire un petit reportage de 2mn sur la star la plus célèbre de la planète? Il faut dire qu’aucun journal ou média n’a fait la une sur l’événement, car au-delà des jugements de valeur, ce documentaire est en lui une invitation à la fête et à la mémoire de la culture universelle.

Pourquoi l’Entv a complètement zappé cet événement qui aurait pu donner l’image d’une Algérie comme étant un pays à l’affût de l’actualité musicale internationale, comme un pays moderne et une jeunesse branchée qui organise des événements au même titre et à la même heure que Paris, New York, Hong Kong ou Dubaï?

Que l’Algérie, ce n’est pas seulement les images des attentats, des manifestations d’islamistes, des expéditions de harraga et des défilés hystériques de nos sympathiques supporteurs. Ce documentaire de Kenny Ortega, This Is It (qui signifie en français c’est tout ou c’est fini) a été diffusé dans une salle nouvellement équipée de Dolby Sound. Cet effort de qualité des organisateurs algériens a été également sacrifié à cause d’une mentalité rigoriste qui, au nom d’une certaine idée ou d’une certaine idéologie, a zappé un événement international qui venait de frapper à leur porte.

Initialement prévu pour rester deux semaines en salles en France, le film restera finalement à l’affiche jusqu’au mardi 1er décembre 2009 inclus. Sony met en avant le succès critique et public de This Is It (640.000 entrées en un week-end), le chiffre est malheureusement plus faible en Algérie, puisqu’aucune annonce publicitaire n’a été diffusée à la télévision et à la radio pour faire la promotion de l’événement.

Amira SOLTANE

La dernière chance du COA

C’est samedi prochain que le sort du bureau du Comité olympique algérien se jouera dans une assemblée générale démunie et affaiblie par tant de manipulations et de manœuvres responsables de l’état du mouvement sportif national et de la faiblesse du niveau de performance de toute les disciplines.

La composante même de l’AG élective est discutable dans la mesure où, et au-delà des mauvais élus au niveau de certaines fédérations, la majorité des membres ne sont pas représentatifs de panels sportifs, d’acteurs économiques, sociaux et de lobbies capables de donner un souffle au COA, tant au plan national qu’international. L’argent est le nerf du sport. Si le COA avait une composante représentative de la technicité, du savoir-faire, de l’imagination, du monde des finances, de femmes et d’hommes influant sur la scène sportive nationale et mondiale, des écoles de formation auraient été mises en place au profit de millions d’enfants et jeunes à travers toutes les régions du pays, qui n’attendent qu’une prise en charge et un développement de leurs talents innés, pour constituer une réserve pour les différentes disciplines sportives olympiques afin que l’Algérie cesse d’être confinée dans des disciplines classiques propres à un sous-développement chronique.

Les privilèges que confère un siège à l’Assemblée générale et au bureau du COA sont liés à une réelle responsabilité, à un engagement en faveur du sport national et au cahier des charges qui est loin d’être une sinécure ou une rente. S’il n’y a pas une réelle prise de conscience de tous ces enjeux, le mouvement sportif national et, par extension, l’image de l’Algérie sur la scène internationale, risquent de poursuivre la descente aux abîmes. Les instances sportives nationales sont autant responsables de la situation de la jeunesse algérienne que les autres départements ministériels et institutions en charge du bien-être social.

Quel rapport a le COA avec les écoles et les universités algériennes pour promouvoir les différentes disciplines sportives ? Le COA dispose-t-il de démembrement au niveau local afin qu’il puisse agir dans les quartiers et faire un travail de proximité auprès des enfants et des jeunes pleins de ressources et de dynamisme, hélas mal canalisés et mal exploités. Ce sont là les défis réels et sérieux des responsables du sport national qui doivent semer l’esprit et les valeurs de l’olympisme que sont la paix, la coexistence et la cohabitation de toutes les différences en harmonie.

Ces objectifs sont autant de défis qui doivent être des critères en amont et en aval de tout choix d’un membre de l’AG et du bureau du COA. Malheureusement, les voies de la rente sont impénétrables et les parasites qui infestent le mouvement sportif ont la peau dure tant elle est imperméable à la raison qu’imposent l’intérêt public et le salut du sport national.L’AG élective du COA qui a fait couler beaucoup d’encre et a été reportée à plusieurs reprises, suscite les convoitises de ceux qui ne pensent qu’à leurs affaires personnelles. C’est pourquoi elle risque d’être, ce samedi, une montagne qui accouche d’une souris, sans plus.

Par Abdelkrim Ghezali

Le couffin

Peut-être que l’Algérien n’est pas un homme comme les autres? Peut-être que cette société où nous nous débattons chaque jour, avec des problèmes qui ne semblent être faits que pour nous et que par nous-mêmes, est d’une curieuse spécificité? Si Claude Lévi-Strauss avait eu au moins l’amabilité de se pencher sur nous, peut-être que nous en saurions un peu plus long sur les pulsions secrètes qui guident nos pensées et déterminent nos actes?

Au moment où des débats intenses agitent d’autres sociétés autour de multiples problèmes existentialistes capitaux comme par exemple la sécurité des réacteurs nucléaires dans un environnement où les pollutions traditionnelles tendent à être, sinon maîtrisées, du moins réduites au strict minimum, la culture des OGM dans une agriculture qui produit au-delà des besoins de consommation de la société, la réforme à donner à l’école afin qu’elle fournisse aux entreprises économiques les agents nécessaires à leur épanouissement, les réformes du système de santé pour que tous les citoyens puissent y avoir accès sans discrimination aucune, de meilleurs rapports entre la justice et le justiciable, le fisc et le contribuable, l’administré et l’administration, l’humanisation de la vie carcérale, le recyclage des déchets pour assurer un développement durable, un aménagement du territoire qui laisse de la place aux espaces verts et de loisirs, une place de plus en plus grande à la culture, une plus grande transparence dans la gestion des affaires publiques, enfin des solutions pour donner à chaque citoyen la chance d’intégrer une société de plus en plus équilibrée où il fait bon vivre une vie de plus en plus longue.

Eh bien! toutes ces préoccupations, vous ne les trouverez pas derrière le front ridé de ce quidam qui vient de passer deux heures dans les locaux de la poste de son quartier, pour la bonne raison que depuis qu’a été adopté le système du «ticket», censé mettre fin au désordre et aux passe-droits, le service marche au ralenti, à la vitesse «d’une tortue munie d’un frein», comme le disait mon ami El Ghoul (pas celui des trémies et des ponts et chaussées, mais le regretté ogre d’Alger Républicain). Et ce n’est pas du tout dû à la mauvaise volonté des agents qui font ce qu’ils peuvent...

Et pourtant, le rush des retraités et des salariés est bien fini! Et ce n’est pas tout! Une fois le calvaire du guichet subi, l’homme au couffin (c’est comme cela qu’on l’appelle depuis longtemps), devra affronter les dangers des petites ruelles du marché couvert où l’attend une association de malfaiteurs qu’on appelle par euphémisme «des commerçants»: ce sont des détrousseurs qui font la loi, la loi du marché comme on dit pour justifier l’injustifiable.

Non seulement, ils ont le pouvoir de faire valser les étiquettes sans qu’une note de musique ne soit perceptible à l’horizon bouché, mais ils ont l’outrecuidance de choisir eux-mêmes les déchets dont ils veulent se débarrasser: à prendre ou à laisser. Et on ne peut que prendre pour ne pas rentrer bredouille au bercail. Pourvu que le maigre pécule récupéré à grand-peine à la poste suffise! Mais ce n’est qu’à la sortie du marché que le regard s’éclaire: de jeunes supporteurs passent dans une voiture bondée avec des drapeaux déployés. Les slogans font chaud au coeur; sûr que le 14, on battra les Egyptiens! Mais ça ne remplira pas le couffin!

Selim M’SILI

Comment avoir la peau des industriels de la mort?

Dans leur lutte contre les pièces de rechange automobile contrefaites, les autorités algériennes ne doivent pas se faire d’illusion.

C’est une solution mais pas la solution. Depuis lundi dernier, les importateurs de pièces de rechange automobile sont soumis par le gouvernement algérien à une nouvelle réglementation. Désormais, ils doivent présenter un certificat d’homologation signé par les constructeurs pour prouver que l’usine qui fabrique ces pièces répond aux normes édictées par la maison mère. La mesure vise essentiellement à réduire le nombre effarant d’accidents de la route que connaît notre pays.

Elle devrait normalement être applaudie par les concessionnaires des marques automobiles qui se voient encouragés à développer leur service après-vente qui est une manne non négligeable. Même si l’industrie automobile n’est ni celle de l’informatique qui mise plus sur ses consommables ni celle des cosmétiques dont l’image de marque est le principal vecteur de son développement. En effet, l’industrie automobile s’entoure d’équipementiers, c’est-à-dire de sous-traitants, pour l’essentiel des pièces composant un véhicule. Ce qui veut dire que la contrefaçon n’a pas pour eux les mêmes incidences économiques que les autres secteurs industriels cités plus haut.

Outre cet aspect purement économique, pourquoi la nouvelle réglementation n’est qu’une solution mais pas l’unique pour réduire l’hécatombe sur nos routes? Pour plusieurs raisons. La première est qu’il n’est pas certain que l’industrie automobile joue le jeu de manière rigoureuse dans ce rôle de certification qui induit pour elle des frais supplémentaires de gestion. L’autre raison est qu’il n’est pas sûr que la capacité de production des équipementiers agréés, puisse satisfaire à la fois la demande des constructeurs et celle des importateurs. Et enfin, il y a cette difficulté à apporter la preuve que la cause d’un accident est dûe à une défaillance mécanique.

On le sait, on le dit, une partie non négligeable des accidents de la route ont pour origine une cause mécanique. Quant à le prouver, c’est une tout autre question. Il faut des expertises, des contre-expertises, des laboratoires, etc. On peut y inclure la participation active des sociétés d’assurances qui trouveraient leur compte à retirer leur responsabilité et ne pas rembourser les dommages dans les cas d’accidents liés à des pièces non conformes. Mais alors, ce serait engager le consommateur dans de très longues procédures, laborieuses et décourageantes.

Dans leur lutte contre les pièces de rechange automobile contrefaites, les autorités algériennes ne doivent pas se faire d’illusions. Ils ne pourront compter sur aucun patriotisme économique des importateurs ni sur des considérations sociales et humanitaires de la part des constructeurs dont l’unique credo est le profit.

Dès lors, que reste-t-il à faire pour ne plus enterrer chaque année plus de 4000 personnes qui meurent sur nos routes et, pour un bon nombre d’entre elles, à cause d’une défaillance mécanique? La plus efficace des mesures serait de réorganiser le circuit de distribution des pièces détachées dans notre pays et n’y laisser que les revendeurs agréés par les concessionnaires. Et nous voilà revenus à ce fléau qu’est l’économie informelle. C’est un tout autre débat qui dépasse de loin la portée d’une simple circulaire d’un produit donné. C’est pourquoi la mesure entrée en vigueur lundi dernier n’est pas la solution. Elle aura tout de même l’avantage de compliquer la tâche des fraudeurs mais n’arrivera pas pour autant à les éradiquer.

Il faut savoir que même l’Union européenne avec ses normes draconiennes et les différentes mesures qu’elle a prises pour se protéger, estime encore que 10% des pièces circulant dans son continent sont contrefaites. Ce qui ne veut pas dire qu’il faille que nous baissions les bras. Non, certainement pas, car un seul mort de moins sur nos routes vaut tous les efforts du monde. Cependant, il ne faut pas nous leurrer et croire avoir réglé le problème avec la décision de lundi dernier. C’est une solution en attendant d’autres. La réflexion sur les moyens de lutte contre la contrefaçon doit se poursuivre. Nous ne sommes pas au bout de nos peines. Sans mauvais jeu de mots.

Zouhir MEBARKI

La véritable mission

Nous savons pertinemment que, de toute façon, l’adversaire ne va pas dérouler le tapis rouge à une équipe algérienne qui partage le même rêve d’aller au Mondial-2010. L’essentiel est que le degré d’adversité se limite au cadre sportif.

La lettre envoyée vendredi dernier par la Fifa, à l’instance égyptienne, l’avertissant contre toute velléité de déstabilisation de l’équipe algérienne et de ses supporters au Caire pour le match décisif du 14 novembre prochain, semble avoir tempéré les ardeurs des responsables égyptiens. Le discours maladroit, chauvin, à la limite de la haine, véhiculé notamment par le président de la Fédération égyptienne, Samir Zaher et certains animateurs des médias qui sont allés jusqu'à assimiler les Algériens à des “terroristes”, a vite cédé la place à un langage plutôt serein.

Il ne se passe pas un jour sans que le très sérieux quotidien El-Ahram ne se fasse l’écho de déclarations émanant de responsables du football, appelant à un accueil chaleureux de “nos amis algériens, le 12 novembre prochain”, jour de l’arrivée au Caire de l’équipe algérienne. De ce point de vue donc la Fifa, qui a cherché à anticiper sur le cours des évènements en perspective d’un rendez-vous d’une sensibilité extrême, a voulu surtout mettre les autorités cairotes devant leurs responsabilités.

La désignation, quelques jours auparavant, d’un contrôleur de sécurité, le Suisse Gagg Walter, pour cette confrontation, s’inscrit également dans cette perspective. Les jours à venir nous renseigneront davantage sur le degré de réceptivité que les égyptiens auront donné à la mise en garde de la Fifa.

Pendant ce temps, la Fédération algérienne et les dirigeants de l’équipe nationale prennent acte des assurances égyptiennes. Cependant, les commentaires ne foisonnent pas à ce propos dans la presse nationale. Nous savons pertinemment que, de toute façon, l’adversaire ne va pas dérouler le tapis rouge à une équipe algérienne qui partage le même rêve d’aller au Mondial-2010.

L’essentiel est que le degré d’adversité se limite au cadre sportif. Tout se passera sur un terrain de football, fut-il celui du chaudron Cairo Stadium. Et là, les Verts auront incontestablement des atouts à faire valoir. Ceux d’une formation franchement séduisante qui mène le bal dans ces qualifications depuis le coup d’envoi et qui n’aspire qu’à une seule chose : une fin en apothéose. C’est la véritable mission des Verts. Le rêve de tout un peuple. Le reste n’est que littérature !

Par : Samir Lamari

Ils seront plus nombreux cette année

Deux Ammar, un seul est...

Ce n’est qu’à l’audience que Ammar Ahmed, un sportif, avait un homonyme qui a fait des siennes, et s’est volatilisé...Et avoir un homonyme n’est pas toujours "délivrant".

Ammar Ahmed est dans de beaux draps. Il est poursuivi par - c’est curieux - le club de foot pour vol de...chèques. Or, il y a eu deux Ammar Ahmed qui ont dû être confondus. Et c’est le non-voleur qui est poursuivi.Des chèques du club de foot, qui errent sur le terrain. Envahis-sement de... Et c’est celui des ennuis.

«Le 16 mai 2004, j’étais à Istanbul, donc je ne pouvais pas être dans les environs de la daïra de Bir Mourad Raïs et je n’ai aucune relation avec les fameux quatre chèques égarés par le club», dit, le visage rouge, le prévenu qui a fait un voyage à travers la Turquie, la Tunisie, la Syrie. «Comment pouvez-vous vous rappeler ou vous étiez le 16 mai 2004, alors que nous sommes en janvier 2009?», demanda, curieuse et sereine, la présidente de la section correctionnelle du tribunal. Le prévenu prend à témoin le passeport et la PAF.

Cela n’empêchera pas évidemment le vif procureur de requérir un an de prison ferme.
L’avocat du prévenu va devoir expliquer au tribunal que si le secrétaire général du club a égaré des chèques enfermés dans un coffre-fort, ce n’est pas la faute de Ammar qui se trouvait en Turquie en qualité de travailleur. «Il y a eu un malentendu entre les deux Ahmed», qui n’ont ni la même physionomie, ni la même morphologie; on a utilisé la carte nationale d’identité d’un client qui doit bénéficier du doute.

Maître Benouadah Lamouri aura tout tenté pour expliquer ce que son client n’était pas arrivé à faire, à savoir qu’au moment où la juge demandait à Amar Ahmed le pourquoi de la réponse négative des services de la PAF qui n’avaient pas dans leurs archives de 2004, quelqu’un qui répond aux coordonnées de Amar Ahmed lequel aurait quitté le pays via l’aéroport Houari-Boumediene de Dar El Beïda, en mai 2007, l’avocat s’en est tout simplement remis aux mille réponses du prévenu qui n’a eu de cesse de répéter que les pages de son passeport contenaient les sorties sur la Turquie puis la Tunisie, ensuite la Syrie et encore la Turquie (Antalyia).

«Vous avez le pouvoir discrétionnaire d’aller aux recherches des fichiers», a proposé Maître Lamouri. Comme à son habitude, la juge dévisageait le prévenu, lequel malgré son sang-froid, laissait échapper des couleurs d’un SOS compréhensible. Sur ce blond de prévenu elle avait requis douze longs mois de prison.

Maître Lamouri s’était aussi aventuré sur le terrain du doute, car il avait saisi au bon moment, qu’il était impossible de livrer une guerre à la PAF pour une histoire de vol de chèques du club victime dont la responsabilité n’était pas aussi éloignée car, on n’a pas idée à laisser traîner des papiers de valeur «errer sur le terrain à envahissement», un bureau ouvert et peut-être même un coffre-fort ouvert aux quatre vents.

Avant que le juge ne prononce la relaxe au bénéfice du doute, Amar, lui, était sur une marge en espérant surtout revenir gagner une chaouar-ma à Istanbul où il vit et bosse, et il a assuré la présidente de prendre le premier vol dès cette semaine et tenter d’oublier les affres de la détention préventive, une détention abusive, hâtive, catastrophique, n’était la clairvoyance de la magistrate et surtout l’acharnement de l’avocat qui avait bien présenté les choses, s’arrêtant au bon moment sinon, le club de foot victime aurait été poursuivi pour «mauvaise gestion» Ah! non, l’article 424 du Code pénal n’existe plus, seuls les 350, 22 et 176 demeurent encore debout.

Abdellatif TOUALBIA

Contaminé ?

La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton «a renouvelé lundi soir à Marrakech le soutien des Etats-Unis à la position marocaine sur la question du Sahara occidental», nous annonçait une dépêche de l’AFP datée de Marrakech. Bien que nous soyons encore distant du 1er avril, la date qui sied le mieux à ce genre de scoop. Contaminé par la MAP ? «Plus royaliste que le roi», pourrait-on dire quand on connaît les propos exacts de Mme Clinton lors de sa conférence de presse et dans une interview à la MAP.

En professionnelle de la propagande et de la manip, la MAP connaît les limites de sa crédibilité. Elle a préféré cette fois déléguer ses dons et se décharger sur une voix réputée correcte. Mais qu’a dit effectivement Mme Clinton ? «Il est important pour moi de réaffirmer que la politique américaine concernant la question du Sahara occidental n’a pas changé», avait-elle affirmé. D’une éloquence notoire Mme Clinton n’a parlé ni de Sahara marocain ni de provinces du sud mais de Sahara occidental, territoire reconnu non autonome, qui reste en Afrique le dernier à décoloniser, mais qui a été totalement éjecté des accords économiques signés entre les Etats-Unis et le Maroc.

Si Mme Clinton entendait vraiment exprimer le soutien américain au projet moribond de l’autonomie, son vocabulaire est assez riche pour trouver les mots justes qui le disent sans laisser de place aux interprétations complaisantes. Certes, elle parle d’un plan amorcé sous Clinton. Or, à ce moment, le monde ne connaissait ni Mohamed VI ni son projet d’autonomie. Le monde connaissant le plan Baker qui prévoyait une autonomie d’environ cinq ans avec au bout un référendum d’autodétermination.

Le journaliste de l’AFP devrait connaître tout cela. «On a dû lui faire bouffer des choses à Marrakech. On est fort pour ça là-bas. Tout le monde sait qu’on excelle dans la chaa’wadha», me disait un confrère surpris lui aussi par l’insidieuse dépêche. Quoi qu’il en soit, la déclaration de Mme Clinton semblait ravir M. Mohamed Salem Ould Salek, le chef de la diplomatie sahraouie, puisqu’elle traduit «le respect des Etat-Unis du droit de tous les peuples à leur autodétermination», estimait-il sur les ondes de la Chaîne I nationale. Hilar…ant, non ?

Par Mohamed Zaâf