dimanche 27 septembre 2009

Géopolitique israélo-centriste et démocratie

Depuis la fin de la guerre froide, deux intérêts guident l’action de l’Occident dans cette région qui embrasse globalement le sud de la Méditerranée, le Proche-Orient et le Moyen-Orient : la sécurité d’Israël et la lutte contre le terrorisme.

Pour l’Occident, Russie comprise bien entendu, la défense d’Israël constitue un principe cardinal qui ne doit en aucun cas souffrir de la conduite de l’État hébreu. Il n’y a pas la moindre conditionnalité à ce soutien absolu. Le récent rapport des Nations unies sur “les crimes de guerre” commis par Tsahal – et par le Hamas — à Gaza est passé sans subir le moindre commentaire officiel dans les capitales occidentales, un peu comme un article sur un fait divers. Il avait l’air de plaisanter, Sarkozy, se scandalisant que l’Iran ait violé “cinq résolutions du Conseil de sécurité depuis 2005”. Ce sont des centaines qu’Israël méprise depuis un demi-siècle, parfois en proclamant son mépris desdites résolutions, sur-le-champ et dans l’enceinte de réunion du Conseil.

Pour l’essentiel, les intérêts de l’Occident dans le monde arabe et musulman ne souffrent point de son soutien sans réserve à l’État juif qu’il a créé. Tout ce qui est demandé aux puissances d’Amérique et d’Europe est de ne pas s’ingérer dans la nature des régimes en place dans la sphère supposée culturellement solidaire de la cause palestinienne. Parfois, ces régimes, les plus faibles, et qui constituent le premier cercle de voisins d’Israël, font preuve de zèle en matière de non-agression contre Israël. Les autres, plus éloignés et qui ont des ressources naturelles à offrir, de l’argent à déposer à la Fed ou à dépenser dans d’inutiles politiques de prestige, jouissent de la plus grande tolérance diplomatique occidentale.

Hier, la révolution islamique sanglante en Iran n’a pas plus importuné “la communauté internationale” que la dictature du Shah. Aujourd’hui, la relative vulnérabilité d’Israël née d’une virtuelle acquisition de l’arme nucléaire par l’Iran seule fait courir les États-Unis et l’Europe. Et la scène de la relance du processus de paix, invariablement rejouée quand il s’agit de sévir contre l’une des menaces sur Israël, n’est qu’un contrepoids médiatique à l’offensive contre l’Iran. Les États-voyous ne sont jamais autres que ceux qui expriment cette menace, aujourd’hui l’Iran et la Syrie.

Les mêmes puissances s’investissent dans “la stabilité” de ces États quand ils ne sont voyous qu’envers leurs peuples. Elles peuvent même leur créer les occasions médiatiques qui nous feraient croire que nos dictateurs remettent en cause cet ordre international injuste. Injuste certes, mais qui est à la base de leur pérennité. Un Kadhafi qui, depuis quarante ans, s’impose par la force à son peuple tient ainsi, en pleine Assemblée générale de l’ONU, le beau rôle de celui qui lance la charte inique des Nations unies !

Pourtant, c’est pour pouvoir prendre place dans cette enceinte qu’il a marchandé avec les puissances concernées les compensations de ses victimes. Le terrorisme islamiste trouve argument à son hégémonie, nous offrant l’alternative du diable : un ordre injuste qui nous réserve des régimes stables, localement totalitaires et internationalement inoffensifs ou l’obscurantisme belliqueux. Un ordre qui nous interdit de démocratie.

Par :Mustapha Hammouche

Ahmadinejad met en garde Washington, Londres er Paris

Congés sauvages

On ne doit pas fermer son local commercial comme on ferme son garage après y avoir bien rangé sa voiture, juste avant de partir en vacances pour une destination lointaine. Car enfin, si les commerces sont de droit privé, leurs activités doivent assurer un service public.

Une semaine après l’Aïd, bien des commerces ne daignent toujours pas rouvrir et mettre fin à un “congé” pris d’autorité et sans crier gare. Le constat vaut autant pour les boulangeries que pour les marchands de fruits et légumes et les bouchers. Plus grave encore, certaines pharmacies se sont mises de la partie. Ainsi, après avoir eu à supporter malgré eux le diktat d’une mercuriale en folie durant le Ramadhan, les consommateurs sont de nouveau contraints à subir une autre forme de fait accompli.

Si, durant le mois de jeûne, les commerçants pouvaient invoquer, quelquefois avec raison, l’intervention des intermédiaires dans le circuit de distribution pour justifier la hausse vertigineuse des prix, ils sont responsables de ce que les citoyens — leurs clients, donc — sont condamnés à vivre depuis l’Aïd, à commencer par cette incroyable pénurie de pain dans certaines grandes villes où, par conséquent, la baguette est cédée à 15, 20 ou même 30 dinars ! Des prix jamais atteints, y compris lorsque la farine se faisait rare.

Il faut toutefois admettre que ces fermetures sauvages constituent chez nous une vieille pratique jamais combattue par l’administration, au point où des ménages sont forcés de stocker certains produits avant les fêtes. Hormis les dispositions prises systématiquement pour garantir la continuité du service dans les stations Naftal et les gares durant les jours fériés, mesures que les pouvoirs publics se plaisent à rappeler régulièrement à chaque veille de fête légale, aucune action notable n’a été engagée jusqu’ici pour contraindre les commerçants au respect de la réglementation et de leurs “cahiers des charges”.

On ne doit pas fermer son local commercial comme on ferme son garage après y avoir bien rangé sa voiture, juste avant de partir en vacances pour une destination lointaine. Car enfin, si les commerces sont de droit privé, leurs activités doivent assurer un service public. Il est grand temps que les pouvoirs publics s’en souviennent et qu’ils rappellent les commerçants à leurs obligations professionnelles.

Par :Saïd Chekri

Il insiste un peu, beaucoup, passionnément, à la folie…



Par Hakim Laâlam
Email : laalamh@yahoo.fr

Selon Chakib Khelil, «en matière de gaz, l’Algérie est couverte à 100 %».

Ça se sent !

Il est revenu. Comme la mauvaise saison revient de manière inexorable. Il est revenu comme les épidémies reviennent fatalement. Il est revenu comme les catastrophes naturelles reviennent presque cycliquement. Il est revenu comme reviennent les herbes folles malgré les débroussaillages de printemps. Il est revenu comme revient la rouille malgré les décapages successifs et les couches d’antirouille et de vert wagon apposées à chaque saison. Il est revenu comme les corbeaux reviennent tous les ans à la même période sur la plaine verdoyante, à la sortie de la ville de Bouira, vers l’est. Il est revenu comme revient la grippe saisonnière se jouant du temps et des gens en changeant malicieusement de souche. Il est revenu comme revient tous les ans l’échéance implacable de la vignette auto. Il est revenu comme reviennent les avertissements fermes à refaire passer votre guimbarde au contrôle technique. Il est revenu comme revient tous les mois l’IRG glouton sur votre fiche de paie. Il est revenu comme revient le bayoudh dans les palmeraies. Il est revenu comme reviennent les fourmis et les charançons dans les jardins malgré les épandages de poudre bleue. Il est revenu comme reviennent ces maudits cheveux blancs que nous tentons de dissimuler à tout prix. Il est revenu comme revient à chaque ramadan le programme télé insipide et indigeste. Il est revenu comme revient à la charge votre voisin pour vous jurer qu’il connaît un cousin électricien arrangeant qui installera pour pas cher une minuterie à l’immeuble. Il est revenu comme revient ce maudit marchand ambulant qui choisit toujours une heure matinale pour venir klaxonner sous votre balcon. Il est revenu comme reviennent les bouchons en septembre, à la rentrée, malgré le nouveau plan de circulation et les trémies. Il est revenu comme revient à chaque fois Abdekka en ouverture du JT. Il est revenu comme revient régulièrement Belkhadem à la tête du gouvernement. Il est revenu comme reviennent tous les ans Hattab et El-Para du maquis pour se remettre dans le droit chemin. Farouk Ksentini est revenu. Et comme à chaque fois qu’il revient, il nous parle de la seule chose pour laquelle on le fait revenir : l’amnistie générale. Sinon, très franchement, je ne vois pas pourquoi Farouk le revenant reviendrait, hein ? Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L.

«De Dunkerque à Tam, tous…»

Une information publiée par le quotidien El Khabar nous rapporte, de vague «source diplomatique», que Paris serait en train d‘étudier la possibilité de la promulgation d’une loi permettant aux «Algériens nés à l’époque coloniale de porter la nationalité française». Les Algériens nés à l’époque coloniale, ce sont, bien entendu, les anciens fellagas, ces ingrats qui ont chassé nos ex-bienfaiteurs à coups de fusil, conjugués aux bougnouls dont ils sont issus et qui consacrèrent par un vote sans appel l’échec retentissant des Bugeaud et autres Lavigerie sur la terre d’Algérie.

La France, ancienne «mère patrie» pour les uns, une méchante marâtre pour d’autres, a bien réhabilité des «sous-hommes» sous Sarkozy. Mais qui aurait pensé que moins d’un demi-siècle après son Waterloo algérien, elle réfléchirait à réintégrer les compatriotes d’Ali Lapointe, ses compagnons d’armes inclus ? Tous des rescapés en voie de disparition que la mort happe ces derniers temps à un rythme soutenu.

Mais la France peut-elle faire face aux conséquences d’une telle loi si jamais elle était promulguée ? Déjà qu’il arrive que l’hexagone se dessine aux couleurs d’Algérie sur certains tee-shirts beurs et que la Marseillaise se fasse siffler at home !

Qui de la Friche ou du Leben pourrait empêcher de relance la Fédération de France et le FLN de Belkhadem d’ouvrir sa mouhafada dans notre ancienne glorieuse wilaya d’outre-mer ? Qui, mis à part le CRIF, pourrait empêcher hizb frança d’apparaître au grand jour et de trôner en toute transparence au sein d’une UMP qu’on habillera du croissant sur le bled d’El-Kahana ?

Mais peut-être qu’ainsi, «yethenna el fartas men hokane erras (le chauve en finira avec les grattements de tête». Sauf que plus on réfléchit à la chose, plus la source à l’origine du scoop nous semble trempée dans la même piscine diplomatique que celle de Pasjoli, ce qui lui soustrait évidemment une grande part de crédibilité.

On se dit alors que les bras de fer franco-français, voire franco-algériens ne se suffisent plus de nos tragédies et qu’après le résultat séculaire de l’intégration, il faut être un idiot patenté pour penser… réintégration. Mohamed Cherif Abbès réintégré ? Allons !

Par Mohamed Zaâf

Nostalgique, nauséabonde et revancharde mesure

Il se confirme depuis vendredi dernier que tous ceux qui, à un moment ou un autre, ont cru que le gouvernement français allait revoir partiellement le contenu de la loi du 23 février 2005 ont fait preuve d’angélisme. Aux réactions, à l’époque, des historiens mais aussi de l’Algérie et des dirigeants des pays victimes sur l’aspect positif du colonialisme consigné comme élément essentiel dans les dispositions d’une loi à la profondeur scélérate, la majorité politique de l’époque et le gouvernement allaient dans un superbe retournement de situation y trouver une gauche formulation de nature à semer la confusion dans les esprits notamment des peuples des pays naguère colonisés.

Or, il semble s’avérer que lesdites dispositions ou du moins l’application de l’une d’elles n’a été qu’hibernée, autrement dit le temps que passe la bourrasque soulevée, une bourrasque qui avait fait sortir de leurs occupations de nombreux historiens, lesquels avaient très rapidement stigmatisé et dénoncé le recours à la mémoire et toutes les contradictions qu’elle véhiculait au détriment de l’histoire. Mais il était également question de l’arbitraire victimisation d’un camp par rapport à un autre.

C’est d’ailleurs sur ce point précis qu’est revenu d’emblée Hubert Falco, secrétaire d’Etat à la Défense et aux Anciens combattants, annonçant la création d’une Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie, «…un point positif», soulignera-t-il d’ailleurs devant un auditoire constitué essentiellement d’associations de harkis dont les noms : «le souvenir français », «les gueules cassées», «la Fédération nationale André Maginot» renseignent à eux seuls sur les vraies raisons d’une telle mesure mais aussi sur la symbolique visée.

Les risques de l’inconsistance d’une reconnaissance morale pouvant se diluer dans le temps, le secrétariat d’Etat l’accompagne d’une mesure matérielle qui consistera en une allocation de reconnaissance (20 000 euros) à titre posthume aux harkis décédés et de privilège à l’emploi et la formation au profit de leurs descendants. En fait, dans un tel contexte et par rapport à la réalité des faits, ces mesures matérielles importent peu et ne peuvent en aucun cas constituer un abcès de fixation. Les risques viennent plutôt des témoignages accentués autour de «la gratitude» et du «respect» dus aux supplétifs.

Par ailleurs, est-il besoin de rappeler que la création de la Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie est un projet qu’avait évoqué en septembre 2007 François Fillon, le Premier ministre français, lequel, mettant à profit les difficultés que rencontraient des chercheurs et de jeunes docteurs à trouver des bourses de financement nécessaires à leurs recherches, avait visiblement voulu l’habiller d’une légitimité historique alors que celle-ci souffrirait automatiquement d’un déficit d’indépendance. Jacques Chirac, qui avait non sans lucidité soupesé la réaction des historiens, avait jugé plus sage de mettre au frigo le projet.

Sans qu’il soit nul besoin de faire dans la paranoïa, n’y aurait-il pas un lien causal entre l’inimitié qu’a Nicolas Sarkozy pour son prédécesseur et tous ceux qui à une période ou une autre de ses deux mandats ont été ses hommes ? La réactivation de l’une des dispositions de la loi du 23 février servirait à préparer, si lointaines seraient-elles encore, des échéances électorales, compte tenu du poids que représentent les «rapatriés» mais aussi et surtout des nostalgiques de l’Algérie française, comme celle de l’exhumation de l’affaire des moines de Tibhirine servirait aussi à ternir Jacques Chirac à travers celui qu’il qualifiait de «meilleur d’entre nous», Alain Juppé, alors Premier ministre.

Un Premier ministre chiraquien comme l’a été Dominique de Villepin que rattrape étrangement une autre affaire… celle de Clearstream. L’Etat français ou certains parmi ses dirigeants continueront à faire usage, voire de l’abus d’usage de la loi du 23 février 2005 comme ils agiteront à chaque fois que cela les arrangera le dossier des moines de Tibhirine.Rappelons pour l’anecdote qu’Hubert Falco, maire de Toulon en 2001 ne s’était surtout pas signalé par sa volonté de ne pas interdire au nom de la collégialité communale (extrême droite) l’attribution du nom de Salan (le général de triste mémoire) à l’une des artères de la ville.

Par A. Lemili

Sainte alliance!

L’annonce par l’Iran de la construction d’un second site d’enrichissement de l’uranium a induit une véritable levée de boucliers de la part d’un Occident qui parla comme un seul «homme». Mettant de côté toute retenue qui sied à des hommes qui se sont donné pour «mission» de «guider» le monde, les présidents de trois grandes puissances nucléaires ont usé et abusé d’un ton guerrier qui fait droit à la raison du plus fort.

Cela est inacceptable. De la traditionnelle menace de sanctions, régulièrement brandie à la face de l’Iran, Américains, Britanniques et Français semblent vouloir passer à la répression, par l’avertissement émis, notamment, par le secrétaire à la Défense américain qui, sans ambages, affirme: «Une éventuelle offensive militaire contre l’Iran ne ferait que faire ‘’gagner du temps’’ aux Etats-Unis et à leurs alliés en retardant le programme nucléaire de Téhéran ‘’d’un à trois ans’’».

Pour sa part, tout en réitérant sa préférence pour une solution diplomatique, le président Obama refuse d’écarter «l’option militaire». Cerise sur le gâteau, le chef de la diplomatie israélienne - seul Etat dans le monde qui n’adhère ni au TNP (Traité de non-prolifération nucléaire), ni au Ctbt (interdiction totale des essais nucléaires), ni aux principes généraux de contrôle des matières fissiles, refuse les inspections de l’Aiea, dispose d’au moins 200 têtes atomiques - enfonce le clou en affirmant hier que «les révélations sur ce second site d’enrichissement nucléaire en Iran prouvent sans le moindre doute que ce pays veut s’équiper de l’arme atomique, et nous espérons qu’une réponse sans équivoque sera donnée le 1er octobre».

C’est ainsi Israël, pays hors les lois sur l’atome, imposées à tous les pays du monde, qui appelle à la curée. Les déclarations plus ou moins guerrières de MM.Obama, Sarkozy et Brown, nous ramènent à cette époque exécrable de la raison du plus fort qui s’imposait aux faibles et aux sans-grades. Nous revenons ainsi au schéma classique, sinon basique, de la carotte et du bâton. Les détenteurs de la force interdisent ainsi l’accès au savoir et à la connaissance à tout pays susceptible de les concurrencer et/ou catalogué non amical.

Ainsi, Israël peut disposer de la bombe atomique, c’est un «ami», on lui donne l’onction et l’on ne cherche pas à en savoir plus sur ses capacités nucléaires, l’Iran (cela peut être l’Algérie ou tout autre pays n’entrant pas dans le moule du «politiquement correct» imposé par l’Occident) non. Il ne partage pas les mêmes idéologies, sinon les mêmes principes. Ce qui ouvre droit à cet Occident jusqu’à déclencher une guerre pour interdire ou retarder l’accès de ce pays au savoir-faire nucléaire.

C’est exactement ce qu’a laissé entendre Robert Gates, le ministre américain de la Défense. Ainsi, l’application des règles du TNP et ses restrictions afférentes n’est à l’évidence pas exigée de tous, comme le montre Israël jamais inquiété ni par l’Aiea et encore moins par ceux qui se sont autoproclamés gardiens de l’ordre atomique.
Cette application à deux vitesses du Traité de non-prolifération nucléaire - qui, au final, ne concerne que les pays émergents (pas encore dotés du savoir-faire nucléaire) et en développement - est ainsi devenue une arme pour maintenir en soumission, dans le sous-développement et en marge du savoir et de la connaissance, les pays de l’hémisphère Sud.

La montée au créneau des USA, de la France et de la Grande-Bretagne, principaux fournisseurs du savoir-faire nucléaire, atteste largement de leur prétention à interdire toute indépendance en ce domaine à des pays tiers, à l’instar de l’Iran, qui est en train de développer son propre programme nucléaire, libéré de la pesante tutelle des détenteurs du savoir. C’est cela en fait qui fait peur à ces gardiens du temple et induit le rappel de la Sainte alliance.

N.KRIM

Contre-feux de Brice Hortefeux

C’est quoi, le racisme ? Madre mia ! C’est une plaisanterie. Rien de plus. Une facétie. La légèreté même ! A l’occasion, c’est un complot contre d’honnêtes gens sur qui, instantanément, tombe la tuile de la suspicion. Qui jette la pierre ? On ne sait. L’immanence, peut-être ! Je vais finir par croire, dans un pays laïque comme la France, à l’existence de forces malignes qui, à partir de rien, histoire de rire, créent des remous, voire des rumeurs, afin de donner le tournis aux braves gens.

Ça s’appelle «monter en épingle» ! Ça monte bigrement ! Brice Hortefeux, ministre de son état, Français de surcroît, a été la dernière victime en date à en faire les frais. Alors que jamais, au grand jamais, on aurait pu soupçonner qu’une idée raciste puisse traverser son espace aérien sans qu’aussitôt ses DCA ne ripostent, voilà qu’il a fallu que ce soit sur lui que ça tombe ! Le meilleur ! Il a fallu que ce soit lui que l’on accuse d’avoir tenu des propos aussi équivoques. Voyez-vous ça ! Pourtant, il a prouvé dans la conduite de sa politique de l’immigration, parce que nourri à un certain humanisme français, combien l’antiracisme lui tenait à cœur.

La fraternité. Et le reste ! Qui, mieux que lui, pourrait avoir conscience que cette nation a été bâtie grâce aux apports de tous les peuples qui y ont trouvé asile ? Et puis, comment qualifier de raciste un échange anodin, lors de l’université d’été du mouvement sarkozyste, entre un militant «d’origine algérienne» de l’UMP et «son» ministre de l’Intérieur ? Le grand a dit que quand il y a en un, ça va encore, mais que quand ils sont plusieurs, bonjour les problèmes ! Faute à pas de chance, ces propos ont été captés grâce à une caméra. C’est ainsi que des millions de personnes ont pu distinctement entendre, à l’extérieur, Monsieur le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, plaisanter sur les problèmes que pose le rassemblement de plus d’un… Auvergnat. L’Auvergnat a le dos large, Georges Brassens s’en était déjà aperçu !

C’est en tout cas par lui que Brice Hortefeux a trouvé à se justifier. Les Auvergnats apprécieront, du plus petit au plus grand… Mais à moins qu’Auvergnat ne s’entende ou plutôt ne se sous-entende Arabe, en français, tout le monde a bien compris. Hortefeux, voyant son système de défense anti-feu claudiquer sérieusement, rectifie le tir ! Deuxième round. Il exprime toute la répulsion que lui inspire l’utilisation de propos échangés dans un cadre privé. Comme si les propos ambigus en tout cas, voire carrément racistes, prononcés dans un cadre privé n’avaient pas un impact d’autant plus fort, du fait qu’ils renforcent et confirment, en intime, une parole publique que l’on pourrait supposer stratégique ou à visée électorale.

Alors comme ça, les propos d’un ministre de l’Intérieur en exercice, cadre de l’UMP, lors de l’université d’été de ce parti, relèvent du privé. N’est-ce pas un certain Nicolas Sarkozy, qui jadis, alors qu’il occupait les mêmes fonctions, disait qu’à ce poste, on travaille tout le temps ? Allez ! Une dernière tentative ! Ses propos ne sont pas racistes parce que son interlocuteur, le jeune «d’origine algérienne», lui pardonne. Au nom des siens et de tous les antiracistes ! Même dit par un seul, ça fait du monde !

C’est l’arbre qui cache la forêt ! L’ennui pour tous ceux qui à grand renfort de cris d’orfraie ont pris sa défense, c’est qu’il finit par exprimer des regrets ! Et devant qui ? Dalil Boubekeur et les copains du CFCM lui ouvrent le confessionnal ! Bravo pour la laïcité. Reconnaître que ses propos ont pu choquer quelques personnes, c’est déjà passer à moitié aux aveux !

Paf ! Du coup, puisqu’il plaide à moitié coupable, ce n’est pas sa démission à lui que doivent demander ses adversaires politiques et les associations anti-racistes mais celle de toutes celles et ceux qui ont foulé aux pieds les principes moraux de l’antiracisme pour blinder la solidarité gouvernementale. Ainsi, Fadela Amara, issue elle-même de l’immigration, prenant ses désirs pour des ordres, croit qu’il suffit qu’elle dise qu’un propos n’est pas raciste pour qu’aussitôt il cesse de l’être. Interrogée quelques heures avant le demi mea culpa de son collègue gouvernemental, elle s’emportait contre ceux qui montaient en épingle ces propos échangés avec un jeune qu’elle connaît. Et qui ne trouve pas raciste du tout la plaisanterie auvergnato-arabe d’Hortefeux.

On peut se demander ce que le premier concerné lui a pardonné ? Et cerise sur le gâteau, elle regrettait que la presse ne s’intéresse pas davantage aux suicides des employés de Télécom, plutôt qu’aux galéjades d’Hortefeux. Comme si l’un excluait l’autre. Force est de constater que défendu par des Auvergnats comme Fadela Amara, l’antiracisme a de beaux jours devant lui.

Autre soutien inattendu, et de poids pour Brice Hortefeux, celui de Jack Lang, cette figure de divers gouvernements de gauche sous Mitterrand et sous le Jospin de la cohabitation avec Chirac. L’ancien ministre de la Culture est le seul membre du Parti socialiste à apporter un appui explicite à Brice Hortefeux. «Il n'a jamais cédé à des instincts racistes. Cet incident a été monté en épingle et probablement mal interprété», a-t-il déclaré. Les millions de gens d’un côté et Jack Lang de l’autre n’ont pas vu et entendu la même chose sans doute.

Par Arezki Metref

L'Algérie n'a pas d'ambitions nucléaires (Non plus)

Des grèves «civilisées»

Est-ce de s’être rendus à l’évidence que, contrairement à ce que leur font accroire les titres amplificateurs de «paralysie totale», leurs grèves ne sont pas aussi efficaces qu’ils ne le souhaitent, ou par un accès subit de maturité revendicative, que les syndicats ont remisé au placard leurs préavis annonçant des débrayages illimités ?

En tout cas, il est plutôt réconfortant de constater que les syndicats autonomes de l’Education, même si le mot d’ordre final ne sera avalisé que le 29 de ce mois, aient opté pour une action qui, pour symbolique qu’elle soit (à commencer par le choix de la date), ne promet pas moins d’être à la hauteur des attentes des travailleurs de l’Education.

Limiter une grève à une seule journée, donc ne pas prêter le flanc à l’accusation, souvent justifiée, de tenir les élèves «en otages», a des chances d’être beaucoup plus percutante et d’avoir un impact bien plus efficace que les arrêts de travail interminables, qui traînent en longueur et qui s’essoufflent en cours de route.

Cette forme d’action ponctuelle, limitée dans le temps, a de fortes chances de voir une mobilisation très grande et d’être «massivement suivie», selon le jargon du monde du travail. En même temps, elle ne pourra que susciter, sinon l’adhésion, du moins le soutien moral des protagonistes, malgré eux, de ce genre de conflits, les parents d’élèves.

Ce sont en quelque sorte des grèves qui ne grèvent pas le capital sympathie dont devraient bénéficier toutes les revendications du monde du travail, pour peu qu’elles soient légitimes. Il n’y a aucune raison pour affirmer que là, ce ne soit pas le cas.

N.S.

Sacré week-end !

Un mois et demi après l’entrée en vigueur du nouveau week-end, la situation est loin d’être normalisée. Les différentes administrations ne savent plus quel week-end appliquer, à cause des différences de perception qui s’expliquent par les mauvaises explications du gouvernement, mais aussi par l’inadaptation de certains secteurs au nouveau calendrier.

Si au niveau du secteur privé, les gens ont tendance à maintenir l’ancien week-end, les choses paraissent plus complexes et plus pénalisantes pour les travailleurs de l’éducation, soumis désormais à un régime des plus exténuants. Dans le milieu des enseignants, l’on ne se gêne pas de qualifier le nouvel emploi du temps d’antipédagogique. Avec la journée de huit heures, les élèves, comme les enseignants, risquent de ne pas tenir l’année, même avec deux jours de repos.

Même impression dans l’opinion publique, où le désarroi ne fait qu’augmenter face à tant d’aléas. Visiblement embarrassé par ce grand ratage de la rentrée, le gouvernement est appelé à trouver rapidement une solution au problème, en rétablissant le week-end à une journée et demie.

Comme cela a été institué au départ. Car on ne comprend pas pourquoi l’Etat a décidé d’établir deux jours de repos, si son objectif initial était d’avoir plus de jours ouvrables. S’il s’agit d’une concession faite aux islamistes, comme on a tenté de le faire accroire, pourquoi avoir pensé à revoir le week-end ?

Et si tel était le cas, les Algériens seraient en droit de réclamer le retour à l’ancien week-end. Premières victimes de cette déstabilisation : les éditeurs de presse, et les lecteurs seront les premiers à s’en réjouir.

M. A.

Un provisoire qui ne dure pas

La valeur des hommes politiques se mesure non pas à la durée de leur pouvoir mais à l’acuité de leur vision, à leur prescience de l’avenir et surtout à leur fidélité aux idées qu’ils ont toujours défendues. Leur immersion dans les problèmes de leur société en fait les avocats les plus efficaces. C’est sans surprise que Zohir Ihaddaden, historien du Mouvement national, nous apprend que c’est Aït Ahmed le premier qui, dans sa lettre de prison de février 1957, proposait à la CEE la création d’un gouvernement provisoire algérien pour répondre aux agressions et aux dénégations du pouvoir colonial contre la Révolution algérienne.

Le fondateur du FFS n’en serait pas à sa première prémonition, puisqu’il faut lui reconnaître que c’est lui qui, après l’humiliante défaite du corps expéditionnaire français à Diên-Biên-Phu, avait déclaré l’urgence du déclenchement d’une lutte armée. Mais il faut reconnaître aussi au rare historique survivant, la lucidité des reports puisqu’il attribuera la création du GPRA à «la dynamique révolutionnaire» induite par le Congrès de la Soummam, congrès dont la paternité revient sans conteste à l’éminent homme politique de l’époque, celui dont la hauteur de vue attirera toutes les inimitiés de ses frères de lutte: Abane Ramdane.

C’est à lui que revient sans doute le mérite d’avoir élargi l’étroit cercle purement nationaliste d’un PPA en crise, et d’avoir sollicité le concours au sein du FLN de toutes les forces vives de la nation: les Uléma, les communistes et l’Udma. C’est la raison pour laquelle ce pluralisme se traduira au sein de la composante du GPRA avec quelques exceptions près, puisque ni les bérbéristes (dont certains comme Benaï Ouali seront exécutés par leurs frères) ou les communistes (dont certains seront déclarés persona non grata dans certaines wilayas alors que d’autres, comme le bâtonnier Lamrani, de Constantine, ont été purement et simplement éliminés) ne seront représentés au sein de cette instance.

Si certains déplorent que le GPRA a été le seul gouvernement démocratique et pluraliste de l’Algérie, il faut remarquer que cette création survenait, non point pour servir d’interface aux futures négociations, mais aussi, pour répondre de manière évidente à l’élaboration de la nouvelle Constitution française, celle inspirée par le général de Gaulle, qui sera adoptée quelques semaines plus tard et qui enterrera définitivement les tergiversations et les errements de la IVe République.

En définitive, les grands esprits se rencontrent: Aït Ahmed, le banni, et Abane Ramdane la victime d’ambitions contrariées. Quant au GPRA, il faut lui reconnaître son rôle éminent dans la lutte contre le pouvoir colonial et ses succès incontestables dans le domaine diplomatique. Si certains de ses membres se sont soumis par la suite à la force brutale, d’autres, par contre, sont restés fidèles à leur idéal démocratique, idéal qu’ils ont payé cher par des années des prison, de bannissement, ou de marginalisation. La Révolution n’est pas une mère affectueuse pour ses fils, tout le monde le sait!

Selim M’SILI

L’émission Thalassa provoque la colère d’Alger

«Les gens fuient par divers moyens: certains prennent un verre, ou deux bouteilles, ou une bouteille de plongée...»
Luc Besson

Après le terrorisme, le phénomène des harraga est devenu au fil des mois, le nouveau moyen pour critiquer l’Algérie dans les médias français. Les télévisions françaises ne manquent pas une occasion, pour critiquer le pouvoir politique en place. Et pour ce faire, elles tendent leurs micros à des Algériens, qui vivent en Algérie pour critiquer leur système et leur pouvoir. C’est en tout cas ce qu’on a constaté en regardant l’émission Thalassa consacrée à l’Algérie vendredi soir.

Ce qui devait être une émission de tourisme et d’environnement, s’est très vite transformée en un réquisitoire politique contre le système algérien. Et pourtant, les médias algériens, ont beaucoup de matière en France mais se sont toujours empêchés, de critiquer la France. L’Entv n’a jamais critiqué la politique française sur l’immigration ni fait des reportages sur la vie des Algériens dans les banlieues, sur ses immigrés qui se font tabasser à mort par des policiers dans les commissariats et encore moins des documentaires sur la situation politique des musulmans algériens en France.

(Samir Chaâbna, n’a fait que des reportages sur les plats du Ramadhan, les restaurants, les cafés, et les commerces tenus par des Algériens en France). Si France 3 n’a pas envoyé de journalistes et de reporters en Algérie, explique l’animateur de l’émission, c’est en vérité parce que les thèmes soulevés sur les harraga n’ont pas été acceptés par les autorités algériennes. Résultat, France 3 a payé des Algériens, qui filment librement en Algérie et rapportent les images tant attendues par la chaîne française.

Le refus des autorités algériennes a provoqué chez les médias français une volonté de nuire directement à l’Algérie. A quoi bon alors interdire de filmer pour les reporters français, pour se retrouver à la fin avec le même résultat ou pire? L’émission Thalassa qui a fait escale à Alger, avait pourtant bien commencé avec un carnet de voyage sur Dellys la bien-nommée, filmé par Malek Sahraoui et Halim Sahraoui.

Dans "Un été à Alger", la caméra, de Halim Sahraoui s’est surtout fixée sur ces femmes algériennes qui nagent avec leur hidjab. Un reportage réel en images qui montre un secteur touristique sinistré dans un pays où la demande est forte.

Si les reportages de Malek Sahraoui et Halim Sahraoui, (qui offraient de belles images du littoral algérien) sont moyennement bien accueillis par les Algériens, ce n’est pas le cas du reportage sur les harraga, qui a provoqué la colère des responsables algériens et plus particulièrement ceux du ministère de l’Environnement et du Tourisme de Chérif Rahmani qui voulaient, à travers le passage du bateau scientifique à Alger et la diffusion de l’émission de France 3, améliorer l’image de l’Algérie en France et sa destination dans le monde.

Le reportage a été réalisé en Algérie par Samia Chala, une jeune réalisatrice installée en France, qui s’est spécialisée dans les reportages sur les exilés algériens en France et notamment les harraga. Dans la chute du reportage, le journaliste accuse les responsables algériens de nuire à la jeunesse algérienne, en condamnant les harraga à 5 ans de prison. Les médias français oublient de dire, en revanche, que le véritable responsable de cette situation est le refus par la France d’accorder des visas pour ces nombreux jeunes, qui l’a considèrent comme le véritable rêve.. français.

Amira SOLTANE

Un petit pas pour le G20

Les décisions prises à la réunion du G20 à Pittsburgh, aux Etats-Unis, reflètent bien la gravité de la situation de l’économie mondiale et la reconnaissance d’un début de déplacement du centre de gravité du pouvoir avec l’émergence de nouvelles puissances économiques. La responsabilité de l’Administration américaine dans la crise économique mondiale, en laissant ses places financières se transformer en véritables « casinos », a amené les dirigeants américains à être plus pragmatiques tout en continuant à défendre leur statut de puissance dirigeante de l’économie mondiale.

L’Administration américaine ne pouvait ignorer une sorte de perte de confiance vis-à-vis du dollar qui a conduit plusieurs pays, comme la Chine, la Russie ou le Japon à orienter leurs réserves vers l’or plutôt que le dollar ou vers des obligations à court terme plutôt que vers les obligations à long terme, diminuant ainsi le soutien à la dette américaine. Il y a quelques mois, la Chine et la Russie avaient déjà proposé de créer une nouvelle monnaie de réserve internationale.

Ces pressions ont permis d’obtenir quelques résultats avec le « transfert de quotes-parts au profit des pays émergents et en développement dynamiques d’au moins 5% depuis les pays sur-représentés vers les pays sous-représentés » au niveau du FMI. Pour la Banque mondiale, le transfert concerne 3%.

La principale critique des pays comme la Chine, la Russie ou le Brésil concerne la dérégulation qui a aggravé la crise. Malgré les concessions faites par les dirigeants des pays des plus grandes économies, le rapport de force est loin d’être changé. Mais un processus évoluant vers une sorte de rééquilibrage du système au profit de certains pays émergents a été enclenché.

Cet aspect est concrétisé par la décision de désigner « le G20 comme étant le forum prioritaire de notre coopération économique internationale ». Pour garantir la reprise, les pays du G20 se sont engagés à élever les normes en matière de capitaux pour mettre en œuvre des normes internationales strictes en matière de rémunération et de mettre un terme aux pratiques qui entraînent des prises de risque excessives, pour améliorer le marché de gré à gré des produits dérivés et pour créer des instruments plus puissants afin de s’assurer que les grandes sociétés multinationales assument la responsabilité des risques qu’elles prennent.

Dans ces conditions, l’action de l’Administration américaine reste déterminante au niveau des places financières américaines. Le projet du président Obama de réforme de la régulation n’a pas encore été adopté vu le caractère idéologique que revêt la dérégulation dans le système américain. Et le système de réduction des bonus est loin de faire l’unanimité, aussi bien à New York qu’à Londres.

Par Liès Sahar