jeudi 8 octobre 2009

Un goût d’inachevé...

Il y a des printemps dont les fleurs tiennent leurs promesses, même tardivement: c’est le cas du printemps de Prague ou du Printemps berbère. Il y en a qui capotent ou avortent, et les rêves printaniers se transforment vite en cauchemar. C’est sans doute pour cela que l’espérance née au lendemain du 5 Octobre n’est pas célébrée. Chacun va de ce petit orage qui a donné une pluie noire et sèche: chahut de gamins, explosion de colère, sombre machination née dans un obscur cabinet noir.

Et les images de ces jours tumultueux sont rares. A cause des multiples censures superposées. Ce sont toutes ces raisons qui obscurcissent le souvenir et mutilent la mémoire. Au bout du compte, la majorité des gens pense que ce qui a provoqué cet incendie, les causes profondes sont toujours là: chômage, blocage et verrouillage de la vie politique, manque de perspectives, corruption. Encore qu’à l’époque, les jeunes n’étaient pas réduits à s’embarquer sur des radeaux de fortune pour franchir des murs invisibles...

C’est le seul critère indiscutable de la réussite ou de la faillite d’un système. Il faut se rendre dans l’Algérie profonde, dans une de ces petites bourgades situées au milieu de nulle part, à égale distance entre l’Atlas tellien et l’Atlas saharien, pour se rendre compte du marasme vécu par une jeunesse. Un noyau de ville aux maisons basses, séquelle d’un passé colonial noyé au milieu d’immondes cités, véritables cubes de béton posés hâtivement par des mains pressées de passer à d’autres marchés. Dans un patelin où une eau rare est chichement distribuée deux jours sur trois, un monument prétentieux semble tourner la réalité en dérision: une jarre montée sur un socle en pierre déverse une eau imaginaire dans une vasque en forme d’étoile irrégulière où une eau putride, pleine d’immondices, dégage une odeur pestilentielle.

Tout cela au beau milieu d’une place entourée de cafés où une jeunesse oisive vient tuer le temps et regarder le temps qui ne passe pas.

Une mosquée aux minarets prétentieux, en forme de turbans turcs domine une place de marché où, là aussi, toutes sortes de produits made in Asia sont exposés à même le sol, attirant une foule hétéroclite de tous âges. Là aussi, un goût d’inachevé: les ordures jonchent la terre battue et jurent avec la netteté d’un édifice officiel qui ne porte pas de raison sociale à son fronton.

Plus loin, une grande esplanade au milieu d’un large trottoir fraîchement rénové avec de prétentieux lampadaires et des bancs en fer forgé qui font face à une cité cerclée de dépôts d’ordures. Des jeunes oisifs se postent à une heure fixe, là, en face de nulle part, attendant le passage de lycéennes effrontées qui rentrent nonchalamment chez elles, toutes voiles dehors avec un sourire en coin...

Heureusement que le portable existe: c’est le trait d’union entre ceux qui ne peuvent pas se rencontrer. A côté, pas de cinémas, aucun théâtre; que des cafés et des maisons aux fenêtres borgnes: elles sont en construction depuis des années. Un magasin ouvert au rez-de-chaussée servira à l’heureux propriétaire à continuer la suite. Un goût d’inachevé!


Selim M’SILI

Silence, on enterre nos historiens!

Le règne de la médiocrité continue de sévir. Il vient encore de se signaler avec le décès de cette grande figure qu’était le professeur Hadj Moulay Belhamissi. L’écriture de notre histoire est un besoin qui se fait de plus en plus pressant. Le discours politique l’affirme et le réaffirme. Des générations en ont été privées. Le résultat est catastrophique. Le règne de la médiocrité continue de sévir.

Il vient encore de se signaler avec le décès de cette grande figure qu’était le professeur Hadj Moulay Belhamissi. Un historien qui a passé sa vie à remonter le temps, à chercher inlassablement dans notre passé. Pour nous aider à affronter le présent et construire l’avenir. Son travail colossal a laissé de marbre «l’intelligentsia» de notre pays. Elle a détourné la tête à l’annonce du décès, cette semaine, de cet homme de savoir qui a été enterré dans «la stricte intimité familiale». Rien ou pas grand-chose dans les médias publics et privés.

Rien du côté des officiels non plus. Pourquoi? A l’évidence, il ne faisait partie d’aucun réseau pour porter haut son mérite et ses valeurs. Et pour cause, tout son travail a consisté à chercher la vérité historique. Une vérité qui ne va pas du tout dans le sens de tous ceux qui profitent de la médiocrité ambiante pour faire passer «leur vérité historique». Une vérité qui sert plus les intérêts de la nation que ceux de ses ennemis. Car des ennemis, il y en a eu et il y en aura encore. Le professeur Belhamissi a eu ce rare courage de le dire dans son ouvrage Alger, l’Europe et la guerre secrète paru en 1999 aux Editions Dahlab.

Ne cherchez pas dans la bibliographie qui a été publiée à l’annonce de son décès, vous ne trouverez point le titre. Pourquoi? La réponse se trouve probablement dans la présentation qu’il fait de son livre, inscrite au verso de la couverture où il précise que du XVIe au XIXe siècle, l’usage de la force contre notre pays n’ayant rien donné, «on eut alors recours à une guerre d’un autre genre: la guerre froide, la guerre psychologique, l’action dans l’ombre».

Et d’ajouter: «La conception, l’organisation de ´´cette guerre´´, les acteurs, leurs plans... font l’objet de cette étude afin de dévoiler les prétentions - d’hier comme d’aujourd’hui - de déstabiliser un pays (l’Algérie Ndlr) qui ne ´´pliait pas.´´» Notez cette précision «d’hier comme d’aujourd’hui» pour comprendre l’importance cruciale, pour tous les Algériens, que revêt un tel ouvrage. Pour comprendre aussi son retrait par des mains occultes de la bibliographie «publiable».

Pour nous comme pour la majorité silencieuse de ce pays (qui gagnerait à se structurer pour faire entendre sa voix), le professeur Belhamissi demeurera toujours une grande référence intellectuelle. Qu’on ait réussi jusque-là à étouffer son travail ne veut en rien dire que celui-ci a été vain. Le règne de la médiocrité disparaîtra. Cette année, plus d’un million d’étudiants sont enregistrés dans les différentes universités du pays.

Dans quatre ans, ce chiffre aura doublé. Ce sera autant d’Algériens «trempés» dans le savoir et l’intelligence qui rouvriront les livres du professeur Belhamissi et de tous les intellectuels qui, comme lui, ont été jetés dans les oubliettes. Nous pensons au professeur Mahfoud Kaddache mort récemment. Nous pensons aussi au grand penseur Malek Bennabi. Nous pensons également à Malek Haddad. Et à tant d’autres érudits dont le seul «tort» est de s’être exprimés en langue française. Une seule langue qui était enseignée à leur époque, celle de la colonisation.

Un «tort» qui fait l’affaire de beaucoup qui sont à l’origine de l’amalgame entretenu entre le moyen d’expression et la pensée. Des nostalgiques de l’Algérie de papa jusqu’aux autochtones dont la science est plus que rudimentaire mais qui a «l’avantage» de leur avoir été dispensée en langue arabe. C’est là que les intérêts opposés se rejoignent.

Reposez en paix professeur Belhamissi. Reposez en paix vous tous qui, comme lui, avaient été étouffés. La valeur de vos travaux est incontestable. Les générations futures sauront la réhabiliter. Ce qui les aidera à construire une Algérie forte qui «ne plie jamais».

Zouhir MEBARKI

Pourquoi la radio BEUR FM veut changer de nom?

Décidément, rien ne va plus à Beur FM. La radio communautaire dirigée par Nacer Kettane vient de déposer une demande de changement de nom auprès du CSA (le Conseil supérieur de l’audiovisuel).

Le président-directeur général de Beur FM voudrait appeler son média Dix Radio. Selon les responsables de cette chaine communautaire, le terme Beur est devenu obsolète et sans rapport avec le public de la station. Dans une interview à Télérama, Ahmed El Keiy, rédacteur en chef de la station, explique que «les programmes de la radio ont déjà largement dépassé le cadre du mot beur».

«Il y avait une contradiction entre le nom de la radio et son contenu (...) Un nom de radio plus neutre nous autorisera les déclinaisons (...) Plus le nom sera neutre, plus on va oublier et mieux on va se concentrer sur le contenu». Beur FM entend «donner la parole à plus de monde possible» et diffuser de la musique aussi bien française que orientale.

Mais en réalité, la radio a des difficultés financières et son auditoire, composé essentiellement de la communauté arabe, a permuté vers Radio Orient qui attire de plus en plus d’auditeurs maghrébins. Mauvaise programmation, pas assez de publicité, et surtout pas de vedettes au micro, Beur FM qui était le fleuron de la radio arabe et maghrébine, a chuté à cause de sa volonté de créer une chaîne de télévision.

En voulant imiter le lancement de certaines chaînes de télévisions au début des années 2000 et plus particulièrement Berbère TV, le responsable de Beur TV a épuisé la dernière carte médiatique et celle qui faisait vivre tous les salariés de la radio et de la chaîne.

Contrairement à certaines radios, Beur FM qui a démarré par un idéal, la lutte contre le racisme, l’identité maghrébine et la culture berbère et musulmane, va engager un grand virage dans son parcours audiovisuel, mais ne bénéficie d’aucune aide étatique. Ce qui n’a pas donné l’occasion à son responsable Nacer Kettane, de trouver des opportunités pour trouver des programmes de qualité.

Avec ce changement de nom, il va essayer de récupérer ce qui reste des auditeurs arabes et maghrébins, mais aussi de trouver des auditeurs qui sont ni dans ce champ ni dans l’autre. Autre question qui se pose: «Nacer Kettane va-t-il se débarrasser de Beur TV, qui lui bouffe tout son budget?

Va-t-il se consacrer entièrement à sa radio qui a fait de lui le plus important manager maghrébin dans le domaine?» On le saura après la réponse du CSA, qui sera, à coup sûr un tournant dans le parcours de cette radio communautaire qui avait les beaux jours des Maghrébins.

Amira SOLTANE

La harga a-t-elle un âge et un sexe ?

On les retrouve dans les écrits de la presse nationale, on les entend dans la bouche de l'algérien lambda ou dans l'argumentaire du désespoir des politiques. 

Les commentaires sur l'âge des harraga interceptés par les services de sécurité, morts en haute mer ou parvenus sur d'autres rives ont quelque chose de troublant.

D'abord ce paradoxe qui veut qu'on ne sache pas très bien si le niveau d'émotion doit être supérieur quand un candidat à la périlleuse traversée est un adolescent de quinze ans ou quand il en a soixante ou, encore plus rarement, quand il s'agit d'un homme ou d'une femme.

Il y a quelques mois, l'opinion bien-pensante étalait toute son indignation en découvrant, «médusée», que parmi les passagers d'une embarcation arraisonnée au large des côtes est figurait une jeune fille qui, suprême horreur, était une étudiante en post-graduation.

On ne sait toujours pas qui de son statut social ou de son sexe a pu élever ainsi le degré de l'horreur, mais on sait que les deux ne peuvent logiquement pas empêcher un algérien en mal de perspective d'affronter les dents de la mer. Une autre fois encore, c'est au tour d'un sexagénaire de soulever le tollé.

Ailleurs, on les appelle les «seniors». Trop vieux pour se faire – ou se refaire – une vie, trop jeunes pour tomber dans les bras de la résignation, les femmes et les hommes de cet âge ont leurs détresses. Mais voilà, ils peuvent encore rêver.

D'une résurrection toujours possible, d'un travail qui donne une ultime chance ou, pourquoi pas, d'un autre pan de ciel qui donne enfin un sens à la vie.

Quand le désarroi social et moral parvient à une certaine ampleur, il ne peut logiquement épargner quelque strate de la société.

Cette fois-ci, c'est un adolescent de quinze ans qui a embué les yeux des pleureuses assermentées. Il faudra bien sûr que la lumière soit faite sur les conditions exactes dans lesquelles un garçon de cet âge s'est engouffré dans cette aventure.

Mais en attendant, qu'est-ce qui l'en aurait empêché ? Après tout, c'est à cet âge-là qu'on commence à vouloir «faire comme les grands» et dans l'entourage de ce môme, la harga doit être le nec le plus ultra pour «faire ses preuves».

Et quand on sait que la traversée est aussi – à moins que ce ne soit surtout – un business qui a ses caïds, ses démarcheurs et ses exécutants, ils ne vont quand même pas s'embarrasser de scrupules d'âge pour convaincre leur clientèle.

La harga a ses vraies raisons, ses vraies questions et ses vraies remèdes. Loin de l'âge, du sexe, du statut et peut-être bien de… la mer.

Slimane Laouari

L'exception qui ne fait pas la règle

Nicolas Sarkozy est un Président pressé et il vient de le prouver encore une fois lors de son voyage éclair au Kazakhstan. En un tour de main, le patron de l'Elysée a signé des contrats civils et militaires pour un montant de six milliards.

Une manne providentielle en ces temps de crise, en attendant que le Brésil passe officiellement commande pour l'achat de trente-six Rafales.

Rentré à Paris avec ce joli pactole, le Président de tous les Français (ceux d'en bas comme ceux d'en haut) se devait-il également de rendre des comptes aux ONG qui lui ont demandé de faire la morale à son homologue kazakh sur la question du respect des droits de l'homme ?

Elles n'auront pas eu le temps de penser si l'ancien maire de Neuilly compte parmi ceux qui tournent vite casaque, il a réponse à tout.

Il faut dire que quand on a eu le courage de se prononcer contre l'indépendance du Tibet, on se sent capable d'affronter n'importe qui. Même les plus virulentes des organisations non gouvernementales. Ce qu'elles doivent absolument savoir, le locataire du 55, rue du Faubourg Saint-Honoré n'est pas parti en messie prêcher le bien-fondé de la démocratie occidentale au sommet des plaines kazakhes.

Moins encore en «donneur de leçons», même s'il a eu à aborder la question épineuse des droits de l'homme avec son hôte. Car, a-t-il fini par admettre, la meilleure façon de «convertir» Noursoultan Nazarbaïev à la démocratie n'est pas celle qui consiste à lui imposer le modèle occidental qui est en train de montrer ses limites jour après jour.

Cher à son chef de la diplomatie, qui vient de recevoir une mise au point des plus sèches de la part du régime militaire de Conakry, l'interventionnisme au nom des droits de l'homme ou pour raisons humanitaires n'est plus la bonne démarche à suivre.

Ce que W. Bush n'a pas compris, la démocratisation étant un processus de longue haleine qui n'obéit pas aux seuls coups de baguette magique.

Cela concerne tous les pays qui veulent «s'approcher doucement du monde civilisé» ou uniquement le Kazakhstan où Nicolas Sarkozy a rendu heureux plus d'un patron français ? Parce qu'il vient tout juste de le visiter qu'il préfère se concentrer sur ce qui représenterait l'exception de l'heure. Pas question pour lui de paraître comme indu-intervenant dans les affaires internes du Kazakhstan.

Qui dit la France dit l'Occident, et tous deux attendent énormément des autorités politiques de cette vieille République soviétique. Aussi bien pour gagner la guerre en Afghanistan, résoudre la crise avec l'Iran (de quelle manière ?) et renouer amitié avec la Russie qui a fait savoir sa disponibilité à coopérer de nouveau avec l'Otan.

Pourvu que le Kazakhstan n'ait pas à basculer un jour dans le giron occidental, les expériences ukrainienne et géorgienne ont été des épreuves des plus insoutenables aux yeux de Moscou. D'ailleurs, ceux qui gouvernent là-bas ont rappelé au passage, à tout bon ou mauvais entendeur, que la seule issue à la crise politique au Soudan ne peut être que pacifique.

Par cette déclaration solennelle et au moment où Bernard Kouchner et Hillary Clinton «tirent» sur la junte militaire guinéenne, le Kremlin voudrait-il épargner son allié soudanais avant même la présidentielle à laquelle Omar El Bachir se présente en candidat à sa propre succession ?

Une partie infime du montant de la facture que l'Occident devra payer s'il veut voir la Russie entièrement engagée dans la lutte contre les extrémismes de tous bords.

Résultats de cette entente en plein renouveau : l'interventionnisme, sinon le néo-colonialisme, est intolérable quand ses «penseurs» le pratiquent sur des terrains de chasse traditionnels ou récemment conquis par leurs rivaux. Ne serait-ce que par la simple évocation des questions gênantes comme celle des droits de l'homme. Les ONG n'ont pas à en vouloir à Nicolas Sarkozy juste parce qu'il a pris la peine d'apprendre sa leçon.

Anis Djaad

Menaces sur El Hadjar

Deux informations sont tombées comme un couperet sur le complexe d’El Hadjar en moins d’un mois, laissant planer le doute sur la poursuite des activités de l’aciérie. D’abord la fermeture de la cokerie, qui emploie plus de 300 personnes, jusqu’à nouvel ordre. Elle fait suite à l’annonce faite par le conseil de participation du complexe sidérurgique d’El Hadjar, d’un plan de licenciement de 1500 travailleurs par la direction d’ArcelorMittal. Dans les deux cas, cette dernière a essayé de rassurer, précisant que le complexe poursuivrait ses activités et que le plan social n’entrerait en application qu’après 2010, etc.

Ces deux nouvelles ont eu l’effet d’une douche froide. Une douche si froide que peu ou presque pas de responsables ont réagi. Ni l’UGTA ni le ministère de l’Industrie et de la Promotion des investissements n’ont demandé la moindre explication. Ni même Chakib Khelil, le ministre de l’Energie.

Surtout quand on sait que Sonatrach dépend du complexe pour les tubes de ses pipelines. Le risque de devoir les importer d’Inde ou des pays de l’Est ne semble pas inquiéter outre mesure. Alors que le moins que l’on puisse dire, ici, c’est que la menace qui pèse sur les 1500 travailleurs était prévisible depuis au moins une année.

En effet, face à la baisse de la demande mondiale en acier, le groupe indien qui gère aujourd’hui El Hadjar a, partout ailleurs, procédé à des licenciements massifs et à des fermetures de sites, sous l’effet de la crise... Pourtant, à l’époque, ArcelorMittal avait assuré que le complexe algérien ne risquait rien.

Ces assurances n’ont pas tenu plus d’une année. Plus énigmatique encore est le silence de Abdelmadjid Sidi Saïd, habituellement prompt à défendre l’outil national de production et les travailleurs. Présentement, le patron de la centrale syndicale UGTA n’a pas manifesté le moindre tic face à ce qui attend El Hadjar à partir de l’an prochain.

Alors qu’on l’a vu emboîter rapidement le pas au gouvernement pour fustiger tous « les anti-patriotes qui s’opposent aux dispositions de la loi de finances complémentaire pour 2009 ».

Décidément, avec cette affaire, on est en plein dans ce paradoxe algérien qui transforme des ultra-libéraux en de zélés défenseurs du secteur public quand cela les arrange et qui oublient leur « engagement » quand l’unique complexe sidérurgique d’Algérie est menacé.

Ailleurs, même les plus ultras parmi les libéraux ont essayé de « sauver la face » devant la crise, comme en France, par exemple, où il a suffi que le groupe indien annonçait, l’an dernier, le licenciement de 800 personnes pour que le « big boss », Lakshmi Mittal en personne, soit convoqué à l’Elysée pour s’expliquer et être prié de faire en sorte que le maximum d’emplois soit sauvegardé.

Chez nous par contre, rien, pas de réaction, pas le moindre rictus face à ce qui attend les métallos de Annaba à partir de l’an prochain. Assurément, ils doivent se sentir bien seuls en ce moment.

Par Reda Bekkat

Trous de balle !



Par Hakim Laâlam  
Email : laalamh@yahoo.fr

Complexe sidérurgique d’El-Hadjar. Suite à de graves
anomalies constatées sur place, le wali d’Annaba
ferme une ligne de coke.

Hallucinant !

Quand je vous le disais ! Hein ? On y est maintenant ! En plein dedans. Bien au fond. Les tangos se mettent à une nouvelle technique d’attentats terroristes. Ils se carrent une bombinette en forme de suppositoire au fond du derche et vont se faire exploser sur leurs cibles. Ben dis donc ! Je suppose que ça doit se bousculer aux portes des maquis et des centres d’entraînement. Ils ont dû rajouter des listes d’attente à celles des candidats au djihad. Vous pensez bien, les p’tits chenapans. Depuis le temps qu’ils le tuent, le temps en faisant mumuse avec leurs copains dans les maquis. Depuis le temps que ça les démange, les petits cochons, si je peux me permettre le recours à cette imagerie animalière. Non, là, franchement, on ne me l’enlèvera plus de la tête, la conviction ferme et non négociable qui y était déjà et qui considère ces mecs-là comme des détraqués de la braguette prêts à tout pour se remplir le trou de balle. Avec cette évolution notable et historique de l’attentat kamikaze, l’expression «fou de Dieu» prend toute sa dimension freudienne. Ce n’est pas de Dieu qu’ils sont fous, les drôles de cocos, c’est plutôt du popotin. Savent plus quoi faire pour atteindre le nirvana. T’imagine un peu l’ambiance, maintenant dans un camp d’Al-Qaïda. Ils doivent se battre pour décrocher le droit de se bourrer le rectum de suppos explosifs : «J’étais là avant toi, ya akhi !» Et l’autre biche aux yeux soulignés au khôl de lui répondre : «Mais pas du tout ! Ça fait des semaines que j’attends mon tour et que je piaffe d’impatience d’aller m’éclater pour la cause.» Sur ce survient l’émir du groupe. Un expert des trous de balle, comme tous les émirs qui se respectent. Je le vois d’ici, la mine gourmande, l’œil allumé, inspectant les popotins de ses troupes pour vérifier lequel est le plus apte à accueillir le fameux suppositoire. A tous les coups, c’est l’ambiance ….foooooooooolle garantie ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L 

Ouahdek Ya Ouhida!

Il y a, lors de lourds débats à la barre, des juges des sièges qui vous font aimer la justice. C’est la stricte vérité!

Le témoin du mauvais geste de l’inculpé, avait été invité à «rejouer» la scène de la bousculade, à laquelle il avait assisté. Une bousculade que l’inculpé avait appelée «agression». Sofia Ouhida, la juge de Blida, est appelée à trancher. Maître Mokhtar Mekfouldji, l’avocat, pose la question autour de la valeur du certificat médical incomplet dans le constat. Jugé sur opposition, la mine défaite, l’inculpé de coups et blessures volontaires a dit sa douleur d’être traîné parce que seulement il avait bousculé son adversaire.

Il l’a bousculé après l’avoir pris à la gorge! Les débats tourneront autour de l’absence de coups et blessures. Maître Mekfouldji, dans son style particulier, allait passer au crible tout le vocabulaire vivotant dans le giron des termes: agresser-col-coup-cou-coûts- pousser-frapper, etc.

Une chose est certaine: si le témoin avait bien répondu à l’attente du tribunal, la victime par contre, avait brillé par son absence. Et la coutume veut - pas la loi - qu’une victime qui ne vient pas à la barre affronter l’inculpé se... désiste. Alors, vous suivez? Ghazali, le représentant du ministère public, avait, lui, eu le coeur net après la «reconstitution de la prise à la gorge de l’inculpé».

«Deux mois de prison ferme», jette, sans fraîcheur, le calme procureur, un parquetier qui se limite à ne faire que son boulot, en l’occurrence, suivre la piste autorisée de l’opportunité des poursuites en ayant un oeil sur les faits et gestes du magistrat du siège, surtout depuis la fameuse note de Mohammed Adami, alors ministre de la Justice et garde des Sceaux, qui avait instauré la double signature au bas de tout rapport par les deux chefs de cour.

Depuis, on peut affirmer sans être contredit que le juge du siège n’est plus si indépendant que l’on puisse l’imaginer et que le procureur n’est plus un privilégié grâce justement à l’opportunité des poursuites, mais un big boss à l’audience. Et c’est pour cela que la réforme boite même si cette manière de faire demeure, dans le fond, un bouclier contre d’éventuels dépassements de certains juges du siège, pourris, gourmands, sans scrupules, prêts à marcher sur le ventre de celle qui l’a formé et nommé magistrat avec tous les honneurs, les privilèges, l’autorité voulue et autres respect de gens qui se jettent dans les bras de la justice pour obtenir satisfaction.

Pour revenir au procès du jour, signalons que le verdict mis en examen a vu l’inculpé écoper d’une légère peine de prison assortie du sursis. Il est vrai que Ouhida, cette jeune juge du siège, a déjà eu affaire à des dossiers lourds de coups et blessures volontaires à l’arme blanche et même des coups et blessures réciproques, ce qui facilite le boulot d’un président de section...

Abdellatif TOUALBIA

La rentrée dans tous ses états (2)

Rentrée laborieuse, mais rentrée en couleurs. Chaque secteur fait, à sa manière, semblant de reprendre un boulot qu’il conduit à sa manière. Déjà qu’avant de partir en vacances, ce n’était nulle part la frénésie.

Seuls les harragas en partance pour la mort ou l’Europe et les joueurs de l’équipe nationale venus d’Europe n’ont pas pris de vacances et continuent à être à la peine. La rentrée institutionnelle a été expéditive. Une session de quelques jours pour exécuter les tâches urgentes de la nation — légaliser les quelques ordonnances d’été, dont la loi de finances complémentaire — puis s’en va.

Les députés et sénateurs pourront repartir réjouis du devoir accompli, repasser en décembre pour voter la loi de finances pour 2010. La vie politique, à peine audible, ne s’entend pas plus à la rentrée que pendant les vacances : on est dix à revendiquer la mise au musée du sigle FLN, quinze à commémorer le 5 Octobre, quelques chats à commenter la loi de finances.

La rentrée sécuritaire nous tient en haleine : on attend Belmokhtar, “émir” hors échelle, qui nous revient de grands massacres et du Grand-Sud. Ce suspense infini correspond bien à l’esprit de la réconciliation nationale, inépuisable ressource de patience qui permet aux terroristes de prendre tout leur temps.

La rentrée économique, elle, est prometteuse d’à peine 2,6% de croissance, selon le FMI. Le ministre des Finances “table”, selon des confrères, sur 4,6%. On ignore ce que le ministre a “tablé”, mais le pays a déjà parié 100, puis 150 milliards de dollars de “programmes de soutien” pour une croissance de niveau invariablement médiocre.

L’agriculture communique sur ses projets pour couvrir les bruits qui courent sur les torts infligés aux budgets du PNDRA. Comme si de rien n’était. À peine la rentrée… judiciaire de la pêche nous rappelle-t-elle que l’immunité n’est pas encore générale.

Mais la palme de la rentrée la plus remarquable revient indéniablement à l’Université. Les élèves du primaire et secondaire ont déjà changé de week-end, et plusieurs fois de tabliers, et leurs enseignants ont fait une grève, mais les étudiants du supérieur sont toujours en vacances. Depuis le… 6 mai, pour ceux d’Alger et sa région, pour cause de Festival panafricain !

Harraoubia a bien exposé ses motifs du retard à l’intention des vigiles du rituel : “Pas question d’enseigner le vendredi et pas de rentrée avant l’Aïd.” Nous avons dépassé l’Aïd de trois semaines et quatre mois — cinq mois, pour Alger — après le début des vacances, bien malin qui nous dira qui, parmi les étudiants et leurs enseignants, est rentré.

Ici, on ouvre la porte aux “premières années”, là aux “fins de cycle” (polytechnique) et là-bas (institut de planification), on demande aux étudiants de revenir “pas avant la fin du mois”.
Même à Boumerdès, où l’on s’occupe sérieusement de déloger, à coups de barres de fer, les garçons qui croient encore à la mixité, la rentrée se fait attendre. L’assainissent moral d’abord, les études ensuite.

Quand la rentrée universitaire sera totale, il restera peut-être moins de deux mois pour clôturer le premier semestre et entrer en vacances d’hiver. Pas même le temps d’une grève du Cnes ! Mais faute d’avoir inondé notre jeunesse de savoir, l’Université aura eu une rentrée conforme à la charia.

Par : Mustapha Hammouche

Voir La Mecque et…

En remettant d’actualité, par la ferme annulation, la campagne de pèlerinage au titre de l’année 2009, le gouvernement tunisien n’a fait que confirmer l’autorité de l’Etat dans un dossier d’intérêt national, lequel souffre malheureusement de tiédeur dans notre pays.
Il est vrai que le ministère des Affaires religieuses garde toute latitude de s’appuyer sur les réputés garde-fous instaurés par un conclave des ministres arabes de la Santé pour que les personnes considérées parmi les plus vulnérables ne puissent pas effectuer ce pieux devoir.
Mais les moyens efficaces à même de confirmer la bonne santé physique et physiologique d’un candidat donné existent-ils, sachant que contourner les procédures et éluder les mécanismes mis en place relèvent du sport national pour tout acte contrariant nos concitoyens dans la sollicitation d’un renoncement ou l’affirmation matérialisée du don de soi pour un quelconque acte d’utilité publique ?

Nous en prenons pour preuve les cris d’orfraie poussés à chaque fois qu’un événement social ou religieux vient bousculer les modestes gens, lesquels sont malgré tout rarement sinon jamais enclins à adopter une attitude stoïque et, autant que possible se faire douce violence en ne regagnant pas l’autel soumis et de leur propre volonté.

Il est de notoriété publique qu’aller au pèlerinage, c’est surtout acquérir dorénavant au prix fort un statut, un titre et une conscience auxquels il faudrait adjoindre maintenant le risque probable de contracter une maladie qu’assurément toutes les mesures préventives préconisées n’épargneront pas.

Les arguments dichotomiques du ministre des Affaires religieuses, considérant qu’«aucune annulation n’a été signalée» et ceux du ministre de la Santé qui estime que «les personnes âgées, celles souffrant de maladies chroniques, les femmes enceintes et les enfants ne peuvent être autorisés» sont en fait bien loin de la réalité que livre le terrain et où malheureusement par recours à des moyens détournés avec aisance, l’assurance du premier nommé ne peut que trouver confirmation alors que celle du second est nettement battue en brèche.

Même s’il est l’un des cinq piliers de l’islam, le pèlerinage n’est pas une fin en soi pour quiconque ne serait pas en mesure de l’accomplir s’il ne dispose pas des moyens financiers pour ce faire et tout autant s’il se trouve dans un quelconque état d’empêchement physique même si à cette absence individuelle et personnelle des Lieux saints, vœu évidemment légitime de tout croyant, répond l’éventualité de la compenser par une action de bienfaisance au profit d’un ou d’autres individus, groupe ou communauté.

En tout état de cause, dans le cas de la campagne de hadj de cette année, les primo-acteurs éligibles autant parmi les futurs hadji que les responsables à divers niveaux concernés ne pourront que, a posteriori, se reprocher toutes les éventuelles conséquences qui découleraient de ce qui s’annonce plus comme une odyssée qu’un acte pieux. La meilleure des préventions contre les risques de pandémie est, certes, d’ordre médical mais elle ne serait que mieux assise, dans ce cas de figure et exceptionnellement pour cette année, si elle était également abordée sur le plan de la morale. Il s’agit là, néanmoins, de tout
un… programme.

Nos voisins tunisiens y ont réfléchi et pris une décision énergique et radicale. Elle est sans doute discutable dans la mesure où ceux qui s’y opposent affichent un argument de poids parce qu’il tient effectivement la route, et consiste en le fait que ces derniers n’arrêtent pas de s’interroger sur l’ouverture tous azimuts des frontières pour accueillir des milliers de touristes potentiellement dangereux et vecteur par excellence du virus H1N1. Mais elle n’en demeure pas moins une décision qui va s’avérer salvatrice une fois le pèlerinage échu.

Par Abdelhamid Lemili

Faux débat

Quant au lecteur, il a été le dernier des soucis de ces voix qui se sont élevées contre une simple délocalisation, dont on ne connaît pas encore les conséquences.

Le milieu éditorial algérien a été traversé ces dernières semaines par une polémique sans précédent. Outre le changement de statut du Salon international d’Alger — de salon à festival —, la délocalisation du Sila a suscité une grande incompréhension auprès des éditeurs et importateurs qui se sont montrés offusqués, tout en déplorant “l’opacité” de l’organisation, le commissariat du Sila ayant activé dans l’ombre. Les importateurs ont alors procédé à un chantage.

Le ministère, pour sa part, a jugé que les détracteurs et réticents à cette délocalisation avaient des “intérêts malsains”. La délocalisation n’est en fait qu’un prétexte et, encore une fois, nous sommes passés à côté d’un véritable débat sur le livre, longtemps marginalisé par les pouvoirs publics, mais qui suscite pourtant tant de convoitises. Après une tentative avortée de centrer le débat sur la LFC 2009, les deux structures syndicales — le Snel qui rétrécit comme une peau de chagrin avec les cascades de démissions de ses membres, et le SPL, représenté par une poignée d’éditeurs — ont essayé de resituer le débat autour de la délocalisation, allant même jusqu’à menacer de “non-participation”.

Le milieu éditorial est à présent éclaté, même si tous s’accordent à participer à ce 14e Sila. Ils appellent au dialogue avec le commissaire du Salon, également éditeur : une grande première qui ne pourrait exister dans un pays autre que l’Algérie. Toutefois, tout ce “chahut de gamins” s’avère vain puisqu’il montre les véritables intentions de ces éditeurs-importateurs qui sont dans une phase critique, car ce n’est pas le livre qui est menacé, mais plutôt leur survie.

Ces derniers sont perdants (financièrement) car les nouvelles mesures leur imposent une nouvelle réglementation transparente. De plus, avec les nouvelles mesures prises par le Commissariat du Sila, beaucoup de maisons d’édition arabes, qui faisaient circuler des livres religieux avec des idéologies chiites et salafistes, se sont vu refuser la participation.

Il y aura de l’ordre sans doute, mais certains, qui ont vu leurs intérêts menacés — intérêts sans animosité aucune — ont préféré anticiper les choses et se sont ingérés dans ce faux débat. Une fois encore, le livre a subi une guerre de clans. Or, il aurait été plus fructueux de débattre des échanges qui auraient pu se mettre en place entre l’Algérie et le reste du monde dans le domaine de l’édition.

Quant au lecteur, il a été le dernier des soucis de ces voix qui se sont élevées contre une simple délocalisation, dont on ne connaît pas encore les conséquences puisque le Sila démarre le 27 octobre.

Par : Sara Kharfi

La grande harba (XVIII)

Le chef des tangos, le BPB, nous propose de jouer une partie de football contre sa formation. Si nous gagnons, nous sommes libres. Si nous perdons, c’est Ali le boucher qui s’occupera de nous…

Il y avait foule au stade de San Zéro de Yakouren. Situé dans une clairière dominée par la guérite de surveillance des tangos, il n’a pas de tribune. Ni de gradins d’ailleurs. Une petite et fragile clôture entoure le terrain dont la forme rappelle tout sauf un rectangle. En guise de tribune d’honneur, on avait installé une vieille moissonneuse-batteuse, souvenir de l’époque glorieuse de l’ancienne Algérie du XXe siècle, du temps où ces engins, sortis de l’usine de Bel-Abbès, faisaient la fierté des fellahs et du pays. L’été venu, on pouvait les voir partout : c’est grâce à elles que les récoltes de blé pouvaient atteindre des records. Mais personne n’en parlait. Dans l’Algérie d’avant la «grande harba», devenue un dépotoir de tous les produits mal faits de la planète, on avait toujours la préférence pour tout ce qui venait de l’étranger. Mais personne ne disait aux générations montantes que le blé algérien, tout le blé algérien, était moissonné par des machines algériennes. Et les tracteurs ? Mettez devant un agriculteur toutes sortes de tracteurs et dites-lui de choisir.

Il vous dira : «Moi, je préfère le Cirta, le Deutz de Constantine !» Je ne fais pas de la démagogie, c’était ça l’Algérie, avant que les trabendistes ne viennent tout casser, mais, dans l’esprit de nos fellahs, rien ne pourra remplacer les machines agricoles de Bel-Abbès et de Constantine. On raconte que les Chinois ont ramené avec eux des engins sophistiqués de l’usine de Bricou Lage, située dans la vallée de Shanghai. Mais dès qu’ils ont vu le Deutz de Cirta, ils ont eu le coup de foudre, à tel point que leur poète en vogue, un certain Bouedjemaâ Chang, écrivait :

«Mon cœur en balade
Du Royaume du milieu
A la ville de Jade
Cirta entre terre et cieux
J’aime tes nuits blanches Tes ponts, tes bazars
J’aime quand tu déhanches
Comme un tracteur hagard
J’aime de Bel-Abbès
La gare, les places
Mon cœur elles blessent
Vivent tes «Klaâs !»

Mes pensées, vagabondes, erraient dans les entrailles de l’Algérie d’avant que j’aimais follement. Partout où j’allais, je rencontrais des gens joyeux, heureux de vivre. Maintenant, ils sont tous loin. Il n’y a que des Chinois répétés à l’infini. Ils sont bien. Mais ils ont leurs cultures, leurs us et coutumes. En Algérie africaine, il y avait aussi beaucoup d’autres nationalités. Les gouvernants aiment les ouvriers chinois, pakistanais, malaisiens, turcs, égyptiens, etc. Mais dès qu’ils entendent parler d’un Algérien revenu de Sardélie, ils lui font la chasse.

Mes pensées sont rappelées à l’ordre par Mouh Dribble Tout, notre entraîneur. C’est un Oujdi venu en Algérie il y a très longtemps, dans le cadre de la coopération entre les ministères des coups bas des deux pays. Il a aimé Yakouren et il y est resté. Pourquoi l’avoir choisi au détriment du buveur de Jack Daniel’s qui partait pourtant favori avec son expérience de plongeur à la buvette du Stade de Reims ? Il faut dire que nous n’avions rien à voir avec cette décision. Le BPB tenait toujours sa «mahchchoucha » à portée de main et nous ne voulions pas subir le sort des deux arbitres et du pauvre supporter.

Aussi, quand il nous annonça que notre équipe allait être drivée par ce Mouh Dribble Tout, nous acceptâmes sans broncher. D’ailleurs Mouh était célèbre dans toute la contrée : il dribblait effectivement tout ! Ses adversaires dans les matches, et même ses coéquipiers. En ville, il dribblait les passants, les voitures, les lampadaires. A la maison, il dribblait femme et enfants. On raconte que lors d’une visite présidentielle, il fut rattrapé à la dernière minute par les services de sécurité. Il voulait dribbler le chef d’Etat en visite dans la région. Depuis, dès qu’une personnalité était annoncée, on le ligotait.

Avant le match, Mouh nous donna deux instructions : attaquer tous et défendre tous. Je lui fis remarquer que nous n’avions pas la condition physique pour pratiquer une telle tactique qui demandait beaucoup d’efforts, il me répondit que ça n’avait rien à voir et qu’il fallait attaquer tous et défendre tous. L’arrière central lui demanda ce qu’il devait faire si un joueur adverse se présentait seul face à lui. «Attaquez tous et défendez tous.» Autant dire que ce type parlait pour ne rien dire. Dès que nous fûmes loin du banc de touche, le pied-noir nous rassembla pour nous donner quelques conseils : «Ce Mouh Dribble Tout est le plus mauvais coach de la planète. Laissez tomber ce ridicule.

“Attaquez tous et défendez tous”. Pratiquons le 2-2-2-2-2.» Et nous nous lançâmes dans la partie, sous la direction d’un arbitre qui avait choisi un pyjama rayé comme tenue officielle. Le BPB avait pris place sur la moissonneuse- batteuse, à côté de l’ancien maire FIS, d’un ancien moudjahid de la guerre d’Afghanistan et de quelques notables chinois. Il y avait aussi Mama Grilou, de son vrai nom Mutsi Bouchi, une Japonaise mariée à un Chinois décédé, depuis peu, des suites d’une forte absorption de Viagra.

Mama Grilou était une fervente supportrice de l’équipe des tangos. Elle la suivait dans tous ses déplacements à travers le pays. Elle nous regardait comme des chats gris, car elle avait en horreur les chats gris. On lui prêta des lunettes qui nous transformaient en chats noirs. Et encore… Elle avait convoqué l’arbitre et lui avait donné des instructions très claires : les tangos devaient gagner. Elle lui rappela que les règles de l’honnêteté et de l’impartialité étaient le produit d’une mentalité néo-bourgeoise issue d’une conception erronée de la lutte des classes en période post-mondialisation ; ce qui voulait dire, en mots plus simples : «Si cette bande de tarés l’emporte, dis adieu à ton extrait de naissance !» Sur ce, le même arbitre fut convoqué par le BPB qui lui rappela les vertus cardinales de l’arbitrage à plus de 1 000 m d’altitude : «Les tangos doivent gagner en cas de victoire.

S’ils perdent, ils sont gagnants. S’ils font match nul, un lancer d’une pièce de dinar-yuan les désignera comme gagnants puisque les deux faces de cette monnaie sont des piles !» En fait, je crois que la mamie et le chef des barbus en faisaient trop… pour rien ! Nous partions défavorisés face à l’équipe des tangos. Nous allions perdre le plus sportivement du monde. Ce n’était donc pas la peine de terroriser ce poltron d’arbitre dont le corps fondit au milieu du pyjama rayé. En face de nous, il y avait onze gaillards dont le plus petit devant mesurer 1m 85 ! En plus, ce n’était pas de la chair molle.

Ils étaient musclés comme Hulk lorsqu’il se mettait au vert ! L’arbitre donna le coup d’envoi. Dès que le pied-noir entra en possession du ballon, au milieu du rond central, l’arbitre désigna le point de penalty. Il annonçait clairement la couleur. Le buveur de Jack Daniel’s rouspéta et demanda des éclaircissements au «referee ». Ce dernier sortit son carton jaune et dit au pied-noir : «Il ne faut pas remettre en cause les décisions justes et courageuses de l’arbitre. Ce penalty est réglementaire. As-tu lu l’alinéa 4 de l’article 36 ?

- Non ! Qu’est-ce qu’il dit ?
- Lorsque l’arbitre sent l’ail chez le possesseur de ballon, il accorde automatiquement un penalty à l’adversaire.
- Mais je n’ai pas mangé d’ail depuis le dernier repas à l’auberge du maître des monts Kunlun à Béjaïa !

(A suivre)

“Les Feux de l'Amour” vont-ils tuer Victor Newman ?

La plupart des téléspectateurs qui n'ont jamais vu (officiellement) Les Feux de l'Amour connaissent pourtant Victor Newman. Présent dans la série depuis près de 30 ans, le personnage, incarné par Eric Braeden, est mythique, au-delà de la série, dans le monde du soap américain. Pourtant, si l'on en croit l'acteur, le personnage pourrait disparaître suite à une dispute contractuelle dont Eric Braeden parle très ouvertement dans une interview à TV Guide (magazine hebdomadaire nord-américain de presse de télévision.

Eric Braeden explique, en effet, que le contrat qui lie tous les acteurs de soap aux studios contient une clause de révision de salaire toutes les 26 semaines, quelle que soit la longévité du personnage. Et Sony, qui produit Les Feux de l'Amour, a décidé d'exercer cette clause pour réduire le salaire de l'acteur. Inacceptable pour Eric Braeden ? Pas vraiment. “Ce n'est pas que je refuse d'être payé moins, c'est la façon dont j'ai été approché.

On m'a traité d'une manière froide, très insultante, et je n'aime pas me laisser faire”, explique ainsi l'acteur. “C'est une question d'intimidation. Ils ont fait fuiter des choses sur Internet avant même que je sache qu'on allait me proposer une diminution de salaire (...) afin de m'intimider”, ajoute-t-il.

Eric Braeden rappelle également qu'il y a deux ans, c'est lui qui a approché la production pour suggérer une baisse de son salaire pour diminuer les coûts — à condition, bien sûr, que tous les acteurs soient traités de la même façon. “Cette méthode est scandaleuse, quand on a tout donné pour la série pendant 30 ans, et qu'on a fait autant de promotion que moi. Je suis toujours l'acteur qui fait vendre le plus de magazines dans le métier, vous savez !”

L'acteur ajoute que les scénaristes se sont également donné le mot pour noircir le personnage de Victor Newman au maximum, afin de pouvoir se servir d'un problème médical pour le faire partir définitivement, sans que les téléspectateurs soient déçus ou tristes.

“Ça me rend furieux, que tout soit calculé à ce point”, explique Eric Braeden, qui précise toutefois qu'il n'a pas encore pris sa décision. “Ce n'est pas un fait accompli, mais j'envisage très sérieusement d'autres options de carrière”, annonce-t-il ainsi… Une véritable perte qui risque de causer bien des tracas aux ménagères du monde.

Par : Rédaction de Liberte

CE QUE DIT LA MÉDECINE

Sur terre, les activités humaines sont pour la plupart d’entre nous réglées sur le cycle circadien (du latin circadien) dit encore de 24 heures qui intéresse un grand nombre de fonctions physiologiques.

Le niveau le plus élevé de l’activité physiologique se situe généralement entre 12 et 18 heures et le niveau le plus bas qui traduit une nécessité de récupération entre 2 et 5 heures. Il y a trois phases de consciences :

1.veille : le cortex cérébral est actif, il reçoit des informations par les sens, envoie des ordres par des voies motrices.

État non spontané mais provoqué par stimulants ; sur 100 personnes placées, à l’abri de toute stimulation extérieure (obscurité, silence…) et interne (ni café, ni thé, ni nicotine…) et ne subissant aucun stress psychologique, 80% s’endorment en 20 minutes quelque soit la durée du sommeil de la nuit précédente.

Une “horloge” centrale située dans la partie antérieure de l’hypothalamus règle l’alternance de la veille et du sommeil.

Les zones responsables de l’état de veille du sommeil, de l’inhibition sont situées chez l’animal à la base du cerveau, elles seraient chez l’homme au niveau de l’hypothalamus, entre bulbe et cervelet, leur installation a permis, en assignant dessus, d’obtenir à volonté sommeil, rêve, et même chez le chat, rêve “actif”.

Le rêve n’est pas indispensable à la vie, des personnes soumises aux médicaments psychotropes ne rêvent pas du tout.

(À suivre)

Algérie : Des harragas de plus en plus jeunes

Précarité

On peut toujours faire dire ce que l’on veut aux chiffres. Mais une constance demeure: l’Algérie reste scotchée aux bas fonds de l’indice de développement humain (IDH, qui prend en compte quatre facteurs: l’espérance de vie, le taux d’alphabétisation, le taux brut de scolarisation et le PIB par habitant en PPA -parité du pouvoir d’achat-) comme le montre le récent classement établi par le Pnud (Fonds des Nations unies pour le développement) qui situe notre pays à la 104e place mondiale, selon les données de 2007.

Faut-il s’en étonner quand cela fait plusieurs années que l’Algérie n’arrive pas à se dépêtrer d’une position peu en rapport avec les moyens qui sont les siens, résultante de l’incapacité du gouvernement à construire une politique sociale et économique cohérente? En réalité, les chiffres que fournissent les institutions internationales spécialisées (Pnud, BM, FMI, notamment) sont préoccupants et interpellent les pouvoirs publics qui font montre d’un optimisme à tout le moins hors de saison, eu égard à l’amenuisement constant du pouvoir d’achat de catégories de plus en plus larges de la population.

Les couffins du Ramadhan montrent à l’envi combien la pauvreté est bien là, malgré les affirmations d’un ministre de la République selon lequel «il n’y a pas de pauvres» en Algérie. Selon un expert économique algérien, l’économie nationale «est caractérisée actuellement par la ‘’stagflation’’: inflation, chômage et ralentissement de la croissance économique réelle».

Pouvait-il en être autrement lorsque la compétitivité économique de l’Algérie est médiocre, pour ne pas dire nulle, à en croire des indications du Forum économique mondial (celui-là même qui organise les sommets de Davos et autres rencontres économiques mondiales) sur les économies des cinq pays du Maghreb? En fait, en l’absence de chiffres fiables (et vérifiables) sur le développement intrinsèque du pays, les chiffres n’auront que la valeur qu’on veut leur donner, autrement dit peu significatifs au regard de la réalité sociale et économique du pays.

Il en est ainsi, par exemple, du chômage en Algérie où trois institutions officielles arrivent à donner des statistiques contrastées qui ne permettent pas une lisibilité réelle du phénomène du manque d’emploi. On jongle ainsi avec les taux du chômage, amalgamant le travail permanent, le travail temporaire et/ou informel au moment où le travail permanent (à durée indéterminée) perd de plus en plus de terrain face au travail temporaire (ou à durée déterminée), élargissant un peu plus les rangs des sans-emploi fixe et la précarité du travail induisant une dépermanisation de fait qui gagne du terrain.

Or, l’objectif primordial du développement est, et reste, celui d’élargir les choix qui s’offrent aux gens pour s’établir dans la société. Or, ces choix sont de plus en plus ténus en Algérie où l’ont assiste à l’effondrement de la classe moyenne alors que la paupérisation guette des portions de plus en plus larges de la société, au moment où le fossé s’élargit entre les nouveaux riches et l’immense majorité de la population algérienne.

De fait, dans plusieurs domaines et secteurs d’activité, l’Algérie a enregistré des reculs dommageables. Il en est ainsi, un exemple parmi d’autres, des TIC où la compétitivité de l’Algérie a chuté lourdement alors qu’elle a été, dans les années 70, parmi les pays innovants en matière de technologies nouvelles, formant des milliers d’informaticiens qui font aujourd’hui le bonheur de nombreuses firmes dans le monde.

Eu égard au peu de performances, persistantes, de notre économie et de nos outils économiques, il faut avoir le courage de s’interroger et, le cas échéant, revoir, voire réviser, une politique sociale et économique qui, à l’évidence, a échoué.

N. KRIM

Le Sahel et le chant coquin

Récemment alors que les pays du Sahel se réunissaient pour accorder leurs violons et voir comment assurer leur sécurité commune, loin des ingérences, la France choisissait ce moment pour y aller de son cocorico et claironner aux quatre vents qu’elle ne laissera jamais la région exposée aux dangers de l’actuelle Qaïda ou de toutes celles à venir. Il devenait alors limpide que Paris n’était pas enchantée par une démarche sahélienne qui ose l’allégement des prérogatives de la Françafrique.

Paris qui, l’an passé, avait terminé en 4e position dans le classement mondial des marchands de canons, devait certainement avoir un programme pour la région puisque, selon les informations qui circulent, elle compte fourguer en quantité importante certains produits de son industrie militaire au Mali, au Niger et à la Mauritanie, c’est-à-dire les trois pays censés être les moins rechignants. La grande trouvaille en mesure de torpiller l’entente régionale à laquelle étaient parvenus nos pays c’est de proposer des armes à des conditions tout à fait françafricaines. Et puis, le prix d’une caisse de munitions revient quand même moins cher que celui d’un tracteur agricole.

Les dernières nouvelles disent qu’une délégation militaire française a visité les trois pays pour préparer l’acheminement des armes. A-t-on au moins eu la politesse d’aviser les Algeriens ? Malheureusement, tout indique que non et l’on dit même que l’acte français a surpris Alger qui y voit de l’hostilité, voire une tentative d’encerclement par le Sud !

Le projet a-t-il une chance de réussir ou connaîtra-t-il le même sort que celui de l’Africom ? «La coopération avec l’Algérie et les Etats du Sahel suffit à la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière», déclarait avant-hier M. Mohamed Val Ould Bilal, l’ambassadeur mauritanien, au journal qatarien El Watan.

«La concurrence entre l’éléphant américain et le coq français ne vise qu’à glaner des contrats économiques dans la région», ajoutait-il, précisant sa pensée. Il n’a pas été jusqu’à dire que face à ces situations on préférait chez les diplomates parler de pressions plutôt que de chantage.

Par Mohamed Zaâf

Le génie (du mal) populaire

Le monde est ainsi fait qu’on retrouve autant, sinon plus, d’efforts et d’ingéniosité déployés par les forces du mal que celles du génie humain investi dans le bien de l’humanité. Il est évidemment exagéré de qualifier de «forces du mal» ces pickpockets et autres spécialistes du vol à la tire. Souvent, leurs trouvailles, leurs astuces et stratagèmes pour soutirer qui un portefeuille, qui une montre, avec une dextérité de prestidigitateur, pour condamnables qu’elles soient, par la loi et par les victimes, n’en forcent pas moins, parfois, l’admiration.

A chaque fois, on les retrouve étalant des trésors d’inventions, pour tromper à la fois les pauvres quidams qui se font voler, et les policiers et autres fins limiers qui sont à leurs trousses et les pistent au détour de chaque larcin, dans l’espoir qu’il ne soit pas commis. Il serait fastidieux de répertorier toutes les techniques, qui évoluent au fil du temps et s’adaptent à la population ciblée, aux objets à voler.

Mais trêve de permissivité, ici s’arrête l’admiration, qui aurait été compréhensible s’il s’agissait de fiction, alors que c’est la triste réalité. Il s’agit de délinquants, petits certes, mais non moins bandits. Leurs victimes sont malheureusement souvent des femmes et même des vieilles sans défense. Pire, ces pickpockets s’attaquent à des personnes humbles et pauvres, qui fréquentent des endroits populaires et des espaces publics comme les arrêts de bus, les marchés et autres endroits où les nécessiteux s’entassent par… nécessité et par économie.

Il faut dire également qu’ils ne sont pas aussi inoffensifs qu’ils n’en ont l’air et qu’ils sont souvent organisés en gangs, allant jusqu’à vendre à des bandes rivales des terrains de «travail». Il faut dire aussi qu’ils continuent à sévir non pas à cause de l’impunité, mais parce que personne ne réagit, soit par peur de représailles immédiates, soit par la mentalité de «takhti rassi». Le pire, c’est que le vol à la tire n’est qu’un premier palier vers le grand banditisme. Alors, autant étouffer l’embryon dans l’œuf, avant qu’il ne se transforme en monstre.

N.S.