mercredi 14 septembre 2011

DECODAGES Une litanie : mais développez donc l’entreprise !

Le 29 septembre se tient la 15e tripartite (en fait la 14e bis qui fait suite à celle ouverte le 28 mai 2011 et qui était consacrée exclusivement à l’entreprise). La tripartite de cette fin de mois traitera de questions sociales mais pas seulement. Elle doit faire le point sur les conclusions auxquelles sont parvenus les huit groupes de travail mis en place le 28 mai et qui étaient chargés d’arrêter des mesures concrètes visant à aider l’entreprise algérienne à aller de l’avant.
L’impression que laissent entrevoir les organisations patronales est que ces groupes de travail n’ont pas beaucoup avancé et pour ceux qui ont progressé dans leur réflexion, les mesures qu’ils ont arrêtées (et qui ont été le fait des administrations centrales concernées) sont loin de faire l’unanimité. Citons à titre d’exemple le groupe chargé de traiter le dossier de la dette des entreprises et qui a abouti à la mise en place de conditionnalités (à respecter par les entreprises) pires que celles arrêtées par le FMI lors du rééchelonnement d’une dette extérieure d’un pays ! Attendons de voir ce qui sortira de la réunion du 29 septembre et nous pourrons alors mieux évaluer l’intention du gouvernement quant à la mise en œuvre de cette fameuse politique de l’offre que tous les entrepreneurs (publics et privés) attendent.

L’urgence est toujours à la mise en œuvre d’une politique économique favorable à l’entreprise

Ce régime de croissance économique mis en œuvre actuellement dans notre pays n’est pas efficace. La croissance hors hydrocarbures est certes positive mais elle est molle, c’est-à-dire en deçà des ressources engagées. Elle est du même coup très coûteuse. De plus, du point de vue des moteurs de cette croissance, seule la dépense publique agit. De même, du point de vue des acteurs de la croissance, l'ambiguïté est grande et les hésitations nombreuses entre un retour pur et simple aux entreprises publiques des années 70 et un pas, qu’on n’ose pas encore franchir, vers un soutien franc aux entreprises privées et leur accompagnement dans une dynamique d’investissement, de production et d’exportation. Question : dans le domaine de l’industrie par exemple : faut-il se lancer aujourd’hui dans la construction de grands groupes industriels publics spécialisés à l’image de celui qui vient d’être constitué dans la branche ciment ? Des grands groupes publics pour aller vers quoi ? L’industrie mondiale est déjà en proie à de grandes batailles de compétitivité et de gain de parts de marché et les protagonistes sont des champions mondiaux (non pas publics mais à capitaux privés, faut-il le rappeler), en perpétuelle restructuration, délocalisation, externalisation, champions mondiaux qu’il sera bien difficile de concurrencer. Notre «nouvelle» option industrielle vraisemblablement inspirée de l’expérience sud-coréenne des «chabols» (qui a démarré, voilà près de 40 ans !) peut-elle se payer le luxe de refaire l’histoire et échouer une nouvelle fois surtout que le contexte industriel mondial est aujourd’hui encore plus difficile, évoluant à un rythme très rapide. Nous ne pouvons plus reprendre notre industrialisation là où elle s’est arrêtée avec la restructuration organique des entreprises de Abdelhamid Brahimi. Ce modèle des années 70 ne peut plus être rattrapé 30 ans plus tard ! Combien de temps nous faudrait-il pour construire des grands groupes performants, et pourra-t-on le faire avec des entreprises publiques dont on sait maintenant qu’elles ne peuvent pas être gérées sous contrainte d’efficacité à cause, notamment, de leur exposition aux inévitables immixtions du pouvoir politique et les objectifs sociaux qu’il leur fixe. Ne vaudrait-il pas mieux chercher à ouvrir le capital de nos entreprises publiques industrielles dans le cadre d’une stratégie d’intégration aux chaînes de valeur internationales dont les grands champions mondiaux localisent aujourd’hui des segments entiers sur différents sites (et dans différents pays) par des stratégies d’externalisation, d’outsourcing et que les pays émergents cherchent à accueillir en rivalisant d’ingéniosité. L’Algérie a déjà une expérience en matière de grands groupes industriels publics. Rappelons-nous : notre industrie manufacturière tout entière était organisée pour l’essentiel en une dizaine de grands groupes : Sonacome, Sonelec, SNMC, Sonic, SNS, Sogedia, Snic… On insistait à l’époque déjà sur l’effet taille pour aider nos grandes sociétés nationales à devenir des champions même dans le cadre d’une gestion étatique et planifiée. Cette dynamique, dont on ne saura jamais si elle allait réussir ou pas, a été cassée par la fameuse restructuration organique des entreprises publiques du début des années 80. Aujourd’hui, bien évidemment, le contexte national mais surtout mondial a complètement changé et le rythme d’évolution infernal imposé par les multinationales à l’industrie mondiale a complètement déclassé la démarche adoptée dans les années 70. Il faut que nos décideurs en prennent acte.

Une nouvelle stratégie industrielle

A l’ère de «l’entreprise sans usine», de l’outsourcing, de la sous-traitance et des «call centers», devrions-nous en Algérie revenir à l’industrialisation de type soviétique organisée en grands combinats et recherchant l’effet taille ? Devrions-nous solliciter comme acteur principal du développement, d’abord l’Etat malgré l’inefficacité dont il fait preuve, ici et ailleurs, en matière de gestion sous contrainte ? Ne devrions-nous pas aller plutôt à la petite et moyenne entreprise plus flexible, plus innovante pour peu que l’Etat la soutienne, l’accompagne et l’anime ? Ne devrions-nous pas libérer les initiatives, développer l’esprit d’entreprise, mobiliser les capacités entrepreneuriales privées ?

Mettre en œuvre un véritable «plan PMI privées»

L’Algérie attend toujours sa stratégie PMI privées adossée à une politique économique qui soutient les petites et moyennes entreprises et les aide à devenir des entreprises à forte croissance innovantes et compétitives à la fois sur le marché intérieur et sur les marchés d’exportation. Combien de fois n’avons-nous rappelé cette attente ! Une stratégie PMI privées c’est une série de mesures et d’actions en faveur de la petite et moyenne entreprise qui ne sauraient se limiter à l’actuel programme de mise à niveau bien timide ni être confiées à la seule actuelle division «PME» au sein du ministère de l’Industrie. Nous avons déjà eu à présenter les plans américains et français en faveur des petites et moyennes entreprises. Nous les rappelons une nouvelle fois, espérant toujours éveiller quelque réaction positive chez nos «policy-makers» mais prenant aussi le risque de dire et redire une litanie ! C’est en 1953 que le gouvernement américain adopte et met en œuvre un programme dédié à la petite entreprise, qui stipule : «Le gouvernement doit aider, conseiller et protéger dans toute la mesure du possible, les intérêts de la petite entreprise.» Ainsi «le libéralisme économique n’est pas toujours là où on l’attend». C’est le gouvernement américain qui a mis en place de nombreuses aides en faveur des petites entreprises privées et créé l’administration des petites entreprises (SBA) employant trois mille agents et dirigée par un membre du cabinet du président américain, administration chargée de l’application d’un programme d’aides à la petite entreprise. Ces aides touchent à quatre volets :
1)- L’accès aux marchés publics : La loi impose que les marchés publics inférieurs à 100 000 dollars soient mis de côté pour être réservés aux petites entreprises. Ainsi, 62 milliards de dollars de marchés publics sont attribués annuellement aux petites entreprises sur un total de 200 milliards de dollars passés par l’Etat fédéral. La SBA délivre pour ce faire, et à ce titre, aux PME un certificat de compétence qui atteste de leur capacité à soumissionner.
2)- La défense des PME Au sein de la SBA, il y a un bureau de défense de la PME («Office of Advocary») mandaté pour être «les yeux et les oreilles» des PME. Ce bureau propose des dispositions en faveur des PME. Il est aussi le porteparole des PME quand elles rencontrent des difficultés.
3)- La formation, le conseil, l'assistance La SBA développe de très nombreuses actions pour former et conseiller les chefs d’entreprise. Il a été mis en place 57 centres de développement dédiés à ces missions. 13 000 formateurs, essentiellement d’anciens dirigeants d’entreprise à la retraite, exercent dans ce cadre.
4)- Les aides au financement Le gouvernement américain, par l’intermédiaire de la SBA, met en place des programmes financiers qui répondent aux besoins des petites entreprises.
Il s’agit principalement de garanties de prêts (quelque 11 milliards de dollars annuellement) et de soutien à l’industrie du capital risque par le biais du programme SBIC (Small Business Investment Act). Le Small Business Act» a largement contribué au développement des PME et les USA disposent de 22 millions de petites entreprises qui emploient 52% de la population active et contribuent pour 50% du PIB. Ces PME ont créé, depuis 1993, 10 millions d’emplois nouveaux. Pour sa part et s’inspirant de l’expérience américaine, la France a mis en œuvre en juillet 2006, un plan dédié aussi aux PME (de 20 à 249 salariés). Les décideurs français ont constaté une faible croissance des PME et ont pu identifier trois problèmes.

1- Pour atteindre ses objectifs de croissance, une PME innovante doit recruter. Le marché du travail étant en France peu flexible, l’entreprise a peur de prendre trop de risques.
2- Il n’y a pas d’encouragement fiscal pour soutenir les PME qui veulent augmenter leur taille et développer leur potentiel de croissance.
3- Les banques ne suivent pas et n’assistent pas les PME en croissance qui rencontrent de nouvelles contraintes et qui souffrent de délais de paiement trop lents. L’objectif du «Plan PME» en France est de travailler à faire émerger des PME innovantes et compétitives par un accompagnement de l’Etat. Il y a alors de la part de l’Etat :
1/ Un soutien financier à l’innovation
2/ Une assistance conseil Plus concrètement, le «plan PME» concerne les entreprises qui ont une croissance annuelle de leurs chiffres d’affaires d’au moins 20% pendant 4 ans en partant d’une base minimale de 100 000 $ de chiffres d’affaires. Les mesures concrètes d’aide à ces PME sont :
1- Gel de l’impôt sur les sociétés
2- Possibilités de décaler le paiement des cotisations sociales des salariés nouvellement embauchés.
3- Remboursement immédiat du crédit d’impôt recherche. De plus, un soutien financier public est accordé aux PME innovantes. Des «Small Business Investment Company» (SBIC) inspirés des modèles américain et anglais) qui rassemblent pouvoirs publics et opérateurs privés, assistent financièrement les PME dont les délais de paiement, trop longs, freinent considérablement les capacités de développement. Les ressources des SBIC sont constituées de capitaux collectés par emprunts obligataires dont les intérêts sont garantis par l’Etat. De plus, les banques et les compagnies d’assurances font des apports.
Il y a assurément quelque source d’inspiration pour l’Algérie dont les PME, pourtant moteurs incontestables de croissance, d’innovation et de compétitivité, sont complètement plombées par manque de stratégie des pouvoirs publics.

Le manuel du parfait comportement face à 174 milliards de dollars !

Premier signe d’un réchauffement entre l’Algérie et le CNT libyen.
Alger envoie une mission médicale à Tripoli. Des médecins…

… accoucheurs !

Maintenant que le gouverneur de la Banque d’Algérie l’a confirmé, que c’est officiel, nous pouvons enfin le prendre pour… argent comptant. A la fin juin 2011, l’Algérie (c’est comme ça qu’il a dit lui) disposait de 173, 91 milliards de dollars de réserves. En clair, deux choses : d’abord si ce chiffre a été arrêté à juin 2011, c’est qu’aujourd’hui, en septembre 2011, deux mois après, nous sommes encore plus riches. Je subodore même que nous avons vaillamment franchi la barre psychologique des 174 milliards de dollars. Ensuite, seconde constatation qui saute aux yeux dans un bruit terrible de pièces d’or, le pays n’a jamais été aussi riche depuis 1962, l’indépendance et le début de la fin. Maintenant, c’est pas tout ! Qu’allons-nous faire avec ces 174 milliards de dollars sur les bras ? D’abord, vérifier qu’ils sont bien sur nos bras, et pas sur d’autres bras pas forcément amicaux ni partageurs. Pour l’heure, je dois bien l’avouer, je ne sens pas vraiment le poids de ces 174 milliards sur mes bras. Mais je dois bien l’admettre, je ne suis pas un étalon de mesure fiable. Je souffre d’arthrose, mes terminaisons nerveuses se nécrosent de plus en plus, rendant mes bras et mes avant-bras de moins en moins sensibles au poids, à la charge. Si parmi vous, amis lectrices et lecteurs, il s’en trouve qui sont sains, ne souffrent pas de rhumatismes des bras ravageurs et qui sentent bien eux le poids des 174 milliards de dollars sur leurs bras, qu’ils me le disent, ça me rassurerait ! Mais ne perdons pas le fil de notre tête-à-tête avec les 174 milliards de dollars. Quand vous faites face à un tel tas de billets, quelle attitude adopter ? Le vouvoiement, bien sûr ! Il faut apprendre à vouvoyer. Ne vous inquiétez surtout pas de choquer, autour de vous chacun comprendra que vouvoyer 174 milliards de dollars, c’est la moindre des choses que nous puissions faire. Et ensuite ? Une fois que vous avez appris à vouvoyer 174 milliards de dollars, que faites-vous ? Prendre des photos. N’hésitez pas à prendre des photos. Et si votre appareil est muni de la fonction vidéo, filmez aussi ! C’est plus prudent. Pour la postérité surtout. Car il n’est pas dit que vous vous retrouviez à l’avenir dans cette posture, assis en face de 174 milliards de dollars. Alors, autant garder des traces. Vos petits-enfants, en fouillant dans les coffres à souvenirs de la famille, pourront toujours dire «tiens ! Là, tu vois, c’est grand-père en face d’un tas de dollars en train de les vouvoyer !» Ça sera toujours ça comme héritage aux générations futures ! En priant tout de même très fort pour que vos petits-enfants ne souffrent pas, comme vous, d’arthrose aiguë aux bras. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.


H. L.

Les masques sont tombés

“La charia islamique” sera le socle de leur législation et de leur Constitution. Un slogan déjà entendu ailleurs (l’ex-FIS en a fait un programme politique en Algérie) et qui doit faire méditer l’ONU et les puissances occidentales sur le chèque en blanc politique signé en faveur du CNT.

Ça y est. C’est dit. “L’islam sera la principale source de législation en Libye.” Cette annonce du CNT confirme les craintes de la communauté internationale sur le devenir démocratique d’une Libye qui bascule en émirat.
Le CNT a choisi son modèle et on hésite encore à choisir entre l’Afghanistan ou le Pakistan. Ce qui est pour les plus lucides, la même chose. Après avoir été présentés comme l’alternative démocratique à Kadhafi, une sorte de “combattants de la liberté” version maghrébine, les nouveaux dirigeants libyens sont revenus, tranquillement, au projet de société qu’ils préparaient et qu’ils ont proposé aux Libyens. “La charia islamique” sera le socle de leur législation et de leur Constitution. Un slogan déjà entendu ailleurs (l’ex-FIS en a fait un programme politique en Algérie) et qui doit faire méditer l’ONU et les puissances occidentales sur le chèque en blanc politique signé en faveur du CNT.

C’est Moustapha Abouljalil, ex-ministre de la Justice de Kadhafi et ancien signataire des billets d’écrou des opposants libyens qui l’a annoncé. Abouljalil qui, pour ceux qui ne connaissent pas, est un habitué des rapports d’Amnesty International sur les cas de torture en Libye. Cette annonce est une confirmation. Pour les libertés, individuelles ou collectives, pour le statut de la femme libyenne ou pour le respect des droits de l’Homme, il faudra dorénavant contacter BHL dans son arrondissement chic de Paris. À force d’avoir survendu le CNT au président Sarkozy ou à Israël, c’est Paris qui se retrouve piégé avec la pire équation géopolitique qui soit. Un État islamique à 3 heures de vol de Paris. Ce qui contredit la doctrine diplomatique française au Maghreb depuis l’avènement de la droite française au pouvoir.

Que faire maintenant que les masques sont tombés ? Ben, il faut assumer les conséquences. Bombardé de critiques, Alger avait prévenu les plus téméraires de la véritable nature du nouveau pouvoir libyen. Paris a beau minimisé le flux des armes, la force d’Aqmi au Sahel ou les dérives racistes du CNT contre les Touareg et les noirs de Libye, rien n’y fait. L’obsession libyenne de l’Élysée a accouché d’un monstre qui va s’émanciper doucement de la tutelle occidentale. L’ONU commence à s’en convaincre en invoquant le fait que “la nouvelle Constitution libyenne ne respecte pas les changements modernes”. Washington aussi réalise le bourbier islamiste qui est en train de s’agrandir en se disant : “Ému du sort des migrants et réfugiés d'Afrique noire en Libye.”

Voilà, maintenant, que le CNT a annoncé la couleur, il n’y a qu’à trouver où mettre les concepts de démocratie, des libertés et de laïcité dans un dépôt de Tripoli sous la surveillance zélée d’Abdelkader Benhaj, le qaidiste du CNT. Car, c’est la Libye qui va traverser une époque d’obscurantisme terrible. Mais à l’Otan, où on sait relativiser, on doit penser comme l’a écrit un internaute français : “Qu'il soit islamique, démocratique, laïc, totalitaire, le pétrole a le même pouvoir de combustion pour faire avancer nos bagnoles.”

Mounir Boudjema

L’impossible réforme : la démonstration du Conseil des ministres

En s’engageant sur des réformes “approfondies”, le pouvoir s’est embarqué dans une drôle de galère. D’autant qu’il semble en avoir fait sa carte de visite, celle qui lui permet de ne pas être traité en dictature résiduelle d’Afrique du Nord.

Par les temps qui courent, on ne peut appeler réformes n’importe quelle retouche à une législation qui fonde l’arbitraire, si tant est que la législation devienne, par on ne sait quel miracle, contraignante pour le pouvoir. Jusqu’ici, la loi existait aussi : mais, qui peut dire par quel mystérieux circuit s’octroyait un agrément de publication ou se refusait l’homologation d’un parti politique ?

Le pouvoir est donc en train de concevoir des réformes, son Parlement devra les enrichir ; il devra ensuite les mettre en œuvre sous le contrôle de sa justice. Cela fait beaucoup d’institutions dont le fonctionnement démocratique et l’attribut d’indépendance sont établis !

Quant à l’essence démocratique de ses réformes, l’Exécutif qui, en toute circonstance, ne manque jamais de revendiquer ses réalisations, s’en lave les mains : les projets de loi en cours de finalisation sont présentés comme inspirés des “propositions pertinentes” des partis et personnalités consultés ou ayant déposé des avis écrits. Le gouvernement se met, par là, en position de faire partager la parenté des réformes aux représentants de la classe politique et de la société civile consultés.

Le laborieux Conseil des ministres qui vient d’entériner les projets de texte sur l’information, les partis et les associations démontre l’hésitation d’un gouvernement qui, loin d’être résolu dans sa volonté de réforme, patine à s’accorder avec lui-même. Non pas que les conditions de l’exercice des droits politiques, civiques et du droit à l’information demandent à être réinventés, mais certainement parce que le pouvoir n’a pas encore résolu la question de la dose d’ouverture qui lui permettrait de présenter ses réformes comme conformes au standard des avancées démocratiques attendues.

Le statu quo dans le traitement des partis politiques et des associations renvoie l’organisation de la vie politique au sur-place. Avant l’avènement de l’État de droit, c’est-à-dire l’État où le pouvoir n’est pas au-dessus de la loi et où la justice est indépendante, le pouvoir pense rassurer sur la liberté d’association en instituant, pour les initiateurs de partis politiques, le recours au Conseil d’État. Si le monopole de publicité institutionnelle n’est pas préalablement démantelé, la libération légale de l’exercice de la presse écrite est annulée par la répartition politique du budget de promotion des institutions et des entreprises publiques.

L’irrésolution réformatrice apparaît nettement dans l’ajournement de la question cruciale de l’ouverture de l’espace audiovisuel en attendant une “loi spécifique” : le niveau d’ouverture toléré n’était pas présentable et le niveau présentable ne pouvait être exhibé comme l’expression de l’ouverture prônée.

La lourdeur dans la conduite des réformes et la timidité qu’on peut lire dans les éléments de réforme rendus publics confirment l’impossibilité structurelle de réformes conduites de l’intérieur en Algérie : il en va de la survie du régime et de l’existence du système.

Mustapha Hammouche

Ouverture du champs audiovisuel en Algérie

Le Saoudien Al Walid lance une chaîne de télévision pour faire face à Al Jazeera

«Il y a des silences qui sont de dangereux explosifs!» Daniel Pennac

Le milliardaire saoudien Al Walid ben Talal lancera en 2012 une nouvelle chaîne de télévision d'informations en continu, Al Arab, et cela pour stopper la pression et l'hégémonie d'Al Jazeera. Lors d'une conférence de presse au siège de son groupe Kingdom Holding, le prince Al Walid, neveu du roi d'Arabie Saoudite et propriétaire de plusieurs groupes internationaux dont l'hôtel Georges V à Paris, a déclaré que cette opération vise à accompagner le «Printemps arabe» et contribuer à la promotion de la liberté d'expression dans le Monde arabe».


Il ajoute que «la région connaît des changements dramatiques, en passe de se poursuivre et de provoquer des développements importants, qu'Al Arab va accompagner», avant d'ajouter qu'Al Arab entend contribuer à «la promotion de la liberté d'expression et de la presse dans le monde arabe» par une couverture «objective, équilibrée et crédible» de l'actualité régionale. Visiblement très sensible aux campagnes de manipulation et déstabilisation d'Al Jazeera dans le Monde arabe, le prince Al Walid entend prendre ses dispositions et éviter que son pays, l'Arabie Saoudite, soit touchée par la vague de la Révolution arabe.


La nouvelle chaîne réservera une tranche quotidienne de cinq heures aux informations économiques et financières, qu'elle confectionnera en collaboration avec le groupe américain Bloomberg LP en vertu de l'accord conclu entre les deux parties. Al Arab, dotée d'un réseau de journalistes du Monde arabe, entrera en compétition avec les deux chaînes régionales qui dominent déjà le secteur dans le Monde arabe: la chaîne qatarie Al Jazeera et Al Arabiya émettent de Dubaï à capitaux saoudiens. Son siège n'a pas été encore choisi: Manama, Doha, Dubaï, Abou Dhabi ou Beyrouth figurent parmi les villes pouvant abriter la nouvelle chaîne qui sera, selon le communiqué, indépendante de Rotana, le groupe régional de divertissement du prince Al Walid, lequel avait vendu 9% de ses actions au géant des médias News Corporation de Rupert Murdoch.


Le Saoudien Jamal Khashoggi, un vétéran de la presse saoudienne, proche des Al Fayçal, une branche de la famille régnante en Arabie Saoudite, dirigera Al Arab. En mai 2010, il avait dû démissionner de son poste de rédacteur en chef de l'influent quotidien saoudien Al Watan dont il avait fait une tribune progressiste, et ce, après la parution d'un article critiquant le salafisme qui avait suscité des remous dans les milieux conservateurs. Il est clair que cette nouvelle télévision vise à apaiser la tension médiatique qui est très forte dans le Monde arabe et qui a poussé à l'ouverture du champ audiovisuel dans certains pays, considéré comme fermé telles la Tunisie, la Mauritanie et aujourd'hui l'Algérie.

Amira Soltane

Le patronat, pour quoi faire ?

La «tripartite» est pour la fin du mois. Encore une fois, rien n'indique que l'économie sera à l'ordre du jour, encore moins l'entreprise. Un économiste qui ne manque pas de lucidité disait, il y a quelques années, sur un ton dépité que l'Algérie était le seul pays où on ne parle jamais de l'entreprise. Dans l'espace où il s'exprimait, il aurait pourtant pu être question du sujet et même n'être question que de ça.

Dans la salle, il y avait de respectables capitaines d'industries, des experts qui ne manquent pas de compétence et de liberté de ton et des politiques qui n'ont pas la réputation de garder leur langue dans la poche. Paradoxalement, ce jour-là aussi, l'entreprise a suscité très peu d'intérêt parmi l'assistance qui avait pourtant applaudi à tout rompre le brave économiste désespéré qui a fini par lâcher en aparté que si on n'en parlait pas dans un espace aussi libre qu'éclairé, c'est qu'il n'y avait rien à dire sur la «question».

La tripartite aura lieu dans quelques jours, il ne sera pas (encore) question d'économie, encore moins d'entreprises et manifestement ça ne dérange pas outre mesure le patronat qui s'y prépare avec un énigmatique enthousiasme. Il en est ainsi de la Confédération des industriels et des producteurs algériens (Cipa). On ne sait pas si la «cession» de son conseil national, prévu dans quelques jours, est spécialement programmé pour discuter de la tripartite, mais on sait qu'il en sera largement question.

L'un de ses animateurs va même plus loin en déclarant que «le caractère social» de ce rendez-vous n'est pas fait pour décourager les opérateurs économiques qui vont évaluer les résultats de la précédente tripartite, pourtant aussi «social» que la prochaine, avant d'élaborer l’état des lieux et propositions. Pour l'état des lieux, on sait.

On n'a peut-être pas besoin d'être patron pour savoir que la situation n'est pas très brillante, qu'il n'y a aucune stratégie de développement cohérente et que «l'outil de production est bloqué depuis des décennies» en raison des problèmes qui s'accumulent et de l'«absence de solutions» !

On sait beaucoup moins pour les «propositions», mais on peut en deviner ce qu'on en fera. Il n'y a qu'à demander aux autres «partenaires sociaux» et aux représentants du gouvernement ce qu'ils attendent du patronat en l'invitant à ces «négociations». Et vous ne serez pas surpris d'apprendre qu'il ne sera question que de SNMG et de retraites. Et depuis quand, le SNMG, les autres salaires et les retraites sont-ils liés à la production et à l'entreprise pour que les patrons viennent en discuter ?

Slimane Laouari

TÉLÉVISIONS PRIVÉES : Mehri, Rahim et Haddad en piste

L’ouverture au privé de l’audiovisuel se précise de plus en plus. Certains candidats n’ont pas tardé à se faire connaître, alors que d’autres ont opté pour la discrétion. Les groupes en lice sont nombreux. Mais dans le milieu d’affaires, on parle du groupe ETRHB d'Ali Haddad, du groupe Mehri ou encore celui que préside l’homme d’affaires Rahim du groupe Arcofina.

Abder Bettache - Alger (Le Soir) -Avant même que le gouvernement n’annonce officiellement sa volonté d’élaborer une loi spécifique pour consacrer l’ouverture de l’audiovisuel au privé, des informations font état de démarches et tractations menées par des hommes d’affaires pour se lancer dans le projet audiovisuel. Le groupe ETRHB semble avoir pris plusieurs longueurs d’avance sur ses futurs concurrents. Depuis le 25 août dernier, un site web – www.dzairwebtv.com – a été lancé. Une stratégie mise en place, expliquent des spécialistes de l’audiovisuel, «dans une perspective de la création d’une chaîne de télévision». M. Yacine Titem, le directeur de l’agence Lotus Média, accompagnatrice du projet, évite de parler explicitement de «lancement d’une chaîne de télévision» pour le compte du groupe Haddad. «On ne peut rien vous confirmer», s’est-il contenté de dire. Mais «la mission qu’on nous a confiée est celle de mettre en place une TV web». En effet, cette dernière, étant une chaîne généraliste, a entamé sa diffusion en ligne. «Vivez la télé autrement» est le slogan de dzairwebtv.com. Des émissions sportives, telles que «Café des sports» ou encore «Dzaïr foot» sont à l’affiche du site. D’autres émissions à caractère culturel et social sont prévues dans la grille de lancement. L’émission intitulée «Le 1/4 d’heure de célébrités» constitue l’une des prochaines attractions.
Un rêve de trente ans pour Djilali Mehri
Le décor mis en place est identique à celui des plateaux de télévision. Un effort qui dénote que dzairwebtv s’inscrit dans une perspective de lancement d’une chaîne de télévision. «C’est une lecture qu’on pourra faire. Mais pour le moment rien n’est officiel», ajoute M. Titem. L’homme d’affaires Djilali Mehri ne cache pas pour sa part son enthousiasme quant à la prochaine ouverture du champ audiovisuel au secteur privé. «C’est une annonce qui constitue sans nul doute une avancée prometteuse dans la voie du renforcement des libertés publiques et de la démocratie dans notre pays», a-t-il indiqué. Et d’ajouter : «C’est un rêve que je caresse depuis trente ans. Cela fait longtemps que je m’y intéresse. J’attends cela avec impatience. A l’occasion de la tenue d’un symposium maghrébin les 11 et 12 mai 2006 à El Oued, j’avais déjà exprimé le désir de m’investir dans ce secteur d‘activité. Une activité dédiée en particulier à la culture, aux arts, à la musique de notre pays, ainsi qu’au sport, loisirs et tourisme. C’est dire que j’accueille avec joie cette initiative de nos autorités et je m’emploierai à m’y associer et à soutenir un investissement de mon groupe pour le plus grand intérêt de mon pays.» Le représentant exclusif de la chaîne hôtelière du groupe Accor en Algérie a tracé, lui, les contours de son futur investissement. «Il faut maintenant attendre la publication du cahier des charges régissant cette activité».
Le groupe Rahim dans l’attente des textes
Pour Djilali Mehri, «l’Algérie aura beaucoup à gagner en ouvrant le champ de l’audiovisuel». «Nous allons actualiser notre étude et nous comptons faire de ce projet un véritable support de l’épanouissement touristique, culturel, sportif et social de notre pays. On est, certes, en retard dans ce domaine, mais on peut facilement se rattraper. La télévision est un moyen approprié pour présenter au monde l’Algérie. Je vous le répète, c’est un rêve qui date de trente ans», ajoute notre interlocuteur, qui précise que son projet de création de chaîne de télévision aura une dimension maghrébine, un projet antérieur à la chaîne tunisienne Nessma TV. Le groupe Arcofina, que dirige l’homme d’affaires Rahim, propriétaire du projet la Médina d’Alger, dont l’hôtel Hilton, la tour ABC ou encore le projet Ardis est annoncé comme porteur d’un «important » projet de création d’une chaîne de télévision. Une information démentie par l’entourage immédiat de M. Rahim, qui a indiqué que «le projet n’est pas à l’ordre du jour». Selon la direction de communication du groupe Arcofina, citant son secrétaire général «le groupe Rahim n’est nullement sur le point de lancer une chaîne de télévision». «Pour le moment, le projet n’est pas à l’ordre du jour pour le groupe Arcofina. Le champ de l’audiovisuel est pour l’instant fermé. Le jour où il sera ouvert, on verra. On attend les textes pour mieux voir.» Une explication qui laisse penser que le groupe Arcofina, considéré comme l’une des entités économiques privées les plus actives en Algérie, est intéressé par l’expérience audiovisuelle.
Beur TV se recentre sur Alger ?
Dans la foulée de cette importante mutation que connaîtra le champ audiovisuel en Algérie, la chaîne de télévision française Beur TV n’est pas en reste. Se présentant notamment comme la première «chaîne de télévision privée à destination des Français d’origine maghrébine, de Maghrébins vivant en France (…) mais aussi aux populations issues de l’immigration des pays du sud de la Méditerranée et vivant en France», Beur TV compte se repositionner et se redéployer. Selon des sources concordantes, la chaîne de télévision Beur TV compte faire d’Alger son principal siège dans la région du Maghreb. Autrement dit, si Beur TV délocalise sur Alger, elle sera en pole position pour entamer son expérience algérienne de l’audiovisuel. Beur TV est conventionnée par le Conseil supérieur de l’audiovisuel français depuis le 8 janvier 2002. Elle a obtenu l’agrément du CNC en juin 2003 et débutera sa diffusion le 3 mars 2003. Cela étant, il est à noter que dans le document portant perspective d’ouverture du champ audiovisuel, le ministère de la Communication justifie la fin du monopole de l’Etat sur la télévision en indiquant que, «l’ouverture de l’audiovisuel au privé paraît incontournable au regard du développement des technologies de l’information et de la communication». «Le caractère sensible du secteur de l’audiovisuel, qui a un impact déterminant sur l’opinion publique, impose une loi spécifique pour cette activité», ont ajouté les services du ministère, qui précisent dans le même document, que «l’audiovisuel, la presse électronique, les sondages et la publicité ne figurent pas dans le nouveau code de l’information du fait que ces activités présentent des spécificités nécessitant des textes séparés».

A. B.

Bouteflika s’explique sur le FIS

«Mais que pourrais-je avoir comme problème avec Sid Ahmed Ghozali ? Ou avec Amara Benyounès ? Ou avec Mohamed Saïd ? Ou je ne sais qui encore ?». C’est Bouteflika qui parle. C’était lundi lors de la réunion du Conseil des ministres, selon des confidences d’une source très bien informée.

Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - «Eh bien aucun», répondait Bouteflika à sa propre question. «Mais si j’avais donné mon accord pour ces personnes, je devais également le faire pour les gens de l’AIS. Madani Mezrag aussi a déposé une demande pour constituer un parti» ! Silence religieux, bien sûr comme à chaque fois que Bouteflika prend la parole et tous les membres du gouvernement attendent la suite. «Il est hors de question, mais alors hors de question de permettre aux gens qui ont mis le pays à feu et à sang de revenir sous quelque forme que ce soit sur la scène politique. » Il s’explique encore : «Vous savez pourquoi nous étions bloqués sur cette question jusque-là ? Parce que nous avons un vide juridique.» A ce moment, tout le monde aura compris. C’était lui qui avait instruit Ouyahia d’imposer un article explicite dans la nouvelle loi sur les partis politiques concernant les éléments de l’ex-FIS. Une question qui n’avait pas fait l’unanimité au sein du gouvernement qui avait consacré pas moins de cinq réunions à la loi sur les partis. Certains ministres, notamment du MSP, s’opposaient à cet article, expliquant que cela reviendrait à remuer le couteau dans la plaie et que, de toute les façons, la charte pour la paix et la réconciliation nationale avait définitivement tranché sur cette question. En face, Ouyahia, soutenu par Belkhadem et la majorité des ministres insistant au contraire sur la nécessité d’introduire cet article. «A la quatrième réunion, Ouyahia est venu avec un document préparé par ses services», nous confie notre source. Ce document préparé par les services du Premier ministère et dont nous avons une copie, est intitulé tout bonnement : «La question du parti dissous dans la nouvelle loi organique sur les partis politiques». Il commence par évoquer «la situation actuelle». En fait, c’est un rappel cinglant de la disposition de la charte «(…) le peuple algérien ne peut oublier les tragiques conséquences de l’odieuse instrumentalisation des préceptes de l’Islam, religion de l’Etat. Il affirme son droit de se protéger de toute répétition de telles dérives et décide, souverainement, d’interdire aux responsables de cette instrumentalisation de la religion, toute possibilité d’exercice d’une activité politique, et ce, sous quelque couverture que ce soit. Le peuple algérien souverain décide également que le droit à l’exercice d’une activité politique ne saurait être reconnu à quiconque ayant participé à des actions terroristes (…)». Le document de Ouyahia précise juste après que «cette volonté souveraine du peuple a été reproduite dans l’ordonnance n°06.01 du 27 février 2006, portant mise en œuvre de la charte pour la paix et la réconciliation nationale (…). La révision de la loi organique relative aux partis politiques doit à présent, lit-on encore dans ce document, prendre en charge cette position. Cela est d’autant plus nécessaire que, dans le cas contraire, l’adoption de la nouvelle loi organique sur les partis entraînerait alors l’abrogation de l’article 26 de l’ordonnance du 27 février 2006, et donc remise en cause de la décision exprimée par le peuple à travers son approbation massive de la Charte (…)». Le document du Premier ministre passe ensuite à un deuxième chapitre, intitulé «Options pour un article sur cette question, dans le projet de loi relative aux partis politiques». Et elles seront deux propositions. La première «consiste à reproduire intégralement le libellé de l’article 26 de l’ordonnance de février 2006 (…) Cependant, prévient encore le document, le choix de cette option reviendrait à bannir de la vie politique tous les éléments ayant pris part à la tragédie nationale, et cela pourrait s’avérer une position extrême». Par «position extrême», et selon notre source, on entend l’application dudit article «sur non seulement la base de l’ex-FIS mais les trois millions d’électeurs du FIS en 1992».
«Des militants FIS, vous en avez tous»
D’ailleurs, en Conseil des ministres, Bouteflika, évoquant cette question, fera remarquer que «de toutes les manières, d’anciens militants du FIS, vous en avez déjà tous ! On y trouve au FLN, au RND, au Hamas (ancienne appellation du MSP, Ndlr) et même chez Louisa Hanoune» ! En fait, nous révèle toujours notre source, «les divergences au sein du gouvernement ne concernent pas les anciens dirigeants du FIS, les repentis ou les militants de ce parti. Sur ce point, tout le monde est d’accord. Les divergences concernent seulement la base du parti dissous». Le document de Ouyahia propose la solution dans «l’option n°2. Cette seconde option, précise le document, viserait à sauvegarder la position décidée par le peuple d’interdire le retour du parti dissous ainsi que de ses principales figures sur la scène politique. Dans cet esprit, l’article 3 bis du projet de loi organique relative aux partis politiques se lirait comme suit : le droit de fonder un parti politique ou de prendre part à la fondation d’un parti politique est interdit pour toute personne responsable de l’instrumentalisation de la religion ayant conduit à la tragédie nationale. Ce droit est interdit également à quiconque ayant participé à des actions terroristes, refuse de reconnaître sa responsabilité dans la conception et la mise en œuvre d’une politique prônant la violence contre la Nation et les institutions de l’Etat». Au final, c’est cette proposition que l’on a retenue, tant au niveau du gouvernement que dimanche dernier en Conseil des ministres. C’est désormais l’article 4 de la loi sur les partis politiques. Avec un ajout de taille, toutefois, fait sur proposition de Noureddine Yazid Zerhouni. L’article qui enterre le FIS se décline donc comme suit : «Le droit de fonder un parti politique ou de prendre part à la fondation d’un parti politique ou (l’ajout de Zerhouni ndlr) d’assumer une responsabilité au sein d’un parti politique (….).» Ce faisant, la voie est désormais ouverte pour l’agrément des nouveaux partis…
«Nous n’avons pas de télévision»
Autre dossier qui avait particulièrement «passionné» Bouteflika au cours de la réunion du Conseil des ministres, le nouveau code de l’information. «Le ministre de la Communication l’avait présenté dimanche. A la fin de la présentation, le président prend la parole. «Ecoutez, ce texte est trop sensible pour le traiter à la légère. Nous sommes un peu fatigués et je préfère que nous le traitions demain», nous confie notre source. Et le lendemain lundi, à l’ouverture des travaux, Bouteflika se distinguera par une sortie pour le moins surprenante : «Ecoutez ! Nous n’avons pas de télévision ! Notre télévision n’est même pas classée. Sur ce terrain, nous sommes complètement désarmés, dépassés ! Nous sommes agressés de partout et nous n’avons rien pour nous défendre !» Devant des ministres médusés, Bouteflika s’adressera au ministre de la Communication : «Ecoutez, ce texte n’est qu’un texte. Il ne sera d’aucune utilité sans des décisions et des mesures effectives. Vous avez carte blanche pour cela, mais il faut redresser le secteur !» Il ne s’arrête pas là : «Et puis, même notre presse écrite est médiocre ! Il faut remédier à tout cela» ! On croirait entendre parler un chef de l’opposition !

K. A.