dimanche 4 octobre 2009

Azal, le ténor

Pour avoir entendu sur le web sa voix, par extraits, j’ai eu envie de le présenter. Farid Belkadi alias Azal. Vous connaissez ? Non ?

Alors retenez ces deux syllabes : Azal. En kabyle, cela veut dire : la mesure, la part. Ça lui va bien. Il a à cœur de transmettre et de ne pas laisser se perdre les chefs d’œuvre, c’est pourquoi il a suivi une formation de restaurateur d’œuvres d’art du XVI et XVIIe siècles. Mais il préfère en créer. Officiellement, il est artiste peintre. Son style ? Un figuratif à qui il offre une part de liberté est parent de Delacroix et Dinet. Il décline la sémiotique pragmatique berbère. Une petite préférence pour les visages féminins, qu’il sublime. Son empathie avec son talent est à l’unisson avec le sujet qu’il traite.

Quant aux couleurs, elles vibrent en lui et ne peuvent s’exprimer qu’avec justesse. Pour être ce qu’il est, Farid ne peut être qu’à l’écoute des autres, du monde. Il est aussi costumier, musicien, boute-entrain. Mais le plus grand de ses talents, à moins que ça en soit une autre facette qui élargisse sa palette d’artiste, mettant à sa disposition selon la texture de ce qu’il veut exprimer un autre matériau, n’est par sa profession. Farid chante. Pas comme vous ou moi. Non… Farid Chante. Majuscule.

Si d’aventure vos yeux croisent une affiche annonçant un concert de «chants berbères lyriques», et que le nom d’Azal Belkadi y figure, annulez votre repas d’affaires, différez la demande en mariage que vous aviez prévu de faire ce soir ou ratez le bus, et courrez- y ! Quel sortilège entoure ce chanteur d’une ère… culturelle... où il y a quasiment autant de chanteurs que d’auditeurs ? La seule vraie réponse serait, allez-y, un miracle ne se décrit pas, il se vit. Il ne ressemble à rien qu’on ait entendu.

Un peu peut-être, quand même. Il affirme une fidélité émue à Taos Amrouche. Comme elle, il va vers ce que la culture berbère a de plus profond pour la porter au plus haut. Vous avez compris, on a décidé de soutenir Azal parce qu’il apporte de l’émotion et de la perfection. L’ennui, c’est que… Ah, un petit aveu de journaliste ! D’habitude, quand on veut écrire quelque chose sur quelqu’un, on cherche à lire ce qu’ont libellé avant nous nos confrères. Officiellement, c’est pour amener du neuf.

Officieusement, c’est pour dégotter des idées, des pistes. L’ennui, c’est que, concernant, Azal, il n’y a rien. Ou si peu ! Il faut donc oser, plonger…. On l’appelle déjà le Pavarotti berbère. Il est ténor comme lui, et en a la prestance. Des clones clowns, on doit en trouver à la pelle ! Mais là c’est au fait qu’il nous rappelle que la musique est un langage universel, tout comme le ténor italien à qu’il doit ce surnom. Il nous fait voyager dans un univers où la langue devient accessoire.

La beauté du paysage sonore qu’il nous fait partager est au-delà des mots, et nous laisse sans voix. Lorsqu’il y a quelques jours, j’ai eu la chance d’aller l’écouter, le public, de différentes nationalités et de différentes langues, a été unanimement transporté. J’avais pour voisins de siège des Américains qui ne comprennent aucune sorte de berbère. Leur émotion en écoutant cette voix dont la tessiture campe entre l’alto et la basse, terme froid de technicien qui ne tient compte aucunement de la profondeur de la culture, et de ses sommets à la pureté du diamant que cette gamme de sons permet d’exprimer sans limites.

Azal ne se contente pas d’être un excellent chanteur lyrique, qui hisse l’achewiq, chant traditionnel berbère, au ciel de la beauté. Tout comme il restaure les trésors en peinture, il travaille aussi sur la mémoire du chant. On ne se refait pas… La générosité de son talent ressuscite les chants de la vie quotidienne berbère, tressant l’épopée des peuples. En l’écoutant, on a l’étrange impression que l’on se met à planer au-dessus de nous-mêmes, ascension qui nous nous allège en nous émouvant.

Quand il chante, il y a une aspiration du ciel et c’est vers les cimes où se nichent ces forces qui gouvernent la rosée qu’il tend ses mains et sa voix. Il y a quelque temps, j’ai envoyé à un ami musicien sa première vidéo, une image qui circule sur internet. Voilà ce qu’il m’a écrit en réponse. Je le reproduis tel quel car tel il dit tout : «Cet homme est chant et c’est tout. L’air qui le traverse se fait archet, mettant son âme et ses cordes vocales en résonance avec l’univers.

Il a la générosité de nous transmettre ce message dont il est dépositaire et qui nous rend meilleurs. Quand je l’entends, je me dis que je voudrais être assis dans les montagnes pour entendre sa voix monter, amplifiée par l’immensité, distribuée par l’écho. Cet homme est seul, relié, canal. Il n’est ni dans la domination, ni dans la séduction, ni dans la puissance. Il irradie, et son immense intériorité rayonne.

Il nous fait rencontrer Dieu, il ne l’est pas. Quel dommage que la fée électricité meuble ces respirations si belles, tant elles permettent à une phrase de s’éteindre tout en invitant l’autre. Il est bien au-dessus du chant lyrique. Astu déjà entendu le Miserere d’Allegri chanté par un jeune garçon, et non par un homme ? C’est à pleurer de beauté, comme ce qu’il fait.»

Un soliste aussi talentueux soit-il doit à ses musiciens une part de la magie qui s’opère entre lui, pour ne pas dire eux, et son public. Jean-Philippe Kyriel, un maître au clavier, qui a fréquenté des gens comme Youssou N’dour, crée l’ambiance propice à valoriser la voix exceptionnelle de son complice. Moussa Kaci, flûtiste, capte le vent qui musique sur les hauteurs des montagnes, le transformant en chant.

Kamila Adli, harpiste, l’accompagne dans un bouleversant chant à la mémoire d’un autre passeur du chant, Brahim Izri. Enfin, en amont, Azal doit à sa collaboration avec le poète Boualem Rabia les magnifiques poésies qu’il chante pour notre plus grand bonheur.

N’ayons pas peur de le dire, Azal Belkadi est la meilleure chose qui arrive à la culture berbère. On l’attendait depuis longtemps, il est là, alors, n’oubliez pas, lui, s’appelle… Azal ! Ne gardez pas ce nom pour vous, soufflez le au vent afin qu’il se propage vite.

Par Arezki Metref

L’environnement pas mûr des “Verts”

Parmi ceux-là mêmes qui se réjouissaient des exploits de l’équipe nationale de football, des voix s’élèvent pour déplorer la mainmise des “expatriés”. L’appel aux “étrangers”, que certains articles désignent par le vocable, rendu infamant par la propagande politique, de “binationaux”, d’abord solution applaudie, est dénoncé comme dérive, parce que des “vedettes” maison sont rayées de la liste des sélectionnés.

Jusqu’ici, l’EN n’a connu qu’empressements. Son sponsoring est couru par les grosses fortunes du pays et l’argent coule à flots autour de la FAF. Même l’État, en plus du budget légal, veut la sponsoriser ! C’est peut-être cet excès de liquidités qui a fait que la Fédération pense, rapporte-t-on, à engager des agences de communication pour vendre l’image de l’équipe nationale.

Ah ! les agences de communication. Quand on sait le nombre de pontes du régime qui se sont installés — quand ce n’est pas la fille ou le fils — en agences de communication au bout de la distillerie de la rente, il n’est plus nécessaire de se demander où va l’argent de l’image nationale. Le produit de communication étant la marchandise dont le prix est difficile à évaluer — et à contester —, l’activité constitue un moyen privilégié d’allocations occultes des ressources publiques.

Pour une fois que l’Algérie a un produit qui se vend sans avoir besoin de recourir au marketing, on veut tout de même dépenser. Car enfin, a-t-on besoin de soigner l’image d’une équipe autrement que par ses performances ?

À mesure que le pays tend à se résumer, en termes de propagande, à ses “Verts”, l’équipe nationale attire sur elle toutes les stratégies. Les groupes d’affaires y investissent leur réputation, les équarrisseurs de trésoreries institutionnelles par “boîtes de communication” interposées, aiguisent leurs couteaux, les dirigeants de club se révoltent de voir la défense des couleurs nationales entièrement sous-traitée à la diaspora sportive ! C’est le cas de l’entraîneur du MCA.

C’est aussi le cas du président de la JSK qui va jusqu’à prévenir que la Kabylie n’a pas avalé l’omission de Meftah et de l’imam Achiou. Tiens ! Celui qui “ne fait pas de politique” quand, dans l’épreuve, des voix kabyles le sollicitent, s’exprime au nom de la région quand il veut faire pression sur les structures officielles et que les arguments sportifs lui font défaut.

Le niveau du championnat national vient d’être illustré par le dernier match international de club à Sétif : trois à zéro contre un modeste adversaire africain.

Peut-on échapper au choix de Saâdane ? Non. Juste qu’il n’est pas bon d’en faire le voile d’une faillite de la politique nationale des sports et le support de la propagande politique.

Même s’il est compréhensible que dans le contexte actuel de naufrage, tout le monde veut s’accrocher à cette bouée de sauvetage : les entreprises, les clubs, les orpailleurs de la rente, les propagandistes politiques et religieux…

Destinée à faire ce qu’elle peut pour aider au maintien d’une unité nationale menacée par les échecs, les manipulations de toutes natures, voilà cette équipe agressée par l’affairisme et le chauvinisme.
Comme cela arrive à chaque fois que, chez nous, quelque chose a l’air de réussir, la voici qu’elle risque de se transformer en pomme de discorde !

Par : Mustapha Hammouche

Licoul et la pidagougie !



Par Hakim Laâlam  
Email : laalamh@yahoo.fr Le ministère de l’Intérieur tient à préciser que contrairement
aux passeports et aux cartes d’identité, il n’a
jamais été question de mettre en circulation des cartes
d’électeur biométriques.

On s’en doutait un peu aussi…

Au début, j’ai cru à une faute de frappe ou à une inversion de chiffres. Ensuite, j’ai relu l’article du correspondant d’ Al-Khabar à Laghouat, et là, assurément, il ne pouvait s’agir d’erreur ou de mauvaise manipulation typographique. Le confrère a bien fait son boulot et a enquêté de manière sérieuse. Dans une école de la région de Laghouat, les élèves sont entassés à… 63 dans une seule salle de classe. Ya bouguelb ! Moi, je convoquerai le directeur de cette école, non pas pour le sermonner ou le sanctionner, mais plutôt pour l’interviewer. Et avec déférence, s’il vous plaît ! Ainsi, je lui demanderai quelle méthode magique il utilise pour faire entrer 63 enfants dans une seule classe. Est-ce qu’il les lyophilise, comme on lyophilise les soupes pour faire tenir les gros légumes dans le petit sachet d’emballage ? Dispose-t-il, dans le plus grand secret, sans que les services de sécurité du pays, le MDN et tout ce que compte l’Algérie comme grandes oreilles ne soient au courant, d’une machine à rétrécir les enfants ? Une fois les mioches casés à l’intérieur de la classe, fait-il appel à un régiment de malabars, de videurs, de gros bras pour peser de tout leur poids sur la porte et la refermer ? Le port du masque à oxygène étant, je l’imagine, obligatoire dans cette salle, la direction de l’école le met-elle gratuitement à la disposition des 63 écoliers ou leur fait-elle payer une somme forfaitaire de location ? Profs et élèves sont-ils suivis par les mêmes psychiatres ? Et ces psychiatres sont-ils eux-mêmes suivis par des talebs assermentés ? Si un enfant a un besoin pressant, un pipi ou plus, les 62 autres camarades, plus leur prof, doivent-ils lui faire la courte échelle afin qu’il sorte de la classe par la trappe d’aération située dans le plafond ? Si plusieurs élèves doivent aller au petit coin en même temps, doit-on aviser l’AIEA, l’Agence internationale pour l’énergie atomique ? Et puis, dernière question tout aussi importante que les précédentes : les responsables du Guinness Book sont-ils au courant qu’en 2009, en Algérie, dans le pays des blouses roses et bleues, il existe des classes de 63 élèves ? Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L.

Envie d’une godasse ?

La synagogue de Bab El-Oued et c’est connu – est aussi désertée qu’un cimetière du fin fond de l’Assekrem. Nos cousins qui n’ont pas envie de payer à la place d’Israël des pots qu’ils n’ont pas cassés n’y vont plus depuis belle lurette. Tout à fait compréhensible ! Sauf que cette prudente «désertion» fait que ces lieux voués à l’adoration de Dieu sont dans un état de délabrement avancé.

Ils sont devenus au fil du temps un sanctuaire des disciples de Satan. Un endroit qui, dès la nuit arrivée, se transforme en coupe-gorge ou se pratiquent l’alcool, la drogue, occasionnellement le sexe. Les gens et les parents d’élèves de l’école du quartier veulent en finir avec cette situation et ses dangers. De même, la municipalité de Bab El-Oued, mais sans y arriver.

Les responsables n’osent pas la décision. Pour cause, on nous dit que l’ambassadeur des Etats-Unis est opposé à la démolition parce que c’est lui qui a en charge la synagogue. Tiens ? La synagogue de l’ex-rue de Dijon n’est-elle pas une bâtisse algérienne jusqu’au bout des ongles fréquentée par des juifs qui sont algériens jusqu’à la moelle épinière ?

Qu’on nous explique alors au nom de quoi les Etats-Unis s’ingèrent-ils dans les affaires algéro-algériennes, alors qu’on invoquerait la souveraineté nationale et qu’on mobiliserait les wilayas historiques, y compris la W7, si jamais le sultanat d’Oman osait un dollar troué en faveur des lieux de culte ibadites. Alors que le P/APC assure avoir saisi vainement le Consistoire juif à Blida, on nous dit que nos responsables évitent de s’impliquer dans l’affaire.

Nos enfants ont-ils à leurs yeux moins de valeur que Guilad Shalit n’en a pour les pilleurs d’organes ? Le P/APC de Bab El-Oued doit des comptes à la population qui lui a délivré son mandat et non pas à une puissance étrangère qui a du mal à masquer sa soumission au sionisme.

Attendre depuis huit ans une réponse qui éviterait un drame certain alors qu’elle mettrait moins de temps si elle était confiée à une limace ne procède pas tellement d’une attitude souveraine. La guerre de libération a moins duré et les Algériens ne l’avaient pas entreprise juste pour changer de maître et s’accommoder d’un joug cette fois yankee.

Par Mohamed Zaâf

L’idée de M. Temmar

La voiture qui n’en finit pas de faire parler d’elle a finalement été présente, et en force, au Salon qui s’est ouvert mercredi dernier. Les concessionnaires ont finalement tenu à être présents avec les marques qui occupent le marché algérien. Le crédit voiture est supprimé, pénalisant les salariés qui n’ont plus l’apport des banques pour l’acquisition d’un véhicule.

Des réunions se tiennent, des idées sont avancées, au milieu de la grogne alimentée par l’interdiction faite de débarquer des véhicules au port d’Alger qui recevait la totalité des voitures importées. A l’évidence, le flux des véhicules importés va baisser, le marché de l’occasion refait surface avec tous les aléas qui vont avec et le consommateur qui espérait acquérir à crédit une voiture neuve devra remiser ses espoirs, se rabattre sur l’occasion cash s’il en a les moyens ou attendre une hypothétique offre nationale.

Cette dernière, et elle seule, peut satisfaire les citoyens habitués au crédit offert par les banques, favoriser la demande à la consommation, tant que le crédit automobile est proscrit. Jusqu’à quand ? Le premier danger serait que l’Algérie se tourne en matière de parc automobile vers le marché de l’occasion, augmentant le nombre de vieilles carcasses dont les inconvénients sont évidents et nombreux.

Un véhicule d’un âge avancé pollue et consomme de la pièce, de l’énergie et induit des dépenses de santé à cause des accidents provoqués. Or, il se trouve que le marché algérien qui est solvable, important, est aujourd’hui dans une phase critique sans aucune perspective pour l’automobile, avec la suppression du crédit. La solution idéale est, bien entendu, une production locale de véhicules dans tous les genres, soutenue par le crédit, avec des industries de pièces détachées, qui, elles aussi, sont forcément importées. Tout comme une série d’importations taries par la LFC 2009.

Cependant, la réalité de l’industrie nationale est telle que la production de véhicules in situ n’est pas une mince affaire qui serait réglée en un laps de temps relativement court. On en parle, on produit des discours, sachant que, dans ce domaine, la faisabilité ne peut-être abordée qu’avec des géants d’Europe et d’Asie.

Allons-y. Le ministre de l’Industrie et de la Promotion des investissements a lancé dernièrement une belle idée qui consiste à réunir dans un cadre des experts nationaux qui auraient la mission d’intervenir dans la recherche, le développement et l’innovation industriels. L’idée est fort séduisante, pertinente à condition qu’elle ne reste pas un slogan creux comme l’a été le fameux appel adressé à la matière grise algérienne établie à l’étranger pour finir en eau de boudin.

L’avantage premier qu’a M. Temmar est que cette expertise réside en Algérie, se manifeste à l’université, en éditant des écrits et en proposant des axes régulièrement dans la presse privée. L’idée peut-être suivie par d’autres ministères qui gagneraient à ne pas se contredire sans cesse et ne plus afficher un vide en matière de réflexion et de projets viables. Et mieux vaut tard que jamais.

Par Abdou. B.

Avec ou sans Al-Qaïda

Le GSPC sans Al-Qaïda trouvait la grâce auprès de pays occidentaux qui le classaient dans la liste des groupes armés d’opposition. Ce n’est pas, bien sûr, la position des Algériens car, pour eux, il s’agit de groupes armés terroristes et qualifier ces groupes armés d’opposants constitue une ingérence interne et même, peut-être, un encouragement à l’expression de la violence.

Depuis les attentats du 11 septembre, tout a changé. Les Américains, surtout, ont fait un virage à 180 degrés. Inquiétés et même angoissés par les vulnérabilités de leur dispositif de sécurité, et surtout par l’incapacité de leurs services de renseignements à prévoir ces attentats et à les faire échouer, ils étaient prêts à s’engager sur toute piste pouvant indiquer qu’ils progressaient dans la bonne direction.

Les Etats-Unis viennent de réadopter la même position à l’égard du terrorisme qu’ils avaient prise avant les attentats du 11 septembre. Ils considèrent, maintenant, que c’est la filiation des groupes armés à Al-Qaïda qui constitue une menace pour le monde entier.

Il y a, ainsi, dans la perception américaine une discrimination à faire entre les groupes armés dans les pays arabes ou maghrébins selon que ceux-ci exercent la violence exclusivement dans leurs pays d’origine ou internationalisent celle-ci pour l’exercer sur le territoire américain et dans d’autres pays.

S’agirait-il de considérer que le mouvement des groupes armés qui existe en Algérie est un mouvement nationaliste, comme il a été soutenu par un Libanais sur un plateau de télévision française, pour expliquer pourquoi la liste des auteurs des attentats du 11 septembre ne comportait aucun Algérien ?

S. I.

Veto sans vote !

Trop beau pour être vrai. Le rapprochement des points de vue du Hamas et du Fatah palestiniens au Caire, en vue de la création prochaine d'un cabinet d'union nationale, risque de fondre comme neige au soleil. La distribution des portefeuilles ministériels est totalement étrangère à un éventuel retour au conflit interpalestinien.

La menace, qui pèse sur la formation d'un conglomérat d'islamistes et caciques de l'OLP, n'est pas venue des bords du Nil mais de la banlieue de Genève. Précisément du conseil onusien des droits de l'homme, où le rapport sur les crimes de guerre commis lors de l'invasion de Ghaza n'a pas fini de monter la sauce.

Après la critique acerbe du contenu des 500 pages, rédigées de la main du juge Richard Goldstone, c'est le vote qui pose à présent problème.

A cause des réticences émises par les traditionnels défenseurs de l'Etat hébreu ? Pas tout à fait. Si le vote a été ajourné jusqu'à la prochaine cession du conseil des droits de l'homme, c'est en raison d'un accord passé en catimini entre l'Autorité palestinienne et les Etats-Unis.

Les deux parties se seraient entendues lors de la tripartite à Washington qui n'a suscité l'espoir que chez le seul président Obama. Le pacte de la traîtrise, a dénoncé le chef politique du Hamas à partir de Damas. De la haute trahison à l'adresse des martyrs de Ghaza. Initié à la «fauconisation» par la droite de la droite israélienne, Ehud Barak peut visiter la tour de Londres sans être inquiété.

Pas un juge n'osera lui demander des comptes, le rapport Goldstone va être remis au fond du tiroir, à la merci des moisissures. Au bonheur du gouvernement Netanyahu et de celui de l'administration Obama qui évite ainsi de brandir son veto au Conseil de sécurité.

Pourtant, il devra s'y faire, aucune administration américaine n'a pu échapper par le passé à cet exercice de sauvetage à chaque fois que l'Etat hébreu s'est retrouvé dos au mur.

Ses responsables politiques devront aller prier devant celui des lamentations, l'accord tacite américano-palestinien vient de les tirer comme un cheveu de la soupe. En échange de quoi ? De la reprise des négociations de paix ! Parce que Tel-Aviv a fini par accepter le gel de la colonisation au-delà des neuf mois initiaux ?

Aux dernières nouvelles, l'Etat hébreu n'a pas déplacé d'un millimètre sa ligne rouge. A moins que George Mitchell réserve cette surprise pour les fêtes de fin d'année.

Un beau cadeau de Noël qui n'en sera pas vraiment un, la résolution du conflit palestino-israélien ne repose pas sur le gel de la colonisation mais seule la reprise des pourparlers qui en est tributaire. En prenant le risque de favoriser une paix insaisissable sur la «traduction» de l'Etat hébreu devant le Conseil de sécurité, à défaut du box des accusés de la CPI, Mahmoud Abbas aurait-il commis l'irréparable, aux yeux de l'opinion publique palestinienne ?

Si des législatives venaient à être organisées bientôt, le Fatah ressentirait fortement l'onde de choc dont il est l'unique responsable.

Evidemment, ce qui tournerait à l'avantage du gouvernement de Ghaza qui n'a pas donné l'impression de vouloir se taire sur ce ratage historique qu'Abou Mazen a jugé nécessaire de provoquer au nom de la fuyante paix.

Il aura beau être rassurant sur le fait que le vote au conseil des droits de l'homme a été renvoyé et non pas annulé, plus grand monde ne prendra le temps de se laisser convaincre. A moins que dans la maison Fatah, on détient le secret de battre le fer même une fois refroidi.

Ce qui est beaucoup moins éphémère, c'est la crédibilité de l'Autorité palestinienne qui vient d'être remise en jeu. Mais qui aurait pu imaginer que les cartons rouges… à blanc soient si rapidement ramassés du tapis vert ? Assurément, d'un tout autre genre, ce veto sans vote restera dans les annales.

Par Anis Djaad

Rio, la magie sans ses démons

Rio de Janeiro a été choisie pour accueillir les Jeux olympiques de 2016. L'événement, s'il est acquis que c'en est un, aurait quand même pu être banal s'il était possible de le contenir dans la succession, tous les quatre ans, des grandes villes du monde à l'organisation de la plus grande et la plus prestigieuse manifestation sportive à l'échelle de la planète. 

Mais voilà, il se trouve que le verdict des délégués du CIO, en plus du fait qu'il nous a habitués à ce que les choses, dans le cas précis, ne sont jamais entendues d'avance, nous rappelle à chaque échéance qu'il reste encore dans ce monde suffisamment d'humanité, y compris dans les espaces qu'on peut imaginer, avec une certaine légitimité en plus, irrémédiablement acquis aux plus forts.

C'est peut-être le confort de ces certitudes qui a fait d'ailleurs qu'on n'a jamais vraiment pu comprendre comment une ville comme Paris a essuyé autant de revers, comment Athènes a pu être préférée à Tokyo ou pourquoi Rio de Janeiro et Madrid avaient laissé Chicago dans le rétroviseur avant que le choix définitif ne se porte sur le pays de Lula.

Ce dernier, en président atypique, s'est déplacé personnellement pour vendre l'image d'une métropole qu'il veut définitivement arracher aux clichés du gigantisme fêtard dans la misère de ses favelas et le crime urbain dans ses rues impitoyables.

Auréolé du nouveau statut de son pays désormais pays émergent, il sait pourtant que ce n'est pas suffisant. Pas pour organiser les Jeux olympiques mais pour placer son pays dans la continuité d'une trajectoire déjà assez nettement esquissée.

A côté de la samba, du carnaval et des plages en folie, Rio inspire maintenant autre chose que la pauvreté et l'assassinat d'enfants de rue.

Et puisqu'il faut bien des images de substitution pour conjurer les vieux démons, le sport en est une, à portée de main d'un monde toujours avide de références légendaires. Pelé était là, à Copenhague, pour rappeler que le ventre de son pays était en perpétuelle grossesse de beauté.

Alors, il a dit au monde, à la suite de Lula, que le Brésil attendait la terre parce que les brésiliens, dans une extraordinaire communion, espéraient de ce rendez-vous et ce qu'ils pouvaient lui imprégner comme générosité. Quelques heures avant le verdict, Lula avait lancé à l'adresse des délégués du CIO : «La ville est prête, donnez-nous cette chance.» Ils la lui ont donnée, cette chance.

Alors que la délégation brésilienne se congratulait dans cette salle de Copenhague, explosait Copacabana, sonnant la mesure de ce que le monde des sports a comme chance de se retrouver à Rio. Parce que Rio est peut-être une chance tout court.

Slimane Laouari

On est vacciné!

La première qualité d’un homme politique n’est-elle pas de s’adapter aux circonstances et aux contingences du temps? C’est ce qu’on appelle communément pragmatisme. On a vu beaucoup d’éminents hommes politiques, qui, pour durer (ou pour rester au gouvernail), ont brûlé ce qu’ils ont adoré la veille (ou vice versa). On en a vu qui, après avoir financé, entretenu des groupes terroristes, sont devenus un beau jour des pacifistes bêlants, des militants de l’antiterrorisme. Tout cela parce que leur fauteuil était menacé. Alors, que penser d’un homme politique qui s’entête dans ses convictions?

C’est la réflexion provoquée par les dernières déclarations du ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, qui a tenu à marquer la rentrée politique par un surprenant discours: «Le hadj aura lieu, même sans vaccin!» Cela n’est pas sans rappeler la célèbre boutade de Kaïd Ahmed, qui avait dit non sans humour: «Le plan quadriennal sera réalisé, même en dix ans!» Tout cela dit, pour marquer le fossé qui se creusait entre le commandant Slimane et le colonel Boumediène.

Mais, en 2009, entendre un ministre exprimer son obstination en ce qui concerne le cinquième pilier de l’Islam, est ahurissant. D’abord, il faut rappeler que les voies officielles ont tenu des propos rassurants quand des cas de grippe due au virus H1N1, ont été signalés de par le monde: l’Algérie est une île bien protégée. Puis quand les premiers cas importés se sont déclarés ici et là, même son de cloche: toutes les mesures sont prises pour éviter une propagation du virus, alors que dans beaucoup d’autres pays, des cas se sont avérés mortels, en Arabie Saoudite comme ailleurs.

Le pèlerinage étant le lieu de rencontre par excellence d’individus venant de tous les coins du monde, il apparaît comme inévitable que c’est le lieu de brassage, d’association et de mutation de toutes les bactéries, tous les bacilles et tous les virus de la planète: seul un discours obscurantiste peut essayer de voiler la réalité du danger et ce n’est pas en versant dans le fatalisme qu’on pourra rassurer toutes les bonnes volontés soucieuses d’effectuer un rite précieux attendu depuis longtemps.

Il est à noter que les autorités éclairées saoudiennes, qui ont demandé aux pèlerins de se faire vacciner contre la grippe saisonnière et contre la grippe porcine, sont contredites par le mutisme des services algériens concernés par les mesures sanitaires à prendre en ce qui concerne le pèlerinage. Quand on pense que l’importation du vaccin contre la grippe saisonnière connaît un inexplicable retard (est-ce dû au crédit documentaire?), on ne peut qu’être inquiet quant à la réception éventuel de vaccins contre la grippe porcine, d’autant plus que les spécialistes internationaux déconseillent les vaccins habituels contre le virus responsable de la pandémie.

Si, habituellement, l’organisation du Hadj est confrontée à des problèmes de logistique, (transport, prise en charge des pèlerins), cette année, c’est un problème de taille auquel sont exposés les candidats au pèlerinage. Et ce ne sont pas les déclarations tonitruantes ou intempestives qui règleront le problème. A moins de prendre une attitude toute philosophique à laquelle l’Algérien est habitué, grâce à cinq décennies d’improvisations et de se dire: «On ne risque rien, on est vacciné!»

Selim M’SILI

Fréderic Mitterrand sauve Medi 1

«Les écrivains devraient mettre plus souvent les pieds dans la société civile.»
Tahar Ben Jelloun
Extrait d’une interview dans Lire - Mars 1999


Le ministre français de la Culture et de la Communication, Fréderic Mitterrand, vient d’accorder dans son projet de loi de finances pour 2010 un crédit de 1,57 M€ à la radio franco-marocaine Médi 1. Cet argent devrait permettre à la télévision, qui connaît ces derniers temps quelques problèmes financiers, de se ressaisir.

Lancée en 2006, cette chaîne fut au départ créée par les pouvoirs publics français et marocains, afin de promouvoir les cultures francophone et maghrébine en général. Elle était dotée d’un capital de 15 millions d’euros, pour accompagner ses premiers pas.

56% de ce capital était détenu par Maroc Telecom et la CDG. Le reste des parts de participation revenait à hauteur de 30% à des actionnaires français et 14% à la radio Médi 1. Le 16 septembre, la chaîne est devenue publique après l’annonce de l’acquisition des parts françaises par la CDG. En finançant la radio et par extension la télévision, la France donne un coup d’appui à une télévision qui a toujours été contre le règlement du dossier du Sahara occidental. Comme dans les années 80, la radio privée Med 1 avait concurrencé la radio algérienne Chaîne III.

La chaîne de télévision privée marocaine Med 1 Sat est en train de concurrencer aujourd’hui l’Entv. La télévision privée marocaine qui n’a pas beaucoup d’audience au Maroc est en train de récolter son audimat en Algérie parmi les téléspectateurs algériens. Son programme est composé de documentaires diffusés déjà sur les chaînes françaises que la chaîne franco-marocaine avait achetés en package à bon prix.

Sans bureau, même à Paris, la chaîne achète seulement les images en brut. Elle oriente le discours selon la ligne éditoriale. Cette audience, elle la doit au traitement de l’information maghrébine, dont la chaîne franco-marocaine se fait la spécialiste. Néanmoins, c’est la première télévision à comprendre l’urgence d’un journal dédié exclusivement aux informations dans le Grand-Maghreb.

Elle sera suivie dans son traitement par Al Jazeera qui créera avec succès un Journal du Maghreb diffusé chaque soir à partir de 22h. Mais à ce jeu, Med 1 Sat en sortira gagnante, puisque tous les jours et toutes les 30 mn, le JT de Medi 1 Sat, récolte plus de téléspectateurs algériens à l’affût de toute information concernant l’Algérie.

Bilingue arabe-français, la chaîne diffuse des journaux télévisés, des magazines et des débats (talk-shows) et s’intéresse en particulier à l’actualité régionale du Maghreb. Elle émet 19 heures par jour. Sa grille s’est enrichie depuis le 13 septembre 2007 de nombreuses rubriques dont plusieurs magazines sportifs et documentaires. Avec le crédit de la France, le groupe Medi 1 soufflera quelques mois encore avant l’écran noir.

Amira SOLTANE

Le bébé avec l’eau du bain...

L’Eepad, provider Internet, en difficulté financière, va-t-il connaître le sort qui a été celui de maintes entreprises algériennes disparues ces dernières années au moment même où elles devenaient effectivement productives, avec pour conséquence des milliers de travailleurs sur le carreau? C’est en fait la question qui se pose aujourd’hui dès lors qu’il semble plus facile (aux autorités publiques) de se débarrasser de ces sociétés boiteuses que de tenter de récupérer ce qu’il y a de sain en elles, victimes de mauvaises gestions ou de malversations de leurs dirigeants.

C’est du moins l’impression qui prédomine à voir ces sociétés, qui promettaient tant, péricliter et disparaître du jour au lendemain. Cela a été le cas de l’Union Bank, de Khalifa Airways, de Tonic Emballage... pour ne citer que quelques- uns des cas qui ont défrayé la chronique ces dernières années. Faut-il alors croire que le privé n’a pas d’avenir dans notre pays? C’est aller un peu vite alors que de nombreuses entreprises privées ont parfaitement réussi dans leur domaine choisi, s’inscrivant en faux contre l’affirmation de non-viabilité d’une économie non étatique.

Il semble plutôt qu’il n’existe pas une culture économique et financière en Algérie qui permette de minimiser les dégâts. Or, c’est exactement le contraire qui est observé, allant souvent dans le sens de la liquidation. Or, une société qui disparaît ce sont des milliers d’emplois en moins et des centaines de travailleurs mis au chômage technique.

Les mauvais gestionnaires, cela existe, ce n’est certes pas une raison suffisante pour sanctionner la société quand il suffit de condamner le(s) responsable(s) direct(s) de la banqueroute (P-DG, directeur général, gérant) sans porter atteinte à des entreprises qui font vivre des milliers de familles. C’est pourtant la formule des liquidations - par voie judiciaire qui a prévalu ces dernières années - de sociétés mal gérées ou en difficultés financières qui a prévalu. Le cas de l’Eepad ne diffère pas de beaucoup de ce qui s’est alors passé pour d’autres sociétés contraintes de mettre la clé sous le paillasson parce que l’on n’a pas cherché à leur trouver une politique de rechange.

Il est vrai que le libéralisme sauvage, mis en place en marge de l’avènement de l’économie de marché, a provoqué des richesses sans cause, et l’émergence d’apprentis capitalistes qui ont confondu gains faciles et richesse assise par le travail et la production. Raison de plus pour sauvegarder des entreprises qui, en dépit de la présumée corruption de leurs dirigeants, ont créé des richesses par la création d’emplois. Or, ces sociétés ont disparu avec la déchéance de leurs fondateurs.

Ce qui n’est pas normal en économie, d’une manière générale, en économie de marché plus particulièrement alors qu’il est possible de remettre à flot ces sociétés. Partout ailleurs dans le monde, l’Etat tente de sauvegarder des entreprises viables créatrices d’emplois - on l’a vu récemment aux Etats-Unis lorsque la banque fédérale a recapitalisé des sociétés à la dérive et leurs responsables priés de démissionner - en leur venant en aide, d’une manière ou d’une autre. Pourquoi cela ne fonctionne pas en Algérie où le couperet tombe rapidement pénalisant plus les travailleurs que le dirigeant responsable de la faillite de son entreprise?

Aussi, s’il faut condamner absolument des pratiques commerciales nuisibles, il ne faut pas pour autant remettre en cause l’existence de ces sociétés, comme cela a été malheureusement le cas pour de nombreuses entreprises victimes des errements de leurs responsables. De fait, ces turbulences commerciales pourraient, à terme, signifier l’échec total de la gestion d’un tel milieu dans notre pays, et l’incompétence rédhibitoire de nos dirigeants à gérer la chose économique. Ce qui serait une condamnation sans appel des dirigeants algériens à gérer l’économie. Ce qui serait terrible.

N. KRIM

La ville qui accuillera les JO de 2016 a été désignée

La farandole des chiffres

Chaque année, des milliers d’étudiants arrivent en bout de cursus, diplôme en main, mais ce diplôme, simple document administratif, ne leur permet pas de décrocher un job. Loin s’en faut. Ce qui fait de ces étudiants, sauf pour ceux dont les parents ont leurs entrées dans le système, d’“éminents chercheurs”.

La rentrée universitaire a lieu aujourd’hui, après des vacances inhabituellement longues. Comme chaque année, la farandole des chiffres sera certainement au rendez-vous. En effet, l’administration de l’enseignement supérieur se fera forte d’aligner encore des statistiques pour montrer que l’État y va fort de ses deniers afin de former pour le pays tant d’étudiants, tant de places pédagogiques, tant de lits, tant de professeurs… Ne dit-on pas pourtant que les statistiques, c’est l’art de mentir avec précision ?

Évidemment, il ne s’agit pas de faire peu cas des efforts, bien réels, des pouvoirs publics à assurer une formation universitaire à tous les bacheliers. Cela va de soi. Aujourd’hui, c’est cette formation même qui fait débat. Tous les observateurs honnêtes conviennent qu’elle n’est pas de qualité, qu’elle est en deçà des standards universels et, surtout, qu’elle est en déphasage avec les besoins du monde du travail et de la société, en général.

Chaque année, des milliers d’étudiants arrivent en bout de cursus, diplôme en main, mais ce diplôme, simple document administratif, ne leur permet pas de décrocher un job. Loin s’en faut. Ce qui fait de ces étudiants, sauf pour ceux dont les parents ont leurs entrées dans le système, d’“éminents chercheurs”. Des chercheurs d’emploi, s’entend.

Pendant ce temps, nos entreprises, notamment dans le secteur privé, se rabattent sur les expatriés, comme alternative à l’incapacité de l’institution universitaire à être le moteur de la croissance dans un monde où l’économie fait loi.

Il est clair que le quotient intellectuel de nos étudiants n’est pas en cause. Ce sont les objectifs pédagogiques, les contenus des programmes, les méthodes d’enseignement qui sont trop archaïques, trop obsolètes pour permettre à l’université d’être de son temps. L’instauration du système LMD, la mise en place de grandes écoles pourraient être une solution ? À condition qu’il ne s’agisse pas d’une énième entourloupette politique.

Par : Omar Ouali

« Fausses bonnes annonces »

Encore une fois, la procédure aura bon dos dans l’affaire du leader marocain, Mehdi Ben Barka, assassiné le 29 octobre 1965 à Paris. C’est elle, en tout cas, qui est mise en cause dans cette histoire de mandats d’arrêt internationaux émis par Interpol contre quatre dignitaires marocains, mais aussi vite retirés. En d’autres circonstances, il en est qui n’ont pas eu cette chance. Tout s’est passé très vite – quelques heures seulement – pour que l’optimisme s’efface avec brutalité devant l’inverse.

C’est ce que pense le fils de l’opposant marocain qui refuse de croire qu’il s’agit de virgule déplacée ou de paragraphes inversés, après avoir cru que le dossier était effectivement sorti de l’oubli et que la machine judiciaire était réellement lancée. C’était en tout cas sa première réaction et la plus logique, après des années d’attente, à la suite de l’annonce des quatre mandats d’arrêt.

Même si ce sentiment était ambivalent, et il avait totalement raison lui qui, malgré cette annonce, déclarait tout de même demeurer prudent devant la multiplication des « fausses bonnes annonces » tout au long de cette enquête.

Une joie éphémère que seule la raison d’Etat, comme lui-même le déclare, peut produire. « Un même ministère qui se déjuge en 24 heures, c’est une manifestation flagrante et cynique de la raison d’Etat », soulignait hier Bechir Ben Barka à la suite de la décision du parquet de Paris demandant la suspension de la diffusion des quatre mandats d’arrêt émis en octobre 2007 et pourtant avalisés par le ministère français de la Justice il y a quelques jours.

Evidemment, pas besoin d’attendre la moindre explication ou d’autres, celle qui est donnée étant jugée peu crédible ; une administration, quelle qu’elle soit, ne peut se permettre de telles erreurs, même si l’on cite Interpol, l’organisme de police international, comme étant celui qui demande des précisions. Est-ce une manière de donner du temps au temps et attendre que ce qui reste comme témoins ou acteurs encore en vie, vienne à disparaître ?

C’est en tout cas la crainte du plaignant qui rappelle avec force que « chaque année compte car les témoins vieillissent et nous n’aimerions pas que la vérité parte au fond d’une tombe ». Jouer le temps pour éviter que cette affaire qui avait fait grand bruit en raison des faits eux-mêmes, puisqu’un opposant a disparu en plein centre de la capitale française et de l’envergure de la victime suffisamment forte pour menacer le régime marocain.

Une affaire de gros bras et de barbouzes, dit-on, souvent sans jamais identifier quelque partie que ce soit jusqu’à l’année 2007 où un juge décide de quitter les pages du roman noir pour appeler les choses par leur nom et sortir sa liste. Avec des noms et pas n’importe lesquels. Et voilà que la machine se grippe. Même mort, Ben Barka marque avec force les relations entre la France et le Maroc, et la vérité que réclament sa famille et ses nombreux partisans fait peur visiblement.

Par T. Hocine

L’auguste assemblée…

Les députés ne sont en phase avec les préoccupations de la nation et celles des citoyens qui les ont élus que lors des campagnes électorales. La sentence semble excessive mais, hormis quelques exceptions, il faut dire que ce sont les députés eux-mêmes qui prêtent le flanc à de tels verdicts, qui les inscrivent en porte-à-faux avec la noble mission politique qui est la leur.

Le retard relatif aux questions orales, qui en réalité met dos à dos et dans le même sac ministres et députés, ainsi que le bureau de l’APN, est un exemple, parmi tant d’autres, sur ce grand écart entre la vocation et la réalité, c’est-à-dire la déviation. Passons sur l’absentéisme et sur d’autres péchés mignons, tels que l’ardeur sujette à suspicion, à se manifester devant les caméras.

Passons également sur les indemnités et autres privilèges, dont bénéficient les élus du peuple. Le problème de ces multiples écarts est d’ordre politique, parce qu’il y va du sens même à donner à la vie républicaine. Ce genre d’écarts, dès qu’ils se multiplient et prennent une ampleur démesurée, non seulement éclaboussent les députés intègres et sincères, mais portent également préjudice au sens de l’élection.

A la longue, le citoyen perd confiance en cet acte civique, parce qu’il voit qu’il est détourné. Et ce retrait de crédibilité se ressent directement sur le taux de participation, autant dire d’abstention, le jour du vote, pour élire «l’Assemblée des représentants du peuple».

D’ailleurs, c’est aux députés et aux partis de faire le ménage dans leurs propres rangs. Certains l’ont fait, et ils se reconnaîtront. D’autres ne l’ont pas fait, et ils se reconnaîtront également…

N.S.