Réinsertion sociale… ce doux mot
Parfois, les voies de l’enfer sont pavées de bonnes intentions. Il est des personnes, qui, pour une raison ou une autre, se retrouvent derrière les barreaux. Souvent est-il susurré, comme dans l’intention d’édulcorer le délit, pour un fugace moment d’égarement. Or, la société, qui réagit à un événement précis passionnellement, est en général implacable à leur encontre. A son tour, l’Etat, parce que tenu d’être en phase avec cette même société et dans le but de préserver des équilibres, actionne des mécanismes ad hoc qui ont pour but évidemment de rendre justice à la victime tout en demeurant garant du respect de ses droits fondamentaux à l’endroit de l’auteur d’un délit donné.
Et, souvent, ce même Etat ne se suffit pas du respect de ces seuls droits mais s’autorise, voire fait sienne une grande mansuétude en affichant son franc souci sur une notion qui consiste à ce qu’à l’accomplissement intégrale ou non de la peine infligée corresponde un pardon qui ne saurait se résumer au seul rapport arithmétique de l’expiation graduée de la faute. Il est incontestable que, quelles que soient les conditions de détention, il n’existe pas de prison idéale comme il n’existe pas de cage dorée pour un oiseau habitué à l’air libre et donc privé de l’essentiel : la liberté.
C’est pour la restitution de cette liberté dans la dignité que s’efforcent différents départements gouvernementaux, notamment les ministères de la Justice, de la Solidarité nationale, de la Formation et de l’enseignement professionnels, de la PME et de l’artisanat, dans une action concertée inscrite très certainement dans un vaste programme politique de réforme de la justice, de proposer un vade-mecum pour la réinsertion sociale définitive des détenus qualifiés à l’exercice d’une activité manuelle déjà maîtrisée ou acquise pendant la période de privation de liberté.
Mais tous ces efforts et ce programme louables sont un peu comme le fameux mythe de Sisyphe en ce sens que les prisons et, pour cause l’évolution exponentielle de la délinquance urbaine elle-même conséquence de tares sociétales, continuent de pousser comme des champignons à cause du surpeuplement de celles déjà existantes.
Si la politique de réinsertion engagée ne doit pas être prise de haut ou tout simplement sous-estimée en raison de l’argument ci-dessus évoqué, il n’en demeure pas moins que bien des pistes médianes peuvent être disponibles pour peu que tous les mécanismes réglementaires sérieux mis en place pour lutter contre l’exclusion scolaire, l’insertion dans la vie active après la formation professionnelle, les études universitaires, une répartition équitable de l’aide sociale aux personnes réputées vulnérables, ne demeurent pas de creux slogans, lesquels d’ailleurs ne sont visibles qu’à chaque rentrée sociale.
Nul n’est assez fou pour rejoindre de son propre chef l’univers carcéral si, quelque part, un levier n’actionne pas un processus douloureux à tout point de vue aussi bien pour la société que pour l’Etat, lequel, preuve à l’appui, même si ce n’est pas du seul apanage de l’Algérie, y consacre temps, effort, matériel et argent.
Par A. Lemili
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