lundi 31 août 2009

Le cube (22)

Résumé des épisodes précédents : l’ouverture du cube a enfin été trouvée. Tout simplement en dessous. Le chef des services est bien sûr le premier à y être entré. Tout le monde – du moins ceux qui sont encore sur la plage – est debout, face au cube, attendant la fin du mystère. L’attente n’a pas duré ; au bout de quelques minutes, la voix caverneuse du chef s’est faite entendre :

- Je savais que c’était l’œuvre du diable !
- De qui ? a demandé Jalil. Le chef est resté un moment à marmonner et jurer tout seul, puis il est ressorti.
- Alors chef, a demandé l’un de ses subalternes. C’est quoi ?
- C’est un bar ! Un bar en plein Ramadhan !
- Un quoi ? demande Jalil
- Un bar ! Un tripot. Un endroit où les gens boivent. Y a une table, des caisses de bière, un frigo, à manger, des chaises et un même un poste pour la musique. C’est un enfer !
- Un bar clandestin ? Dans un cube au bord de l’eau ? Ils pensent à tout, a murmuré Boubou, le maître nageur. Au début, personne n’y a pensé. Mais c’est la mère Bentob, revenue de son fourneau, qui a demandé :
- Mais comment ils entrent dans ce bar-cube ? Le chef a jeté un regard méprisant aux estivants, comme s’ils étaient responsables de ce cube :
- Y a un trou. Et un tunnel.
- Et il mène où ? Le chef a ajusté sa tenue :
- C’est ce qu’on va voir. Ajoutant à l’adresse de ses collègues :
- On y va. Les hommes en noir se sont engouffrés dans le cube. Puis dans le trou. Puis dans le tunnel. Noir. Le jeune sergent qui était devant a chuchoté au bout d’une vingtaine de minutes :
- Chef, y a une lumière au bout...
- C’est sûrement pas le paradis... Les hommes ont continué à avancer à quatre pattes dans le tunnel et sont sortis du trou. Au niveau du village de Sidi Krafess, près de l’APC. Ils se sont mis debout. Devant la mairie, ils ont trouvé Yu le Chinois, le père Bentob, Tchachali, Soad et Widad.
- Au nom de la loi, je vous arrête.

... à suivre

Par Chawki Amari

Les Chinois envahissent généreusement l’Entv

«Je l’ai ramené pour vous apprendre le taïshi, il est devenu Dahmane El Harrachi».
Athmane Bendaoud, "extrait du dialogue de la série Djemaï Family"

Au moment où on parle d’intégration des Chinois dans la société algérienne, voilà que ces derniers pénètrent à grand pas dans la société algérienne. Ainsi, après avoir occupé nos chantiers, nos commerces, nos rues, nos stades, voilà qu’ils débarquent sur notre petit écran, et par la même occasion dans nos foyers, durant ce mois sacré du Ramadhan. Bien sûr, ce n’est pas un film de Wu Xia Pian de Ang Lee, ni un film d’action de John Woo avec Chow Yun Fat, mais bien une série algérienne qui mêle comédie locale et société algéro-chinoise.

La série Djemaï Family a exposé pour la première fois (et ce n’est pas volontaire) dans sa série l’intégration des Chinois dans la société algérienne. Venus pour scanner le cerveau de Rezki jugé trop paresseux, She Shuan, un docteur chinois, se retrouve frappé par le sort flashé de ce dernier et adopte, depuis, le langage et les habitudes des Algérois. Alors qu’il tentait d’initier la famille Djemaï au taïshi, il se retrouve finalement transformé en Dahmane El Harrachi. Une situation comique, qui n’est pas loin de la réalité quotidienne sur le terrain, puisque le Chinois se rend même au stade pour supporter le Mouloudia et faire partie de la fameuse galerie des Chnaoua. Plus que jamais, les Chinois font partie du quotidien algérien.

Djaâfar Gacem fut le premier d’ailleurs, il y a quelques années, à inclure des comédiens chinois dans sa série Nass Mlah City, un épisode dans lequel il montre l’efficacité et le sérieux des travailleurs chinois face aux travailleurs algériens, toujours en grève. Aujourd’hui, il n’est plus le seul, plusieurs réalisateurs algériens ont introduit les Chinois dans leurs productions, pas comme des comédiens mais comme des figurants...intelligents.

C’est le cas notamment dans le film de Nadir Moknache, Délice Paloma, ou encore dans la série de Mohamed Sahraoui, El F’hama. Aujourd’hui, les Chinois qui sont plus de 30.000 en Algérie, sont sollicités, pour quelques dinars de plus, pour travailler dans des productions audiovisuelles nationales en tant que comédiens à part entière. La série loufoque et bien réussie Caméra Chorba a même recruté deux comédiens à plein temps et leurs noms apparaissent en mandarin dans le générique.

Mais la meilleure intégration des Chinois est perceptible dans l’épisode de la série Djemaï Family où le comédien chinois s’exprime en arabe dialectal, avec un soupçon d’oriental. Un comédien chinois qu’on est sûr de retrouver à l’avenir, puisqu’il sera appelé à interpréter d’autres rôles à la Télévision algérienne.

Cet épisode de Shi Shuan illustre aussi la générosité du peuple chinois et surtout son intégration facile dans la société algérienne, avec qui il ne possède pourtant ni passé colonial ou historique, ni diversité culturelle ou linguistique. Il est certain que cet épisode prochinois s’inspire de la culture générale de l’auteur et réalisateur Djaâfar Gacem qui, avec le portrait de l’Algéro-Américain Souaïli, de la famille indoue de Djemaï et bientôt avec la parodie des films turcs, sera incontestablement le plus créatif des producteurs audiovisuels en Algérie.

Amira SOLTANE

Le serpent de mer

Mon ami Sid-Ahmed est comme la majorité de ces concitoyens, ou plutôt il suit le comportement de la plupart des gens: pendant toute l’année, il est actif, il est ici et là, contactant ses nombreux amis, les stimulant en leur communiquant son dynamisme, sa bonne humeur ou son scepticisme. Il lit pratiquement tous les journaux lisibles et se met au parfum de toutes les nouvelles parutions des éditions nationales.

Il est insatiable! Il est au courant de tout et il a dans son répertoire de nombreuses anecdotes croustillantes concernant tous les sycophantes qui peuplent la scène du Tout-Alger. Mais pendant le Ramadhan, il joue les sous-marins: on ne le voit plus, on ne l’entend plus. Il ne faut pas croire qu’il a disparu, qu’il est parti passer le Ramadhan chez des amis au Maroc ou en Europe, histoire de fuir la morosité des jours de jeûne.

Lui qui a roulé sa bosse sur les quatre continents (il ne lui manque que le pays des kangourous à visiter) devient casanier pendant le mois où les marchés aux fruits et légumes sont pris d’assaut par une faune qui se plaint de la cherté de la vie en remplissant des couffins qui empliront plus tard des dépôts d’ordures déjà surchargés. Bien que fin gourmet à l’occasion (lui, il emploie l’expression de bec fin), il relègue la gastronomie au second plan ne se contentant, quand il veut se faire plaisir ou quand il veut faire plaisir à un ami, d’un plat de sardines grillées arrosé comme il se doit, mais comme pendant le mois sacré, il subit un régime sans sardine, la moindre allusion à ce produit stratégique vendu il y a quelque temps à 300 DA le kg, le fait sursauter.


Ainsi, dès qu’il a lu un article paru dans la presse nationale relatant les déboires des pêcheurs algériens avec les armateurs turcs, il a sauté sur l’occasion pour me téléphoner et me taquiner amicalement sur un sujet que j’avais évoqué il y a deux années dans une de mes chroniques. Et comme un serpent de mer, cette affaire ressurgit avec en plus un tas d’informations relatant tous les micmacs qui peuvent se passer entre pêcheurs dans les eaux troubles de la pêche hauturière.


J’avais mis mon ami au courant de l’effet qu’avait produit ma chronique sur des personnes qui n’ont pas hésité à me téléphoner et à me rassurer qu’il n’y avait pas de lobby turc en Algérie, que la Turquie est un pays de droit et que tous les plaignants peuvent...


Et patati et patata. Mon ami Sid-Ahmed ne pouvait cacher comme à l’accoutumée son scepticisme: «Voilà un pays qui se prétend être le dixième constructeur naval du monde et qui fait non seulement des bateaux qui tombent souvent en panne mais qui ne respecte pas les contrats passés (en ce qui concerne les prix fermes et non révisables). Il y a quelque chose de louche là-dessous! Il doit y avoir des Algériens et des Turcs qui doivent s’en mettre plein la louche! Je me demande pourquoi il n’y a pas eu une enquête approfondie, genre Canard enchaîné sur ces affaires qui doivent avoir des ramifications qui vont loin. Et surtout pourquoi l’Etat algérien, par les ministères impliqués (Finances et Pêche) et les services consulaires ne prennent pas en charge ce contentieux.

Ce qui m’étonne encore plus, c’est le choix de la Turquie comme fournisseur. Si j’avais le choix, moi j’aurais pensé tout de suite au Japon qui fait des pêches miraculeuses en tous temps et en tous lieux.

C’est une idée à creuser! Saha F’tourek!» Il raccrocha me laissant seul en face d’une salade assaisonnée de thon, pêché quelque part en Méditerranée.

Selim M’SILI

Amour en or

Boubekeur B. fait connaissance avec une charmante étudiante dans un salon de thé. Elle attendait des cadeaux. Il lui ôte sa bague. La juge est chargée de rendre justice...

L’étudiante est ap-puyée à la barre. La présidente écoute, la victime raconter comment elle a lié connaissance avec Boubekeur, 27 ans, un inculpé qui va avoir l’occasion de faire connaissance avec le poursuivant, Sayeh, en l’occurrence un procureur qui ne mélange jamais la loi et les sentiments. La jeune fille donne la version du vol de la bague.


La magistrate se retourne vers le détenu, debout au box et invite l’inculpé à s’expliquer. «Il n’y a rien de vrai dans tout cela. C’est moi qui lui ai offert deux bagues, pas une!», proteste timidement Boubekeur qui ne va plus quitter son avocat des yeux.


Nouredine Sayeh, le procureur entre en scène et pose une question à la réponse significative: «Comment vous êtes-vous connus et où?» «Au salon de thé du centre de la capitale. On avait convenu de faire connaissance, une plus ample connaissance, mais par sa faute, tout a foiré. C’est une imbécile. Elle ne parlait que bijou. Alors que pour moi, c’est elle le bijou», se lamente l’inculpé qui est franchement effarouché.


La victime, elle, forte de son statut d’étudiante, use et abuse de l’arabe littéraire, croyant chloroformer rapidement, cette juge bilingue sans compter le tamazight qu’elle utilise occasionnellement.


Invité à requérir, Sayeh, le représentant du ministère public réajuste sa fine paire de lunettes, prend soin de bien fixer le duo d’adversaires, le temps du procès et laisse échapper sans sourire: «L’affection, l’amour et la passion mènent souvent au bonheur. Aujourd’hui, nous avons deux jeunes qui ont mis ces trois grands mots en sous-mandat de dépôt et laissé la bêtise s’exprimer. Qu’y a-t-il dans ce dossier? Simple comme bonjour», a dit entre les mâchoires le parquetier avant d’aller au fond: «L’inculpé ne s’est pas rapproché de cette jeune étudiante par amour.

C’est la bague qui l’a poussé à jouer la comédie d’un rapide coup de foudre», a ajouté le représentant de la société au nom de laquelle, il va réclamer une peine de prison ferme de trois mois pour ce jeune délinquant primaire, «histoire de lui apprendre de ne plus jouer avec les sentiments des autres pour s’approprier un bijou qui ne lui appartient pas». La juge invite alors la défense...


Visiblement intéressée par l’affaire, l’avocate du prévenu s’en prend à la victime: «C’est une étudiante. Elle n’est ni bête, ni sotte, ni rien. Il n’y a aucune escroquerie. Ils se sont appréciés. Il lui a donné le numéro de téléphone de son portable et jamais son nom de famille. C’est une liaison qui a été étouffée dans l’oeuf. Ce n’est pas une liaison conjoncturelle», a sifflé l’avocate décidée à tout.


Puis elle revient un instant sur le pseudo-délit d’escroquerie car il n’avait rien à lui offrir ni encore moins à lui donner.


«C’est un pauvre mec démuni, à la limite du misérabilisme» (la victime rigole et l’inculpé lève la main pour protester). C’est la présidente qui va faire cesser les hostilités en mettant en examen le dossier jusqu’à la fin d’audience et elle annonce la relaxe au bénéfice du doute.
Ah! ces liaisons langoureuses, mais dangereuses...

Abdellatif TOUALBIA

A quoi joue l’OMS?

Si l’on devait faire un bilan de la grippe porcine depuis les premiers cas signalés au Mexique et aux Etats-Unis en avril dernier, on remarquera qu’elle n’aura fait que du bruit. C’est l’OMS qui orchestre et rythme le tapage. C’est toujours l’OMS qui a «escaladé» tous les niveaux d’alerte pour atteindre le niveau 6 (le dernier) en moins de quelques semaines. C’est encore cette même organisation qui vient de déclarer le virus H1N1 dominant dans le monde. Ce qui signifie que le vaccin de la grippe saisonnière sera délaissé au profit de celui de la grippe A. Ce qui veut dire aussi que dans certains pays il n’y aura ni l’un ni l’autre sachant que le premier ne sera pas fabriqué et que le second vaccin de la grippe A ne sera d’abord servi qu’aux plus puissants.

Un vaccin dont personne ne sait s’il sera administré en une ou deux doses mais qui n’empêche pas la ministre française de la Santé de déclarer avoir reçu une première livraison sans en préciser la quantité.


D’autre part, aux Etats-Unis un décret exécutif vient d’être signé et accorde l’immunité aux laboratoires produisant les fameux vaccins contre d’éventuelles poursuites judiciaires. Bizarre, non? Si des poursuites judiciaires sont à craindre c’est qu’il n’est pas exclu que le vaccin fasse lui-même des dégâts. D’où le grand débat entre vaccination obligatoire ou pas.


On a la désagréable impression que l’OMS joue actuellement à attiser la peur par ses communiqués jamais rassurants mais plutôt volontaristes «enveloppés» au nom du principe de précaution. Le plus inquiétant est que l’arrêt de la fabrication du vaccin de la grippe saisonnière permettra de gonfler les statistiques des victimes de la grippe A. Bien malin, en effet, celui qui pourra faire la différence entre les deux grippes. Mais on prendra toujours celle qui fait peur. Pour l’anecdote, même les dindes n’y ont pas échappé. Celles du Chili ont été malades du virus H1N1. Il est fort à parier que les chrétiens passeront Noël sans dinde.


Alors qui croire? Que comprendre? Où s’arrête l’information et où commence la manipulation? Dans quel but? Il est prévu une deuxième vague du virus, puis une troisième. Comme autant de coups de boutoir. La seule chose dont on peut être sûr est l’impact économique du virus. Dès l’automne, tout proche d’ailleurs, il faudra s’attendre non seulement à voir des écoles fermées pour cause d’épidémies mais assister surtout au ralentissement des économies de tous les pays pour cause d’absentéisme dû à la grippe A. Aux dernières nouvelles il paraîtrait que la directrice de l’OMS est en train de réfléchir avec ses collaborateurs sur le meilleur moyen d’ajouter un niveau supplémentaire à l’alerte mondiale. Histoire de faire encore plus peur.

Zouhir MEBARKI

Imagine !

Après les Étas-Unis, la France et d’autres nations, l’Algérie est en train de négocier avec les autorités helvétiques un accord visant à lever le secret bancaire sur les comptes de nationaux dans les banques suisses.

Non, ne vous affolez pas ; ce n’est qu’un canular que nous démentons tout de suite ! Ce n’est pas pour demain que ce genre d’imprévus vous surprendra. Et le fils de ministre qui le désire peut continuer à faire des excès de vitesse dans sa limousine sur les avenues de Genève avec vingt mille euros d’argent de poche dans la boîte à gants.

Et ne rêvez pas, vous autres ! Ce n’est pas demain que, dans notre système, l’on confondra un pair pour avoir expatrié sa part de prébende. D’ailleurs l’argent est goulûment moissonné pour être dépensé ailleurs. Le pays a été volontairement ramené à un état de sous-développement avancé en matière de qualité ; il n’a pas eu les investissements ni les libertés qui lui permettraient de profiter de la prodigalité de ses rentiers. Les vigiles lâchés contre la société achèvent d’en faire un désert culturel et de loisirs. Le beau, le bon et l’utile, il faut aller le chercher à l’étranger. C’est pour cela que nos parrains, qui disposent de l’argent du sous-sol national, commencent par ouvrir un compte aux bons endroits avant d’envoyer leurs héritiers apprendre à jouir de la modernité dans ces lieux-là.

Et malgré cette politique de terre brûlée, de sous-sol asséché plus exactement, nos tuteurs fatals ne comprennent pas que les enfants de pauvres prennent le chemin de la harga et les mettent en prison quand ils en réchappent. Il n’y a pas que le chômage qui les accule au large : même avec un travail rémunéré, ils n’ont rien à espérer, tout étant soit inaccessible, soit introuvable, soit “la yadjouz”.

Cela dit, l’Algérie, n’est-ce pas mieux que la Suisse en matière de fonds secrets : on n’a même pas besoin d’y ouvrir un compte pour s’asseoir sur sa fortune : les sachets noirs, qui servent légalement aux mouvements et aux dépôts de capitaux, suffisent à… blanchir les fortunes douteuses. Il paraît, d’après certains comptes rendus d’affaires de détournement, qu’on a vu de l’argent se déplacer par bennes de camions. On n’a pas besoin de demander un chéquier et on n’a pas de raison d’avoir une carte bancaire ; on n’a donc même pas besoin d’ouvrir un compte pour prospérer.

Des affaires de malversations, notamment celles entourant le programme de financement du développement agricole dit PNDRA, font régulièrement la “une” des journaux sans que cela ne perturbe ni les concernés ni les institutions. Comme dans le cas de l’affaire BRC ou autres, la caravane de la rente passe.
Non, ce n’est qu’un canular. De ce côté, rien à redouter pour les uns ; rien qui puisse les réjouir, pour les autres.
Au contraire, voici la bonne nouvelle pour les fortunés algériens, numérotés ou pas, des banques suisses : l’Algérie a ratifié, le 31 décembre 2008, “la convention entre le gouvernement de la République algérienne démocratique et populaire et le Conseil fédéral suisse en vue d’éviter les doubles impositions en matière d’impôts sur le revenu et sur la fortune” qui avait été paraphée à Alger le 3 juin 2006.

Mustapha Hammouche

Régulation

Tous les spécialistes sont unanimes à dire que l’ouverture de notre marché, après des années de monopole étatique, ne s’est pas accompagnée d’une mise en place de mécanismes de contrôle et de régulation, lesquels, faut-il le souligner, existent dans les pays du libre marché.

D’abord une parenthèse pour rappeler que ce membre du gouvernement a eu droit, l’année dernière à la même période, au même procès. Et, visiblement, les enseignements n’ont pas été tirés cette année puisque le citron, pour ne citer que l’exemple de cet agrume tant désiré, caracole à 350 dinars sur les étals ! Qui dit mieux ? Faut-il pour autant lui faire porter le chapeau d’une telle situation ? Sûrement pas, car la situation du marché, dont les prix ne sont qu’une conséquence, est dans une telle désorganisation, une telle déstructuration qu’il faut bien plus qu’une gueulante présidentielle, fût-elle de bonne foi, pour y mettre de l’ordre dans la logique.

Tous les spécialistes sont unanimes à dire que l’ouverture de notre marché, après des années de monopole étatique, ne s’est pas accompagnée d’une mise en place de mécanismes de contrôle et de régulation, lesquels, faut-il le souligner, existent dans les pays du libre marché. Chez nous, ce sont les intermédiaires, constitués en chaîne, et les barons de l’informel qui faussent les règles de l’offre et de la demande. Par conséquent, il serait vain pour les pouvoirs publics de vouloir sévir en organisant des descentes inopinées des agents de contrôle. La solution doit se situer en amont.

À propos, quid du projet de la création de quatre marchés de gros à vocation nationale ? Ces marchés avec d’autres structures de même nature au niveau régional, articulés à d’autres mécanismes, sont effectivement de nature à apporter la régulation au marché des fruits et légumes et à neutraliser les intervenants parasitaires qui faussent les règles du jeu. En somme, il s’agit non pas de contrôler les prix, qui restent libres, mais le marché sur lequel l’État est en devoir d’exercer sa puissance.

Le ministre du Commerce, qui se retrouve malgré lui en première ligne en ce mois de Ramadhan, assimilé à tort à ripaille et bombance, s’est fait vertement tirer les bretelles par le président Bouteflika. Principal grief retenu contre l’infortuné Hachemi Djaâboub : son incapacité, en tant que premier responsable du secteur du commerce, à endiguer l’envolée subite des prix sur les marchés.

Omar Ouali

Chaque doigt avec un métier !



Par Hakim Laâlam
Email : laalamh@yahoo.fr
Algérie. Le seul pays au monde où l’on distribue des couffins d’aide à une population qui ne compte pas de pauvres.

Allez ! Va comprendre !

Qui a dit que les Algériens, les hommes, sont des machos invétérés qui répugnent à certaines tâches que l’on assigne «habituellement» aux femmes ? C’est totalement ridicule ! Les hommes de mon pays accomplissent ces tâches-là admirablement. Il suffit juste de les mettre en contexte. Tenez ! Hier, en pleine rue, à la lisière d’une place fort fréquentée de la capitale, j’ai de mes yeux vu un homme cuisiner. En public. Et sans que cela provoque scandale, sans qu’il se fasse lapider ni étriper. L’homme, affublé d’un tablier très seyant, les cheveux et les ongles coupés ras, le visage rasé de frais, mitonnait amoureusement des boureks sur la place publique. Face à lui, des badauds en nombre le regardaient tout aussi amoureusement malaxer sa viande hachée, couper menu ses oignons, ses poivrons et ses herbes et concasser ses olives. D’une main alerte, habile et presque frêle, il saisissait une feuille de dioul, la plaçait bien à plat sur son espace de travail improvisé et s’employait à l’enduire délicatement, avec poésie, d’une fine couche d’huile d’olive dont la teinte verte révélait la noblesse. Et plus l’homme enduisait la feuille de dioul d’huile, plus l’assistance, composée exclusivement d’hommes, était captivée. J’ai même vu deux ou trois frères barbus fermer les yeux de plaisir, au bord de l’extase. Sur un petit réchaud décoré de jolis motifs fleuris, notre cuistot faisait à présent chauffer à feu doux de l’huile de cuisson versé doucement, par lampées afin de ne pas saisir la poêle, de ne pas la brusquer dans son feutré chuintement. Et que vous dire de l’accueil quasi triomphal, de la standing ovation que fit l’assistance lorsque l’homme entama lentement la plongée, un à un, lentement des boureks dans le bain d’huile ? Un empastillé à la barbe drue, aux sourcils sévères et au kamis immaculé fondit littéralement en larmes. Les hommes étaient en communion sur ce bout de trottoir autour de l’un d’eux, l’un des leurs, un homme, un mec, un vrai, drapé dans un tablier et qui cuisinait. Bon Dieu ! Mais pourquoi donc ne cuisinent-ils pas le reste de l’année ? Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.


H. L.

Ceux du banc de touche

Farouk Hosni est un ministre de la Culture, sans doute controversé, mais reconnu dans son pays, l'Egypte. Cependant, sa candidature à l'Unesco a suscité une violente campagne d'hostilité chez une partie des opposants à Hosni Moubarek. La candidature de Farouk Hosni à la direction générale de l'Unesco est appuyée par la majorité des pays arabes, dont l'Algérie.

Comme nul n'est prophète en son pays, l'Algérien Mohamed Bédjaoui a été prié de ne pas concurrencer le candidat de Moubarek. On lui a donc enjoint d'aller voir ailleurs s'il n'y avait pas une sinécure de préretraite disponible. Car, désespérant de voir le gouvernement qu'il a servi et resservi parrainer sa candidature, Bédjaoui a voulu jouer les «freelances». Il a déposé son dossier de candidature presque en catimini, et avec le soutien et le parrainage du... Cambodge. Pour accéder à la science, allez s'il le faut jusqu'en Chine ! Mohamed Bédjaoui s'est conformé à ce précepte, mais, connaissant les relations sinoalgériennes, il n'a pas poussé jusqu'à Pékin. Colère des Egyptiens qui ont vu, dans cette candidature inattendue, un danger pour leur étalon (1) et un coup de Jarnac des Algériens. Nos dirigeants se sont empressés de clamer leur innocence, à leur manière habituelle : ils ont jeté Bédjaoui dans la fosse aux hyènes. Pour s'en sortir, le pauvre Bédjaoui, qui a trop servi, s'est résigné à se retirer de la course à l'Unesco.

Les Algériens auraient pu plaider la cause de leur concitoyen en plaidant sa compétence, sa renommée internationale, etc. Avec un peu de mansuétude, ils auraient pu invoquer l'âge avancé de Mohamed Bédjaoui, mais allez donc savoir... Le pire, c'est que l'homme soit éjecté à ce moment de sa vie, c'est-à-dire sans grand espoir de revanche (2). Toutefois, Farouk Hosni ne s'est pas contenté d'épingler à son tableau de chasse la tête à barbichette de l'Algérien Bédjaoui. Il a fait en sorte d'étouffer le fracas des protestations internes ou d'en détourner le sens. L'idée de génie, et Farouk Hosni est doué, c'est de jeter en pâture, à la meute des opposants, une victime désignée, un bouc émissaire. C'est ainsi qu'il a fait décerner à l'historien Sayed Qimni la plus haute distinction que l'Etat réserve aux intellectuels et aux chercheurs.

Ils sont trois à avoir obtenu cette distinction ex aequo, mais seul Qimni, le laïc, l'adversaire acharné des intégristes, a été pris pour cible. Ce sont les avocats et les journalistes de la mouvance des Frères musulmans qui ont lancé la chasse à courre. Qimni, qui a privilégié l'Histoire au détriment de la mythologie islamiste, a essayé des projectiles de tous calibres, dont des fatwas de mort émanant de fonctionnaires d'Al-Azhar. Au fil des jours et des semaines, la campagne a enflé et a drainé d'autres voix hostiles.

Délaissant l'œuvre de Qimni, on a fouillé dans son passé d'étudiant et remis en cause la réalité de son diplôme de doctorat, obtenu à l'Université du Qatar (3). Jusuqu'ici, Sayed Qimni s'est tenu coi, en dépit de la persistance des attaques. C'est ce qui a sans doute découragé les velléités de certains de ses amis égyptiens, gênés par son silence. Seul le magazine web Middle East Transparency a lancé une campagne de solidarité avec l'historien. Il compare volontiers Qimni au penseur égyptien Farag Fodda, assassiné par les islamistes en juin 1992. L’un des rares écrivains à prendre fait et cause pour Qimni a même conseillé à ce dernier de quitter l'Egypte pour éviter de subir le sort de Farag Fodda(4).

Ce sommet de l'absurde a été atteint lorsqu'un «cheikh» cathodique s'est lancé lui aussi dans la curée. Interrogé par un animateur qui lui demandait ce qu'il avait lu de Qimni, il a répondu d'un air méprisant : «Je ne lis pas ce genre d'insanités. » Oui, en 2009 et dans le monde arabe, on brûle des livres sans les lire et on condamne des auteurs sans rien connaître de leurs œuvres. La phobie du livre a atteint un tel niveau en Égypte que le Centre culturel britannique au Caire a pris la décision de fermer sa bibliothèque, après soixante-dix ans de présence. L'attaché culturel britannique a expliqué laconiquement la décision en ces termes : «Les Egyptiens ne sont pas un peuple ami de la lecture.» La fermeture de la bibliothèque britannique au Caire n'aura pas, dans l'Histoire, l'impact de l'incendie de la bibliothèque d'Alexandrie, mais sa justification si.

Dans l'immédiat, il faut relever la réaction émue de notre confrère du quotidien Al-Misri- Alyoum, Adel Senhouri. Ce dernier estime qu'il ne faudra pas s'étonner si, à l'avenir, d'autres centres culturels, comme l'allemand Goethe ou l'espagnol Cervantès, ferment leurs portes. «Pourquoi s'étonner alors que le pays qui a fondé la bibliothèque d'Alexandrie a renoncé volontairement ou pas à tout ce qui faisait sa grandeur, notamment sa culture et ses livres», écrit-il avant d'ajouter : «Le chagrin est inutile lorsqu'on sait qu'un enfant, chez nous, consacre sept minutes par an à la lecture alors que l'enfant européen lui en consacre six par jour. Nous ne devons rien reprocher à nos pauvres enfants, sachant que nous consacrons moins de 400 livres par an à l'enfant. Alors que l'Europe lui en consacre plus de 6 000 et que les Etats- Unis éditent pour lui plus de 13 000 livres.»

Dans le quotidien concurrent cairote, Echourrouk, l'écrivain Ala Aswani(5) aborde le même thème de la décadence culturelle de l'Egypte. Pour lui, la seule explication au déclin du pays et à la fuite des cerveaux égyptiens, c'est la tyrannie. Sous le titre «Le peuple du banc de touche», l''écrivain compare les Egyptiens à des joueurs de football doués, mais peu appréciés par l'entraîneur, en l'occurrence le pouvoir.

«L'entraîneur, dit-il, n'utilise jamais ces joueurs qu'il n'aime pas. Il préfère désigner de mauvais joueurs en méforme qui perdent tous leurs matches. Seulement, dans les équipes de football, un joueur a le droit de rompre son contrat s'il reste plus d'un an comme remplaçant. Tandis que l'Egypte entière est assise sur le banc de touche depuis trente ans. Elle subit des défaites et des revers sans pouvoir s'y opposer. Est-ce que ce n'est pas un droit, voire un devoir, pour l'Egypte de rompre son contrat», affirme Alaa El Aswany. Voilà qui devrait inspirer l'ambassadeur Mohamed Bédjaoui, lorsqu'il assistera de son banc de touche à la probable élection de Farouk Hosni à la direction générale de l'Unesco. Il n'est jamais trop tard !


A. H.

(1) Le mot étalon est venu spontanément, je le jure, et je n'ai pensé aux mœurs sexuelles de Farouk Hosni qu'une fois que le mot m'est apparu imprimé.
(2) Si Dieu lui prête vie, il pourra toujours arpenter les allées des cimetières, en suivant l'enterrement de ses ennemis. Ça vous requinque, quelque part, de voir partir les autres, ceux dont on craint qu'ils nous survivent.
(3) Etrangement, l'Université du Qatar n'a ni confirmé ni démenti. Seul Karadhaoui, citoyen qatari, a nié l'existence de ce doctorat, tout comme il a rejeté l'œuvre de Qimni dans sa totalité.
(4) Je rappelle, et je le referai inlassablement, que seul l'écrivain Tahar Djaout a pris l'initiative de lancer une pétition condamnant l'assassinat de Farag Fodda dans l'hebdomadaire Algérie-Actualité.
(5) Autre originalité des chroniques de Alaa El Aswany, elles se concluent toujours par cette formule : «La démocratie, c'est la solution.» Ceci, par opposition au slogan «l'Islam, c'est la solution», utilisé par les Frères musulmans.

Secret-défense

La justice française n’entend pas, selon toute vraisemblance, lâcher le morceau dans l’affaire de l’assassinat des moines de Tibhirine exhumée 13 ans après, à la suite du témoignage de l’ancien attaché militaire à l’ambassade de France à Alger, le général François Buchwalter, mettant en cause explicitement l’armée algérienne. Selon des indiscrétions de la presse française, le juge d’instruction français en charge de ce dossier vient de saisir les ministères de souveraineté français (Affaires étrangères, Défense et Intérieur), leur demandant de lever le secret-défense lié à cette affaire.

Compte tenu des remous suscités par ce dossier au sein de la classe politique française et de sa surmédiatisation au sein de l’Hexagone, il apparaissait clairement que cette affaire n’allait pas s’arrêter aux commentaires et insinuations des médias, à un débat franco-français. Interpellé par ce débat, le président français, Nicolas Sarkozy, avait pris des engagements solennels devant l’opinion française pour que toute la lumière soit faite sur cette affaire, évoquant pour la première fois publiquement la possibilité de la levée du secret-défense et égratignant au passage l’Algérie par des déclarations aux accents franchement sentencieux.

Le cheminement suivi par ce dossier, passant d’un débat polémique politico-médiatique à une affaire d’Etat, ne laissait planer aucun doute quant à la levée rapide en France du secret-défense lié à cette affaire, au risque de voir le président Sarkozy éclaboussé politiquement par le traitement de ce dossier.

Il faudra s’attendre, dans les jours et semaines à venir, à une accélération des événements. Le juge d’instruction français a déjà établi une première feuille de route, à en croire les révélations de la presse française. Des personnalités françaises, d’anciens militaires algériens déserteurs, réfugiés à l’étranger et ayant des accointances avec le parti dissous, figurent sur la liste des témoins auxquels s’intéresse le juge Marc Trevidic.

Au-delà des investigations qui seront menées en France et dans certains pays européens où résident les témoins algériens que le juge français voudrait auditionner, il reste à savoir si le magistrat français s’est imposé des lignes rouges à ne pas franchir.

La mise en place d’une commission rogatoire, inscrite dans l’ordre naturel de la procédure judiciaire et qui aura pour mandat d’enquêter en Algérie, est-elle politiquement réaliste et réalisable compte tenu du caractère sensible des relations algéro-françaises et des bonnes relations existant entre le président Sarkozy et Bouteflika ?

Si une telle demande venait à être formulée, quelle sera la réaction de l’Algérie ? Une chose est certaine : cette affaire réunit tous les ingrédients d’une crise politique annoncée entre Alger et Paris avec toutes les conséquences que cela impliquerait sur les relations bilatérales.

Par Omar Berbiche

dimanche 30 août 2009

Le Ramadhan des harraga

Ramadhan pourrait donc servir de prétextes et d'aubaines à plein de choses, y compris les plus inimaginables. La spéculation, la boulimie, le terrorisme, la fausse dévotion, les bagarres, les affaires, la politique et l'oisiveté, on le sait, font depuis longtemps partie du paysage de ce mois. Mais on en découvre d'autres.

Tenez, dans son édition d'hier, un confrère arabophone nous apprend que les gardes-côtes ont mis un dispositif de surveillance spécial pour les harraga qui pourraient profiter de la baisse de vigilance ou de la réduction des troupes pour se faire la belle sans gros risques de se faire prendre avant même de prendre le large.

C'est connu, dans les entreprises d'une telle témérité, il n'y a pas plus bête que d'être arrêté sans avoir essayé. Psychologiquement, la harga est d'abord un défi que les jeunes candidats se lancent à eux-mêmes, avec, au bout, la fierté d'avoir réussi l'impossible pari ou la consolation morale d'avoir tout tenté, y compris en mettant leur vie en péril.

La perspective de se faire ramasser donc sur une plage ou à quelques centaines de mètres de là doit être le pire des cauchemars de ces jeunes qui, on le sait, ont aussi l'ego à fleur de peau. Aller peut-être en prison après un bide aussi monumental ou pire, revenir dans le quartier avec si peu de choses à raconter, une aventure qui a tourné court et une fin de parcours si peu glorieuse doit hanter plus que tout les nuits des brûleurs d'écume.

Ils doivent ainsi redoubler d'ingéniosité, mettre tous les atouts de leur côté et saisir la moindre aubaine qui puisse multiplier leurs chances de «réussite». Parmi ces aubaines, il y a bien sûr la léthargie générale qui prend confortablement ses quartiers dans le pays du premier au dernier jour du Ramadhan.

Ils sont plutôt bien placés, les harraga pour savoir que la vigilance est souvent à son degré zéro aux heures où on jeûne et surtout lorsqu'on… mange.

Parmi eux, il y a ceux qui ont «travaillé» tranquillement dans les parkings de voitures appartenant à des hommes assommés par le manque de nicotine ou en train de s'empiffrer le soir venu. D'autres ont eu tout le loisir de constater combien il était facile de s'esquiver du boulot à l'occasion de furtifs passages dans quelque entreprise. Il y a enfin ceux qui connaissent par cœur les opérations harga qui se sont terminées avant de commencer : jamais pendant le Ramadhan.

Mais maintenant que les gardes-côtes s'y mettent avec des dispositifs spéciaux et des instructions fermes, ça va être drôlement difficile. Ils ne désespèrent pas pour autant. Le jour de l'Aïd peut-être.

Slimane Laouari

Touche pas à mon mollah

La polémique suivant la mise en quarantaine du parti de Nouri El Maliki par ses frères chiites ne dissimulera pas le profond malaise que connaissent les relations syro-irakiennes. Ça sent fortement le roussi depuis que la demande du gouvernement de Baghdad au sujet de djihadistes qui se seraient réfugiés en Syrie après les récents attentats commis sur le sol irakien est restée sans suite. 

Plus question de supplier le voisin sunnite de faire «le ménage chez lui», l'Irak n'a pour priorité de l'heure que d'internationaliser l'affaire.

Les victimes des derniers attentats sanglants à Baghdad méritent autant que feu El Hariri que justice leur soit rendue devant un tribunal international.

Et si tel est le cas, il est évident que les autorités de Damas soient nécessairement amenées à répondre à des questions déplaisantes, aux limites de l'accusation, les fugitifs censés s'être réfugiés en Syrie. Rien à voir avec toutes les autres fois, quand le gouvernement Bush ressassait la cinglante facilité avec laquelle les combattants étrangers s'infiltraient en Irak, profitant de la perméabilité qu'offrait la frontière syro-irakienne.

Ne serait-ce qu'en raison du redéploiement de l'armée irakienne hors des centres urbains, le gouvernement de Baghdad ne peut plus se permettre l'inaction envers ses voisins. Il a fini par leur demander des comptes.

Le destinataire de sa première requête ? Le président Bachar El Assad qui venait à peine de rentrer de Téhéran où il a réaffirmé par voie de félicitations à Ahmadinejad la robustesse de l'alliance irano-syrienne.

Si les prétendues tentatives de l'Occident de vouloir déstabiliser les mollahs d'Iran avaient été vouées à l'échec, la création d'un tribunal international, spécial derniers actes terroristes en Irak, serait-elle cette manière détournée d'atteindre le régime iranien ? Celui-ci semble le croire et n'a pas tardé à dépêcher son chef de la diplomatie à Baghdad, histoire d'apaiser la tension entre Irakiens et Syriens. Il y va de ses propres intérêts, il y a des signes qui ne trompent pas.

Surtout que le renforcement des sanctions contre la république islamique a été assorti d'une nouvelle menace de frappes militaires que Benyamin Netanyahu a brandie à chacune de ses escales sur le Vieux continent après avoir réussi à suspendre les livraisons d'armes que la Russie s'apprêtait à livrer à son allié objectif iranien.

Il y va également des intérêts de la Syrie qui n'a pas terminé de payer les frais judiciaires de l'affaire El Hariri alors que sa prise de distances vis-à-vis du Liban post-législatives a rassuré Paris sans convaincre Washington. Hillary Clinton chaussera-t-elle les escarpins de Mme Rice pour rappeler au régime de Damas qu'il n'a pas fini d'en pâtir s'il venait à trop s'afficher aux côtés de celui de Téhéran ? La Turquie serait la mieux placée pour assurer la médiation entre l'Irak et la Syrie.

Et ce, après avoir démenti la demande d'envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan formulée par le secrétaire général de l'Otan, et au moment où Ankara fait circuler l'information selon laquelle des actes malveillants ont été commis en Turquie à l'aide d'armes livrées par les Etats-Unis à l'Irak. Décidément, tout est mis en œuvre pour sauver une fois pour toutes non pas le dernier des mohicans mais le premier des mollahs.

Par Anis Djaad

samedi 29 août 2009

La politique, c’est pas que pour les vieux

D’un côté, un règne gérontocratique absolu. De l’autre, les fameux 75% de jeunes Algériens. Match inégal ? Pas si sûr à voir de près cette nouvelle génération qui s’investit en politique, même si cette dernière a été décrédibilisée par le régime. D’horizons divers, engagés dans des combats idéologiques différents, les jeunes militants que nous avons rencontrés affichent pourtant le même but : le changement !

« Nous ne sommes pas ici pour les vacances », nous déclare d’emblée Kamal Khelass, 25 ans, étudiant et militant du FFS, rencontré en marge du séminaire de formation tenu par le Front des forces socialistes (FFS), les 18 et 19 août à Souk El Thnine, dans la wilaya de Bejaïa. Une centaine de jeunes militants du parti prennent part à ce rendez-vous politique.

Mais aussi de simples sympathisants, à l’exemple de Boubekeur Boutalas, 20 ans, de la wilaya de Mascara qui dit « vouloir adhérer au plus vite au FFS ». Le thème retenu pour la rencontre est « L’université algérienne ». Les interventions des jeunes militants n’ont rien à envier à celles des conférenciers : pertinence, précision et structuration sont leurs idées. Pour tribune, ils n’ont que des chaises installées en plein air, dans un camping. « Je sais que cela n’a rien à voir avec les chalets du Club des Pins. Le plus important pour nous est de débattre des problèmes de l’université », confie Fouzi, un autre jeune militant du FFS.

Parallèlement, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) organise un séminaire de formation pour les jeunes à Azzefoun, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Ainsi, après l’hémorragie et les mouvements de dissidence qu’ont connus les partis politiques algériens, voilà que les laboratoires politiques ont peut-être trouvé le remède à leur malaise.

Sur l’ordonnance de nos partis politiques « alités », un seul médicament prescrit : le rajeunissement des cellules. Depuis le début de l’année, nous assistons à un regain d’intérêt particulier porté envers la jeunesse, où les écoles, les séminaires de formation pour les jeunes se multiplient. Un nouveau concept qui remplace désormais les traditionnelles universités d’été. « Les formations politiques ont délaissé cette frange de la société depuis longtemps, pour ne pas dire depuis toujours, car les intérêts personnels avaient, de tout temps, primé sur l’intérêt général. La jeunesse devrait être le centre de l’attention de toutes les politiques menées jusqu’à maintenant.

Les législatives de 2007 sont la meilleure démonstration de l’échec de tout un régime fondé sur un système rentier, où les partis politiques, toutes tendances confondues, ont une grosse part de responsabilité. Les véritables statistiques de ces élections (non publiées) démontrent que les jeunes ont boudé les urnes "massivement" … », analyse un politologue sous couvert de l’anonymat, pour une simple raison : la détention d’une copie de ces fameuses statistiques.

Et de poursuivre : « C’est tout à fait légitime, puisque nos jeunes ne croient plus aux slogans, promesses et autres titres accrocheurs. Ils ont signifié leur refus civiquement, en usant de leur droit constitutionnel de ne pas aller voter. » En d’autres termes, les jeunes Algériens n’ont pas délaissé totalement la politique, « puisque le problème réside dans l’attractivité des partis politiques, mais aussi dans leur fonctionnement qui considère les jeunes comme de simples marionnettes actionnées au moment des batailles électorales », appuie notre politologue.

« Les partis ont très bien saisi le message. Ils sont en train de concevoir de nouvelles stratégies d’intéressement, les écoles de formation politique pourraient être ces nouveaux mécanismes de recrutement. » « Le frère du président, en l’occurrence Saïd Bouteflika, l’a bien compris, "Génération libre" est le nom retenu pour sa formation. Le choix de cette appellation n’est pas fortuit, conclut le politologue, il compte séduire les jeunes en rompant avec les fronts, les rassemblements et autres mouvements. »

Zouheir Aït Mouhoub

Les défis de l’UA

L’Afrique est à la croisée des chemins en raison de son ambition immense et de la réalité de sa situation politique, sociale et économique. La paix s’impose ainsi comme le défi majeur du continent avant de pouvoir mettre le cap sur le développement et l’intégration économiques et sociales, l’harmonisation de ses régimes budgétaires et fiscaux.

Quant à l’unité politique, elle reste un objectif stratégique mais lointain. L’Union européenne qui a plus cinquante ans d’âge et qui a atteint des degrés d’intégration importants, n’arrive toujours pas à se doter d’une politique étrangère commune, encore moins d’une armée unique.

Si en Europe, où le souverainisme est en net recul, notamment chez les citoyens européens, les résistances nationalistes ont sapé le projet de la Constitution européenne, qu’en est-il en Afrique où l’Etat nation reste à construire et à consolider dans certaines régions du continent ? C’est à ce titre que l’idée des «Etats-Unis d’Afrique» demeure sinon une chimère à court et moyen termes, du moins un rêve qui nécessite des fondements solides à édifier sur des facteurs objectifs d’intérêts communautaires sérieux qui transcendent les lubies personnelles, pour intégrer tous les paramètres sociopolitiques, économiques, culturels, linguistiques, ethniques qui font de l’Afrique une mosaïque d’une diversité aussi enrichissante que divergente.

Il s’agit donc de se donner les moyens de faire converger toutes ces variétés et toute cette diversité qui, pour l’heure, nourrissent des conflits dans différentes régions d’Afrique. Des Africains d’un même pays ne s’acceptent encore et n’arrivent pas à cohabiter dans le même espace politique et social parce qu’ils ne sont pas de la même ethnie, ne parlent pas la même langue, ne bénéficient pas des mêmes avantages socioéconomiques…

Si l’Europe a dépassé ses contractions c’est parce qu’elle a décidé, avant de s’unir politiquement sous la même bannière, de se développer comme un seul pays. Certes, les circonstances historiques et les cheminements ayant conduit à l’Europe des six, puis des douze, puis des quinze puis des vingt-sept sont totalement différents de ceux de l’Afrique.

L’Afrique n’a jamais été colonialiste, n’a jamais pillé un autre continent pour réussir une accumulation primitive des richesses avant de la fructifier dans un processus de développement propre. Cependant, l’Afrique dispose de richesse propre et n’a nullement besoin de suivre le même cheminement que celui des ex-puissances coloniales.

La théorie du développement inégal et combiné est valable surtout pour l’Afrique dont le véritable butin des guerres d’indépendance demeure sa capacité d’adaptation aux mutations qui lui ont été imposées et dont elle peut tirer profit. L’Afrique dispose, au-delà de ses richesses naturelles incommensurables, d’un potentiel humain aussi important qui demeure l’atout majeur du continent pour réaliser ses objectifs de paix, de stabilité et pour engager un processus de développement économique et social pour une réelle renaissance.

Abdelkrim Ghezali

Déphasage

C’est peut-être grâce au Wahey (Saint Esprit) que notre ministre des Affaires religieuses disait, pour ceux qui veulent l’entendre qu’en Algérie il n’y a pas de pauvres. Dérobade inexpliquée d’un ministre de la République, dans la mesure où, ce n’est un secret pour personne, que des milliers, voire des millions d’Algériens vivent au-dessous du seuil de la pauvreté.

L’étrange sortie de Ghlamellah vient ainsi contredire toute la politique du gouvernement dans la mesure où tout un ministère est créé justement pour venir en aide à ces pauvres que notre ministre ne veut apparemment pas voir. Les chiffres donnés par les médias sont une constatation quotidienne de l’amère réalité que Ghlemallah balaie d’un revers de la main sur l’antenne de la Radio nationale.

Il suffit de faire un tour dans les restos Rahma pour comprendre que la sortie de Ghlamellah est non seulement farfelue, mais prête à suspicion. Il suffit juste de sortir dans les grands boulevards de la capitale, et que dire des villes de l’intérieur, pour rencontrer ces centaines d’Algériens, et même des familles complètes faisant la manche.


Alors comment expliquer que d’un côté le ministère de la Solidarité de Ould Abbès tente de déployer ses "efforts" en direction des millions d’Algériens vivant dans la pauvreté, et de l’autre coté le ministre du Culte nie l’existence de la disette ? Un fait surprenant, mais il renseigne sur la déconnexion de notre ministre de la réalité de son pays.

Ghlamellah a peut-être raison ! Lui, qui est ministre depuis plusieurs années, n’a jamais côtoyé ce monde de pauvres. Ce monde de pauvres qu’il ne connaît pas est cet espace auquel il nie même l’existence.

Justifier l’inexistence de la pauvreté par ces estivants qui se rendent en Tunisie est aussi scandaleux que le fait de la nier. Combien sont-ils ces vacanciers qui se rendent en Tunisie et combien sont-ils ceux qui se noient dans les rivières à défaut de quelques centaines de dinars pour se rendre dans nos plages? Autant de questionnements qui peuvent être posés à Ghlamellah, lui qui ne veut voir que cette frange aisée de la société, si, se rendre en Tunisie est un grade de classe sociale.

Le malheur des harraga est une autre preuve, selon Ghlamellah. Sait-il au moins que ces harraga bravant quotidiennement les océans sont à la recherche d’une vie meilleure ? Sait-il au moins que c’est la pauvreté qui les poussent à ces périlleuses aventures ? Sait-il aussi que les vols quotidiens ne justifient en rien ces propos, à moins qu’il souhaite que tous nos avions restent au sol pour accepter l’existence de la pauvreté ?

Etrange sortie d’un personnage censé réguler la vie de culte dans son pays au lieu de s’enliser avec des propos surréalistes. Et s’il voulait dire que la pauvreté est une volonté de Dieu ?

Mohamed Mouloudj

Rediffusion

Les chaînes françaises ont pour habitude, durant les deux mois d’été, juillet et août, quand la plupart des salariés et des patrons prennent le chemin du soleil, de faire des rediffusions de films ou d’émissions qui ont eu un certain succès ou alors, quand elles n’ont pas carrément les moyens, elles économisent en concoctant des best-off.

TV5 vient de se distinguer en rediffusant la série qui retrace le parcours tumultueux du couple le plus philosophe et le plus engagé de France: Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre. Evidemment, ce qui intéresse le téléspectateur algérien, ce ne sont pas les tribulations amoureuses de ce couple hors normes qui a vécu en conformité avec ses principes de liberté inhérents à sa philosophie.

Ni les aventures amoureuses ni les péripéties universitaires ne sauraient faire passer en second plan le sujet brûlant de l’actualité française d’alors: la guerre d’Algérie. Elle avait divisé la France, ses institutions et ses intellectuels en deux camps diamétralement opposés. Elle sera la cause du clivage entre ceux qui, sous des arguments de «progrès» et de «civilisation», défendaient la présence de la France en Algérie, et ceux qui, marxistes ou non, étaient rebutés par un système colonial anachronique.

D’ailleurs, l’épisode de l’annonce de la mort accidentelle d’Albert Camus, célèbre philosophe existentialiste, apôtre de l’absurde, qui avait commencé sa carrière d’écrivain dans les colonnes d’Alger Républicain où il dénonçait la misère en Kabylie durant les années 30, est significatif: après avoir été un proche du couple le plus célèbre du café de Flore, il a brusquement cessé de le fréquenter dès le début de la guerre d’Algérie. Il faut dire que beaucoup d’intellectuels français n’étaient pas restés insensibles aux tentations des salons parisiens et d’une vie mondaine qui aidait à ouvrir toutes les portes.

D’ailleurs, le comportement des deux philosophes restera aussi différent quel que soit le sujet: Albert Camus s’empressera de recevoir le prix Nobel à Stockholm tandis que Jean-Paul Sartre le refusera avec dédain à cause de la ségrégation dont étaient victimes les intellectuels du tiers-monde ou des pays socialistes.

Mais le sujet du film le plus intéressant, le coeur, c’est l’implication du couple dans le mouvement de résistance qui mobilisa beaucoup d’intellectuels contre les crimes de guerre qui se tramaient en Algérie, avec le silence d’une presse qui voulait à tout prix formater l’opinion publique française. Jean-Paul Sartre d’abord par ses articles, dénonça la torture qui avait été instituée par l’Armée française avec la complicité d’une partie de la classe politique.

Il connut évidemment les foudres d’une censure implacable qui saisit la revue qu’il dirigeait Les Temps modernes. Sartre, en effet, ne cessait de rapprocher intelligemment les méthodes barbares pratiquées par l’appareil de répression nazie dans la France occupée et la torture érigée en système en Algérie. Il s’engage corps et âme avec des amis comme Francis Jeanson, le créateur du réseau des porteurs de valises, et des élèves qui formaient le cercle de ses admirateurs dans des opérations de soutien logistique au mouvement de résistance de la Fédération de France.

Le téléfilm politique est un moyen efficace de faire connaître l’histoire à la majorité d’une population soumise au matraquage de l’idéologie dominante. Espérons, toutefois, que la suite de la série saura nous éclairer sur les causes, philosophiques ou humaines, qui ont poussé Jean-Paul Sartre à épouser la cause sioniste.

Selim M’SILI

Guerre cachée des caméras entre Mourad Khan et Sofiane Dani

«Pour un acteur, la caméra est l’oeil du public.»
Robert Bresson "Extrait de Notes sur le cinématographe"

Depuis le début de Ramadhan, nous assistons sceptiques à une bataille féroce entre deux Caméra cachée algériennes. Plus précisément entre Akhtini de Mourad Khan et Dahka ou Laâba de Sofiane Dani. Si le premier est à sa quatrième Caméra cachée, le second n’en est qu’à sa première production audiovisuelle en tant que producteur. Mourad Khan a débuté sa participation avec la Caméra cachée de Belkacem Hadjdaj dans Hakda oua akthar en 2006, il a enchaîné l’année suivante, à la grande surprise, mais avec beaucoup de succès dans la Caméra cachée de Djaâfar Gassem.

Mais en 2008, ni Djaâfar Gassem ni Belkacem Hadjadj n’ont voulu reprendre le concept de la Caméra cachée. Mourad Khan, qui malgré ses participations réussies dans les feuilletons et notamment au cinéma avec sa participation surprise dans Mascarades de Lyès Salem, a pris goût au genre et il est devenu un spécialiste de la caméra cachée.

Son objectif: piéger tous les artistes algériens. Et malgré le fait que son visage soit devenu connu de tous les artistes, il décide de reprendre en 2008, le principe de la Caméra cachée avec un réalisateur de Constantine et produit par Vox Algérie...producteur de Dzaïr Show de Sofiane Dani. Mourad Khan multiplie les prouesses dans le déguisement et piège, encore et toujours, les artistes. Il est devenu le Patrick Sébastien algérien et son nom est associé directement à la caméra cachée. Mais pour 2009, Mourad Khan, qui a mûri et qui produit lui-même sa caméra cachée, se retrouve pour la première fois confronté à la concurrence.....d’un magicien.

Car Sofiane Dani, qui n’a pas l’expérience de Mourad Khan, a décidé d’appliquer la vraie «Caméra cachée», comme inventée en 1940 par l’Américain Allen Funt, Candid Camera, celle qui joue avec les nerfs du petit peuple, alors que Mourad Khan s’inspire de l’émission du Canadien Surprise sur prise de feu Marcel Beliveau, qui a pour principe de piéger les stars et les célébrités. Mais Sofiane Dani qui a décidé de voler de ses propres ailes avec sa propre production, a réussi son entrée dans le cercle très fermé de la Caméra cachée, en s’associant à un maître...non pas de la «Caméra cachée» mais de la magie.

En impliquant Olmac, un Français d’origine algérienne, Sofiane Dani a touché au Jackpot. Olmac, avec son look de beau gosse, son sourire charmeur, sa générosité dans le geste et surtout avec son accent algérien d’immigré très sympathique, a réussi avec l’aide de Sofiane Dani, toujours déconneur, à pénétrer le coeur des Algériens et devenir la deuxième meilleure attraction audiovisuelle de ce mois sacré après Djemaï Family.

Mieux, Sofiane Dani a eu l’ingénieuse idée de casser le monopole algérois, en transportant sa Caméra cachée à travers plusieurs wilayas, associant par la même occasion tous les Algériens à cette Dahka oua laâba. Cette émission a réussi à surclasser, la Caméra cachée, de Mourad Khan, jugée trop «cheap» et «has been», par les spécialistes et considérée dangereuse dans le concept par la presse, comme le montre si bien l’épisode avec la chanteuse Drifa. C’est pour ces raisons et d’autres que la programmation de l’Entv a décidé de la placer sur la A3, au même titre que toutes les productions médiocres.


Amira SOLTANE

Où va l’Afrique?

Le questionnement est sans doute récurrent mais on ne peut que s’interroger sur les errements qui ont été ceux du continent noir, aggravés par des conflits sans fin dont l’issue demeure problématique. C’est légitimement de ces conflits que les dirigeants africains vont parler demain lors d’un sommet impromptu d’une journée de l’Union africaine, à l’initiative du Guide libyen, Mouamar El Gueddafi - président en exercice de l’UA - à la veille du 40e anniversaire de sa prise de pouvoir à Tripoli.

Si l’Afrique «est mal partie» c’est singulièrement du fait que le continent n’a pas su gérer son avenir post-indépendance, se piégeant dans des conflits ouverts ou larvés et surtout dans des guerres sanglantes (la guerre civile au Soudan a duré 21 ans, celle en Somalie est sur le point de boucler sa deuxième décennie) qui ont rendu le continent exsangue reléguant à des jours plus sereins son décollage économique et son développement global.

Selon l’Atlas stratégique 2008, sur 35 conflits graves répertoriés dans le monde, 13 sont situés en Afrique, où 15 pays (sur 53) sont concernés par une «crise d’intensité moyenne à haute». En 2009, loin de se calmer, la situation d’ensemble s’est a contrario aggravée. Selon les statistiques disponibles en 2008, il y avait plus de soldats étrangers en Afrique qu’il n’y en a jamais eu sur le continent noir lors de l’occupation coloniale.

Ainsi, sur 88.000 Casques bleus de l’ONU déployés dans le monde, 61.000 sont engagés sur le continent africain dans au moins huit conflits. Quand ce ne sont pas les conflits qui mettent en stand-by le développement des pays africains, ce sont les dictatures, avec tout ce que cela implique comme corruption et détournement de deniers publics, qui obèrent l’avenir de l’Afrique. De fait, près d’un demi-siècle après les indépendances, le continent africain a peu évolué stagnant dangereusement, cela malgré les immenses richesses de son sol et son sous-sol qui ont seulement profité à une minorité de prédateurs alors que la majorité des peuples africains demeure marginalisée et compte parmi les plus démunis de la planète. Or, sans paix il ne peut y avoir de développement.

D’ailleurs, les composantes des droits humains restent la paix et la stabilité. En leur absence rien ne peut se concevoir au plan du développement humain, social, économique, politique. Depuis plusieurs décennies, minée et marquée par les crises politiques et les conflits, l’Afrique n’a jamais connu la paix, ni cette stabilité qui lui aurait permis de se concentrer sur le développement durable et la bonne gouvernance.

Or, il n’existe nulle part d’exemple de développement en l’absence de paix civile, la seule qui permette à des pays de réaliser leurs programmes et objectifs sur le long terme. Peu de pays africains ont en fait eu cette chance. Plus, les instances économiques internationales n’accordent qu’à un seul pays africain (le Botswana), sur 53, la note «A2» et a trois autres (Afrique du Sud, Maurice et Namibie) le «A3» en termes de risques-pays. C’est dire combien l’instabilité et les conflits font fuir les investisseurs. D’autres paramètres, comme les libertés individuelles et collectives, interviennent qui expliquent les retards accumulés par le continent noir.

L’Union africaine, malgré l’évolution qualitative qu’elle a connue, ces dernières années, n’a pas, n’a jamais eu, néanmoins les moyens de sa politique. De fait, les bonnes intentions de l’UA en matière de gouvernance et de droits humains se heurtent frontalement, outre aux politiques contraires pratiquées par la majorité de ses Etats membres, à la persistance des conflits de pouvoir et des guerres civiles qui ajournent indéfiniment le véritable décollage de l’Afrique. Dès lors, consacrer une (seule) journée à des problèmes aussi ardus qui pénalisent le continent, ce n’est certes pas la bonne méthode.

Karim MOHSEN

Au moins, enseignez la discrétion à vos enfants !

Plusieurs chantiers archéologiques en cours en ce moment à Alger. Place des Martyrs, des pièces ottomanes mises au jour. Et à El-Mouradia, une découverte exceptionnelle !

Des dinosaures en excellent état de conservation


Effectivement, Monsieur le ministre ! Dans cette Algérie-là, celle qui se donne en spectacle dans les journaux du pays ces dernières heures, il n’y a pas de pauvres. Quand je lis, écrit noir sur blanc sans que cela soit démenti, que «le fils d’un ministre algérien en exercice a été arrêté à Genève, en Suisse, au volant d’une grosse voiture de luxe pour conduite dangereuse», et qu’aux policiers suisses qui demandaient à ce fiston de ministre d’expliquer comment il était en possession de 20 000 euros en liquide, il leur aurait rétorqué : «C’est mon argent de poche !», alors oui, mille fois oui, Monsieur Ghoulamallah, cette Algérie-là, celle des balades genevoises à bord de limousines lestées de 20 000 euros ne connaît pas la pauvreté.

Comment pourrait-elle connaître la pauvreté ? Et quel est ce salaire de ministre algérien – mahma kan ce ministre — qui permettrait à son fils de rouler carrosse à Genève et de détenir un pécule, un argent de poche équivalent à… 200 mois de salaires pour un smicard payé à 12 000 DA mensuels ? J’en appelle aux comptables, aux amateurs d’additions et de multiplications et j’en appelle surtout à la raison : comment est-ce possible ?

En vérité, vous aviez raison Monsieur le chargé du culte ! Et j’avais tort de vous faire le reproche de ne pas voir la pauvreté. A l’impossible, nul n’est tenu ! Biologiquement, physiquement, épistémologiquement, structurellement, logiquement, mentalement, philosophiquement, anatomiquement, cellulairement, épidermiquement, vous ne pouvez pas voir, percevoir, la pauvreté en Algérie.

C’est d’autant plus vrai que les limousines genevoises ont cette fâcheuse tendance à abriter les fils à papa derrière des vitres teintées. Et il faut, de temps à autre, le sérieux, le professionnalisme de petits policiers suisses pour que les teintes s’estompent et que la laideur de cette Algérie imperméable à la pauvreté apparaisse furtivement. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

Hakim Laâlam

Lire attentivement le «guide»

Englué dans l'affaire de la libération de l'ex-agent libyen par la justice écossaise, le gouvernement de Londres va-t-il subir de vilaines attaques de la part de l'opposition comme celles menées par les socialistes français contre la venue du colonel Kadhafi à Paris ? 

Consacrant l'essentiel de sa campagne au comment «peut-on laisser le maître de Tripoli planter sa tente où ça lui chante à Paris ?», la gauche aurait omis le temps qu'avait duré sa cure de critiques que la Jamahiriya a été patronne du conseil des droits de l'homme aux Nations unies durant un mandat.

Elle l'aurait bien méritée sa présidence, la Libye ayant renoncé à tous ses projets de détenir un jour l'arme atomique. Tony Blair avait même fait le déplacement jusqu'à Tripoli pour féliciter la sagesse du guide et, dans la foulée, parler business.

Alors que l'ancien Premier ministre britannique n'a jamais vraiment su par où prendre la feuille de route pour la paix au Proche-Orient, le guide de la Jamahiriya s'est lui demandé quand est-ce qu'il faut remettre les pendules à l'heure.

Ne manquait plus aux services de Gordon Brown qu'à jurer par trois fois sur la Bible quant à la non implication de Londres dans la libération de l'ex-espion libyen, ils ne savent plus quoi faire de l'amitié anglo-libyenne que Mouammar El Kadhafi veut sceller personnellement aussi bien avec Gordon Brown qu'avec sa Majesté la reine.

Mais avant d'atteindre ce palier d'empathie, le successeur de Tony est aimablement invité à parapher les contrats commerciaux qui lieraient les deux pays.

Et c'est Seif El Islam, le digne fils de son père, qui a été désigné pour rappeler Londres à ses engagements et, probablement, pour superviser à la loupe la suite des événements.

En insistant sur le fait qu'il n'a jamais eu à lever le petit doigt pour que le seul condamné dans l'affaire de Lockerbie soit libéré, le gouvernement Brown aurait-il eu l'intention de se débiner à tout ce qui serait resté en suspens après le départ de Tony Blair du 10, Downing Street ?

Le guide aurait-il choisi de léguer ce «contentieux» à son héritier maintenant qu'il est presque certain que ses futurs amis sont un peu plus «coincés» ?

Le guide suprême – pas celui qui a décidé d'ouvrir les installations nucléaires à l'appréciation des inspecteurs de l'AIEA dès l'instant que les menaces de frappes sont persistantes – a semblé déjà s'atteler à un tout autre propos qui évidemment n'a pas manqué de provoquer un tollé général de par l'Afrique et bien au-delà.

Le Darfour n'étant plus en proie à la guerre proprement dite, paroles d'émissaires onusiens et de généraux de la force combinée pour la paix et la sécurité, Mouammar El Kadhafi a fait une proposition du moins inattendue aux populations du Sud Soudan.

Parce qu'elles ne sont pas musulmanes et parce qu'elles ne sont pas arabes et ne pratiquent pas la langue officielle de ce pays, le guide s'est dit se tenir à leur entière disposition si la moindre idée d'indépendantisme venait à leur effleurer l'esprit.

Tellement provocateurs ces propos qu'à Khartoum on peine à y croire. Pas possible que le grand défenseur du projet de création des Etats-Unis d'Afrique puisse songer à un Soudan qui, demain, perdrait partiellement de son intégrité territoriale.

Déjà sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale et parce qu'il est directement concerné, le président Omar El Bachir se sentirait-il un peu plus floué par ce que propose le guide que le reste de ses pairs africains ? Il serait beaucoup plus dur à lire attentivement que son propre livre vert.

A. D.

Souk el-hadj Lakhdar

On ne sait toujours pas avec précision l’origine de cette flambée cyclique des prix des produits agricoles. Qui est donc ce mystérieux “spéculateur” qui serait à l’origine de ce dérèglement délictueux du marché ?
L’agriculteur ? Il vient justement de bénéficier de l’effacement de ses dettes parce que l’agriculture n’aurait pas été une activité rentable. Ce serait le comble d’accabler celui qu’on a dû sauver de la ruine en le dispensant de rendre l’argent que les banques lui ont prêté !

À moins qu’il n’y ait pas de rapport entre ceci et cela. La politique de mise en valeur a juste permis de défricher des terrains du domaine forestier à l’intention de fonctionnaires moins intéressés par la concession foncière que par le financement qui l’accompagne.

Alors, le marché de gros ? Mais la pratique du marché de gros ne concerne que les grands centres urbains. Pourtant, la cherté des fruits et légumes et de viandes éprouve l’ensemble des Algériens, y compris dans les milieux ruraux et même là où le consommateur s’approvisionne chez le petit fellah. Celui-ci ne manque pas de difficultés.

Dont celle de la manipulation des engrais et autres produits d’entretien, soumise à des procédures précises, pour les raisons sécuritaires qu’on devine et comprend. Cette situation est dissuasive pour la culture de certains produits.

Elle contredit, dans les faits, le discours d’encouragement à une plus grande productivité agricole. Il en va de la question des engrais comme du paradoxe de la promotion du carburant GPL qu’on encourage, tout en interdisant aux véhicules apprêtés à ce carburant de pénétrer dans les parkings contrôlés (hôtels, aéroports…).

Autant qu’il ne faille pas s’attendre à la bousculade des automobilistes pour la conversion au GPL, il ne faut pas s’attendre à des records de productivité agricole en contexte de pénurie administrée des engrais, sans compter les déficits d’eau, d’aménagement, etc.

Outre que la question des prix ne fait que cacher la situation de clochardisation du commerce de gros et détail, il est peut-être temps de poser le problème général de l’agroalimentaire au lieu de chercher un virtuel spéculateur.

Le plus dégradant pour le consommateur n’est pas dans le prix, mais dans ce traitement humiliant qui consiste, pour le vendeur, à lui choisir les pièces les plus avariées, sans recours. L’Algérien s’approvisionne dans des marchés insalubres et des lieux de vente improvisés où s’étalent sardines et pain à même le sol.

En matière de qualité, d’hygiène et de poids et mesure, il y a un silence des consommateurs et de l’État, comme si le prix seul était constitutif de la nature du marché.

À l’incivisme dans les rapports marchands-clients, s’ajoute l’incurie de l’administration. Et devant leurs effets conjugués, l’État, constatant son impuissance à juguler l’inflation des prix à la consommation, recourt à l’incantation sur le thème de la “spiritualité du mois de Ramadhan” et en appelle aux imams pour qu’ils contribuent à moraliser le commerce.

L’organisation des activités économiques et sociales ne relèverait-elle plus des seules institutions de la République prévues à cet effet ?

Tenter de compenser un déficit de gestion par le prêche reviendrait à réduire le pays à ce Souk el-hadj Lakhdar, caricaturale série télévisée de leçons de civisme.

Mustapha Hammouche

Une planète déréglée

Un sommet sur le climat de la CCNUCC (Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques), est prévu le 12 septembre prochain à Copenhague, pour essayer de prendre des mesures qu’exige la situation plus qu’alarmante dont tout le monde se plaint aujourd’hui. Mais vu le poids des décideurs occidentaux dans la prise de décision, on est en droit de rester sceptique, les précédents sommets n’ayant pas fait avancer les choses.

Les Européens, qui se présentent en champions de l’écologie et se plaignent toujours du rôle contesté des Etats-Unis dans la lutte contre les effets de la pollution, ne désespèrent pas de voir leur allié traditionnel adhérer au protocole de Kyoto, mais sans qu’aucune perspective réelle ne soit en vue pour résoudre la problématique.

La vérité est que les grandes puissances industrielles, la Chine comprise, se soucient moins des risques engendrées par les changements climatiques que par l’essor de leur économie, surtout en cette période de panique mondiale. Dès lors, un problème de conscience se pose. Et aussi un problème de justice dans le monde.

Quand ce sont les plus pauvres qui payent toujours pour les plus riches, les Occidentaux ont la responsabilité d’abord d’impliquer les pays du Sud dans tous le processus, en prenant en compte leurs doléances et propositions en matière de climat et d’environnement.

Car jusqu’ici, les grands décideurs de la planète ont toujours fait fi des cris de détresse lancés par les pays du Tiers-monde, à commencer par ceux d’Afrique que la mondialisation maintient dans le sous-développement mais qui subissent toutes les tares de la pollution et des dérèglements du climat.

M. A.

La chasse gardée ou le débrayage

Les transporteurs privés de la capitale menacent de débrayer pour protester, entre autres, contre l'arrivée d'un autre… transporteur privé qui va prendre une part du marché de ce service ! C’est certainement la première fois dans l'histoire que des prestataires de services, arrivés dans l'activité grâce à une décision politique d'ouverture du marché aux particuliers, contestent l'entrée en lice d'un concurrent.

Et que lui reprochent-ils pour pousser ainsi l'audace jusqu'à «exiger» son exclusion ? Une fois évacuées les rumeurs sur l'origine de sa prospérité et l'identité d'un associé de l'ombre, on se rend compte que ce transporteur tant décrié et redouté par ses «confrères» dérange par sa… performance !

Réelles ou supposées, les capacités de cette entreprise à s'imposer de manière hégémonique dans le transport privé de l'Algérois, au lieu de susciter le redéploiement des autres transporteurs en améliorant leur qualité de service et, pourquoi pas, agir sur les prix, est sommé de rester loin du gâteau par une décision politique qu'ils revendiquent à cor et à cri auprès des pouvoirs publics sous peine de bloquer la capitale pour de longs jours.

En dépit d'une impopularité qu'ils n'ont sûrement pas volée, beaucoup auraient compris leur colère si elle était motivée par un argumentaire plus sérieux, parce que l'opinion publique ne peut quand même pas rester sourde et insensible à des gens qui assurent un service si important dans leur vie quotidienne.

Mais déjà que les grèves dans le secteur ne sont jamais accueillies avec le sourire quand ces services sont hautement efficaces et performants, qu'en sera-t-il lorsque débrayeront des transporteurs avec des bus bringuebalants, sans confort et sans horaires, avec un personnel de petits roublards, des itinéraires changeants et des prix incontrôlables ?

On aurait compris si les transporteurs en colère s'étaient soulevés contre un des leurs qui n'aurait pas respecté le cahier des charges. Mais en l'occurrence, tout porte à croire qu'il s'agit du contraire. Ou on nivelle par le bas ou on investit la rue, c'est quand même un drôle de chantage. Il ne faut pas qu'une entreprise capable d'assurer un transport décent arrive sur le marché. Et les mécanismes qui ont fait que des centaines de personnes sans savoir-faire et sans investissement deviennent transporteurs urbains ne doivent plus fonctionner.

C'est quand même curieux qu'on ne s'en soit pas encore pris à l'ETUSA, avec ses véhicules propres et son réel souci de service public. Pas si curieux que ça, quand même : elle s'occupe du centre-ville, c'est-à-dire du plus difficile. Le plus facile et le plus juteux, il a ses «élus» qui ne veulent pas être dérangés dans leur confort. Celui des citoyens peut attendre.  

Slimane Laouari

Solidarité agissante

Un chercheur algérien a récemment rendu public certaines statistiques pour le moins édifiantes, concernant les victimes de la tragédie nationale. Ainsi, il y aurait aujourd’hui chez nous quelque 40 000 orphelins de pères, 7000 enfants de terroristes et 3000 femmes enlevées. Des chiffres qui disent mieux que tous les discours les stigmates de cette époque tourmentée qu’a vécue et que continue de vivre sporadiquement l’Algérie.

Autant de personnes qui payent le prix lourd à cette réalité, autant de citoyennes et de citoyens dont le destin tragique ne peut que nous interpeller, tous, nous autres qui feignons de ne rien voir et qui aimerions bien oublier tous ces damnés auxquels un destin cruel a joué un bien mauvais tour. Pourtant, ces victimes véritables de la tragédie nationale qui n’en finit pas de finir, sont là et leur sort nous interpelle plus que jamais.

En effet, et bien que l’Etat s’occupe du mieux qu’il peut de leur prise en charge, la question de leur insertion sociale se pose avec acuité, notamment en ces temps de récession et de «serrage de ceinture» généralisé. Il ne serait pas évident pour chacune de ces milliers de victimes de s’en sortir et elles auront probablement besoin d’un suivi de tous les instants, si on veut les aider à éviter de tomber dans l’ornière à laquelle elles semblent être irrémédiablement destinées.

Autrement, leur drame serait décuplé, notamment tous ces enfants orphelins qui seraient ainsi autant de bombes à retardement collées au corps de la société toute entière. Le dossier de ces victimes innocentes de la fureur terroriste, doit être traité avec toute l’attention nécessaire et les décisions les concernant prises avec soin et discernement, histoire de mettre toutes les chances de leur côté et leur assurer un avenir qui puisse les dédommager de leurs malheurs. C’est un devoir que chaque Algérien doit porter dans son cœur, surtout tous ceux, de plus en plus nombreux, qui ont traversé la décennie rouge les doigts dans le nez et son nul dommage, même pas collatéral.

Il serait temps, en effet, que s’éveillent quelque le sens de la compassion et l’altruisme désintéressé au sein de l’élite aisée du pays qui, au regard de ce que la majorité du peuple vit ces dernières années, serait bien inspirée de s’intéresser à tous ceux parmi leurs compatriotes qui n’ont pas eu autant de chance qu’eux dans l’aventure, en s’investissant dans la prise en charge financières de certaines des dépenses les concernant et en sponsorisant les centres spécialisés qui les hébergent, voire davantage pour les plus décidés.

Sans cet effort partagé par toutes les âmes charitables et généreuses du pays, il n’est pas sûr que les enfants et les femmes laminés par le terrorisme barbare puissent gouter un jour à une existence tranquille sur le sol du pays qui leur a donné le jour…

Reda A.

Résistance

Comme au début des années 1990, c’est le terrorisme lui-même qui, parce que n’obéissant à aucune éthique ni morale, et ne s’encombrant, par conséquent, d’aucune ligne rouge, serait en train de pousser la population à renouer avec la résistance.

Igoujdal, ce village berceau de la résistance contre le terrorisme, c’est déjà si loin. Parce que, depuis, la résistance a cédé le pas à l’abdication. Et c’est pour cela, en partie, que le terrorisme reprend du poil de la bête, au point de vouloir embraser une grande ville comme Annaba. En attendant de se redéployer à Alger, un rêve qu’il ne cesse de caresser. Il est vrai que grâce aux concessions sans fin accordées à l’islamisme politique, et donc au terrorisme, celui-ci a des raisons de se rebiffer. Pendant ce temps, face à ces mêmes concessions, la résistance ne pouvait continuer indéfiniment à… résister.

Et pourtant, comme au début des années 1990, c’est le terrorisme lui-même qui, parce que n’obéissant à aucune éthique ni morale, et ne s’encombrant, par conséquent, d’aucune ligne rouge, serait en train de pousser la population à renouer avec la résistance.

Chassez le naturel, il revient au galop, dit-on. Une semaine après qu’un jeune des Aït-Ouacif a refusé de se conformer aux injonctions de terroristes dans un faux barrage, c’est carrément la population qui prend en chasse un autre groupe terroriste venu kidnapper un commerçant du coin. Nul doute que ce genre de réactions salutaires fera tache d’huile, notamment en Kabylie où l’islamisme, le terrorisme encore moins, n’a jamais eu pignon sur rue.

Car ces refus répétés de la soumission finiront par vaincre la peur compréhensible des populations souvent désarmées. L’efficacité avérée de ces actes de résistance fera le reste : bientôt, ce sera l’exemple à suivre.

Le terrorisme aura alors réinventé la résistance que l’atmosphère générale de la concorde et de la réconciliation avait balayée aussi bien du discours politique que des médias. Comme dans un cycle dont chaque phase est déterminée par “le hasard et la nécessité”, tel que l’énonce cette vieille théorie chère aux biologistes, le terrain aura de nouveau convoqué la résistance. Réconciliation ou pas, il finira par l’imposer derechef aux politiques comme aux médias.

Saïd Chekri

Retour au chantier

Après le très long intermède de la saison estivale et de la halte productive du ramadhan, période cependant ponctuée par l’annonce tumultueuse de la loi de finances complémentaire, après le repli donc, nous voilà à la fin des vacances. On a des difficultés à se rendre à l’évidence, mais nous sommes bien à la veille de septembre, donc de la rentrée.

Les syndicats ne semblent pas aussi menaçants que les années précédentes, avec la sempiternelle «promesse» d’un front social bouillonnant, et ce ne sont pas les ministres qui vont le plus souvent au charbon, ceux de l’Education, de l’Enseignement supérieur et de la Santé, qui vont se plaindre de cette apparente accalmie.

Néanmoins, celui qui n’a aucune chance de voir se prolonger son repos, si tant est qu’il en ait eu, c’est bien Ouyahia, dont le gouvernement a d’immenses chantiers, au propre comme au figuré, qui l’attendent au tournant du chapitre «restes à réaliser». Sur la brèche depuis de longues années, ce gouvernement poursuit, avec plus ou moins de bonheur, réussites par-ci et échecs par-là, selon les secteurs, sa mission visant à placer le pays sur la rampe de lancement du décollage économique.

La situation sécuritaire s’améliore nettement, sauf aux yeux des pessimistes professionnels, et, de visu, l’Algérie avance à grands pas vers l’espace de la modernité. A moins que tout ne soit chamboulé et torpillé par les conservateurs intégristes sortant de leur léthargie. Chacun sa période de repos…

N. S.

Dattes «casher» ?

Le long de l’année, les frères marocains prennent du plaisir à s’approvisionner en produits algériens. Et tout y passe : semoule, pâtes, boîtes de concentré de tomates, carburant et la liste et longue. Mais ramadan arrivé, ils nous lâchent et consomment « casher » c’est-à-dire israélien. Cette année aussi, Rabat a ouvert en ce ramadan la meïda marocaine à la datte d’Israël.

On la préférerait à Deglet Nour, l’algérienne ? La datte d’Israël trône cette année dans les marchés du royaume, aussi bien ceux d’Oujda, de Nador que de Casablanca ou de Marrakech. A l’adhan du crépuscule, dans leur volonté de reproduire le geste du Prophète (QSSSL), les familles romprons le jeûne par une datte ? Sauf que le produit commercialisé par nos cousins est, lui, arrosé de… sueur et de sang palestiniens.

Fait mal admis par les hommes à travers le monde ; ce qui s’est traduit cette année par une campagne de boycott lancée spécialement contre les dattes israéliennes depuis quelques semaines en prévision du ramadan. Comment les Marocains peuvent-il être moins boycotteurs que, par exemple, les Belges qui, eux, ne cachent pas leurs relations avec Israël et n’ont pas constitué de comité de prestige pour défendre El-Qods ?
Et si l’on trouve à la datte du secteur tant de saveur, pourquoi ne pas l’acheter directement dans les coopératives palestiniennes ? Pourquoi l’acheter chez les ennemis de l’humanité, les assassins, pilleurs de terre et d’organes ?

Le journal Ettajdid tente de minimiser l’affaire et dit que la marchandise est fourguée aux ingénus commerçants marocains par de cupides Jordaniens sous le label de Jordanie, mais d’autres informations confirment que le produit porte l’étiquette israélienne et est vendu généralement en toute conscience par les Marocains et que le Makhzen regarde ailleurs, peut-être vers le poisson des côtes sahraouies.

Dur de constater que des militants israéliens multiplient les appels au boycott de ce produit et s’insurgent contre la colonisation, et qu’au Maroc on achète et on aide ainsi à conforter la colonisation. Solidarité naturelle entre colons ?

M. Z.