J’avais continué à parler toujours avec la même passion à cause du feu qui me brûlait à l’intérieur. J’avais toujours vécu les problèmes que j’avais exposés et je sentais que mon auditoire était lui-même conquis par mes arguments, d’autant plus qu’après une courte pause, j’avais repris: «Vous voyez qu’au bout d’une semaine, j’aurais vite fait le tour des questions internationales.
Il faut avoir vraiment une culture solide, une bonne mémoire et un talent hors pair pour intéresser un lecteur qui a déjà lu cela quelque part ailleurs. Je ne suis pas de ceux qui vont piller des passages sur Internet et vont les coller sur leurs papiers. Non! merci! D’ailleurs, je n’utilise l’ordinateur que pour mon courrier électronique...» Le directeur sourit, amusé de me voir me livrer franchement, reprit: «Pourquoi ne prenez-vous pas l’actualité nationale avec tous les problèmes posés: la jeunesse, la place de la femme dans la société, l’éducation, les réalisations...
Il y a mille et mille sujets qui sollicitent tous les jours un commentaire et un point de vue nouveaux... -C’est justement ce que je vais faire, mais au lieu de coller bêtement à l’actualité comme le font beaucoup et en même temps, je préfère une façon plus subtile de présenter les divers sujets. Je fais appel à la mémoire des deux vieux époux qui vont présenter chacun les différents portraits des gens que j’ai croisés dans ma vie. De véritables personnages. D’ailleurs qu’est-ce qu’une biographie sinon une galerie de portraits différents avec des personnes aux caractères attachants.
Les vieux époux, c’est un peu moi, ils ont en vu de toutes les couleurs. Ils donneront leurs avis sur l’enseignement d’aujourd’hui en faisant appel à leurs vieux souvenirs. Elle, présentera son institutrice modèle, celle qui lui a enseigné les bons préceptes et les meilleurs usages qu’elle a tenté de transmettre à ses enfants malgré tous les défauts de l’école fondamentale et lui, il fera le portrait type de l’enseignant, tel que la IIIe République l’a envoyé en mission dans ce petit village situé dans un cul-de-sac au pied d’une sinistre montagne. A travers l’exaltation du passé, tout le monde sentira la décadence du présent.
Et cela est vrai dans tous les secteurs et pour tous les acteurs de la vie quotidienne: le médecin, le taleb, le coiffeur, le forgeron, le garde-champêtre, le douanier... D’abord par cette méthode, je ne risquerai pas d’être poursuivi pour atteinte à personne privée vu qu’aucun de mes personnages ne portera le nom de la personne qui a servi de référence. Car tous mes personnages sont vrais.
Aussi vrais que vous et moi. Ils ont vécu et certains d’entre eux continuent à vivre dans l’anonymat le plus complet. A moins que je ne choisisse le style d’Amin Malouf qui, dans son excellent roman Leon l’Africain, a donné à chaque chapitre le nom de l’événement qui a marqué cette période. Ainsi, pour parler du tablier rose ou bleu, je n’aurais qu’à donner comme titre "L’année du tablier"».
Selim M’SILI
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